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JANVIER 2015
NAKANABO Nadaogo
Banza BAYA. PhD
Maître de conférences
Institut Supérieur des
Sciences de la Population
A mes parents
Vous qui m’avez donné le jour et conduit dans les canaux du savoir.
Vous êtes les auteurs de toutes mes réussites
Que le Seigneur vous accorde longue vie
ii
REMERCIEMENTS
Mlle BONKOUGOU Edith qui nous a toujours conseillé et soutenu dans toutes
nos initiatives.
A l’ensemble des animatrices du volet nutrition et des jeunes volontaires qui ont
participé activement à la collecte des données de cette étude.
iii
RESUME
iv
maladies constituent des facteurs déclenchant ou précipitant la survenue de la
malnutrition des enfants.
Cette étude a montré que la malnutrition constitue un réel problème aussi bien
en milieu rural qu’en milieu semi-urbain. Elle pose également la question du
déséquilibre de la planification spatiale en matière d’offre de soins entre le
milieu rural, milieu urbain et semi-urbain. Dans ce contexte d’urbanisation
galopante, la question de la couverture sanitaire des populations urbaines et
semi-urbaine se pose avec acuité.
v
LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS
vi
ONG : Organisation non gouvernementale
P/A : Poids-pour-Age
P/T : Poids-pour-Taille
PCIME : Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant
PNAN : Politique Nationale de Nutrition
RGPH. : Recensement Général de la Population et de l’Habitation
T/A : Taille-pour-Age
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
vii
TABLE DES MATIERE
DEDICACES ............................................................................................................................ II
LA MALNUTRITION ............................................................................................................. 70
4-1-1 CONNAISSANCE DES PARENTS SUR LA NUTRITION DES ENFANTS ET
MALNUTRITION DES ENFANTS .................................................................................... 70
4.1.2. CARACTERISTIQUES DE LA MERE ET MALNUTRITION .............................. 73
4.1.3. INFLUENCE DE LA FRATRIE ET DE L’INTERVALLE INTERGENESIQUE
SUR LA MALNUTRITION DES ENFANTS..................................................................... 78
4.2.4. DUREE DE L’ALLAITEMENT ET MALNUTRITION DES ENFANTS .............. 80
RECOMMANDATIONS ......................................................................................................... 91
BIBLIOGRPHIE ...................................................................................................................... 95
2
LISTE DE TABLEAUX
3
Tableau 3.13. : Répartition des enfants selon l’indice pondéral..........................52
Tableau 3.14 : Répartition des enfants selon l’indice Poids/Taille.....................52
Tableau 4.1 : Etat nutritionnel des enfants selon l’âge d’introduction de la
bouillie.................................................................................................................57
Tableau 4.2 : Etat nutritionnel des enfants selon l’âge d’introduction du plat
familial.................................................................................................................58
Tableau 4. 3: Etat nutritionnel des enfants selon l’âge de la
mère.....................................................................................................................59
Tableau 4.4 : Etat nutritionnel des enfants selon le niveau d’instruction de la
mère....................................................................................................................60
Tableau 4.5 : Etat nutritionnel des enfants selon le nombre d’enfants de la
mère.....................................................................................................................61
Tableau 4.6 : Malnutrition des enfants selon le statut matrimonial de la
mère.....................................................................................................................62
Tableau 4.7. : Malnutrition des enfants selon le type de mariage de la
mère.....................................................................................................................62
Tableau 4.8. : Etat nutritionnel des enfants selon l’intervalle intergénésique du
cadet.....................................................................................................................63
4
Tableau 4.14 : Etat nutritionnel des enfants selon la composition du plat
familial.................................................................................................................68
Tableau 4.15 : Etat nutritionnel des enfants selon l’état de santé
actuel....................................................................................................................69
Tableau 4.16 : Etat nutritionnel des enfants malades selon la
maladie................................................................................................................69
Tableau 4.17 : Etat nutritionnel des enfants selon le suivi de la croissance dans
un centre de santé...............................................................................................70
Tableau 4.18 : Etat nutritionnel des enfants de [12,24[mois selon le statut
vaccinal................................................................................................................71
5
INTRODUCTION GENERALE
6
a légèrement augmenté de 1998 à 2003, passant de 37 % à 39 %, et qu’elle a
ensuite diminué pour atteindre 30 % en 2010. Lorsqu’on observe la tendance de
l’émaciation qui est l’indice de mesure conjoncturel de la malnutrition, on
constate une baisse de sa prévalence entre 2003 et 2010, qui passe de 19 % à 14
%, un niveau presque similaire à celui de 1998-1999 (13 %). (INSD, 2010). La
malnutrition, quelle que soit son origine (récoltes insuffisantes, inaccessibilité
économique ou géographique, modifications climatiques, conflits, etc.), en
dégradant le système immunitaire entraîne une susceptibilité accrue aux
infections. Inversement, un phénomène infectieux entraîne de profonds
changements métaboliques et une détérioration de l'état nutritionnel. Le résultat
est la création d'un "cercle vicieux" qui entraîne l'enfant dans une spirale
morbide (Chevallier, 2004). Selon une étude menée aux Philippines, il existe un
lien étroit entre la malnutrition des enfants au début de la vie et les troubles de
développement intellectuel des enfants, diminuant ainsi leur capacité
d’apprentissage (UNICEF, 2005) En 1995, Pelletier et al ont montré que 50%
des cas de décès au cours de l’enfance sont liés à la malnutrition. Au regard de
l’ensemble des études réalisées dans les pays d’Afrique, c’est la malnutrition
modérée qui est responsable d’une grande part des décès et pas la malnutrition
sévère.
La malnutrition pouvant être la résultante d’un ensemble complexe de relations,
il semble opportun d’en rechercher les déterminants les plus importants si l’on
souhaite réduire sa prévalence.
Nous nous proposons d’examiner dans le cadre de cette recherche la
problématique de la malnutrition infanto-juvénile en milieu semi-urbain : cas de
Tangaye.
Le présent mémoire a pour objectif général d’étudier les déterminants de la
malnutrition infanto-juvénile à Tangaye. Il s’agit spécifiquement de tout d’abord
caractériser l’état nutritionnel des enfants de 0-59 mois à Tangaye. Puis de
déterminer les facteurs socio- culturels, démographiques, associés à l’état
7
nutritionnel des enfants de 0-59 mois. Et enfin d’identifier les facteurs socio-
économiques et sanitaires en rapport avec l’état nutritionnel des enfants.
8
CHAPITRE 1 : CONTEXTE GENERAL DE L’ETUDE
Le présent chapitre est consacré à la présentation de la commune rurale de
Tangaye, sous ses aspects physiques, démographiques, sanitaires et socio-
économiques. Il fait également le point de la problématique de la malnutrition et
des actions entreprises pour l’amélioration de l’état nutritionnel des enfants de la
province.
1.1. DONNEES PHYSIQUES ET HUMAINES DE LA ZONE D’ETUDE
1.1.1. CADRE PHYSIQUE
La commune rurale de Tangaye est située dans la Région du Nord, à 15 km à
l’Ouest de la ville de Ouahigouya, chef-lieu de la province du Yatenga et de la
Région. D’une superficie estimée à environ 800 km², elle partage ses limites
administratives avec cinq (5) autres communes dont Ouahigouya qui est une
commune urbaine (carte 1). Il s’agit de :
9
Le climat de la province est de type sub-sahélien. La pluviométrie varie entre
500 et 750 mm par an (Direction Provinciale de l’Agriculture du Yatenga,
2013). Elle est insuffisante, irrégulière et mal repartie dans le temps. Cette
situation a un effet négatif sur le développement de la végétation. La végétation
est de type savane arborée, le couvert végétal autrefois abondant s’est dégradé
progressivement laissant subsister de nos jours des reliques forestières (DPED
du Yatenga, 2013).
Il faut noter que la faible fertilité des sols, l’insuffisance des pluies sont des
facteurs qui réduisent considérablement la production agricole de la province,
alors que l’agriculture est
10
La principale source alimentaire et de revenu de la majorité de la population.
Cette situation entraîne de manière récurrente la population en particulier les
enfants d’âge préscolaire à une sous alimentation chronique.
1
Il existe une insécurité alimentaire chaque fois que la population n'a pas un accès physique, social et économique
à une quantité suffisante de nourriture saine et nutritive, en mesure de satisfaire leurs besoins et leurs préférences alimentaires,
pour leur garantir une vie saine et active (FAO, 2002)
11
Tableau 1.1 : Tableau de la production céréalière de la commune
Sorgho Mil Maïs Riz Niébé Arachide Sésame Gombo Voandzou Fonio
Rendement
2009 750 700 800 2000 750 700 400
Kg/Ha
Production
2092,5 2784,6 572 390 2088,7 689,5 34
en Tonne
Superficie 2840 4251 720 200 2835 970 97 195 185 7
Rendement
750 700 800 2500 750 700 400
2010 Kg/Ha
Production
2130 2975,7 576 500 2126,2 679 38,8
en Tonne
Rendement
750 700 800 3000 750 700 400
2012 Kg/Ha
Production
2205 2909,9 528 741 2062,5 690,9 40,8
en Tonne
12
Au niveau de l’éducation, la commune rurale de Tangaye compte 93 écoles
primaires, 04 établissements secondaires publics. Le taux de scolarisation est de
38,82 % tandis que celui de l’alphabétisation est estimé à 35,81 % (DEP/MEBA,
2014).
La situation socio-économique et agro-climatique défavorable de la province et
la pauvreté des ménages restreignent évidemment le nombre de produits
alimentaires que les familles peuvent produire ou acheter, d’où l’incapacité de
faire face aux besoins alimentaires et nutritionnelles en particulier pour les
enfants. En effet selon Raynaut C., et al. (1992), la malnutrition par carence est
la forme la plus rencontrée dans les pays en voie de développement plus
précisément parmi les classes sociales les plus défavorisées.
13
l’ouest (Kossi) où les terres sont encore riches, ensuite vers les centres urbains
(Ouagadougou, Bobo-Dioulasso) (SADECOM, 2012).
1.2. LA SITUATION SANITAIRE ET NUTRITIONNELLE DE LA COMMUNE
RURALE DE TANGAYE
1.2.1. ETAT DE LIEUX DE LA SITUATION SANITAIRE ET NUTRITIONNELLE
DE LA ZONE
La commune rurale de Tangaye compte 14 formations sanitaires publiques dont,
07 CSPS 07 dispensaires isolés. La grande majorité des formations sanitaires
sont inaccessibles en saison hivernale. Le sous secteur sanitaire privé est
seulement présent dans le domaine du médicament avec les dépôts de vente de
produits pharmaceutiques au nombre de 5.
Les dix principales affections citées dans le tableau (1.2.) représentent la quasi-
totalité (plus de 95%) des motifs de consultations dans les formations sanitaires
périphériques du district sanitaire. Le poids des maladies infectieuses et
parasitaires est très important. Le paludisme demeure l’affection la plus
morbide, suivi des Infections Respiratoires Aiguës (IRA) et des affections
cutanées. La létalité2 liée au paludisme grave chez les enfants de 0 à 5 ans est
élevé (7,22 %) contre un taux admis de 6 %, malgré la gratuité des soins
Tableau 1.2 : Récapitulatif des 10 premiers motifs de consultations en 2007
dans le district sanitaire de Tangaye
Pourcentage de consultants
Affection Nombre de cas
(%)
1-Paludisme 18 795 43,42
2-IRA 10 195 23,55
3-Affections cutanées 3488 8,67
4-Maladies diarrhéiques 2691 6,22
5-Parasitoses intestinales 2299 5,31
2
Létalité : indicateur de santé correspondant à la proportion de décès due à une maladie dans la population
effectuée par cette maladie au cours d’une période déterminée. Picheral (1996)
14
6-Affections digestives 1765 4,08
7-Affections oculaires 1053 2,43
8-Traumatisme 991 2,29
9-Affections de la cavité buccale 825 1,91
10-Otites 539 1,24
Source : District Sanitaire de Tangaye, 2013
Pour ce qui est de l’état nutritionnel des enfants de 0-5 ans dans le milieu rural,
la prévalence de la malnutrition infanto-juvenile était estimée en 2005 à 33%
(Africare, 2012). Il faut noter que les pratiques alimentaires et nutritionnelles
sont peu favorables à la nutrition des groupes vulnérables notamment les enfants
de 0-5 ans. On note ainsi des croyances traditionnelles affectant directement la
consommation alimentaire des enfants souffrant de maladie. En cas de diarrhée
chez l’enfant, il est déconseillé de lui donner des arachides, du haricot et le sucre
(Africare, 2012). Selon la population, tous ces aliments aggraveraient l’état de
santé du malade. Ces restrictions alimentaires notamment les aliments sucrés
peuvent être défavorables à la thérapie de réhydratation par voie orale utilisant la
solution salée et sucrée par la mère.
Les pratiques d’allaitement maternel ne sont pas optimales. La mise au sein se
fait dans certains cas 24 heures au moins après l’accouchement et le colostrum
n’est pas donné au nouveau-né. Le sevrage débute aux alentours de 4-6 mois,
mais les bouillies offertes sont faites uniquement de céréales et leur densité
énergétique ne permet pas de couvrir les besoins du nourrisson en croissance. La
malnutrition n’est pas perçue comme la conséquence d’une mauvaise
alimentation mais comme la conséquence d’une maladie (Africare, 2012).
Les résultats de l’étude de Africare (2012) ont montré également, une
insuffisance pondérale chez environ 30 % des enfants de moins de 5 ans, un
retard de croissance chez environ 36% des enfants de 24-59 mois.
15
Il faut noter également un nombre élevé de cas de malnutrition chez les enfants
de 0-59 mois dans la commune rurale de Tangaye. En effet, on a enregistré au
cours de l’année 2006, 104 cas d’enfants sévèrement malnutris dont 32 sont
issus de la commune rurale de Tangaye, soit 30,76% des admissions (District
Sanitaire de Tangaye, 2013).
1.2.2. ACTIONS ENTREPRISES POUR LA LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION
DES ENFANTS DANS LA COMMUNE
Au plan national, les actions de lutte contre la malnutrition se traduisent par des
offres de soins de base assurés par les Centre de Santé et de Promotion sociale
(CSPS) qui offre un Paquet Minimum d’Activité (PMA) standard contenant un
volet nutrition. Les activités du PMA sont promotionnelles, préventives et
curatives à travers l’éducation nutritionnelle. Depuis 2001, le Burkina Faso
assure régulièrement la distribution de la vitamine A aux enfants de 6-59 mois à
travers les Journées Nationales de Micronutriment (JNM). Le suivi de la
croissance des enfants de 0-5ans, la Prise en Charge Intégrée des Maladies de
l’Enfant (PCIME) et la récupération nutritionnelle des malnutris sévères sont
assurées dans toutes les formations sanitaires. La récupération nutritionnelle des
malnutris se fait dans les Centres de Récupération et d‘Education Nutritionnelle
(CREN) intégrés aux formations sanitaires (Centre National de Nutrition, 2005).
Au niveau provincial, sur le plan de la lutte contre la malnutrition, les autorités
sanitaires avec l’appui de ses partenaires (ONG) ont initié une série
d’interventions. Au titre de ces interventions, nous avons la surveillance
nutritionnelle dans la province à travers un dispositif de suivi de la croissance
dans tous les villages de la province avec l’appui de Africare /BF.
Il faut souligner également que les enfants malnutris dépistés lors des séances
de pesées, sont pris en charge au niveau du CREN et des foyers d’apprentissage
et de récupération nutritionnelle. Une autre intervention est la supplémentation
en vitamine A. Cette campagne de supplémentation, se déroule en deux passages
16
dans l’année. A cela il faut ajouter la distribution de rations sèches et de
solutions lactées aux enfants dans les ménages insécures accompagné des
séances de démonstration de la préparation de la bouillie enrichie à base
d’aliments locaux dans les villages d’intervention de l’ONG Africare.
17
1.2.3. PROBLEMATIQUE DE LA MALNUTRITON DANS LE COMMUNE RURALE
DE TANGAYE
18
légèrement augmenté de 1998 à 2003, passant de 37 % à 39 %, et qu’elle a ensuite
diminué pour atteindre 30 % en 2010. Lorsqu’on observe la tendance de
l’émaciation qui est l’indice de mesure conjoncturel de la malnutrition, on constate
une baisse de sa prévalence entre 2003 et 2010, qui passent de 19 % à 14 %, un
niveau presque similaire à celui de 1998-1999 (13 %). En dépit des actions en
faveur du bon état nutritionnel des enfants, la situation demeure préoccupante aussi
bien en milieu rural qu’en milieu urbain. En effet, le rapport 2006 sur le suivi de la
croissance de la Direction des Etudes et de la Planification/Ministère de la Santé
(DEP/Ministère de la Santé, 2012), révèle qu’en milieu rural 54% des enfants de 0-
59 mois souffrent de retard de croissance, 18,8 % d’émaciation et 48,9 %
d’insuffisances pondérale. Pour ce qui est du milieu urbain 34,6% d’enfants
souffrent de retard de croissance, 15,9 % d’émaciation et 29,2 % d’insuffisance
pondérale.
La commune rurale de Tangaye connaît les mêmes problèmes nutritionnels que les
autres communes du Burkina Faso. En effet, une enquête, menée en 2005 par
Africare/BF dans le milieu rural, montre que 35% des enfants de 0-36 mois de la
province présentent une insuffisance pondérale et 36% de ceux de 24 à 59 mois ont
un retard de croissance.
Bien qu’il n’existe pas de données sur la situation nutritionnelle dans la commune,
les tendances montrent que la prévalence n’y est guère meilleure. En effet, le
Centre de Récupération nutritionnelle (CREN) du District Sanitaire de Tangaye a
enregistré, au cours de l’année 2006, 104 cas d’enfants sévèrement malnutris dont
32 (District Sanitaire de Tangaye, 2013).
Ce nombre élevé de cas de malnutrition sévère dans la commune rurale Tangaye,
nous semble paradoxal au regard de l’existence d’un tissu urbain naissant avec un
réseau d’adduction d’eau potable (143 abonnés et 11 fontaines), et 14 formations
sanitaires (7 CSPS et 7 maternités). Avec ces formations sanitaires, on retient que
19
dans la commune de Tangaye, le ratio est d'un centre de santé pour 5 345 habitants
contre une norme nationale d'un CSPS pour 5.000 habitants. Cela montre que sur le
plan infrastructurel, la situation sanitaire de la commune n’est pas très alarmante.
Il faut noter également un bon développement de la production maraîchère dans la
ville. En plus de contribuer à l’amélioration des repas, elle constitue une source de
revenu pour les ménages. On a enregistré lors de campagne agricole 2006-2007, 50
tonnes de tomates, 12 tonnes de choux, et 25 tonnes d’oignons (Direction
Provinciale de l’Agriculture, 2013).
Au regard des atouts dont bénéficie la commune rurale de Tangaye et des
différentes interventions mises en œuvre pour l’amélioration de l’état nutritionnel
des enfants de toute la province, la question qui se pose est de savoir pourquoi la
persistance de la malnutrition dans la commune rurale de Tangaye avec même des
cas de décès dans la population de 0-59 mois ?
La commune rurale de Tangaye constitue notre zone d’étude parce que peu
d’études ont été faites sur la situation nutritionnelle dans le milieu sémi-urbain (la
ville de Tangaye n’a jamais fait l’objet d’une étude avant la nôtre. En vue de
contribuer à l’enrichissement des connaissances sur l’état nutritionnel des enfants
de la commune rurale de Tangaye, nous nous proposons de mener une investigation
pour déterminer l’ampleur de la malnutrition des enfants de 0-59 mois, ses
caractéristiques et ses déterminants.
20
CONCLUSION PARTIELLE
21
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE L’ETUDE
Pour une meilleure compréhension du sujet, nous jugeons utile de définir un certain
nombre de concepts.
La malnutrition : La malnutrition selon le dictionnaire Français de Médecine et de
Biologie (1971 : pp 324) correspond à : « des ensembles d’états pathologiques
provoqués par un déficit simultané de protéines et de calories survenant le plus
souvent chez le nourrisson et le jeune enfant et fréquemment associés à des
diverses carences en vitamines et des processus infectieux ». La malnutrition peut
être à défaut ou à excès avec une limite difficile à établir et c’est en cela que Jellife
(1969), cité par Boubie (2003), l’a définie comme étant « l’ensemble des
manifestations classables et inclassables d’une consommation inadéquate de
certains nutriments que fournissent l’alimentation, soit par défaut ou par excès».
L’OMS (1995) propose comme définition de la malnutrition un « état pathologique
résultant de la carence ou de l’excès, relatif ou absolu, d’un ou plusieurs nutriments
essentiels, que cet état se manifeste cliniquement ou ne soit décelable que par des
analyses biologiques, anthropométriques ou physiques ». La malnutrition
contrairement à la faim ne dépend pas de la satisfaction de l’appétit. Un enfant qui
mange suffisamment pour calmer sa faim peut néanmoins être malnutri.
La malnutrition chronique ou retard de croissance : elle est caractérisée
chez l’enfant par une petite taille par rapport à l’âge.
La malnutrition aigue ou émaciation : se traduit chez l’enfant par un poids
nettement en dessous du poids normal d’un enfant de la même taille.
22
La malnutrition globale ou insuffisance pondérale : elle est une cœxistence
de la malnutrition aiguë et la malnutrition chronique chez le même individu se
manifestant par un faible poids par rapport à l’âge
La malnutrition protéino-energétique : Elle traduit une sous-alimentation qui est
due au fait qu’une personne ne reçoit pas la quantité de protéines ou de calories que
demande une croissance normale et l’énergie nécessaire pour des activités
humaines ordinaires.(OMS, 1995).
Anthropométrie : L’anthropométrie selon le petit Larousse (2005) est définie
comme la technique de mesure des dimensions corporelles. C’est l’étude des
proportions du corps humain au moyen des techniques de mensuration de ces
différentes parties.
L’OMS (1995) souligne que l’anthropométrie reste l’outil le plus utile pour
caractériser la malnutrition, en particulier chez les enfants de 0-59 mois.
L’état nutritionnel d’un enfant dont on connaît le poids, la taille et l’âge peut être
qualifié au moyen des trois indices à savoir le Poids/Age, Taille/Age et
Poids/Taille. Pour ces différents indices nous jugeons utile de préciser les valeurs
seuils avant leur définition. Ainsi L’utilisation d’un seuil permet aux différentes
mesures individuelles d’être converties en statistiques de prévalence. Les seuils
sont également utilisés pour identifier les enfants souffrant de telles affections ou
exposés à un tel risque. Les enfants dépistés dans de telles circonstances devront
recevoir des soins spéciaux. La valeur seuil la plus courante utilisée avec les
scores-Z est -2 écarts types, quel que soit l’indicateur employé. Cela signifie que
les enfants avec un score-Z pour l’insuffisance pondérale, le retard de croissance ou
l’émaciation en dessous de -2 ET souffrent de malnutrition modérée ou grave. Par
exemple, un enfant ayant un score-Z d’une valeur de –2,56 pour la Taille-pour-Age
23
est atteint du retard de croissance, alors qu’un enfant avec un score-Z de -1,78 n’est
pas classé dans la catégorie du retard de croissance
(Cogill, 2003).
Poids/Age : Un faible indice Poids-pour-Age signale un poids insuffisant pour un
âge donné. Cet indice a pour avantage de refléter à la fois la sous-alimentation
passée (chronique) et/ou présente (aiguë). C’est une mesure composite du
rabougrissement et de l’émaciation. Il est recommandé pour évaluer les
changements dans l’amplitude de la malnutrition dans le temps.
Par contre, il ne permet pas de faire la distinction entre ces deux types (Cogill,
2003).
Taille/Age : Un faible indice Taille-pour-Age signale une sous-alimentation passée
ou une malnutrition chronique. Cet indice ne nous permet pas de mesurer des
changements à court terme dans la malnutrition. Pour les enfants de moins de 2 ans,
le terme est Taille-pour-Age ; au-dessus de 2 ans, l’indice est appelé Longueur-
pour-Age. Un faible indice Taille/Age, venant d’un ralentissement de croissance du
fœtus et de l’enfant et faisant que la longueur souhaitée n’est pas atteinte, par
rapport à un enfant en bonne santé et bien nourri du même âge, est un signe de
rabougrissement. Le rabougrissement est un indicateur de retard de croissance
passée ou retard de croissance chronique. Il est lié à un certain nombre de facteurs à
long terme dont l’apport protéino-énergétique insuffisant chronique, des infections
fréquentes, des pratiques d’alimentation inadéquates pendant longtemps et la
pauvreté. Chez les enfants de plus de 2 ans, les conséquences de ces facteurs à long
terme sont souvent irréversibles (Cogill, 2003).
.Poids/Taille : Un faible Poids-pour-Taille permet d’identifier les enfants souffrant
de sous alimentation actuelle ou aiguë ou qui sont émaciés et c’est un indice utile
lorsqu’on a du mal à déterminer les âges exacts. Le Poids-pour-Taille (chez les
enfants de moins de 2 ans) ou le Poids-pour-Longueur (chez les enfants de plus de
24
2 ans) permet d’examiner les effets à court terme, par exemple, les changements
saisonniers dans l’approvisionnement alimentaire ou le manque nutritionnel à court
terme suite à une maladie (FAO, 2001). L’émaciation est due à une perte de poids
nettement en dessous du poids normal d’un enfant de la même taille. L’émaciation
est un signe de malnutrition actuelle ou aiguë due au fait que l’enfant ne prend pas
de poids ou qu’il perd du poids. Les causes sont les suivantes : apport alimentaire
insuffisant, mauvaises pratiques d’alimentation, maladies et infections ou souvent,
une combinaison de ces facteurs. L’émaciation, chez les enfants pris
individuellement et dans les groupes de population, peut changer rapidement et suit
des modes saisonniers donnés associés à des changements dans la disponibilité
alimentaire ou la prévalence de maladies, autant de facteurs auxquels cet indice est
très sensible (Cogill, 2003).
L’œdème : C’est la présence de quantités excessives de liquide dans les tissus
intracellulaires.
On diagnostique l’œdème en appliquant une légère pression avec le pouce derrière
le pied ou sur la cheville. L’impression du pouce restera pendant un certain
temps en présence d’un œdème. On établit le diagnostic de l’œdème que si les
deux pieds indiquent l’impression du pouce pendant un laps de temps. Signe
clinique de grave malnutrition, il faut reconnaître la présence de l'œdème lorsqu’on
utilise des indicateurs à court terme, tels que l’émaciation.
Intervalle intergénésique : Elle traduit la durée de l’intervalle entre deux
naissances vivantes consécutives. La relation entre la malnutrition de l’enfant et
l’intervalle intergénésique peut être théoriquement appréhendée suivant deux
hypothèses. La première est l’effet dit de « compétition ». Lorsqu’un enfant est né
peu de temps après son aîné, on pense que les ressources familiales et l’attention de
la mère seront partagées entre les deux jeunes enfants et que chacun d’eux en
souffrira et surtout le plus grand. La seconde hypothèse est celle de la « carence ou
25
déficience physiologique » de la mère. Une mère qui tombe enceinte de nouveau
avant que son corps ait eu le temps de récupération nécessaire qui devrait suivre la
grossesse précédente, accumule une déficience physiologique qui peut affecter la
croissance normale du nouveau fœtus, le prédisposant à des risques de maladie ou
de mortalité ou encore à la malnutrition si, à son tour, cet enfant est suivi
prématurément d’un autre (CILSS, 2008).
Taille du ménage : Ce concept évoque le nombre de personnes composant le
ménage. Ainsi un nombre élevé de personnes en charge dans le ménage influence
la ration alimentaire par personne. L’insuffisance de disponibilité alimentaire dans
le ménage entraîne des difficultés d'accès alimentaires des plus jeunes notamment
les enfants d'âge préscolaire, les exposant ainsi à la sous alimentation.
En ce qui concerne les connaissances, attitudes et pratiques de l'alimentation
infantile, nous nous intéresserons à certains aspects tels que l'allaitement maternel
exclusif jusqu'à 6 mois, la conduite du sevrage, le régime et la ration alimentaire.
Allaitement maternel exclusif (0-6 mois) : C’est une alimentation des enfants
jusqu’à six mois à partir du lait maternel seulement ; excluant l’apport de l’eau,
tisanes ou autre nourriture.
"L’allaitement maternel exclusif protège le système immunologique du nourrisson,
c’est une source d'énergie et d'éléments nutritifs et prévient la contamination en
provenance d'autres liquides" (OMS, 2003). Ainsi la non observance de cette
pratique favorise la survenue précoce des maladies diarrhéiques qui exposent les
nourrissons à la malnutrition.
Sevrage : Les définitions du mot" sevrage" varient. Pour les uns, ce mot indique la
cessation complète de l'alimentation au sein et au biberon. Pour d'autres le sevrage
débute dès l'adjonction d'aliments complémentaires. Whitehead suggère que le
terme désigne le moment où l'allaitement au sein se révèle insuffisant, ce qui a lieu
26
d'habitude entre 4 et 6 mois. La conduite inadéquate du sevrage contribue à la
survenue de maladies nutritionnelles chez l'enfant.
Régime et ration alimentaire : Le régime se définit comme la composition et la
diversification des aliments nécessaires pour satisfaire les besoins nutritionnels du
corps alors que la ration alimentaire est la quantité et la nature d'aliments qu'une
personne doit consommer en un jour afin de subvenir aux besoins de son corps. Les
besoins nutritionnels des nourrissons et des jeunes enfants sont importants par
rapport à leur poids corporel du fait qu'ils grandissent et se développent très
rapidement. Étant donné que leur estomac est petit, il faut les nourrir fréquemment
en leur donnant des aliments énergétiques. La ration alimentaire doit permettre la
couverture des besoins nutritionnels.
Les normes de références (OMS, 2003), préconisent jusqu’à 6 mois, d’allaiter au
sein aussi souvent que l’enfant le réclame, jour et nuit, au moins 8 fois en 24 heures
et ne pas donner d’autres aliments ou liquides. De 6 à 12 mois, il est recommandé
d’allaiter au sein aussi souvent que l’enfant le réclame et donner des rations
adéquates 3 fois par jour avec allaitement au sein et 5 fois par jour sans allaitement.
De 12 à 24 mois, il faut donner des rations adéquates ou aliments du repas familial
5 fois par jour. A partir de 2 ans, donner des aliments du repas familial en repas
quotidien. En outre deux fois par jour, donner des aliments nutritifs entre les repas
communs.
Tout bon régime alimentaire doit être adéquat en quantité et inclure des aliments
énergétiques, par exemple bouillie épaisse de céréale additionnée d’huile, de
viande, du poisson, des œufs ou des légumes secs et des fruits et légumes. Une
ration alimentaire déficitaire contribue à favoriser la survenue de la malnutrition
chez les enfants.
27
2.1.2. HYPOHESES DE RECHERCHE
HYPOTHESE GENERALE
Certaines caractéristiques socioculturelles, démographiques et économiques des
ménages influencent l’état nutritionnel des enfants.
HYPOTHESES SPECIFIQUES.
28
2.1.3. SHEMA CONCEPTUEL
-Alimentation inadéquate
Malnutrition infanto-juvénile
- Malnutrition chronique
- Malnutrition aigue 29
- Malnutrition globale
De ce schéma conceptuel, il ressort que l’état nutritionnel des enfants est influencé
par trois facteurs à savoir, les facteurs socioculturels et démographiques, socio-
économiques, et socio-sanitaires. Ces facteurs ne jouent pas un rôle premier mais
favorisent la survenue de la malnutrition des enfants.
Pour ce qui est des facteurs socioculturels et démographiques, les connaissances
des parents sur la nutrition et les perceptions culturelles (type d’allaitement,
conduite du sevrage, alimentation de l’enfant et interdits alimentaires) influencent
les décisions que les parents prennent dans la conduite des pratiques relatives à
l’alimentation et/ou les soins de l’enfant. Un intervalle intergénésique réduit
favorise la survenue de la malnutrition. En effet, l’enfant né peu après son frère
aîné bénéficie de moins de soins. Ce qui le prédispose à la survenue de la
malnutrition.
Quant aux facteurs socio-économiques, la situation socio-économique du ménage
(dépenses allouées à l’achat de l’alimentation) influence le régime et la ration
alimentaire du ménage. Ainsi un ménage qui consacre peu de ressources pour
l’acquisition de l’alimentation aura du mal à satisfaire les besoins nutritionnels des
individus, en particulier les enfants.
En ce qui concerne les facteurs socio-sanitaires (maladie, vaccination et
fréquentation les services de santé), il existe une relation de cause à effet entre
l’état de santé et l’état nutritionnel de l’enfant. Une personne malade perdra
probablement l’appétit ; elle mangera peu, digèrera peu et devra utiliser certains de
ses nutriments pour lutter contre l’infection. Une personne mal nourrie a un faible
système immunitaire et elle est plus encline aux infections. Les infections
accroissent le potentiel de malnutrition et sa gravité. Dans les pays en
développement, des maladies infectieuses comme les maladies diarrhéiques et les
infections respiratoires aiguës (IRA) sont les problèmes de santé les plus importants
liés à la nutrition qui se manifestent au niveau du ménage.
30
2.2. REVUE DE LA LITTERATURE
31
déclenchant de la rougeole. Ces médecins avaient encore noté que ce tableau
clinique différait nettement de celui de la pellagre3 déjà bien connue à l’époque
même si les enfants oedèmatiés avaient un régime à base de maïs. Et ils avaient
donc catégoriquement rejeté le diagnostic de pellagre.
Au début du XXe siècle, la malnutrition de l’enfant devint plus rare en Europe et ce
sont surtout des médecins travaillant dans ce qui était alors des colonies qui
décrivirent en détail des cas de malnutrition grave. Une des plus anciennes
observations vient de l’Annam, correspondant à la partie orientale du Viêtnam
actuel. On la doit à un médecin militaire français, Normet, qui avait constaté des
œdèmes chez des enfants dénutris et consommant une alimentation à base de riz. Il
appela cette maladie, qui correspond au kwashiorkor dans la terminologie moderne,
“la bouffissure d’Annam”. Il soupçonna d’emblée qu’une origine nutritionnelle en
était la cause, ayant remarqué qu’elle ne survenait pas le long des rivières
poissonneuses. Déjà, ce qui est remarquable, il constata que le niveau sanguin et
l’excrétion urinaire d’urée étaient abaissés chez ces enfants bouffis et attira ainsi
l’attention sur le rôle des protéines dans le développement de cette affection
(Briend, 1998).
Deux ans plus tard, Williams (1955) dans un deuxième article publié dans le
Lancet, donne à ce tableau clinique le nom ghanéen “kwashiorkor”. Ce terme
exotique fait allusion au rang de l’enfant dans la fratrie et met en exergue le rôle
fréquent du sevrage comme cause déclenchant. Le nom “kwashiorkor”, cité dans
une revue déjà à l’époque très diffusée, allait désormais faire partie du vocabulaire
médical. Dès ses premières observations, Williams (1935) avait constaté que les
enfants souffrant de kwashiorkor avaient habituellement une alimentation à base de
maïs dépourvue de protéines animales. Elle conclut que cette affection pouvait être
3
Pellagre : maladie due à une carence en vitamines, caractérisée par des lésions de la peau des parties découvertes
(mains, face) inflammation des muqueuses de la bouche, des troubles digestifs et nerveux.
32
liée à un manque d’apport protéique, sans véritablement étayer cette hypothèse. Les
vingt années ultérieures furent l’occasion d’un débat sur l’existence réelle du
kwashiorkor : certains auteurs, le plus souvent sud-américains, prétendaient que
cette maladie résultait de carences vitaminiques multiples. Ils voyaient dans le
kwashiorkor une forme particulière de la pellagre (Briend, 1998).
Peu de temps après sa création, l’Organisation des Nations Unies pour
l’Agriculture et l’Alimentation (FAO), s’intéresse à la question. En 1952, la FAO
publie un rapport qui eut un grand retentissement dans le monde scientifique. Le
rapport tendait à démontrer d’une part que le kwashiorkor était très répandu en
Afrique, surtout si l’on tenait compte de ses formes mineures, et d’autre part que la
maladie était essentiellement imputable à un régime pauvre en protéines. Ce
rapport concluait donc que les carences en protéines représentaient le problème
nutritionnel le plus préoccupant en Afrique (Briend, 1998).
Le terme de malnutrition protéique devint alors un terme général appliqué très
largement à tous les états de malnutrition observés dans les pays pauvres.
33
2.2.2. LA TANSITION NUTRITIONNELLE
Dans le domaine de la santé, l’histoire de l’humanité est jalonnée par des épidémies
particulièrement meurtrières ayant chacune des origines et des déterminants
différents. L’amélioration des conditions socio-économiques puis le développement
de la médecine ont eu pour conséquences la maîtrise des maladies infectieuses
voire l’éradication de certaines d’entre elles. Après avoir maîtrisé les maladies
transmissibles, l’humanité doit faire face à d’autres types de pathologies prenant
leurs origines dans les modifications des modèles de consommation, d'urbanisation,
la pollution de l’environnement et bien d’autres facteurs. On parle alors de
transition nutritionnelle ou progressivement on passe d’une diminution, de la
malnutrition des jeunes enfants à une plus grande fréquence de surpoids puis
l’obésité chez les adultes surtout en milieu urbain (Romdhane et al, 2002)
Le remplacement d’une mortalité liée aux infections et à la malnutrition par celle
qui résulte des maladies chroniques non transmissibles est l’étape qui suit cette
transition (Uauy, 2001)
Les sociétés industrialisées sont globalement confrontées aujourd'hui à un défi
croissant de déséquilibre entre la relative abondance des disponibilités alimentaires
d’un coté et la baisse considérable des besoins énergétiques d’individus assistés de
formidables moyens techniques de l’autre. Les études menées dans les pays en
développement nous apprennent que l’obésité et les maladies chroniques non
transmissibles liées à l’alimentation gagnent une place importante. Ces
changements s’opèrent en liaison avec la mondialisation rapide, accompagnée
d’une urbanisation galopante. Cette transition survient dans un contexte ou les
économies des pays en voie de développement sont encore largement dominées par
le phénomène de pauvreté. (Maire et Delpeuch, 2004)
Si la ville propose une grande diversité dans l'offre alimentaire, celle-ci n'est pas
toujours accessible aux plus pauvres. Toujours selon Maire et Delpeuch (2004), une
34
étude de l'International Food Policy Research Intitute a essayé d'établir les
tendances à venir en matière de pauvreté et de malnutrition à partir des données des
dix dernières années pour 15 pays. Il ressort que la pauvreté progresse et que les
conditions nutritionnelles se dégradent de plus en plus. Les villes qui apparaissent
jusqu'ici en règle générale comme un milieu favorisé sont entrain de devenir des
lieux de pauvreté et de malnutrition. Les disparités interurbaines s'accroissent et
souvent les quartiers les plus défavorisés présentent des taux de malnutrition du
même ordre que le milieu rural (Maire et Delpeuch, 2004). Pour Uauy et al (2001),
la migration vers les villes et la croissance rapide est typique de cette transition. Les
pauvres des campagnes vivent en ville dans des conditions précaires et insalubres
ne pouvant travailler que pour subsister sont entièrement dépendant de l'Etat pour
les besoins de santé et d'éducation. Cette transition nutritionnelle soulève des
questions fondamentales, que ce soit sur les politiques sanitaires, sur les
comportements alimentaires ou sur la place et le rôle accordé à l'individu afin de le
responsabiliser dans la prise en main de sa propre santé et son alimentation.
Nous pouvons citer d’autres exemples liés à des traditions d’une autre nature que
l’on rencontre dans les pays africains telle que la polygamie. Il ressort des études
d’Ocholla (1995) cité par Massamba et al. (1995), menés en Afrique que les unions
polygames favorisent la concurrence entre les coépouses quant au nombre
d’enfants qu’elles souhaitent avoir. En effet, le niveau nutritionnel des enfants issus
des familles monogames est plus élevé que celui des enfants issus des familles
polygames. De l’avis de Adepoju (1994), cité par Massamba (1995) la polygamie
en Afrique est très prédominante et a tendance à augmenter la parité, la taille des
ménages, à raccourcir l’intervalle entre les naissances, à augmenter le taux de
grossesse à risque et par conséquence favorisent un accroissement des risques de
détérioration du statut nutritionnel des nourrissons et des enfants d’âge préscolaire.
S’agissant des facteurs socioculturels favorisant la malnutrition infanto-juvénile, le
Centre National de Nutrition (1998), dans une étude portant sur les connaissances,
attitudes et pratiques des populations en milieu rural sur les carences en
micronutriments, a révélé que les populations attribuent les causes de la
36
malnutrition des enfants à des connaissances erronées. En effet, la majorité de la
population enquêtée pense que la sorcellerie et le non respect des rites coutumiers
sont les principales causes du mauvais état nutritionnel des enfants. À cela vient
s’ajouter les habitudes alimentaires des populations marquées par une série
d’interdits alimentaires.
Selon Zei (1975) cité par Ilboudo (2003), la malnutrition des enfants est imputable
à un certain nombre de facteurs, à savoir l’ignorance des populations des vrais
besoins en matière d’alimentation et cela a pour conséquences le déséquilibre
nutritionnel dont les enfants sont les premières victimes. Il y a une confusion entre
plénitude gastrique et le fait de bien manger. Il faut ajouter à cela une série
d’interdits alimentaires privant les enfants de certains nutriments essentiels. Le
problème de sevrage se pose avec le décès de la mère ou de l’altération du lait
maternel. En outre, la séparation des parents oblige un sevrage brutal, l’enfant
passe ainsi du lait maternel au plat familial.
Certains auteurs ont analysé le phénomène de la malnutrition en milieu urbain,
comme c’est le cas de Petitjean (1996). Il ressort de son étude dans la ville de Bobo
Dioulasso, que certaines variables classiques jouent un rôle important en matière
d’alimentation en milieu urbain. En effet, les facteurs culturels jouent un rôle
primordial dans l’inadéquation du régime alimentaire des enfants, qui sont entre
autres, la situation d’exclusion de certaines femmes, conflits familiaux, enfants non
désirés. Lorsque les symptômes de la malnutrition sont néanmoins ressentis, ils
sont rarement associés à des problèmes nutritionnels.
Negalo (2004), dans l’examen des facteurs socio-économiques et culturels qui
influencent l’état nutritionnel des enfants dans la ville de Banfora, souligne que les
attitudes et pratiques de la population bien que positives, sont néanmoins
compromises par d’autres facteurs tels que l’analphabétisme des parents, la
37
mauvaise conduite du sevrage, les interdits alimentaires et les mauvaises conditions
d’hygiène du milieu.
Il ressort de l’Enquête Démographique et de la Santé (INSD, 2010), que les
pratiques alimentaires, notamment la mauvaise conduite du sevrage, constituent des
facteurs déterminants de l’état nutritionnel des enfants. Les résultats de cette
enquête indiquent que la grande majorité des enfants au Burkina Faso ne sont pas
exclusivement allaités jusqu’à 6 mois comme le recommande l’OMS et l’UNICEF.
En effet, 83% des enfants de moins de 6 mois reçoivent d’autres liquides ou solides
en plus du lait maternel. Alors que l’introduction précoce d’aliments de
complément n’est pas recommandée, car exposant les enfants aux agents
pathogènes et augmente ainsi le risque de contracter des maladies.
Les attitudes, croyances et les perceptions culturelles des personnes qui s’occupent
des soins du nourrisson et leur situation socio-économique, sont citées par certains
auteurs comme des facteurs qui influencent les décisions que ces personnes
prennent dans la conduite des pratiques relatives à leur alimentation et/ou aux soins
de santé à apporter aux nourrissons. (Massamba et al. 1995), soulignent que
certaines mères pensent que la dégradation de l’état nutritionnel des enfants est due
à la sorcellerie. De plus, elles interprètent les pleurs des nourrissons comme une
manifestation chronique de la faim d’où l’introduction précoce du plat familial dans
l’alimentation de l’enfant.
Pour Rotsart (1980), la malnutrition commence avec le sevrage. En raison d’une
nouvelle grossesse, l’enfant passe sans transition du lait maternel au plat familial. A
ce brusque changement de régime alimentaire, viennent s’ajouter les interdits
alimentaires, leur privant de certains aliments riches en protéine (œuf, viande,
poisson..).
Dans son analyse critique de l’alimentation infantile au Burkina Faso, Somda
(1995), révèle que malgré un pourcentage élevé de recours à l’allaitement maternel
38
soit 98 % des mères (INSD, 1993), l’alimentation infantile est loin d’être optimale,
car entachée de beaucoup d’erreurs. Ce sont entre autre la mise au sein tardif du
nouveau né, le rejet du colostrum, le sevrage précoce. Il faut ajouter à cela,
l’utilisation d’aliments de compléments inadéquats, l’existence de nombreux
interdits alimentaires et une ration alimentaire insuffisante.
Pour ce qui est des déterminants socio-économiques, Treche et al. (1995)
établissent que les sommes allouées pour l’achat des produits alimentaires du
ménage ont tendance à être importantes dans les ménages d’enfants non malnutris
que les ménages auxquels appartiennent les enfants malnutris. Il faut noter que le
statut professionnel des mères influence le calendrier du sevrage en milieu rural
comme en milieu urbain. En effet, la mère agricultrice ou vendeuse doit reprendre
très vite son activité après l’accouchement. Dès lors, l’introduction précoce des
aliments de complément apparaît comme la seule solution à adopter pour concilier
le poids des charges sociales et l’alimentation du nourrisson (Massamba et al,
1995). Concernant la relation entre les caractéristiques de la mère et l’état
nutritionnel des enfants, il semble que l’instruction de la mère a un impact direct
sur l’état de l’enfant parce qu’une mère instruite a plus de connaissances pour
prendre soins du nourrisson. En revanche, le fait que le père soit instruit, lui permet
en principe d’accroître ses gains et donc de disposer de plus de ressources pour
nourrir sa famille (Linskens et Morisson, 2000). Toujours s’agissant de l’influence
de l’éducation des parents sur la croissance des enfants, Schults (1984) cité par
Barcat (1998), distingue cinq canaux. En premier lieu, l’éducation a un impact
direct sur l’acquisition de connaissances en matière de santé et d’hygiène. En
second lieu, elle accroît les compétences générales en matière de lecture et par
conséquence permet de mieux comprendre les instructions du personnel soignant.
En troisième lieu, l’éducation augmente la probabilité d’obtenir un emploi,
d’accroite le revenu total pour améliorer la santé infantile. En quatrième lieu,
39
l’éducation accroît le coût d’opportunité du temps de travail et réduire donc le
temps destiné aux soins des enfants. Enfin, l’éducation parentale peut affecter les
préférences des parents de manière systématique, notamment dans le choix du
nombre d’enfants à avoir. Thomas et Strauss (1991), rapportent qu’un enfant dont
la mère a un niveau d’éducation primaire est 1,6 plus grand que celui dont la mère
est illettrée.
S’agissant des relations entre les dépenses des ménages allouées à l’alimentation du
ménage et la malnutrition des enfants, il existe une corrélation directe entre
l’augmentation des dépenses par tête et la réduction de la malnutrition chronique.
Toutefois, l’inverse prévaut en ce qui concerne l’insuffisance pondérale et
émaciation. En effet, l’effet pervers peut se produire quand on considère l’activité
professionnelle qui génère les revenus. Plus les parents consacrent trop de temps
aux activités professionnelles, moins l’enfant bénéficie d’attention particulièrement
en matière d’alimentation et de soins (Lachaud, 2001).
Selon le cadre conceptuel de l’UNICEF (1991), les déterminants de l’état
nutritionnel des enfants peuvent être regroupés en trois groupes. Tout d’abord, les
causes immédiates que sont, l’insuffisance de la ration alimentaire et les maladies
infectieuses qui compromettent l’apport diététique et l’utilisation métabolique des
aliments. Ensuite les causes sous-jacentes, comprennent les services de santé de
base, l’hygiène du milieu, la sécurité alimentaire au niveau des ménages, les soins
maternels et infantiles. Ces causes ne jouent pas un rôle premier mais favorisent les
maladies nutritionnelles. Enfin les causes fondamentales concernent, la politique,
l’économie et la culture du pays.
Le Centre National de Nutrition (2005), dans son analyse des déterminants de la
malnutrition au Burkina Faso, rapporte qu’un certain nombre de facteurs
influencent l’état nutritionnel de la population en particulier celui des enfants et
femmes enceintes. Ces facteurs sont constitués entre autres des facteurs immédiats
40
et sous-jacents. Au titre des causes immédiates, on a l’alimentation inadéquate et la
situation sanitaire et hygiénique insatisfaisante. Pour ce qui est des causes sous-
jacente, on peut citer l’insuffisance de la sécurité alimentaire des ménages dont les
déterminants sont liés d’une part à la disponibilité alimentaire (nationale et
communautaire) et d’autre part aux revenus des ménages et aux réseaux de
distribution.
Le nombre moyen de repas est de deux par jour et beaucoup de ménages ont des
difficultés pour assurer ces deux repas. Associer à l’insécurité alimentaire, certains
facteurs contribuent à aggraver la situation. Ce sont entre autres le faible taux de
scolarisation en particulier celui des femmes. On remarque également des habitudes
alimentaires marquées par des interdits alimentaires et des pratiques de restrictions
alimentaires vis-à-vis des enfants et l’insuffisance d’accès aux soins de santé. Les
causes fondamentales sont entre autres la situation socio-économique et sanitaire
défavorable du pays.
En ce qui concerne l’influence des maladies sur l’état nutritionnel des enfants,
Bhan (2001) rapportent que les infections ont un impact négatif très net sur l’état
nutritionnel et la croissance des enfants. Leur incidence, prévalence et sévérité
freinent considérablement l’apport alimentaire. Les conséquences à long terme sont
la résultante des effets cumulatifs d’infections répétées et de la croissance de
rattrapage. Les diarrhées sont connues pour avoir des effets à long terme sur la
croissance, 20% des déficits en taille lui sont imputables (OMS, 1996). Les
infections affectent la croissance en diminuant la prise alimentaire et l’absorption
intestinale, augmente les pertes urinaires d’azote et vitamines A.
41
2.2.4. LES CONSEQUENCES DE LA MALNUTRITION INFANTO-
JUVENILE
42
Nous retenons à partir de ces écrits que nombreux auteurs se préoccupent de la
malnutrition avec pour ambition d’élucider les causes et les conséquences. Il ressort
de leur écrit que la malnutrition se manifeste surtout au niveau individuel, mais ses
causes profondes et fondamentales s’étendent au niveau familial et communautaire.
Notre problème spécifique est lié au fait que peu d’études ont testé la corrélation
entre état nutritionnel des enfants et les caractéristiques socioculturelles,
démographiques et économiques du ménage dans le cas spécifique de notre pays.
Par ailleurs peu d’étude aborde la problématique de la malnutrition dans le milieu
sémi-urbain. Le peu d’intérêt accordé à ces aspects, nous a conduits à aborder dans
le cadre de notre étude la question de la malnutrition en prenant en compte ces
différents aspects.
43
la méthode des itinéraires en faisant toujours la ronde à droite. Sur ce parcours
aléatoire, une concession sur trois est retenue, ainsi les enfants de 0-59 mois et leur
mère retenus sont enquêtés.
Quartier 1 30 30
Quartier 2 30 30
Quartier 3 30 30
Quartier 4 30 30
Quartier 5 30 30
Total 150 150
Sources : Enquêtes de terrain, Janvier 2015
2.3.2. METHODES ET OUTILS DE COLLECTE DE DONNEES
Le questionnaire
Le questionnaire d’enquête se compose de trois grandes parties : la première partie
concerne les caractéristiques socio-démographiques et économiques du ménage. La
deuxième partie est consacrée aux caractéristiques socio-démographiques de la
mère de l’enfant et la troisi
ème partie porte sur les caractéristiques socio-sanitaires et nutritionnelles de
l’enfant.
44
Matériel pour les mesures anthropométriques
Les données anthropométriques collectées sont le poids, la taille et l’âge. La pesée
a été effectuée à l’aide d’une balance électronique SECA de portée 200kg et de
précision 100 g. La double pesée a été effectuée pour les enfants qui ne peuvent pas
se tenir debout. La taille a été relevée avec une toise de portée 130 cm et de
graduation 0,1 cm. Les enfants de moins de 24 mois ont été mesurés en position
couchée, en position débout pour les enfants de plus de 24 mois. Quant à l’âge il a
été déterminé à la vue de l’acte de naissance, sur présentation du carnet de santé de
l’enfant ; en absence de document nous nous sommes référés à la déclaration de la
mère.
46
certaines questions pour faciliter la compréhension. Nous avons bénéficié de
l’appui technique et matériel d’Africare et également de l’appui des animatrices en
nutrition et de jeunes volontaires de la ville pour la collecte des données. Avant de
nous rendre sur le terrain, nous avons procédé à leur formation. Leurs
connaissances et expériences dans la collecte des données nous ont facilité la tâche.
Cela a permis de réduire la durée de l’enquête qui aurait pu être longue compte tenu
des mesures anthropométriques.
Lors de la collecte de données, la méthode d’approche a consisté à expliquer au
chef de ménage ou à la mère l’objectif de l’enquête tout en précisant la tranche
d’âge concernée. Quand nous sommes autorisés à mener l’enquête, nous vérifions
l’âge de l’enfant au vu du carnet de santé ou l’acte de naissance avant de mener
l'entretien avec la mère de l'enfant et relever les mesures anthropométriques de
l’enfant. A la fin de l’entretien, nous prenons le soin de remercier l’enquêtée de sa
collaboration.
2.4. ANALYSE DES DONNEES ET DIFFICULTES RENCONTREES
2.4.1. TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES.
A l’issue de l’enquête de terrain, nous avons procédé à la vérification des
questionnaires avant de procéder à la codification. Les indices anthropométriques
ont été calculés à l’aide du logiciel EPINUT. C’est à l’aide du Logiciel EPI-INFO
(version 3.2), que nous avons procédé à la saisie des données des questionnaires.
Ce même Logiciel et Excel ont servi également à l’analyse des données, ce qui
nous a permis d’obtenir des fréquences, écart-type tableaux croisées et graphiques.
Concernant l’analyse des données, différents niveaux d’analyse ont été utilisés pour
notre étude, il s’agit de l’analyse univariée et l’analyse bivariée. L’analyse
univariée concerne une seule variable et cela est utilisé dans la partie descriptive.
L’analyse bivariée permettra de montrer les relations qui existent entre la variable
47
dépendante à savoir la malnutrition chronique des enfants et les autres variables.
C’est elle qui sera le plus utilisé. Elle permettra la vérification de nos hypothèses.
2.4. 2. DIFFICULTES METHODOLOGIQUES RENCONTREES
Les difficultés rencontrées au cours de l’enquête sont entre autres le manque de
ressources financières, car n’ayant bénéficié d’aucun financement. La faisabilité
d’une telle étude est difficile du fait du personnel et le matériel qu’elle nécessite.
Egalement le problème de temps s’est posé, vu l’envergure de l’étude nécessitant
un long temps pour cerner les contours de la question. Une des difficultés était de
rencontrer les mères des enfants car nous étions en pleine période des travaux
champêtres, activité principale de la population et seule pourvoyeuse de revenu et
de nourriture.
CONCLUSION PARTIELLE
Dans ce chapitre, certains concepts ont été définis pour une meilleure
compréhension du sujet.
A l’issue de l’examen de la littérature existante sur la malnutrition infantile,
plusieurs études et recherches pertinentes ont été réalisées sur le sujet avec pour
ambitions d’élucider les causes et les conséquences de la malnutrition. Il ressort de
ces différentes études et recherches que la malnutrition se manifeste surtout au
niveau individuel, mais que ses causes profondes et fondamentales s’étendent au
niveau familial et communautaire, au niveau national et au niveau international.
Cependant, malgré la diversité de celle-ci peu d’études abordent la problématique
de la malnutrition au Burkina Faso surtout dans le milieu sémi-urbain. Pour ce qui
est de la méthode de collecte de données, nous avons retenu comment instrument le
questionnaire et le matériel de mesures anthropométriques.
48
RESULTATS
49
CHAPITRE III : SITUATION SOCIO-SANITARE ET
NUTRITIONNELLE DE LA POPULATION INFANTO-JUVENILE DE
TANGAYE
Dans ce chapitre, nous examinerons la situation socio-sanitaire, nutritionnelle et
les indices anthropométriques des enfants.
50
Tableau (3.1) : Répartition des enfants de 0-59 selon l’âge et le sexe
Rapport
de
Sexe Garçon Fille Total
masculinit
é
51
accroît les compétences générales de lecture et en conséquence permet de mieux
suivre les instructions du personnel de santé.
Tableau 3.2. : Répartition des enfants selon le niveau d’instruction des mères
Intervalle intergénésique
52
moyenne et disposer de ressources insuffisantes, fournie par la mère qui du point
de vue nutritive est complètement « vidée ».
[1,2[ 12 11,7
[2,3[ 41 39,8
[3,4[ 32 31
4 et plus 18 17,5
Selon l’OMS (1946), la santé est un état complet de bien être physique, mental
et social et pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité. Les maladies
compromettent l’utilisation et l’absorption des nutriments et favorisent le
manque d’appétit, ce qui empêche les enfants de manger convenablement. Dans
le cadre de notre étude, nous nous sommes intéressés à l’état de santé actuel de
l’enfant. Selon certains auteurs, la répétition des maladies favorise le retard de
croissance de l’enfant. Le retard de croissance est la résultante d’une
accumulation à long terme d’une alimentation inadéquate et une exposition
répétée aux maladies (Lachaud, 2001). L’analyse des résultats (Tableau 3.4) de
l’enquête montre que 38 % des enfants étaient malades, au moment de la
collecte des données. La désagrégation par tranche d’âges donne des proportions
53
plus élevées de malades pour les enfants de moins de 12 mois soit 41,5%. Quand
on s’intéresse aux pathologies contractées (tableau 3.5), on constate que le
paludisme est en première position avec une proportion de 42,1% ensuite
viennent la diarrhée (33,3 %) et les autres maladies (24,6 %). En considérant la
pathologie selon les tranches d’âge, on remarque que la diarrhée est la maladie
qui touche le plus les enfants de moins de 12 mois
(50 %). Cette prédominance de la diarrhée dans ces tranches d’âge pourrait
s’expliquer par l’introduction précoce de l’eau, d’autres liquides et aliments
dans l’alimentation des enfants de moins de 6 mois. En effet 75 % des enfants de
moins de 6 mois recouvraient d’autres liquides avant 6 mois. En donnant
d’autres liquides autres que le lait maternel, on expose l’enfant aux agents
pathogènes. Par ailleurs, on enregistre une proportion plus élevée du paludisme
chez les autres tranches d’âge. Le nombre élevé de cas de paludisme n’est pas
surprenant, étant donné que le paludisme est le premier motif de consultation
dans les services de santé de la commune, et il faut ajouter que l’enquête s’est
déroulée en début de la saison hivernale période propices à la recrudescente du
paludisme.
54
Tableau 3.5 : Répartition des enfants malades selon la maladie
Diarrhée/Maux de
Paludisme/Fièvre Autres Total
ventre
Sexe Fréquence Fréquence Fréquence Fréquence
Effectif Effectif Effectif Effectif
Age (%) (%) (%) (%)
[0,12[ 5 22,7 11 50 6 27,3 22 100
[12,24[ 9 50 5 27,7 4 22,2 18 100
[24,59[ 10 58,8 3 17,7 4 23,5 17 100
Total 24 42,1 19 33,3 14 24,6 57 100
55
prêtent plus attention aux conseils des agents de santé que les mères sans
instruction. Quand on s’intéresse au suivi de la croissance des enfants dans un
centre de santé par rapport au groupe d’âge (Tableau 3.7), on constate une
régression de la fréquentation avec l’augmentation de l’âge. En effet, le taux de
fréquentation qui est de 42,9 % pour les enfants de [0,6[ mois , on est passé à 16
% pour les enfants de [6,12[ mois puis à 6,8 % pour les enfants de [12,24] mois.
Tableau 3.6 : Répartition des enfants selon le suivi de la croissance par groupe d’âge
56
Vaccination des enfants
Conformément aux recommandations de l’OMS, un enfant est complètement,
vacciné lorsqu’il a reçu les vaccins BCG (protection contre la tuberculose), le
vaccin contre la rougeole et toutes les doses de vaccin contre la poliomyélite et
DTCoq (Diphtérie, Tétanos et Coqueluche). Tous ces vaccins doivent être
administrés avant les 12 mois de l’enfant. Au cours du dépouillement, seule les
données concernant les enfants [12-24[mois étaient utilisables. Les résultats
révèlent que 72,7 % des enfants de 12-24 mois avaient encore leur carnet de
vaccination. Parmi eux 59,4 % avaient reçu toutes les doses selon le calendrier
vaccinal contre 40,6 qui ont une vaccination incomplète.
Ces résultats sont légèrement supérieurs avec ceux de l’INSD (2010) qui est de
41 % pour les enfants de 12-24 mois d’après les résultats de l’EDS-IM de 2010.
57
conséquence, le début, le type et la durée de l’allaitement au sein sont
importants pour l’état nutritionnel des enfants.
Début de la mise au sein
Les résultats de l’étude (Tableau 3.8) montre que seulement 9,3 % des enfants
ont été mis au sein immédiatement dans les premières heures qui ont suivi la
naissance, contre 33.3 % des enfants qui ont été mis au sein 1 heure à 8 heures
après la naissance et 26,7 % qui ont été mis au sein plus d’un jour après la
naissance. Ce comportement peut s’avérer néfaste pour l’enfant, car l’enfant
n’étant plus relié par le cordon ombilical n’a plus d’autres sources
d’alimentation que le lait maternel. Cette rupture prolongée peut mettre en
danger la vie de l’enfant (INSD, 2010).
Tableau 3.7 : Répartition des enfants selon le début de la mise au sein
Fréquence
Début de mise au sein Effectif
(%)
Immédiatement 14 9,3
1 à 8 heures après accouchement 50 33,3
Plus de 8 heures après accouchement 46 30,7
1 jour et plus après accouchement 40 26,7
Total 150 100
Sources : Enquêtes de terrain, Janvier 2015
58
son aspect jaunâtre et épais. Il est extrait et jeté. Selon les croyances le
colostrum provoque des maux de ventre aux nouveau-nés.
Durée de l’allaitement
La pratique optimale en matière d’allaitement maternel consiste à nourrir le bébé
exclusivement au sein (lait maternel en excluant l’apport de tout autre aliment
ou liquide) pendant les six premiers mois, puis l’allaiter en lui donnant une
alimentation d’appoint (aliments solides ou semi solides) à partir de 6 mois.
L’enfant doit continuer à être allaité au sein jusqu'à l’âge de deux ans en plus de
son alimentation d’appoint (UNICEF, 2001) L’analyse des données révèlent
que, plus de deux tiers des enfants sevrés (66,9) ont eu une durée d’allaitement
de 12 à 24 mois (Tableau 3.8.).
Tableau 3.8. : Répartition des enfants non allaités selon la durée d’allaitement
Durée de l’allaitement en Fréquence (%)
Effectif
mois
[12,24[ 38 66,9
24 et plus 18 32,1
Total 56 100
Sources : Enquêtes de terrain, Janvier 2015
59
aliments et la consommation de ces aliments entre en compétition avec le lait
maternel (Treche, 1995). Les résultats présentés dans le tableau (3.10) montrent
que très peu d’enfants sont exclusivement allaités au sein. En effet, seulement
10,7 % des enfants ont été exclusivement allaités au sein tandis que 3/4
recevaient d’autres liquides (eau simple et eau sucrée) et 14,3 % de la bouillie
avant six mois.
Tableau 3.9. : Répartition des enfants de [0,6[ mois selon type d’allaitement
60
et accessibles localement.
Fréquence
Aliments effectif
(%)
Bouillie simple ou sucré 85 81,7
Bouillie enrichie 19 18,3
Total 104 100
16,30%
30,80% 1Repas
2 Repas
3 Repas
52,90%
L’analyse des fréquences de repas par jour montre que 16,3 % (graphique 3.1)
des enfants de plus de 6 mois recevaient un repas de bouillie par jour, 52,9%
recevaient deux repas de bouillie par jour et 30,8 % recevaient 3 repas de
61
bouillie par jour. Il faut noter de manière générale que la fréquence de repas de
bouillie données aux enfants de la ville est insuffisant au regard des
recommandations de l’OMS. En effet l’OMS (2003) recommande de donner
trois repas de ration adéquate par jour avec allaitement et cinq repas de rations
adéquates sans allaitement. Cette faible fréquence de prise de bouillie pourrait
s’expliquer par l’insuffisance de produits alimentaires dans les ménages
insécures. Il faut rappeler que la collette des données s’est déroulée pendant la
période de soudure alimentaire de la province c'est-à-dire de Mars à Octobre.
Composition et fréquence de repas familial dans l’alimentation de l’enfant
Le régime alimentaire de la plupart des ménages est monotone. En effet, 31,5 %
(tableau 3.11.) seulement des enfants consommaient en plus du plat traditionnel
(céréale, tubercules protéagineux, oléagineux, feuilles..) des aliments riches en
vitamine A et en protéines (viandes, poissons, lait, beurre..). En considérant les
fréquences de repas donnés aux enfants, on constate que 43,5 % des enfants
recevaient deux repas du plat familial par jour contre
56,5 % qui recevaient trois repas du plat familial par jour. Le régime et la ration
alimentaire des enfants de Tangaye sont peu diversifiés et médiocres en
éléments nutritifs et il faut ajouter à cela la faible fréquence des repas. Tous ces
facteurs pourraient prédisposer à la survenue de la malnutrition des enfants.
Tableau 3.11. : Répartition des enfants selon le régime alimentaire du plat familial
.
62
Composition du plat familial Effectif Fréquence (%)
Total 92 100
Le rapport Taille/Age (T/A) traduit l’état de croissance, les enfants dont l’indice
T/A est supérieur à -3ET et inférieur ou égale à -2ET en par rapport à la
population de référence sont considérés comme des enfants ayant un retard de
croissance ou souffrant de malnutrition chronique modéré et ceux en dessous de
– 3Ecart Type (-3 ET) souffrent de malnutrition chronique sévère.
Selon les résultats de l’enquête, 32,7 % des enfants souffraient de malnutrition
chronique (tableau 3. 12). Cette prévalence est largement supérieure à celle
qu’on s’attend à trouver dans une population en bonne santé et bien nourrie soit
2,3 % ont l’indice T/A inférieur ou égale à -2ET et 0,1 % supérieur à -3ET. La
répartition de la malnutrition selon le groupe d’âge montre que le retard de
croissance touche plus les enfants de 12 à 59 mois que les enfants de moins de
12 mois. En effet, on a une prévalence de 42, 3% chez les enfants de 12 à 59
mois contre 15, 1 % chez les enfants de moins de 12 mois.
63
Etat
normal malnutrition Total
nutritionnel
Fréquence Fréquence Fréquence
Age Effectif Effectif Effectif
(%) (%) (%)
64
(%) (%) (%)
65
Au regard de l’analyse des résultats des indices anthropométriques, nous
pouvons dégager les points suivants. D’une part, l’insuffisance pondérale touche
plus les enfants par rapport au retard de croissance et l’émaciation. En effet, on a
une prévalence de 36 % pour l’insuffisance pondérale, 32,7 % pour le retard de
croissance et 15,3 % pour l’émaciation (Tableau 3.15). Cette prévalence élevée
de l’insuffisance pondérale par rapport aux autres indices pourrait trouver son
explication à deux niveaux. Tout d’abord, cet indice est très sensible à
l’alimentation et à l’état de santé actuelle, alors que l’enquête s’est déroulée en
période de soudure. Cette période est caractérisée par une insuffisance des
denrées alimentaires, surtout dans les ménages insécures. Ensuite, il faut ajouter
que la collecte des données s’est déroulée en début de la saison pluvieuse,
période caractérisée par la recrudescence des maladies surtout chez les enfants.
Tous ces facteurs contribuent à une perte de poids chez les enfants d’où la
survenue de la malnutrition.
D’autre part, l’insuffisance pondérale survient plus vite chez les enfants par
rapport aux deux types de malnutrition. En effet, chez les enfants de moins de
12 mois, on note une prévalence de 24,5 %, 15,1 % pour le retard de croissance
est chez les enfants et 7,5 % pour l’émaciation.
Par ailleurs, la prévalence de la malnutrition est plus prononcée chez les enfants
de12 à 59 mois que chez les enfants de moins de 12 mois quelque soit l’indice.
En effet l’insuffisance pondérale à une prévalence de 42,3 % pour les enfants de
12 à 59 mois contre 24,5 % pour les moins de 12 mois, le retard de croissance
est de 42,3 % chez les 12 à 59 mois et 15,1 % pour les moins de 12 mois et
l’émaciation est 19,6 % pour les 12 à 24 mois et 7,5 % pour les moins de 12
mois. Ces résultats confirment notre hypothèse selon laquelle, les cas de
malnutrition sont plus importants au sein de la population juvénile [1, 5[ans
comparativement à la population infantile. Cette prédominance de la
66
malnutrition chez les enfants de 12 à 59 mois pourrait s’expliquer par le fait qu’à
12 mois l’enfant commence à consommer des aliments de complément. Si cette
alimentation de complément est inadéquate aux besoins nutritifs de l’enfant
et/ou manque d’hygiène, l’enfant sera d’une grande successibilité à souffrir de la
malnutrition. A cela il faut ajouter qu’au fur et à mesure que l’enfant prend de
l’âge, il perd son immunité d’origine maternelle du fait de la rupture ou
diminution de la consommation du lait maternel. Ce qui favorise la survenue des
maladies (diarrhée et paludisme) dont le lien avec la malnutrition est très étroit.
CONCLUSION PARTIELLE
67
qui confirme notre hypothèse selon laquelle la malnutrition est plus présent au
sein da la population juvénile (1 à 4 ans) que la population infantile (0 à 1 an)
69
c’est la raison pour laquelle il supplante progressivement l’indicateur
« Poids/Age » (Beaton cité par Maire B et al (1997).
Selon Charasse (2000), le rapport Taille/Age est l’indicateur recommandé, il
reflète mieux le processus d’un enfant d’atteindre le potentiel de croissance
linéaire.
L’état nutritionnel des enfants dépend des connaissances des parents sur la
nutrition des enfants à savoir l’allaitement maternel, la conduite du sevrage, les
interdits alimentaires envers les enfants. La connaissance peut se définir comme
le processus de construction et le résultat provisoire de l’acte d’apprendre (Gros
et Adamczewski, 1996).
Les connaissances des parents sur la nutrition des enfants orientent les décisions
de pratiques alimentaires et soins à l’endroit des enfants. De ce fait,
l’insuffisance de connaissances des parents en matière de nutrition des enfants
risque d’influencer la croissance normale de l’enfant. Dans le cadre de notre
étude, nous examinerons le rapport entre les connaissances des parents sur
l’alimentation et l’état nutritionnel des enfants. Pour cela, nous nous
intéresserons aux connaissances des mères sur le début et la conduite du
sevrage.
Il s’agit ici à partir de quel âge la mère a introduit la bouillie dans l’alimentation
de l’enfant. Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes intéressés aux
70
enfants qui consommaient la bouillie, afin d’examiner l’effet de l’âge
d’introduction de la bouillie sur la croissance des enfants. Les résultats de
l’étude montre que 62,7 % des mères donnaient la bouillie à leur enfant. On
constate que l’introduction de la bouillie entre 5 et le 6ème mois n’a pas grande
incidence sur la croissance des enfants ; par contre l’introduction de la bouillie
au-delà de 7 mois et plus augmente le risque de malnutrition de l’enfant. En
effet, on a une proportion de 40 % d’enfants malnutris pour les mères qui ont
commencé l’introduction de la bouillie à partir de 7 mois de l’enfant. Il faut
souligner que l’alimentation des enfants qui ont commencé à consommer la
bouillie à partir du 7ème mois était composé du lait maternel, de l’eau et
quelquefois la bouillie. Selon les mères l’introduction tardive de la bouillie est
du au fait des troubles digestives que la bouillie engendrait chez l’enfant. Ces
résultats montrent que l’introduction tardive de la bouillie dans l’alimentation de
l’enfant augmente le risque de la survenue de la malnutrition. A partir du
sixième mois si l’enfant est toujours nourri exclusivement au lait maternel il est
fort probable qu’il soit exposé à une sous-alimentation car le lait maternel
devient insuffisant pour combler ses besoins nutritionnels au vue de sa
croissance rapide.
Tableau 4.1 : Etat nutritionnel des enfants selon l’âge d’introduction de la bouillie
Etat
Normal malnutrition Total
nutritionnel
71
7 et plus 24 60 16 40 40 100
Tableau 4.2 : Etat nutritionnel des enfants selon l’âge d’introduction du plat familial
Etat
Normal malnutrition Total
nutritionnel
10 18 75 6 25 24 100
12 24 74,4 7 25,6 31 100
14 et plus 17 45,9 20 54,1 37 100
Les résultats de l’analyse montrent que les proportions des enfants malnutris
augmentent avec l’âge d’introduction du plat familial au-delà de 12 mois. En
effet, plus de la moitié des enfants des mères qui ont introduit le plat familial
72
dans l’alimentation de leurs enfants à partir du 14ème mois et plus avaient leurs
enfants malnutris (54,1 %) (Tableau 4.2). Par contre, on note 25 % d’enfants
malnutris pour les mères qui ont introduit le plat familial à partir du 10ème mois
de l’enfant et 25,6 % d’enfants malnutris pour les mères qui ont introduit le plat
familial à partir du 12ème mois. Un fait qu’il nous parait important de souligner
est que la plupart des mères justifiaient l’introduction tardive du plat familial par
le fait que le plat familial notamment le tô4 rendaient l’enfant lourd ce qui
l’empêche de marcher rapidement.
4
Mets essentiellement fait de farine de céréale (sorgho, maïs, mil ...)
73
L’analyse des résultats montre que la malnutrition touche plus les enfants des
jeunes mères d’une part et les mères de plus de 35 ans d’autre part. En effet, la
tranche d’âge [15,19] à la proportion plus élevée d’enfants malnutris, soit 42,9
% (Tableau 4.3). Les proportions d’enfants malnutris chez les mères de 35 ans et
plus est de 41,7 %.
Ces résultats nous laissent penser que le jeune âge des mères et l’âge avancé de
la mère de l’enfant favorise en quelque sorte la survenue de la malnutrition des
enfants. Ces résultats rejoignent ceux de Barcat (1998). Selon l’auteur, l’âge des
parents a un effet positif sur la taille de l’enfant et sur sa probabilité d’avoir une
croissance normale. L’âge de la mère est utilisé comme une variable approchée
d’accumulation de l’expérience en matière de soins. Cependant, l’âge avancé de
la mère peut également favoriser la survenue de la malnutrition, s’il est
considéré comme un indicateur de sénilité et de fatigue des adultes (Bishia, cité
par Agbodji et Abalo, 2004).
Tableau 4. 3 : Etat nutritionnel des enfants selon l’âge de la mère
Tableau 4.4 : Etat nutritionnel des enfants selon le niveau d’instruction de la mère
Etat
Malnutrition
nutritionnel Normal Total
75
Nombre d’enfants de la mère et malnutrition
Après examen des résultats, on constate que la malnutrition touche plus les
enfants des mères ayant un nombre élevé d’enfants. En effet, la malnutrition
touche 32,4% (Tableau 4.5) des enfants des femmes ayant 1 à 2 enfants, 25,4 %
des femmes ayant 3 à 5 enfants et 58,8 % des enfants des femmes ayant 6
enfants et plus. Cette prévalence élevée de malnutrition chez les enfants des
mères ayant plus de 6 enfants ne nous parait pas surprenante, car les femmes
ayant en charge plusieurs enfants leur accordent moins de soins et un ménage
ayant beaucoup d’individus aura du mal à satisfaire les besoins alimentaires de
ses membres surtout les enfants. Selon Linskens et Morrison (2000), le fait que
beaucoup de mères qui ont déjà une famille nombreuse souhaitent avoir accès
aux moyens de contraception, reflète leurs difficultés croissantes pour élever
leurs enfants au fur et à mesure que le nombre augmente.
Tableau 4.5 : Etat nutritionnel des enfants selon le nombre d’enfants de la mère
77
Monogamie 59 72 23 28 82 100
polygamie 27 60 18 40 45 100
Total 86 67,7 41 32,3 127 100
Sources : Enquêtes de terrain, Janvier 2015
78
confirment notre hypothèse selon laquelle, le risque de malnutrition d’un enfant
augmente avec la réduction de l’intervalle intergénésique de la naissance de son
frère cadet. Ces résultats rejoignent ceux de l’INSD. Selon L’INSD (2004), les
enfants nés dans un intervalle de moins de deux ans, sont légèrement plus
touchés par le retard de croissance par rapport aux autres. Un intervalle
intergénésique réduit contraint les parents à sevrer l’enfant allaité précocement.
Un sevrage précipité est plus souvent mal géré surtout quand le ménage n’a pas
une situation économique confortable et quand la taille de la famille est élevée.
Tableau 4.8. : Etat nutritionnel des enfants selon l’intervalle intergénésique avec la naissance de
leur frère cadet
Etat Normal malnutrition Total
nutritionnel
Intervalle Fréquence fréquence fréquence
effectif effectif Effectif
Intergénésique en (%) (%) (%)
Année
79
l’EDS 2010 qu’il y a une légère augmentation du retard de croissance avec le
rang de l’enfant. Nos résultats sont similaires à ceux de l’INSD. En effet, les
proportions d’enfants malnutris s’accroissent avec l’augmentation du rang de
l’enfant. On a ainsi, 29,8 % d’enfants malnutris pour les enfants de rang 1, 36,8
% pour les enfants de rang 4 et 40,9 % pour les enfants de rang 5 et plus (tableau
4.9). Les résultats nous montrent que le rang de l’enfant dans la fratrie semble
avoir une influence sur la croissance de l’enfant. Il faut noter qu’une mère ayant
plusieurs enfants aura du mal à leur assurer soins et alimentation adéquate
surtout si le ménage est pauvre.
Etat Malnutrition
Normal Total
nutritionnel
Fréquence Fréquence fréquence
Effectif Effectif Effectif
Fratrie (%) (%) (%)
1 33 70,2 14 29,8 47 100
2 25 71,4 10 28,6 35 100
3 18 66,7 9 33,3 27 100
4 12 63,2 7 36,8 19 100
5 t plus 13 59,1 9 40,9 22 100
Total 101 49 150 100
Sources : Enquêtes de terrain, Janvier 2015
80
Concernant l’examen de la relation entre la durée de l’allaitement et l’état
nutritionnel des enfants, nous nous sommes intéressés aux enfants qui ne sont
plus allaités. Les résultats de l’étude révèlent que la durée n’a pas une influence
significative sur l’état nutritionnel des enfants. En effet on a une prévalence de
malnutrition de l’ordre 34,2 % pour les enfants ayant bénéficié d’une durée
d’allaitement de 12 à 24 mois et 30 % pour les enfants ayant une durée
d’allaitement de 2 ans et plus (Tableau 4.10). Ces résultats confirment notre
hypothèse selon laquelle le sevrage précoce des enfants les expose à un risque
élevé de malnutrition. Cette faible corrélation entre la durée d’allaitement et
l’état nutritionnel des enfants pourrait être le fait du faible effectif sur lequel
l’analyse a porté (56 enfants) des enfants qui ne sont plus allaités.
Tableau 4.10. : Etat nutritionnel des enfants sevré selon la durée de l’allaitement
81
Ration alimentaire et malnutrition des enfants
En général, un nourrisson en bonne santé doit prendre quatre ou cinq repas par
jour, plus une ou deux collations (par exemple un fruit ou du pain avec de la
pâte à base de noix Le nombre approprié de fois où l’enfant doit recevoir de la
nourriture dépend de la densité énergétique des aliments locaux consommés à
chaque fois. Des repas plus fréquents peuvent être nécessaire si leur densité en
énergie ou si la quantité de nourriture consommée à chaque repas est limitée
(OMS, 2003)
82
Etat nutritionnel Normal Malnutrition Total
Effectif Fréquence
Nombre de repas du Effectif Fréquence Effectif Fréquence
plat familial par jour
(%)
Total 63 67 31 33 94 100
83
Sources : Enquêtes de terrain, Janvier 2015
Régime alimentaire et malnutrition
La ration quotidienne pour les enfants d’âges préscolaires doit comporter des
aliments riches en vitamine A ( fruits et légumes de couleur foncée, huile de
palme rouge, huile ou aliments enrichis en vitamine A), des aliments riches en
vitamine C (par exemple de nombreux fruits et légumes, pommes de terre), des
aliments riches en vitamine B ( foie, œufs, produits laitiers, feuilles vertes
consommées comme légume, graines de soja), en vitamine B6 ( viande, volaille,
poisson, bananes, feuilles vertes consommées comme légume, pomme de terre
et autres tubercules, arachide) et en folates (légumineuses, légumes à feuille
vertes, jus d'orange) (OMS, 2003).
Pour l’examen du rapport entre le régime alimentaire et l’état nutritionnel des
enfants, nous
nous sommes intéressés au repas semi solides (bouillie) et repas solides ( plat
familial ).
Les résultats montrent que le régime alimentaire de l’enfant a une influence sur
l’état nutritionnel des enfants. En effet les enfants qui recevaient la bouillie de
céréale enrichie (Tableau 4.13) avaient une proportion légèrement moins élevée
de malnutris (26,3 %) que ceux recevant la bouillie céréale simple (31,8 %). Par
contre l’analyse du lien entre la composition du plat familial et la malnutrition
ne nous a pas permis d’établir la relation entre ces deux variables. En effet, on a
enregistré 38,1 % (Tableau 4.14) de malnutris pour les enfants consommant
régulièrement des aliments peu diversifiés (céréale, protéagineux, oléagineux,
feuilles...) et 37,9 % de malnutris pour les enfants recevant une alimentation
diversifiée. Il s’agit probablement du caractère structurel de la malnutrition
chronique qui se prêterait moins à être expliquée par des variables
conjoncturelles comme l’alimentation à un moment donné. En effet, il n’était
pas possible de recueillir des données permettant de décrire précisément la
composition des repas au regard de la limite de nos ressources.
84
Tableau 4.13 : Etat nutritionnel des enfants selon la composition de la bouillie consommée
Sources : Enquêtes de terrain, Janvier 2015
Tableau 4.14 : Etat nutritionnel des enfants selon la composition du plat familial
Total 57 62 35 38 92 100
85
La maladie est fortement corrélée à la malnutrition des enfants, la maladie
pouvant exacerber la malnutrition et vice versa. Le tableau (4.15) donne les
proportions de malnutrition selon les antécédents de maladie de l’enfant. On
constate que les enfants malades sont les plus touchés par la malnutrition (43,9
%) que les enfants en bonne santé (25,8 %). En considérant la maladie contractée,
on remarque que les enfants atteints par le paludisme ou la diarrhée sont les plus
touchés par la malnutrition, soit respectivement 60,9 % et 42,1 % (tableau 4.16)
d’enfants malnutris. Cette corrélation entre la malnutrition des enfants et leur état
de santé actuel pourrait s’expliqué par le fait que ces enfants ont fréquemment des
infections, il faut souligner que les infections entraînent la malabsorption des
éléments nutritifs ou l’incapacité d’utiliser les éléments nutritifs convenablement
pour préserver la santé. Les enfants souffrant de diarrhée ne tireront pas profit
pleinement des aliments, étant donné que les selles fréquentes empêchent
l’absorption suffisante des éléments nutritifs (OMS, 2005). Il faut ajouter à cela
que les enfants souffrant de diarrhée ou du paludisme étaient soumis à une
restriction alimentaire. En effet, 96 % des mères disent ne pas donner des
aliments gras et sucrés aux enfants dans le cas ou l’enfant avait la diarrhée ou le
paludisme.
Tableau 4.15 : Etat nutritionnel des enfants des enfants selon l’état de santé actuel
86
Etat nutritionnel Normal Malnutrition Total
Autres 12 80 3 20 15 100
87
Normal Malnutrition total
Etat
nutritionnel
fréquence Fréquence Fréquence Fréquence
effectif Effectif
(%) (%) (%) (%)
Suivi de la croissance
CONCLUSION PARTIELLE
Dans ce chapitre, nous avons analysé le rapport entre la malnutrition des enfants
(retard de croissance) et les caractéristiques socio-économiques et
démographiques des ménages ainsi que les caractéristiques socio-sanitaires des
enfants. Parmi les facteurs socio-économiques et démographiques susceptibles
de favoriser la survenue de la malnutrition des enfants, on note la
méconnaissance des besoins nutritionnels de l’enfant par les mères, le manque
d’instruction de la mère. Il faut souligner également que la probabilité de la
survenue de la malnutrition d’un enfant croit avec la réduction de l’intervalle
intergénésique qui le sépare de son frère cadet. S’agissant des antécédents
sanitaires de l’enfant, on constate que la contraction d’une maladie favorise la
survenue de la malnutrition. Le non-respect du suivi de la croissance et du
89
calendrier vaccinal sont également tant de facteurs qui contribuent à la survenue
de la malnutrition des enfants.
90
RECOMMANDATIONS
L'analyse des résultats de notre étude, nous a permis de formuler quelques
recommandations pour contribuer à un meilleur contrôle de malnutrition parmi
les enfants de moins de cinq ans dans la commune rurale de Tangaye. Les
recommandations que nous formulons s'adressent essentiellement aux membres
aux personnels de santé et aux populations.
Il s’agit de :
Prendre en compte la lutte contre la Malnutrition lors de l’élaboration des
plans d'action des formations sanitaires ;
Initier une campagne de sensibilisation des parents sur l'importance des
Consultations des nourrissons sains ;
Initier des actions d’éducation nutritionnelle des mères avec un accent
particulier sur la conduite du sevrage, la diversification de l’alimentation
des enfants à partir de produits locaux ;
Renforcer la protection des enfants de moins de 5 ans contre le paludisme
en favorisant l’accès des populations aux moustiquaires imprégnées ;
Renforcer les activités de communication en faveur de l'espacement des
naissances, l'hygiène et l'assainissement, l'allaitement maternel exclusif ;
Renforcer davantage la couverture vaccinale des enfants de moins de 5
ans ;
Renforcer les activités de communication avec les parents pour le respect
de la régularité de la surveillance nutritionnelle des enfants même si ceux-
ci sont complètement vaccinés.
91
CONCLUSION GENERALE
92
l’âge d’introduction des aliments de compléments dans l’alimentation de
l’enfant favorise la survenue de la malnutrition des enfants. En effet, les résultats
de l’étude révèle que les mères qui ont introduit les aliments de complément
tardivement c'est-à-dire au 7ème de l’enfant pour la bouillie et au delà de 12 mois
pour le plat familial avaient plus d’enfants malnutris. Nous pensons au vue de
ces résultats que notre hypothèse selon laquelle l’insuffisance de connaissances
des parents en matière de nutrition favorise la prévalence de la malnutrition chez
les enfants est confirmée.
L’insuffisance de connaissance des parents sur le mode d’alimentation des
enfants en fonction de leurs âges joue un rôle important dans la genèse de la
malnutrition des enfants.
L’analyse de l’influence de l’intervalle intergénésique sur l’état nutritionnel des
enfants nous indique que plus l’intervalle intergénésique est court, plus l’enfant
ainé court le risque d’être malnutri. En effet, les enfants ayant un intervalle de
moins de deux ans enregistraient plus de malnutris que ceux de 2 à 3 ans. Ces
derniers enregistraient également plus de malnutris que ceux ayant un intervalle
de 3 à 4 ans. Nous croyons au vue de ce qui précède que notre hypothèse selon
laquelle le risque de malnutrition d’un enfant augmente avec la réduction de
l’intervalle intergénésique de la naissance de son frère cadet est vérifiée. Les
naissances rapprochées créent un désintérêt involontaire de la mère pour l’aîné
au profit de nouveau-né, ce qui peut se traduire par une rupture de l’allaitement
et une baisse d’attention particulière en matière de soins et l’alimentation. Cela
peut entraîner des troubles chez l’enfant qui se manifestent sous forme de
malnutrition.
L’analyse de la corrélation entre la durée d’allaitement et l’état nutritionnel des
enfants fait ressortir que la durée d’allaitement de l’enfant n’a pas une très
grande influence sur la croissance des enfants. Cette faible corrélation pourrait
être imputable à la faible taille de notre échantillon d’enfants qui ne sont plus
allaités.
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Comme tout travail de recherche, cette étude comporte des insuffisances. Pour
mieux cerner le contour de la problématique de la malnutrition des enfants, nous
pensons qu’il serait nécessaire de mener des études en mettant l’accent sur
certains aspects à savoir la malnutrition des enfants et les dépenses alimentaires
allouées par tête dans le ménage, les modalités d’introduction des aliments de
complément, leur mode de préparation et valeur nutritionnelle.
Nous pensons que l’amélioration de l’état nutritionnel des enfants au Burkina
Faso en particulier les enfants de Tangaye passera par une éducation
nutritionnelle des mères avec un accent particulier sur la conduite du sevrage, la
diversification de l’alimentation des enfants à partir de produits locaux.
Enfin nous pensons que notre travail, pourrait attirer l’attention des intervenants
en santé et nutrition de la province du Yatenga sur la nécessité de s'intéresser
davantage la problématique de la malnutrition dans la ville de Tangaye car cette
étude a révélé qu'elle se pose avec acuité.
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