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Dr. Chermiti M.

Les IU

LES INFECTIONS DE L’APPAREIL URINAIRE

I-DEFINITION :
Le diagnostic de l’infection urinaire (IU) est microbiologique : leucocyturie ³ 104 +
bactériurie ³ 105
II-SEIGE : elle peut être basse : cystite, prostatite chez l’homme, ou haute :
pyélonéphrite aigue (PNA)

III-EPIDEMIOLOGIE :
- 30 fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme.
- 1% des filles de 5 à 14 ans, 4% des femmes adultes et au moins 35% des femmes ont
eu au moins une IU durant leur vie.

IV : PHYSIOPATHOLGIE :
3 facteurs principaux sont responsables de l’IU : La bactérie, la voie de
contamination et les facteurs favorisants.
1-Principales bactéries uropathogènes : Escherichia coli : +++
2-Voies de contamination :
a- Voie ascendante : la plus fréquente +++ : rectum à urètre à vessie à uretère
à rein.
b-Voie hématogène : Staphylocoque aureus : +++
c-Voie lymphatique : BK qui descend le cours des vaisseaux lymphatiques
périurétéraux.
3-Facteurs favorisants l’infection :
a- FACTEURS LIES A LA BACTERIE : virulence, adhérence et colonisation
bactérienne
b-FACTEURS LIES A L’HOTE :

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b1- : Terrains favorisants : Immunodépression, diabète, femme enceinte,


patient âgé, sonde à demeure…
b2-Facteurs favorisants :
- Obstacle sur les voies excrétrices, organique ou fonctionnel
- Manœuvres instrumentales (sondage, cystoscopie, sonde JJ.)
- Le Reflux vésico–urétéral (RVU)

V-DIAGNOSTIC MICROBIOLOGIQUE :
L’IU est évoquée en présence de signes urinaires et des anomalies à la bandelette
urinaire (BU) : pH alcalin, leucocyturie, nitrites+, hématurie+ et confirmée par l’ECBU
a-Modalité de l’ECBU : Avant toute antibiothérapie, on commence par une
désinfection du méat, les urines sont recueillies au milieu du jet, dans un récipient
stérile.
Chez un patient en RVA, le prélèvement se fera par cathéter sus-pubien.
Chez un patient sondé ; on clampe la sonde au moins 5min puis on désinfecte à la
Bétadine le bout de la voie de drainage avant le prélèvement.
Le prélèvement doit être adressé rapidement au laboratoire ou conservé à +4 °c.
b-Résultats :
b-1 : Examen direct : 1 à 2h: Leucocyturie > 104 /ml et examen en microscopie
optique après coloration gram
b-2 : Culture : (au bout de 24 – 48 h) : permet de quantifier la bactériurie,
d’identifier le germe, et de tester sa sensibilité aux Antibiotiques = antibiogramme
Le germe le plus fréquent est E. Coli ++++
L’association d’une leucocyturie et d’une bactériurie permet de porter le diagnostic
d’infection urinaire, mais deux autres situations peuvent être observées :
- Leucocyturie < 104 /ml+ bactériurie > 105 UFC /ml : Si un germe est isolé : IU
débutante, immunodéprimé. Si plusieurs germes : souillure, fistule vésico-vaginale,
ou entéro-vésicale

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- Leucocyturie > 104/ml+ bactériurie < 105/ml : leucocyturie sans germes : IU


décapitée par les ATB, Tuberculose uro-génitale, Bilharziose uro-génitale, Tumeur
vésicale, infections vaginales calculs urinaire.

Pyélonéphrite aigue : PNA


I-DEFINITION : Inflammation aigue le plus souvent bactérienne du parenchyme rénal
et des cavités excrétrices.
II-CLINIQUE :
- Fièvre > 39-40°c, Frissons, Altération de l’état général, signes digestifs et des signes
urinaires (BM, PK, dysurie)
- devant ce tableau, il faut : Mesurer la température, Prendre les Constantes
hémodynamiques, rechercher une douleur à l’ébranlement lombaire.
- Palper l’hypogastre à la recherche d’un globe vésical
- TR systématique à la recherche d’une prostatite aigue associée.
- Labstix +++ : forte sensibilité pour une IU
III-EXAMENS COMPLEMENTAIRES :
1-BIOLOGIE : avant de mettre le malade sous ATB
EBCU+++, NFS : recherche d’hyperleucocytose ou une neutropénie dans les cas
graves. CRP >10mg/l.
Créatinine : (Insuffisance rénale dans les cas graves)
Hémocultures : systématique surtout en cas de fièvre > 38.5°c ou > 36 °c et répété 3
fois.
2-IMAGERIE :
a-AUSP : lithiase?
b-Echographie rénale : Elle peut objectiver : une lithiase, une dilatation des cavités
pyélocalicielles, un contenu purulent des cavités excrétrices, abcès rénal, une image
présuppurative…

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c-UROSCANNER :
Indications : doute diagnostique initial, persistance de fièvre > 3j après un ttt ATB
bien conduit (abcès rénal +++), elle a remplacé l’UIV.
d-UCR (urétéro-cystographie rétrograde) : faite loin de l’épisode infectieux, à la
recherche d’un RVU.
IV-FORMES CLINIQUES :
Graves : d’emblée, ou en cas de persistance de fièvre > 3 j sous antibiotiques
a-SEPTICEMIE : hypertermie ou hypothermie, tachypnée, oligurie, acidose
métabolique, CRPÖÖ ; hémoc + ( bactériémie )
b-CHOC SEPTIQUE : hypotension non jugulée par le remplissage + FC ÖOUØ .
c-ABCES DU REIN: TTT-ATB seule < 4 cm ou ATB + DRAINAGE si > 4cm
d-PHLEGMON PERINEPHRETIQUE : Suppuration développée dans la graisse péri-
néphrétique.
- Elle se voit chez le diabétique ou sur lithiase urinaire
- TTT : ATB + drainage percutané sous écho ou scanner
e - PYONEPHROSE ; une destruction du parenchyme rénal par l’infection
- TTT : ATB + néphrectomie
f - PN CHRONIQUE : (voir cours néphropathie tubulo-interstitielle chronique)
PNA non ou mal traitée à répétitions.
Clinique : tableau clinique pauvre : celui de NTIC, évoluant vers l’IRC.
g-PN EMPHYSEMETEUSE : nécrose du parenchyme rénal et de l’environnement
périrénal par des germes uropathogénes produisant du gaz
- Clinique : Femme, diabétique, PNA résistante à un TTT ATB correctement mené
- ECBU : E. COLI, PROTEUS, klebsiella
- AUSP, Echo et TDM: des bulles d’emphysème de siège rénal
- TTT : ATB + drainage +/- néphrectomie (si échec du traitement)

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h-PN XANTHO-GRANULOMATEUSE :
- Infection sévère, rare, chronique; aboutit progressivement à la destruction du
rein
- Clinique : Diabète, calcul rénal ancien, IU chronique
- DOUTE diagnostique avec le cancer du rein d’où intérêt de la biopsie rénale
- TTT : ATB prolongée, voire même néphrectomie.

V-TRAITEMENT :
a- ATB : bithérapie initiale le plus souvent par voie intraveineuse.
On poursuivie la voie IV jusqu’à avoir une apyrexie de 48 h puis passage à la voie
orale.
La durée totale de l’ATB est de 10j au moins jusqu’à 3 – 4 semaines dans les formes
graves
b- Drainage = Néphrostomie percutanée : si reins dilatés, abcès du rein, PN
emphysémateuse. Se fait sous contrôle échographique, ponction sous anesthésie
locale du calice inférieur avec prélèvement bactériologique et mise en place d’une
sonde fixée à la peau.
c- Sonde urétérale ou sonde JJ : Si échec de la néphrostomie, rein non dilaté,
on commence le plus souvent par sonde urétérale qu’on remplace par sonde JJ. Sous
Anesthésie générale : montée par voie endoscopique
VI-SURVEILLANCE :
a- Clinique : température, douleur lombaire, signes urinaires
b- Biologique : NFS, CRP de façon bihebdomadaire. ECBU : en cours de
traitement si fièvre persistante ou signes urinaires persistants et systématiquement 1
mois après fin de traitement.

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CYSTITE AIGUE
Définition : Inflammation de la paroi vésicale d’origine infectieuse
I-EPIDEMIOLOGIE :

Femme +++
Homme : toute IU BASSE est une prostatite aigue jusqu’à preuve du contraire.
II-PHYSIOPATHOLOGIE : Les germes passent du rectum à région périnéo-vulvaire

à urètre à vessie
III-CLINIQUE : BM, PK, IM, hématurie macroscopique, sensation de pesanteur
pelvienne, urines troubles, nauséabondes.
Examen physique : normal, pas de fièvre, pas de lombalgie
bandelette urinaire : systématique: leucocyturie, hématurie, pH alcalin, nitrite

IV – EXAMENS COMPLEMENTAIRES :
ECBU +++ : permet d’isoler le germe. Doit être fait avant antibiothérapie.
V-TRAITEMENT :
a-règles hygiéno-diététiques : conseillées dans tout type d’infections urinaires

- Boissons abondantes (1.5 – 21j)


- Mictions régulières toutes les 2 à 3 h
- Miction post-coïtale, toilette dans le sens antéropostérieur
b-ATB : de durée variable selon le terrain. Démarré avant résultat de l’ECBU.

Cystite Aigue Récidivante


I-DEFINITION : plus que 4 épisodes de cystite aigue / an
II-FACTEURS FAVORISANTS :
Brides hyménales, vulvo-vaginite chronique, prolapsus génito-urinaire, sténose du
méat, ectropion du méat, diverticule urétral, infection des glandes de Skene ou de
Bartholin, calcul vésical, TV, CIS, auto-sondage vésical…

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III-CLINIQUE :
a-Interrogatoire : Age de la 1ère cystite, fréquence des IU, facteur déclenchant ; TTT
mis en œuvre, ATCDS médico-chirurgicaux, importance des apports hydriques,
hygiène de vie
b-Examen : Atrophie de la muqueuse vulvo-vaginale, ectropion du méat, prolapsus
utérin, sténose du méat.
IV-EXAMENS COMPLEMENTAIRES :
a-ECBU : est indispensable à chaque nouvelle cystite en raison de la possibilité d’une
résistance bactérienne.
b-ECHOGRAPHIE rénale et vésicale : systématique
c-Endoscopie vésicale : chez les femmes âgées ou en cas de suspicion de TV, CIS
d-UCR ou UIV : en cas de suspicion de RVR et loin de l’épisode infectieux.
V-TRAITEMENT :
ATB : 7 jours (après ECBU). En cas d’échec des mesures hygiéno-diététiques :
antibioprophylaxie systématique pendant 6 à 12 mois

Prostatite aigue
I-DEFINITION :
Infection aigue de la prostate secondaire le plus souvent à une IU basse.
Toute IU basse chez l’homme est considérée comme une prostatite aigue jusqu’à
preuve du contraire !!!
II-PHYSIOPATHOLOGIE :
Infection ascendante par les germes uropathogènes, mais aussi parfois les MST chez
l’homme jeune la PA est une complication de l’urétrite.
Chez l’homme âgé il peut s’agir d’une infection d’un adénome déjà existant par des

germes uropathogènes, rarement sur sonde vésicale

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III-SIGNES CLINIQUES:
- Syndrome infectieux : hyperthermie à 39 – 40 °c, frissons, myalgies, AEG + Signes
urinaires : hématurie, PK, dysurie, IM
- Douleurs Périnéales ou sus-pubiennes, voire ténesme rectal
- TR +++: prostate augmentée de volume, très douloureuse, succulente, molle
- BU : mêmes anomalies que celles observées au cours d’une cystite aigue
IV-EXAMENS COMPLEMENTAIRES :
ECBU, hémocultures, NFS : Ö PNN , CRP ÖÖ
V-COMPLICATIONS :
1-Septicémie : rare mais grave, favorisée par les manœuvres endo-urétrales.
Le sondage est contre-indiqué en de suspicion de Prostatite aigue et chez tout
homme présentant une IU basse.
2-RVA : impose un cathéter sus-pubien et non pas un sondage vésical
3-Abcès prostatique : Survient chez le sujet immunodéprimé ou diabétique.
L’échographie endo-rectale permet le diagnostic.
VI-TRAITEMENT :
Hospitalisation, ATB par voie IV
1-ATB : Après les prélèvements bactériologiques. Durée : 4 – 6 semaines
2-AINS, alpha-bloquants : en cas cde signes obstructif
3-Cathéter sus-pubien : en cas de RVA
VII-SURVEILLANCE : TA, température, pouls/4h. TR : 1/j à la recherche d’un abcès
prostatique

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Prostatite chronique
I-DEFINITION :
Inflammation chronique de la prostate qui peut être bactérienne ou non bactérienne.
II-CLINIQUE :
Douleurs périnéales pouvant irradier vers les testicules, la verge. Douleur lors de
l’éjaculation + Signes urinaires obstructifs et/ou irritatifs
III-EXAMENS COMPLEMENTAIRES :
Epreuves de MEARS et STAMEY : massage prostatique avec analyse
cytobactériologique comparative des sécrétions de l’urètre, vessie et prostate
Echographie réno-vésico-prostatique : recherche des calcifications prostatiques
IV-TRAITEMENT :
- ATB si prostatite chronique bactérienne : Durée : 8 – 12 semaines.
- Si Prostatite chronique non bactérienne : Mesures hygiéno-diététiques :
suppression de l’alcool, du café, des épices.

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