Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
http://france.elsevier.com/direct/EMCMED/
MOTS CLÉS Résumé Les syndromes inflammatoires sont fréquents et souvent prolongés chez le sujet
Vitesse de âgé. Ils sont définis par l’augmentation de la vitesse de sédimentation et par l’élévation
sédimentation ; des protéines de l’inflammation, en particulier la C reactive protein. Le plus souvent, le
C protéine réactive ; diagnostic étiologique est évoqué cliniquement, mais il faut parfois avoir recours à des
Infections ;
examens complémentaires. Les examens invasifs doivent être évités s’ils ne sont pas
Cancers ;
Maladies indispensables à l’établissement du diagnostic. Les pathologies les plus fréquemment
inflammatoires retrouvées au cours de l’exploration d’un syndrome inflammatoire sont : les maladies
infectieuses, inflammatoires, tumorales et vasculaires. En l’absence de diagnostic étio-
logique, devant un syndrome inflammatoire prolongé, un traitement d’épreuve peut être
discuté.
© 2004 Publié par Elsevier SAS.
Abstract Inflammatory syndromes are more frequent and extended in elderly people.
KEYWORDS
Erythrocyte Erythrocyte sedimentation rate, inflammatory protein and particularly the C-reactive
sedimentation rate; protein are the most important biological parameters of its definition. Most often, clinical
C reactive protein; examination leads to etiological diagnosis, but further investigations are sometimes
Infectious diseases; necessary. If not essential, invasive investigations should be limited. The most frequent
Cancer; etiological diagnoses are: infectious or inflammatory diseases, cancers and vascular
Inflammatory disease pathologies. Therapeutic testing may be tried in extended inflammatory syndrome
without etiological diagnosis.
© 2004 Publié par Elsevier SAS.
Généralités sur la réaction et des facteurs hormonaux. Son but est de limiter
inflammatoire les effets de l’agression sur les tissus cibles. Le
vieillissement touche le système immunitaire et
La réaction inflammatoire constitue une ligne de entraîne une dysrégulation de celui-ci. Il en résulte
défense non spécifique de l’organisme, en réponse une altération du système immunitaire spécifique,
aux diverses agressions (infectieuses, trauma- en particulier de l’immunité à médiation cellulaire,
tiques, tumorales...). Elle est constituée d’un alors que l’immunité non spécifique semble relati-
ensemble complexe de réactions locales et systé- vement préservée (les capacités phagocytaires sont
miques mettant en jeu des cytokines, des lympho- longtemps conservées). Ce déséquilibre entre im-
kines, des phagocytes, le système du complément munité spécifique diminuée et immunité non spéci-
fique conservée explique la fréquence des syndro-
* Auteur correspondant. mes inflammatoires (SI) prolongés chez le sujet
Adresse e-mail : r-durant@chu-montpellier.fr (R. Durant). âgé.
1762-4193/$ - see front matter © 2004 Publié par Elsevier SAS.
doi: 10.1016/j.emcmed.2004.12.003
Syndrome inflammatoire chez la personne âgée 285
trouver son étiologie. La présence d’un SI doit • Examen vasculaire : palpation et auscultation,
toujours être considérée comme pathologique alors signes de phlébite.
que l’élévation isolée de la VS ne l’est pas toujours • Examen urogynécologique : touchers pelviens,
(erreur technique, obésité...). Il peut être décou- examen des seins et des organes génitaux.
vert au cours de l’exploration d’un symptôme ou • Poids, taille, index de masse corporelle
d’une pathologie ou bien il peut être l’élément (poids/taille2) : pour rechercher une dénutri-
révélateur de la maladie. L’interrogatoire, l’exa- tion.
men clinique et les examens complémentaires vont • Pression artérielle, pouls, température.
permettre d’appréhender une étiologie.
Examens complémentaires
Interrogatoire
Si l’interrogatoire et l’examen clinique ne permet-
Certains éléments de l’interrogatoire sont à recher- tent pas de faire un diagnostic, il faudra réaliser
cher systématiquement. des examens complémentaires. Ceux-ci seront
• Âge, origine ethnique et géographique. orientés par les données de l’interrogatoire et de
• Antécédents personnels et familiaux. l’examen clinique.
• Habitudes : tabagisme, alcool, alimentaire (fro-
mages frais, fruits de mer...). En première intention
• Présence d’animaux. • Hémogramme, taux de prothrombine (TP),
• Allergies médicamenteuses ou alimentaires. temps de céphaline activé (TCA).
• Toutes les prises de médicaments (attention à • VS, CRP, fibrinogène, (procalcitonine ?).
l’automédication). • Électrophorèse des protéines.
• Profession. • Hémocultures systématiques surtout en cas de
• Vaccinations. fièvre, d’hypothermie ou de frissons.
• Soins dentaires. • Transaminases, phosphatases alcalines, cGT.
• Voyages récents. • Créatine phosphokinase (CPK), lacticodéshydro-
• Circonstances de découverte du SI. génase (LDH).
• Calcémie, albumine, protides.
Examen clinique • Ionogramme sanguin, urée et créatinine plasma-
tiques.
Il doit être complet et systématique. • Bandelette urinaire + /- examen cytobactériolo-
• Palpation des artères temporales. gique des urines (ECBU).
• Examen de la cavité buccale (état dentaire et • Protéinurie/24 heures.
gingival + +). • Radio du thorax et des sinus.
• Examen cutané : érythème, ulcère, escarre, • Panoramique dentaire.
purpura, livedo, Raynaud. • Échographie abdominale et pelvienne.
• Examen des phanères : hippocratisme digital, • Échodoppler veineux des membres inférieurs.
ongles blancs. • Électrocardiogramme (ECG).
• Examen des muqueuses : aphte, mycose, syn- • Intradermoréaction (IDR) tuberculine 10 UI.
drome sec, lésion ulcérée.
• Examen de la thyroïde : nodule, goitre. En l’absence de diagnostic
• Examen ORL : palpation des sinus, conduits Plusieurs examens pourront être proposés en se-
auditifs, oropharynx. conde intention en fonction des hypothèses étiolo-
• Examen ophtalmologique : syndrome sec, kéra- giques.
tite. • Recherche de bacilles de Koch (BK) dans les
• Examen des aires ganglionnaires : ganglion de crachats ou par tubage gastrique (trois tubages
Troisier. le matin à jeun) ou par fibroscopie.
• Examen thoracoabdominal : souffle cardiaque, • Scanner thoraco-abdomino-pelvien.
vasculaire, pulmonaire, foyer, épanchement • Scanner cérébral.
pleural ou abdominal, hépatosplénomégalie, • Angioscanner spiralé thoracique.
souffle abdominal, masse. • Mammographie.
• Examen ostéoarticulaire : arthrite, syndrome • Échocardiographie.
rachidien, mobilité articulaire passive et active. • Fibroscopie bronchique.
• Examen neuromusculaire : déficit sensitivomo- • Fibroscopie œsogastrique et coloscopie.
teur, syndrome méningé, myalgies, anomalies • Biopsie des glandes salivaires accessoires.
des réflexes. • Biopsie d’artère temporale.
288 R. Durant et al.
• La polyarthrite rhumatoïde est parfois séronéga- thies. La présence d’une VS très élevée dans les
tive et les douleurs articulaires peuvent se limi- tumeurs solides pourrait être un indice de gra-
ter à des arthralgies sans véritables arthrites. En vité, car plus souvent associée avec une diffu-
cas de gonflement œdémateux du dos des mains sion métastatique.
et des pieds, on peut évoquer le diagnostic de • La pathologie inflammatoire représente 20 à
RS3PE ou polyarthrite du sujet âgé qui guérit 25 % des cas, regroupant des affections très
habituellement sous corticoïdes. diverses (maladies systémiques, pathologie
• Les thyroïdites auto-immunes sont fréquentes et thrombotique...). Après 65 ans, il faut
augmentent avec l’âge. Elles s’accompagnent le rechercher systématiquement une maladie de
plus souvent d’une hypothyroïdie. Au stade ini- Horton.
tial, les hormones thyroïdiennes peuvent être • Les causes indéterminées sont assez rares ; lors-
normales et seuls les anticorps anti-TPO peu- que le diagnostic peut être fait ultérieurement,
vent être élevés. les connectivites et rhumatismes inflammatoi-
• La périartérite noueuse, la sclérodermie, la ma- res sont le plus souvent en cause.
ladie de Wegener et la maladie lupique sont
rares et souvent de diagnostic difficile.
2. Hachulla E, Flipo RM, Hatron PY, Devulder B. Vitesse de 5. Sharland DE. Erythrocyte sedimentation rate: the normal
sédimentation. In: Maladies inflammatoires. Paris: range in the elderly. J Am Geriatr Soc 1980;28:
Masson; 1993. p. 11–7. 346–8.
3. Piva E, Sanzari MC, Servidio G, Plebani M. Length of sedi- 6. Chirouze C, Schuhmacher H, Rabaud C, Gil H, Khayat N,
mentation reaction in undiluted blood (erythrocyte sedi- Estavoyer JM, et al. Low serum procalcitonin level accu-
mentation rate): variation with sex and age and reference rately predicts the absence of bacteremia in adult patients
limits. Clin Chem Lab Med 2001;39:451–4. with acute fever. Clin Infect Dis 2002;35:156–61.
4. Griffiths RA, Good WR, Watson NP, O’Donnell HF, Fell PJ, 7. Patri B, Margara JP, Loison F, Dubrisay J. Vitesse de
Shakespeare JM. Normal erythrocyte sedimentation in the sédimentation et cas particulier des vitesses de sédimen-
elderly. BMJ 1984;289:724–5. tation très élevées. Concours Med 1980;102:4265–9.