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Items 194-DIARRHEE AIGUE ET DESHYDRATATION

et 302- DIARRHEE AIGUE CHEZ L’ENFANT


(et chez l’adulte*) (avec le traitement)

Objectifs pédagogiques :
- Diagnostiquer une diarrhée aiguë chez le nourrisson et chez l’enfant
- Diagnostiquer une déshydratation aiguë chez le nourrisson et chez l’enfant
- Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge
- Devant une diarrhée aiguë chez l'enfant ou chez l'adulte, argumenter les
principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens
complémentaires pertinents.
- Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi de l'évolution

Auteur
Anne BRETON (breton.a@chu-toulouse.fr)
Version 2008

Diarrhée aiguë en bref


Pays industrialisés :
- Surtout avant 18 mois
- Fréquente = 2ème motif de consultation après infections des voies aériennes
supérieures
- Etiologie le + souvent virale
- Evolution habituellement bénigne mais parfois sévère surtout < 3 mois
- Risque majeur = déshydratation

Pays de niveau socio-économique faible:


- Incidence plus élevée
ère
- 1 cause de mortalité infantile

!!! Diarrhée aiguë = peser !!!

Déshydratation = urgence vitale

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PLAN

1. DEFINITIONS
2. DIAGNOSTIC
2.1. Interrogatoire et carnet de santé
2.2. Examen clinique
2.2.1. Rechercher des signes de gravité
2.2.2. Evaluer le degré de déshydratation
2.2.3. Examen somatique complet
2.3. Examens paracliniques
3. ETIOLOGIES
3.1. Etiologie des déshydratations
3.2. Etiologie des diarrhées aiguës
3.2.1. Virales
3.2.2. Bactériennes
3.2.3. Autres
4. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
5. EVOLUTION
6. TRAITEMENT
6.1. Réhydratation
6.2. Réalimentation
6.3. Traitements médicamenteux
6.4. Surveillance
6.5. Prévention

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1. DEFINITIONS

♦ Diarrhée aiguë : augmentation brutale de la fréquence et du volume des selles depuis moins de
3 jours.
Témoigne d’une perte excessive d’eau et d’électrolytes dans les selles par altération des processus
de sécrétion ou d’absorption hydro-électrolytiques par la barrière intestinale.
Intestin : rôle physiologique de maintien de l’équilibre hydroélectrolytique de l’organisme

A savoir
Transit normal
Différent selon l’âge et l’alimentation de l’enfant :
- Nourrisson :
o Allaitement maternel = 1 selles molle, grumeleuse,
jaune d’or après chaque tétée
o Allaitement artificiel = 2 à 3 selles pâteuses /j
o Alimentation diversifiée = 1 à 2 selles/j
- Enfant plus grand : ≥ 2 selles/semaines

♦ Déshydratation aiguë : déficit en eau et en électrolytes, conséquence d’un déséquilibre entre


les entrées et les sorties.
C’est une complication assez fréquente chez le nourrisson, potentiellement grave du fait de
sa rapidité d’installation.

2. DIAGNOSTIC

2.1. Interrogatoire et carnet de santé


- Poids antérieur : dernier poids noté et courbe de croissance
- Symptômes
o Date de début
o Fréquence, aspect et abondance des selles
o Signes associés : vomissements, douleurs abdominales, fièvre, anorexie,
éruption
- Alimentation
- Contexte
o Notion de gastro-entérite dans l’entourage
o Pathologie digestive antérieure
o Notion de voyage à l’étranger récent
o Antibiothérapie récente
o Milieu sociofamilial : important pour la prise en charge ultérieure

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2.2. Examen clinique

2.2.1. Rechercher des signes de gravité

- Retentissement hémodynamique
Troubles hémodynamiques = urgence médicale

o 1 signe très informatif = allongement du temps de recoloration cutanée (TRC)


> 3 secondes
o Tachycardie +++: d’apparition précoce chez le nourrisson
o Etat d’agitation puis troubles de la conscience
o Marbrures et extrémités froides
o Oligurie
o Signe plus tardif : hypotension

- Age < 4 mois


- Ballonnement abdominal : risque de 3ème secteur
- Perte pondérale > 10 % à moduler en fonction de la durée de la diarrhée

Ne sont pas des critères de gravité : les vomissements, la couleur des selles, l’existence
d’une hyperthermie

2.2.2. Evaluer le degré de déshydratation

Chez l’enfant = PERTE DE POIDS EXPRIMEE EN % +++ (poids actuel/dernier poids connu)
L’estimation clinique de la perte de poids permet de classer la déshydratation en :
- Déshydratation modérée : < 5 % : peu ou pas de signe
- Déshydratation moyenne : entre 5 % et 10 % : signes cliniques sans collapsus
- Déshydratation sévère : entre 10 % et 15 % : tachycardie en + des autres signes de
déshydratation
- Déshydratation grave : ≥ 15 % : choc hypovolémique

Chez l’enfant les signes de déshydratation extra- et intracellulaire sont souvent associés et ont peu
d’intérêt pratique

Déshydratation extracellulaire Déshydratation intracellulaire


Troubles hémodynamiques : tachycardie, Soif
hypotension, oligurie
Persistance du pli cutané Sécheresse des muqueuses
Yeux cernés, creux Fièvre
Fontanelle déprimée Troubles de la conscience

Ces signes sont parfois difficiles à apprécier chez l’enfant pléthorique ou à l’inverse dénutri.

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2.2.3. Examen somatique complet
- Abdomen
Rechercher un ballonnement abdominal, des signes évocateurs d’une autre
étiologie qu’une diarrhée infectieuse : défense, étranglement herniaire,
masse…. Tout irritation péritonéale peut accélérer le transit chez le
nourrisson.
- Rechercher un foyer infectieux extradigestif
- Evaluer l’état nutritionnel : évoquer une diarrhée chronique débutante en
cas de dénutrition.
- entre 4 mois et 4 ans :périmètre brachial/périmètre crânien (PB/PC) ≥ 0.30

2.3. Examens paracliniques

Quelques principes :
- Aucun examen n’est nécessaire pour décider de la prise en charge initiale
- Après décision de perfusion : gazométrie + ionogramme sanguin uniquement
- En cas de diarrhée invasive : CRP + NFS-plaq + hémoc + copro
- La virologie des selles n’a qu’un intérêt épidémiologique !
- Labstix en cas de fièvre
- Pas d’ASP systématique sauf vomissements bilieux (verts)

2.3.1. Gazométrie
• Acidose métabolique : ↓ réserve alcaline ou HCO3, ↓ Base excess (BE)
• Secondaire une perte accrue de HCO3- par diarrhée ou tubulopathie

2.3.2. Ionogramme sanguin

• Natrémie : reflet de l’osmolalité et de l’état d’hydratation intracellulaire


- Normonatrémie (80 % des cas)
- Hyponatrémie : très peu fréquente
Apport d’eau sans sodium (eau minérale) lors d’une diarrhée
- Perte excessive (vomissements importants, mucoviscidose)

Un peu de physiopathologie
- Déshydratation ISOTONIQUE : perte en eau = perte en Na
Natrémie comprise entre 130 et 150 mmol/l – osmolalité du secteur extracellulaire normale
→ déshydratation à prédominance extracellulaire
- Déshydratation HYPERTONIQUE : perte en eau > perte en Na
Natrémie > 150mmol/l - osmolarité extracellulaire > osmolarité intracellulaire
→ déshydratation à prédominance intracellulaire
- Déshydratation HYPOTONIQUE : perte en Na > perte en eau
Natrémie < 130 mmo/l – osmolarité extracellulaire < osmolarité intracellulaire
→ déshydratation extracellulaire

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• Kaliémie
- Hyperkaliémie si insuffisance rénale et/ou acidose, insuffisance
surrénale
- Hypokaliémie si pertes importantes (vomissements).
• Protidémie due à hémoconcentration
• Glycémie
- Fréquente dans les déshydratation sévère
- Vérifier sa correction spontanée après réhydratation, sion penser au
diabète
• Chlorémie
- Généralement suit les mouvements du Na.
- Les vomissements répétés entraînent une perte importante ⇒
hypochlorémie + alcalose métabolique.

2.3.3. Ionogramme urinaire


• A faire si :
- Déshydratation inexpliquée : permet de diagnostiquer un tubulopathie,
uns insuffisance surrénale (perte de sel initiale: Na > 30mmo/l)
- Insuffisance rénale : différencie caractère fonctionnel du caractère
organique

2.3.4. Coproculture
• Indications =
- Diarrhée invasive
- Retour d’Outre mer
- Diarrhée chez l’immunodéprimé
- Diarrhée persistante (> 5 jours)

2.3.5. Autres examens


• En fonction de la clinique : ECBU, ponction lombaire, radio thoracique

3. ETIOLOGIE

3.1. ETIOLOGIE DES DESHYDRATATIONS

3.1.1. Augmentation des pertes

Pertes normales =
- Digestives = 5 à 10 ml/kg/j
- Rénales = 50 à 75 ml/kg/j
- Insensibles = sudorales 0 à 25 ml/kg/j, pulmonaires et cutanée 45 ml/kg/j

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PERTES DIGESTIVES PERTES RENALES PERTES CUTANEES
- Diarrhées aiguës +++ - Diabète sucré - Eczéma étendu
- Vomissements - Diabète insipide néphrogénique - Syndrome de Lyell
- Aspirations digestives mal ou central - Brûlures étendues
compensées - Uropathies malformatives - Exposition à une chaleur
- Stomies digestives mal équilibrées - Tubulopathies excessive
- Diurétiques en excès
- Insuffisance surrénale
- Pseudohypoaldostéronisme
- Hypercalcémie

- L’hyperthermie et l’hyperventilation sont exceptionnellement cause de déshydratation


quand elles sont isolées.
- En revanche l’hyperthermie augmente les pertes cutanées d’environ 1 ml/kg/d° de
température > 37 °et peut donc être un facteur aggravant de déshydratation.

3.1.2. Insuffisance d’apport

- Peu fréquente
- Anorexie, erreur diététique, maltraitance, troubles de la déglutition

3.2. ETIOLOGIE DES DIARRHEE AIGUES

3.2.1. VIRALES +++ : 80 % des cas


- Rotavirus : 80 % des diarrhées aiguës du nourrisson, incubation 2 à 5 j
- Adénovirus, et moins fréquemment entérovirus, astrovirus, calicivirus, coronavirus
- Arguments : . Contexte épidémique, période hivernale
. Selles aqueuses

3.2.2. BACTERIENNES : 10 %

3.2.2.1. Campylobacter jejuni


- Cause bactérienne la plus fréquente dans les pays industrialisés
- Diarrhée ± invasive

3.2.2.2. Escherichia coli


- Différents serotypes : entéropathogène, entérotoxinogène (épidémie dans les
collectivités), entéroagrégant, entéroinvasif (syndrome dysentérique) et
entérohémorragique
- Souche O157 H7 (EC entérohémorragique ) sécrétant une vérotoxine et
responsable de syndrome hémolytique et urémique (SHU)

3.2.2.3. Salmonelle
- Incubation 3 j
- Diarrhée invasive avec signes généraux
- Différentes formes :
. Les + fréquentes : formes non typhoïdiques
. Salmonella typhi et paratyphi A, B et C : peu fréquentes dans les pays
industrialisés

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- Risque de localisations extradigestives chez le nourrisson : bactériémie fréquente,
septicémie, méningite, ostéoarthrite

3.2.2.4. Shigelle
- Diarrhée invasive typique
- 4 espèces : S. sonnei (la plus fréquente dans les pays industrialisés), S. dysenteria,
S. flexneri, S. Boydii
- Manifestations associées : convulsions fréquentes
- Parfois responsable de SHU

3.2.2.5. Yersinia
- Manifestations cliniques très polymorphes : diarrhée aiguë parfois invasive,
diarrhée chronique mimant la maladie de Crohn, forme pseudo-appendiculaire,
manifestations extradigestives (érythème noueux, arthralgies).

3.2.2.6. Vibrio cholerae


- Responsable du choléra sous forme endémique ou épidémique dans les pays en
voie de développement
- Diarrhée toxinique aqueuse

3.2.2.7. Staphylocoque doré


- Pathogène sur le tube digestif uniquement par l’intermédiaire d’une toxine :
diarrhée non fébrile quelques heures après ingestion (= toxi-infection alimentaire)

3.2.2.8. Clostridium difficile


- Forme pathogène= sécrétrice d’une toxine
- Colite pseudomembraneuse post-antibiothérapie (surtout β-lactamines)

3.2.2.9. Klebsiella oxytoca


- Colite hémorragique surtout chez l’adulte

3.2.3. AUTRES GERMES

3.2.3.1. Parasites
- Giardia intestinalis ou lamblia
Diarrhée prolongée
- Cryptosporidies
o A rechercher dans les diarrhées de l’immunodéprimé
o Peut être responsable de diarrhée bénigne chez l’immunocompétent
- Entamaeba histolytica

3.2.3.2. Mycoses
- Non à l’origine de diarrhée chez l’immunocompétent

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4. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL

Se pose uniquement pour les diarrhées


- Erreur diététique
- Diarrhée accompagnant une infection extradigestive (ORL et urinaire notamment)
- Diarrhée postantibiothérapie par modification de la flore intestinale
- Diarrhée chronique débutante
- Allergie alimentaire : allergie aux protéines du lait de vache (APLV) notamment chez le
petit nourrisson
- Fausse diarrhée du constipé
- Cause chirurgicale : appendicite du nourrisson, invagination intestinale aiguë (débacle
d’aval)
- Insuffisance surrénale aiguë
- Diarrhée motrice d’origine hormonale : hyperthyroïdie, sécrétion de VIP lors d’un
neuroblastome

5. EVOLUTION

Un retard de diagnostic et/ou de prise en charge peut mettre en jeu le pronostic vital

• Le plus souvent favorable en quelques heures pour la déshydratation et quelques jours pour
la diarrhée aiguë.
o Prévenir les parents que les selles vont demeurer liquides à molles quelques jours
(durée moyenne d’une diarrhée aiguë 3-4 jours)
• Mais déshydratation = risque vital par choc hypovolémique
• Complications à court terme :
o Déshydratation pour les diarrhées aiguës

o Convulsions due à :
- Anomalies de la natrémie ou réhydratation trop rapide sur hypernatrémie ou
hypocalcémie
- Hyperthermie
- Tropisme neurologique de certains germes : shigelle +++

o Rénales dues à la déshydratation : peu fréquentes


- Thrombose des veines rénales
- Nécrose tubulaire aiguë voire nécrose corticale ou papillaire

• Risque de pérennisation de la diarrhée sur terrain débilité avec risque de dénutrition


o Dénutrition préexistante
o Pathologie digestive : maladie de Hirschsprung, résection intestinale …
o Immunodépression
o Drépanocytose

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6. TRAITEMENT
2 règles à respecter :
- Rééquilibration hydro-électrolytique en 24 h
- Maintenir un bon état nutritionnel

Indications de l’hospitalisation
- Troubles de l’hémodynamique
- Perte pondérale > 10 %
- Troubles de la conscience
- Vomissements incoercibles ou réhydratation orale non prise
- Diarrhée profuse sous réhydratation orale (≥ 3 selles/h)
- Syndrome septicémique
- Terrain débilité ou diarrhée franche chez nourrisson < 3 mois
- Doute sur abdomen chirurgical
- Milieu sociofamilial non fiable

6.1. Réhydratation

6.1.1. Déshydratation modérée < 5 %


o Réhydratation orale
- Avec solutés de réhydratation orale (SRO)
 Commercialisation sous forme de poudre en sachet
 Reconstitution identique : diluer 1 sachet dans 200 ml d’eau
 Solutés actuellement disponibles en officine :

Composition/ l ADIARIL ALHYDRATE PICOLITE FANOLYTE VIATOL


Energie (kcal/l) 105 330 360 64 84
Na (mEq) 60 60 60 47 50
K (mEq) 20 20 23 20 24.5
Citrates (mEq) + + + + +
GLUCIDES (g) 26 82.5 90 16.2 20
Dextrine-maltose 0 + + 0 0
Glucose + 0 0 + +
Saccharose + + + 0 0
Osmolarité (/l) 250 200-270 245 240 < 270

- Initialement par petites quantités 10-15 ml tous les ¼ h, en augmentant


progressivement les quantités/prise pour laisser boire à volonté si absence de
vomissements (200-250 ml/kg/j)
- A poursuivre tant que selles liquides
o Surveillance pondérale quotidienne

6.1.2. Déshydratation moyenne entre 5 % et 10 %


o Réhydratation orale
o Si échec hospitalisation pour réhydratation
 Soit par sonde nasogastrique avec SRO en continu
 Soit par voie intraveineuse
o Surveillance poids, paramètres hémodynamiques, diurèse

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6.1.3. Déshydratation sévère > 10 %
o Hospitalisation systématique
o Remplissage vasculaire si collapsus
Avec sérum salé isotonique 10 à 20 mml/kg sur 30 mn
o Réhydratation
o Voie d’abord
 Voie veineuse périphérique
 Si impossible : voie intra-osseuse ou sinus longitudinal postérieur
o Quels apports ?
 Soluté = Glucosé 5% + électrolytes (Na, K, Ca)
 Quantité/ 24 h = Pertes + besoins de base
BESOINS DE BASE :
0-3 mois 150 ml/kg/j
3-6 mois 120-130 ml/kg/j
6-12 mois 100-110 ml/kg/j
≤ 10 kg 100 ml/kg/j
10-20 kg 1000 ml + 50 ml/kg au dessus de 10 kg
20-30 kg 1500 ml + 20 ml/kg au dessus de 20 kg
> 30 kg 2l

 Sodium
Besoins de base en Na = 3 mEq/kg/j
Correction si hyper ou hyponatrémie :
* Hyponatrémie (natrémie < 125 mmol/l):
La correction s’effectue selon la formule :
Quantité de Na en mEq (ou mmol): (130- natrémie) (mEq) x P(kg) x 0.6
En utilisant du NaCl 20 %, la quantité sera passée en intraveineuse lente sur 4 heures, avec
contrôle du ionogramme à l’issue.
* Hypernatrémie (>150 mmol/l): apports de sodium de 5 à 8 mEq/kg/j (d’autant + haut que
natrémie élevée) pour faire diminuer la natrémie progressivement (pas > 1 mEq/l/h).
La correction trop rapide de l’hypernatrémie risque d’entraîner des convulsions par variation
brutale du volume intracellulaire.
La réhydration hydrique doit par ailleurs être conduite de façon plus prudente.

 Potassium
Besoins de base en K = 2-2.5 mEq/kg/j
Il faut attendre l’apparition de la diurèse pour introduire le K+ dans la perfusion si
kaliémie > 5 mEq/l. Les apports seront adaptés avec le ionogramme et la cause de la
déshydratation.

 Bicarbonate de sodium : si pH < 7.20


Quantité calculée selon la formule : Quantité totale de Bina en meq = P(kg) x EB x 0.3

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6.1.4. Surveillance
o Scope cardiorespiratoire + TA
o Diurèse : mise en place à l’arrivée d’une poche à urines
o Poids /12 h
o Conscience
o Biologie : dépend de la sévérité de la déshydratation , des anomalies
métaboliques associées et de son étiologie.

6.1.5. Si anurie après 6 heures de réhydratation


o Réadapter à la hausse les débits de perfusions (sauf si oedèmes)
o Rechercher une complication rénale

6.2. Réalimentation

• Après 4 à 24 h de réhydratation
• Nourrisson
o Allaitement maternel : à poursuivre
o Allaitement artificiel
< 3 mois : utilisation d’hydrolysats poussés sans protéines du lait de vache
(sans PLV) pendant plusieurs semaines
> 3 mois : alimentation normale dès 6 à 24ème h en évitant les aliments
laxatifs, c’est à dire reprise du lait antérieur

• Enfant plus grand : alimentation normale légère dès 6 à 24ème h en évitant les
aliments laxatifs
• Cas particuliers : diarrhées prolongées
o Essayer un lait sans lactose dans l’hypothèse d’une intolérance secondaire au
lactose

Hydrolysats poussés (dits « lait sans Laits sans lactose


PLV », sont aussi sans lactose)
Nutramigen Enfamil O-lac
Galliagène progress AL110
Peptijunior Diargal
Prégestimil Nutriben sans lactose
Alfaré Diarigoz
Nutriben APLV
Novalac allernova

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6.3. Traitements médicamenteux

Souvent inutiles hormis les antithermiques

6.3.1. Antibiotiques
 Indications réduites même au cours des diarrhées bactériennes
 Indications formelles :
- Diarrhée invasive à shigelle ou salmonelle majeure (typhi ou paratyphi)
- Hémocultures positives
- Syndrome toxi-infectieux sévère
- Diarrhée mal tolérée sur terrain débilité
 Les autres indications dépendent du contexte
Le seul germe imposant un traitement antibiotique dans tous les cas = shigella

 Quel antibiotique ?
- Céphalosporine de 3ème génération (C3G) :shigelle, salmonelle
- Macrolide : campylobacter jejuni
- Métronidazole : giardiase
- Vancomycine per os : clostridium difficile producteur de toxine

6.3.2. Traitements symptomatiques intestinaux

!!! A ne jamais prescrire seuls dans les diarrhées du nourrisson mais toujours avec un SRO
Il est plus important que l’enfant se réalimente plutôt qu’il prenne des molécules qui ne vont
pas bouleverser l’évolution naturelle de la diarrhée aiguë

 Acétorphan (Tiorfan) : antisécrétoire par effet inhibiteur des


enképhalinases, diminue le débit des selles mais intérêt dans les diarrhées
aiguës du nourrisson discuté.
 Lopéramide (Imodium) : contre-indiqué chez l’enfant < 2 ans
 Smectites (Smecta  … ) : efficace dans les douleurs abdominales de colites
(diarrhées invasives) et améliore la consistance des selles.

6.3.3. Traitements adjuvants

• Ferments lactiques et apparentés : intérêt dans les diarrhées aiguës du nourrisson


discuté.

6.3.4. Antiseptiques

 Inutiles dans les diarrhées des pays industrialisés

6.4. Surveillance

- Surveillance de la réhydratation (cf ci-dessus)


- Peser quotidienne tant que les selles sont liquides.

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- Conseiller une nouvelle consultation en cas de diminution de la diurèse, de troubles du
comportement ou de modification de la symptomatologie.

6.5. Prévention

- Hygiène collective et alimentaire


- Prévention des diarrhées nosocomiales
- Vaccin antirotavirus
o 2 vaccins commercialisés : Rotateq (3 doses) et Rotarix (2 doses)
o Administré par voie orale
o Indications : nourrisson à partir de 6 semaines
o Efficace pour diminuer de façon significative les formes sévères

Rappels physiopathologiques propres à l’enfant :


L’eau est l’élément quantitativement le plus important de l’organisme.
Sa répartition dans les différents secteurs liquidiens varie de façon très importante au cours des 1ers
mois de vie.
L’eau totale représente :- 85 % du poids chez le prématuré de 28 semaines d’âge gestationnel
- 75 % chez le nouveau-né à terme
- 65 % à 1 an
- 60 % chez l’adulte
Le secteur intracellulaire change peu avec la croissance : 35 % du poids à la naissance et 40 % chez
le nourrisson et l’adulte.
Le secteur extracellulaire varie considérablement, surtout dans les 1ers mois de vie : 45 % du poids
chez le nouveau-né, 35 % à 6 mois, 25 % à 1 an et 20 % à partir de 3 ans, proportion qui reste stable
jusqu’à l’âge adulte.
… et communs avec l’adulte :
Les mouvements d’eau suivent les gradients d’osmolarité croissante, l’osmolarité étant
principalement due à la concentration en NaCl. Une formule permet d’apprécier l’osmolarité :
osmolarité = natrémie x 2 + glycémie + urée (paramètres exprimés en mmol/l)

Eau totale de l’organisme

Eau intracellulaire Eau extracellulaire

E. interstitielle E. plasmatique
285 mOsm/kg d’eau

membrane membrane
cellulaire capillaire

Répartition schématique de l’eau totale de l’organisme en différents


secteurs
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