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Application à l’hématologie maligne


des techniques de biologie moléculaire
C. Callens, R. Ben Abdelali, E. Macintyre

Les hémopathies malignes constituent un groupe de pathologies hétérogènes dans leur pronostic et
leur oncogénèse, mais représentent un modèle d’étude privilégié des mécanismes de cancérogenèse chez
l’homme par la présence d’anomalies génétiques récurrentes impliquées dans leur processus oncogénique
et la disponibilité aisée de matériel tumoral. Les techniques de biologie moléculaire tiennent aujourd’hui
une large place dans la prise en charge de ces maladies. Elles sont indispensables au diagnostic, à
l’évaluation du pronostic, à la décision thérapeutique et au suivi des malades après traitement. D’un
point de vue plus fondamental, les techniques de biologie moléculaire ont transformé notre capacité
à caractériser les hémopathies malignes et à comprendre les processus qui les induisent. L’analyse des
anomalies moléculaires récurrentes dans les leucémies et les lymphomes a largement contribué à améliorer
notre compréhension des mécanismes oncogéniques et physiologiques. Aujourd’hui, les techniques à
haut débit telles que les puces et le séquençage nous permettent de découvrir et d’étudier de nouvelles
anomalies dont l’accumulation est nécessaire au développement d’une hémopathie maligne.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Biologie moléculaire ; Hémopathie maligne ; Clonalité ; Maladie résiduelle ; PCR ; Séquençage

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Depuis la découverte de la structure en double hélice de l’acide
■ Techniques de base de la biologie moléculaire 1 désoxyribonucléique (ADN) il y a 40 ans, la biologie molécu-
Amplification en chaîne par une ADN polymérase laire a transformé notre capacité à caractériser les hémopathies
thermostable (« polymerase chain reaction ») 2 malignes et à comprendre les processus qui les induisent. Grâce
RT-PCR (PCR après transcription inverse) 3 aux développements technologiques, la biologie moléculaire,
PCR quantitative en temps réel (RQ-PCR) 3 d’abord cantonnée à la recherche, s’applique maintenant en rou-
Séquençage 5 tine à l’évaluation biologique de malades atteints d’hémopathie
Arrays : transcriptome, SNP, CGH 5 maligne. Ces techniques aident au diagnostic, à l’évaluation du
Technique de transfert d’empreintes : « blotting » 7 pronostic, au choix thérapeutique et au suivi du malade après
Électrophorèses 7 traitement. Sur un plan plus fondamental, l’analyse structurelle

et fonctionnelle des gènes dérégulés dans les leucémies et les
Applications à l’hématologie maligne 7
lymphomes a beaucoup amélioré notre compréhension des méca-
Détection d’une population lymphoïde clonale 7
nismes à la fois oncogéniques et physiologiques.
Détection des anomalies génétiques récurrentes 10
■ Apport de l’analyse moléculaire 11
Diagnostic
Pronostic
11
11  Techniques de base de la biologie
Détection de la maladie résiduelle 11 moléculaire
Choix thérapeutique 13
Détection de la résistance aux drogues 13 Les acides nucléiques dans la cellule sont de deux types :
Évaluation moléculaire post-allogreffe 13 • l’ADN, enchaînement de 3 milliards de nucléotides chez
■ Perspectives d’avenir 13 l’homme, répartis sur 46 chromosomes, appelé ADN géno-
mique ;

EMC - Hématologie 1
Volume 7 > n◦ 2 > mai 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1984(12)57820-9
13-000-K-30  Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire

1 2 3 4 Figure 1. Amplification génomique


par polymérisation en chaîne (polyme-
rase chain reaction [PCR]).
A. Théorie.
B. Exemple de PCR. 1, 2. Pro-
ADN duit d’amplification ; 3. contrôle
d’amplification sans acide désoxyri-
bonucléique (ADN) ; 4. marqueur de
Dénaturation
poids moléculaire.
95° C

Amorce sens
Hybridation Répétition
60° C n cycles
Amorce
antisens

Élongation
72° C

2n copies
A B

• l’acide ribonucléique (ARN), lien entre le génotype (ADN) et le Élongation


phénotype (la protéine).
Ces deux acides, même s’ils ne différent que par l’absence La température est à 72 ◦ C, température optimale d’activité
d’un oxygène au niveau d’un sucre de l’ADN par rapport à de l’ADN polymérase extraite d’une bactérie thermophile iso-
l’ARN, n’ont pas les mêmes caractéristiques physicochimiques lée de geysers, Thermus aquaticus, d’où est tiré le nom de
et ne donnent pas les mêmes informations en biologie molécu- l’enzyme : Taq polymérase. Cette enzyme n’est pas dégradée
laire. par l’étape de dénaturation de 95 ◦ C, à la différence des ADN
L’ADN et l’ARN sont extraits des cellules nucléées : un milli- polymérases qui avaient été préalablement utilisées. La Taq poly-
litre de sang contient en moyenne 30 à 50 ␮g d’ADN. L’ADN mérase copie l’ADN simple brin à partir des deux amorces :
est relativement résistant, à la différence de l’ARN. La qualité de le fragment d’ADN compris entre les deux amorces s’est alors
l’extraction est importante pour l’analyse de l’ADN génomique et dupliqué.
pour l’analyse de l’ARN. Puis ces trois étapes (un cycle) sont répétées.
Après n cycles, le nombre de copies de la région ampli-
fiée est théoriquement de 2n . Les cycles étant habituellement
Amplification en chaîne par une ADN répétés 30 fois, on obtient en théorie 230 copies du gène ini-
polymérase thermostable (« polymerase tial, soit une amplification de l’ordre du milliard. Le produit
de l’amplification (amplicon) est ensuite visualisé sur un gel
chain reaction ») d’agarose ou d’acrylamide (selon la taille du fragment amplifié),
Cette méthode a révolutionné la biologie moléculaire des qui permet la séparation des fragments en fonction de la taille.
années 1990 et a été couronnée par l’attribution du prix Nobel L’utilisation d’amorces fluorescentes permet d’améliorer la réso-
de chimie en 1993 [1] . Elle est basée sur l’amplification de frag- lution de l’analyse du produit de PCR [2, 3] . L’une des amorces
ments d’ADN délimités par deux courtes séquences reconnues par (généralement l’antisens) est rendue fluorescente par la fixation
deux oligonucléotides, dites amorces, grâce à une ADN polymé- à son extrémité 5 d’une molécule capable d’émettre une fluores-
rase résistant à une haute température (95 ◦ C). cence de longueur d’onde déterminée après une excitation laser.
Il existe trois phases distinctes lors de l’amplification en chaîne Par cette approche, le produit de PCR obtenu après amplification
par la polymérase (le sigle américain de cette méthode, PCR, pour est détectable par la fluorescence émise lors du passage devant la
polymerase chain reaction, universellement connu, sera utilisé dans fenêtre de lecture au cours de la migration capillaire électrophoré-
le texte) (Fig. 1). tique sur un analyseur de fragments (Genescan® ). Ceci permet de
lui attribuer une taille précise et améliore la sensibilité de détec-
Dénaturation tion du signal.
Plus généralement, la PCR apporte un énorme gain de sensibi-
L’ADN est dénaturé par chauffage à haute température (95 ◦ C), lité : le minimum d’ADN nécessaire pour la méthode historique
température à laquelle l’ADN polymérase résiste à la dégradation : de Southern (voir plus loin) est de 5 ␮g, soit environ 750 000
les deux brins se séparent. cellules, tandis qu’avec la PCR on peut aller jusqu’à l’analyse
d’une seule cellule. Elle est donc particulièrement indiquée pour la
Hybridation détection de séquences très peu représentées ou quand on dispose
La température de la solution est de l’ordre de 50 à 60 ◦ C pour de peu de matériel pathologique. Cette méthode a aujourd’hui
permettre à deux petits fragments d’ADN simple brin d’une ving- complètement supplanté la technique de Southern en routine
taine de bases (amorces), complémentaires de la région à amplifier en raison de sa rapidité (moins de 3 heures contre 1 semaine),
et l’encadrant, de s’apparier à l’ADN génomique dénaturé (la dis- de sa sensibilité et de l’absence de produits radioactifs. Mais la
tance entre les deux amorces peut varier entre une centaine de sensibilité très élevée de cette méthode a pour contrepartie un
paires de bases et environ 2 kb en routine). Ces amorces se fixent inconvénient majeur, le risque de faux positifs par amplification
préférentiellement à la région à amplifier. Elles sont nécessaires au d’ADN présent comme aérosols dans le laboratoire ou contami-
fonctionnement du système, car la polymérase ne peut déclencher nant les échantillons à analyser, d’où la nécessité de travailler
d’elle-même la réplication, et apportent aussi la spécificité de la dans des conditions très rigoureuses pour rendre des résultats
réaction. fiables.

2 EMC - Hématologie
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ARN messager AAAAAAAA

+ oligo d(T)TTTTTTT

AAAAAAAA
TTTTTTTTT
+ transcriptase inverse

Intron 1

Intron 2
Élongation
+ nucléotides
Promoteur
AAAAAAAA
ADN ADN complémentaire TTTTTTTTT
Exon 1 Exon 2 Exon 3
Transcription
et polyadénylation Hybride AAAAAAAA
ARN AAAAAAAA ARN/ADNc TTTTTTTTT
prémessager
Élimination du brin d’ARN

ARN messager AAAAAAAA ADNc TTTTTTTTT


A B
Figure 2.
A. Synthèse de l’acide ribonucléique (ARN) messager. L’ARN prémessager est synthétisé à partir du promoteur par l’ARN polymérase. Il est ensuite polyadénylé
et les introns sont épissés, produisant ainsi l’ARN messager mature. ADN : acide désoxyribonucléique.
B. Synthèse de l’ADN complémentaire. En présence d’une amorce (soit oligo d(T) qui se fixe sur la région polyadénylée, soit hexamères de séquence aléatoire
qui se fixent partout sur l’ARN, soit amorce spécifique), la transcriptase inverse (ADN polymérase ARN dépendante) copie le brin d’ARN messager en brin
d’ADN complémentaire. Lors du premier cycle de polymerase chain reaction (PCR), le brin d’ARN messager est éliminé et les amorces de PCR se fixent sur le
brin d’ADN complémentaire (ADNc).

RT-PCR (PCR après transcription inverse) L’amplification sur le même échantillon d’un gène domestique
d’expression ubiquitaire permet la validation de la qualité de
L’étude des ARN est devenue très aisée avec l’apport de la PCR. l’échantillon analysé et la quantification relative de la cible analy-
Cette méthode avait été initialement décrite pour l’ADN, mais une sée par rapport au gène domestique. Le choix de ce gène est crucial
simple modification permet de l’utiliser aussi pour l’ARN [4] . Elle car il doit être d’expression constante quels que soient les tissus
utilise une enzyme caractéristique des rétrovirus, la transcriptase ou les pathologies en cause. De plus, son niveau d’expression et
inverse, ADN polymérase ARN-dépendante qui permet de copier, sa cinétique de dégradation doivent être proches de celui du gène
en présence d’une amorce, une molécule d’ARN simple brin en cible analysé. Les gènes de référence les plus utilisés sont les gènes
une molécule d’ADN simple brin complémentaire de la séquence des sous-unités 28S et 18S des ARN ribosomiques, le gène Abelson
de l’ARN messager (Fig. 2). Une fois cette molécule d’ADN complé- (ABL), le gène de la glycéraldéhyde déshydrogénase (GAPDH), le
mentaire (ADNc) obtenue, la réaction classique de PCR peut être gène de la bêta-actine ou celui de l’hypoxanthine phosphoribo-
effectuée avec deux amorces spécifiques du gène à étudier. L’étude syltransférase (HPRT) [7] .
des produits de transcription permet la détection des ARN messa- La RQ-PCR permet également une quantification de la cible en
gers normaux ainsi que des ARN messagers de fusion résultant de valeur absolue grâce à l’établissement d’une droite de calibration
translocations chromosomiques telle que bcr-abl, caractéristique avec des dilutions successives d’une lignée témoin positive ou de
de la leucémie myéloïde chronique. L’étude de ces transloca- plasmides. Pour chaque point de la gamme, on définit le seuil de
tions est pratiquement impossible au niveau de l’ADN car leurs détection (cycle threshold – Ct) à partir duquel la fluorescence
points de cassure sont éparpillés sur les introns. Lors de l’épissage cumulée détectée dépasse le seuil de positivité (threshold), ce qui
des ARN messagers après transcription de l’ADN, les exons sont permet d’établir une courbe d’étalonnage. Il suffit alors de reporter
raboutés les uns aux autres (Fig. 2), générant des ARN et des le Ct obtenu pour l’échantillon à analyser sur cette droite et d’en
protéines de fusion uniformes. La grande sensibilité de l’ARN vis- déduire la quantité de la cible. L’efficacité et la spécificité de la PCR
à-vis des ribonucléases, enzymes dégradant l’ARN et non l’ADN, sont reflétées par la pente de cette droite, qui doit être proche de
présentes de manière ubiquitaire (mains, etc.) et elles-mêmes résis- -3,3, ce qui correspond à une efficacité de 100 % (Fig. 3).
tantes à la dégradation, implique un soin particulier lors de sa Plusieurs systèmes de détection fluorescents sont disponibles :
manipulation. les systèmes permettant la détection des produits d’amplification
générés après chaque cycle de PCR font appel soit à un agent inter-
calant se fixant directement sur l’ADN double brin, soit à une
PCR quantitative en temps réel (RQ-PCR) sonde fluorogénique allant s’hybrider de manière spécifique sur
Cette technique a pour objectif la mesure de la cinétique de le fragment cible amplifié.
formation du produit d’amplification au cours de la réaction de
PCR, sans l’interrompre, et d’en déduire une quantification de
la cible dans l’échantillon analysé. Elle peut s’appliquer aussi
SYBR green
bien à l’analyse en RT-PCR qu’à l’analyse génomique sur matrice Le SYBR green est un agent intercalant qui émet une fluo-
d‘ADN [2, 5, 6] . rescence uniquement lorsqu’il se fixe à l’ADN double brin. Il
Cette approche nécessite un marqueur fluorescent dont le signal présente l’avantage d’être très simple d’utilisation, très sensible,
augmente de manière spécifique avec l’amplification au cours de mais sa spécificité est essentiellement conditionnée par le choix
la réaction de PCR et un système de mesure externe de la fluores- des amorces. En effet, le SYBR green marque toutes les molé-
cence en temps réel. Grâce à cette mesure, il est possible de tracer cules d’ADN double brin, qu’elles soient spécifiques ou non de
une courbe représentant les différentes phases de la cinétique de la séquence d’intérêt. Par conséquent, tous les produits de PCR
PCR et de mesurer la quantité du produit d’amplification généré non spécifiques et les dimères d’amorces peuvent engendrer un
en un point de la phase exponentielle. C’est uniquement pendant signal de fluorescence. De plus, l’intensité de fluorescence est pro-
cette phase qu’il est possible d’extrapoler la quantité de la cible portionnelle à la masse d’ADN double brin produite, et donc à la
initialement présente dans l’échantillon avant amplification. taille des amplicons [8] .

EMC - Hématologie 3
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Polymérisation

R = reporter
Amorce sens R Q Q = quencher
5' 3'
3' 5'
5' 3'
5'
Amorce antisens
Déplacement

Sonde 3'
5'
3' 5'
5' 3'
5'
Amorce antisens

Digestion

5'
3' 5'
5' 3'
5'

Polymérisation complète

5'
3' 5'
5' 3'
5'

Figure 3. Principe de la polymerase chain reaction (PCR) en temps réel (système avec sonde spécifique). La sonde est dégradée au cours de l’élongation par
l’activité exonucléasique de la polymérase, entraînant une libération de l’émission de fluorescence par le reporter (R). L’accumulation de cette fluorescence
est détectée par l’appareil sans interruption de la réaction de PCR. La cinétique de l’accumulation de la fluorescence émise est proportionnelle à la quantité
de cible présente dans l’échantillon. L’utilisation d’une gamme de calibration permet de quantifier le prélèvement.

Sondes d’hydrolyse ou sondes Taqman® est associé à un désactivateur non fluorescent, ce qui rend possible
® la détection de deux cibles différentes au cours d’une même PCR.
La particularité de cette technologie (système Taqman ) est
d’ajouter entre les deux amorces une sonde fluorogénique (frag-
ment d’ADN simple brin non extensible par la Taq polymérase et Sondes FRET en tandem ou sondes LightCycler®
spécifique de la cible) qui possède deux fluorophores différents. Développée par LightCycler® (Roche), cette technologie fait
L’extrémité 5 porte le fluorophore donneur (ou reporter) dérivé appel à la fixation en tandem de deux sondes marquées chacune
de la fluorescéine (FAM, TET, JOE HEX ou VIC). À l’extrémité par une molécule fluorescente différente [10] . Dans ce système, c’est
3 se trouve le fluorophore dit suppresseur, ou désactivateur, ou la proximité des deux sondes lors de l’hybridation qui constitue le
extincteur (quencher), habituellement un dérivé de la rhodamine signal mesuré. La technologie LightCycler® permet une certaine
(TAMRA). Lorsque la sonde est intacte, le fluorophore donneur et flexibilité dans le choix du positionnement des sondes, mais est
le fluorophore extincteur sont proches, du fait de la petite taille de limitée dans le choix du couple de fluorophores. En effet, le trans-
la sonde (20 à 30 nucléotides). Cette proximité induit la suppres- fert d’énergie n’est efficace que lorsque la fluorescéine est associée
sion de la fluorescence du donneur par le phénomène de transfert à l’un des fluorophores rouges LightCycler® , le LC red 640 et le
d’énergie appelé fluorescent resonance energy transfer (FRET). Lors LC red 705. De fait, le système ne peut quantifier simultanément
de la PCR, la Taq polymérase commence l’élongation et va dégra- que deux cibles au maximum.
der la sonde par son activité 5 -exonucléasique et donc séparer le Quel que soit le système de fluorescence utilisé, le module de
site donneur du site désactivateur, lequel ne pourra plus empê- détection fait appel à une excitation par laser ou diode de tungs-
cher l’émission fluorescente du donneur. La fluorescence émise tène via des fibres optiques et à la mesure de la fluorescence
par le donneur, mesurée à la fin de chaque cycle d’amplification, réémise par une caméra CCD à des intervalles très rapprochés au
est ainsi proportionnelle à la quantité de sonde dégradée et donc cours de la réaction de PCR. L’avantage de l’approche spécifique de
de produit de PCR accumulé (Fig. 3). sonde par rapport aux agents intercalants est la grande spécificité
Le développement d’un nouveau type de sondes Taqman® , les apportée par la sonde, et la possibilité de coamplifier plusieurs
sondes Taqman MGB, a permis de remédier à certaines limites de séquences cibles dans la même réaction en utilisant des sondes
ce système [9] . En effet, l’introduction à l’extrémité 3 d’une molé- marquées par des fluochromes différents. Son coût est cependant
cule ayant une affinité pour le petit sillon de l’ADN, ou noyau nettement plus élevé.
MGB, augmente la Tm de la sonde et stabilise plus fortement Plus récemment sont apparus sur le marché des automates
son interaction avec la matrice ADN. Ceci a permis de concevoir de RQ-PCR qui permettent le traitement en système fermé d’un
des sondes de plus petite taille (13 à 20 nucléotides), capables de échantillon biologique brut (sang, LCR, etc.), depuis l’extraction
s’hybrider avec une matrice riche en oligonucléotides GC ou AT. des acides nucléiques jusqu’à la quantification par RQ-PCR d’une
De plus, dans une sonde Taqman MGB, le fluorophore donneur cible donnée. Ces automates, dont le plus connu actuellement

4 EMC - Hématologie
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est Genexpert® (Laboratoire Cepheid), fonctionnent avec des lipidique en présence des réactifs de PCR pour former un micro-
trousses prêtes à l’emploi, en conditionnement unitaire, stables réacteur. Le séquençage se fait par la suite selon le principe de
dans le temps et disposant d’un contrôle interne d’inhibition pour pyroséquençage (décrit plus haut).
chaque réaction. Leur avantage est la simplicité de fonctionne- Une caméra CCD permet de capturer les images après addition
ment et la rapidité de rendu de résultat (délai inférieur à deux de chaque nucléotide. Connaissant l’ordre dans lequel les quatre
heures globalement). Ils ont encore actuellement pour inconvé- nucléotides sont ajoutés, l’analyse des différentes images captu-
nient d’avoir un nombre de cibles restreint en oncohématologie rées permet de déduire la séquence des différents morceaux d’ADN
(quantification du transcrit de fusion BCR-ABL uniquement) et (illustrée par pyrogramme). Des logiciels bio-informatiques sont
un coût d’utilisation assez élevé [11] . ensuite utilisés pour reconstituer la séquence initiale. Cette tech-
nique permet le séquençage de fragments de 400 pb fixés sur billes,
et de 150 Mb à 0,5 Gb en un seul run.
Séquençage
Technologie Solexa/Illumina Genome Analyzer
Méthode de Sanger Cette technologie s’appuie sur l’amplification, l’accrochage-
La méthode décrite par Sanger [12] est fondée sur l’arrêt de liaison sur support solide (puce) et l’utilisation de terminateurs
l’élongation lors de la réplication par une ADN polymérase. Cet de chaîne réversibles (cyclic reversible termination – CRT) marqués
arrêt est provoqué par la présence de didésoxynucléotides (ddNTP) par des fluorochromes. Dans cette approche, chaque molécule
qui, à la différence des désoxynucléotides (dNTP, où N signifie une d’ADN est séquencée par addition du nucléotide complémentaire
des quatre bases) constituant l’ADN, ne permettent pas l’ajout catalysée par une ADN polymérase. Le séquençage des fragments
de la base suivante lors de l’élongation car le radical hydroxyl amplifiés se fait donc par synthèse. La réaction est suivie en temps
nécessaire a été remplacé par un simple atome d’hydrogène. En réel par une caméra. Chacun des quatre nucléotides marqués pos-
modifiant le ddNTP incorporé (par exemple ddATP au lieu de sède un groupe protecteur qui arrête la synthèse de l’ADN. Le
dATP) et en faisant migrer les quatre réactions d’élongation sur un fluorophore est ensuite éliminé ainsi que le groupe protecteur,
gel de polyacrylamide permettant la résolution à une base près, puis le groupement fonctionnel du nucléotide incorporé est res-
on peut définir précisément l’enchaînement des nucléotides dans tauré, ce qui permet à l’ADN polymérase d’incorporer le prochain
le gène étudié. nucléotide et le cycle peut redémarrer. Chaque cycle comprend
donc trois étapes : incorporation, détection et déprotection. Cette
Pyroséquençage technique permet le séquençage de fragments de 35 pb fixés sur
plaque, et de 1,5 Gb à 3 Gb en un run.
La méthode de pyroséquençage a largement supplanté la
méthode de Sanger, parce qu’elle est plus rapide et de moindre Technologie Applied Biosystems SOLiD
coût. Il s’agit d’un séquençage par synthèse qui repose sur Elle est fondée sur l’amplification par émulsion et l’hybridation-
l’analyse en temps réel de la synthèse de l’ADN cible par l’ADN ligature chimique. Dans les premières étapes, elle est assez
polymérase. Le principe de base consiste à hybrider une amorce à similaire de celle de Roche® . Les ADN sont d’abord fragmen-
l’ADN cible préalablement amplifié par PCR, puis à ajouter des tés puis reliés à des adaptateurs et ensuite fixés à des billes.
nucléotides l’un après l’autre de manière séquentielle et dans L’ADN est amplifié par une PCR en émulsion. Les microbilles
l’ordre à partir de l’extrémité 3 de l’amorce. porteuses de l’ADN amplifié sont alors déposées sur une plaque
A chaque incorporation d’un nucléotide complémentaire dans vitrée où aura lieu la réaction de séquençage par ajouts succes-
de l’ADN en cours de synthèse, un pyrophosphate inorganique sifs d’octamères. Dans ses premières versions, cette technique a
(PPi) est libéré. L’ATP sulfurylase transforme le pyrophophate permis le séquençage de fragments de 35 pb, et de 1 Gb en un
libéré en ATP. La molécule d’ATP libérée catalyse alors la conver- run. Cependant, avec l’avènement de la technologie SOLiD 4.0,
sion, par la luciférase, de la luciférine en oxyluciférine qui on peut désormais séquencer de 80 Gb à 100 Gb en un run [15–17] .
génère un signal lumineux proportionnel à la quantité d’ATP.
L’apyrase dégrade ensuite les nucléotides et l’ATP en excès. Le
signal lumineux est capté par une caméra CCD qui va le repro- Arrays : transcriptome, SNP, CGH
duire sous forme d’un pic sur le pyrogramme. La hauteur de
ce pic est proportionnelle au nombre de nucléotides incorporés La technologie des puces ADN est une méthode d’étude à haut
à chaque étape. On peut donc déduire la séquence à partir de débit des acides nucléiques. Elle permet l’analyse simultanée de
la taille des pics obtenus. En cas de mélange de nucléotides à plusieurs dizaines de milliers de gènes dans un échantillon biolo-
une même position (polymorphisme de séquence), la taille des gique sain ou malade, aussi bien au niveau de son génome (ADN)
pics permet d’avoir une quantification de la proportion de brins que de son transcriptome (ARN). L’étude du profil d’expression
porteurs de l’un ou l’autre des nucléotides. Cette méthode perfor- génique et du génome sur puces ADN est désormais une techno-
mante, totalement automatisée, ne permet de séquencer que de logie fiable qui a fait la preuve de son intérêt pour la classification
courts fragments d’ADN (60 pb jusqu’à 200 pb). La limitation du moléculaire des cancers. L’intérêt de cette technologie est aussi
nombre de bases séquencées est liée à l’inhibition progressive de lié au fait qu’elle permet par une approche de criblage à grande
l’apyrase [13, 14] . échelle, de découvrir des caractéristiques génomiques non sus-
pectées a priori, ce qui conduit à générer de nouvelles hypothèses
physiopathologiques.
Séquençage à haut débit
Depuis 2005, de nouvelles technologies de séquençage de Analyse du transcriptome
génome complet qui intègrent haut débit et rapidité avec un coût
moindre ont été développées. La technologie microarray permet de mesurer simultanément
Trois technologies sont actuellement les plus utilisées. et quantitativement l’expression relative de plusieurs milliers de
gènes. Depuis la description en 1995 de la première puce à ADN
Technologie Roche® /454 FLX avec 45 sondes fluorescentes d’Arabidopsis thaliana [18] , celle-ci est
Cette technique est globalement fondée sur l’amplification devenue un outil majeur, en particulier pour l’étude des tumeurs
de l’ADN lié spécifiquement à une bille en émulsion et sur le humaines.
pyroséquençage. La première étape consiste en la fragmentation Jusqu’à cette époque, l’étude de l’expression des gènes reposait
de l’ADN génomique par nébulisation. Ces fragments d’ADN sur la technique de northern blot ou la RT-PCR, mais les puces à
simple brin (ADNsb) sont par la suite reliés au niveau de leurs deux ADN ont permis l’analyse simultanée de tous les transcrits d’un
extrémités par deux adaptateurs. Des microbilles avec en surface génome. L’application immédiate a été d’améliorer et de préciser
des amorces complémentaires de l’un des adaptateurs permettent le diagnostic, le pronostic et l’orientation thérapeutique dans des
de fixer une molécule d’ADNsb à la fois. pathologies très diverses.
Chaque fragment d’ADN est alors amplifié par PCR en émulsion Il existe trois variantes principales de ces technologies. Histori-
où chaque microbille est mise en émulsion dans une microgoutte quement la plus ancienne, la technique des macroarrays utilisait

EMC - Hématologie 5
13-000-K-30  Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire

comme support des filtres de Nylon et une méthode de détec-


tion basée sur la radioactivité. Cette technique comportait certains
inconvénients : les contraintes physiques liées à la diffusion du
signal radioactif, qui limitent l’analyse à quelques centaines de
cibles par cm2 , sa sensibilité réduite, la limite inférieure étant la
détection d’une copie de messager parmi 20 000, ce qui place de
nombreux gènes faiblement exprimés en dehors de ces limites.
L’une des avancées de ces dernières années concernant les
impressions d’ADNc à haute densité a été le développement
de l’utilisation de supports en verre, couplé avec l’emploi de
méthodes de détection fluorescentes, qui ont permis une minia-
turisation importante (les microarrays sur lames de verre sont
compatibles avec des concentrations de plusieurs milliers de cibles
par cm2 ). Les premières générations de puces à ADN utilisaient des
ADNc de quelques centaines de bases, immobilisés sur les supports
par des liaisons chimiques covalentes. Ces fragments d’ADNc issus
de banques de clonage ne correspondent pas obligatoirement à
des gènes identifiés.
Les puces dites à oligonucléotides se développent de plus en
plus. Les sondes sont des oligonucléotides de synthèse allant de
25 à 80 bases. Les séquences choisies sont optimales pour hybri-
der chaque gène cible (intensité, sensibilité et spécificité). En
revanche, ce type de sonde permet uniquement la détection de
gènes connus et séquencés, ce qui a priori ne pose plus de pro-
blème pour les génomes humain et murin, qui ont été totalement
séquencés.
Les sondes sont généralement produites par microdépo-
sition, ou in situ, aboutissant à l’élaboration de sondes
d’oligonucléotides, directement sur la surface de la puce. Deux
grands types de synthèse sont utilisés : la photolithographie ou
l’impression. La description détaillée de ces techniques dépasse la Figure 4. Analyse du transcriptome par puce. Exemple de matrice de
cadre de cet article. couleurs (heatmap) obtenue après analyse des données par regroupement
La fluorescence est le système de détection le plus répandu, car non supervisé. Chaque colonne correspond à un échantillon, chaque ligne
elle permet une bonne sensibilité de détection du signal tout en à un gène présent sur la puce. Par comparaison à un témoin, les gènes
étant facile et non contraignante à manipuler, contrairement à sous-exprimés apparaissent en vert tandis que les gènes surexprimés appa-
la radioactivité. Deux types d’approches sont envisagés en fonc- raissent en rouge.
tion de l’utilisation d’un ou deux marqueurs. Dans l’approche
à un seul marqueur, dite « simple marquage » ou encore « non
compétitive », deux échantillons sont marqués avec le même fluo- de fluorochromes différents, la détection de la fluorescence glo-
rochrome – par exemple la phycoérythrine pour la technologie bale émise lors de l’hybridation permet, s’il existe un excès de
Affymetrix – et sont hybridés sur une puce séparément. L’intensité fluorescence du fluorochrome de l’ADN à étudier, de conclure
du signal sera proportionnelle à l’expression du gène correspon- à un gain de matériel génétique (amplification) ; à l’inverse, un
dant. Ce signal est généralement normalisé par rapport au bruit excès de fluorescence de l’ADN témoin identifie une perte de
de fond estimé de la puce, ou par rapport à un étalon interne, ou matériel (délétion). Cette technique permet donc de détecter
bien encore par rapport à des gènes de référence. les variations du nombre de copies d’un gène, ou copy number
Dans l’approche à deux marqueurs, dite « double marquage », abnormalities (CNA). Actuellement, les puces à ADN contiennent
reposant sur une hybridation compétitive, les deux échan- des oligonucleotides de 20 à 100 nucléotides qui couvrent
tillons sont marqués chacun avec un fluorochrome différent l’ensemble du génome (oligo CGH array). Grâce au grand nombre
– par exemple cyanine 3-CTP (Cy3) et cyanine 5-CTP (Cy5) d’oligonucléotides différents répartis de façon homogène sur le
(Agilent Technologies et la plupart des fournisseurs). Les deux génome entier dont on dispose, il a été possible de réduire la taille
échantillons sont mélangés en proportions équivalentes. Lors de minimale de la délétion ou du gain que l’on peut détecter. La
l’hybridation sur la puce, il y a compétition pour l’appariement à résolution de ces puces est inférieure à 5 kb [19, 20] .
la sonde immobilisée sur le support solide. De cette manière, on
mesure directement un ratio entre le signal fluorescent émis par
l’échantillon marqué en Cy5 et celui de l’échantillon marqué en
Polymorphismes mononucléotidiques : SNP array
Cy3. Cette technique repose sur l’hybridation d’un génome d’intérêt
L’analyse des données se décompose en trois étapes : sur une puce à ADN. Cette puce contient des oligonucléotides
• la détection du signal et l’analyse d’images ; de 15 à 25 nucléotides qui correspondent à la séquence des
• le traitement des données brutes et le regroupement ; différents allèles des centaines de milliers de polymorphismes
• l’analyse des données sur la base, en particulier, d’algorithmes mononucléotidiques du génome humain, d’où son nom : single
de classification. nucleotide polymorphism (SNP) array. Le fragment d’ADN d’intérêt
Les résultats peuvent ainsi être représentés après classification est fragmenté par digestion enzymatique, puis lié à un adapta-
supervisée (annotations et regroupement choisis préalablement à teur sur lequel va se fixer une amorce permettant l’amplification
l’analyse par l’expérimentateur) ou non supervisée (regroupement par PCR des différents fragments d’ADN générés. Ensuite, tous ces
des échantillons réalisé par le logiciel d’analyse) en fonction de fragments d’ADN amplifiés sont marqués par un fluorochrome
l’intensité d’expression de chaque gène (code couleur) et de leur et hybridés avec les sondes oligonucélotidiques fixées sur la
ressemblance (dendrogramme). La Figure 4 représente un exemple lame. Les fragments d’ADN qui trouvent l’oligonucléotide qui
de résultats d’analyse de transcriptome sous forme de heatmap. leur est exactement complémentaire vont s’hybrider et émettre
une fluorescence. Si, pour un polymorphisme donné, un seul
des oligonucléotides émet de la fluorescence, cela signifie qu’à
Hybridation génomique comparative : CGH array cette position l’individu possède le même nucléotide sur chacun
Cette technique repose sur le principe de l’hybridation des brins des chromosomes homologues, il est alors homozygote. Cette
complémentaires entre l’ADN à étudier et un ADN témoin préa- technique permet donc de détecter la perte d’hétérozygotie (loss
lablement déposé sur une puce. Ces deux ADN étant marqués of heterozygosity – LOH) sans perte quantitative de matériel,

6 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire  13-000-K-30

communément appelée disomie uniparentale (UPD) ou copy neu- précoce que celui de l’ADN double brin témoin. Une différence
tral LOH (CN-LOH). Les techniques de SNP array les plus récentes, d’une seule base entre l’ADN muté et l’ADN témoin est suffisante
notamment celles développées par Affymetrix® , contiennent sur pour provoquer des profils de migration différents.
la même puce 1,8 millions d’oligonuléotides différents, per-
mettant la détection simultanée des CNA et des CN-LOH. La Électrophorèse en gel non dénaturant
résolution de cette technique est inférieure à 1 kb [19, 20] .
La méthode single strand conformation polymorphism (SSCP) étu-
die le polymorphisme conformationnel des structures simple brin.
Technique de transfert d’empreintes : Elle met à profit les différences de réappariement des molécules
d’ADN simple brin sur elles-mêmes, aboutissant à une structure
« blotting » en épingle à cheveu, qui varie en fonction de la composition
Méthode de Southern en nucléotides de l’ADN [24] . Ainsi, lors d’une électrophorèse sur
un gel de polyacrylamide non dénaturant, après dénaturation
Quand une solution d’ADN est exposée à un pH ou une des deux brins de l’ADN à étudier, on observe une différence de
température élevée (90 ◦ C), les deux brins complémentaires qui migration non seulement selon leur taille mais aussi selon leur
constituent l’ADN se séparent. Ce phénomène, appelé dénatu- séquence, ce qui permet de distinguer un fragment d’ADN simple
ration, est réversible et la réassociation peut avoir lieu entre brin muté d’un fragment témoin, non muté.
n’importe quel acide nucléique (ARN ou ADN) tant que les Dans un certain nombre de cas, il est utile de distinguer les
séquences sont complémentaires. Ceci est la base de la méthode deux allèles d’un même chromosome, par exemple pour analyser
décrite initialement par Edwin Southern en 1975 [21] . L’ADN chro- la clonalité myéloïde, ou pour effectuer une étude de chimé-
mosomique est d’abord digéré par des enzymes de restriction risme post-allogreffe. La technique polymorphisme de longueur
afin de diminuer la taille des fragments à analyser. Ces frag- des fragments de restriction (RFLP) met à profit la présence sur
ments sont ensuite séparés selon leur taille par électrophorèse un allèle et l’absence sur l’autre d’un site de restriction. En utili-
en gel d’agarose. Les fragments d’ADN sont transférés sur un sant d’une part cette enzyme de restriction lors de l’analyse par
support solide (Nylon ou nitrocellulose) après une étape de déna- la méthode de Southern, et d’autre part une sonde spécifique de
turation. Une fois transférées, les séquences étudiées sont mises cette région, il est possible de distinguer les deux allèles par le
en évidence par hybridation d’une sonde marquée radioacti- polymorphisme de longueur des fragments de restriction obtenus.
vement (phosphore 32) ou non (avec une perte de sensibilité Le polymorphisme étudié peut provenir également d’une
dans ce dernier cas). Après lavage, la membrane est mise au séquence répétée d’une manière différente sur chaque allèle (par
contact d’un film radiographique pour faire apparaître le signal de exemple, 10 répétitions sur un allèle et 15 sur l’autre) analysé soit
radioactivité. par la méthode de Southern, soit par PCR. Ces séquences sont plus
La sensibilité de cette méthode est de l’ordre de 5 %. Cependant ou moins longues :
elle ne permet pas de reconnaître les mutations ponctuelles, à • de 11 à 60 nucléotides pour les minisatellites, ou variable number
l’exception des mutations affectant le site reconnu par l’enzyme of tandem repeats (VNTR), utilisée pour l’analyse du chimérisme
de restriction nécessaire à la digestion de l’ADN. post-allogreffe ;
• de 1 à 4 bases pour les microsatellites, ou short tandem repeats
Northern blot (STR), répétitions de 12 à 40 copies (application à la clonalité
Cette méthode initialement développée pour étudier les pro- myéloïde, par exemple avec le gène du récepteur aux andro-
duits de transcription nécessite une grande quantité d’ARN. Elle gènes, dont le microsatellite est représenté par la séquence CAG
est aujourd’hui remplacée par la RT-PCR. Elle est fondée sur le répétée de 12 à 26 fois).
même principe que le Southern blot, et fut dénommée par jeu de L’informativité relative de ces polymorphismes est nettement
mots la méthode du Northern blot [22] . L’ARN est mis à migrer dans plus importante pour les microsatellites et les minisatellites que
un gel d’agarose dénaturant (pour maintenir sa forme simple brin pour les RFLP.
linéaire), puis transféré sur une membrane de Nylon et hybridé
avec une sonde radioactive, comme pour le Southern. Un ARN
de fusion n’aura pas la même taille que l’ARN messager sau-  Applications à l’hématologie
vage. Cette méthode permet une quantification de l’ARN messager
d’une manière plus fiable que la RT-PCR, mais avec une sensibilité maligne
moindre.
Détection d’une population lymphoïde
Dot blot clonale
Cette méthode est une simplification du Northern blot, qui La mise en évidence d’une population clonale est un argument
permet la quantification des ARN messagers sans évaluer leur important de la nature maligne d’une prolifération hématopoïé-
taille. Elle ne distingue pas un ARN de fusion d’un ARN normal. tique, bien que la corrélation ne soit pas parfaite (voir ci-dessous).
Une goutte d’ARN est directement déposée sur une membrane Les techniques les plus répandues permettant de détecter une
de Nylon ou de nitrocellulose (formant un petit disque sur cette population cellulaire clonale sont soit l’examen cytogénétique
membrane, d’où le nom anglais : dot [point]). La membrane est montrant une anomalie caryotypique, soit l’étude du réarran-
ensuite mise au contact de la sonde marquée puis l’hybridation gement des gènes d’immunoglobulines (Ig) ou du récepteur des
spécifique est révélée par autoradiographie. cellules T (T Cell receptor – TCR) dans une prolifération lymphoïde.

Électrophorèses Réarrangements des gènes des Ig et du TCR


Les Ig sont composées de deux chaînes lourdes et de deux
Électrophorèse en gel de gradient dénaturant chaînes légères tandis que le complexe du TCR comporte soit
Une des premières méthodes développées pour rechercher des une chaîne ␣ et une chaîne ␤, soit une chaîne ␥ et une chaîne
mutations dans des régions étendues de l’ADN fut l’électrophorèse ␦. La structure et les mécanismes de réarrangement des gènes qui
en gel de gradient dénaturant [23] . Cette technique est basée sur codent les chaînes lourdes (IgH, chromosome 14q32), les chaînes
le fait que l’ADN simple brin migre beaucoup moins vite que légères (Ig␬, chromosome 2p12 et Ig␭, chromosome 22q11), le
l’ADN double brin. Un ADN double brin contenant un défaut locus des TCR ␣/␦ (chromosome 14q11), le TCR ␤ (chromosome
d’appariement (hétéroduplex réalisé in vitro entre un ADN simple 7q35) et le TCR ␥ (chromosome 7p15) sont similaires. Dans leur
brin muté et un ADN simple brin témoin) sera dénaturé plus rapi- configuration non réarrangée (appelée germinale), elles consistent
dement qu’un ADN double brin parfaitement apparié. En présence en de nombreux segments discontinus dénommés : variable (V),
d’un gradient d’agent dénaturant (urée, etc.), l’ADN mal apparié de jonction (J) et, pour les gènes des IgH, du TCR␤ et du TCR␦ uni-
va se dissocier plus rapidement, d’où un arrêt de sa migration plus quement, de diversité (D). Il existe aussi, en aval de ces segments,

EMC - Hématologie 7
13-000-K-30  Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire

Configuration germinale des gènes IgH


VH DH JH Eμ Sμ Cμ
1 2 3 4 5 n 1 2 3 4 n 1 2 3 4 5 6

Gènes IgH partiellement réarrangés Recombinaison D-J

Gènes IgH réarrangés Recombinaison V-D-J

ARN messager précurseur Transcription


AAAA

Épissage
ARN messager mature AAAA
VDJ-Cμ
Figure 5. Structure des gènes qui codent pour les récepteurs à l’antigène (immunoglobulines [Ig] ou récepteur des cellules T [TCR]). Le locus IgH est illustré
à titre d’exemple. E␮ : enhancer ␮ (élément régulateur induisant la transcription des IgH) ; S␮ : séquence de switch important pour la commutation de classe
des Ig ; C␮ : segments constants.

un ou deux gènes constants (C). Au cours de la différenciation segments J et de part et d’autre des segments D. Ces RSS servent
lymphoïde, la diversité des gènes des Ig et du TCR est générée à diriger le système de recombinaison partiellement médié par
par un processus de recombinaison entre ces segments V, D et J deux gènes, recombinase activating gene (RAG)-1 et 2 [25, 26] , vers les
(Fig. 5). Dans le système IgH, par exemple, un des deux allèles IgH segments V, D et J.
subit d’abord une recombinaison génique entre un des segments Trois mécanismes concourent à la génération de la diversité des
DH et un des segments JH , entraînant l’excision de l’ADN les sépa- gènes des Ig et du TCR.
rant. Dans un deuxième temps, un des segments VH se recombine
au réarrangement DH JH , créant ainsi une unité de transcription Réarrangement combinatoire
VH DH JH . Ce gène réarrangé est d’abord transcrit en prémessager La diversité des gènes des Ig et du TCR qui peut être générée
puis, après épissage des introns séparant le segment JH du segment par la recombinaison V-(D)-J est déterminée par le nombre de seg-
CH , l’ARN messager (ARNm) VH DH JH CH est traduit en protéine ments V, D et J de chaque locus. Comme le montre le Tableau 1,
IgH mature. L’ordre de réarrangement des gènes d’Ig est IgH puis cette diversité combinatoire varie beaucoup selon les gènes.
Ig␬ et enfin Ig␭, tandis que celui des gènes des TCR est : TCR␦
puis TCR ␥ et TCR␤ et finalement TCR␣ avec délétion du TCR␦ Diversité jonctionnelle
situé sur le même allèle, puisque le locus du TCR␦ est à l’intérieur Lors du réarrangement, les séquences situées à la jonction des
du locus TCR␣, entre les segments V␣ et J␣. La production d’une segments V, D ou J peuvent être modifiées soit par la délétion des
Ig ou d’un TCR fonctionnel nécessite la juxtaposition, dans une nucléotides situés en aval des segments V, en amont des segments
même unité de transcription et dans le même cadre de lecture, des J, et de part et d’autre des segments D, soit par l’addition de courtes
segments V, D et J. Si le réarrangement V-(D)-J du premier allèle séquences non codées à l’état germinal et ajoutées grâce à l’activité
s’avère fonctionnel, le processus dit d’exclusion allélique empêche de la terminal désoxynucléotidyl transférase (TdT), créant ainsi
le réarrangement du deuxième allèle. Sinon, un deuxième réarran- les régions “N”, ou complementarity determining region (CDR3) de
gement a lieu sur l’autre allèle, augmentant ainsi la possibilité de séquence et de longueur hautement variables. Dans la majorité
produire un récepteur fonctionnel. des cas (2/3 en théorie), ces processus de recombinaison créent
Le réarrangement de segments V, D et J est réalisé par une séquence dont le cadre de lecture n’est pas conservé, pouvant
l’intermédiaire de signaux de recombinaison (recognition signal être transcrite en ARN mais ne pouvant être traduite en pro-
sequences – RSS) situés en aval des segments V, en amont des téine (réarrangement non fonctionnel). Lors de la différenciation

Tableau 1.
Répertoire des réarrangements de gènes dans les lignées lymphoïdes.
Immunoglobulines (Ig) TCR␣␤ TCR␥␦
IgH Ig␬ Ig␭ TCR␣ TCR␤ TCR␥ TCR␦
Diversité germinale
Segments V 100-200 40-80 > 40 60 ± 70 8 8
Famille de segments V 7 4 7 29 24 4 ?
Segments D > 20 - - - 2 - 3
Segments J 6 5 >4 75 13 5 3
Diversité jonctionnelle
Additions N +++ + + + ++ ++ +++

TCR : récepteur des cellules T.

8 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire  13-000-K-30

1 2 3 4 5 TCRγ polyclonal IgH polyclonal

TCRγ oligoclonal IgH oligoclonal

TCRγ clonal IgH clonal

Figure 7. Détection d’une population lymphoïde clonale par amplifi-


cation de la région N des V-(D)-J des IgH ou du récepteur des cellules
T gamma (TCR␥) à partir de l’ADN par polymerase chain reaction (PCR)
fluorescente et analyse de fragment.

donner des résultats faussement positifs par PCR avec certains


segments (V␥9 et JP par exemple) si leur présence n’est pas sus-
pectée [29] .
L’utilisation d’amorces fluorescentes et la détection des pro-
duits de PCR par un analyseur de fragments permet l’analyse
globale de la clonalité lymphoïde (Fig. 7) et de connaître de
manière précise la taille du réarrangement amplifié, ce qui peut
être d’une aide précieuse lors de l’analyse de prélèvements de suivi
ou pour définir un envahissement a minima (bilan d’extension) de
prélèvements périphériques. Par ailleurs, l’utilisation d’amorces
marquées par des fluochromes différents permet, dans une PCR
multiplex, d’identifier les différents segments V ou J impliqués
dans le réarrangement. Ceci apporte une meilleure compréhen-
sion des répertoires utilisés dans différentes pathologies et peut
également s’avérer utile pour l’analyse de prélèvements de suivi.
On peut par ailleurs identifier les réarrangements dits canoniques
Figure 6. Détection d’une population lymphoïde clonale par amplifi-
(cf. supra) et éliminer ainsi le risque de faux positifs lié à leur
cation de la région N du récepteur des cellules T gamma (TCR␥) à partir
présence au sein d’un répertoire très restreint. Cette approche
de l’ADN par polymerase chain reaction (PCR) classique et migration des
présente par ailleurs l’avantage d’être très reproductible [30] .
produits de PCR sur gel d’acrylamide. 1. Marqueur de poids moléculaire ;
Il faut cependant signaler le risque de détection de faux posi-
2, 3, 5. prélèvement polyclonal ; 4. prélèvement clonal.
tifs par la PCR fluorescente, notamment lorsque le répertoire
étudié est restreint ou peu utilisé, comme dans l’analyse des réar-
rangements du TCR ␥ ou ␦. En conclusion, si cette méthode
comporte d’indiscutables avantages, son utilisation suppose une
lymphoïde, seuls les lymphocytes capables d’exprimer un récep- bonne expérience et une interprétation en fonction de la patho-
teur à l’antigène fonctionnel sont sélectionnés. Il en découle que logie sous-jacente.
les réarrangements retrouvés dans une cellule ou dans un clone
lymphoïde immature peuvent être non fonctionnels, mais qu’au
moins un des deux réarrangements des populations lymphoïdes
Apport de l’analyse des réarrangements des gènes
matures est fonctionnel. des Ig et du TCR
La mise en évidence d’un réarrangement clonal des gènes des
Ig et du TCR représente un argument décisif de la nature clo-
Détection d’un réarrangement d’Ig ou du TCR nale d’une prolifération lymphoïde [31] . Ceci est particulièrement
La technique de Southern, malgré l’amélioration qu’elle a important lorsque l’aspect morphologique ou histologique est
apportée dans notre compréhension des proliférations lym- polymorphe, ce qui est parfois le cas dans certains lymphomes.
phoïdes, est aujourd’hui délaissée au profit de la PCR, technique Il faut cependant signaler que, bien que dans la plupart des
plus rapide, non radioactive, au moins aussi sensible que le Sou- cas la présence d’une population clonale signifie une population
thern blot, et qui en outre nécessite beaucoup moins d’ADN. maligne, ceci n’est pas toujours vrai. D’une part, il existe certaines
L’amplification à partir de l’ADN, avec des amorces spécifiques proliférations lymphoïdes clonales dont l’évolution clinique ne
des segments V et J, permet l’amplification de la région hyper- correspond pas à celle d’un processus malin, telles les popula-
variable V-(D)-J, dite région N ou CDR3 (voir ci-dessus). Dans tions lymphoïdes B associées à une gammapathie monoclonale
une population lymphoïde clonale, la jonction V-(D)-J est iden- bénigne, la papulose lymphomatoïde et certaines proliférations
tique dans toutes les cellules, tandis que dans une prolifération à grands lymphocytes à grains (large granular lymphocytes – LGL).
polyclonale la taille des jonctions est variable. L’analyse des pro- D’autre part, le développement de techniques de plus en plus sen-
duits d’amplification après électrophorèse sur gel d’acrylamide, sibles permet de mettre en évidence la présence de populations
de meilleure résolution que celle sur gel d’agarose, permet la réactionnelles qui représentent en fait l’expansion d’une popula-
distinction entre population clonale (bande unique) et poly- tion clonale lymphoïde stimulée par l’antigène. Ces populations
clonale (traînée d’ADN) (Fig. 6). L’utilisation de ces techniques réactionnelles clonales sont détectées surtout si le répertoire de
pour la détection de la clonalité a été appliquée à l’analyse réarrangements des TCR est restreint, comme dans les lympho-
des réarrangements des gènes du TCR␥ et des IgH [27] . Le réper- cytes T␥␦ du sang et les lymphocytes T␣␤ de l’intestin [32] . Malgré
toire restreint (Tableau 1) du locus du TCR␥ permet l’utilisation ces limites, la mise en évidence d’une population lymphoïde
d’un mélange d’oligonucléotides spécifiques de chaque segment clonale a beaucoup amélioré notre capacité à distinguer les proli-
V et J tandis que la complexité du locus des IgH nécessite férations bénignes des proliférations malignes.
l’utilisation d’oligonucléotides « consensus » qui reconnaissent L’analyse des réarrangements des gènes d’Ig et du TCR dans une
des séquences conservées entre les différents segments V et population lymphoïde dont la nature T ou B n’est pas clairement
J, soit de toutes les familles VH , soit spécifiques de chaque établie par l’immunophénotypage permet parfois de déterminer la
famille [28] . L’inconvénient majeur de l’utilisation du TCR␥ pour lignée lymphoïde impliquée (T ou B). Il existe cependant une inci-
l’analyse par PCR est la présence dans le sang de jonctions V-J dence non négligeable de réarrangements dits illégitimes dans les
« canoniques » ayant peu de diversité jonctionnelle et pouvant proliférations lymphoïdes immatures, surtout dans les leucémie

EMC - Hématologie 9
13-000-K-30  Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire

aiguë lymphoblastique (LAL). Le TCR␥, par exemple, est réar- location t (9; 22), la majorité des cas sont caractérisés par un point
rangé dans 40 % à 70 % des LAL de la lignée B [33] . L’utilisation de cassure bien plus en amont dans le gène bcr, dans l’intron 1
des réarrangements des gènes du TCR ou des Ig pour faire la dis- (minor breakpoint cluster region – m-BCR). Le produit protéique de
tinction entre prolifération T ou B est plus fiable pour l’analyse ce gène s’appelle p190.
des populations matures, au cours desquelles ces réarrangements Actuellement, un certain nombre de transcrits de fusion
illégitimes sont bien plus rares. Mais, dans tous les cas, les résul- sont recherchés par RT-PCR de manière systématique dans
tats doivent être interprétés en fonction des données cliniques, le bilan diagnostique des LAM (AML1-ETO, CBFb-MYH11 et
morphologiques et immunologiques. PML-RARA [44] ), des LAL-B (BCR-ABL, E2A-PBX1, MLL-AF4 et
TEL-AML1 [36, 37, 41, 42, 45–49] ) et des LAL-T (SIL-TAL, CALM-AF10 et
NUP214-ABL [38, 39, 50] ).
Détection des anomalies génétiques Il existe aussi des anomalies impliquant d’un côté un chro-
récurrentes mosome et un gène constants, mais de l’autre un partenaire
chromosomique variable. Les anomalies en 11q23 sont présentes
L’étude cytogénétique consistant en une analyse globale du dans environ 5 % à 10 % des leucémies aiguës en général, et d’une
génome a une place primordiale dans la prise en charge des manière préférentielle dans les leucémies aiguës des enfants âgés
hémopathies malignes, de par l’identification d’anomalies chro- de moins d’un an (70 %) et dans certaines leucémies secondaires.
mosomiques de valeur pronostique avérée. Il existe cependant Du côté du chromosome 11, toutes ces translocations impliquent
certaines situations où la cytogénétique classique ne permet pas le même gène, MLL, alors que l’on dénombre pas moins d’une
de mettre en évidence ces anomalies. Ainsi il est parfois diffi- soixantaine de gènes partenaires différents [47, 48, 51] . La transloca-
cile d’obtenir des métaphases de qualité acceptable, par exemple tion est détectable et quantifiable par PCR, mais du fait de la
lorsqu’un prélèvement est effectué après traitement par chi- grande variabilité des partenaires, elle est d’abord détectée par
miothérapie, ou dans les proliférations matures dont l’index FISH avec une sonde MLL sur métaphase ou même sur noyau
mitotique est moins important, ou encore quand la population interphasique. Le partenaire est ensuite identifié par séquençage
maligne est minoritaire. De plus, l’analyse des métaphases n’est du produit de la LDI-PCR (long distance inverse – LDI). La LDI-PCR
pas possible sur du matériel congelé ou fixé en paraffine. Cer- est une technique qui permet d’amplifier un gène de fusion en
taines anomalies chromosomiques sont difficiles à détecter par ne connaissant que la séquence de l’un des deux gènes impliqués.
une analyse classique, comme l’inversion du chromosome 16 des Cette technique trouve tout son intérêt dans la détection des ano-
leucémies aiguës myéloïdes (LAM) M4 avec éosinophiles anor- malies génétiques impliquant des gènes à partenaires multiples,
maux [34, 35] . Il existe aussi des anomalies chromosomiques qui tels que NUP98 ou MLL. Son principe repose sur la double diges-
ne sont pas visibles sur le caryotype classique et qu’on appelle tion par une enzyme de restriction du fragment d’ADN d’intérêt
anomalies cryptiques. Comme exemple de ce type d’anomalies, (exemple MLL-gène partenaire inconnu) d’une taille de 2 à 5 kb,
la t (12; 21) dans les LAL-B pédiatriques, qui correspond à puis ligation entre eux des deux bouts de l’ADN à étudier for-
un échange de segments chromosomiques de même « couleur » mant ainsi un cercle, puis amplification par un couple d’amorces
sur le caryotype (sombre en bandes R) et ne peut de ce fait de sens opposé mais toutes deux complémentaires de la séquence
être mise en évidence que par des techniques d’hybridation in génique connue. Ainsi le séquençage du produit d’amplification
situ fluorescente (FISH), ou par PCR en identifiant le transcrit permet l’identification de la séquence et donc du gène
de fusion TEL-AML1 qu’elle génère [36, 37] . De plus, la résolution partenaire.
maximale possible de l’analyse des chromosomes marqués en
bandes R ou G est de l’ordre de 1 à 10 Mb. Ainsi les délétions
Anomalies quantitatives
submicroscopiques, intra- ou intergéniques, ne sont détectables
que par des techniques de cytogénétique moléculaire (FISH ou Il s’agit essentiellement de translocations conduisant à
CGH array) ou par PCR. La délétion tald , par exemple, (envi- l’expression aberrante d’un proto-oncogène qualitativement
ron 25 % des cas de LAL-T), qui aboutit à la fusion des gènes normal, suite à sa juxtaposition à une séquence régulatrice inha-
SIL-TAL1, consiste en une délétion spécifique de 90 kb d’ADN bituelle, souvent celle d’un gène des Ig ou du TCR. Les points de
en amont du gène tal-1. Trop courte pour être visible par caryo- cassure du côté du proto-oncogène se trouvent en dehors de la
type classique, elle peut être détectée facilement par PCR [38, 39, 40] . partie codante du gène, parfois à une distance considérable (une
D’autres anomalies génétiques, comme les mutations soma- centaine de kb pour les t (11; 14) (q13; q32) des lymphomes du
tiques, ne sont détectables que par des techniques de biologie manteau par exemple) [52, 53] et la protéine reste donc intacte. Le
moléculaire. résultat final de ces anomalies est une dérégulation de l’expression
du proto-oncogène, soit à un stade inhabituel de la différencia-
tion ou du cycle cellulaire, soit dans un tissu n’exprimant pas ce
Anomalies qualitatives produit physiologiquement.
Les translocations conduisent à l’expression d’un transcrit de Ces anomalies chromosomiques résultent souvent d’erreurs de
fusion résultant de la juxtaposition des parties codantes de deux la recombinase lors des réarrangements des gènes des Ig ou du TCR
gènes. Elles sont détectées par RT-PCR à partir de l’ARN. Ces ano- (voir ci-dessus) et se retrouvent, par conséquent, dans les tumeurs
malies se retrouvent dans les tumeurs lymphoïdes et myéloïdes. lymphoïdes. Les points de cassure sont situés dans une séquence
Les transcrits de fusion et donc les produits de PCR sont identiques signal de recombinaison réelle du côté des Ig ou du TCR, et dans
chez tous les malades atteints du même type de translocation, une séquence qui lui ressemble du côté du proto-oncogène. La
impliquant les mêmes introns. Cette uniformité rend possible jonction nucléotidique entre les deux chromosomes est soumise
la détection de la quasi-totalité des translocations avec une ou aux mêmes modifications que les réarrangements physiologiques
deux paires d’amorces d’amplification, mais cette analyse est très des Ig ou du TCR, créant ainsi une région N spécifique de chaque
sensible aux contaminations de la PCR, du fait même de cette malade. L’amplification de ce type de translocation par PCR se
uniformité. fait à partir de l’ADN et génère des produits de PCR de taille
À titre d’exemple, les translocations t (9; 22) (q34; q11) des leu- variable, ce qui rend plus facile l’identification de la transloca-
cémie myéloïde chronique (LMC) et des LAL sont identiques sur le tion spécifique de chaque malade et la séparation d’éventuels
plan caryotypique mais diffèrent sur le plan moléculaire, bien que produits contaminants. Par contre, seuls les points de cassure
toutes les deux impliquent les gènes bcr et abl [41–43] . Dans les deux regroupés dans la région avoisinant les amorces d’amplification
cas, le point de cassure du chromosome 9 se produit au sein de seront détectés. L’amplification par PCR de la région principale de
l’intron 1 du gène abl, qui s’étend sur environ 200 kb. En revanche, cassure (major breakpoint region – MBR) de la translocation t (14;
les points de cassure sont plus éparpillés sur le chromosome 22. 18) des lymphomes folliculaires, par exemple, ne détecte que les
Dans la grande majorité des LMC, le point de cassure se trouve cas comportant une translocation t (14; 18) caryotypique dont le
dans la partie centrale du gène bcr (major breakpoint cluster region point de cassure est situé dans MBR (environ 70 %). En amplifiant
– M-BCR). Le transcrit de fusion qui en résulte est traduit en une mcr (minor cluster region), il est possible de détecter les cas dont
protéine anormale, dite p210. Dans les LAL comportant une trans- le point de cassure se situe dans cette région (environ 5 %) [54] .

10 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire  13-000-K-30

De même, la détection par PCR de la translocation t (11; 14) des Diagnostic


lymphomes du manteau est positive seulement dans la moitié
des cas, quand le point de cassure implique la région préféren- Certaines anomalies sont pathognomoniques d’une maladie et
tielle de translocation (major cluster region – MCR) en amont du leur mise en évidence est nécessaire pour établir le diagnostic,
gène dérégulé, CCND1 ou PRAD-1 [53] . Vu la faible informativité de notamment dans tous les cas ayant une présentation clinique aty-
cette méthode, l’alternative est de mesurer par PCR quantitative pique. C’est le cas par exemple de la LMC et de la détection d’un
l’expression de la CCND1, qui est augmentée dans toutes les trans- réarrangement impliquant les gènes BCR et ABL.
locations t (11; 14) des lymphomes du manteau. L’identification De la même manière, le diagnostic de LAM3 en l’absence d’une
des t (11; 14) ou t (14; 18) par biologie moléculaire est moins translocation t (15; 17) (q22; q11) et/ou d’un transcrit de fusion
informative que par cytogénétique ; en revanche, en cas de posi- PML-RARA nécessite la mise en évidence d’une forme molécu-
tivité, l’identification par PCR fluorescente de la taille exacte de laire variante telle que la translocation t (11; 17) (q23; q21) ou
ces remaniements permet de suivre leur évolution en réponse au son transcrit de fusion, PLZF-RARA [44, 68] . Du côté lymphoïde, la
traitement. mise en évidence par caryotype classique ou par analyse molécu-
Dans les LAL-T, les translocations t (7; 10) et t (10; 14) laire de la translocation t (14; 18) (q32; q21) [IgH ; bcl-2] ou de
impliquent les gènes du TCR et le gène HOX11 situé sur le chromo- la t (11; 14) (q13; q32) [bcl-1/CCND-1 ; IgH] contribue au diag-
some 10, entraînant sa surexpression. En routine, l’identification nostic du lymphome folliculaire et du lymphome du manteau,
par biologie moléculaire de ces deux translocations se fait grâce respectivement.
à la mesure par PCR quantitative du niveau d’expression du gène
HOX11. Un autre gène de la même famille que HOX11, HOX11L2
(HOX11 like 2), est impliqué dans une translocation cryptique t Pronostic
(5; 14) qui entraîne son hyperexpression, probablement en rai-
Depuis le début des années 2000, le nombre d’anomalies molé-
son de la proximité des régions promotrices du gène CTIP2 situé
culaires ayant un impact pronostique ne cesse d’augmenter et leur
en 14q32. En routine, l’identification de cette translocation peut
recherche systématique au sein de grandes cohortes de patients
se faire par hybridation in situ fluorescente ou en quantifiant
protocolaires devrait permettre de pondérer la valeur de chacune
l’expression de HOX11L2 par RQ-PCR [38, 55, 56] .
d’entre elles ou d’identifier les associations de plus grande valeur
D’autres gènes sont surexprimés dans les hémopathies
pronostique.
malignes, mais sans remaniements chromosomiques sous-jacents.
Nous rapportons dans le Tableau 2 les anomalies génétiques
La découverte de la surexpression de ces gènes, notamment ceux
d’incidence supérieure à 5 % dans les leucémies, et qui ont une
qui ont une valeur pronostique, a été rendue possible par des
valeur pronostique avérée.
études de transcriptome, en comparant au sein d’une même
hémopathie le profil d’expression des patients de bon pronostic
à celui des patients de pronostic péjoratif. Par exemple, chez les Détection de la maladie résiduelle
adultes atteints de LAM à caryotype normal, plus de la moitié
des patients surexpriment au moins l’un des gènes MN1, BAALC, La maladie résiduelle est définie par la persistance de cellules
ERG-1 ou AF1q et cette surexpression est associée à un mauvais tumorales qui ont survécu à la chimiothérapie, présentes en
pronostic. nombre inférieur au seuil de détection des méthodes morpholo-
giques classiques, par exemple, pour les leucémies aiguës (moins
Mutations somatiques de 5 % de blastes). Il a été estimé que la masse tumorale totale au
moment du diagnostic d’une leucémie est de l’ordre de 1012 cel-
Au cours des dernières années, un grand nombre de mutations
lules et que l’induction la réduit d’au moins deux log décimaux. Il
somatiques a été découvert dans les hémopathies malignes, parti-
est donc évident que la rémission complète peut représenter entre
culièrement dans les LAM (FLT3, NPM1, CEBPA, RAS, WT1, C-KIT,
0 et 1010 cellules tumorales. La sensibilité de la détection des cel-
TET2, CBL, ASXL1, IDH1, IDH2, etc.), où le séquençage à haut
lules tumorales rares par PCR dépasse de plusieurs log décimaux
débit pourrait devenir un outil indispensable [57–65] .
celle d’autres techniques (Fig. 8).
Les mutations affectant FLT3 et NPM1 sont des duplications
Dans les leucémies aiguës, de nombreuses données récentes
et insertions de petite taille (< 400 pb) qui peuvent aussi être
de la littérature ont démontré la pertinence d’une surveillance
détectées par PCR fluorescente puis passage au GeneScan. La
séquentielle de la maladie résiduelle (minimal residual disease –
modification de la taille par rapport au témoin négatif signale
MRD) pour l’identification de groupe à haut risque de rechute
la présence d’une duplication/insertion si la taille du produit de
dont le pronostic pourrait être amélioré par un traitement intensif.
PCR de l’échantillon à étudier est supérieure à celle du témoin.
Les protocoles thérapeutiques des LAL, notamment, sont désor-
Des délétions de plus grande taille, qui peuvent impliquer
mais stratifiés en fonction du niveau de détection de la MRD,
quelques exons du gène ou sa totalité, par exemple la délétion
après les premières cures de chimiothérapie [69–71] . Cette évalua-
intragénique ou totale d’Ikaros dans les LAL-B [66] , sont accessibles
tion, initialement réalisée par des méthodes semi-quantitatives
à la PCR, mais en routine elles sont de plus en plus souvent recher-
ou compétitives, est actuellement réalisée par PCR quantitative.
chées par des techniques pangénomiques (CGH array, SNP array).
Les cibles utilisables sont de deux types : soit des remaniements
Certaines mutations sont associées à un sous-type
chromosomiques (30 % environ des LAM et des LAL), soit des réar-
d’hémopathie, telle la mutation V617F du gène JAK2, pré-
rangements VDJ clonospécifiques (90 % des LAL). Les premiers
sente dans plus de 95 % des polyglobulies de Vaquez. La mutation
présentent l’avantage d’être stables au cours de l’évolution de la
étant unique, sa détection peut se faire soit par séquençage direct,
maladie mais ne concernent qu’un tiers des patients. Les réarran-
soit par PCR spécifique d’allèle (AS-PCR). Cette technique consiste
gements VDJ sont informatifs dans plus de 90 % dans les LAL,
à utiliser une des deux amorces ou une sonde fluorescente qui
mais ont l’inconvénient d’être instables, notamment par évolu-
s’hybride spécifiquement à la séquence mutée, de sorte qu’en
tion clonale ou émergence d’un sous-clone avec un réarrangement
absence de mutation on n’observe pas de produit d’amplification
différent.
par PCR [67] .

Détection moléculaire des anomalies


 Apport de l’analyse moléculaire chromosomiques
L’anomalie chromosomique la plus recherchée par PCR pour
À la différence des réarrangements des Ig ou du TCR, qui repré- le suivi des malades est BCR-ABL dans la LMC. La cinétique
sentent des marqueurs indirects de malignité dans les tumeurs d’évolution du taux de transcrit mesuré par PCR quantita-
lymphoïdes, les anomalies génétiques sont directement impli- tive a une incidence thérapeutique directe pour les patients :
quées dans le processus malin. Leur détection aide au diagnostic, notamment adapter la posologie du traitement par imatinib ou
à l’évaluation du pronostic et peut conditionner le choix théra- déclencher la recherche par séquençage des mutations de résis-
peutique et permet de suivre la réponse au traitement. tance.

EMC - Hématologie 11
13-000-K-30  Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire

Tableau 2.
Anomalies moléculaires de valeur pronostique dans les leucémies.
Gènes Type d’anomalie Hémopathie Incidence Pronostic Référence
[41, 42]
BCR-ABL Transcrit de fusion LMC 100 % Mauvais dans les LAL-B
LAL-B de l’adulte 25 %
LAL-B de l’enfant < 5%
MLL-AF4 [47–49]
Transcrit de fusion LAL-B 5% Mauvais
LAL-B < 1 an 85 %
[36, 37]
TEL-AML1 Transcrit de fusion LAL-B enfant 25 % Bon
[45, 46]
E2A-PBX1 Transcrit de fusion LAL-lignée B 5% Mauvais si traitement standard
LAL pré-B Ig Cyto. + 25 % Amélioration du pronostic avec la chimiothérapie intensive
[66]
IKZF1 Délétion LAL-B Ph1 pos 85 % Mauvais
LAL-B Ph1 nég 11 %
[38, 39]
SIL-TAL Transcrit de fusion LAL-T 10 % à 30 % Taux de rechute plus élevé
[50]
CALM-AF10 Transcrit de fusion LAL-T 7% Mauvais dans les LAL-T immatures
[38, 55]
HOX11L2 Surexpression LAL-T enfant 20 % Mauvais
LAL-T adulte 5%
[38, 56]
HOX11 Surexpression LAL-T enfant 5% Bon
LAL-T adulte 20 % à 30 %
[85]
NOTCH1 Mutation LAL-T 50 % à 60 % Bon
[85]
FBXW7 Mutation LAL-T 20 % Bon
[44]
AML1-ETO Transcrit de fusion LAM 10 % Bon
LAM-2 20 % à 40 %
PML-RARA [44]
Transcrit de fusion LAM 10 % Bon
LAM-3 > 95 %
[35]
CBFB-MYH11 Transcrit de fusion LAM 6% Bon
LAM-4 20 %
LAM-4 éosino 95 %
[57]
FLT3-ITD Mutation LAM 15 % à 30 % Mauvais
Mutation [58]
NPM1 LAM adulte 25 % à 35 % Bon
LAM enfant 2% à 6%
[59]
CEBPA Mutation LAM 6% Bon
[64]
C-KIT Mutation LAM 8% Mauvais dans les LAM à CBF

LAM : leucémies aiguës myéloïdes ; LAL : leucémie aiguë lymphoblastique ; LMC : leucémie myéloïde chronique ; CBF : core binding factor.

Détection des réarrangements des Ig et du TCR


Induction Dans près de 90 % des LAL, les réarrangements des gènes des
Consolidation Ig et/ou du TCR peuvent représenter des marqueurs moléculaires
permettant l’analyse de la maladie résiduelle. Deux stratégies sont
possibles : distinguer la population clonale résiduelle de la popula-
1012 Rémission complète Rechute 100 %
tion réactionnelle normale par la taille des fragments générés par
PCR [28, 72] ; ou détecter d’une manière spécifique la région N du
Morphologie réarrangement V-(D)-J du clone de départ. Cette deuxième stra-
Nombre de cellules malignes

1010 10-2 tégie nécessite soit le séquençage de la région N et la fabrication


Maintenance d’un oligonucléotide spécifique [73] , soit l’utilisation du produit
Maladie résiduelle d’amplification de la région N comme sonde spécifique [74] . Depuis
108 Résistance 10-4
quelques années, la place de la maladie résiduelle dans la stratifica-
tion thérapeutique des leucémies aiguës semble se préciser [75, 76] .
106 10-6 La stratégie spécifique de la région CDR3, soit par hybridation, soit
par RQ-PCR, est spécifique et sensible (de l’ordre de 10−4 à 10−5
104 soit une cellule maligne pour 10 000 à 100 000 cellules) mais a
Greffe l’inconvénient de détecter seulement le clone de départ. Elle sera
Immunothérapie mise en défaut dans le cas d’une évolution clonale.
102 La comparaison par PCR des réarrangements des gènes d’Ig ou
Consolidation
du TCR dans les tumeurs lymphoïdes lors du diagnostic et de la
tardive
rechute peut permettre de déterminer si la rechute représente la
100
0 Années 2 réapparition du même clone ou son remplacement par un autre
clone. L’apparition d’un nouveau réarrangement des gènes d’Ig ou
Figure 8. Représentation schématique des possibilités de l’évolution de
du TCR peut représenter soit une modification du réarrangement
la maladie résiduelle dans les leucémies aiguës et les niveaux de sensibilité
majoritaire, soit l’émergence d’un sous-clone minoritaire pouvant
requis pour sa détection.
être sélectionné par une résistance à la chimiothérapie. La mise en

12 EMC - Hématologie
Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire  13-000-K-30

évidence de certaines anomalies moléculaires, telles que les muta- testés en association avec une chimiothérapie standard et les résul-
tions ponctuelles de l’anti-oncogène p53 [77] lors d’une rechute, tats semblent prometteurs [83] . Un nouvel inhibiteur de FLT3, le
permet de caractériser l’apparition de clones plus agressifs. Ces MLN518, donne également des résultats encourageants [84] .
anomalies moléculaires sont souvent corrélées à une aggravation C-KIT est un récepteur de tyrosine kinase dont le ligand est
clinique ou l’acquisition de nouvelles anomalies caryotypiques. le stem cell factor (SCF) ; 80 % des blastes de patients expriment
le récepteur C-KIT. Le ciblage du récepteur C-KIT semble une
approche thérapeutique ciblée intéressante, surtout dans les LAM
Choix thérapeutique dites à core binding factor (CBF), c’est-à-dire portant la t (8 ; 21) ou
l’inv (16), où les mutations activatrices de ce récepteur sont fré-
Dans les leucémies aiguës, malgré l’amélioration des combinai- quentes (20 % à 30 % des cas). PKC-412 cible ce récepteur, mais
sons de chimiothérapie, il persiste un certain nombre de patients également le dasatinib. L’utilisation de cette dernière molécule
dont la maladie est d’emblée réfractaire au traitement et d’autres présente l’avantage d’être bien maîtrisée car elle est déjà largement
qui rechutent. Cette observation est le reflet de l’hétérogénéité utilisée en monothérapie dans la leucémie myéloïde chronique
des anomalies ongogéniques ayant abouti au développement de ou en association à la chimiothérapie dans les LA à chromosome
chaque hémopathie. Les analyses moléculaires ont confirmé cette Philadelphie.
hétérogénéité en révélant des anomalies moléculaires fréquentes, Dans les LAL-T, plus de 50 % des cas adultes et pédiatriques
ce qui a engendré le développement de traitements spécifiques en ont une mutation activatrice du gène NOTCH1 [85] . Les muta-
vue de mieux cibler les cellules pathologiques. Aujourd’hui, un tions du domaine d’hétérodimérisation (HD) entraînent le clivage
marqueur qui détermine un traitement spécifique est qualifié de ligand-indépendant du récepteur Notch1 puis le clivage de la
marqueur avec impact « théranostique ». Devant l’augmentation partie intracytoplasmique médié par la gamma-sécrétase (GS),
exponentielle des marqueurs moléculaires en oncologie, leur ce qui aboutit à la production de la forme active de NOTCH1
détection dans un contexte hospitalier se limite progressivement (intracellular domain of NOTCH1 – ICN1). Les inhibiteurs de GS
à ceux ayant un impact théranostique individuel. (GSI) antagonisent les effets des mutations de NOTCH1 en blo-
L’acide tout transrétinoïque (ATRA) est le premier modèle de quant la génération de l’ICN1. Les données préliminaires des
traitement par différenciation de la cellule maligne possédant la essais thérapeutiques sont très encourageantes quant au béné-
protéine de fusion PML-RARA. Il agit de façon spécifique sur les fice de l’utilisation des GSI dans les LAL-T NOTCH1 HD muté,
cellules de la LAM3, provoquant leur différenciation terminale notamment en association avec les corticoïdes, qui réduisent la
en quelques jours in vitro. Chez les patients, il y a maturation toxicité intestinale des GSI [86] . Une autre molécule en cours de
des cellules malignes, sans diminution de la cellularité médullaire développement inhibe l’interaction protéine-protéine nécessaire
et donc sans aplasie thérapeutique, si ce n’est celle induite par à la transactivation du complexe NOTCH1 intranucléaire [87] .
la chimiothérapie conventionnelle. En effet, pour le traitement
d’induction, l’ATRA et la chimiothérapie doivent absolument être
utilisés en association car le risque de syndrome rétinoïque (forte Détection de la résistance aux drogues
élévation du taux de leucocytes pouvant entraîner le décès des Certains gènes responsables de l’efflux des agents cytotoxiques
patients) est plus faible et les rechutes sont moins nombreuses. des cellules hématopoïétiques, comme multi-drug resistance (mdr)-
D’autres études ont montré l’efficacité du trioxyde d’arsenic 1, ont été identifiés. L’expression de mdr-1 peut être détectée par
(As2 O3 ) dans le traitement des LAM3, où son utilisation en mono- des techniques d’immunohistochimie au niveau protéique, par
thérapie permet d’obtenir une RC avec rémission moléculaire hybridation in situ, par dot blot ou par RT-PCR au niveau de l’ARN
(transcrit PML-RARA indétectable en PCR quantitative en temps messager et par mesure de la vitesse d’efflux d’un fluorochrome
réel) chez 72 % à 91 % des patients et une survie sans maladie au niveau de l’analyse fonctionnelle. Une hyperexpression est
relativement longue. Actuellement le traitement le plus efficace observée fréquemment lors de la rechute des LAM, des myélomes
associe ATRA, As2 O3 et chimiothérapie [78] . et des lymphomes. Au diagnostic des LAM, l’hyperexpression de
Dans la LMC, la translocation t (9; 22) provoque l’activation mdr-1 représente un facteur de mauvais pronostic qui prédit une
constitutive de la kinase abelson et des inhibiteurs de la tyrosine résistance à la chimiothérapie [88] .
kinase (ITK) ont été développés spécifiquement pour cibler cette Dans la LMC, le séquençage a permis de détecter les mutations
anomalie. Le premier à avoir été commercialisé est l’imatinib. du domaine kinase d’Abelson entraînant une résistance spécifique
C’est actuellement le traitement de référence des LMC et il à l’un des ITK ou à tous les ITK (mutation T315I).
est associé à la chimiothérapie pour le traitement des LA avec
chromosome Philadelphie. L’imatinib inhibe plusieurs autres
tyrosines kinases et s’est révélé efficace dans le syndrome hyper- Évaluation moléculaire post-allogreffe
éosinophilique avec transcrit FIP1L1-PDFGRa. Les ITK dits de
2e génération (dasatinib, nilotinib) sont utilisés en cas de résis- Il est parfois important de déterminer si la reconstitution héma-
tance, d’intolérance ou de réponse suboptimale à l’imatinib. topoïétique après allogreffe est celle du receveur ou du donneur.
Les mutations des oncogènes N-Ras et K-Ras surviennent dans S’il existe une différence de sexe entre le receveur et le donneur,
10-15 % et 5 % des LAM respectivement. Les mutations touchent cette analyse peut se faire par détection du chromosome Y, soit
essentiellement les codons 12, 13 et 61 et abrogent l’activité par marquage à la quinacrine sur métaphase, soit par FISH sur
GTPase intrinsèque de ces petites molécules, entraînant leur acti- noyau interphasique avec une sonde Y [89] . Quand il n’y a pas
vation constitutive. La valeur pronostique des mutations de Ras de différence de sexe, la distinction entre l’hématopoïèse de type
dans les LAM n’est toujours pas très clairement établie. Cette receveur ou de type donneur se faisait historiquement à l’aide des
voie semble toutefois être une cible thérapeutique potentielle minisatellites (VNTR) mais de plus en plus se fait par étude des
car l’activité de Ras nécessite sa translocation à la membrane microsatellites (STR) [90] .
plasmique via une étape de farnésylation et des inhibiteurs
de farnésyl-transférase sont actuellement testés cliniquement [79] .
L’administration de tipifarnib ou de lonafarnib chez des patients  Perspectives d’avenir
naïfs de tout traitement et atteints de LAM, de myélodysplasie
ou de leucémie myélomonocytaire chronique a produit des résul- Les techniques de biologie moléculaire ne cessent d’évoluer
tats plutôt encourageants alors qu’ils étaient décevants chez les et il y a encore peu de temps, le séquençage entier du génome
patients atteints de LAM réfractaire ou en rechute [80] . humain était une entreprise longue et très coûteuse. Ainsi, le pre-
Plusieurs inhibiteurs de FLT3 font l’objet d’essais cliniques, avec mier séquençage a coûté 2,7 milliards de dollars US. Aujourd’hui,
pour l’instant des résultats modestes. Les composés PKC-412 et du fait de la baisse très importante du coût des technologies, le
CEP-701 ont la particularité d’inhiber d’autres récepteurs de tyro- séquençage du génome d’un individu coûte 10 000 dollars US et
sine kinase (PDGF-R, kit, FMS, etc.). Ces deux molécules se sont pourrait rapidement tomber à 1 000 dollars US.
montrées très efficaces in vitro mais n’ont eu que très peu d’effets En 2008, des chercheurs américains ont pour la première fois
lors d’essais cliniques en monothérapie [81, 82] . Ils sont désormais séquencé le génome entier des blastes chez une femme atteinte de

EMC - Hématologie 13
13-000-K-30  Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie moléculaire

LAM. Pour cela, les scientifiques ont analysé la séquence génétique [8] Ririe KM, Rasmussen RP, Wittwer CT. Product differentiation by ana-
des blastes de la patiente et l’ont comparée à celle d’un échan- lysis of DNA melting curves during the polymerase chain reaction.
tillon de cellules de peau saines appartenant à la même personne. Anal Biochem 1997;245:154–60.
Cette étude a notamment permis d’identifier huit nouveaux gènes [9] Kutyavin IV, Afonina IA, Mills A, Gorn VV, Lukhtanov EA,
impliqués dans cette hémopathie [91] . Ainsi, cette découverte, des- Belousov ES, et al. 3’-minor groove binder-DNA probes increase
tinée à rechercher les causes génétiques du cancer, pourrait ouvrir sequence specificity at PCR extension temperatures. Nucleic Acids Res
la voie à des approches thérapeutiques innovantes. D’autant que 2000;28:655–61.
les traitements ont peu évolué au cours des deux dernières décen- [10] Lyon E. Mutation detection using fluorescent hybridization probes and
nies car la plupart des événements génétiques qui déclenchent la melting curve analysis. Expert Rev Mol Diagn 2001;1:92–101.
[11] Jobbagy Z, Van Atta R, Murphy KM, Eshleman JR, Gocke CD. Eva-
maladie restent inconnus à ce jour.
luation of the Cepheid GeneXpert BCR-ABL assay. J Mol Diagn
Même si le séquençage du génome entier paraît aujourd’hui
2007;9:220–7.
aisément accessible, un certain nombre de réserves peuvent être [12] Sanger F, Nicklen S, Coulson AR. DNA sequencing with chain-
émises. En effet, il semble difficile pour le moment d’intégrer terminating inhibitors. Proc Natl Acad Sci USA 1977;74:5463–7.
toutes les données émises en clinique. Si cette pratique est appelée [13] Ahmadian A, Ehn M, Hober S. Pyrosequencing: history, biochemistry
à se développer, il faudra mettre au point des méthodes intégrant and future. Clin Chim Acta 2006;363:83–94.
les données génétiques et cliniques pour aider à la décision théra- [14] Espinos E. Actualité sur les nouvelles techniques de diagnostic molé-
peutique. De plus, la majeure partie des informations qui seront culaire des cancers. Ann Pathol 2008;28(suppl1):S71–6.
obtenues n’ont pas de signification pour le moment. Comme les [15] Ansorge WJ. Next-generation DNA sequencing techniques. N Biotech-
connaissances évoluent rapidement, l’interprétation d’un même nol 2009;25:195–203.
génome sera différente selon le moment où elle est réalisée. [16] Mardis ER. Next-generation DNA sequencing methods. Annu Rev
Enfin, les avancées technologiques ne doivent pas faire oublier Genomics Hum Genet 2008;9:387–402.
l’aspect éthique : toute analyse génétique nécessite le consente- [17] Metzker ML. Sequencing technologies - the next generation. Nat Rev
ment éclairé des patients. On peut se demander également qui Genet 2010;11:31–46.
doit voir son génome séquencé et qui doit avoir accès à ces infor- [18] Schena M, Shalon D, Davis RW, Brown PO. Quantitative monitoring
mations. of gene expression patterns with a complementary DNA microarray.
Science 1995;270:467–70.
[19] Morozova O, Marra MA. From cytogenetics to next-generation sequen-
cing technologies: advances in the detection of genome rearrangements
“ Point fort [20]
in tumors. Biochem Cell Biol 2008;86:81–91.
Mullighan CG, Downing JR. Global genomic characterization of acute
lymphoblastic leukemia. Semin Hematol 2009;46:3–15.
• L’analyse de l’ADN et de l’ARN ne fournissent pas les [21] Southern EM. Detection of specific sequences among DNA fragments
separated by gel electrophoresis. J Mol Biol 1975;98:503–17.
mêmes informations en biologie moléculaire. [22] Alwine JC, Kemp DJ, Stark GR. Method for detection of specific RNAs
• La PCR est une technique sensible permettant d’analyser in agarose gels by transfer to diazobenzyloxymethyl-paper and hybri-
des anomalies moléculaires qualitatives et quantitatives. dization with DNA probes. Proc Natl Acad Sci USA 1977;74:5350–4.
• Les techniques de puces à ADN permettent l’analyse [23] Fischer SG, Lerman LS. DNA fragments differing by single base-pair
simultanée de plusieurs dizaines de milliers de gènes dans substitutions are separated in denaturing gradient gels: correspondence
with melting theory. Proc Natl Acad Sci USA 1983;80:1579–83.
un échantillon biologique sain ou malade, aussi bien au
[24] Orita M, Suzuki Y, Sekiya T, Hayashi K. Rapid and sensitive detection
niveau de son génome (ADN) que de son transcriptome of point mutations and DNA polymorphisms using the polymerase
(ARN). chain reaction. Genomics 1989;5:874–9.
• La détection d’une population clonale lymphoïde n’est [25] Oltz EM. Regulation of antigen receptor gene assembly in lympho-
pas un argument de malignité. cytes. Immunol Res 2001;23:121–33.
• L’analyse des anomalies moléculaires est utilisée pour le [26] Fugmann SD. RAG1 and RAG2 in V(D)J recombination and transpo-
sition. Immunol Res 2001;23:23–39.
diagnostic, le pronostic, le suivi des hémopathies malignes
[27] Trainor KJ, Brisco MJ, Wan JH, Neoh S, Grist S, Morley AA. Gene
et dans certains cas le choix thérapeutique. rearrangement in B- and T-lymphoproliferative disease detected by the
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C. Callens, Assistante hospitalo-universitaire.


R. Ben Abdelali, Assistant hospitalo-universitaire.
E. Macintyre, Professeur des Universités, praticien hospitalier (elizabeth.macintyre@nck.aphp.fr).
Laboratoire d’hématologie, Hôpital Necker-Enfants malades, AP-HP et Université René Descartes Paris V, Faculté de médecine, 149, rue de Sèvres, 75015
Paris, France.
CNRS UMR 8147, Université René Descartes Paris V, Faculté de médecine, Institut fédératif Necker, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Callens C, Ben Abdelali R, Macintyre E. Application à l’hématologie maligne des techniques de biologie
moléculaire. EMC - Hématologie 2012;7(2):1-16 [Article 13-000-K-30].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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