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L'électrophorèse des protéines sériques :
quand ? Pourquoi ? Quels orientation et
suivi ?
Disponible sur internet le : 1. Hôpital Claude Huriez, CHU de Lille, service des maladies du sang, Lille, France
2. Centre de Biologie Pathologie, CHU de Lille, Service de biochimie, Lille, France
Correspondance :
Guillaume Escure, Service des maladies du sang, Hôpital Claude Huriez, CHU de
Lille, Lille, France.
Guillaume.ESCURE@chu-lille.fr
Points essentiels
L'électrophorèse des protéines (EPS) est une aide au diagnostic et/ou au suivi de pathologies
inflammatoires, hépatiques ou hématologiques.
L'immunofixation réalisée à l'initiative du biologiste permet de confirmer la nature monoclonale
d'un pic observé sur l'EPS.
La gammapathie monoclonale de signification indéterminée (GMSI) est l'étiologie la plus fré-
quente devant un patient asymptomatique.
Une consultation d'hématologie est nécessaire devant un pic monoclonal confirmé à l'issue d'un
contrôle biologique et après réalisation d'un bilan minimal complémentaire.
Key points
Serum immunoelectrophoresis: When? What for? Follow up and referral?
Immunoelectophoresis is a key tool to diagnose inflammatory diseases, chronic liver disease and
haematologic malignancies.
Immunofixation helps to confirm the monoclonal nature of a peak.
Monoclonal gammopathy of undetermined significance (MGUS) is the most frequent diagnosis
when facing an asymptomatic patient.
A consultation in the haematology department is necessary when the monoclonal peak is
confirmed and after a minimal complementary assessment.
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neuropathie périphérique inexpliquée ;
Généralités
purpura vasculaire ;
L'électrophorèse des protéines sériques (EPS) est un examen de
anomalies de l'hémogramme sans cause évidente (principa-
biologie médicale qui permet la séparation et l'analyse de
lement anémie, lymphopénie isolée ou hyperlymphocytose) ;
protéines sériques d'intérêt selon leurs caractéristiques phy- vitesse de sédimentation élevée avec CRP normale (en dehors
sico-chimiques et leur charge électrique. L'examen aboutit
de la grossesse et en tenant compte de l'âge) ;
à l'identification et la quantification de six fractions protéiques :
hypercalcémie (corrigée en fonction de l'albuminémie/
albumine, a1-, a2-, b1-, b2- et g-globulines (figure 1). La
protidémie) ;
technique la plus utilisée et la plus sensible est l'électrophorèse
insuffisance rénale récente (sans obstacle) ;
capillaire permettant une lecture directe et automatisée.
protéinurie significative (> 0,5 g/l) ;
L'EPS est une aide au diagnostic et/ou au suivi de pathologies
certaines anomalies osseuses radiologiques : fracture verté-
inflammatoires, hépatiques ou hématologiques à travers la
brale suspecte, fracture pathologique, lacunes à l'emporte
détection de variations qualitatives (via l'aspect du tracé) et
pièce ;
quantitatives significatives de fractions protéiques d'intérêt,
suspicion clinique d'hyperviscosité.
à savoir hyperproduction ou déficit de certaines protéines. Parmi
L'EPS peut également aider la démarche diagnostique dans
ces 6 fractions protéiniques :
les fractions a1- et a2-globulines contiennent principalement
d'autres situations cliniques :
recherche d'un syndrome inflammatoire aigu ou chronique ;
des protéines de l'inflammation ;
recherche d'un déficit de l'immunité humorale (infections
les fractions b1- et b2-globulines contiennent essentiellement
à répétition) ;
la transferrine et les protéines du complément ; bilan d'une hépatopathie chronique ;
la fraction des g-globulines contient les immunoglobulines
bilan d'un syndrome néphrotique.
IgG, A, M, D, E. Cependant les IgA et IgM migrent fréquemment
en b-globulines.
Principales anomalies par fractions
L'immunofixation (IF) des protéines sériques, réalisée sur gel
d'agarose, est un test immunologique qui permet d'affirmer la Albumine
clonalité d'un pic d'allure monoclonale visualisé sur l'EPS en Diminution
déterminant l'isotype de la chaîne lourde (G, A, M, D) et/ou de Il s'agit des carences d'apport stricte, malabsorptions intestina-
la chaîne légère (kappa (k) ou lambda (l)) (figure 2). La les, hypercatabolisme, défaut de production liées à une hépa-
réalisation de cet examen est à l'initiative du biologiste médical topathie chronique, fuites d'origine digestive, cutanée, urinaires
suivant le résultat de l'EPS et ne nécessite pas de prescription (syndrome néphrotique), inflammation chronique. . .
dédiée a priori. Il n'y a pas d'intérêt à la répéter dans le temps
Augmentation
quand la nature de l'immunoglobuline (Ig) monoclonale est
Il s'agit de l'hémoconcentration en lien avec une déshydratation.
connue.
a1 globulines (orosomucoïde, a1- antitrypsine)
Indications
Diminution
Selon la Haute Autorité de Santé (HAS) [1], les indications C'est le déficit en alpha1-antitrypsine.
reconnues à la recherche d'une immunoglobuline monoclonale
sont les suivantes : Augmentation
infections à répétition des voies aériennes supérieures et Elle est retrouvée dans les maladies inflammatoires aigües ou
pulmonaires ; chroniques.
douleurs osseuses non traumatiques sans anomalies à l'exa-
a2 globulines (haptoglobine, a2-macroglobuline,
men radiologique standard ;
polyarthrite inexpliquée ;
céruléoplasmine)
adénopathies, splénomégalie ; Diminution
Elle est retrouvée dans l' hémolyse et les hépatopathies sévères.
Augmentation
Elle est relevée dans les maladies inflammatoires aigües ou
Glossaire
chroniques, et le syndrome néphrotique.
EPS électrophorèse des protéines sériques
GMSI gammapathie monoclonale de signification indéterminée ß -globulines (b1 : transferrine et b2 : protéines du
MGUS Monoclonal gammopathy of undetermined significance
MM myélome multiple
complément et IgA/IgM, apolipoprotéines)
MW maladie de Waldenström (MW) Diminution
Elle est notée dans la malnutrition.
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Pour citer cet article : Escure G, et al. L'électrophorèse des protéines sériques : quand ? Pourquoi ? Quels orientation et suivi ?
Presse Med Form (2022), 10.1016/j.lpmfor.2022.10.013
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Figure 1
Sous-fractions d'une EPS
normale
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Pour citer cet article : Escure G, et al. L'électrophorèse des protéines sériques : quand ? Pourquoi ? Quels orientation et suivi ?
Presse Med Form (2022), 10.1016/j.lpmfor.2022.10.013
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Figure 3
Principaux profils
électrophorétiques
pathologiques
Figure 4
EPS normale et
hypergammaglobulinémie
(monoclonale/polyclonale)
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Presse Med Form (2022), 10.1016/j.lpmfor.2022.10.013
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Figure 6
Incidence cumulée de progression de GMSI (MGUS), avec/sans survenue de décès reliée à la progression
Figure 7
Critères diagnostiques de myélome multiple d'après l' « International Myeloma Working Group (IMWG) » [9]
Dans la plupart des cas, la découverte fortuite d'un pic mono- selon trois critères définis par la Mayo Clinic [5] : la nature du pic
clonal correspond au diagnostic de gammapathie monoclonale (IgG vs. autres), la taille du pic monoclonal (< ou > 15 g/L) et le
de signification indéterminée (GMSI) ou « Monoclonal Gammo- ratio de chaînes légères libres (normal ou anormal). A noter que
pathy of Undetermined Significance (MGUS) ». Ce diagnostic le dosage des chaînes légères libres sériques n'est pas rem-
témoigne de la présence d'Ig monoclonale sans signes cliniques boursé en ville.
évocateurs de myélome multiple. Il s'agit d'une pathologie La présence d'une immunoglobuline monoclonale n'est pas
bénigne. Il est important de garder à l'esprit que ce diagnostic synonyme d'hémopathie maligne. Toute stimulation du sys-
est fréquent en population générale et que la prévalence des tème immunitaire B (infection) entraîne une augmentation
GMSI augmente avec l'âge (figure 5), [2]. Il existe un risque polyclonale, oligoclonale ou monoclonale. Ce qui est patho-
majoré de MGUS chez l'homme comparé aux femmes, et chez logique, c'est l'absence de régulation résultant en la dispari-
les sujets originaires d'Afrique sub-saharienne comparative- tion du clone lymphocytaire B et la disparition de l'Ig
ment aux sujets caucasiens ou d'origine asiatique [3]. monoclonale. Ainsi, les seules données de prévalence dont
Par ailleurs, le risque d'évolution vers une hémopathie quelle nous disposions devant un pic monoclonal sont ceux de la
qu'elle soit (principalement le myélome multiple) est limité Mayo Clinic (Rochester, États-Unis) [6] à travers son recrute-
à 1 % par an, d'après Kyle et al. [4] avec une médiane de suivi de ment hospitalier entraînant nécessairement des biais. Ainsi sur
15,4 ans. Il est possible de stratifier ce risque de progression une population de 1684 patients vus ou suivis dans l'hôpital
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Pour citer cet article : Escure G, et al. L'électrophorèse des protéines sériques : quand ? Pourquoi ? Quels orientation et suivi ?
Presse Med Form (2022), 10.1016/j.lpmfor.2022.10.013
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Figure 8
Critères diagnostiques de
maladie de Waldenström
retenus d'après la « Mayo
Clinic » [10]
avec présence d'un pic monoclonal, l'on observait 55 % de devant un pic IgG ou IgA : de rechercher la présence d'un
GMSI, 11,5 % de patients atteints d'amylose AL (ou immuno- myélome multiple (MM) symptomatique ;
globulinique), 22,5 % de myélomes multiples (symptomati- devant un pic IgM : de rechercher la présence d'une maladie
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Presse Med Form (2022), 10.1016/j.lpmfor.2022.10.013
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O, Blade J, Merlini G, et al. Monoclonal