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DOSSIER THÉMATIQUE

Maladie cœliaque

Le diagnostic histologique
de la maladie cœliaque
et de ses complications
Histological diagnosis of celiac disease and its complications
Virginie Verkarre, Nicole Brousse*

Q uel que soit son mode de présentation, la


maladie cœliaque (MC) est la cause la plus
fréquente d’atrophie villositaire en Europe
chez l’enfant et l’adulte (1-3). L’examen micro-
paraffine, coupées à 3 à 4 μm et examinées sur
3 niveaux par la coloration standard hématéine-
éosine-safran (HES). La congélation dans l’azote
liquide d’une ou plusieurs biopsies est recommandée
scopique reste l’examen de référence indispensable en cas de suspicion de complications lymphoma-
pour confirmer le diagnostic avant la mise en route teuses pour rechercher une population clonale T en
du régime sans gluten. Ce diagnostic repose sur une biologie moléculaire et compléter l’étude immuno-
combinaison de critères cliniques, sérologiques et histochimique (1, 5, 6).
histologiques. Le contrôle histologique à distance du
début du traitement permet d’objectiver la bonne
réponse au régime. Diagnostic histologique
Les lésions histologiques de la MC intéressent la de la maladie cœliaque
muqueuse. Il est recommandé d’effectuer 4 biop-
sies du deuxième et/ou du troisième duodénum, en Les critères histologiques permettant d’évoquer le
raison de la répartition hétérogène de l’atrophie et diagnostic de MC sur une biopsie intestinale associent
des problèmes éventuels d’orientation des biopsies des lésions épithéliales sous forme d’atrophie villosi-
dans les blocs de paraffine pouvant conduire à un taire de degré variable avec l'hyperplasie des cryptes
*Service d’anatomie et de cytologie diagnostic par excès ou par défaut d’atrophie villo- et des lésions du compartiment lymphoïde associé à
pathologiques, hôpital Necker-
Enfants-Malades, Paris. sitaire (4). Les biopsies sont fixées immédiatement la muqueuse intestinale incluant une augmentation
dans du formol tamponné à 10 %, puis incluses en du nombre des lymphocytes intraépithéliaux (LIE) et
une inflammation du chorion (revue in 1-2).
Tableau I. Classification utilisée pour grader les lésions de la maladie cœliaque ou d’atrophie
villositaire (6, 7).
Classification de Marsh* Classification simplifiée** Atrophie villositaire
0 : muqueuse normale Muqueuse normale : V/C > 2 à 3
L’appréciation de l’architecture villositaire nécessite
I : augmentation isolée des LIE
une orientation parfaite des biopsies de manière à
II : augmentation des LIE + hyperplasie obtenir des coupes perpendiculaires à la surface et
des cryptes sans atrophie à visualiser l’axe cryptes-villosités. L’évaluation de
IIIa : AV partielle AV partielle : 2 < V/C < 1 l’atrophie villositaire est fondée sur la mesure de la
hauteur respective des villosités (V) et des cryptes
IIIb : AV subtotale AV subtotale : V/C < 1
(C). Une hauteur villositaire normale correspond à
IIIc : AV totale AV totale : disparition totale des villosités un rapport V/C compris entre 2 et 3. La classification
*(7). **La classification simplifiée ne tient compte que des lésions d’atrophie (6). que nous utilisons pour quantifier le degré d’atro-
AV : atrophie villositaire ; LIE : lymphocytes intraépithéliaux ; V/C : rapport villosité sur crypte. phie est simplifiée par rapport à la classification de

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Points forts Mots-clés
Maladie cœliaque
»» La maladie cœliaque est la cause la plus fréquente d'atrophie villositaire, tout âge confondu. Atrophie villositaire
»» L'augmentation des lymphocytes intra-épithéliaux est un signe histologique indispensable au diagnostic.
Lymphocytes
»» Les complications lymphomateuses de la maladie cœliaque sont rares chez l'adulte et nécessitent une
intraépithéliaux
prise en charge dans les centres spécialisés.
Sprue réfractaire
Lymphome T
intestinal associé
à une entéropathie
Régime sans gluten

Marsh (7) et comporte 4 sous-types : relief normal, chez les patients atteints de MC devenus tolérants au Highlights
atrophie partielle, atrophie subtotale et atrophie gluten et chez les sujets sains apparentés partageant »» Celiac disease is the most
totale (tableau I) [1, 2]. L’atrophie des villosités est l’haplotype HLA-DQ2. Il peut être utile de réaliser common cause of villous
associée à une hyperplasie des cryptes avec augmen- une quantification du nombre de LIE exprimant le atrophy in adults and children.
tation du nombre des mitoses. Les entérocytes TCRγδ sur une biopsie pour appuyer le diagnostic de »» The increase of intra epithe-
deviennent cubiques, dédifférenciés, avec parfois MC dans les cas difficiles sans atrophie villositaire, lial lymphocyte is essential for
une diminution de la mucosécrétion. L’atrophie mais cela nécessite des biopsies congelées (12-15). the diagnosis of celiac disease.
villositaire peut être plus ou moins étendue le long »» Lymphoma complications of
de l’intestin grêle et de degré variable au moment celiac disease are in the adult
and requires care in specialized
du diagnostic. La sévérité des symptômes n’est pas Inflammation du chorion
centers.
corrélée au degré d’atrophie (8, 9). En présence d’une
discordance anatomoclinique ou en l’absence d’aug- Au cours de la MC, il y a une inflammation du
mentation du nombre des LIE, d’autres causes d’atro- chorion, qui se traduit par une augmentation de la Keywords
phie villositaire doivent être recherchées, incluant densité cellulaire de l’infiltrat lymphoplasmocytaire Celiac disease
les entéropathies auto-immunes et les hypogam- normalement présent. Les plasmocytes (essentielle-
Villous atrophy
maglobulinémies (10, 11) [revue in 1, 2]. ment à immunoglobulines A) sont situés préféren-
tiellement à la partie supérieure de la muqueuse. Intraepithelial lymphocytes
Les lymphocytes T CD3+ sont majoritairement Refractory sprue
Augmentation du nombre CD4+ TCRαβ. Une augmentation des polynucléaires Enteropathy associated T cell
de lymphocytes intraépithéliaux éosinophiles est fréquente, et des polynucléaires lymphoma
neutrophiles peuvent être observés. L’intensité de Gluten free diet
L’augmentation des LIE (40 à 150 % des cellules l’infiltration est en relation avec les altérations de
épithéliales) est considérée comme un des critères l’épithélium de surface.
histologiques majeurs et indispensables pour le diag-
nostic (1, 2, 12, 13). Le nombre normal de LIE est en
moyenne inférieur à 30 % (inférieur à 30 lympho- Lésions associées :
cytes pour 100 cellules épithéliales). Les LIE adhèrent gastrite lymphocytaire, colite
aux cellules épithéliales grâce à l’expression de l’inté-
grine αEβ7 ou CD103, ligand de l’E-cadhérine impli- lymphocytaire, sprue collagène
quée dans la formation des jonctions serrées (14). À
l’état normal, les LIE représentent une population L’infiltration par les LIE peut atteindre d’autres En pratique, quand
hétérogène de lymphocytes T, dont 80 % sont de segments du tube digestif et se manifester par des faire une étude
phénotype CD3+ CD8+ et expriment le récepteur lésions de gastrite lymphocytaire, définie par une du phénotype des LIE
Tαβ (TCRαβ). Les autres sous-types de LIE minori- augmentation des LIE en surface et au niveau de par immunohistochimie
taires sont TCRγδ+ CD3+ CD4− CD8− (< 10 %), CD7+ l’épithélium fovéolaire supérieure à 25 % des cellules sur biopsie ? Quels
anticorps utiliser ?
sCD3ε−, TCR− (< 5 %) ou encore CD3+ CD4+ (< 5 %). épithéliales (N < 10 % CE), et/ou de colite lympho-
• Quand l’augmentation des
Les LIE contiennent des granules cytotoxiques cytaire, définie par une augmentation des LIE (25 %
LIE n’est pas assez franche
(TiA1 et granzyme B) [13]. Dans la MC, les LIE sont CE ; N = 5 ± 2) de l’épithélium de surface. La préva- pour conforter le diagnostic :
augmentés dès les premiers stades, avant l’apparition lence de la gastrite lymphocytaire est variable, anticorps anti-CD3+/− CD8 ;
des lésions épithéliales (stade 1 infiltratif de la clas- d’environ 39 % chez les patients atteints de MC non • Au cours d’une aggra-
sification de Marsh) [7]. Cette hyperplasie intéresse traités, et apparaît plus importante dans la MC qu’au vation de la maladie et en
cas de suspicion de forme
plusieurs sous-populations de LIE présentes à l’état cours de la gastrite à Helicobacter pylori (13 %) [16].
compliquée : anticorps anti-
normal avec une augmentation presque spécifique de Celle de la colite lymphocytaire est de 30 % chez CD3, CD8, CD30, CD4, gran-
la population de LIE exprimant le récepteur T TCRγδ les patients atteints de MC. La sprue collagène est zyme B au minimum.
(> 20 % CE, N < 10). L’augmentation des LIE TCRγδ définie par un épaississement de la membrane basale
est également observée dans la dermatite herpéti- sous-épithéliale de plus de 10 μm, qui présente un Encadré.
forme, les MC asymptomatiques (MC silencieuses), aspect feuilleté. Elle s'associe à des lésions d’atrophie

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Maladie cœliaque Le diagnostic histologique de la maladie cœliaque et de ses complications

villositaire souvent sévère correspondant, dans la distinguer 4 types de lésion : la sprue réfractaire de
moitié des cas, à une MC réfractaire, généralement type 1 (non tumorale), 2 complications lymphoma-
de type 1 (17). teuses : la sprue réfractaire de type 2 et le lymphome
T invasif classique (EATL [Enteropathy-Associated
T-cell Lymphoma] de type 1), ainsi que la jéjunite
Contrôle des lésions ulcéreuse, qui peut être associée aux 3 autres. Une
duodénales après mise étude immunohistochimique est indispensable pour
établir un diagnostic précis et permet d’étudier le
au régime sans gluten phénotype des LIE avec les anticorps anti-CD3, CD8,
CD4 et CD30+/− TCRbF1 et TCRδ1 en congélation. En
Le régime sans gluten bien suivi entraîne habituelle- cas d’infiltrat suspect de lymphome dans le chorion,
ment une amélioration clinique rapide en quelques il faudra compléter par d’autres anticorps (Mib1,
jours à quelques semaines (1, 9). Les lésions histo- marqueurs de cytotoxicité [granzyme B et TiA1],
logiques régressent le plus souvent en quelques CD20, CD56 et éventuellement les TCR et le CD103
mois à 2 ans, plus rapidement et complètement en congélation) [tableau II] (22).
chez l’enfant chez lequel la muqueuse redevient
habituellement normale après 1 an de régime. Les
lésions épithéliales disparaissent en premier, avec Sprue réfractaire de type 1
une repousse villositaire partielle ou totale, suivies
d’une diminution de la cellularité du chorion et d’une Les lésions histologiques de la sprue réfractaire de
diminution du nombre des LIE, dont le nombre reste type 1 sont similaires à celles de la MC active, mais
plus élevé que la normale. En effet, tandis que le ne régressent pas sous un régime sans gluten bien
nombre de LIE TCRαβ diminue avec la repousse villo- suivi d’au moins 12 mois. Elles associent une atrophie
sitaire, le contingent de LIE exprimant le TCRγδ reste villositaire de degré variable, partielle à totale, une
plus élevé que la normale (12, 13, 15). inflammation du chorion et une augmentation des
LIE de phénotype normal, CD3+ CD8+. Il n’y a pas
de prolifération clonale (21, 22).
Formes compliquées
de maladie cœliaque
Sprue réfractaire de type 2
Les formes compliquées de MC surviennent
uniquement chez l’adulte et peuvent soit révéler La sprue réfractaire de type 2 correspond à un
une MC paucisymptomatique ou silencieuse, soit lymphome T intraépithélial pouvant se compliquer
se manifester par la persistance ou l’aggravation dans près de 40 % des cas d’un lymphome invasif.
de symptômes sous un régime sans gluten strict Néanmoins, son aspect morphologique est le même
suivi pendant au moins 6 mois, traduisant clinique- que celui d’une MC classique ou d’une sprue réfrac-
ment une sprue réfractaire (18-21). Après un bilan taire de type 1. Seul le phénotype des LIE et une
endoscopique et radiologique adapté, les biopsies étude de clonalité permettent de les distinguer
digestives systématiques ou dirigées sur des lésions des 2 autres entités (1, 6 et 19-22). Le phénotype
suspectes de masse ou d’ulcération permettent de anormal des LIE se manifeste par une perte du récep-

Tableau II. Récapitulatif des principaux critères histologiques distinguant la maladie cœliaque des formes compliquées.
Lymphocytose Phénotype des LIE Population Prolifération
intraépithéliale monoclonale T infiltrante
MC + Normal* : CD3+ CD8+ Non Non
Sprue réfractaire de type 1 + Normal* : CD3+ CD8+ Non Non
Sprue réfractaire de type 2 + Anormal : iCD3+ CD8− TCR− > 50 % Oui Non
Jéjunite ulcéreuse + muqueuse Variable selon le type de la sprue réfractaire +/- Non
adjacente
EATL I + Variable : CD3+ CD8− CD4− CD56 CD30+ Oui Oui
*Phénotype des LIE sCD3+ iCD3+ CD8− TCR− < 50 %.
LIE : lymphocytes intraépithéliaux ; MC : maladie cœliaque ; EATL : lymphome T associé à une entéropathie.

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teur T (TCR−), du CD8 et du CD3 de surface (sCD3ε),


avec conservation de la partie intracytoplasmique du
CD3 (iCD3ε+). Ce phénotype aberrant est détectable A B
en immunohistochimie sur coupe en paraffine avec
perte d’expression du CD8 pour au moins la moitié
des LIE exprimant le iCD3 (CD3 intracytoplasmique)
[22]. Le nombre de LIE CD4 reste faible ou nul. Le
phénotype peut être affiné dans les cas difficiles
ou lors du diagnostic initial sur coupe à congéla-
tion (perte du TCRαβ et du TCRγδ, conservation du
CD103) ou dans un centre spécialisé par une étude en
cytométrie de flux effectuée à partir de LIE isolés de C D
biopsies digestives. Le profil monoclonal des LIE est
détectable sur une biopsie digestive par une étude
des réarrangements du TCRγ (1, 6 et 19-22).
Cette population particulière de LIE, de phéno-
type anormal, peut infiltrer tout le tube digestif,
de l’estomac au rectum, sous forme d’une gastrite
lymphocytaire et/ou d’une colite lymphocytaire (16).
E F

Jéjunite ulcéreuse

La jéjunite ulcéreuse, exceptionnelle, est aussi un


mode évolutif possible de la MC ; elle est retrouvée
chez 28 à 67 % des patients ayant une sprue réfrac-
taire respectivement de type 1 ou de type 2 (21).
Les biopsies ou les pièces de résection montrent un
infiltrat inflammatoire polymorphe non spécifique
G H
dépourvu de grandes cellules T. Si la jéjunite ulcé-
reuse complique une sprue réfractaire de type 2, ou
si elle y est associée, la même population monoclo-
nale T est détectée. La jéjunite ulcéreuse peut se
compliquer d’un lymphome T invasif (21).

Lymphome T associé
à une entéropathie Figure. Aspect histologique de la maladie cœliaque et étude phénotypique des LIE. A. MC
avec atrophie villositaire subtotale (HES, × 50). B. MC avec atrophie villositaire partielle
Ces lymphomes T intestinaux sont très rares et repré- (HES, × 50). C. MC traitée avec relief villositaire normalisé (HES, × 50). D. SR II compli-
senteraient moins de 5 % des lymphomes primitifs quée de jéjunite ulcéreuse (HES, × 25). E-H. Étude immunohistochimique des LIE avec
digestifs. Ceux qui sont associés à la MC corres- les anticorps anti-CD3 (E et F, × 100) et les anticorps anti-CD8 (G et H, × 100) d’une MC
avec phénotype normal des LIE CD3+ et CD8+ (E et G) et d’une SR de type 2 avec perte
pondent aux EATL de sous-type 1 de la classification du CD8 comparé au CD3 (F et H).
OMS (23). La quasi-totalité des cas d’EATL a été
décrite chez des adultes entre 50 et 70 ans (6, 24).
Ils peuvent révéler ou compliquer une MC ou une le plan macroscopique, ce lymphome T se présente
sprue réfractaire, le plus souvent de type 2 que de classiquement par une masse tumorale infiltrante,
type 1 (21). Dans 20 à 50 % des cas, la découverte volontiers transpariétale, responsable de sténoses
du lymphome et de la MC est simultanée. Dans digestives, d’indurations de la paroi ou de perfora-
ces cas, une évaluation de la muqueuse à distance tions. Plusieurs variétés histologiques sont classique-
de la tumeur doit être faite afin de caractériser ment rapportées, mais il s’agit dans la majorité des
précisément le type d’entéropathie sous-jacente : cas d'une infiltration tumorale de cellules de taille
MC ou sprue réfractaire de type 1 ou 2 (1, 6, 21). Sur moyenne à grande et d’aspect pléomorphe (58 %),

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avec un index mitotique élevé, fréquemment asso- cytotoxiques et expriment les marqueurs classiques
ciées à un contingent d’intensité variable de cellules TIA1 et granzyme B (1, 6, 21, 23).
réactionnelles polymorphes incluant de petits
lymphocytes, des histiocytes, des polynucléaires
surtout éosinophiles, voire des granulomes épithé- Conclusion
lioïdes. Parmi les autres aspects, on retiendra la
possibilité d’une infiltration par des cellules d’aspect La biopsie duodénale reste l’examen de référence
immunoblastique, d’aspect anaplasique. Le CD30 pour le diagnostic de MC. Le diagnostic micro-
est souvent exprimé par les grandes cellules. ALK scopique, habituellement facile, repose sur 3 signes :
(Anaplastic Lymphoma Kinase) est négatif. Une carac- atrophie villositaire de degré variable, augmentation
téristique majeure et incontournable, témoignant des LIE et inflammation du chorion. Une mauvaise
de l’origine de la tumeur à partir des LIE, est l’épi- réponse au régime sans gluten ou une aggravation
théliotropisme très important des cellules tumorales des symptômes nécessite de nouvelles biopsies pour
à l’égard de l’épithélium de surface et des glandes. éliminer un lymphome T intestinal. Cette complica-
Le phénotype tumoral est classiquement CD3+ tion rare et grave est secondaire à la transformation
CD4−, CD8−, CD103+, TCR−, CD30+/−, CD5+/−. maligne des LIE et peut se révéler sous 2 formes : une
Un immunomarquage CD8+ est possible, beaucoup forme invasive classique et une forme intraépithéliale
plus rarement CD4+. Les cellules tumorales sont correspondant au type 2 de la sprue réfractaire. ■

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