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Institut supérieure des sciences infirmières Sousse

2ème année certificat de pathologies Infectieuses


Dr KOOLI.I
Infections Nosocomiales (IN) : Infections Associées aux soins

I- Définition :
On appelle infection nosocomiale ou infection associée aux soins, toute maladie contractée à
l’hôpital, due à des micro-organismes cliniquement et/ou microbiologiquement
reconnaissables qui affectent :
➢ Soit le malade, du fait de son admission à l’hôpital ou des soins qu’il a reçu en tant que
patient hospitalisé ou en traitement ambulatoire.
➢ Soit le personnel hospitalier du fait de son activité, que les symptômes de la maladie
apparaissent ou non pendant que l’intéressé se trouve à l’hôpital.
Une infection est dite nosocomiale si elle était absente à l’admission à l’hôpital. Ce critère est
applicable à toute infection (angine, grippe). Lorsque la situation précise à l’admission n’est
pas connue, un délai d’au moins 48h après l’admission est communément accepté pour
distinguer une infection d’acquisition communautaire d’une infection nosocomiale.

II- Mode de transmission :


1-voie endogène :
Le malade s’infecte avec ses propres germes à la faveur d’un acte invasif (porte d’entrée)
et/ou en raison d’une fragilité particulière.
2-voie exogène :
Il peut s’agir :
• D’infections croisées, transmise d’un malade à l’autre par les mains ou les instruments de
travail du personnel médical ou paramédical.
• D’infections provoquées par les germes du personnel porteur ; d’infections liées à la
contamination de l’environnement hospitalier : eau (ex : légionellose), air, matériel,
alimentation.

III- Facteurs favorisants les infections nosocomiales :


➢ Concentration importante des germes en milieu hospitalier.
➢ Gravité des pathologies motivant l'hospitalisation (en réanimation : pathologies diverses,
défaillances multi-viscérales, polytraumatismes, plaies opératoires.).
➢ Importance des procédures invasives diagnostiques ou thérapeutiques. On considère que
45% des infections nosocomiales surviennent chez les patients porteurs de dispositifs invasifs
ou subissant un acte invasif.
➢ Terrain sous-jacent : immunodépression (neutropénie +++/ hémopathie malignes),
dénutrition, âges extrêmes (nouveau-nés, personnes âgées).
➢ Augmentation du nombre de personnels qui gravitent autour des malades (transmissions
croisées).
➢ Défaut d'application des règles d'hygiène et d'asepsie (manque de formation, problème de
matériel, conception architecturale des services).

IV-Germes en cause :

Les bactéries les plus souvent en cause sont par ordre décroissant :
➢ Escherchia coli ;
➢ Staphylococcus aureus
➢ Pseudomonas aeruginosa.
Ces bactéries posent avant tout un problème de multirésistance aux antibiotiques, en
particulier le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM).

V-Principales infections nosocomiales en réanimation et leurs facteurs de risque :

1-Infections urinaires :
L’infection urinaire (IU) représente 40% des infections nosocomiales. Les formes
asymptomatiques sont particulièrement fréquentes en particulier chez les patients sondés.
Cliniquement, on peut avoir une fièvre, des douleurs lombaires, douleurs au toucher rectal,
urines troubles.
Le diagnostic repose sur l’ECBU et les hémocultures.
E.coli est le micro-organisme le plus souvent isolé (20%) suivie de Klebsiella pneumoniae et
Pseudomonas aeruginosa.
Le principal facteur de risque de l’infection urinaire nosocomiale est l’existence d’une sonde
urétrale.
Le risque d’infection urinaire nosocomiale est multiplié par plus de 10 en cas de sondage à
demeure et augmente avec la durée du sondage.

2-Infections des voies respiratoires et pneumopathie :


La fréquence des infections respiratoires nosocomiales est environ de 10 à 15%. Dans les
services de ranimation, elles sont très fréquentes, représentant en moyenne 30% des
infections nosocomiales.
La source principale d’infection est la flore oropharyngée et les bactéries d’origine digestive
qui colonisent les voies respiratoires par voie ascendante et rétrograde. Les facteurs posturaux
tel que le décubitus qui favorise les micro-inhalations par reflux, l’existence d’une sonde
gastrique et les anti-acides qui altèrent la barrière gastrique, favorisent cette colonisation.
La ventilation artificielle représente le facteur de risque principal d’infection.
L’intubation multiplie le risque de pneumopathie nosocomiale par plus de 20.
Le diagnostic repose sur la radio thorax, l’examen cytobactériologique des crachats et les
hémocultures.
Les germes en cause sont surtout le pneumocoque, le staphylocoque et les BGN.

3-Infections du site opératoire :


Elles sont définies comme des infections survenant dans les 30 jours après l’intervention ou
dans l’année qui suit l’intervention s’il y a mise en place d’une prothèse ou d’un implant.
L’infection du site opératoire survient chez 3 à 7% des opérés. On distingue 2 types : Les
infections superficielles dans 50 à 60% des cas et les infections profondes dans 20 à 30% des
cas.
Les facteurs de risque sont surtout une chirurgie septique, une intervention de durée longue.
Le diagnostic est clinique (présence de pus au niveau du site opératoire) et peut être confirmé
par le prélèvement local et les hémocultures.
Les bactéries le plus souvent en cause sont le staphylocoque et les BGN.

4-Infections sur KT vasculaire :


Elles représentent environ 4% des infections nosocomiales. En réanimation, les patients ont
un ou plusieurs dispositifs intravasculaires : voie veineuse périphérique, voie veineuse
centrale, KT artériel. Ces différentes voies permettant la réalisation rapide d’une expansion
volumique, l’administration de médicaments, la nutrition parentérale, les transfusions de
produites sanguins, la surveillance cardiovasculaire.
Le risque infectieux augmente avec la durée de maintien du KT et la fréquence des
manipulations sur la ligne de perfusion.
Cliniquement, ces infections se révèlent par une fièvre, rougeur, douleur et chaleur au niveau
du cathéter vasculaire.
Le diagnostic est clinique, les hémocultures ne sont pas systématiques.
Le staphylocoque est le principal germe.

VI- Prévention du risque infectieux :

Pour prévenir les IAS, il est indispensable d'observer les " bonnes " pratiques d'hygiène :
lavage des mains, utilisation d'un antiseptique moussant puis d'un antiseptique dermique pour
la réfection d'un pansement, désinfection du matériel (endoscope), hygiène et entretien de
l'environnement (sol).

1- Infections urinaires :

➢ Eviter de sonder inutilement.


➢ Sonder dans les strictes conditions d’asepsie
➢ Maintenir un système clos (interdiction formelle de déconnecter la sonde vésicale du
système de drainage)
➢ Soins de sonde et toilette uro-génitale tous les jours avec une solution antiseptique.
➢ Instaurer un drainage vésical déclive en permanence pour éviter toute stase urinaire.
➢ Manipulation aseptique au niveau de la sonde (vidange de la poche de recueil notamment).
➢ Procéder à l’ablation de toute sonde vésicale dès qu’elle n’est plus formellement
indispensable.
2- Infections des voies respiratoires et pneumopathie

➢ Changement quotidien du raccord cannelé.


➢ Changement du filtre antibactérien toutes les 48h.
➢ Aspiration de l’oropharynx et du nasopharynx à réaliser régulièrement après avoir
effectuer des lavages au sérum physiologique.
➢ Les aspirations bronchiques sont à effectuer en fonction de l’état d’encombrement
bronchique, en utilisant la technique « non contact » (utilisation de sonde stérile et de
compresses stériles).

3- Infections du site opératoire

➢ Préparation locale avant le bloc.


➢ Réfection des pansements avec hygiène et asepsie.

4- Infections sur KT vasculaire

➢ Mettre en place le dispositif intravasculaire dans de strictes conditions d'hygiène et


d'asepsie (acte médical)
➢ Protéger par un pansement occlusif stérile daté (réfection toutes les 72h)
➢ Tout pansement souillé ou non occlusif doit être changé sans délai.
➢ Changer l'ensemble des tubulures toutes les 72h (changement quotidien de la tubulure de
nutrition parentérale).

Procéder à l'ablation du matériel dès qu'il n'est plus strictement indispensable

VII- Conclusion

Les infections associées aux soins représentent un problème de santé publique. Les
précautions d’hygiène standard doivent être appliquées pour tous les patients afin de diminuer
la prévalence de ces infections.

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