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Les hémopathies malignes constituent un groupe de pathologies hétérogènes dans leur pronostic et
leur oncogénèse, mais représentent un modèle d’étude privilégié des mécanismes de cancérogenèse chez
l’homme par la présence d’anomalies génétiques récurrentes impliquées dans leur processus oncogénique
et la disponibilité aisée de matériel tumoral. Les techniques de biologie moléculaire tiennent aujourd’hui
une large place dans la prise en charge de ces maladies. Elles sont indispensables au diagnostic, à
l’évaluation du pronostic, à la décision thérapeutique et au suivi des malades après traitement. D’un
point de vue plus fondamental, les techniques de biologie moléculaire ont transformé notre capacité
à caractériser les hémopathies malignes et à comprendre les processus qui les induisent. L’analyse des
anomalies moléculaires récurrentes dans les leucémies et les lymphomes a largement contribué à améliorer
notre compréhension des mécanismes oncogéniques et physiologiques. Aujourd’hui, les techniques à
haut débit telles que les puces et le séquençage nous permettent de découvrir et d’étudier de nouvelles
anomalies dont l’accumulation est nécessaire au développement d’une hémopathie maligne.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Biologie moléculaire ; Hémopathie maligne ; Clonalité ; Maladie résiduelle ; PCR ; Séquençage
Plan Introduction
■ Introduction 1 Depuis la découverte de la structure en double hélice de l’acide
■ Techniques de base de la biologie moléculaire 1 désoxyribonucléique (ADN) il y a 40 ans, la biologie molécu-
Amplification en chaîne par une ADN polymérase laire a transformé notre capacité à caractériser les hémopathies
thermostable (« polymerase chain reaction ») 2 malignes et à comprendre les processus qui les induisent. Grâce
RT-PCR (PCR après transcription inverse) 3 aux développements technologiques, la biologie moléculaire,
PCR quantitative en temps réel (RQ-PCR) 3 d’abord cantonnée à la recherche, s’applique maintenant en rou-
Séquençage 5 tine à l’évaluation biologique de malades atteints d’hémopathie
Arrays : transcriptome, SNP, CGH 5 maligne. Ces techniques aident au diagnostic, à l’évaluation du
Technique de transfert d’empreintes : « blotting » 7 pronostic, au choix thérapeutique et au suivi du malade après
Électrophorèses 7 traitement. Sur un plan plus fondamental, l’analyse structurelle
■
et fonctionnelle des gènes dérégulés dans les leucémies et les
Applications à l’hématologie maligne 7
lymphomes a beaucoup amélioré notre compréhension des méca-
Détection d’une population lymphoïde clonale 7
nismes à la fois oncogéniques et physiologiques.
Détection des anomalies génétiques récurrentes 10
■ Apport de l’analyse moléculaire 11
Diagnostic
Pronostic
11
11 Techniques de base de la biologie
Détection de la maladie résiduelle 11 moléculaire
Choix thérapeutique 13
Détection de la résistance aux drogues 13 Les acides nucléiques dans la cellule sont de deux types :
Évaluation moléculaire post-allogreffe 13 • l’ADN, enchaînement de 3 milliards de nucléotides chez
■ Perspectives d’avenir 13 l’homme, répartis sur 46 chromosomes, appelé ADN géno-
mique ;
EMC - Hématologie 1
Volume 7 > n◦ 2 > mai 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1984(12)57820-9
13-000-K-30 Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire
Amorce sens
Hybridation Répétition
60° C n cycles
Amorce
antisens
Élongation
72° C
2n copies
A B
2 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire 13-000-K-30
+ oligo d(T)TTTTTTT
AAAAAAAA
TTTTTTTTT
+ transcriptase inverse
Intron 1
Intron 2
Élongation
+ nucléotides
Promoteur
AAAAAAAA
ADN ADN complémentaire TTTTTTTTT
Exon 1 Exon 2 Exon 3
Transcription
et polyadénylation Hybride AAAAAAAA
ARN AAAAAAAA ARN/ADNc TTTTTTTTT
prémessager
Élimination du brin d’ARN
RT-PCR (PCR après transcription inverse) L’amplification sur le même échantillon d’un gène domestique
d’expression ubiquitaire permet la validation de la qualité de
L’étude des ARN est devenue très aisée avec l’apport de la PCR. l’échantillon analysé et la quantification relative de la cible analy-
Cette méthode avait été initialement décrite pour l’ADN, mais une sée par rapport au gène domestique. Le choix de ce gène est crucial
simple modification permet de l’utiliser aussi pour l’ARN [4] . Elle car il doit être d’expression constante quels que soient les tissus
utilise une enzyme caractéristique des rétrovirus, la transcriptase ou les pathologies en cause. De plus, son niveau d’expression et
inverse, ADN polymérase ARN-dépendante qui permet de copier, sa cinétique de dégradation doivent être proches de celui du gène
en présence d’une amorce, une molécule d’ARN simple brin en cible analysé. Les gènes de référence les plus utilisés sont les gènes
une molécule d’ADN simple brin complémentaire de la séquence des sous-unités 28S et 18S des ARN ribosomiques, le gène Abelson
de l’ARN messager (Fig. 2). Une fois cette molécule d’ADN complé- (ABL), le gène de la glycéraldéhyde déshydrogénase (GAPDH), le
mentaire (ADNc) obtenue, la réaction classique de PCR peut être gène de la bêta-actine ou celui de l’hypoxanthine phosphoribo-
effectuée avec deux amorces spécifiques du gène à étudier. L’étude syltransférase (HPRT) [7] .
des produits de transcription permet la détection des ARN messa- La RQ-PCR permet également une quantification de la cible en
gers normaux ainsi que des ARN messagers de fusion résultant de valeur absolue grâce à l’établissement d’une droite de calibration
translocations chromosomiques telle que bcr-abl, caractéristique avec des dilutions successives d’une lignée témoin positive ou de
de la leucémie myéloïde chronique. L’étude de ces transloca- plasmides. Pour chaque point de la gamme, on définit le seuil de
tions est pratiquement impossible au niveau de l’ADN car leurs détection (cycle threshold – Ct) à partir duquel la fluorescence
points de cassure sont éparpillés sur les introns. Lors de l’épissage cumulée détectée dépasse le seuil de positivité (threshold), ce qui
des ARN messagers après transcription de l’ADN, les exons sont permet d’établir une courbe d’étalonnage. Il suffit alors de reporter
raboutés les uns aux autres (Fig. 2), générant des ARN et des le Ct obtenu pour l’échantillon à analyser sur cette droite et d’en
protéines de fusion uniformes. La grande sensibilité de l’ARN vis- déduire la quantité de la cible. L’efficacité et la spécificité de la PCR
à-vis des ribonucléases, enzymes dégradant l’ARN et non l’ADN, sont reflétées par la pente de cette droite, qui doit être proche de
présentes de manière ubiquitaire (mains, etc.) et elles-mêmes résis- -3,3, ce qui correspond à une efficacité de 100 % (Fig. 3).
tantes à la dégradation, implique un soin particulier lors de sa Plusieurs systèmes de détection fluorescents sont disponibles :
manipulation. les systèmes permettant la détection des produits d’amplification
générés après chaque cycle de PCR font appel soit à un agent inter-
calant se fixant directement sur l’ADN double brin, soit à une
PCR quantitative en temps réel (RQ-PCR) sonde fluorogénique allant s’hybrider de manière spécifique sur
Cette technique a pour objectif la mesure de la cinétique de le fragment cible amplifié.
formation du produit d’amplification au cours de la réaction de
PCR, sans l’interrompre, et d’en déduire une quantification de
la cible dans l’échantillon analysé. Elle peut s’appliquer aussi
SYBR green
bien à l’analyse en RT-PCR qu’à l’analyse génomique sur matrice Le SYBR green est un agent intercalant qui émet une fluo-
d‘ADN [2, 5, 6] . rescence uniquement lorsqu’il se fixe à l’ADN double brin. Il
Cette approche nécessite un marqueur fluorescent dont le signal présente l’avantage d’être très simple d’utilisation, très sensible,
augmente de manière spécifique avec l’amplification au cours de mais sa spécificité est essentiellement conditionnée par le choix
la réaction de PCR et un système de mesure externe de la fluores- des amorces. En effet, le SYBR green marque toutes les molé-
cence en temps réel. Grâce à cette mesure, il est possible de tracer cules d’ADN double brin, qu’elles soient spécifiques ou non de
une courbe représentant les différentes phases de la cinétique de la séquence d’intérêt. Par conséquent, tous les produits de PCR
PCR et de mesurer la quantité du produit d’amplification généré non spécifiques et les dimères d’amorces peuvent engendrer un
en un point de la phase exponentielle. C’est uniquement pendant signal de fluorescence. De plus, l’intensité de fluorescence est pro-
cette phase qu’il est possible d’extrapoler la quantité de la cible portionnelle à la masse d’ADN double brin produite, et donc à la
initialement présente dans l’échantillon avant amplification. taille des amplicons [8] .
EMC - Hématologie 3
13-000-K-30 Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire
Polymérisation
R = reporter
Amorce sens R Q Q = quencher
5' 3'
3' 5'
5' 3'
5'
Amorce antisens
Déplacement
Sonde 3'
5'
3' 5'
5' 3'
5'
Amorce antisens
Digestion
5'
3' 5'
5' 3'
5'
Polymérisation complète
5'
3' 5'
5' 3'
5'
Figure 3. Principe de la polymerase chain reaction (PCR) en temps réel (système avec sonde spécifique). La sonde est dégradée au cours de l’élongation par
l’activité exonucléasique de la polymérase, entraînant une libération de l’émission de fluorescence par le reporter (R). L’accumulation de cette fluorescence
est détectée par l’appareil sans interruption de la réaction de PCR. La cinétique de l’accumulation de la fluorescence émise est proportionnelle à la quantité
de cible présente dans l’échantillon. L’utilisation d’une gamme de calibration permet de quantifier le prélèvement.
Sondes d’hydrolyse ou sondes Taqman® est associé à un désactivateur non fluorescent, ce qui rend possible
® la détection de deux cibles différentes au cours d’une même PCR.
La particularité de cette technologie (système Taqman ) est
d’ajouter entre les deux amorces une sonde fluorogénique (frag-
ment d’ADN simple brin non extensible par la Taq polymérase et Sondes FRET en tandem ou sondes LightCycler®
spécifique de la cible) qui possède deux fluorophores différents. Développée par LightCycler® (Roche), cette technologie fait
L’extrémité 5 porte le fluorophore donneur (ou reporter) dérivé appel à la fixation en tandem de deux sondes marquées chacune
de la fluorescéine (FAM, TET, JOE HEX ou VIC). À l’extrémité par une molécule fluorescente différente [10] . Dans ce système, c’est
3 se trouve le fluorophore dit suppresseur, ou désactivateur, ou la proximité des deux sondes lors de l’hybridation qui constitue le
extincteur (quencher), habituellement un dérivé de la rhodamine signal mesuré. La technologie LightCycler® permet une certaine
(TAMRA). Lorsque la sonde est intacte, le fluorophore donneur et flexibilité dans le choix du positionnement des sondes, mais est
le fluorophore extincteur sont proches, du fait de la petite taille de limitée dans le choix du couple de fluorophores. En effet, le trans-
la sonde (20 à 30 nucléotides). Cette proximité induit la suppres- fert d’énergie n’est efficace que lorsque la fluorescéine est associée
sion de la fluorescence du donneur par le phénomène de transfert à l’un des fluorophores rouges LightCycler® , le LC red 640 et le
d’énergie appelé fluorescent resonance energy transfer (FRET). Lors LC red 705. De fait, le système ne peut quantifier simultanément
de la PCR, la Taq polymérase commence l’élongation et va dégra- que deux cibles au maximum.
der la sonde par son activité 5 -exonucléasique et donc séparer le Quel que soit le système de fluorescence utilisé, le module de
site donneur du site désactivateur, lequel ne pourra plus empê- détection fait appel à une excitation par laser ou diode de tungs-
cher l’émission fluorescente du donneur. La fluorescence émise tène via des fibres optiques et à la mesure de la fluorescence
par le donneur, mesurée à la fin de chaque cycle d’amplification, réémise par une caméra CCD à des intervalles très rapprochés au
est ainsi proportionnelle à la quantité de sonde dégradée et donc cours de la réaction de PCR. L’avantage de l’approche spécifique de
de produit de PCR accumulé (Fig. 3). sonde par rapport aux agents intercalants est la grande spécificité
Le développement d’un nouveau type de sondes Taqman® , les apportée par la sonde, et la possibilité de coamplifier plusieurs
sondes Taqman MGB, a permis de remédier à certaines limites de séquences cibles dans la même réaction en utilisant des sondes
ce système [9] . En effet, l’introduction à l’extrémité 3 d’une molé- marquées par des fluochromes différents. Son coût est cependant
cule ayant une affinité pour le petit sillon de l’ADN, ou noyau nettement plus élevé.
MGB, augmente la Tm de la sonde et stabilise plus fortement Plus récemment sont apparus sur le marché des automates
son interaction avec la matrice ADN. Ceci a permis de concevoir de RQ-PCR qui permettent le traitement en système fermé d’un
des sondes de plus petite taille (13 à 20 nucléotides), capables de échantillon biologique brut (sang, LCR, etc.), depuis l’extraction
s’hybrider avec une matrice riche en oligonucléotides GC ou AT. des acides nucléiques jusqu’à la quantification par RQ-PCR d’une
De plus, dans une sonde Taqman MGB, le fluorophore donneur cible donnée. Ces automates, dont le plus connu actuellement
4 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire 13-000-K-30
est Genexpert® (Laboratoire Cepheid), fonctionnent avec des lipidique en présence des réactifs de PCR pour former un micro-
trousses prêtes à l’emploi, en conditionnement unitaire, stables réacteur. Le séquençage se fait par la suite selon le principe de
dans le temps et disposant d’un contrôle interne d’inhibition pour pyroséquençage (décrit plus haut).
chaque réaction. Leur avantage est la simplicité de fonctionne- Une caméra CCD permet de capturer les images après addition
ment et la rapidité de rendu de résultat (délai inférieur à deux de chaque nucléotide. Connaissant l’ordre dans lequel les quatre
heures globalement). Ils ont encore actuellement pour inconvé- nucléotides sont ajoutés, l’analyse des différentes images captu-
nient d’avoir un nombre de cibles restreint en oncohématologie rées permet de déduire la séquence des différents morceaux d’ADN
(quantification du transcrit de fusion BCR-ABL uniquement) et (illustrée par pyrogramme). Des logiciels bio-informatiques sont
un coût d’utilisation assez élevé [11] . ensuite utilisés pour reconstituer la séquence initiale. Cette tech-
nique permet le séquençage de fragments de 400 pb fixés sur billes,
et de 150 Mb à 0,5 Gb en un seul run.
Séquençage
Technologie Solexa/Illumina Genome Analyzer
Méthode de Sanger Cette technologie s’appuie sur l’amplification, l’accrochage-
La méthode décrite par Sanger [12] est fondée sur l’arrêt de liaison sur support solide (puce) et l’utilisation de terminateurs
l’élongation lors de la réplication par une ADN polymérase. Cet de chaîne réversibles (cyclic reversible termination – CRT) marqués
arrêt est provoqué par la présence de didésoxynucléotides (ddNTP) par des fluorochromes. Dans cette approche, chaque molécule
qui, à la différence des désoxynucléotides (dNTP, où N signifie une d’ADN est séquencée par addition du nucléotide complémentaire
des quatre bases) constituant l’ADN, ne permettent pas l’ajout catalysée par une ADN polymérase. Le séquençage des fragments
de la base suivante lors de l’élongation car le radical hydroxyl amplifiés se fait donc par synthèse. La réaction est suivie en temps
nécessaire a été remplacé par un simple atome d’hydrogène. En réel par une caméra. Chacun des quatre nucléotides marqués pos-
modifiant le ddNTP incorporé (par exemple ddATP au lieu de sède un groupe protecteur qui arrête la synthèse de l’ADN. Le
dATP) et en faisant migrer les quatre réactions d’élongation sur un fluorophore est ensuite éliminé ainsi que le groupe protecteur,
gel de polyacrylamide permettant la résolution à une base près, puis le groupement fonctionnel du nucléotide incorporé est res-
on peut définir précisément l’enchaînement des nucléotides dans tauré, ce qui permet à l’ADN polymérase d’incorporer le prochain
le gène étudié. nucléotide et le cycle peut redémarrer. Chaque cycle comprend
donc trois étapes : incorporation, détection et déprotection. Cette
Pyroséquençage technique permet le séquençage de fragments de 35 pb fixés sur
plaque, et de 1,5 Gb à 3 Gb en un run.
La méthode de pyroséquençage a largement supplanté la
méthode de Sanger, parce qu’elle est plus rapide et de moindre Technologie Applied Biosystems SOLiD
coût. Il s’agit d’un séquençage par synthèse qui repose sur Elle est fondée sur l’amplification par émulsion et l’hybridation-
l’analyse en temps réel de la synthèse de l’ADN cible par l’ADN ligature chimique. Dans les premières étapes, elle est assez
polymérase. Le principe de base consiste à hybrider une amorce à similaire de celle de Roche® . Les ADN sont d’abord fragmen-
l’ADN cible préalablement amplifié par PCR, puis à ajouter des tés puis reliés à des adaptateurs et ensuite fixés à des billes.
nucléotides l’un après l’autre de manière séquentielle et dans L’ADN est amplifié par une PCR en émulsion. Les microbilles
l’ordre à partir de l’extrémité 3 de l’amorce. porteuses de l’ADN amplifié sont alors déposées sur une plaque
A chaque incorporation d’un nucléotide complémentaire dans vitrée où aura lieu la réaction de séquençage par ajouts succes-
de l’ADN en cours de synthèse, un pyrophosphate inorganique sifs d’octamères. Dans ses premières versions, cette technique a
(PPi) est libéré. L’ATP sulfurylase transforme le pyrophophate permis le séquençage de fragments de 35 pb, et de 1 Gb en un
libéré en ATP. La molécule d’ATP libérée catalyse alors la conver- run. Cependant, avec l’avènement de la technologie SOLiD 4.0,
sion, par la luciférase, de la luciférine en oxyluciférine qui on peut désormais séquencer de 80 Gb à 100 Gb en un run [15–17] .
génère un signal lumineux proportionnel à la quantité d’ATP.
L’apyrase dégrade ensuite les nucléotides et l’ATP en excès. Le
signal lumineux est capté par une caméra CCD qui va le repro- Arrays : transcriptome, SNP, CGH
duire sous forme d’un pic sur le pyrogramme. La hauteur de
ce pic est proportionnelle au nombre de nucléotides incorporés La technologie des puces ADN est une méthode d’étude à haut
à chaque étape. On peut donc déduire la séquence à partir de débit des acides nucléiques. Elle permet l’analyse simultanée de
la taille des pics obtenus. En cas de mélange de nucléotides à plusieurs dizaines de milliers de gènes dans un échantillon biolo-
une même position (polymorphisme de séquence), la taille des gique sain ou malade, aussi bien au niveau de son génome (ADN)
pics permet d’avoir une quantification de la proportion de brins que de son transcriptome (ARN). L’étude du profil d’expression
porteurs de l’un ou l’autre des nucléotides. Cette méthode perfor- génique et du génome sur puces ADN est désormais une techno-
mante, totalement automatisée, ne permet de séquencer que de logie fiable qui a fait la preuve de son intérêt pour la classification
courts fragments d’ADN (60 pb jusqu’à 200 pb). La limitation du moléculaire des cancers. L’intérêt de cette technologie est aussi
nombre de bases séquencées est liée à l’inhibition progressive de lié au fait qu’elle permet par une approche de criblage à grande
l’apyrase [13, 14] . échelle, de découvrir des caractéristiques génomiques non sus-
pectées a priori, ce qui conduit à générer de nouvelles hypothèses
physiopathologiques.
Séquençage à haut débit
Depuis 2005, de nouvelles technologies de séquençage de Analyse du transcriptome
génome complet qui intègrent haut débit et rapidité avec un coût
moindre ont été développées. La technologie microarray permet de mesurer simultanément
Trois technologies sont actuellement les plus utilisées. et quantitativement l’expression relative de plusieurs milliers de
gènes. Depuis la description en 1995 de la première puce à ADN
Technologie Roche® /454 FLX avec 45 sondes fluorescentes d’Arabidopsis thaliana [18] , celle-ci est
Cette technique est globalement fondée sur l’amplification devenue un outil majeur, en particulier pour l’étude des tumeurs
de l’ADN lié spécifiquement à une bille en émulsion et sur le humaines.
pyroséquençage. La première étape consiste en la fragmentation Jusqu’à cette époque, l’étude de l’expression des gènes reposait
de l’ADN génomique par nébulisation. Ces fragments d’ADN sur la technique de northern blot ou la RT-PCR, mais les puces à
simple brin (ADNsb) sont par la suite reliés au niveau de leurs deux ADN ont permis l’analyse simultanée de tous les transcrits d’un
extrémités par deux adaptateurs. Des microbilles avec en surface génome. L’application immédiate a été d’améliorer et de préciser
des amorces complémentaires de l’un des adaptateurs permettent le diagnostic, le pronostic et l’orientation thérapeutique dans des
de fixer une molécule d’ADNsb à la fois. pathologies très diverses.
Chaque fragment d’ADN est alors amplifié par PCR en émulsion Il existe trois variantes principales de ces technologies. Histori-
où chaque microbille est mise en émulsion dans une microgoutte quement la plus ancienne, la technique des macroarrays utilisait
EMC - Hématologie 5
13-000-K-30 Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire
6 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire 13-000-K-30
communément appelée disomie uniparentale (UPD) ou copy neu- précoce que celui de l’ADN double brin témoin. Une différence
tral LOH (CN-LOH). Les techniques de SNP array les plus récentes, d’une seule base entre l’ADN muté et l’ADN témoin est suffisante
notamment celles développées par Affymetrix® , contiennent sur pour provoquer des profils de migration différents.
la même puce 1,8 millions d’oligonuléotides différents, per-
mettant la détection simultanée des CNA et des CN-LOH. La Électrophorèse en gel non dénaturant
résolution de cette technique est inférieure à 1 kb [19, 20] .
La méthode single strand conformation polymorphism (SSCP) étu-
die le polymorphisme conformationnel des structures simple brin.
Technique de transfert d’empreintes : Elle met à profit les différences de réappariement des molécules
d’ADN simple brin sur elles-mêmes, aboutissant à une structure
« blotting » en épingle à cheveu, qui varie en fonction de la composition
Méthode de Southern en nucléotides de l’ADN [24] . Ainsi, lors d’une électrophorèse sur
un gel de polyacrylamide non dénaturant, après dénaturation
Quand une solution d’ADN est exposée à un pH ou une des deux brins de l’ADN à étudier, on observe une différence de
température élevée (90 ◦ C), les deux brins complémentaires qui migration non seulement selon leur taille mais aussi selon leur
constituent l’ADN se séparent. Ce phénomène, appelé dénatu- séquence, ce qui permet de distinguer un fragment d’ADN simple
ration, est réversible et la réassociation peut avoir lieu entre brin muté d’un fragment témoin, non muté.
n’importe quel acide nucléique (ARN ou ADN) tant que les Dans un certain nombre de cas, il est utile de distinguer les
séquences sont complémentaires. Ceci est la base de la méthode deux allèles d’un même chromosome, par exemple pour analyser
décrite initialement par Edwin Southern en 1975 [21] . L’ADN chro- la clonalité myéloïde, ou pour effectuer une étude de chimé-
mosomique est d’abord digéré par des enzymes de restriction risme post-allogreffe. La technique polymorphisme de longueur
afin de diminuer la taille des fragments à analyser. Ces frag- des fragments de restriction (RFLP) met à profit la présence sur
ments sont ensuite séparés selon leur taille par électrophorèse un allèle et l’absence sur l’autre d’un site de restriction. En utili-
en gel d’agarose. Les fragments d’ADN sont transférés sur un sant d’une part cette enzyme de restriction lors de l’analyse par
support solide (Nylon ou nitrocellulose) après une étape de déna- la méthode de Southern, et d’autre part une sonde spécifique de
turation. Une fois transférées, les séquences étudiées sont mises cette région, il est possible de distinguer les deux allèles par le
en évidence par hybridation d’une sonde marquée radioacti- polymorphisme de longueur des fragments de restriction obtenus.
vement (phosphore 32) ou non (avec une perte de sensibilité Le polymorphisme étudié peut provenir également d’une
dans ce dernier cas). Après lavage, la membrane est mise au séquence répétée d’une manière différente sur chaque allèle (par
contact d’un film radiographique pour faire apparaître le signal de exemple, 10 répétitions sur un allèle et 15 sur l’autre) analysé soit
radioactivité. par la méthode de Southern, soit par PCR. Ces séquences sont plus
La sensibilité de cette méthode est de l’ordre de 5 %. Cependant ou moins longues :
elle ne permet pas de reconnaître les mutations ponctuelles, à • de 11 à 60 nucléotides pour les minisatellites, ou variable number
l’exception des mutations affectant le site reconnu par l’enzyme of tandem repeats (VNTR), utilisée pour l’analyse du chimérisme
de restriction nécessaire à la digestion de l’ADN. post-allogreffe ;
• de 1 à 4 bases pour les microsatellites, ou short tandem repeats
Northern blot (STR), répétitions de 12 à 40 copies (application à la clonalité
Cette méthode initialement développée pour étudier les pro- myéloïde, par exemple avec le gène du récepteur aux andro-
duits de transcription nécessite une grande quantité d’ARN. Elle gènes, dont le microsatellite est représenté par la séquence CAG
est aujourd’hui remplacée par la RT-PCR. Elle est fondée sur le répétée de 12 à 26 fois).
même principe que le Southern blot, et fut dénommée par jeu de L’informativité relative de ces polymorphismes est nettement
mots la méthode du Northern blot [22] . L’ARN est mis à migrer dans plus importante pour les microsatellites et les minisatellites que
un gel d’agarose dénaturant (pour maintenir sa forme simple brin pour les RFLP.
linéaire), puis transféré sur une membrane de Nylon et hybridé
avec une sonde radioactive, comme pour le Southern. Un ARN
de fusion n’aura pas la même taille que l’ARN messager sau- Applications à l’hématologie
vage. Cette méthode permet une quantification de l’ARN messager
d’une manière plus fiable que la RT-PCR, mais avec une sensibilité maligne
moindre.
Détection d’une population lymphoïde
Dot blot clonale
Cette méthode est une simplification du Northern blot, qui La mise en évidence d’une population clonale est un argument
permet la quantification des ARN messagers sans évaluer leur important de la nature maligne d’une prolifération hématopoïé-
taille. Elle ne distingue pas un ARN de fusion d’un ARN normal. tique, bien que la corrélation ne soit pas parfaite (voir ci-dessous).
Une goutte d’ARN est directement déposée sur une membrane Les techniques les plus répandues permettant de détecter une
de Nylon ou de nitrocellulose (formant un petit disque sur cette population cellulaire clonale sont soit l’examen cytogénétique
membrane, d’où le nom anglais : dot [point]). La membrane est montrant une anomalie caryotypique, soit l’étude du réarran-
ensuite mise au contact de la sonde marquée puis l’hybridation gement des gènes d’immunoglobulines (Ig) ou du récepteur des
spécifique est révélée par autoradiographie. cellules T (T Cell receptor – TCR) dans une prolifération lymphoïde.
EMC - Hématologie 7
13-000-K-30 Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire
Épissage
ARN messager mature AAAA
VDJ-Cμ
Figure 5. Structure des gènes qui codent pour les récepteurs à l’antigène (immunoglobulines [Ig] ou récepteur des cellules T [TCR]). Le locus IgH est illustré
à titre d’exemple. E : enhancer (élément régulateur induisant la transcription des IgH) ; S : séquence de switch important pour la commutation de classe
des Ig ; C : segments constants.
un ou deux gènes constants (C). Au cours de la différenciation segments J et de part et d’autre des segments D. Ces RSS servent
lymphoïde, la diversité des gènes des Ig et du TCR est générée à diriger le système de recombinaison partiellement médié par
par un processus de recombinaison entre ces segments V, D et J deux gènes, recombinase activating gene (RAG)-1 et 2 [25, 26] , vers les
(Fig. 5). Dans le système IgH, par exemple, un des deux allèles IgH segments V, D et J.
subit d’abord une recombinaison génique entre un des segments Trois mécanismes concourent à la génération de la diversité des
DH et un des segments JH , entraînant l’excision de l’ADN les sépa- gènes des Ig et du TCR.
rant. Dans un deuxième temps, un des segments VH se recombine
au réarrangement DH JH , créant ainsi une unité de transcription Réarrangement combinatoire
VH DH JH . Ce gène réarrangé est d’abord transcrit en prémessager La diversité des gènes des Ig et du TCR qui peut être générée
puis, après épissage des introns séparant le segment JH du segment par la recombinaison V-(D)-J est déterminée par le nombre de seg-
CH , l’ARN messager (ARNm) VH DH JH CH est traduit en protéine ments V, D et J de chaque locus. Comme le montre le Tableau 1,
IgH mature. L’ordre de réarrangement des gènes d’Ig est IgH puis cette diversité combinatoire varie beaucoup selon les gènes.
Ig et enfin Ig, tandis que celui des gènes des TCR est : TCR␦
puis TCR ␥ et TCR et finalement TCR␣ avec délétion du TCR␦ Diversité jonctionnelle
situé sur le même allèle, puisque le locus du TCR␦ est à l’intérieur Lors du réarrangement, les séquences situées à la jonction des
du locus TCR␣, entre les segments V␣ et J␣. La production d’une segments V, D ou J peuvent être modifiées soit par la délétion des
Ig ou d’un TCR fonctionnel nécessite la juxtaposition, dans une nucléotides situés en aval des segments V, en amont des segments
même unité de transcription et dans le même cadre de lecture, des J, et de part et d’autre des segments D, soit par l’addition de courtes
segments V, D et J. Si le réarrangement V-(D)-J du premier allèle séquences non codées à l’état germinal et ajoutées grâce à l’activité
s’avère fonctionnel, le processus dit d’exclusion allélique empêche de la terminal désoxynucléotidyl transférase (TdT), créant ainsi
le réarrangement du deuxième allèle. Sinon, un deuxième réarran- les régions “N”, ou complementarity determining region (CDR3) de
gement a lieu sur l’autre allèle, augmentant ainsi la possibilité de séquence et de longueur hautement variables. Dans la majorité
produire un récepteur fonctionnel. des cas (2/3 en théorie), ces processus de recombinaison créent
Le réarrangement de segments V, D et J est réalisé par une séquence dont le cadre de lecture n’est pas conservé, pouvant
l’intermédiaire de signaux de recombinaison (recognition signal être transcrite en ARN mais ne pouvant être traduite en pro-
sequences – RSS) situés en aval des segments V, en amont des téine (réarrangement non fonctionnel). Lors de la différenciation
Tableau 1.
Répertoire des réarrangements de gènes dans les lignées lymphoïdes.
Immunoglobulines (Ig) TCR␣ TCR␥␦
IgH Ig Ig TCR␣ TCR TCR␥ TCR␦
Diversité germinale
Segments V 100-200 40-80 > 40 60 ± 70 8 8
Famille de segments V 7 4 7 29 24 4 ?
Segments D > 20 - - - 2 - 3
Segments J 6 5 >4 75 13 5 3
Diversité jonctionnelle
Additions N +++ + + + ++ ++ +++
8 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire 13-000-K-30
EMC - Hématologie 9
13-000-K-30 Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire
aiguë lymphoblastique (LAL). Le TCR␥, par exemple, est réar- location t (9; 22), la majorité des cas sont caractérisés par un point
rangé dans 40 % à 70 % des LAL de la lignée B [33] . L’utilisation de cassure bien plus en amont dans le gène bcr, dans l’intron 1
des réarrangements des gènes du TCR ou des Ig pour faire la dis- (minor breakpoint cluster region – m-BCR). Le produit protéique de
tinction entre prolifération T ou B est plus fiable pour l’analyse ce gène s’appelle p190.
des populations matures, au cours desquelles ces réarrangements Actuellement, un certain nombre de transcrits de fusion
illégitimes sont bien plus rares. Mais, dans tous les cas, les résul- sont recherchés par RT-PCR de manière systématique dans
tats doivent être interprétés en fonction des données cliniques, le bilan diagnostique des LAM (AML1-ETO, CBFb-MYH11 et
morphologiques et immunologiques. PML-RARA [44] ), des LAL-B (BCR-ABL, E2A-PBX1, MLL-AF4 et
TEL-AML1 [36, 37, 41, 42, 45–49] ) et des LAL-T (SIL-TAL, CALM-AF10 et
NUP214-ABL [38, 39, 50] ).
Détection des anomalies génétiques Il existe aussi des anomalies impliquant d’un côté un chro-
récurrentes mosome et un gène constants, mais de l’autre un partenaire
chromosomique variable. Les anomalies en 11q23 sont présentes
L’étude cytogénétique consistant en une analyse globale du dans environ 5 % à 10 % des leucémies aiguës en général, et d’une
génome a une place primordiale dans la prise en charge des manière préférentielle dans les leucémies aiguës des enfants âgés
hémopathies malignes, de par l’identification d’anomalies chro- de moins d’un an (70 %) et dans certaines leucémies secondaires.
mosomiques de valeur pronostique avérée. Il existe cependant Du côté du chromosome 11, toutes ces translocations impliquent
certaines situations où la cytogénétique classique ne permet pas le même gène, MLL, alors que l’on dénombre pas moins d’une
de mettre en évidence ces anomalies. Ainsi il est parfois diffi- soixantaine de gènes partenaires différents [47, 48, 51] . La transloca-
cile d’obtenir des métaphases de qualité acceptable, par exemple tion est détectable et quantifiable par PCR, mais du fait de la
lorsqu’un prélèvement est effectué après traitement par chi- grande variabilité des partenaires, elle est d’abord détectée par
miothérapie, ou dans les proliférations matures dont l’index FISH avec une sonde MLL sur métaphase ou même sur noyau
mitotique est moins important, ou encore quand la population interphasique. Le partenaire est ensuite identifié par séquençage
maligne est minoritaire. De plus, l’analyse des métaphases n’est du produit de la LDI-PCR (long distance inverse – LDI). La LDI-PCR
pas possible sur du matériel congelé ou fixé en paraffine. Cer- est une technique qui permet d’amplifier un gène de fusion en
taines anomalies chromosomiques sont difficiles à détecter par ne connaissant que la séquence de l’un des deux gènes impliqués.
une analyse classique, comme l’inversion du chromosome 16 des Cette technique trouve tout son intérêt dans la détection des ano-
leucémies aiguës myéloïdes (LAM) M4 avec éosinophiles anor- malies génétiques impliquant des gènes à partenaires multiples,
maux [34, 35] . Il existe aussi des anomalies chromosomiques qui tels que NUP98 ou MLL. Son principe repose sur la double diges-
ne sont pas visibles sur le caryotype classique et qu’on appelle tion par une enzyme de restriction du fragment d’ADN d’intérêt
anomalies cryptiques. Comme exemple de ce type d’anomalies, (exemple MLL-gène partenaire inconnu) d’une taille de 2 à 5 kb,
la t (12; 21) dans les LAL-B pédiatriques, qui correspond à puis ligation entre eux des deux bouts de l’ADN à étudier for-
un échange de segments chromosomiques de même « couleur » mant ainsi un cercle, puis amplification par un couple d’amorces
sur le caryotype (sombre en bandes R) et ne peut de ce fait de sens opposé mais toutes deux complémentaires de la séquence
être mise en évidence que par des techniques d’hybridation in génique connue. Ainsi le séquençage du produit d’amplification
situ fluorescente (FISH), ou par PCR en identifiant le transcrit permet l’identification de la séquence et donc du gène
de fusion TEL-AML1 qu’elle génère [36, 37] . De plus, la résolution partenaire.
maximale possible de l’analyse des chromosomes marqués en
bandes R ou G est de l’ordre de 1 à 10 Mb. Ainsi les délétions
Anomalies quantitatives
submicroscopiques, intra- ou intergéniques, ne sont détectables
que par des techniques de cytogénétique moléculaire (FISH ou Il s’agit essentiellement de translocations conduisant à
CGH array) ou par PCR. La délétion tald , par exemple, (envi- l’expression aberrante d’un proto-oncogène qualitativement
ron 25 % des cas de LAL-T), qui aboutit à la fusion des gènes normal, suite à sa juxtaposition à une séquence régulatrice inha-
SIL-TAL1, consiste en une délétion spécifique de 90 kb d’ADN bituelle, souvent celle d’un gène des Ig ou du TCR. Les points de
en amont du gène tal-1. Trop courte pour être visible par caryo- cassure du côté du proto-oncogène se trouvent en dehors de la
type classique, elle peut être détectée facilement par PCR [38, 39, 40] . partie codante du gène, parfois à une distance considérable (une
D’autres anomalies génétiques, comme les mutations soma- centaine de kb pour les t (11; 14) (q13; q32) des lymphomes du
tiques, ne sont détectables que par des techniques de biologie manteau par exemple) [52, 53] et la protéine reste donc intacte. Le
moléculaire. résultat final de ces anomalies est une dérégulation de l’expression
du proto-oncogène, soit à un stade inhabituel de la différencia-
tion ou du cycle cellulaire, soit dans un tissu n’exprimant pas ce
Anomalies qualitatives produit physiologiquement.
Les translocations conduisent à l’expression d’un transcrit de Ces anomalies chromosomiques résultent souvent d’erreurs de
fusion résultant de la juxtaposition des parties codantes de deux la recombinase lors des réarrangements des gènes des Ig ou du TCR
gènes. Elles sont détectées par RT-PCR à partir de l’ARN. Ces ano- (voir ci-dessus) et se retrouvent, par conséquent, dans les tumeurs
malies se retrouvent dans les tumeurs lymphoïdes et myéloïdes. lymphoïdes. Les points de cassure sont situés dans une séquence
Les transcrits de fusion et donc les produits de PCR sont identiques signal de recombinaison réelle du côté des Ig ou du TCR, et dans
chez tous les malades atteints du même type de translocation, une séquence qui lui ressemble du côté du proto-oncogène. La
impliquant les mêmes introns. Cette uniformité rend possible jonction nucléotidique entre les deux chromosomes est soumise
la détection de la quasi-totalité des translocations avec une ou aux mêmes modifications que les réarrangements physiologiques
deux paires d’amorces d’amplification, mais cette analyse est très des Ig ou du TCR, créant ainsi une région N spécifique de chaque
sensible aux contaminations de la PCR, du fait même de cette malade. L’amplification de ce type de translocation par PCR se
uniformité. fait à partir de l’ADN et génère des produits de PCR de taille
À titre d’exemple, les translocations t (9; 22) (q34; q11) des leu- variable, ce qui rend plus facile l’identification de la transloca-
cémie myéloïde chronique (LMC) et des LAL sont identiques sur le tion spécifique de chaque malade et la séparation d’éventuels
plan caryotypique mais diffèrent sur le plan moléculaire, bien que produits contaminants. Par contre, seuls les points de cassure
toutes les deux impliquent les gènes bcr et abl [41–43] . Dans les deux regroupés dans la région avoisinant les amorces d’amplification
cas, le point de cassure du chromosome 9 se produit au sein de seront détectés. L’amplification par PCR de la région principale de
l’intron 1 du gène abl, qui s’étend sur environ 200 kb. En revanche, cassure (major breakpoint region – MBR) de la translocation t (14;
les points de cassure sont plus éparpillés sur le chromosome 22. 18) des lymphomes folliculaires, par exemple, ne détecte que les
Dans la grande majorité des LMC, le point de cassure se trouve cas comportant une translocation t (14; 18) caryotypique dont le
dans la partie centrale du gène bcr (major breakpoint cluster region point de cassure est situé dans MBR (environ 70 %). En amplifiant
– M-BCR). Le transcrit de fusion qui en résulte est traduit en une mcr (minor cluster region), il est possible de détecter les cas dont
protéine anormale, dite p210. Dans les LAL comportant une trans- le point de cassure se situe dans cette région (environ 5 %) [54] .
10 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire 13-000-K-30
EMC - Hématologie 11
13-000-K-30 Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire
Tableau 2.
Anomalies moléculaires de valeur pronostique dans les leucémies.
Gènes Type d’anomalie Hémopathie Incidence Pronostic Référence
[41, 42]
BCR-ABL Transcrit de fusion LMC 100 % Mauvais dans les LAL-B
LAL-B de l’adulte 25 %
LAL-B de l’enfant < 5%
MLL-AF4 [47–49]
Transcrit de fusion LAL-B 5% Mauvais
LAL-B < 1 an 85 %
[36, 37]
TEL-AML1 Transcrit de fusion LAL-B enfant 25 % Bon
[45, 46]
E2A-PBX1 Transcrit de fusion LAL-lignée B 5% Mauvais si traitement standard
LAL pré-B Ig Cyto. + 25 % Amélioration du pronostic avec la chimiothérapie intensive
[66]
IKZF1 Délétion LAL-B Ph1 pos 85 % Mauvais
LAL-B Ph1 nég 11 %
[38, 39]
SIL-TAL Transcrit de fusion LAL-T 10 % à 30 % Taux de rechute plus élevé
[50]
CALM-AF10 Transcrit de fusion LAL-T 7% Mauvais dans les LAL-T immatures
[38, 55]
HOX11L2 Surexpression LAL-T enfant 20 % Mauvais
LAL-T adulte 5%
[38, 56]
HOX11 Surexpression LAL-T enfant 5% Bon
LAL-T adulte 20 % à 30 %
[85]
NOTCH1 Mutation LAL-T 50 % à 60 % Bon
[85]
FBXW7 Mutation LAL-T 20 % Bon
[44]
AML1-ETO Transcrit de fusion LAM 10 % Bon
LAM-2 20 % à 40 %
PML-RARA [44]
Transcrit de fusion LAM 10 % Bon
LAM-3 > 95 %
[35]
CBFB-MYH11 Transcrit de fusion LAM 6% Bon
LAM-4 20 %
LAM-4 éosino 95 %
[57]
FLT3-ITD Mutation LAM 15 % à 30 % Mauvais
Mutation [58]
NPM1 LAM adulte 25 % à 35 % Bon
LAM enfant 2% à 6%
[59]
CEBPA Mutation LAM 6% Bon
[64]
C-KIT Mutation LAM 8% Mauvais dans les LAM à CBF
LAM : leucémies aiguës myéloïdes ; LAL : leucémie aiguë lymphoblastique ; LMC : leucémie myéloïde chronique ; CBF : core binding factor.
12 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire 13-000-K-30
évidence de certaines anomalies moléculaires, telles que les muta- testés en association avec une chimiothérapie standard et les résul-
tions ponctuelles de l’anti-oncogène p53 [77] lors d’une rechute, tats semblent prometteurs [83] . Un nouvel inhibiteur de FLT3, le
permet de caractériser l’apparition de clones plus agressifs. Ces MLN518, donne également des résultats encourageants [84] .
anomalies moléculaires sont souvent corrélées à une aggravation C-KIT est un récepteur de tyrosine kinase dont le ligand est
clinique ou l’acquisition de nouvelles anomalies caryotypiques. le stem cell factor (SCF) ; 80 % des blastes de patients expriment
le récepteur C-KIT. Le ciblage du récepteur C-KIT semble une
approche thérapeutique ciblée intéressante, surtout dans les LAM
Choix thérapeutique dites à core binding factor (CBF), c’est-à-dire portant la t (8 ; 21) ou
l’inv (16), où les mutations activatrices de ce récepteur sont fré-
Dans les leucémies aiguës, malgré l’amélioration des combinai- quentes (20 % à 30 % des cas). PKC-412 cible ce récepteur, mais
sons de chimiothérapie, il persiste un certain nombre de patients également le dasatinib. L’utilisation de cette dernière molécule
dont la maladie est d’emblée réfractaire au traitement et d’autres présente l’avantage d’être bien maîtrisée car elle est déjà largement
qui rechutent. Cette observation est le reflet de l’hétérogénéité utilisée en monothérapie dans la leucémie myéloïde chronique
des anomalies ongogéniques ayant abouti au développement de ou en association à la chimiothérapie dans les LA à chromosome
chaque hémopathie. Les analyses moléculaires ont confirmé cette Philadelphie.
hétérogénéité en révélant des anomalies moléculaires fréquentes, Dans les LAL-T, plus de 50 % des cas adultes et pédiatriques
ce qui a engendré le développement de traitements spécifiques en ont une mutation activatrice du gène NOTCH1 [85] . Les muta-
vue de mieux cibler les cellules pathologiques. Aujourd’hui, un tions du domaine d’hétérodimérisation (HD) entraînent le clivage
marqueur qui détermine un traitement spécifique est qualifié de ligand-indépendant du récepteur Notch1 puis le clivage de la
marqueur avec impact « théranostique ». Devant l’augmentation partie intracytoplasmique médié par la gamma-sécrétase (GS),
exponentielle des marqueurs moléculaires en oncologie, leur ce qui aboutit à la production de la forme active de NOTCH1
détection dans un contexte hospitalier se limite progressivement (intracellular domain of NOTCH1 – ICN1). Les inhibiteurs de GS
à ceux ayant un impact théranostique individuel. (GSI) antagonisent les effets des mutations de NOTCH1 en blo-
L’acide tout transrétinoïque (ATRA) est le premier modèle de quant la génération de l’ICN1. Les données préliminaires des
traitement par différenciation de la cellule maligne possédant la essais thérapeutiques sont très encourageantes quant au béné-
protéine de fusion PML-RARA. Il agit de façon spécifique sur les fice de l’utilisation des GSI dans les LAL-T NOTCH1 HD muté,
cellules de la LAM3, provoquant leur différenciation terminale notamment en association avec les corticoïdes, qui réduisent la
en quelques jours in vitro. Chez les patients, il y a maturation toxicité intestinale des GSI [86] . Une autre molécule en cours de
des cellules malignes, sans diminution de la cellularité médullaire développement inhibe l’interaction protéine-protéine nécessaire
et donc sans aplasie thérapeutique, si ce n’est celle induite par à la transactivation du complexe NOTCH1 intranucléaire [87] .
la chimiothérapie conventionnelle. En effet, pour le traitement
d’induction, l’ATRA et la chimiothérapie doivent absolument être
utilisés en association car le risque de syndrome rétinoïque (forte Détection de la résistance aux drogues
élévation du taux de leucocytes pouvant entraîner le décès des Certains gènes responsables de l’efflux des agents cytotoxiques
patients) est plus faible et les rechutes sont moins nombreuses. des cellules hématopoïétiques, comme multi-drug resistance (mdr)-
D’autres études ont montré l’efficacité du trioxyde d’arsenic 1, ont été identifiés. L’expression de mdr-1 peut être détectée par
(As2 O3 ) dans le traitement des LAM3, où son utilisation en mono- des techniques d’immunohistochimie au niveau protéique, par
thérapie permet d’obtenir une RC avec rémission moléculaire hybridation in situ, par dot blot ou par RT-PCR au niveau de l’ARN
(transcrit PML-RARA indétectable en PCR quantitative en temps messager et par mesure de la vitesse d’efflux d’un fluorochrome
réel) chez 72 % à 91 % des patients et une survie sans maladie au niveau de l’analyse fonctionnelle. Une hyperexpression est
relativement longue. Actuellement le traitement le plus efficace observée fréquemment lors de la rechute des LAM, des myélomes
associe ATRA, As2 O3 et chimiothérapie [78] . et des lymphomes. Au diagnostic des LAM, l’hyperexpression de
Dans la LMC, la translocation t (9; 22) provoque l’activation mdr-1 représente un facteur de mauvais pronostic qui prédit une
constitutive de la kinase abelson et des inhibiteurs de la tyrosine résistance à la chimiothérapie [88] .
kinase (ITK) ont été développés spécifiquement pour cibler cette Dans la LMC, le séquençage a permis de détecter les mutations
anomalie. Le premier à avoir été commercialisé est l’imatinib. du domaine kinase d’Abelson entraînant une résistance spécifique
C’est actuellement le traitement de référence des LMC et il à l’un des ITK ou à tous les ITK (mutation T315I).
est associé à la chimiothérapie pour le traitement des LA avec
chromosome Philadelphie. L’imatinib inhibe plusieurs autres
tyrosines kinases et s’est révélé efficace dans le syndrome hyper- Évaluation moléculaire post-allogreffe
éosinophilique avec transcrit FIP1L1-PDFGRa. Les ITK dits de
2e génération (dasatinib, nilotinib) sont utilisés en cas de résis- Il est parfois important de déterminer si la reconstitution héma-
tance, d’intolérance ou de réponse suboptimale à l’imatinib. topoïétique après allogreffe est celle du receveur ou du donneur.
Les mutations des oncogènes N-Ras et K-Ras surviennent dans S’il existe une différence de sexe entre le receveur et le donneur,
10-15 % et 5 % des LAM respectivement. Les mutations touchent cette analyse peut se faire par détection du chromosome Y, soit
essentiellement les codons 12, 13 et 61 et abrogent l’activité par marquage à la quinacrine sur métaphase, soit par FISH sur
GTPase intrinsèque de ces petites molécules, entraînant leur acti- noyau interphasique avec une sonde Y [89] . Quand il n’y a pas
vation constitutive. La valeur pronostique des mutations de Ras de différence de sexe, la distinction entre l’hématopoïèse de type
dans les LAM n’est toujours pas très clairement établie. Cette receveur ou de type donneur se faisait historiquement à l’aide des
voie semble toutefois être une cible thérapeutique potentielle minisatellites (VNTR) mais de plus en plus se fait par étude des
car l’activité de Ras nécessite sa translocation à la membrane microsatellites (STR) [90] .
plasmique via une étape de farnésylation et des inhibiteurs
de farnésyl-transférase sont actuellement testés cliniquement [79] .
L’administration de tipifarnib ou de lonafarnib chez des patients Perspectives d’avenir
naïfs de tout traitement et atteints de LAM, de myélodysplasie
ou de leucémie myélomonocytaire chronique a produit des résul- Les techniques de biologie moléculaire ne cessent d’évoluer
tats plutôt encourageants alors qu’ils étaient décevants chez les et il y a encore peu de temps, le séquençage entier du génome
patients atteints de LAM réfractaire ou en rechute [80] . humain était une entreprise longue et très coûteuse. Ainsi, le pre-
Plusieurs inhibiteurs de FLT3 font l’objet d’essais cliniques, avec mier séquençage a coûté 2,7 milliards de dollars US. Aujourd’hui,
pour l’instant des résultats modestes. Les composés PKC-412 et du fait de la baisse très importante du coût des technologies, le
CEP-701 ont la particularité d’inhiber d’autres récepteurs de tyro- séquençage du génome d’un individu coûte 10 000 dollars US et
sine kinase (PDGF-R, kit, FMS, etc.). Ces deux molécules se sont pourrait rapidement tomber à 1 000 dollars US.
montrées très efficaces in vitro mais n’ont eu que très peu d’effets En 2008, des chercheurs américains ont pour la première fois
lors d’essais cliniques en monothérapie [81, 82] . Ils sont désormais séquencé le génome entier des blastes chez une femme atteinte de
EMC - Hématologie 13
13-000-K-30 Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire
LAM. Pour cela, les scientifiques ont analysé la séquence génétique [8] Ririe KM, Rasmussen RP, Wittwer CT. Product differentiation by ana-
des blastes de la patiente et l’ont comparée à celle d’un échan- lysis of DNA melting curves during the polymerase chain reaction.
tillon de cellules de peau saines appartenant à la même personne. Anal Biochem 1997;245:154–60.
Cette étude a notamment permis d’identifier huit nouveaux gènes [9] Kutyavin IV, Afonina IA, Mills A, Gorn VV, Lukhtanov EA,
impliqués dans cette hémopathie [91] . Ainsi, cette découverte, des- Belousov ES, et al. 3’-minor groove binder-DNA probes increase
tinée à rechercher les causes génétiques du cancer, pourrait ouvrir sequence specificity at PCR extension temperatures. Nucleic Acids Res
la voie à des approches thérapeutiques innovantes. D’autant que 2000;28:655–61.
les traitements ont peu évolué au cours des deux dernières décen- [10] Lyon E. Mutation detection using fluorescent hybridization probes and
nies car la plupart des événements génétiques qui déclenchent la melting curve analysis. Expert Rev Mol Diagn 2001;1:92–101.
[11] Jobbagy Z, Van Atta R, Murphy KM, Eshleman JR, Gocke CD. Eva-
maladie restent inconnus à ce jour.
luation of the Cepheid GeneXpert BCR-ABL assay. J Mol Diagn
Même si le séquençage du génome entier paraît aujourd’hui
2007;9:220–7.
aisément accessible, un certain nombre de réserves peuvent être [12] Sanger F, Nicklen S, Coulson AR. DNA sequencing with chain-
émises. En effet, il semble difficile pour le moment d’intégrer terminating inhibitors. Proc Natl Acad Sci USA 1977;74:5463–7.
toutes les données émises en clinique. Si cette pratique est appelée [13] Ahmadian A, Ehn M, Hober S. Pyrosequencing: history, biochemistry
à se développer, il faudra mettre au point des méthodes intégrant and future. Clin Chim Acta 2006;363:83–94.
les données génétiques et cliniques pour aider à la décision théra- [14] Espinos E. Actualité sur les nouvelles techniques de diagnostic molé-
peutique. De plus, la majeure partie des informations qui seront culaire des cancers. Ann Pathol 2008;28(suppl1):S71–6.
obtenues n’ont pas de signification pour le moment. Comme les [15] Ansorge WJ. Next-generation DNA sequencing techniques. N Biotech-
connaissances évoluent rapidement, l’interprétation d’un même nol 2009;25:195–203.
génome sera différente selon le moment où elle est réalisée. [16] Mardis ER. Next-generation DNA sequencing methods. Annu Rev
Enfin, les avancées technologiques ne doivent pas faire oublier Genomics Hum Genet 2008;9:387–402.
l’aspect éthique : toute analyse génétique nécessite le consente- [17] Metzker ML. Sequencing technologies - the next generation. Nat Rev
ment éclairé des patients. On peut se demander également qui Genet 2010;11:31–46.
doit voir son génome séquencé et qui doit avoir accès à ces infor- [18] Schena M, Shalon D, Davis RW, Brown PO. Quantitative monitoring
mations. of gene expression patterns with a complementary DNA microarray.
Science 1995;270:467–70.
[19] Morozova O, Marra MA. From cytogenetics to next-generation sequen-
cing technologies: advances in the detection of genome rearrangements
“ Point fort [20]
in tumors. Biochem Cell Biol 2008;86:81–91.
Mullighan CG, Downing JR. Global genomic characterization of acute
lymphoblastic leukemia. Semin Hematol 2009;46:3–15.
• L’analyse de l’ADN et de l’ARN ne fournissent pas les [21] Southern EM. Detection of specific sequences among DNA fragments
separated by gel electrophoresis. J Mol Biol 1975;98:503–17.
mêmes informations en biologie moléculaire. [22] Alwine JC, Kemp DJ, Stark GR. Method for detection of specific RNAs
• La PCR est une technique sensible permettant d’analyser in agarose gels by transfer to diazobenzyloxymethyl-paper and hybri-
des anomalies moléculaires qualitatives et quantitatives. dization with DNA probes. Proc Natl Acad Sci USA 1977;74:5350–4.
• Les techniques de puces à ADN permettent l’analyse [23] Fischer SG, Lerman LS. DNA fragments differing by single base-pair
simultanée de plusieurs dizaines de milliers de gènes dans substitutions are separated in denaturing gradient gels: correspondence
with melting theory. Proc Natl Acad Sci USA 1983;80:1579–83.
un échantillon biologique sain ou malade, aussi bien au
[24] Orita M, Suzuki Y, Sekiya T, Hayashi K. Rapid and sensitive detection
niveau de son génome (ADN) que de son transcriptome of point mutations and DNA polymorphisms using the polymerase
(ARN). chain reaction. Genomics 1989;5:874–9.
• La détection d’une population clonale lymphoïde n’est [25] Oltz EM. Regulation of antigen receptor gene assembly in lympho-
pas un argument de malignité. cytes. Immunol Res 2001;23:121–33.
• L’analyse des anomalies moléculaires est utilisée pour le [26] Fugmann SD. RAG1 and RAG2 in V(D)J recombination and transpo-
sition. Immunol Res 2001;23:23–39.
diagnostic, le pronostic, le suivi des hémopathies malignes
[27] Trainor KJ, Brisco MJ, Wan JH, Neoh S, Grist S, Morley AA. Gene
et dans certains cas le choix thérapeutique. rearrangement in B- and T-lymphoproliferative disease detected by the
polymerase chain reaction. Blood 1991;78:192–6.
[28] Deane M, McCarthy KP, Wiedemann LM, Norton JD. An improved
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[29] Delfau MH, Hance AJ, Lecossier D, Vilmer E, Grandchamp B. Restric-
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[30] Delabesse E, Burtin ML, Millien C, Madonik A, Arnulf B, Beldjord
[1] Mullis KB, Faloona FA. Specific synthesis of DNA in vitro K, et al. Rapid, multifluorescent TCRG Vgamma and Jgamma typing:
via a polymerase-catalyzed chain reaction. Methods Enzymol application to T cell acute lymphoblastic leukemia and to the detection
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Callens C, Ben Abdelali R, Macintyre E. Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie
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