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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
MALADIES INFECTIEUSES
SANTÉ PUBLIQUE
Risques sanitaires liés à l’eau
et à l’alimentation
Toxi-infections alimentaires
I-7-73
Dr Emmanuelle LEBRUN
Assistant hospitalo-universitaire
L’institut la Conférence Hippocrate, grâce au mécénat des Laboratoires SERVIER, contri-
bue à la formation des jeunes médecins depuis 1982. Les résultats obtenus par nos étudiants
depuis plus de 20 années (15 majors du concours, entre 90 % et 95 % de réussite et plus de 50%
des 100 premiers aux Épreuves Classantes Nationales) témoignent du sérieux et de la valeur de
l’enseignement dispensé par les conférenciers à Paris et en Province, dans chaque spécialité
médicale ou chirurgicale.
La collection Hippocrate, élaborée par l’équipe pédagogique de la Conférence Hippocrate,
constitue le support théorique indispensable à la réussite aux Épreuves Classantes Nationales
pour l’accès au 3ème cycle des études médicales.
L’intégralité de cette collection est maintenant disponible gracieusement sur notre site
laconferencehippocrate.com. Nous espérons que cet accès facilité répondra à l’attente des étu-
diants, mais aussi des internes et des praticiens, désireux de parfaire leur expertise médicale.
A tous, bon travail et bonne chance !
Alain COMBES, Secrétaire de rédaction de la Collection Hippocrate
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Risques sanitaires
liés à l’eau
et à l’alimentation -
Toxi-infections
alimentaires
Objectifs :
– Préciser les principaux risques liés à la consommation d’eau ou
d’aliments.
– Diagnostiquer une toxi-infection alimentaire et connaître les
principes de prévention.
– Argumenter une conduite pratique devant une toxi-infection
alimentaire familiale ou collective.
● Il existe habituellement une sensible différence entre les toxi-infections collectives d’origine
alimentaire ou hydrique et le concept d’épidémie.
● Les toxi-infections collectives d’origine alimentaire ou hydrique se caractérisent le plus sou-
vent par une source de contamination (aliment, boisson) commune aux malades et par l’ab-
sence de cas secondaires c’est-à-dire de contamination interhumaine (comme il en existe par
certaines maladies parasitaires).
● Les épidémies se caractérisent, quant à elles, par la propagation des cas.
● Les transformations des circuits d’alimentation (internationalisation, problème de la conser-
vation), le développement de la restauration collective (sociale ou commerciale) et l’appari-
tion de nouvelles technologies ou de nouveaux produits alimentaires incitent à une sur-
veillance accrue dans le domaine de l’hygiène alimentaire.
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Vecteur ou
transmission
directe
➮
Réservoir Hôte
Porte d’entrée
Contamination
Colonisation Infection
3. Étapes de l’investigation
Quel que soit le type d’épidémie envisagé, son investigation suit un schéma commun :
– Établir l’existence de l’épidémie et définir la maladie, prendre les premières mesures pra-
tiques.
– Identifier tous les cas.
– Construire la courbe épidémiologique.
– Représenter la répartition des cas sur les plans spatial (cartographie) et temporel (courbe
épidémiologique, tableau synoptique).
* Cartographie : représentation géographique de la survenue des cas pendant l’épidémie ;
parfois, la localisation géographique est associée à la dimension temporelle.
* Courbes épidémiologiques : représentation par diagramme du nombre de cas survenus
suivant un découpage temporel régulier.
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4. Risques sanitaires
a) Exposition de courte durée
– Le risque peut être chimique (rare) ou microbiologique.
– Sauf cas exceptionnel d’actes volontaires de malveillance, il est extrêmement rare de trou-
ver dans l’eau ou les aliments des substances chimiques à un niveau assez élevé pour être
dangereuses.
– La situation est différente dans le cas des allergies alimentaires, puisqu’il suffit alors de très
petites quantités pour être dans une situation à risque.
– Le risque de contamination microbiologique est beaucoup plus important, puisque les
doses pouvant entraîner une infection sont minimes. La recherche de ces germes patho-
gènes peut s’effectuer soit directement (recherche du germe précis), soit de façon indirecte
(mise en évidence du germe pathogène par la présence, la réaction… d’un germe témoin).
b) Exposition de moyenne durée
– L’exposition de moyenne durée demande une absorption sur plusieurs mois. Le risque est
le même qu’à court terme. Il peut être chimique ou microbiologique.
– Le risque chimique est principalement de trois ordres :
* les nitrites (provenant de la transformation des nitrates et particulièrement nocifs chez
les jeunes enfants) ;
* le fluor (nocif à tout âge mais à des taux différents) ;
* le plomb (par contact entre des canalisations en plomb et une eau peu minéralisée et
acide).
c) Exposition de longue durée
– Une exposition de longue durée peut être néfaste par accumulation de composés minéraux,
comme les métaux, ou par exposition répétée à des molécule cancérogène et/ou génotoxique.
– Celles-ci incluent les molécules organiques (pesticides, hydrocarbures polycycliques aro-
matiques, etc.).
TOXI-INFECTION ALIMENTAIRE
● « L’apparition d’au moins deux cas groupés similaires d’une symptomatologie, en général
digestive, dont on peut rapporter la cause à une même origine alimentaire » constitue une
toxi-infection alimentaire collective (TIAC).
● L’existence ou la suspicion d’une TIAC doit s’accompagner d’une déclaration à l’autorité
sanitaire, la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) et à la
Direction des services vétérinaires (DSV).
● Toutefois, le caractère bénin de la majorité des TIAC, la méconnaissance de la définition et
du caractère obligatoire de la déclaration et des modalités de celle-ci sont à l’origine d’une
sous-déclaration des TIAC.
● Il est donc difficile d’appréhender la réalité quantitative et qualitative des TIAC.
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A/ Généralités
1. Épidémiologie
● Les informations sur la fréquence et l’étiologie des TIAC nous proviennent pour l’essentiel
des déclarations obligatoires (avec les limites évoquées ci-dessus) effectuées auprès des
DDASS et des DSV mais également des cas recensés par le Centre national de référence des
salmonelles.
● En 2001, 559 foyers de TIAC ont été déclarés regroupant 6 742 malades.
● La répartition selon l’étiologie est exposée dans le tableau ci-dessous.
● 70 % des foyers déclarés concernaient la restauration collective.
● Un aliment est suspecté ou confirmé dans 80 % des foyers.
● Les viandes (notamment les volailles) et les aliments à base d’œufs sont les principaux véhi-
cules des germes des TIAC.
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* des vomissements.
* l’absence de fièvre.
– Exemples de bactérie ayant une action entérotoxinogène : staphylocoque doré, Clostridium
perfingens, Bacillus cereus, Clostridium botulinum, vibrion cholérique, Escherichia coli entéro-
toxinogène.
– L’ensemble des agents infectieux cités sont à l’origine d’une symptomatologie digestive pré-
pondérante à l’exception près des Clostridrium botulinum à l’origine d’une symptomatologie
neurologique.
c) Toxine provenant d’une transformation chimique : cas de l’histamine
– Le tableau clinique se caractérisera par des troubles neurologiques moteurs ou sensitifs sans
troubles digestifs suggérant botulisme, intoxication par coquillages ou poissons crus, pro-
duits chimiques…
– Les agents infectieux pouvant être incriminés sont la scombrotoxine histamine-like, les
neurotoxines des dinoflagellés, le glutamate de sodium, la solanine, les champignons véné-
neux, les pesticides, Clostridium botulinum.
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* Tableau clinique :
■ Entérotoxine thermostable : tableau proche de celui de l’intoxication staphylo-
coccique.
■ Entérotoxine thermolabile : tableau proche de celui de l’intoxication Clostridium per-
fingens.
c) Le botulisme : tableau neurologique
– Germe anaérobie strict, sporulé et tellurique.
– Sept formes antigéniques différentes peuvent être isolées à partir des toxines. Le type anti-
génique B est le plus fréquent en France. Il est assez peu virulent, contrairement au type
antigénique A qui est majoritaire aux États-Unis.
– Il produit une toxine thermolabile.
– Réservoir : conserves artisanales, viande de porc (jambons crus).
– Durée d’incubation : 2 heures à 8 jours (le plus souvent 12 à 36 heures).
– Tableau clinique : nausées, vomissements puis diplopie, troubles de l’accommodation, dys-
phagie, sécheresse des muqueuses, voire paralysie motrice (membres et muscles respira-
toires).
– Mortalité : 5 à 10 % des cas en France (États-Unis : 50 %).
d) Intoxications histaminiques : symptomatologie vasomotrice
– Réservoir : poissons et en particulier thon (l’histamine vient de la transformation de l’his-
tidine contenue dans la chair des poissons).
– Durée d’incubation : 1/2 heure.
– Tableau clinique : troubles vasomoteurs, céphalées, lipothymies, érythèmes, quelques
troubles digestifs.
e) Autres
Bien d’autres micro-organismes peuvent contaminer les aliments ou l’eau : d’autres bactéries
(exemple : Escherichia coli entéropathogène), des virus (rotavirus et eau), des parasites (gar-
diases, amibiases), du phyto-plancton (les dinoflagelles et les fruits de mer).
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cours du temps.
Durée moyenne d’incubation
Nombre
de cas
Nombre
de cas
Temps
d’incubation. Une durée courte est en faveur d’un processus toxinique, une durée
longue est en faveur d’un processus invasif.
* Les aliments consommés :
■ Une description rigoureuse de l’ensemble des aliments consommés, au cours du repas,
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■ Il s’agit de rechercher si la proportion de sujets ayant consommé un aliment donné est signi-
ficativement plus importante chez les malades que chez les non-malades (ou témoins).
– Ces différents éléments permettent d’évoquer des hypothèses sur l’agent pathogène et sur
l’aliment (le vecteur) en cause.
b) Prélèvements
– Les restes du repas, s’ils existent, seront conservés (obligation réglementaire de conserva-
tion pendant 72 heures des aliments servis en collectivité).
– Des prélèvements systématiques ou orientés seront effectués sur les aliments et, de même,
les selles et vomissements pourront être prélevés, cela afin de tenter d’isoler les agents res-
ponsables.
– Enfin, lorsque l’on suspecte des cas de botulisme, la mise en évidence de la toxine respon-
sable par toxinotypie est très importante.
– Selon l’agent pathogène, les prélèvements pourront être de différents types (cf. tableau)
Salmonelle, shigella,
Campylobacter jejuni,
Isolement de l’agent pathogène Yersinia enterocolitica,
dans les selles ou les vomissements Staphylococcus aureus,
Clostridinum perfringens,
Bacillus cereus,
Clostridium botulinum
Isolement de l’agent pathogène Salmonelle,
dans le sang des malades Campylobacter jejuni
Salmonelle, shigella, Types de prélèvement
Campylobacter jejuni, selon l’agent pathogène
Isolement de l’agent pathogène Yersinia enterolitica,
dans les aliments Staphylococcus aureus,
Clostridinum perfringens,
Bacillus cereus,
Clostridinum botulinum
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du circuit des aliments comestibles et celui des déchets et bien d’autres points doivent
être également étudiés (stockage, qualité des produits…).
d) Conclusion
– Déterminer les actions à mener :
* actions immédiates destinées à contrôler le(s) foyer(s) de TIAC ;
* actions à type préventif.
– Rédiger un rapport.
Bibliographie
▲ Hartemann P, Simon L, Blech MF. Risques sanitaires liés à l’eau et à l’alimentation. Toxi-infections
alimentaires. La Revue du Praticien 2002 ; 52 : 1 493-502.
▲ Haeghebaert S, Le Querrec F, Bouvet P, Gallay A, Espié E, Vaillant V. Les toxi-infections alimen-
taires collectives en France en 2001. Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Institut Veille Sanitaire
2002 ; 50 : 249-53.
POINTS FORTS
● « L’apparition d’au moins deux cas groupés similaires d’une symptomatologie, en général
digestive, dont on peut rapporter la cause à une même origine alimentaire » constitue une toxi-
infection alimentaire collective (TIAC).
● L’existence ou la suspicion d’une TIAC doit s’accompagner d’une déclaration à l’autorité sani-
taire.
● 70 % des foyers de TIAC concernaient en 1997 la restauration collective.
● La consommation d’œufs ou de produits à base d’œuf était incriminée dans un tiers des foyers.
● Le tableau clinique de la TIAC sera différent selon le mécanisme d’action de l’agent infectieux :
– Multiplication de l’agent infectieux et invasion par celui-ci de la paroi intestinale.
– Sécrétion d’une toxine (entérotoxine) par l’agent infectieux.
– Toxine provenant d’une transformation chimique.
● Le médecin de santé publique doit, face à une épidémie, recenser et décrire les cas, vérifier les
hypothèses par une enquête adaptée, effectuer les analyses micro biologiques, étudier la chaîne
alimentaire et réaliser l’enquête sanitaire, déterminer les actions à mener et rédiger les conclu-
sions.
● L’enquête épidémiologique portera sur les caractéristiques sociales des sujets malades et non
malades, sur le tableau clinique présenté par les sujets malades, sur la courbe épidémiolo-
gique et la durée moyenne d’incubation, sur les aliments consommés et comprendra l’analyse
microbiologique des prélèvements. • Une étude de la chaîne alimentaire doit être conduite.
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