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Question mise à jour le 11 février 2005

INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
www.laconferencehippocrate.com

La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales

MALADIES INFECTIEUSES
RÉANIMATION - URGENCES
Exposition accidentelle
au sang : conduite à tenir
1-11-202

Dr Jérôme SALOMON
Praticien Hospitalier

L’institut la Conférence Hippocrate, grâce au mécénat des Laboratoires SERVIER, contri-


bue à la formation des jeunes médecins depuis 1982. Les résultats obtenus par nos étudiants
depuis plus de 20 années (15 majors du concours, entre 90 % et 95 % de réussite et plus de 50%
des 100 premiers aux Épreuves Classantes Nationales) témoignent du sérieux et de la valeur de
l’enseignement dispensé par les conférenciers à Paris et en Province, dans chaque spécialité
médicale ou chirurgicale.
La collection Hippocrate, élaborée par l’équipe pédagogique de la Conférence Hippocrate,
constitue le support théorique indispensable à la réussite aux Épreuves Classantes Nationales
pour l’accès au 3ème cycle des études médicales.
L’intégralité de cette collection est maintenant disponible gracieusement sur notre site
laconferencehippocrate.com. Nous espérons que cet accès facilité répondra à l’attente des étu-
diants, mais aussi des internes et des praticiens, désireux de parfaire leur expertise médicale.
A tous, bon travail et bonne chance !
Alain COMBES, Secrétaire de rédaction de la Collection Hippocrate

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite.


Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit, microfilm, bande magnétique,
disque ou autre, constitue une contrefaçon passible des peines prévues
par la loi du 11 mars 1957 sur la protection des droits d’auteurs.

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Exposition accidentelle
au sang : conduite à tenir
Objectifs :
– Décrire la prise en charge immédiate d’une personne victime d’une
exposition accidentelle au sang

INTRODUCTION
● Dès la fin des années 1980, de nombreuses mesures ont été prises pour assurer le maximum
de sécurité aux soignants lors des soins aux personnes infectées par le virus du SIDA (gants,
boites à aiguilles, matériel de sécurité…). Des recommandations ont été établies pour éviter
l’exposition (précautions universelles lors des soins : lavage des mains, port de gants selon
gestes, conduite à tenir en cas de matériel ou de surfaces souillées, modalités de transports,
circulaires d’août 1989).
● Les expositions professionnelles du personnel aux virus VIH, VHB et VHC ont été officiel-
lement reconnues comme des accidents du travail. Des stratégies de prophylaxie en urgence
on été élaborées, testées et validées et une prise en charge optimale rappelée dans la circulai-
re d’octobre 1996.
● Dès 1998, les recommandations de prise en charge précoce des personnes exposées au risque
de contamination virale ont été élargies aux personnes non soignantes, victimes d’accidents
exposant au sang, (police, pompiers, amis, famille, personnel de la voirie et du nettoyage…)
ainsi qu’aux personnes exposées par voie sexuelle (partenaire occasionnel ou régulier, viols,
oublis ou accidents de préservatifs) ou lors d’échanges de seringues par des toxicomanes usa-
gers de drogues par voie intra-veineuse (circulaire avril 1998).
● L’organisation des tests de dépistage rapide (test VIH en une heure 24/24 h), les nouvelles
recommandations en matière de traitement et de dispositif d’accueil pour une prophylaxie
optimale en urgence ont été précisées encore récemment par une circulaire (2 avril 2003).

DEFINITION
● Un accident d’exposition au sang (AES) est défini par un contact avec du sang ou un liquide
biologique contaminé lors d’une piqûre avec une aiguille, une coupure avec un objet tran-
chant ou par contact avec du sang ou du liquide contaminé sur une plaie, une peau lésée ou
une muqueuse.
● L’AES inclut aujourd’hui l’exposition au sang mais aussi aux seringues et au sexe.
● L’AES expose au risque de transmission des virus VIH, VHB et VHC mais bien entendu
aussi au risque de transmission d’autres pathogènes présents dans le sang. Ainsi, chez du per-
sonnel soignant, ont été publiés des cas de transmission d’agents viraux (dengue, CMV),
parasitaires (paludisme, cryptocoque) ou bactériens (staphylocoque, streptocoque, Brucella,
Yersinia, Francisella tularensis, syphilis).

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Maladies infectieuses 1
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PREVENTION CHEZ LES SOIGNANTS


● Le respect des précautions standard pour tous les malades : port de gants, lavage des mains
ou utilisation de solutions hydro-alcooliques, manipulation prudente d’instruments conta-
minés, conteneurs spéciaux à disposition pour aiguilles et instruments coupants ou piquants,
désinfection immédiate des instruments et surfaces souillés, manipulations prudentes des
prélèvements.
● Utilisation de matériels de sécurité, aiguilles protégées, seringues de sécurité.
● Surveillance de tous les AES par la médecine du travail avec retour d’information, formation
organisée pour les nouveaux arrivants, les étudiants en médecine, les élèves des écoles para
médicales ; contrôle de l’immunité vaccinale anti VHB (Ac HBs > 10 UI), rappel des
mesures de prévention pour tout AES (actes à risque, modification d’un comportement erro-
né…)

RISQUES DE TRANSMISSION VIRALE

A - Risque de transmission du VIH :

1. Professions de santé
● 42 cas de contamination professionnelle par le VIH ont été recensés en France depuis le
début de l’épidémie jusqu’en 1997 : 29 cas présumés et 13 cas prouvés (12 infirmières et un
interne). Aucun cas n’a été signalé depuis 1997.
● Le risque de transmission est prouvé pour le sang et potentiel mais jamais rapporté pour
d’autres liquides biologiques contenant du sang : liquide pleural, péritonéal, amniotique,
LCR, sperme ou sécrétions vaginales.
● Le risque de transmission est évalué à 0.32 % (0.18 - 0.45) en cas d’exposition percutanée.
● Le risque de transmission est évalué à 0.04 % (0.006 - 0.18) en cas de contact muqueux ou
avec une peau lésée.
● Le risque de transmission est considéré comme nul en cas de contact avec la salive, les urines,
les fèces.
● Pour le personnel soignant, le risque dépend de la prévalence de l’infection par le VIH dans
la population générale, de la population de malades infectés pris en charge dans le service, de
l’incidence des AES (souvent 10 à 30 % des infirmières concernées par un AES chaque
année).
● Selon la seule étude cas-témoins publiée sur ce sujet, le risque est significativement associé
à:
– La charge virale du sujet source (élevée en cas de primo-infection ou à un stade évolué de
la maladie : SIDA, infections opportunistes majeures évolutives) :
* Risque relatif (RR) = 6.4 (2.2-18.9).
– La quantité de sang injectée (aiguille creuse de gros calibre, effet piston) :
* RR = 5.1 (1.9-14.8).
– La profondeur de la blessure (saignement spontané, douleur, hématome) :
* RR = 16.1 (6.1-44.6).
– La présence de sang visible sur l’instrument à l’origine de la blessure :
* RR = 5.2 (1.8-17.7).
● Cette étude a montré l’intérêt d’une prophylaxie urgente : la zidovudine (AZT : rétrovir)
diminuant le risque d’environ 80 % (RR = 0.2) mais dans certains cas, la prophylaxie par
antirétroviraux n’empêche pas la survenue d’une séroconversion.

2. Exposition sexuelle
● En cas de contact sexuel : les facteurs augmentant le risque de transmission sont :

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– Le stade de l’infection du partenaire (primo-infection, stade évolué de la maladie : SIDA,


infections opportunistes majeures évolutives).
– Infection (MST) ou lésion génitale.
– Rapport sexuel pendant les règles.
– Rapport traumatique ou saignement lors du rapport.
● Pénétration anale par un partenaire VIH + : probabilité par acte : 0.5 % à 3 %.
● Pénétration vaginale par un partenaire VIH + : probabilité par acte 0.3/1000 à 0.7 %.
● Pénétration vaginale d’une partenaire VIH + : probabilité par acte : 0.2 à 0.5/1000.
● Pénétration anale d’un ou une partenaire VIH + : probabilité par acte : 0.1 à 1.8/1000.
● Le risque est considéré comme faible en cas de rapport oral réceptif ou insertif (fellation,
cunnilingus) avec ou sans éjaculation (mais attention à la présence de lésions muqueuses ou
d’autres infections sexuellement transmissibles : chancre syphilitique…).

3. Toxicomanie
● Pour les toxicomanes usagers de drogues intraveineuses, le risque est élevé en cas de partage
de la seringue et de l’aiguille, de partage de la préparation (de seringue à seringue ou par le
biais d’un récipient).
● Il est estimé à 0.67 %.
● Les risques sont non négligeables en cas de réutilisation de la cuillère, du récipient, de pré-
paration de la drogue à partir de filtres déjà utilisés, de partage de l’eau de dilution ou de rin-
çage.
● Les facteurs aggravants sont :
– Le statut séropositif d’un membre du groupe.
– Le partage immédiat de la drogue.
– L’ordre de passage dans le groupe : 4ème > 3ème > 2ème.
– Le sujet peu expérimenté.
– L’injection dans un cadre collectif : groupes.
– Les soirées arrosées (poly-toxicomanie).
– Les partenaires proches : fratrie, amis intimes, partenaires sexuels.
● Les facteurs diminuant le risque sont l’utilisation d’eau de javel ou d’alcool, le lavage ou le
rinçage du matériel, le fait de s’injecter la drogue en premier.

B - Risque de transmission du VHB

● Le virus de l’hépatite B est un virus très facilement transmissible.


● Présent dans le sang, les liquides contenant du sang et la salive, le virus a contaminé de nom-
breux professionnels de santé : infirmiers particulièrement exposés en réanimation, en
centre de dialyse, aux urgences ou au bloc opératoire, anatomopathologistes , chirurgiens
exposés à de multiples micro piqûres et médecins avant l’arrivée au milieu des années 1980
du vaccin. La prévalence des séropositifs VHB était alors 2 à 4 fois supérieure chez les pro-
fessionnels de santé à celle observée chez les donneurs de sang (population de référence).
● Lors d’une exposition percutanée, le risque de transmission du virus à un sujet non immu-
nisé est évalué de 2 à 40 % selon la charge virale.
● Le risque est élevé aussi lors d’un contact muqueux ou sur peau lésée, lors d’une exposition
sexuelle (premier mode de transmission aujourd’hui dans notre pays) ou lors d’un partage
d’aiguille ou de matériel chez les usagers de drogue par voie intraveineuse.
● Le risque est nul pour les urines et fèces.
● Depuis la mise sur le marché, la recommandation puis l’obligation de la vaccination anti
VHB des professionnels de santé (infirmiers et médecins), la couverture vaccinale n’a cessé
de progresser et s’approche aujourd’hui des 100 % ce qui entraîne un nombre séquellaire très
bas de cas de contamination professionnelle (< 10 cas/an).

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C - Risque de transmission du VHC

● Le risque de transmission du VHC par le sang et les liquides biologiques contenant du sang
est prouvé.
● Il est discuté pour le sperme, les sécrétions vaginales et la salive (suivi de couples séro-diffé-
rents).
● Le risque est nul pour le urines et fèces.
● Chez les professionnels de santé, la séro-prévalence du VHC est identique ou légèrement
supérieure à celle observée en population générale (1 %) ; les dentistes seraient davantage
exposés.
● Le risque de transmission en cas d’exposition percutanée est de 1 à 10 %.
● Le risque est théorique mais non nul lors d’un contact muqueux ou avec une peau lésée.
● De même en cas d’exposition sexuelle, le risque est quasi nul sauf rapport traumatique ou lors
de règles.
● Pour les toxicomanes le risque est réel en cas de partage du matériel.

CONDUITE A TENIR EN CAS D’AES

1. Effectuer des soins immédiats


● Pour toute blessure ou piqure : nettoyage à l’eau courante et au savon, rinçage, antisepsie >
5 minutes avec Dakin, Javel 9° diluée au 1/10, alcool 70.
● Rinçage immédiat abondant de la muqueuse buccale ou oculaire.
● Pas de soin particulier en cas d’exposition sexuelle.

2. Déclarer rapidement un accident du travail


● Suivre la procédure locale d’accident du travail : encadrement, bureau du personnel, chef de
service, médecine du travail pour les salariés.
● Informer la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) : dans les 24 heures ouvrables sui-
vant l’accident.

3. Evaluer le risque
● Il s’agit d’une décision médicale.
● Le médecin référent confronté à un avis en urgence doit s’appuyer sur une procédure écrite
validée et régulièrement évaluée avec l’aide des CISIH (centre d’information et de soins de
l’immunodéficience humaine), des services hospitaliers spécialisés dans la prise en charge
des personnes infectées par le VIH pour chaque structure hospitalière en partenariat étroit
avec la médecine du travail et le comité d’hygiène.
● Exposition professionnelle : s’appuyer sur les facteurs de risque connus et publiés ; le risque
est moindre en cas de projection sur une muqueuse saine ou lors d’une piqûre à travers des
gants.
● En cas d’exposition sexuelle : tenir compte de la nature et de l’heure du rapport à risque (cf.
facteurs de risque connus). La situation la plus dangereuse est la pénétration anale réceptive
non protégée avec éjaculation.
● En cas d’exposition chez un toxicomane, les facteurs de risque sont connus ; se renseigner
sur les notions de partage immédiat de la seringue (présence de sang frais), le lieu et l’ordre
de partage au sein du groupe.

4. Connaître le statut sérologique de la personne source :


● Il est très important de disposer du statut sérologique de la personne source d’un AES : mala-
de, partenaire ou agresseur sexuel, usager de drogue afin de déterminer le niveau de risque.

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● Statut VIH inconnu : tous les efforts doivent être consentis pour le déterminer. Il faut obte-
nir l’accord du sujet source (test de dépistage systématiquement proposé).
● En cas de coma ou de perte de conscience prolongée, le consentement peut ne pas être requis
(avis du Conseil National du SIDA, octobre 2000) ; rechercher cependant une opposition
claire antérieurement exprimée.
● Les tests de dépistage rapide du VIH doivent être accessibles dans tous les hôpitaux : résul-
tats en moins d’une heure ou à défaut : tests classiques avec réponse dans les 2-3 heures.
● Le délai de réponse rapide amène à proposer d’emblée une prise de médicament lorsque le
risque est élevé et à surseoir à la suivante dès que le résultat est négatif.
● Tous les résultats doivent être confirmés par un test réglementaire.
● Le résultat des tests quel qu’il soit doit être donné dans le cadre d’un entretien médical.
● Si VIH + : tenir compte du stade clinique, des traitements en cours et antérieurs, du taux de
lymphocytes CD4 et de la charge virale si elle est disponible.
● Si VIH négatif : vérifier la date de la sérologie : si elle est ancienne ou en cas de doute la pra-
tique d’un test rapide est recommandée.
● Si le statut reste indéterminé : évaluer le risque selon le type d’exposition et la prévalence
théorique du VIH dans la population source (hétérosexuelle : 0.12 % ; homosexuelle : 13 % ;
usagers de drogue intraveineuse : parfois > 20 %).
● Statut VHB : rechercher un portage chronique actif (Ag HBs, Ag HBe).
● Statut VHC : sérologie en urgence. En cas de positivité, effectuer une charge virale (ARN
VHC) et éventuellement un génotypage. Tenir compte des éventuels traitements antiviraux
antérieurs.

5. Prophylaxie du VIH
● Sur tout le territoire : dispositif permettant l’analyse précoce du risque (<4 heures), l’admi-
nistration d’un traitement adapté si nécessaire, son suivi, le soutien de l’observance, le
conseil en prévention, le recueil de données.
● Aux heures ouvrables : services d’infectiologie, centres de diagnostic anonyme et gratuit
(CDAG).
● Aux heures non ouvrables : service des urgences ou réanimateurs formés.
● Organiser une permanence téléphonique avec un médecin référent pour un avis spécialisé si
nécessaire (niveau départemental : CISIH) voire régional.
● Les mineurs, patients hospitalisés en psychiatrie, détenus doivent accéder au dispositif.
● Les médecins référents doivent toujours réexaminer le bien fondé et les modalités de la pres-
cription initiale dans les 3 - 4 jours suivants.
● Les médecins généralistes et les médecins du travail doivent connaître précisément le dispo-
sitif local.
● Le public doit être informé par les professionnels, associations, centres 15, pharmaciens…
● L’indication du traitement est posée en prenant en compte le bénéfice lié à la possibilité d’une
réduction du risque de transmission du VIH et le risque d’effets indésirables graves liés au
traitement.
● Le traitement post-exposition doit être réservé aux situations à risque identifiable de trans-
mission du VIH.
● Des grilles d’aide à la décision ont été élaborées : dans certaines situations simples, le traite-
ment est recommandé, dans d’autres plus complexes, un avis spécialisé peut être nécessaire.
● En cas d’agression sexuelle, compte tenu du rapport souvent traumatique et de la notion de
l’appartenance de l’agresseur à un groupe de prévalence VIH élevée (environ 5 %), un traite-
ment doit être instauré (sauf si sujet source séronégatif confirmé) et une prise en charge psy-
chologique proposée.
● Pour les autres situations, la balance entre le bénéfice escompté et le risque iatrogène n’est
pas en faveur de la mise en route d’un traitement post-exposition.
● Les anti rétroviraux prescrits après exposition au risque de transmission du VIH sont pris en
charge à 100 % par l’assurance maladie.

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● La délivrance doit être la plus rapide possible (procédure écrite).


● La dispensation est faite par la pharmacie hospitalière avec mise à disposition de trousses de
prophylaxie dans les services identifiés pour la prescription en urgence.
● Toutes les personnes exposées à un AES doivent bénéficier d’une prise en charge adaptée :
– Dépistage initial, suivi clinique et sérologique,
– Conseils précis sur les comportements à éviter afin de prévenir une nouvelle prise de risque,
– information personnalisée et détaillée (fiches remises, éléments inscrits dans le dossier
médical, réflexion bénéfices-risques).
● Prise en charge thérapeutique :
– Dans les 4 heures post-AES et au plus tard dans les 48 heures.
– D’emblée par un spécialiste du VIH ou lors de la réévaluation 3 ou 4 jours après mise en
route par un médecin des urgences
– Personne source séropositive :
* Charge virale détectable sous traitement : avis spécialisé et tenir compte de l’historique
des traitements.
* Charge virale indétectable : même traitement que la personne source.
* En interruption thérapeutique : reprendre le traitement antérieur si charge était indé-
tectable, analyse par un spécialiste si charge virale antérieure détectable.
– Autres cas : traitement standardisé, kit proposé, accessible 24/24
* Durée : 3-4 jours (avant contrôle par spécialiste).
* Eviter : abacavir (réactions d’hypersensibilité) ; non nucléosidiques (névirapine : hépa-
tite, Lyell ; efavirenz : angoisse, hallucinations) ; association stavudine et didanosine
(acidoses lactiques), indinavir (colique néphrétique).
* Tri thérapie constituée de deux analogues nucléosidiques et d’une antiprotéase (éradiquer
efficacement et rapidement les sanctuaires viraux résiduels).
* Analogues nucléosidiques : zidovudine + didanosine ; zidovudine + lamivudine
(Combivir : 2 comprimés par jour) ; stavudine + lamivudine.
* Inhibiteurs de protéase : nelfinavir (Viracept : 5 gélules matin et soir) ou ritonavir +
lopinavir (Kaletra : 3 gélules matin et soir).
* Avis spécialisé en cas de grossesse, traitements pouvant interagir avec les anti-rétroviraux
(contraceptifs, antimigraineux, antiépileptiques, anti vitamines K, benzodiazépines, trai-
tement de substitution).
* Si un traitement est poursuivi au-delà du 4ème jour, il doit être poursuivi 4 semaines sous
surveillance rapprochée.

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Exposition professionnelle
Statut VIH de la personne source
VIH positif inconnu
Traitement recommandé si sujet
source UDIV, homosexuel,
● Piqûre avec aiguille bisexuel, appartenant ou vivant
Traitement recommandé
souillée dans une communauté (pays) où
l’épidémie est généralisée (>1 %
chez les femmes enceintes)
● Autres expositions
percutanées : piqûre
Traitement recommandé Traitement non recommandé
avec aiguille SC, IM,
suture, bistouri
● Expositions cutanée ou
sur muqueuses : contact Traitement recommandé si
d’une quantité importan- durée d’exposition Traitement non recommandé
te de sang sur muqueuse prolongée (> 15 minutes)
ou peau lésée
● Autres cas : morsure,
griffure, contact sur peau
saine, quelques gouttes
Traitement non
de sang sur muqueuse ou Traitement non recommandé
recommandé
peau lésée, autre liquide
biologique (salive,
urines)

Exposition sexuelle
Statut VIH de la personne source
VIH positif inconnu
Traitement recommandé si sujet
source UDIV, homosexuel,
bisexuel, appartenant ou vivant
● Rapport anal Traitement recommandé
dans une communauté (pays) où
l’épidémie est généralisée (>1%
chez les femmes enceintes)
Traitement recommandé si sujet
source UDIV, homosexuel,
bisexuel, appartenant ou vivant
● Rapport vaginal Traitement recommandé
dans une communauté (pays) où
l’épidémie est généralisée (>1%
chez les femmes enceintes)
Traitement à évaluer au cas par
Traitement à évaluer au cas
cas
● Rapport oral par cas (avis spécialisé, éja-
(avis spécialisé, éjaculation dans
culation dans la bouche..)
la bouche..)

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Exposition par partage de matériel d’injection


Statut VIH de la personne source
VIH positif inconnu
● Partage de seringues,
Traitement recommandé Traitement recommandé
aiguilles
● Partage du reste du
Traitement recommandé Traitement non recommandé
matériel
Traitement à évaluer au cas par
Traitement à évaluer au cas
cas
● Rapport oral par cas (avis spécialisé, éja-
(avis spécialisé, éjaculation dans
culation dans la bouche..)
la bouche..)

Exposition autres
Statut VIH de la personne source
VIH positif inconnu
● Piqûre avec seringue
Analyse au cas par cas Traitement non recommandé
abandonnée

● Contact d’une quantité Traitement recommandé si


importante de sang sur durée d’exposition Traitement non recommandé
muqueuse ou peau lésée prolongée (>15 minutes)

● Autres cas : morsure,


griffure, contact sur peau
saine, quelques goutte de
Traitement non
sang sur muqueuse ou Traitement non recommandé
recommandé
peau lésée, autre liquide
biologique (salive,
urines)

6. Prophylaxie du VHC
● L’attitude dépend du statut du sujet source.
● Si le sujet source est séropositif, il convient de vérifier la charge virale.
● Si la charge virale est positive, il peut être utile de connaître les antécédents thérapeutiques,
le génotype, le profil de résistance.
● Le sujet exposé doit être surveillé de près afin de rechercher une primo-infection par le VHC
(charge virale à 3 semaines ou 1 mois après l’exposition).
● Les études ont montré qu’une primo-infection dépistée et traitée précocement par une bi thé-
rapie anti virale évoluait favorablement dans plus de 90 % des cas.
● Un suivi clinico-biologique attentif s’impose donc.
● La prise en charge doit être confiée d’emblée à un service spécialisé en maladies infectieuses
ou en hépatologie.

7. Prophylaxie du VHB
● Les professionnels de santé sont soumis à une obligation vaccinale.
● Ils doivent, après une vaccination complète avec 3 injections (J0, M1, M6 ou J0, M1, M2 si
urgence) vérifier leur immunité (titre d’anticorps HBs > 10 UI).

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● Une personne ayant bien répondu à la vaccination ne court aucun risque de transmission du
VHB en cas d’AES.
● En cas d’AES chez une personne non vaccinée ou n’ayant pas répondu à la vaccination (taux
d’anticorps inconnu ou < 10 UI/ml), il faut :
– Dans les 48 heures pratiquer une injection IM de 500 UI d’immunoglobulines humaines
anti hépatite B (sauf bien sûr si l’on dispose de la notion de l’absence d’Ag HBs chez le sujet
source).
– Débuter la vaccination (J0 puis M1, M6) et contrôler le taux d’anticorps.

8. Suivi clinique et biologique à distance de l’AES :


● L’indication et les modalités de la prophylaxie anti-rétrovirale ainsi que les effets secondaires
sont réévalués systématiquement par un médecin référent dans le prise en charge du VIH à
48-72 heures.
● Un bilan clinique et biologique est proposé à 2, 4, 8 et 12 semaines.
● Une attention particulière est portée à la recherche de signes de primo-infection VIH (fièvre,
rash, adénopathies, angine…) ou d’hépatite aiguë (asthénie, ictère, nausées...)
● Au plan biologique :
– Bilan initial : sérologie VIH, sérologie VHC, Ag HBs et Ac HBs si nécessaire (vaccination
préalable).
– Sous traitement antirétroviral : NFS plaquettes, transaminases, amylase, créatinine à J0,
J14, J28.
– Sérologie VIH à M1, M3, M6 après l’AES ou la fin du traitement, charge virale 1 mois après
la fin du traitement.
– Sérologie VHC et dosage des transaminases à M1, M3, M6. Si risque élevé, séroconversion,
cytolyse hépatique : charge virale VHC (ARN par PCR).

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POINTS FORTS

● Un accident d’exposition au sang (AES) est défini par un contact avec du sang ou
un liquide biologique contaminé lors d’une piqûre avec une aiguille, une coupure
avec un objet tranchant ou par contact avec du sang ou du liquide contaminé sur
une plaie, une peau lésée ou une muqueuse.
● L’AES inclut aujourd’hui l’exposition au sang mais aussi aux seringues et au sexe.
● L’AES expose au risque de transmission des virus VIH, VHB et VHC mais bien
entendu aussi au risque de transmission d’autres pathogènes présents dans le sang.
● La prévention des AES chez les soignants repose sur le respect des précautions
standard et l’utilisation de matériels de sécurité.
● Le risque de transmission du VIH est évalué à 0.32 % en cas d’exposition percuta-
née.
● En cas de contact sexuel : les facteurs augmentant le risque de transmission sont :
le stade de l’infection du partenaire (primo-infection, stade SIDA), l’infection
(MST) ou la lésion génitale, le rapport sexuel pendant les règles, le rapport trau-
matique ou le saignement lors du rapport, le type de rapport (anal > vaginal > oral).
● Pour les toxicomanes usagers de drogues intraveineuses, le risque est élevé en cas
de partage de la seringue et de l’aiguille, de partage de la préparation (de seringue à
seringue ou par le biais d’un récipient). Il est estimé à 0.67 % pour le VIH.
● Pour le VHB, lors d’une exposition percutanée, le risque de transmission du virus à
un sujet non immunisé est évalué de 2 à 40 % selon la charge virale.
● Pour le VHC, le risque de transmission en cas d’exposition percutanée est de 1 à
10%.
● En cas d’AES : effectuer des soins immédiats, déclarer rapidement un accident du
travail, évaluer précisément le risque, récupérer le statut sérologique de la person-
ne source (VIH, VHB, VHC) et mettre en place une prophylaxie adaptée vis-à-vis
des virus VIH, VHB et VHC.
● Un dispositif de prise en charge en urgence (24h/24) doit être organisé dans tous les
établissements avec kit de prophylaxie et possibilité de joindre, au moins par télé-
phone, un spécialiste.
● De nouvelles recommandations ont été établies pour le traitement médicamenteux
antirétroviral.

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