Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
www.laconferencehippocrate.com
La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
MALADIES INFECTIEUSES
RÉANIMATION - URGENCES
Infections nosocomiales
1-7-91
Dr Jérôme SALOMON
Praticien Hospitalier
www.laconferencehippocrate.com 1
1-7-91
Infections nosocomiales
Objectifs :
– Reconnaître le caractère nosocomial d’une infection
– Savoir appliquer et expliquer les mesures de prévention des infections
nosocomiales
A - Introduction
● Les infections nosocomiales constituent un problème majeur de santé publique. Corrélées à
la gravité des malades, aux procédures de soins de plus en plus invasives, à l’usage de pro-
thèses, les infections nosocomiales entraînent une mortalité et une morbidité importantes,
un surcoût hospitalier non négligeable et surtout l’émergence de bactéries multi résistantes.
Une part significative des infections nosocomiales peut être évitée d’où le caractère primor-
dial d’une politique de prévention active et généralisée à tous les établissements de soins.
B - Définition
● L'infection nosocomiale se définit comme une infection acquise à l'hôpital, et donc absente
à l'admission du malade (ni en incubation ni présente).
● Un délai minimal de 48 heures est habituellement retenu entre l'admission et le début de l'in-
fection.
● Le caractère nosocomial d’une infection du site opératoire est acquis si elle survient dans les
30 jours suivant l’opération ou dans l’année en cas de matériel étranger (prothèse, implant),
même si le malade n’est pas hospitalisé.
C – Epidémiologie
1. Epidémiologie générale
● Les enquêtes montrent un taux de prévalence en France d’environ 10 % ; le taux de patients
infectés est estimé à 7 - 8 % (un malade hospitalisé peut avoir plusieurs infections nosoco-
miales).
● Les services les plus touchés sont : les services de réanimation adulte ou pédiatrique (20 %),
ceux de chirurgie, brûlés, hématologie, gériatrie, réadaptation, soins de suite.
● Les infections nosocomiales les plus fréquemment rencontrées sont : les infections urinaires
IU (40 %), les pneumonies (20 %), les infections du site opératoire ISO (15 %), les infections
sur cathéters (15 %) et les bactériémies primaires (5%).
● Germes responsables : les bactéries à Gram négatif représentent 60 % des germes retrouvés
et les cocci Gram positifs 30 %. Parmi les bactéries, on retrouve : Escherichia Coli : 25 %,
Staphylococcus aureus : 15 %, Pseudomonas sp : 15 %. Ces germes sont fréquemment multi
résistants aux antibiotiques. Les champignons voient leur fréquence augmenter.
● Le taux de résistance aux antibiotiques des principales bactéries retrouvées dans les infec-
tions nosocomiales est élevé et les bactéries multi résistantes (Klebsiella, Enterobacter,
Acinetobacter, Pseudomonas) touchent plus souvent la France que ses voisins européens.
● La mortalité par infection nosocomiale est en cours d’évaluation en France (signalement
obligatoire). Elle est estimée à quelques milliers de décès par an, la première cause étant
représentée par les pneumonies.
www.laconferencehippocrate.com 1
Infections nosocomiales 1-7-91
3. Pneumonies nosocomiales :
● Site n° 2 : 20 %.
● Première cause de décès : 30 à 60 % décès.
● En réanimation : touchent 20 à 40 % des patients ventilés.
● Germes :
– Bacilles Gram négatif (60 %) : dont Pseudomonas sp (30 %), Acinetobacter (10 – 12 %) : en
hausse, Entérobactéries (Klebsiella, Enterobacter, Serratia) : 8 %, en baisse.
– Staphylococcus aureus (30 %) > epidermidis (10 %).
– Candida sp (10 %), Aspergillus : surtout chez l’immunodéprimé.
– Souvent poly-microbiennes (30 - 40 % des cas).
– Le rôle exact des anaérobies est controversé (difficultés d’isolement).
– Avant le 6ème jour, les bactéries responsables proviennent de la flore endogène (pneumocoque,
Haemophilus influenzae, staphylocoque méti S, E. Coli).
– Après, la flore hospitalière locale s’impose (staphylocoque méti R, entérobactéries…)
– La prise récente d’antibiotiques doit faire en prendre compte le risque de bactéries résis-
tantes aux antibiotiques.
www.laconferencehippocrate.com 2
Infections nosocomiales 1-7-91
● Facteurs de risque :
– La mortalité varie de 30 à 60 %. Plusieurs facteurs pronostiques ont été retrouvés :
* Age > 60, pneumonie bilatérale, terrain précaire, détresse respiratoire, échec de l’anti-
biothérapie de première intention, infection à Pseudomonas ou à Acinetobacter, choc sep-
tique.
– Plus généralement, les facteurs de risque retrouvés dans la littérature concernant surtout les
pneumonies sous ventilation assistée sont :
* La sonde d'intubation endo trachéale (+++) : le risque augmente avec la durée.
* Le sujet âgé de plus de 60 ans.
* Les pathologies chroniques sous-jacentes : BPCO et insuffisance respiratoire chronique.
* Le niveau de gravité à l’admission.
* L’immuno dépression.
* La dénutrition, une albuminémie basse.
* Le tabagisme..
* Un score ASA élevé.
* Un état de choc initial avec utilisation de drogues inotropes positives.
* Une intervention chirurgicale récente (abdominale ou thoracique).
* La durée de ventilation (40 % des patients ventilés > 6 jours font une PN).
* une trachéotomie.
* la réintubation en cours de traitement.
* Troubles de conscience.
* Troubles de la déglutition avec inhalations.
* Poly traumatisme.
* Utilisation de curares.
* Patient ventilé en décubitus dorsal.
* 3 défaillances viscérales.
* Antibiothérapie récente.
* Séjour hospitalier prolongé.
* Durée d’intervention prolongée.
● La contamination initiale de l’oropharynx est liée à des phénomènes d’adhérence bactérien-
ne, favorisée par des facteurs de terrain : pathologie chronique pulmonaire, antibiothérapie
récente, diabète, sonde d’intubation, dénutrition.
● La colonisation de l’oropharynx est d’origine digestive : favorisée par une sonde naso gas-
trique, l’impossibilité de boire, l’utilisation de curares ou de morphiniques, l’administration
d’antibiotiques.
● Les germes de l’environnement sont apportés par manuportage (soignants) ou par voie direc-
te (nébuliseurs, circuits défectueux, ventilateur contaminé).
● La flore oro pharyngée se modifie, l’arbre trachéo-bronchique est colonisé par des micro-
inhalations répétées (ballonnet de la sonde non étanche) et des microtraumatismes de la
muqueuse trachéale (mouvements de la sonde, aspirations…).
● La colonisation est favorisée par l'altération de l'épuration mucociliaire.
● Les mécanismes de défense habituelle du poumon sont altérés.
www.laconferencehippocrate.com 3
Infections nosocomiales 1-7-91
● Facteurs de risque :
– Terrain : sujet âgé, obésité, dénutrition, diabète, immuno dépression, traitement antibio-
tique prolongé, infection préalable ou concomitante, état général du patient au moment de
l'intervention.
– Score ASA élevé :
* ASA 1 : Pas d’autre affection.
* ASA 2: Perturbation modérée d’une grande fonction.
* ASA 3 : Perturbation grave d’une grande fonction.
* ASA 4 : Risque vital imminent.
* ASA 5 : Patient moribond.
– Type de chirurgie (propre, contaminée, sale).
* La classification d’Altemeier permet de classer les interventions en fonction de leur
risque infectieux en l’absence d’antibio prophylaxie :
Classe I : Chirurgie propre Risque infectieux : < 5 %
Classe II : Chirurgie propre-contaminée Risque infectieux : 10 - 20 %
Classe III : Chirurgie contaminée Risque infectieux : 20 – 35 %
Classe IV : Chirurgie sale Risque infectieux : 20 – 50 %
– Durée du séjour préopératoire.
– Préparation de l'opéré(e) : qualité de l’hygiène corporelle, type de dépilation (tonte > rasa-
ge), délai écoulé.
– Intervention elle-même : champs, expérience professionnelle, qualité de l’hémostase, durée
de l’intervention, présence d’un hématome, drainage des plaies opératoires, chronologie des
actes, nombre de personnes présentes en salle, ré intervention, contexte d’urgence.
– L’évaluation du risque d’infection de la plaie opératoire est appréciée par le score de
NNISS : addition de 3 facteurs indépendants :
www.laconferencehippocrate.com 4
Infections nosocomiales 1-7-91
riels centraux, 0, 5 à 5 % pour les cathéters artériels périphériques, 1 à 8 % pour les cathéters
veineux centraux.
● La densité d’incidence est de 2,4 à 30 cas / 1000 jours de cathéter veineux central en réani-
mation.
● La mortalité estimée entre 6 et 10 % peut atteindre 20 % dans certaines réanimations.
● La morbidité et le surcoût sont importants.
● Germes :
– Staphylocoques (50 %) : S. aureus (5 à 10 %) moins souvent que S. epidermidis (30 à 40 %),
les entérocoques sont en augmentation (5 %).
– Plus rarement : bacilles Gram négatif (10 %), champignons et levures (5 %).
● Facteurs de risque :
– terrain : neutropénie, chimiothérapie, immuno dépression, SIDA, altération du revêtement
cutané, infection à distance.
– origine environnementale : durée d’hospitalisation, modification de la flore, mauvaises
conditions de pose, manipulations septiques, alimentation parentérale, rupture d’asepsie.
– Cathéter central non tunnellisé, chambre implantable, cathéter à voies multiples, site fémo-
ral à risque. 90 % des cas surviennent sur cathéter veineux central.
● L'infection survient par plusieurs voies :
– Exoluminale : les bactéries migrent depuis le point d’entrée cutané et remontent le long de
la surface externe du cathéter.
– Endoluminale : manipulations intempestives, erreurs d’asepsie font pénétrer les bactéries
dans le cathéter lui-même, les solutés de perfusion peuvent aussi être contaminés notam-
ment les émulsions de nutrition parentérale, produits sanguins, essentiellement par des bac-
téries gram négatif et des levures.
– Voie hématogène : contamination d’un cathéter à partir d’un foyer à distance ( bactériémie :
environ 25 % des cas).
● L'infection sur cathéter est responsable de 30 % des bactériémies nosocomiales.
● Germes :
– Flore cutanée : staphylocoque coagulase négative et staphylocoque doré : l’incidence varie
selon le type de matériel et le délai d’apparition des symptômes : retrouvé dans 10 à 80 %
des cas (pacemaker) ; la létalité est variable de 5 % à 45 % (valve de dérivation).
– Propionibacterium acnes, P aeruginosa, Candida sp.
● Physiopathologie :
– La contamination a essentiellement lieu en per opératoire.
© 2003-2005 - Association Institut La Conférence Hippocrate - Tous droits réservés
Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier
www.laconferencehippocrate.com 5
Infections nosocomiales 1-7-91
– On parle d’infection nosocomiale lorsque l’infection se déclare dans l’année qui suit la mise
en place.
– La contamination peut aussi être post-opératoire (plaie non cicatrisée).
– Tardivement le matériel inerte peut être colonisé par voie hématogène à partir d’un foyer
infectieux à distance ou par translocation depuis le tube digestif.
– Le trio matériel–hôte–bactéries entraîne d’importantes interactions responsables d’une
adhésion bactérienne sur le matériel, de la formation d’un biofilm où les bactéries se trou-
vent en phase stationnaire prolongée, peu accessibles aux défenses immunitaires (souvent
amoindries au contact d’un corps étranger non rejetable) et aux antibiotiques qui parvien-
nent peu dans des tissus lésés ou dans une zone mal vascularisée.
– Le matériel intervient en fonction de sa nature, de son caractère hydrophobe, de sa charge
électrique (pace maker), de l’état de sa surface (micro lésions, anfractuosités).
– L’immunité locale est souvent affaiblie (polynucléaires neutrophiles, macrophages, pla-
quettes, protéines de la matrice extracellulaire : fibronectine, fibrinogène, collagène..).
– Les bactéries s’adaptent, attendant l’occasion de se multiplier (adhésines, sécrétion d’une
membrane externe : slime ou biofilm protecteur).
– Elles ont une faible capacité de multiplication, une altération du métabolisme oxydatif, une
moindre sensibilité à l’activité bactéricide des antibiotiques : cela favorise la sélection de
bactéries déficientes (Staphylocoque, Pseudomonas, E. Coli), à croissance lente et à la sensi-
bilité aux antibiotiques diminuée.
– Staphylococcus aureus a des facteurs spécifiques d’adhésion : protéines de liaison à la fibro-
nectine, au fibrinogène, au collagène, à la sialoprotéine.
– Staphylocococcus epidemidis a une autolysine, une adhésine intercellulaire qui permet l’agré-
gation des bactéries entre elles et la production du slime : substance exopolysaccharidique.
– Les exopolysaccarides sont peu immunogènes d’où une faible réaction immunitaire, peu de
symptômes inflammatoires, peu de signes cliniques.
– Le slime protège les bactéries de la phagocytose et a une action immunosuppressive en inhi-
bant la production d’immunoglobulines G par les lymphocytes B et l’opsonisation bacté-
rienne par les lymphocytes T.
– Il gêne la pénétration locale des antibiotiques.
D- Critères diagnostiques
www.laconferencehippocrate.com 6
Infections nosocomiales 1-7-91
2. Pneumonies nosocomiales
bactéries au direct.
■ Brosse protégée ou prélèvement trachéal distal : > 103 bactéries/ml en l’absence d’an-
tibiothérapie récente.
■ Ponction pleurale ou d’un abcès.
www.laconferencehippocrate.com 7
Infections nosocomiales 1-7-91
ment de l’organe ou du site ; signes d’infection de l’organe observé lors d’une ré intervention
chirurgicale ou d’un examen histologique.
● L'isolement du germe se fait par prélèvement local pour examen direct et mise en culture.
E - Prévention
● Elle s'inscrit dans le cadre de la politique générale d'hygiène de tout établissement de soins
et suppose une collaboration multidisciplinaire.
● Elle repose sur :
– La surveillance standardisée au plan national des principales infections (pneumonies noso-
comiales, infections sur sondes urinaires, infections du site opératoire, bactériémies, porta-
ge de bactéries multi résistantes), des services à haut risque, de l’environnement (air, eau,
alimentation, blocs…).
– Le taux de prévalence mesure la fréquence de tous les cas à un instant t, calculé en rappor-
tant le nombre de patients infectés au nombre de patients présents.
– L’enquête transversale a un bon rapport coût efficacité, entraîne une motivation du person-
nel, permet une mesure facile avec un système de surveillance validé, une formation et une
identification de référents en hygiène mais l’estimation est peu précise et l’enquête n’est pas
capable de détecter une épidémie ou d’étudier des facteurs de risque.
– Le taux d’incidence : mesure la fréquence d’apparition de nouveaux cas sur une période
www.laconferencehippocrate.com 8
Infections nosocomiales 1-7-91
donnée : rapportée à une durée d’hospitalisation (exemple : nombre de pneumonies sur 100
jours d’hospitalisation).
– L’enquête d’incidence est longitudinale, sur une durée prolongée ou continue (trois mois ou
un an), utile pour les services à risque, longue et nécessitant du personnel et des moyens
permanents.
– La densité d’incidence pour un site : rapporte le nombre de nouveaux cas au total des durées
d’exposition (ex : nombre de bactériémies pour 100 jours de cathéter présent).
– Le taux d’attaque est utilisé en cas d’épidémie (ex : nombre de patients atteints par la gale :
15 % des hospitalisés en huit jours).
– La gestion d’une épidémie repose sur les mêmes principes que lors d’une épidémie com-
munautaire : affirmer l’épidémie, définir les cas, décrire l’épidémie, formuler puis valider
des hypothèses (enquête cas-témoins si nécessaire, aide du CCLIN ou de l’InVS).
– Le signalement interne est indispensable à la bonne gestion du malade par toutes les
équipes de l’établissement (médicales et techniques) et à la mobilisation de tous en cas
d’épidémie.
– Le signalement externe (décret du 26 / 07 / 2001) au CCLIN (inter-régional) et à la DDASS
est obligatoire pour :
* Phénomène rare.
* Profil de résistance inhabituel.
* Infection grave et pronostic vital engagé.
* Dispositif médical contaminé.
* Epidémie.
* Germe de source environnementale.
* Intérêt national particulier.
– Le suivi épidémiologique est assuré par l’Institut national de veille sanitaire (InVS).
– Les patients doivent être informés du risque nosocomial et de la survenue d’une infection.
– De la surveillance découle :
* Une connaissance fine de l’écologie hospitalière locale et de ses modifications progres-
sives (détecter l’émergence de nouveaux pathogènes, survenue d’épidémies).
* La mise en place d’une politique cohérente de prévention et d’une politique d’évaluation.
* Le retour rapide et régulier d’informations : permet de motiver l’ensemble des person-
nels et d’améliorer les pratiques professionnelles, de stimuler la recherche épidémiolo-
gique des facteurs de risque, et sur les moyens de contrôle.
* L'application de mesures d'hygiène strictes : lavage des mains, utilisation de solutions
hydro alcooliques, procédures d’isolement.
* L'adoption de conduite à tenir rigoureuses vis-à-vis des patients infectés : dépistage sys-
tématique ou ciblé, procédures d’isolement géographique et technique adaptées, signale-
ment interne et externe.
* Un choix raisonné des antibiotiques prescrits : politique antibiotique d’établissement :
équipe opérationnelle de conseils en antibiothérapie, prescription encadrée nominative
par un médecin senior, suivi de la consommation et corrélation avec les taux de bactéries
multirésistantes (BMR).
www.laconferencehippocrate.com 9
Infections nosocomiales 1-7-91
2. Pneumonies nosocomiales
● Asepsie lors des aspirations trachéo bronchiques (et protection du personnel : masque,
lunettes).
● Asepsie lors de la pose et de l'entretien d’une sonde d'intubation.
● Stérilisation des circuits de ventilation entre deux malades.
● Prévention de l'inhalation de liquide gastrique et des sécrétions oro pharyngées.
● Prévention de la colonisation des voies aériennes inférieures (aspirations répétées, change-
ment de canule...).
● Eviter une sédation trop profonde (favorise le reflux, s'oppose au réflexe de toux).
b) Cathéter central
– Limiter les indications.
– Asepsie rigoureuse lors de la pose (opérateur expérimenté) et du maniement des tubulures,
– Préférer l’abord sous clavier plutôt que jugulaire.
– Pansement occlusif stérile.
– Fixation efficace du cathéter.
– Changement toutes les 72 heures de la totalité des tubulures (quotidien en cas de nutrition
parentérale).
F - Principes du traitement
1. Infections urinaires nosocomiales
a) Bactériurie asymptomatique :
– Ne doit pas être traitée chez un patient sondé.
– Réévaluer l’indication du sondage.
– Contrôler par une seconde uroculture à 48 heures si découverte lors de l'ablation de la
sonde.
– Discuter l’éradication du portage d’une BMR avec des experts.
www.laconferencehippocrate.com 10
Infections nosocomiales 1-7-91
b) Bactériurie symptomatique
– Chez un patient sondé : bi antibiothérapie bactéricide à bonne élimination urinaire secon-
dairement adaptée à l'antibiogramme pendant 14 jours (par exemple : fluoroquinolone +
aminoside, ou fluoroquinolone + C3G), recherche d’une prostatite (échographie doppler
couleur prostatique et PSA : traitement > 3 semaines).
– Ablation de la sonde.
2. Pneumonies nosocomiales
● Si infection documentée :
– Bi antibiothérapie adaptée à l’antibiogramme (élargir le spectre, diminuer le risque d’émer-
gence de mutants résistants, impérative si Pseudomonas, Klebsiella, Enterobacter,
Serratia).
– Pas de mono thérapie avec fosfomycine, acide fusidique, fluoroquinolones, rifampicine.
● Si infection non documentée :
– Bi antibiothérapie probabiliste dont le choix est fonction :
* Du délai de survenue (précoce ou tardive).
* D'une éventuelle antibiothérapie antérieure.
* Du terrain, de l’écologie du service ou du service d’origine.
* De signes d’orientation vers un staphylocoque (coma), une légionellose (immuno dépres-
sion), un Pseudomonas ou un Acinetobacter (antibiothérapie large spectre antérieure).
– Forme précoce :
* Pas d’antibiotique préalable : C3G ou amoxicilline + acide clavulanique.
* Antibiotique préalable : bétalactamine anti pyo + aminosides ou ciprofloxacine.
– Forme tardive : non sévère.
* Si BGN suspecté: C3G ou imipénèm ou pipéracilline + tazobactam + fluoroquinolone
ou aminosides ; si cocci G + suspecté: glycopeptide.
– Forme tardive sévère :
* Tri thérapie : C3G ou imipénèm ou pipéracilline + tazobactam + fluoroquinolone ou
aminosides + glycopeptide.
* Toujours réévaluer au vu de l’évolution et des résultats : tenter une désescalade vers une
bi thérapie ou un spectre antibactérien plus étroit.
* Durée de 10 à 14 jours (Acinetobacter, Pseudomonas). Mono thérapie possible après 4-5
jours de bi thérapie.
www.laconferencehippocrate.com 11
Infections nosocomiales 1-7-91
– Si cathéter retiré : 2-3 jours pour staphylocoque coagulase négative, 7 jours pour autre
germe, 15 si S. aureus (voire 4 semaines si aggravation) ou Candida sp.
● Verrou antibiotique local (sans utiliser le cathéter) : non validé.
– Réservé aux cathéter longue durée, infection endoluminale non sévère, pas de localisation
secondaire, d’infection sous-cutanée, de S. aureus ou de Candida sp.
– Une injection toutes les 12 ou 24 heures de vancomycine ou de gentamicine, à 100 ou 1 000
fois la CMI (500 à 5000 mg/l) dans le volume correspondant du cathéter (2 ml) pendant 10
- 15 jours, associée à une antibiothérapie systémique pendant quelques jours.
POINTS FORTS
● Les infections nosocomiales (IN) sont des infections acquises à l'hôpital, dans un
délai minimal de 48 heures après l'admission.
● En France, la prévalence des IN est estimée à 7 %, jusqu'à 20 % en Réanimation.
● Les IN sont responsables de plusieurs milliers de décès / an.
● Les sites infectieux les plus fréquents sont : infections urinaires (40 %), pneumo-
nies (20 %), infections du site opératoire (15 %), infections sur cathéter (15 %).
● Les infections sur matériel étranger sont de plus en plus fréquentes.
ère
● Les pneumonies nosocomiales représentent la 1 cause de décès par IN (30 – 60%).
● Les germes le plus souvent en cause : bacilles gram - (60 %), cocci gram + (30 %).
● Les infections nosocomiales sont de plus en plus souvent causées par des bactéries
multi résistantes (BMR).
● Une politique générale d’établissement (CLIN) est indispensable avec une collabo-
ration multidisciplinaire et la mobilisation de tous.
● De nombreuses mesures simples de prévention existent : éviter le sondage urinai-
re, drainage vésical clos, préparation de l’opéré, antibio prophylaxie...
● La surveillance de certains sites (ISO, pneumonies, bactériémies..), services (réani-
mations, chirurgie...) et germes (SARM) est désormais standardisée.
● L’application rigoureuse de protocoles écrits validés est importante : hygiène au
bloc, entretien des locaux, utilisation de solutions hydro alcooliques, procédures
d’isolement.
● La lutte contre les IN passe par une vraie politique antibiotique hospitalière.
● Les infections nosocomiales font l’objet d’un signalement interne et externe
(CCLIN et DDASS).
● Des indicateurs nationaux vont voir le jour : taux d’ISO, densité d’incidence du
SARM, utilisation des SHA, mobilisation du personnel, consommation d’antibio-
tiques.
www.laconferencehippocrate.com 12