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DIARRHÉE

Définition

La diarrhée consiste en : - une augmentation de la teneur en eau des selles


- une diminution de leur consistance
- une augmentation de leur fréquence
ATTENTION, les 3 composantes ne sont pas toujours présentes.

I) PHYSIOPATHOLOLOGIE
Lors d’une diarrhée, on observe souvent non pas une augmentation mais une diminution de la
motilité intestinale. Il s’agit d’une hypomotilité segmentaire (motilité qui est normalement
responsable du brassage des aliments, de la régulation du transit).

On a également un mécanisme osmotique (le plus fréquent) : lors d’une indigestion, la grande
quantité d’aliments présents dans le tube digestif attire l’eau, d’où la diarrhée. Une mise à la diète
améliore l’état de l’animal.

On note l’existence d’un mécanisme sécrétoire : ce sont les bactéries qui secrètent des
entérotoxines entrainant des sécrétions trop importantes de la muqueuse intestinale. Dans cette
situation, le bénéfice d’une diète n’est pas évident. ( ex : salmonellose)

Le mécanisme exsudatif est basé sur l’augmentation de la perméabilité du tube digestif, lors de
maladies inflammatoires chroniques par exemple.

Le mécanisme moteur est basé sur une augmentation des contractions longitudinales propulsives
mais ceci est secondaire à la diarrhée, il s’agit plutôt d’une conséquence.

II) ETIOLOGIE
 Les causes digestives :

 Causes alimentaires :
On enregistre des erreurs alimentaires, des toxi-infections, des changements d’alimentation trop
brusques, des indigestions, des intolérances ou allergies.

 Causes intestinales :
Dans l’intestin grêle, on peut avoir des infections (parasites, virus, bactéries …), des
inflammations, des corps étrangers (et la fermentation en amont de l’obstacle entraine une diarrhée
si l’obstacle le permet), une intussusception (une anse intestinale se retourne comme un doigt de
gant ce qui peut engendrer un syndrome subocclusif) et aussi des tumeurs.

Dans le côlon, on peut retrouver des parasites, des inflammations, des tumeurs, et chez l’homme
il existe une diarrhée chronique du côlon (« colon irritable ») qui n’a pas de support organique
mais repose sur l’irritabilité individuelle du côlon et des troubles moteurs primaires.
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 Causes extra-digestives

 Causes métabolique et endocriniennes :


On peut rencontrer des maladies hépatiques, des hyperthyroïdies, des insuffisances rénales (si
elles sont accompagnées notamment de PUPD, ou de pertes sanguines…), du diabète sucré
(accompagné de polyphagie, de PUPD).

 Affections hépatiques

 Affections pancréatiques :
Il s’agit de pancréatites, d’insuffisance pancréatique exocrine, de tumeurs pancréatiques (rares
chez les carnivores domestiques).

 Maladies infectieuses systémiques :


On pense notamment à la Maladie de Carré, la leptospirose mais aussi certains coronavirus du
chat (PIF), FeLV, FIV.

 Insuffisance cardiaque droite :


Souvent le tableau clinique est compliqué (avec un épanchement dans la cavité abdominale en
plus)

Il est important de retenir la MULTIPLICITE DES CAUSES.

III) APPROCHE DIAGNOSTIQUE


1. Généralités

On commence par recueillir les commémoratifs.


Puis, on s’attarde sur l’anamnèse :
- causes possiblement toxiques, médicamenteuses de la diarrhée ?

- caractère aigu ou chronique (une diarrhée aiguë dure depuis moins


de 15 j-3 semaines, passé ce délai, elle peut être considérée
chronique)

- diarrhée de l’intestin grêle ? (si quantité de selles augmentée, fréquence


de défécation légèrement augmentée, selles molles à liquides, possibles
répercussions sur l’état général : appétit, poids, niveau d’activité)

- diarrhée du côlon ? (si quantité peu augmentée, fréquence très


augmentée, selles molles à bouseuses, douleurs possibles, sans
répercussion sur l’état général)

2. Diarrhée aiguë

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Lors de diarrhée aiguë, les causes peuvent être, des plus fréquentes au plus rares : alimentaires,
parasitaires (une des premières hypothèses), infectieuses ou mécaniques (corps étrangers mais rare).

Diagnostic :

Si l’état général et l’examen clinique sont corrects, on peut effectuer un traitement symptomatique
avec (ou pas) une vermifugation. On doit observer une amélioration dans les 48h.

Si l’état général est mauvais ou l’examen clinique anormal, on peut réaliser des examens
complémentaires :
- Analyses d’urines, coproscopie, Parvo test
- Imagerie surtout si la palpation abdominale est anormale

On réalise ensuite un traitement spécifique pouvant être associé à un traitement symptomatique.

ATTENTION
Il ne faut pas passer à côté :
- des PARASITES (souvent rencontrés dans les cas de diarrhées aiguës)
- de la PARVOVIROSE (la diarrhée n’est pas toujours hémorragique)
- d’une OCCLUSION par CORPS ETRANGERS

3. Diarrhée chronique

Intestin grêle

Lorsqu’elle concerne l’intestin grêle, la diarrhée chronique offre un diagnostic ouvert, complexe.

La priorité est donnée aux parasites. On envisage aussi des problèmes alimentaires (régimes …),
une prolifération bactérienne (surtout chez les jeunes chiens de grande race ou si la flore
commensale peut être déréglée par un traitement antibiotique par exemple), une maladie
inflammatoire chronique intestinale (MICI) idiopathique, des causes métaboliques (insuffisance
pancréatique exocrine, maladies hépatiques…), des hyperthyroïdies, des tumeurs (qui
s’accompagnent souvent de signes généraux).

Côlon

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Les causes sont moins nombreuses :
- les parasites (trichures, giardias qui vivent dans l’intestin grêle distal et
causent la giardiose contre laquelle beaucoup de vermifuges sont
inefficaces)
- l’alimentation
- les inflammations idiopathiques
- les tumeurs du côlon et du rectum (fréquentes); on effectue un toucher
rectal
- ténesmes et dyschesie

4. Diagnostic d’une diarrhée chronique

Tout d’abord, il faut faire une coproscopie (qui est l’examen de choix, beaucoup plus
informative qu’une échographie) pour déterminer si le problème vient de l’intestin grêle ou du
côlon.
S’il s’agit du grêle, on fait une palpation abdominale. Si elle se révèle anormale ou qu’il y a
du méléna, il faut faire appel à l’imagerie pour déterminer le traitement spécifique à faire.
Au contraire, si l’examen clinique est normal, il va falloir faire un bilan sanguin. Chez le
chien, on dose la TLI (marqueur du pancréas), le folate et la B12 (marqueurs de l’équilibre de la
flore de l’IG).
Si c’est le côlon qui est atteint, on fait un toucher rectal. Si l’examen clinique est normal, on
peut tenter un essai thérapeutique.
Si le toucher rectal est anormal ou qu’il y a de l’hémochésie, une endoscopie du côlon sera
nécessaire (la coloscopie est l’examen de choix), voire une biopsie. Il s’ensuivra un traitement
spécifique.

5. Cas particuliers

 L’hémochésie

L’hémochésie est la présence de sang « rouge » nature dans les selles.


Cela peut provenir d’un parasitisme (Trichures, Giardiose), d’une affection inflammatoire
(côlon, rectum, marges annales), d’une allergie alimentaire, ou éventuellement d’une cause
traumatique comme un corps étranger (rare).
Si l’hémochésie est importante, il faut s’interroger sur un éventuel problème de coagulopahtie.

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Rq : Dans le cas de la Parvovirose, il y a une affection de l’IG et une hémochésie car le sang
n’a pas le temps d’être digéré à cause de l’accélération du transit.

Diagnostic

En cas d’hémochésie, il faut faire un examen des marges annales (pour détecter des lésions),
un toucher rectal (facile à faire, on peut trouver un polype ou une tumeur), une coproscopie (pour
voir le parasitisme). Si on ne trouve pas de cause évidente, on peut faire une coloscopie, voire une
échographie abdominale (en vue de faire un bilan d’extension). Dans tous les cas, il faudra prescrire
un traitement spécifique (éventuellement associée à un traitement symptomatique).

 Méléna

Le méléna est la présence de sang digéré noir dans les selles.


Cela doit nous inquiéter quand on le détecte car c’est le signe d’ulcères gastro-duodénaux.
L’origine peut être parasitaire (Ankylostomes), iatrogène (AINS ou glucocorticocoïdes), une
affection inflammatoire ou tumorale de l’estomac ou de l’IG.
Il est nécessaire de faire des examens complémentaires.

Diagnostic

En présence de méléna, si on détecte une masse abdominale, l’échographie abdominale ou


l’endoscopie (voire laparotomie) sera l’examen de choix. Il faudra donc faire un traitement
spécifique éventuellement associé à un traitement symptomatique.
Si aucune masse n’est détectée, on peut faire une coproscopie et une numération de formule (en cas
de thrombopénie).
Si la coproscopie se révèle positive, on vermifuge. Si elle est négative, il faut explorer une
éventuelle coagulopathie.

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IV) APPROCHE THERAPEUTIQUE

1. De la diarrhée aiguë

 Mesures diététiques : faire une diète hydrique de 24h, réalimentation progressive par
petits repas fractionnés avec des aliments hyperdigestibles (ou avec une gamme
ménagère)
 Pansement digestif : il y a des pansements couvrants et absorbants avec Kaolin +
pectine, ou avec de le la Smectite (SMECTIVET ND ou SMECTA ND). D’autres ont
un pouvoir cytoprotecteur (protège les lésions d’ulcère) comme le Sucralfate.
Attention, les pansements digestifs empêchent l’action des autres médicaments, is sont
donc à donner à distance de ces derniers.
 Vermifuge : facile à faire (à ne pas oublier)
 Régulateurs de motricité digestive (à ne pas faire systématiquement) : on peut en
prescrire si l’animal fait des selles à une fréquence trop élevée chaque jour (cela
améliorera le confort du propriétaire). La prescription sera de courte durée : 2 à 3
jours car il y a des risques de toxicité. Il ne faut pas prescrire en même temps des
antiémétiques gastrokinétiques puisqu’ils augmentent la motricité digestive.
Il y a trois catégories de régulateurs :
- les dérivés morphiniques (chez le chien) : ils sont spasmogènes donc ils
augmentent les contractions segmentaires. C’est le cas du LOPERAL ND
(Lopéramide) qui est l’équivalent de l’Imodium en humaine. Attention, c’est
contre-indiqué chez le Colley (problèmes nerveux)
- Les parasympatholytiques : ils ralentissent(ou bloquent) le transit et diminuent
les sécrétions. C’est le cas de l’atropine (CANIDIARIX ND) ou du Prifinium
(PRIFINIAL ND). Le problème c’est que ce médicament paralyse le tube
digestif et provoque une placidité de la musculature. Il y a alors des risques de
diarrhée et d’intussusception secondaire ! Ce sont donc des médicaments à
utiliser avec précaution !
- Les inhibiteurs des phosphodiéstérases : ils agissent sur les fibres musculaires
lisses pour lutter contre les spasmes, comme l’Alvérine (Gastrodog ND).
 Perfusion : selon les cas, si l’animal est déshydraté, surtout chez les jeunes.
 Antibiotiques : c’est utile en cas d’infection par des Salmonelles ou en cas de
Parvovirose (limite les complications infectieuses). On en prescrit quand il y a
hyperthermie et diarrhée. Il reste cependant peu d’indications. De plus, il ne faut pas
oublier que les antibiotiques peuvent eux-mêmes provoquer des diarrhées donc il faut
être prudent quant à leur utilisation !

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Remarque : il y a une contre-indication absolue des AINS (ulcérogènes) lors de diarrhée
aiguë et également une contre-indication des glucocorticoïdes car ils peuvent endommager
la muqueuse digestive.

2. De la diarrhée chronique

Le traitement est étiologique et spécifique.

Remarque : Il ne faut pas utiliser de régulateurs de motricité !

3. Hémochésie et méléna

Il faut traiter la cause, favoriser la cicatrisation des ulcères avec un pansement comme le
Sucralfate. On peut prescrire des antibiotiques car il y a des risques d’infection. Les antisécrétoires
favorisent également la cicatrisation des ulcères. On peut faire une supplémentations en fer s’il y
une anémie avec carence en fer.

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