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LA DIARRHEE CHEZ L’ENFANT

1. DEFINITION =

 DIARRHEE : C'est l'émission trop fréquente (au moins 3 selles /24 h) de


selles liquidiennes, correspondant à une augmentation du contenu fécal en
eau.
Les enfants allaités au sein ont souvent des selles fréquentes et molles; mais
il ne s’agit pas de diarrhée.
 DIARRHEE AIGUE : C'est une diarrhée qui débute brutalement et dure moins de
7 jours.
 DIARRHEE PERSISTANTE : C'est une diarrhée qui persiste plus de 7 jours.
 DIARRHEE CHRONIQUE : diarrhée prolongée > 4 semaines.
 DIARRHEE DYSENTERIQUE : diarrhée avec émission de sang et/ou du pus dans
les selles.
 Toxi-infections alimentaires Collectives (TIAC):
Diarrhée aigue + cas similaires ou épidémie à la suite d’un repas contaminant
commun.

2. GENERALITES =

La diarrhée constitue l'une des principales causes de morbidité et de mortalité


chez l'enfant dans les pays en voie de développement et une cause majeure de la
malnutrition.
Selon les estimations de l'OMS :
 Chaque enfant de moins de 5 ans présente en moyenne 3 épisodes de
diarrhée par an, soit au total environ 1 milliard de cas/an.
 Environ un million d'enfants de moins de 5 ans meurent chaque année des
complications de la diarrhée dans le monde ; dont 80% sont âgés de moins
de 2 ans.
 Au Maroc la diarrhée est la 1ère cause de mortalité (20% des decès), et la
2ème cause de morbidité chez l’enfant de moins de 2 ans .

3. PHYSIOPATHOLOGIE =

La diarrhée résulte de un trouble de l'équilibre entre la sécrétion et l'absorption


d'eau intestinal.
Elle peut être la conséquence :
- Soit d'une stimulation de la secretion : diarrhée sécrétoire.
- Soit d'une inhibition de l'absorption intestinale : diarrhée dysentérique.
Le résultat est une fuite d'eau et d'électrolytes (sodium, potassium,
bicarbonates…) dans les selles.

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Si cette fuite excède l'apport alimentaire en eau et en sels, il ya risque de réduction
des liquides plasmatiques et interstitiels et donc déshydratation.
Les agents responsables de la diarrhée agissent selon 2 modes :
 Mode toxinogène :
Dû à des germes enterotoxiques, tel que le vibrion colérique et le staphylocoque :
ceux-ci agissent par l'intermédiaire d'une enterotoxine qui est responsable d'une
diarrhée type sécrétoire (stimulation de la sécrétion d'eau et du sodium au niveau
des cryptes intestinaux) .
 Mode invasif :
Les germes invasifs tel que les schigelles, les salmonelles, les giardia et les
rotavirus, se fixent à la muqueuse intestinale et y créent des lésions.
Ils sont responsables de diarrhées dysentériques.
 Parfois les 2 modes sont associés : cas de la diarrhée à rotavirus.

4. EPIDEMIOLOGIE =

A) GERMES EN CAUSE :
Les virus essentiellement les rotavirus sont responsables de la majorité des
diarrhées aigues du nourrisson notamment en hiver.
Rarement les bactéries sont en cause : les plus rencontrés sont l'echerichia Coli, les
salmonelles les schigelles et le campylobacter.

B) MODE DE CONTAMINATION :
La transmission des agents pathogènes se fait par voie feco-orale : ingestion
d'aliments contaminés ou contact des mains souillées.

C) FACTEURS DE RISQUE :
1) Facteurs liés au milieu :
 Approvisionnement insuffisant en eau potable.
 Contamination des eaux par les matières fécales.
 Mauvaise hygiène personnelle et domestique.
 Préparation et conservation inadéquates de la nourriture.
2) Facteurs liés à l'hôte :
 Jeune âge : prématurés et nourrissons de moins de 3 mois.
 Malnutrition.
 Allaitement artificiel.
 Mauvaises pratiques du sevrage.

5. ETIOLOGIES =

1) Causes infectieuses : les plus fréquentes.


a) Infections enterales : gastro entérites.
 D'origine bacteriennes :
 Germes invasives : salmonelles, schigelles, E.coli…
 Germes enterotoxiques : vibrion colérique, staphylocoque…
 D'origine virales : rotavirus.
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 D'origine parasitaires : amibes et giardias.
b) Infections parentérales :
 Infections ORL, pneumopathies, infection urinaire…
2) Causes non infectieuses :
a) Erreurs diététiques :
 Suralimentation.
 Mauvaises pratiques du sevrage.
 Régime alimentaire déséquilibré riche en sucres, farines, graisses ou en
épices.
b) Autres :
 Poussée dentaire.
 Antibiothérapie (ex.: amoxicilline).

6. ETUDE CLINIQUE =

A) EVALUATION DE L'ETAT DE L'ENFANT :


1) L'interrogatoire :
a) Doit préciser les caractères de la diarrhée : sa durée, nombre, volume,
consistance et aspect
(selles glaireuses, sanglantes, graisseuses ou jaune-verdatres).
b) Recherche des signes associés : vomissements, ballonnement abdominal,
douleurs abdominales fièvre, anorexie,apathie...
c) Précise le régime alimentaire antérieur.
2) L'examen clinique : permet d'évaluer :
a) L'état hémodynamique : TA, pouls, temps de recoloration
b) L'état d'hydratation : recherche des signes de déshydratation.
c) L'état nutritionnel : poids, taille, périmètre brachial et recherche des signes
de malnutrition.

B) ASPECTS CLINIQUES :
1) Diarrhée aigue : on distingue 2 types :
a) Diarrhée sécrétoire :
C'est une diarrhée aqueuse, abondante, jaune-verdatre, s'accompagnant de
vomissements incoercibles et pouvant entraîner une déshydratation.
Elle est due aux germes enterotoxiques.
b) Diarrhée dysentérique :
C'est une diarrhée glairo-sanglante, fréquente, peu abondante, s'accompagnant de
fièvre et de douleurs abdominales.
Elle est due à des germes invasifs.

7. EVOLUTION =

On distingue 3 types d'évolution d'une diarrhée aigue :

1) Diarrhée d'évolution bénigne :


Diarrhée simple qui guérit en 2-5 j.
2) Diarrhée compliquée de déshydratation.
3) Diarrhée persistante :

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C'est une diarrhée qui se répète et qui persiste plus de 14 j, retentissant ainsi
sur la courbe pondérale et entraînant parfois une dénutrition.

8. ROLE INFIRMIER EN CAS DE DIARRHEE AIGUE =

A) PREVENTION DE LA DESHYDRATATION :
1) Donner à l'enfant plus de liquides que d'habitude (jus non sucrés, tisanes,
soupes eau et SRO).
2) Donner ces liquides fréquemment surtout les premières 4 heures, et par la
suite donner 1-2 verres d'eau après chaque selle liquidienne tant que persiste la
diarrhée.

B) MAINTIEN D'UN BON ETAT NUTRITIONNEL :


1) Alimenter l'enfant comme d'habitude dès que possible : une alimentation
précoce permet de raccourcir l'épisode diarrhéique et de prévenir une
malnutrition.
2) Poursuivre l'allaitement maternel ou artificiel.
3) Continuer l'alimentation habituelle chez l'enfant de plus de 6 mois :
légumes surtout les carottes et les pommes de terre, fruits notamment les pommes
et les bananes, le riz, les viandes maigres, les céréales, les œufs et les produits
laitiers (lait,yaourt et fromages).
4) Eviter les aliments gras et les boissons très sucrées.
5) Donner 6 repas / j et rajouter un repas supplémentaire pendant 2 semaines
après l'épisode diarrhéique.

C) SURVEILLANCE DE L'ETAT DE L'ENFANT DIARRHEIQUE :


1) Expliquer à la mère la méthode de préparation et de don des SRO.
2) Lui conseiller d'amener son enfant à la consultation médicale si =
 Son état ne s'améliore pas au bout de 3 jours.
 Apparition d'une fièvre > ou = 38°5.
 Refus de boire.
 Persistance de vomissements répétés.
 Présence du sang dans les selles.
 Apparition des signes de déshydratation.
 3) Surveiller l’état de la peau au niveau du siège :
Augmenter la fréquence des changes ;
Appliquer une crème protectrice en cas de rougeur ;
Laver et sécher soigneusement la peau au niveau du siege ;
4) Lui recommander d'éviter l'automédication (antibiotiques, antiseptiques
intestinaux, adsorbants…) et lui expliquer que le meilleur traitement de la
diarrhée aigue est l'association réhydratation par les SRO avec la poursuite
de l'alimentation.
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L'antibiothérapie n'est indiquée qu'en cas de :
o Diarrhée dysentérique (présence de sang).
o Cholera.
o Amibiase ou de giardiase.

D) PREVENTION DE LA DIARRHEE :
1) Respect des mesures d'hygiène alimentaire et hydrique =
 S'approvisionner en eau potable de la source la plus propre.
 Protéger les points d'eau et éloigner les animaux.
 Recueillir et conserver l'eau dans des récipients propres.
 Pratiquer une ébullition ou javellisation (2 gouttes /l) de l'eau des puits
ou des sources avant usage.
 Laver les aliments crus (fruits, légumes…) avant leur consommation.
 Consommer les aliments cuits lorsqu'ils sont chauds, ou bien les
réchauffer juste avant le repas.
 Bien conserver les aliments et les mettre dans des récipients
propres ,bien fermés, tout en respectant les délais de la conservation
des différents aliments.
2) Lavage des mains : bien laver les mains avec de l'eau et du savon =
- Après avoir allé à la selle.
- Après manipulation des selles de l'enfant.
- Avant de préparer les repas.
- Avant de nourrir l'enfant.
3) Encouragement de l'allaitement maternel au moins pendant les 6 premiers
mois :
Le risque de diarrhée est plus élevé en cas d'allaitement artificiel.
4) Amélioration des pratiques du sevrage =
 Eviter la diversification alimentaire précoce..
 Conseiller une introduction progressive des différents aliments.
5) Pratique des différentes vaccinations notamment celle de la rougeole.

LA DESHYDRATATION (DHA)

1. DEFINITION =

C'est l'ensemble des troubles consécutifs à une perte d'eau rapide et massive
non compensée.
C'est une perte de poids brutale > 5 % du poids.
La DHA est due dans 90 % des cas à la diarrhée.

2. ETUDE CLINIQUE =

A) TABLEAUX CLINIQUES :
On distingue 2 types de déshydratation selon la gravité :
1) DHA modérée : (perte de poids entre 5 et 10%)
- Persistance d'un pli cutané pâteux après pincement de la peau de
l'abdomen.
- Dépression de la fontanelle antérieure.
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- Enfoncement des globes oculaires.
- Soif excessive.
- Sècheresse de la muqueuse buccale.
- Agitation ou irritabilité.
2) DHA grave : (perte de poids > ou = 10%)
- Pli cutané persistant (plus de 2sec.)
- Fontanelle antérieure très déprimée.
- Yeux très enfoncées avec absence de larmes lors des pleurs.
- Enfant boit très peu ou incapable de boire.
- Bouche et langue très sèches.
- Enfant léthargique, obnubilé ou totalement inconscient
Si cette DHA n'est pas corrigée, il ya risque d'installation d'un état de collapsus (c.
c.v) = pouls filant et faible, respiration rapide et ample, TA imprenable,
tachycardie, temps de recoloration > 3 sec, extrémités froides et oligoanurie.

B) TABLEAU D'EVALUATION DE L'ETAT D'HYDRATATION :

A B C
Regarder :
Bien éveillé Agité, irritable Abattu, obnubilé ou
- Aspect :
inconscient

- Yeux: Normaux Enfoncés Très enfoncés et


secs
- Larmes : Présentes Absentes
Absentes
- Bouche et Humides Sèches
langue : Très sèches

- Soif : Boit normalement Assoiffé : boit


avidement Boit peu ou
incapable de boire
Palper :
- Pli cutané : Revient rapidement Pli pâteux Pli persistant (>2
sec.)
Conclure = Pas de signe de DHA modérée si DHA grave si
: DHA présence de 2signes présence de 2signes
ou plus dans cette ou plus dans cette
case, dont au moins case, dont au moins
un signe souligné un signe souligné
Traiter = Plan de ttt A Plan de ttt B Plan de ttt C

3. EVOLUTION =

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La surveillance d'un enfant déshydraté doit être permanente les premiers jours, et
porte sur les paramètres suivants :
Poids, TA, pouls, temps de recoloration, diurèse, T°, signes de DHA et l'état
neurologique.
L'évolution sous traitement est souvent favorable, mais parfois il ya risque
complications :
 Collapsus cardiovasculaire.
 Convulsions souvent d'origine métabolique (hyponatremie,
hypocalcémie, hypoglycémie).
 Anurie et insuffisance rénale secondaire =
 Soit à une hypoperfusion rénale
 Soit à une lésion rénale (nécrose corticale,…)

4. TRAITEMENT =

Consiste à corriger les pertes hydroelectrolytiques.

A) MOYENS :
1) Réhydratation orale par les sels de réhydratation (SRO) :
C'est une méthode de réhydratation efficace et non coûteuse.
Un sachet de SRO (biosel) est composé de 20 g de glucose, 3,5 g de Na cl, 2,9 g de
citrate trisodique et 1,5 g de Kcl.
2) Réhydratation par gavage gastrique.
3) Réhydratation intraveineuse.

B) INDICATIONS :
1) DHA modérée : (plan de traitement B) :
Réhydratation orale par les SRO pendant une durée de 4 h. =
 Garder l'enfant au centre de santé pendant 4 h en lui donnant des SRO
durant cette période à raison de 75 ml /kg de poids (30-90 ml/h si age
< 6 mois, 90-125 ml/h entre 6-24 mois et 125-250 ml/h entre 2-4 ans).
 Si l'enfant vomit : attendre 10 mn et reprendre l'administration des
SRO plus lentement.
 S'il développe un œdème des paupières : arrêter les SRO et donner de
l'eau ou du lait.
 Après 4h : évaluer l'état de l'enfant =
 Si disparition des signes de DHA : suivre le traitement de la
diarrhée simple à domicile.
 Si persistance des signes de DHA modérée : répéter le plan de ttt B.
 Si aggravation de la DHA : adopter le plan de ttt C.
2) DHA grave : (plan de traitement C) :
Réhydratation intraveineuse dans une structure hospitalière:
 Les solutés de remplissage administrés sont le sérum salé à 9 pour
mille, ou le sérum glucosé 5% avec électrolytes (3,5 g/l de Na cl
+1,5g/l de Kcl+1g/l de ca++).
 Les quantités de liquides administrés sont environ 150 ml /kg/24 h.
 Si la voie veineuse est impossible : réhydrater l'enfant par une sonde
gastrique, en attendant d'avoir une veine, avec un soluté des SRO à
raison de 20 ml /kg /h pendant 6 h.
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5. SURVEILLANCE =

A) SURVEILLANCE CLINIQUE :
 Pouls, TA, chaleur des extrémités, temps de recoloration (chaque heure
en cas de troubles hémodynamiques).
 Diurèse toutes les heures (doit etre >1ml/kg/h).
 Poids (toutes les 4 heures).
 Signes de DHA.
 Signes de gravité (collapsus, troubles neurologiques).
 Débit de perfusion
B) SURVEILLANCE BIOLOGIQUE :
 Ionogramme sanguin.
 Labstix (bandelettes urinaires).
 NFS avec hématocrite

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