Vous êtes sur la page 1sur 8

Institut Supérieur des Sciences Infirmières de Sousse

2ème année-certificat de Pathologie Infectieuse


Dr Wafa Marrakchi

LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES EN PATHOLOGIE


INFECTIEUSE

I- Introduction
Les examens complémentaires permettent d’orienter ou de confirmer un
diagnostic suspecté par l’interrogatoire et l’examen physique. Ils sont demandés
selon une stratégie rigoureuse : chaque examen doit être justifié.
Les résultats sont toujours interprétés selon le contexte clinique.
Les prélèvements bactériologiques doivent être réalisés suivant des règles
précises.

II- Tâches de l’infirmier :


- Rassurer le malade et lui expliquer l’intérêt et le déroulement du geste.
- Remplir correctement le bon de laboratoire (nom et prénom du patient,
matricule, service, renseignements cliniques,….)
- Acheminer le prélèvement rapidement au laboratoire.

II- Examens complémentaires d’orientation :


1- Hémogramme
➢ Globules rouges : Anémie : Hb < 12 g/dl chez la femme, < 13 g/dl chez

l’homme
L’anémie peut être associée à certaines infections (septicémies, paludisme,
infection à M. pneumoniae, VIH, BK, leishmanies).
➢ Globules blancs : hyperleucocytose > 10000/mm3, leucopénie < 4000/ mm3
3
- Polynucléose neutrophile : PNN > 7000/mm : infections bactériennes
localisées ou généralisées, maladies inflammatoires (Maladie de Still, etc.),
certains cancers et du tabagisme,
3 3
- Neutropénie : PNN < 1000/mm , un taux de PNN < 500/mm expose à un
risque important de complications infectieuses
3
- Hyperéosinophilie : éosinophiles > 500/mm : parasitoses digestives, des états
d’allergie, des vascularites, de certains cancers ou leucémies.
3
- Lymphocytose : Lymphocytes > 4000/mm chez l’adulte (viroses).
3
- Lymphopénie : Lymphocytes < 1000/mm : infection à VIH, tuberculose et des
légionelloses.
3
- Monocytose : > 1000/mm : la monocytose s’observe au cours des infections
virales.
➢ Plaquettes

- Thrombopénie : plaquettes < 150000/mm3 :


Anticorps anti-plaquettes (infections virales), Coagulation intra-vasculaire
disséminée (CIVD) : septicémies, paludisme.
3
- Hyperplaquettose : plaquettes > 500000/mm : Syndromes inflammatoires
chroniques, abcès profonds.

2- Les marqueurs de l’inflammation : ils sont non spécifiques. Ils contribuent


au diagnostic et permettent de suivre l’évolution sous traitement anti-infectieux.
 La vitesse de sédimentation (VS) : marqueur classique de l’inflammation de
cinétique lente
* non spécifique de l’infection.
* Peut rester élevée jusqu’à 2-3 semaines après la guérison d’une infection
 La Protéine C Réactive (CRP) : marqueur plus sensible de l’inflammation de
cinétique rapide
* Intérêt diagnostique : infection virale et bactérienne
* Permet de suivre l’évolution et l’efficacité d’un traitement
* Se normalise plus vite que la VS après guérison d’une infection
 La procalcitonine : produite spécifiquement en cas d’infection microbienne.
* permet la distinction entre une origine bactérienne et virale d’une infection.
* Permet de vérifier l’efficacité du traitement.
* décroit très rapidement après éradication du foyer infectieux.

III- Examens microbiologiques


1- Les hémocultures : c’est un prélèvement de sang veineux périphérique à
la recherche de bactéries.
➢ Le prélèvement doit être pratiqué le plus tôt possible dans l’évolution de la

maladie et avant toute antibiothérapie.


➢ Indiquées en cas de suspicion de bactériémie ou d’endocardite.

➢ En cas de fièvre, faire les prélèvements au moment des frissons, des pics

thermiques ou lors d’une hypothermie


➢ 2 à 3 hémocultures à 1 heure d’intervalle.

➢ Réalisation : condition d’asepsie rigoureuse

➢ Incubation sur milieux aérobies et anaérobies (8-10 ml de sang/flacon), mais

certains germes nécessitent des milieux spéciaux


➢ En cas d’immuno dépression : les hémocultures peuvent être positives en

l’absence de fièvre.
➢ La positivité des hémocultures confirme le diagnostic de bactériémie.

➢ La négativité des hémocultures

* Absence de bactériémie.
* Hémocultures négativées par une antibiothérapie préalable.
* Présence de bactéries à croissance lente ou ne cultivant pas en
hémocultures.
2- Examen cytobactériologique des urines (ECBU) : c’est un prélèvement
aseptique des urines pour en effectuer une analyse cytobactériologique afin
d’infirmer ou confirmer la présence d’une infection urinaire.
 Le prélèvement des urines doit être pratiqué avant toute antibiothérapie, de
préférence sur la première miction du matin ou sur des urines ayant séjourné
au moins 3 H dans la vessie
 La technique du prélèvement doit être rigoureuse afin d’éviter la
contamination des urines par des bactéries normalement présente dans
l’urètre antérieur.
 Désinfection du méat urétral par une solution antiseptique (Dakin) (chez la
toilette vaginale soigneuse au préalable), élimination du 1er jet puis recueil
ème
du 2 jet.
 Chez le NRS : recueil à l’aide d’une poche autocollante stérile.
 Le sondage vésical est rarement utilisé, la ponction sus pubienne en cas de
rétention d’urine fébrile.
 L’urine recueillie doit être adressée immédiatement au laboratoire ou
conservée à + 4°C pendant au maximum 2H afin d’inhiber toute
multiplication bactérienne
 L’ECBU comporte obligatoirement
- Une numération des leucocytes : toute leucocyturie > 10/mm3 est
pathologique
- Une numération des bactéries : la présence de plus de 105 bactéries/ml signifie
une infection urinaire
- Une identification de la bactérie responsable: l’infection urinaire est en règle
monomicrobienne
- Un antibiogramme
Interprétation des résultats de l’ECBU
Leucocyturie Uroculture Interprétation
monomicrobienne
 10/mm3 – Pas d’infection
> 10/mm3 + Infection certaine
> 10/mm3 – Infection décapitée, Tuberculose
Urétrite, prostatite
Néphrite interstitielle
 10/mm3 + Souillure. Contrôle si signes
cliniques

3- La ponction lombaire : consiste à prélever du liquide céphalo-rachidien


(LCR).
➢ Réalisée le plus souvent en urgence, en cas de suspicion de méningite.

➢ Prélèvement dans des conditions d’asepsie rigoureuse au niveau lombaire.

➢ On prélève 3 à 4 tubes contenant chacun une dizaine de gouttes de LCR pour

étude cytologique, chimique et microbiologique (examen direct après


coloration de Gram, culture, recherche d’antigènes solubles).
➢ Les tubes doivent être acheminés rapidement au laboratoire : fragilité de

certaines bactéries (Méningocoques).


➢ Aspect du LCR : clair, trouble, hémorragique.
Interprétation des résultats de la ponction lombaire.

Milieu, aspect Leucocytes Orientation


Protéines Autre
(par mm3) étiologique
g/l glucose  50 %
LCR 0-5 0,20 à 0,40 Normal
glycémie
5 - 300 glucose > 50 % Méningite
<1
lymphocytes de glycémie virale
Clair Méningite
100 - 200 glucose < 50 % de
>1 tuberculeuse
lymphocytes glycémie
ou Listériose
Méningite
Trouble > 200 glucose < 50 %de
>1 purulente
purulent neutrophiles glycémie

4- prélèvements de selles : consiste à recueillir des selles en vue d’un examen


cytologique et bactériologique (coproculture) ou parasitologique (examen
parasitologique des selles).
 Recueil de selles dans un récipient stérile.
 Transport rapide au laboratoire ou conservation une nuit à + 4°C.
 Aspect des selles : liquidiennes, glaireuses ou glairo-sanglantes.
4-1- Coproculture : Elle doit être pratiquée devant toute diarrhée invasive
(glairosanglante avec fièvre et douleurs abdominales)
- Examen direct : recherche de vibrion cholérique
- Cytologie : la présence de PNN après coloration au bleu méthylène témoigne
d’une diarrhée invasive
- Culture à visée bactériologique : détecte la présence de pathogènes
normalement absents : Salmonelles, Shigelles.
4-2- Examen parasitologique : Elle doit être pratiquée devant toute diarrhée
glairosanglante sans fièvre.
L’examen doit être réalisé 3 jours de suite du fait du caractère intermittent de
l’élimination des parasites.
4-3- Examen virologique :
Mise en évidence directe sur un échantillon de selles (latex, ELISA, ME) :
rotavirus. Certains virus peuvent être isolés en culture cellulaire (adénovirus,
entérovirus).

5- Prélèvements de secrétions bronchopulmonaires :


* Prélèvements : crachats, expectoration (au cours d’un effort de toux, si
possible provoqué par kinésithérapie), prélèvement par fibroscopie ou LBA.
* Indiqué en cas de pneumonie ou suspicion de tuberculose pulmonaire.
* Examen direct : cytologie + présence de flore exclusive ou prédominante,
BAAR, parasites (Pneumocystis)/ * Culture
* La recherche de BK par tubage ou sur crachat doit être faite le matin à jeun et
répétée 3 jours de suite (pour augmenter les chances d’isoler la bactérie).
6 - Prélèvements de pus :
* Ecouvillonnage de lésions superficielles, ponction d’abcès ou de suppurations
profonde.
* Pus adressé rapidement pour examen bactériologique et selon le contexte pour
examen mycologique.
* Intérêts de l’examen : orientation étiologique.
* Ne pas négliger la recherche d’anaérobies dans les abcès profonds.
7- écouvillonnage naso-pharyngé :
• Ecouvillonnage des cellules du pharynx.
• Il permet de réaliser la RT-PCR des infections virales respiratoires
(grippe, rhinovirus, MERS Cov, SARS Cov 2…)
• Intérêts de l’examen : orientation étiologique, confirmation de
l’infection virale.
• Faux négatifs : prélèvement superficiel, faible charge virale.

Vous aimerez peut-être aussi