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M.

REGUIG

INSTITUT NATIONAL DE FORMATION SUPERIEURE PARAMEDICALE DE


CONSTANTINE

SERODIAGNOSTIC DE LA POLYARTHRITE
RHUMATOÏDE

Année pédagogique 2022-2023


Plan

I-Rappel

II-Méthodes sérologiques utilisées pour le diagnostic


Sérodiagnostic de la polyarthrite rhumatoïde

I- Rappel

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire, auto-immune, chronique


caractérisée par des érosions osseuses progressives et une destruction des cartilages
articulaires. C’est le rhumatisme inflammatoire chronique le plus fréquent ; sa prévalence est
estimée à 0,8-1 % de la population générale. En l’absence de traitement, son évolution se
caractérise par la survenue de déformations articulaires sévères et douloureuses touchant
surtout les mains et les pieds avec une impotence fonctionnelle croissante. De plus, la qualité
de vie des malades est altérée de manière progressive et sévère.

II- Diagnostic

Le diagnostic de la PR est basé sur l’association de plusieurs critères cliniques, biologiques et


radiologiques, tels qu’ils sont définis par l’American College of Rheumatology.

Les principaux facteurs utilisables pour diagnostiquer la PR sont :

1- Les facteurs rhumatoïdes (FR), c’est-à-dire des auto-anticorps IgA, IgG ou IgM
dirigés contre la partie Fc des IgG.

a) Les méthodes de détection des facteurs rhumatoïdes

Actuellement, en France, les réactions d’agglutination ne sont plus recommandées car leurs
performances sont insuffisantes et il s'agit de techniques manuelles peu fiables. Les
recommandations HAS 2007 sont d'utiliser l'ELISA ou la néphélémétrie.

➢ Waaler Rose
C’est une technique d’hémagglutination passive utilisant des hématies de mouton
recouvertes d’Ig de lapin anti-hématies de mouton. Elle nécessite la réalisation d’un
témoin avec des hématies non sensibilisées pour éviter les faux positifs dus aux
hétéroanticorps.

➢ Latex
C’est une technique d’agglutination de particules recouvertes d’Ig humaines. De réalisation
facile sur lame, elle devra être associée à une autre technique car sujette à des faux positifs.

➢ Néphélémétrie
Elle mesure l’intensité de la lumière dispersée par le complexe formé de particules de
polystyrène sensibilisées et de facteurs rhumatoïdes.

Les immunoglobulines fixées sur le polystyrène peuvent être d’origine humaine, animale ou
constituées d’un mélange. C’est une technique automatisable, reproductible, linéaire, sensible
qui, grâce à la forte dilution du sérum, s’affranchit de certaines interférences.
Un faisceau lumineux monochromatique de grande intensité est émis par un tube plasma laser

➢ Turbidimétrie

Elle s’appuie sur un principe proche de la néphélémétrie mais mesure la lumière transmise.
Elle est un peu moins sensible mais a l’avantage d’être adaptable sur certains automates de
biochimie.

➢ Technique ELISA
Des immunoglobulines G (humaines ou animales) sont fixées sur une microplaque. La
présence de facteurs rhumatoïdes se traduira par une réaction colorée proportionnelle à leur
taux. L’ELISA a les mêmes avantages que la néphélémétrie avec un petit plus en terme de
sensibilité et de spécificité ; elle permet également la détermination des isotypes. Les facteurs
rhumatoïdes de classe IgM sont les mieux corrélés à la PR.

NB : Les facteurs rhumatoïdes (FR) recherchés dans le sérum comme marqueur biologique
présentent de nombreux inconvénients tels :

• un défaut de spécificité : on les retrouve dans d’autres maladies auto-immunes, mais aussi
dans des maladies infectieuses et des hémopathies malignes voire encore dans des situations
normales ;

• un défaut de sensibilité : plus particulièrement dans les PR débutantes, dans lesquelles le FR


est souvent absent durant la première année d’évolution de la maladie.

2- Les anticorps anti-CCP (antipeptides cycliques citrullinés)

Les anti-CCP sont des Ac qui reconnaissent des épitopes « citrullinés » qui apparaissent sur
diverses protéines (filaggrine, fibrine, collagène etc.) du tissu synovial inflammatoire par suite
de la transformation de leurs résidus arginyl en résidus citrullyl. Cette transformation est
catalysée par des enzymes à activité peptidyl-arginine désiminases (PAD). Ces enzymes sont
présentes dans les granulocytes « polynucléaires » et les monocytes, et sont particulièrement
abondantes en cas d’inflammation au niveau synovial.

NB : La citrullination est un processus lié à l’inflammation, donc retrouvé dans la PR, mais
également dans d’autres rhumatismes inflammatoires. En revanche, la production d’autoanti-
corps dirigés contre ces protéines citrullinées est spécifique de la PR, et serait favorisée par
différents facteurs, dont certains génétiques, liés au HLA : les haplotypes HLA-DR1 et DR4,
en particulier les allèles HLA-DRB1*0401, DRB1*0404 et DRB1*0101, sont associés à un
risque élevé de PR.
a)Les méthodes de détection des anti-CCP

Test ELISA (CCP2) de deuxième génération. Un test qui utilise non plus un peptide citrulliné
comme dans le test de première génération, mais plusieurs peptides citrullinés.

Conclusion

Les anticorps anti-CCP (2e génération) représentent donc un marqueur diagnostique très
informatif dans la PR. En association avec le dosage des FR et la recherche des sous-types
HLA-DR1 et HLA-DR4, ils permettent au clinicien de diagnostiquer la PR et d’en définir la
sévérité.

Une prise en charge précoce (traitement symptomatique et traitement de fond) permettra de


limiter les destructions articulaires. À côté des anti-inflammatoires, l’arsenal thérapeutique
s’est enrichi avec la disponibilité des biothérapies comme les anticorps monoclonaux anti-
TNF-α (Etanercept®, Infliximab®), l’inhibiteur de l’interleukine-1, et de nouveaux
immunomodulateurs comme le leflunomide (Arava®).

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