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LEUCÉMIES AIGUËS

Place de la cytométrie en flux dans le diagnostic


et le suivi des leucémies aiguës
Marie-Christine Béné a,*, Francis Lacombeb

RÉSUMÉ SUMMARY
L’immunophénotypage est devenu une étape incontournable du dia- Flow cytometry in the diagnostic work-up and
gnostic des leucémies aiguës, complément indispensable de l’examen follow-up of acute leukemia
morphologique des cellules au microscope. Il permet de confirmer la Immunophenotyping has become a mandatory step
lignée cellulaire engagée dans le processus leucémique, et de préciser in the diagnosis of acute leukemias, together with
le stade de blocage des blastes dans leur différenciation. Ces éléments cytomorphologic microscopic examination. It allows
conditionnent en partie la prise en charge des patients, subordonnée un to definitely assess the lineage involved in the leuke-
peu plus tard aux caractéristiques cytogénétiques et moléculaires de la mic process and to precise the stage of blast cells
tumeur. La réalisation et l’interprétation correctes de la cytométrie en flux maturation blockade. These features condition in part
appliquée aux leucémies aiguës impliquent une bonne connaissance patients’ management, later also influenced by data
des marqueurs utilisables et de leur expression dans la moelle normale. from cytogenetics and molecular analyses. Proper
Ces données ont longtemps été fragmentaires mais sont désormais de performance and interpretation of flow cytometry
mieux en mieux établies, facilitant le diagnostic initial. L’impact des ano- applied to acute leukemias implies solid knowledge of
malies immunophénotypiques sur le pronostic a pratiquement disparu the markers available and their expression in normal
avec les progrès thérapeutiques, même si l’identification formelle de la bone marrow. These features, long only sparse, now
lignée en cause reste indispensable. Cependant, alors que les critères de tend to be better and better established, facilitating
corticosensibilité précoce (pour les leucémies aiguës lymphoblastiques) the initial diagnosis. The prognostic impact of immu-
et de chimiosensibilité initiale prennent une importance croissante dans la nophenotypic anomalies has almost disappeared
littérature récente, la cytométrie en flux est en mesure d’occuper une place with the progress of therapies, even if definite lineage
majeure tant pour le suivi des traitements d’induction que pour la mesure assessment remains fundamental. However, since cri-
de la maladie résiduelle aux différentes étapes de la prise en charge des teria of early corticosensitivity (for acute lymphoblas-
patients. Cette revue générale aborde successivement l’ensemble de ces tic leukemias) and of initial chemosensitivity appear
problématiques. to be of growing importance in the recent literature,
flow cytometry is likely to gain a major place for the
Cytométrie en flux – leucémies aiguës – diagnostic – maladie résiduelle.
follow-up of induction therapies as well as for minimal
residual disease assessment at the various treatment
1. Introduction checkpoints. This review addresses all these issues.

Flow cytometry – acute leukemias – diagnosis –


Le diagnostic d’une leucémie aiguë est évoqué lors de la
minimal residual disease.
mise en évidence de cellules blastiques à l’examen mor-
phologique d’un frottis de sang ou de moelle, dans un
contexte d’hyperleucocytose ou au contraire de cytopénie périphérique, avec ou sans syndrome tumoral ou autres
manifestations cliniques évocatrices. Sur le plan physiopa-
thologique, il s’agit d’une expansion tumorale de cellules
a Service d’hématologie biologique
hématopoïétiques bloquées dans leur différenciation à un
Centre hospitalier universitaire de Nantes
stade précoce de maturation [1]. Les progrès constants dans
Hôtel-Dieu
la compréhension de ces pathologies ont permis de mettre
9, quai Moncousu
44093 Nantes cedex 1
en évidence les très nombreuses anomalies moléculaires
associées à cette prolifération, dont certaines constituent
b Service d’hématologie biologique
des facteurs pronostiques importants à prendre en compte
Centre hospitalier universitaire de Bordeaux dans la prise en charge des patients [2].
Hôpital Haut-Levêque Les étapes initiales du diagnostic requièrent cependant
Avenue Magellan l’identification de la lignée cellulaire en cause, et reposent
33604 Pessac cedex sur l’examen morphologique et la caractérisation immu-
nophénotypique des cellules blastiques. Ces résultats
* Correspondance peuvent être obtenus en quelques heures et guider rapi-
mariechristine.bene@chu-nantes.fr dement les décisions thérapeutiques. La réalisation de
nombreux essais cliniques a permis d’effectuer de grands
article
ti l reçu le
l 9 janvier,
j i accepté té le
l 26 janvier
j i 2015 progrès pour l’obtention d’une rémission complète de
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et/ou la transplantation de cellules souches hématopoïé- des transcrits ARNm de CD45 au niveau des trois exons
tiques, conduisant dans un nombre croissant de cas à principaux induit la synthèse, selon les types cellulaires,
une guérison [3, 4]. De plus en plus de travaux montrent de huit isoformes de CD45. Les anticorps anti-CD45 les
que le choix du traitement permettant l’élimination la plus plus utilisés reconnaissent un épitope commun à tous les
rapide possible des cellules leucémiques est un élément isoformes. Le niveau d’expression de CD45, identifié par
crucial permettant de prédire la solidité de cette rémission. ce type d’anticorps, varie selon les sous-populations de
La complexité du processus de tumorigenèse, le plus leucocytes, et permet de différencier rapidement les pro-
souvent responsable de la génération de plusieurs clones géniteurs, les granuleux (polynucléaires), les monocytes
potentiellement leucémiques [5], nécessite cependant un et les lymphocytes.
suivi attentif des patients. L’identification précoce de cel- Les cellules souches hématopoïétiques, totipotentes,
lules d’immunophénotype anormal, ou de l’accumulation douées d’auto-renouvellement et à l’abri dans leur niche
anormale de précurseurs hématopoïétiques bloqués dans ostéoblastique ou endothéliale [9] sont essentiellement
leur différenciation, doit permettre de prévenir le déve- caractérisées par l’expression de la sialoglycoprotéine
loppement de rechutes. Pour l’ensemble de ces étapes, CD34 qui permet de les énumérer lors de leur mobilisation
diagnostic, évaluation de la chimiosensibilité et suivi de à visée de greffe autologue ou allogénique [10]. L’expres-
la maladie résiduelle, la cytométrie en flux, permettant de sion de CD34 signe le caractère immature des blastes
caractériser l’immunophénotype des cellules sanguines d’un clone leucémique. Une identification plus précise du
ou médullaires, est devenue un élément indispensable de contingent de cellules souches associe à la recherche de
la prise en charge des patients [1]. l’expression de CD34 celle de l’absence de CD38, ADP-
ribosyl cyclase membranaire exprimée à un stade plus
2. Immunophénotype tardif de maturation, plus consommateur d’énergie [11].
L’engagement des progéniteurs dans la lignée lymphoïde est
et hématopoïèse la première étape précédant les réarrangements de l’ADN
particulier à ces cellules. Ces réarrangements conduisent
Le développement des anticorps monoclonaux, à la fin à la génération de récepteurs spécifiques d’antigène,
du vingtième siècle, a permis de disposer de quantités B-cell receptor (BCR) ou T-cell receptor (TCR) pour les
importantes de réactifs stables parfaitement spécifiques deux lignées principales, le BCR étant plus tard produit
de déterminants antigéniques (ou épitopes), présents sur sous forme d’immunoglobulines (anticorps) solubles par
des protéines exprimées à la surface ou dans les cellules les plasmocytes, étape ultime de la différenciation B. Avant
eucaryotes dont la majorité étaient précédemment insoup- d’entamer ces réarrangements complexes, les cellules
çonnées. Ces nouveaux outils ont ainsi permis de découvrir « vérifient » leur capacité à exporter le moment venu le BCR
de nombreuses molécules associées à la physiologie cel- ou le TCR, par l’intermédiaire des complexes moléculaires
lulaire dont les caractéristiques, notamment fonctionnelles, CD79 et CD3 respectivement. En pratique, l’expression
ont ensuite été approfondies à l’aide d’autres technolo- intracytoplasmique de CD79a ou de la chaîne epsilon de
gies. L’étude de la génération des cellules sanguines par CD3 signe l’engagement d’une cellule, normale ou leucé-
le processus d’hématopoïèse, déjà bien analysée par les mique, dans l’une ou l’autre lignée lymphoïde [1].
modifications morphologiques associées à l’engagement Pour la lignée B, cette caractéristique est associée à l’ex-
dans les lignées lymphoïde, myéloïde, érythroïde ou pla- pression membranaire de la molécule CD19, dont la portion
quettaire, a considérablement bénéficié de ces progrès. intracytoplasmique contient plusieurs motifs d’activation
Initialement décryptées par l’immunophénotypage des ITAM (immunoreceptor tyrosin-based motif). Les autres
leucémies, les étapes de maturation de l’hématopoïèse antigènes associés à la lignée B qui apparaissent ensuite
continuent d’être disséquées par les outils puissants que sont CD22, CD24 puis CD20. Pendant une phase transi-
représentent les anticorps monoclonaux. Bénéficiant dès toire, les futurs lymphocytes B expriment l’ectopeptidase
le début des années 1980 d’une nomenclature basée sur CD10. Enfin, les étapes du réarrangement des gènes des
la similitude de la spécificité des nombreux clones générés immunoglobulines s’accompagnent dans un premier temps
dans les laboratoires, les anticorps monoclonaux offrent de l’expression cytoplasmique de chaînes lourdes mu puis
actuellement plus de 300 clusters de différenciation ou du transfert à la membrane d’IgM et d’IgD de même spéci-
CD [6] et un grand nombre d’autres molécules peuvent ficité, caractérisant les lymphocytes B naïfs dits « *μδ » [1].
être reconnues par des réactifs hors CD, parmi les milliers Les cellules engagées dans la lignée T expriment en premier
(estimées à 4 à 5 000) de molécules membranaires pouvant lieu la molécule d’adhésion CD7, dans une phase précoce
être codées par le génome humain [7]. Un petit nombre pouvant conduire à un retour vers la lignée myéloïde. Les
de ces antigènes permet de caractériser correctement les antigènes CD2 et CD5 apparaissent ensuite à la surface
étapes de l’hématopoïèse dans une optique diagnostique. des précurseurs T, permettant leur exportation de la moelle
La description au milieu des années 1990 de CD45 comme osseuse vers l’épithélium thymique. L’expression transi-
antigène pan-leucocytaire différenciant ces cellules des toire de CD1, molécule apparentée aux antigènes HLA de
autres types cellulaires a été une avancée considérable [8]. classe I, signe la prolifération corticale des thymocytes.
CD45 est une molécule transmembranaire dont la longue Les gènes des molécules γ et δ du TCR sont les premiers
partie intracytoplasmique possède une activité tyrosine à être réarrangés, sans succès dans la majorité des cas,
phosphatase, ce qui lui confère une activité régulatrice lors permettant l’engagement du réarrangement des gènes α
des phénomènes d’activation cellulaire. La partie extracellu- et β susceptibles de conduire à un TCR fonctionnel porté
laire est fortement glycosylée. De plus, l’épissage alternatif à la membrane par CD3 qui devient détectable à la surface

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LEUCÉMIES AIGUËS

de la cellule. Dans ce cas, après l’expression transitoire 3. Cytométrie en flux


d’un pré-TCR et une sélection sévère ne laissant survivre
que les lymphocytes T ne reconnaissant pas d’antigènes et cellules médullaires
du soi, les lymphocytes naïfs sont prêts à sortir du thy-
mus pour gagner les organes lymphoïdes secondaires. Ils La conjugaison des anticorps monoclonaux à des fluo-
ont au préalable quitté la corticale thymique et exprimé rochromes permet de détecter les cellules sur ou dans
concomitamment les corécepteurs CD4 et CD8 (cellules lesquelles ils se sont fixés en mesurant la lumière émise
doubles positives ou DP), reconnaissant respectivement par chaque fluorochrome après excitation par un faisceau
les cellules présentant des antigènes exogènes ou endo- lumineux de longueur d’onde appropriée. C’est sur ce prin-
gènes sur une molécule de classe II ou de classe I du cipe que repose la cytométrie en flux, qui consiste à repé-
complexe majeur d’histocompatibilité (CMH). La liaison de rer chaque cellule passant dans un flux liquidien devant la
l’un de ces corécepteurs à ces molécules du CMH expri- lumière d’un faisceau laser. Les cytomètres les plus récents
mées sur l’épithélium thymique conduit à la répression de associent au moins trois lasers émettant dans des gammes
l’expression de l’autre. Il s’ensuit la génération de cellules différentes de longueur d’onde. Ils permettent ainsi la mesure
simple positives (SP) dont les deux tiers sont CD4+ et un de 8 à 10 (voire 12 ou 13 pour les plus récents) émissions
tiers CD8+ [12]. lumineuses différentes grâce à des photomultiplicateurs.
La génération de cellules myéloïdes, beaucoup plus Tous les cytomètres en flux (et les autres appareils basés sur
rapide et en beaucoup plus grand nombre que les cel- ce principe comme les automates de numération cellulaire)
lules lymphoïdes, est également moins sophistiquée. mettent à profit les propriétés intrinsèques des cellules à
Le principal marqueur d’immaturité des progéniteurs diffracter la lumière pour mesurer leur taille (diffraction dans
myéloïdes est le récepteur du stem cell factor (SCF), l’axe ou Forward Scatter) et la granularité de leur contenu
appelé c-kit ou CD117, une molécule de la superfa- (diffraction sur les côtés ou Side Scatter). Les deux photo-
mille des immunoglobulines dont la partie intracy- détecteurs recueillant ces valeurs permettent de tracer un
toplasmique a une activité tyrosine kinase. Un autre histogramme biparamétrique déjà très informatif quant à la
marqueur précoce est la myélopéroxydase (MPO), intra- composition d’un échantillon cellulaire. En cas d’envahis-
cytoplasmique et caractéristique des cellules myéloïdes. sement leucémique, la masse des blastes forme un nuage
Les molécules CD33 (homodimère de la superfamille homogène très différent de la combinatoire complexe des
des immunoglobulines) et CD13 (ectopeptidase proche nombreuses sous-populations cellulaires médullaires à
de CD10) sont les deux autres marqueurs définissant divers stades de maturation et de différenciation.
les progéniteurs myéloïdes. Ces deux antigènes de L’utilisation combinée du SSC et d’un marquage par CD45,
différenciation perdurent sur les monocytes alors que mentionné plus tôt pour ses caractéristiques d’antigène
les granuleux perdent progressivement l’expression de
panleucocytaire, permet de dresser ce qui est communé-
CD33. Les étapes ultérieures de différenciation myé-
ment appelé la « cartographie » des leucocytes médullaires
loïde, outre les modifications morphologiques permettant
(figure 1) [16]. Les progéniteurs médullaires, de faible SSC
une bonne reconnaissance des cellules au microscope,
s’accompagnent de l’expression de molécules plus ou
moins partagées par ces différentes formes cellulaires. Figure 1 – Cartographie de la moelle osseuse [16] dans la
Les marqueurs les plus caractéristiques des granuleux représentation CD45 (abscisse) side scatter (SSC, ordonnée).
sont les sucres CD15 (3-fucosyl-N-acetyl-lactosamine)
et CD65 (céramide dodecasaccharide), le récepteur
au Fc des immunoglobulines CD16 et les intégrines,
notamment la chaîne a CD11b des β2 intégrines (CD18).
Les monocytes expriment rapidement CD36 (récepteur de
la thrombospondine également présent sur les progéniteurs
érythroïdes) et CD38. Les monocytes matures expriment
le récepteur au lipopolysaccharide (LPS) CD14, ainsi que
des récepteurs au Fc des immunoglobulines, notamment
CD64 et CD32, FcgRIII, CD16, étant plus caractéristique
des monocytes inflammatoires ou non classiques [13].
À noter que les monocytes utilisent également les inté-
grines pour se déplacer, notamment CD11b.
Les érythroblastes sont caractérisés par l’absence d’expres-
sion de CD45 et la présence membranaire de CD36 et du
récepteur à la transferrine CD71 régulant leurs besoins en
fer. Deux autres antigènes sont utiles pour identifier ces
cellules, l’endogline CD105 et la glycophorine A CD235.
Les stades les plus précoces expriment CD34 et CD117,
qui disparaissent avec la perte de CD45 [14].
La lignée mégacaryocytaire est caractérisée par l’expression
des protéines plaquettaires CD41 (GP IIb), CD42 (Gp Ib) Les granuleux sont colorés en rouge, les monocytes en vert et les lymphocytes en
et CD61 (GPIIIa), associées à CD36 [15]. magenta. La région des progéniteurs, ou « bermudes » apparaît en cyan.

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et exprimant CD45 avec une intensité intermédiaire, sont des échantillons. Il existe en effet de grandes différences
présents dans une région grossièrement triangulaire, entre de composition cellulaire entre les premières gouttes d’une
les granuleux (SSC plus élevé), les monocytes (SSC inter- aspiration médullaire, en général réservées à la réalisation
médiaire et CD45 plus intense) et les lymphocytes (SSC des lames de cytologie, et le reste de la ponction. Le sang
faible et CD45 fort), parfois appelée « bermudes ». En cas médullaire est recueilli sur anticoaglulant pour la cytogé-
de leucémie, cette région est hypertrophiée et s’il existe nétique (sur héparine), la cytométrie en flux et la biologie
des cytopénies associées, les autres compartiments sont moléculaire (sur EDTA). Le volume nécessaire est fréquem-
diminués ou absents. ment dépassé, conduisant à des prélèvements hémodilués
L’informatique associée à la fluidique et aux filtres et photo- moins directement représentatifs de la composition médul-
multiplicateurs des cytomètres permet de discriminer effi- laire. L’isolement électronique des blastes par les stratégies
cacement les sous-populations leucocytaires en combinant de fenêtrage permet dans la grande majorité des cas de
les résultats du marquage des cellules dans une série de fournir une identification qualitative explicite de la popu-
fenêtres électroniques consécutives (on parle de stratégie lation leucémique. Cependant, les grandes capacités de
de fenêtrage). On peut ainsi affiner la définition du compar- la cytométrie en flux à générer des données quantitatives
timent de progéniteurs (bermudes) en associant CD16 et précises (par l’examen de milliers de cellules au lieu des
CD11b pour identifier les granuleux et leurs progéniteurs, 100 ou 200 comptées au microscope) sont inapplicables.
CD11b et CD14 pour identifier les monocytes. Les lympho- Un nombre d’échantillons non négligeable ne souscrit même
cytes sont facilement repérables par leur forte expression plus dans ces conditions aux seuils de blastes (20 à 25 %
de CD45 [16]. Une équation boléenne au sein des cellules des leucocytes) permettant de définir une leucémie selon
vivantes (après exclusion des débris) permet alors de définir les recommandations OMS de 2008 [20].
les progéniteurs comme : « non granuleux et non monocytes Pour avoir l’appréciation la moins biaisée, il est donc impor-
et non lymphocytes », excluant ainsi de la population leu- tant de manipuler l’échantillon le moins possible. La sophis-
cocytaire les formes les plus matures. L’addition à ce panel tication actuelle des panels de cytométrie et des logiciels
de débrouillage de CD19 et CD10 permet de compléter d’analyse n’exige plus l’enrichissement préalable sur gra-
l’analyse en identifiant les progéniteurs B ou hématogones dient de densité longtemps pratiqué. Seule la recherche
dont l’intensité d’expression de CD45 s’accompagne de la des marqueurs intracytoplasmiques demande une étape de
perte de CD10. fixation/perméabilisation qui peut désormais, avec certains
L’immunophénotypage d’une leucémie aiguë demande cette nouveaux réactifs, diminuer voire même se passer même de
première étape afin de ne s’intéresser ensuite qu’aux mar- l’étape de lavage [21]. Pour les marqueurs membranaires,
queurs exprimés ou non par les blastes. Cet exercice peut une simple incubation avec le cocktail d’anticorps choisi,
être relativement simple lorsqu’il existe un envahissement suivi d’une lyse des hématies, suffit pour obtenir des résul-
majeur et monomorphe. Il peut être plus complexe si la leu- tats de qualité. Il existe plusieurs avantages à effectuer cette
cémie coexiste avec une hématopoïèse normale résiduelle technique de « lyse sans lavage » : i) le temps technique
ou si des sous-clones sont identifiables. Il est ainsi important est réduit, au bénéfice du temps d’analyse, ii) la présence
de bien connaître les caractéristiques d’une moelle normale de tous les types cellulaires fournit des contrôles internes
pour repérer ces sous-populations particulières. Cette ana- permettant de se passer de contrôles isotypiques pour
lyse, complexe avec les panels sophistiqués utilisés actuel- déterminer les seuils d’expression positive, iii) la titration
lement, bénéficie des avancées de l’informatique permettant des anticorps pour éliminer les fixations non spécifiques
d’associer des fonctions statistiques telles que l’analyse en permet une économie non négligeable en réactifs, iv) les
composantes principales pour isoler des sous-populations étapes de préparation peuvent être automatisées et enfin,
cellulaires présentes au sein d’un échantillon, l’harmonisation v) la manipulation minimale de l’échantillon permet une
des instruments permettant de se référer à des standards représentation précise des proportions des divers types
et le développement de solutions automatisables [17-19]. cellulaires. En effet, chaque série de lavage et de centri-
fugation modifie la composition de l’échantillon, de façon
4. Cytométrie des leucémies aléatoire d’un patient à l’autre.
Il convient cependant de respecter quelques principes
aiguës au diagnostic simples. L’échantillon doit être correctement anticoagulé,
étape qui revient au préleveur mais doit être vérifiée au
Les objectifs de l’immunophénotypage des leucémies sont i) laboratoire, la présence d’un caillot devant ensuite être men-
de confirmer la lignée hématopoïétique en cause, ii) d’iden- tionnée si sa taille risque d’avoir modifié la composition de
tifier le stade de maturation des blastes, iii) de caractériser l’échantillon. Les fluorochromes récents et les tandems de
des marqueurs pronostiques ou des cibles thérapeutiques fluorochromes sont des réactifs extrêmement sensibles à la
et iv) de préciser les anomalies utiles ultérieurement pour lumière qui doivent être conservés et manipulés de façon à
le suivi de la maladie [1]. les exposer le moins possible aux photons. Les flacons très
Comme pour toute analyse biologique, les conditions pré- opaques des fournisseurs ont été soigneusement choisis à
analytiques sont cruciales pour la qualité des résultats. cet effet. La préparation en amont des panels sous forme
En cas d’envahissement périphérique, l’immunophénotype de cocktails utilisés sur plusieurs jours est possible mais
peut parfaitement être réalisé sur un prélèvement de sang. doit respecter ces conditions de maintien à l’obscurité. La
En revanche, lorsque l’immunophénotypage est effectué lecture au cytomètre doit être effectuée le plus rapidement
sur un prélèvement de moelle osseuse, le premier écueil possible après les marquages, pour ces raisons de sensibi-
auquel sont confrontés les cytométristes concerne la qualité lité à la lumière mais également parce que les cellules non

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fixées ont tendance à internaliser les marqueurs présents


à leur surface (phénomène de capping potentiellement res- Tableau I – Critères immunophénotypiques
ponsable de faux négatifs), surtout si elles sont conservées de classification selon l’EGIL [24].
à température ambiante [22].
Le choix des combinaisons d’anticorps doit tenir compte Il est nécessaire de démontrer à la fois la positivité des blastes
des coexpressions possibles et des fuites de fluorescence pour les marqueurs notés + et leur négativité pour les marqueurs
d’un fluorochrome à l’autre. Ces dernières sont minimi- notés -. L’absence de l’une ou l’autre de ces informations
sées en réalisant des compensations de fluorescence empêche l’application de la classification.
(à l’aide d’outils informatiques sur la base d’une série de
monomarquages). Il faut cependant tenir compte de ce Lignée B
phénomène, en autorisant la fuite d’une population « fille »
cCD79a, CD10 cμ sIg*
sur une population « mère » (par exemple des CD4 sur les CD19, c/
CD3) mais jamais le contraire. Le marquage par CD45 est sCD22
à cet égard le marquage mère par excellence qui ne doit
B-I
interférer avec aucune autre population. Le choix d’un fluo- + - - -
(pro-B)
rochrome excité par le laser violet ou UV est une excellente B-II
solution pour CD45. + + - -
(common)
L’identification de la lignée hématopoïétique en cause peut B-III
+ + + -
être rapidement réalisée avec un panel d’orientation B/T/ (pre-B)
myéloïde. Les meilleurs marqueurs sont les antigènes à B-IV
+ + + +
expression intracytoplasmique CD79a, CD3 et MPO respec- (mature, Burkitt)
tivement, combinés à un marquage de surface par CD45. * La recherche des immunoglobulines de surface peut être remplacée par
Le temps de perméabilisation rallonge un peu la technique celle des chaînes légères intracytoplasmiques qui signe la maturation des
blastes jusqu’au stade du réarrangement des chaînes légères.
et il peut être préféré de réaliser d’emblée un marquage plus
complet. Diverses publications, dont les recommandations
de l’European LeukemiaNet [1] permettent de guider le choix Lignée T
des panels. D’une manière générale il est recommandé cCD3 CD7 CD2, CD1a sCD3/
d’obtenir une positivité pour au moins deux marqueurs CD5, CD1a-
dans une lignée, associée à la négativité des marqueurs CD8
des autres lignées. Il existe toutefois des formes variantes, T-I
+ + - - -
(pro-T ou ETP*)
par exemple les LAL-B ou T les plus immatures expriment
souvent un ou deux antigènes plutôt myéloïdes. Une autre T-II
+ + + - -
(pre-T)
exception est celle des leucémies multi-lignées (MPAL ou
mixed phenotype acute leukemias) qui conjuguent anor- T-III
+ + + + -
(cortical-T)
malement des caractéristiques immunophénotypiques de
plusieurs lignées [20]. Ces formes rares mais graves doivent T-IV
+ + + - +
(mature T)
être identifiées afin d’engager rapidement la recherche
d’un donneur en vue d’une greffe allogénique de cellules
hématopoïétiques [23]. Il est également important, pour les avec des granuleux), associé, en présence de marqueurs
mêmes raisons de gravité, d’identifier les rares formes de myéloïdes, à l’absence d’expression de CD34, d’HLA-DR
leucémies à cellules dendritiques plasmacytoïdes (pDC) et des intégrines de la famille CD11 [1]. Les formes de LAM
n’exprimant que CD4 et la molécule d’adhésion CD56, en à différenciation monocytaire, M4 et M5 de la classification
l’absence de marqueurs de lignée [20]. FAB associent souvent la coexpression d’antigènes mono-
Les LAL peuvent être classées selon l’EGIL [24], qui se calque cytaires comme CD4 ou CD36 [1]. Enfin, il n’est pas rare
sur les étapes de différenciation lymphoïde mentionnées d’observer l’expression atypique du marqueur pan-T CD7
plus haut, et qui est reprise dans le tableau I. sur les formes les plus immatures [1]. Ceci rend possible-
Les LAM pourraient bénéficier prochainement d’une sys- ment compte de l’existence, au cours de l’hématopoïèse
tématisation descriptive plus précise. Les cinq marqueurs normale, de formes transitoires conservant un potentiel de
les plus importants pour caractériser une LAM sont les différenciation vers la lignée T ou la lignée myéloïde. Il n’est
antigènes CD34, CD117, CD33, CD13 et MPO, sachant également pas inhabituel d’observer l’expression d’infidé-
que toutes les combinaisons possibles de coexpression de lités de lignée, certaines cellules de LAM présentant une
ces molécules peuvent être observées. Les formes de LAM positivité indiscutable pour le marqueur pan-B CD19 ou le
caractérisées par une morphologie indifférenciée, l’absence marqueur pan-T CD2 [25] qui n’est pas retrouvée dans la
de marqueurs des lignées lymphoïdes, la présence de mar- moelle normale.
queurs myéloïdes mais l’absence de MPO caractérise les Le compte rendu immunophénotypique doit conclure sur
LAM de différentiation minimale de la classification OMS la lignée et le stade de maturité des blastes. En général,
ou LAM0 [20]. Les caractéristiques cliniques et morpho- le détail des marqueurs exprimés ou non est donné sous
logiques des leucémies promyélocytaires à translocation forme de pourcentage, sachant que dans la majorité des cas
t(15;17) n’imposent pas de réaliser un immunophénotypage. 100 % des blastes expriment ou non un marqueur donné.
Néanmoins, celui-ci est caractéristique, avec un fort SSC Les expressions partielles doivent faire l’objet d’une analyse
des blastes (qui peut les faire confondre en cytométrie attentive pour vérifier ce qui se passe exactement sur les

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cellules blastiques, en particulier s’il reste un degré signifi- la conservation des fichiers d’acquisition et d’analyse de
catif d’hématopoïèse résiduelle. Une technique informatique chaque patient. Ces données « in silico », consultables et
efficace pour cette vérification est de colorer la population réinterprétables à loisir, constituent un outil précieux pour
identifiée et de regarder par « backgating » où elle se loca- comparer au fil du temps l’immunophénotype des cellules
lise dans la cartographie CD45/SSC. Enfin, il est important résiduelles et/ou d’une rechute à celui du diagnostic.
de conserver soigneusement les listmode de diagnostic En théorie, l’absence de détection de cellules présentant
des patients qui sont très utiles pour le suivi de la maladie. l’immunophénotype des blastes initiaux après examen de
100 000 cellules place déjà la maladie résiduelle à une valeur
5. Cytométrie et suivi des leucémies inférieure à 10-5. Il est judicieux de renforcer ce résultat en
comptant 2,5 à 3 x 105 leucocytes, ce qui est parfaitement
Un nombre croissant de publications indique que les étapes compatible avec un examen de routine. Si le panel est bien
précoces de la cortico- et de la chimio-sensibilité sont des caractérisé, un seul tube suffit pour cette détermination et
éléments clés du pronostic des leucémies aiguës. Les le temps d’acquisition est de l’ordre de 10 à 15 minutes.
formes les plus réfractaires doivent conduire à envisager Une matrice d’analyse bien systématisée permet égale-
rapidement une allogreffe de cellules souches hématopoïé- ment de réduire le temps d’analyse, surtout si elle com-
tiques et doivent donc être identifiées le plus tôt possible. bine le marquage du diagnostic et la comparaison avec
La mesure de la fonte des blastes au cours de la période de la moelle normale. À l’inverse, l’apparition rapide d’un
d’induction, dans le sang périphérique de malades atteints nuage de blastes patent autorise à ne pas allonger le temps
de leucémie aiguë myéloblastique, est un examen rapide et d’acquisition. En situation intermédiaire, lorsqu’une petite
robuste qui permet une excellente approche de la chimio- population de l’ordre de 10-4 cellules résiduelles semble se
sensibilité [26]. L’examen de la moelle osseuse entre J8 et dessiner, il est raisonnable d’acquérir un nuage de 20 à 50
J35 selon les protocoles est traditionnellement réalisé en éléments suspects pour conforter le résultat.
morphologie mais peut bénéficier utilement d’une analyse
en cytométrie en flux permettant l’examen d’un bien plus
grand nombre de cellules, en précisant leurs caractéris-
6. Conclusion
tiques [27]. Enfin, la sensibilité de la détection de la maladie
La cytométrie en flux est devenue un outil incontournable
résiduelle en cytométrie en flux en fait un outil précieux aux
du diagnostic des leucémies aiguës, intégré aux examens
seuils décisionnels actuels thérapeutiques se situant entre
de routine de ces maladies. La grande sophistication de
10-3 et 10-4 pour modifier la prise en charge des patients.
cette technique pléomorphe permettant l’identification de
La recherche de la maladie résiduelle en cytométrie en flux
repose sur l’identification de cellules présentant le même multiples caractéristiques a été progressivement abandonnée
immunophénotype que les blastes du diagnostic [28, 29]. au profit de panels simplifiés au quotidien. L’assignement
À l’inverse de la biologie moléculaire, elle ne caractérise de lignée est en effet le critère principal nécessaire au cli-
pas de propriétés intrinsèques à ce clone, comme le réar- nicien pour guider les choix thérapeutiques. Les nombreux
rangement des gènes des récepteurs aux antigènes ou facteurs pronostiques immunophénotypiques rapportés au
des translocations impliquées dans la leucémogenèse. fil du temps sont progressivement gommés par les progrès
En revanche, elle repose sur l’existence d’un profil anor- thérapeutiques. Il reste toutefois important d’identifier les
mal de co-expression des antigènes de différenciation ou MPAL et les leucémies à pDC, ce qui nécessite un panel
LAIP (leukemia associated immunophenotype) pouvant adapté. Il est également utile de définir au diagnostic les
consister en une sur- ou sous-expression de certains mar- caractéristiques immunophénotypiques qui seront mises à
queurs, en asynchronie d’expression ou en infidélité de profit pour rechercher la maladie résiduelle ou caractériser
lignage [30]. De plus, surtout dans les LAM, le blocage de la rechute comme issue du même clone ou d’une autre
la maturation des cellules au sein du compartiment des population de blastes. Enfin, les études précoces de sensi-
progéniteurs dans la région des « bermudes » est une carac- bilité au traitement semblent s’affirmer comme les meilleurs
téristique de la persistance de cette population blastique. marqueurs pronostiques et peuvent bénéficier de l’approche
Il faut être prudent dans l’interprétation des variations immu- précise apportée par la cytométrie en flux.
nophénotypiques, qui peuvent être dues au traitement ou
signer la persistance ou l’émergence d’un sous-clone. Un Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
des grands atouts de la cytométrie en flux est toutefois conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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