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Hygiène et sécurité Dr. S.

ZAIBET
Risques professionnels liés aux accidents d’exposition au sang et liquides biologiques AES

I. Introduction – définition :
o Un accident exposant au sang et liquides biologiques (AES) est défini comme tout contact avec du
sang ou un liquide biologique contenant du sang et comportant :
 une effraction cutanée (piqûre, coupure)
 ou une projection sur muqueuse (yeux, bouche) ou peau lésée.
o Les AES sont fréquents en milieu de soins (hôpital, cabinets médicaux et dentaires, soins à domicile ...).
o Ils peuvent toucher d'autres milieux professionnels (traitement des déchets, entrepris de nettoyage, etc.
o Ils concernent également le cadre hors professionnel (soin à un patient par son entourage, secouriste, etc.
o Leur prévention est un objectif prioritaire, car tout liquide biologique est potentiellement infectant
o Le risque de transmission d'agents infectieux lors d'un AES concerne l'ensemble des micro-organismes
véhiculés par le sang ou les liquides biologiques (bactéries, virus, parasites et champignons).
o Premières victimes des AES, les infirmiers sont impliqués dans plus de la moitié des accidents et des
déclarations d’AES effectuées chaque année dans les établissements de santé français
o Dans ce cadre ils peuvent être responsables de la transmission chez le personnel soignant, de maladies
infectieuses notamment le sida VIH, hépatites virales B et C.
o le risque de transmission virale d’un patient vers le soignant a été estimé à 10-40 % pour le VHB, 2,1 %
pour le VHC, et 0,32 % pour le VIH
o Risque moyen de séroconversion par AES percutanée :
 Hépatite B (30% si pas de vaccination) : hépatite fulminante avec décès, hépatite chronique (10%)
Ne pas oublier qu’il existe un vaccin !
 Hépatite C (3%) : hépatite chronique (80%), cirrhose, hépatocarcinome…
 VIH (0,3%)
o La régression de l’incidence des AES dans la plupart des pays développés fait suite à de nombreux
mesures préventives notamment l’élaboration de nombreux textes réglementaires et la mise à disposition
des personnels exposés de dispositifs médicaux dits de sécurité, et qui font souvent défaut dans nos
établissements de santé.
II. Circonstances de survenue :
o L’accident percutané a été la cause la plus fréquente d'AES rapportée, et représente 79 % de la totalité,
principalement dans le cadre de blessures par piqûre (AES plus sévère), la moitié d'entre elles étant liée à
la manipulation des aiguilles
 Hiérarchie du risque de piqûre :

Prélèvement capillaire.
Prélèvement intra-tubulaire.
Injection.
Prélèvement IV (hors hémoculture).
Prélèvement artériel.
Pose et dépose de perfusion.
Hémoculture.
Intervention sur chambre implantée.

 Le type de matériel le plus fréquemment en cause est, par ordre décroissant :


o Aiguilles creuses (Le risque de contamination est majoré lors de l’utilisation d’une aiguille creuse).
o Aiguilles pleines (sutures, EEG…)
o Objets coupants/tranchants
o Manipulation de boîtes à déchets
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 Les facteurs de risque de contamination virale après une piqûre par une aiguille contenant du sang sont
les suivants :
o La profondeur de la blessure
o Le sang visible sur le matériel
o Une procédure impliquant une aiguille creuse qui vient d'être utilisée pour un prélèvement sanguin
o La charge virale (présence de virus dans le sang) du patient source
o L'absence de port de gants par la victime de l'AES, d'où une blessure plus profonde
III. Principes de préventions des AES :
o La stratégie de prévention des AES s’intégrée dans la démarche d'amélioration de l'organisation des
conditions de travail et de prévention des risques mis en œuvre par l’employeur.
o Cette stratégie repose principalement sur :
1. Le statut vaccinal
o La vaccination contre l'hépatite B doit être obligatoire (se référez au calendrier vaccinal)
o Elle concerne toute personne qui, dans un établissement de soins ou de prévention, exerce une activité
l'exposant au sang ou aux liquides biologiques, soit directement, soit indirectement
2. Le respect des précautions générales d’hygiène :
Surtout les précautions spécifiques à certaines disciplines les plus exposées (labo, bloc opératoire,
hémodialyse…).
A. Précautions universelles
o Des gants doivent être utilisés pour tout contact avec le sang et certains liquides biologiques (liquides
amniotique, péricardique, péritonéal, pleural, cérébrospinal, synovial, ainsi que sperme, sécrétions vaginales
ou tout liquide sanglant), avec les muqueuses ou la peau lésée. Les gants doivent être changés entre deux
patients.
o Les mains et la peau doivent être lavées immédiatement en cas de projection de sang.
o La prévention des accidents par piqûre ou coupure doit être organisée (collecteurs, interdiction de
recapuchonner les aiguilles).
o Le port de masque et de lunettes est impératif dans les situations où il existe un risque d’aérosol et de
gouttelettes à partir de liquides biologiques.
o Des tabliers efficaces doivent être portés en cas de risque de projections.
o Les professionnels de santé qui ont des lésions cutanées, exsudations ou dermatoses doivent être écartés du
contact direct avec les patients.
o Les linges et matériels souillés par du sang ou des liquides biologiques doivent être emballés avant leur
sortie du service.
o Des mesures d’isolement spécifiques complémentaires doivent être prises lorsque le patient le nécessite.
B. Précautions standards
a. Lavage et désinfection des mains
Systématiquement entre 2 patients, 2 activités
b. Port des gants :
 Systématiquement :
o Lors des soins, dès lors qu’il y a contact avec du sang ou tout autre produit d’origine humaine, les
muqueuses et la peau lésée du patient
o A l’occasion de soins avec risque de piqûre
o Lorsque les mains du soignant comportent des lésions
 Changer de gants entre 2 soins pour un même patient
c. Port des équipements de protection individuelle : lunettes, masques, surblouses, tabliers
Si risque de projection de produit d’origine humaine et/ou contact rapproché avec le patient
d. Utilisation de matériel sécurisé et à usage unique doit être privilégié
e. Respect des bonnes pratiques lors de toute manipulation d'instruments piquants ou coupants souillés :
o Ne jamais recapuchonner les aiguilles
o Ne pas désadapter à la main les aiguilles des seringues ou des systèmes de prélèvement sous vide
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o Jeter immédiatement sans manipulation les aiguilles ou autres instruments piquants ou coupants dans un
conteneur adapté
o Ne pas dépasser le niveau maximal de remplissage des collecteurs à OPCT
o En cas d'utilisation de matériel réutilisable, lorsqu'il est souillé, le manipuler avec précaution et en
assurer rapidement le traitement approprié.
o Les prélèvements biologiques, le linge et les instruments souillés doivent être transportés, y compris à
l'intérieur de l'établissement dans des emballages étanches appropriés, fermés puis traités et éliminés si
nécessaire selon des filières définies
f. Utiliser les dispositifs médicaux de sécurité mis à disposition
3. Mise à disposition des professionnels des matériels de protection adaptés (gants, masque, dispositifs
médicaux dits « de sécurité ») :
o Le choix de ces matériels est fait en concertation avec les utilisateurs, le pharmacien, le médecin du
travail, l'équipe opérationnelle d'hygiène, si elle existe, les services économiques.
o Dans les unités de soins, les responsables paramédicaux veilleront à l'approvisionnement permanent de
ces matériels et consommables, au bon usage des dispositifs médicaux et à l’organisation des soins.
4. Formation, information des professionnels : primordiale
o Sur les risques encourus par les soignants et les patients, les gestes et pratiques à risque, les règles d'hygiène
à appliquer, l'utilisation des nouveaux matériels, la conduite à tenir devant un AES.
o Elles doivent concerner tout le personnel de l’établissement (médicaux, paramédicaux, médico-techniques).
5. Déclaration et Surveillance des AES : L’objectif de la surveillance est de:
o Documenter les circonstances de survenue des AES (type d’exposition, matériel utilisé, geste effectué,
mécanisme…),
o Guider les politiques de prévention AES (formation, information, organisation du travail,
o Elaborer des protocoles de soins incluant la sécurité du personnel, choix de matériel,…
IV. Conduite à tenir en cas d’AES :
1. Réaliser immédiatement les premiers soins (victime) = nettoyage + désinfection
o Piqûre, blessure et contact direct sur peau lésée :
 Ne pas faire saigner
 Laver immédiatement la plaie avec de l’eau et du savon doux puis rincer
 Antisepsie : tremper dans une solution antiseptique (DAKIN® ; eau de javel 9°chl dilué au 1/5ème,
BETADINE® dermique, alcool 70°) pendant 5 minutes au moins.
o Projections oculaire ou sur les muqueuses :
 Enlever les lentilles
 Rincer abondamment avec du sérum physiologique ou à grande eau pendant 5 minutes au moins.
2. Compléter le certificat initial de déclaration d’accident du travail (médecin)
3. Documenter le statut sérologique du patient source
o AES avec patient source connu :
 Statut sérologique connu (données vérifiables dans le dossier médical)
 Statut sérologique inconnu : prescription en urgence d’une sérologie VIH, VHC et VHB du patient
source après consentement.
o AES avec patient source inconnu (ex : aiguille dépassant d’un collecteur …) :
Conduite à tenir fonction de l’évaluation du risque
Cette documentation en urgence est indispensable pour permettre la mise en route d’un traitement
post-exposition (TPE) si celui-ci est requis.
4. Evaluer le risque de transmission virale :
o Effectuée auprès du médecin référent.
o Il recueillera les éléments nécessaires à cette évaluation et si besoin il initiera rapidement un traitement
préventif : traitement post exposition dans les 4 heures suivant l’accident
o Le risque individuel varie en fonction de la gravité de l’AES, notamment de l’importance de l'inoculum
viral.
 Données concernant la victime :
 Statut sérologique
 Circonstances de l’AES :
 Date et heure de l’AES
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 Type d’AES : coupure/piqûre/projection, et Profondeur de la blessure et temps de contact
 Type de matériels impliqués : aiguille creuse, diamètre ….
 Port de matériels de protection (gants, masque …)
 Données concernant le patient source :
 Statut sérologique
 Données cliniques : stade SIDA, hépatite active …
 Données biologiques : charges virales VIH, ARN du VHC, ADN du VHB,
 traitement et résistance
Au final, le médecin référent, en s’appuyant sur le statut sérologique du patient source et l’évaluation du
risque inhérent à l’AES décidera de la conduite à tenir en matière de TPE
5. Déclarer l'accident d'exposition au sang :
o A l'employeur : dans 24h
 L'AES est un accident du travail.
 Il peut donner lieu à des soins qui seront prises en charge à ce titre, et afin de bénéficier droits de
protection sociale
 Une déclaration d’accident du travail et Un certificat médical initial, le résultat du test
sérologique pratiqué avant le 8ème jour suivant l’accident de travail, doit être adressé à
votre assureur par l’employeur
o Au service de santé au travail dans 08 jours
Le médecin du travail :
 Assure le suivi sérologique de la victime
 Analyse et identifie avec la victime les circonstances de l’accident pour qu’il ne se reproduise
 Évalue les actions prévention dans l'entreprise et détermine les nouvelles actions à mettre en
œuvre
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