Révélations

FÉV
2023

n°77

Santé & Bien-­être

Les meilleures découvertes de la recherche en santé naturelle

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DOSSIER MÉDICAL
Le gluten n’est
ni un débat
ni une mode !
 Philippe Humbert

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LA POLÉMIQUE
Le gluten n’est
Les insectes, vraie
solution alimentaire
ni un débat ni une mode !
ou fausse bonne idée ?
 Anne-Charlotte Fraisse
Les explications d’un médecin
sur ses véritables implications santé
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THÉRAPIE MÉCONNUE Le gluten est devenu le sujet de nombreuses discussions, voire un
motif de débat - il est assez désolant d’observer qu’il y a les « pour » et
Pour cultiver
les « contre » - alors qu’il suffit de regarder les choses objectivement
une bonne santé : pour constater les effets délétères du gluten chez certaines personnes,
jardinez ! et le bienfait de son arrêt chez les mêmes personnes.
 Vanessa Baudin Il est aujourd’hui reconnu scientifiquement comme étant la cause de
bon nombre de maladies, certaines banales mais d’autres plus graves.
Beaucoup trop de gens l’ignorent encore, attachés à cette idée qu’il ne
PAGE 12 s’agit que d’une énième lubie à la mode. Saviez-vous par exemple que
BUREAU DES ARNAQUES le rhume des foins est, dans 80 % des cas, associé à une allergie au
Crudivorisme : gluten ? Ou encore que le gluten pourrait être à l’origine de retards de
effet de mode croissance chez l’enfant, d’ostéoporose, de maladies auto-immunes…
ou réel atout santé ?
 Nathalie Rigoulet Philippe Humbert est professeur Le gluten et son effet glue
de médecine en dermatologie et
spécialiste en médecine interne. Pas de panique, cet article n’a pas pour
Et aussi : les livres (page 15), Il a également obtenu un diplôme but d’ordonner à tout le monde d’arrêter
et le courrier des lecteurs (page 16) d’endocrinologie et d’oncologie, le gluten : il ne saurait être question de
disciplines de la médecine qui l’interdire ou de le limiter chez les per-
étudient respectivement les sonnes en bonne santé. L’objectif est
hormones et les cancers. avant tout de connaître les mécanismes
à l’œuvre dans votre corps lorsque
ISSN : 2504-­3552 (print) -­2504-­3560 (online)
ÉDITO

Serions-nous tous
intolérants sans le savoir ? vous ingérez du gluten et les problèmes de l’intestin grêle. Ce mécanisme im-
de santé que cela peut provoquer (vous munitaire se développe chez des per-
comprendrez alors de vous-même s’il sonnes génétiquement déterminées.
L’été dernier, mon médecin faut l’arrêter ou non). Cette maladie va donner des symp-
m’a diagnostiqué une intolérance Pour comprendre et connaître les ma- tômes d’ordre digestif mais aussi des
au gluten. ladies liées au gluten, il me faut tout manifestations extra-digestives variées.
Rien de gravissime… mais man- d’abord vous expliquer ce que l’on en- Elle touche 1 % de la population mais
ger trop souvent du pain et des tend par le terme gluten. certains parlent d’une fréquence esti-
pâtes pourrait causer chez moi Le boulanger ou le consommateur mée de 1 personne sur 150 à 1 sur 200.
une inflammation intestinale, des pensent souvent que le gluten est cette La maladie cœliaque était réputée pour
carences avec des complications pâte élastique qui se forme au moment ne toucher que les enfants. On sait au-
plus gênantes sur le long terme. du mélange de la farine de la mouture jourd’hui qu’elle touche l’adulte à tout
des graines, avec de l’eau. âge et malheureusement, son diagnos-
Bien sûr, j’ai changé mon alimenta-
En réalité, le gluten est un constituant tic est souvent ignoré par les profes-
tion et j’évite désormais les farines
du blé, qui constitue 80 % des protéines sionnels de santé.
de blé au quotidien (même si je
m’autorise de temps en temps un
qu’il contient. Ce mot comporte le pré- Ceux qui dénient le fait que le gluten
pain artisanal au levain ou une piz- fixe « glue » en raison de l’aspect collant induise des réactions immunopatholo-
za entre amis). Depuis, j’ai constaté de celui-ci. Aujourd’hui, on l’utilise en giques insistent sur sa teneur en proté-
une nette amélioration de mon état tant qu’adjuvant des produits alimen- ines et sa valeur nutritionnelle.
de santé et de ma digestion. taires industriels : il vient enrichir des Pourtant, les protéines de la famille des
farines qui ont une plus faible teneur prolamines représentent la base de la
Peut-être vous demandez-vous en gluten et permet l’obtention d’une maladie cœliaque et de l’intolérance.
si, à vous aussi, un régime pâte moelleuse, bien aérée et élastique. Voici en quelques mots comme cela se
pourrait vous faire du bien ? Deux protéines essentielles insolubles passe d’un point de vue immunitaire.
En 2015, une étude américaine dans l’eau composent le gluten :
a démontré que la consommation • Les prolamines, parmi lesquelles la Comment ça marche ?
de gluten déclenchait chez tout le gliadine et aussi l’hordénine, la sé-
monde une perméabilité caline et l’avénine, à une moindre Pour digérer ces protéines, notamment
intestinale1, y compris chez mesure la zénine la gliadine, notre corps dispose d’une
des personnes en bonne santé2. • Les gluténines (uniquement dans enzyme, la transglutaminase qui est
Serions-nous donc tous le blé). produite au niveau de l’intestin grêle.
intolérants au gluten ? Notons que le pourcentage de prola- Elle permet de transformer les proté-
mine est bas dans les céréales qui lèvent ines en un ensemble d’acides aminés
La réponse est plus complexe qu’il très peu comme le quinoa, le sarrasin plus petits que les protéines : des rési-
n’y paraît… Et pour y répondre nous (des pseudo-céréales) ou le riz. dus peptidiques.
avons demandé Le gluten se trouve en quantité impor- Du fait de leur charge électrique néga-
au Pr Philippe Humbert, médecin
tante dans l’épeautre, le blé tendre, le tive, ces résidus ont une affinité pour
spécialisé en médecine interne
blé khorasan (kamut), l’amidonnier et des récepteurs cellulaires, nommés HLA
et en dermatologie d’y consacrer
le blé dur. DQ (Human Leucocyte Antigens DQ ou
le dossier principal de ce nouveau
numéro de Révélations Santé
Le seigle ou l’orge en contiennent « antigène de leucocytes humain »), qui
& Bien-Être. beaucoup moins. sont chargés positivement et jouent un
rôle important dans la défense immu-
Ne manquez pas cet article très Conseil : chez les enfants, le nitaire : ils permettent de détecter les
complet et riche en révélations : gluten ne doit pas être introduit agents étrangers (virus, microbes…).
vous y découvrez notamment dans l’alimentation avant l’âge De la même façon que lorsque le sys-
des symptômes étonnants qui de quatre mois. Il est même tème de l’HLA est face à un microbe,
pourraient vous mettre sur la piste conseillé d’en limiter la quantité l’association HLA DQ/résidus pepti-
d’une intolérance, le point sur
au début. diques provoque une activation des
les tests de diagnostics, ou encore
lymphocytes T avec production de
les conséquences parfois graves
cytokines pro-inflammatoires. C’est ce
du gluten sur votre santé.
Maladie cœliaque : quand le phénomène qui aboutit à la destruction
Amicalement, gluten détruit votre intestin de la muqueuse intestinale pouvant al-
ler jusqu’à l’atrophie des villosités évo-
Florent Cavaler La maladie cœliaque est une entéropa- quées plus haut.
thie inflammatoire chronique auto-im- Chez le nourrisson, les symptômes
mune, provoquée par un antigène ali- vont apparaître peu de temps après
1 Hollon, Puppa, et al., « Effect of gliadin on permeability of
intestinal biopsy explants from celiac disease patients and
mentaire : la gliadine du gluten. C’est l’introduction des farines avec une
patients with non-celiac gluten sensitivity », un trouble gastro-intestinal chronique diarrhée chronique, l’absence de prise
Nutrients, 2015 Feb.
2 Soares, de Oliveira Matoso, et al., « Gluten-free diet au cours duquel la prise de gluten en- de poids, voire un amaigrissement et
reduces adiposity, inflammation and insulin resistance
associated with the induction of PPAR-alpha and
traîne l’atrophie des villosités (replis) des vomissements.
PPAR-gamma expression », J Nutr Biochem., 2012 Dec 17.
 RÉVÉLATIONS SANTÉ & BIEN-­ÊTRE
De nombreux retards
de diagnostic
Malgré le nombre des manifestations
liées à la maladie cœliaque, le retard de
diagnostic est tel qu’il se passe parfois
une dizaine d’années entre les premiers
symptômes et le diagnostic.
Il existe des formes asymptomatiques
(absence de symptômes) et la décou-
verte de la maladie peut être fortuite.
À l’autre bout du tableau se situent les
malnutritions sévères.
La pose du diagnostic de maladie
cœliaque se fait grâce à la biopsie de
l’intestin grêle au cours d’une endos-
copie digestive haute.
Communément, les patients souffrent
de douleurs abdominales, de diar-
rhée chronique, d’amaigrissement,
de fatigue, avec des signes de ca-
rences, notamment une anémie.
Compte tenu de la légèreté de certaines
formes cliniques ou de la forme aty-
pique de certains symptômes, la réa-
lisation d’un dépistage de la maladie
cœliaque doit se faire dans un nombre
important de situations, au titre du dia-
gnostic différentiel.
Les principales formes de
manifestations :
1. Forme classique : repose sur des
signes de malabsorption avec diar-
rhée, stéatorrhée (perte de lipides
par non-assimilation de ceux-ci),
perte de poids et retard de croissance
2. Forme non classique : symptômes
intestinaux ou extra-intestinaux en
l’absence de signes de malabsorption
3. Forme subclinique : découverte
lors d’une recherche systématique
4. Forme potentielle ou latente :
anticorps positifs, aspect de la
muqueuse intestinale normale
(histologie).
La dermatite herpétiforme
cette dermatose est considérée
comme une des manifestations
cutanées de la maladie cœliaque.
Elle peut apparaître à tout âge
et disparaît sous régime sans
gluten. Elle se manifeste par des
vésicules qui causent des déman-
geaisons, surtout localisées aux
faces d’extension des membres
supérieurs et de la partie haute
du dos.
Des complications
parfois sévères
Des carences nutritionnelles peuvent
conduire à un retard de croissance chez
l’enfant ou à une ostéoporose chez l’adulte.
Des maladies auto-immunes peuvent
survenir dans le cadre d’un syndrome
auto-immun multiple. Il n’est pas rare
notamment d’observer chez ces ma-
lades une maladie thyroïdienne au-
to-immune ou une maladie de Biermer
avec carence en vitamine B12. Des
maladies hématologiques de type lym-
phome peuvent apparaître.
Les situations suivantes peuvent justifier
un test de dépistage de la maladie cœliaque :
• Douleurs abdominales
• Ballonnements et gaz pouvant être une
cause du syndrome du côlon irritable
• Émission de glaires par l’anus
• Anorexie et/ou amaigrissement sans
cause
• Maladie auto-immune telle que
thyroïdite de Hashimoto, hépatite
auto-immune, maladie de Biermer,
diabète de type 1
• Diarrhées chroniques ou constipa-
tion chronique, vomissements
• Fatigue chronique
• Dermatite prurigineuse et vési-
culeuse des faces d’extension des
membres et de la partie haute du dos
• Trisomie 21 et syndrome de Turner
• Déficit congénital en
immunoglobulines A
• Antécédents familiaux de maladie
cœliaque
• Syndrome biologique carentiel (ca-
rences diverses qui s’observent dans
les analyses biologiques)
• Syndrome clinique lié à des carences,
avec inflammation de la langue (glos-
site), infectinon des commissures des
lèvres (perlèche), ostéoporose, neuro-
pathie périphérique, retard de crois-
sance, retard de puberté, irritabilité…
DOSSIER MÉDICAL 3
Quels tests biologiques
pour établir le diagnostic ?
Le dosage des anticorps anti-trans-
glutaminase de type IGA (immuno-
globulines A) est le test de choix. Bien
entendu, le médecin aura au préalable
pris le soin de doser les immunoglobu-
lines A totales, afin de s’assurer qu’il n’y
a pas de déficit congénital qui pourrait
conduire à des faux négatifs.
En cas de déficit en IGA (taux infé-
rieurs à 0,2 g par litre), il faut prescrire
un test de type IgG.
Une fois les anticorps dosés positivement,
le patient bénéficiera d’une endoscopie
digestive haute chez un gastro-entéro-
logue. Il est bien entendu demandé de ne
pas suivre de régime sans gluten avant la
réalisation de cet examen au cours duquel
sera réalisée une biopsie.
On peut aussi doser d’autres anti-
corps qui ont plus ou moins d’intérêt
aujourd’hui :
• Les anticorps anti-gliadine : pre-
miers anticorps mis au point dans les
années 1980. On dit d’eux qu’ils ont
une sensibilité et spécificité faibles ;
c’est pourquoi ils ne sont plus utilisés
en phase de dépistage.
• Les anticorps anti-réticuline : peu
sensibles et non utilisés au stade de
dépistage.
• Les anticorps anti-endomysium :
test très sensible et spécifique.
• Les anticorps anti-peptide désa-
midés de la gliadine (anticorps
anti DGP) : dernière génération des
tests sérologiques. Ils sont un peu plus
sensibles pour les IgG que les anti-
corps anti-transglutaminase. Ils sont
recommandés et donc utiles en cas de
déficit en immunoglobulines A.
• Chez les enfants on recherchera les
anticorps anti DGP associés aux an-
ticorps anti-transglutaminase.
À noter : un test sérologique
négatif n’écarte pas le diagnostic
de maladie cœliaque car aucun
n’est fiable à 100 %.
Comme cette maladie a une forte com-
posante génétique, on s’appuie sur le
phénotype HLA : la présence des ha-
plotypes HLA DQ2 et HLA DQ8 chez
98 % des cas représente un facteur de
risque génétique. En leur absence, on
peut estimer à plus de 99 % que la ma-
ladie n’est pas présente.
4 DOSSIER MÉDICAL
Cependant il faut savoir que 30 % de la
population caucasienne est porteuse de
ces antigènes et seuls 4 % d’entre eux
auront une maladie cœliaque.
Le traitement :
rien de plus simple !
Le traitement de la maladie cœliaque
repose avant tout sur l’éviction stricte
du gluten, ce qui va permettre à la mu-
queuse duodénale et intestinale en gé-
néral de se refaire, et donc de guérir.
Avec un régime sans gluten strict, les
tests tendent à se négativer dans des
délais rapides.
Peu courante mais bien
réelle : l’allergie au blé
L’allergie au blé toucherait 0,2 % de la
population au Canada. Le blé représente
l’un des neuf allergènes alimentaires les
plus communs, aux côtés de l’arachide,
des noix (amandes, noix du Brésil, cajou,
noisettes, noix macadamia, pacanes, pi-
gnons, pistaches, noix de Grenoble), des
graines de sésame, du lait, des œufs, des
fruits de mer, du soja et des sulfites.
Pourquoi est-on allergique au blé ? Dans
ses grains on trouve des glucides, des li-
pides, des protéines et des vitamines.
Cette allergie spécifique est provoquée
par les protéines, non seulement la glia-
dine, mais aussi d’autres constituants du
blé, comme les albumines, les globu-
lines, ou les gluténines.
Les allergies au blé chez le bébé peuvent
disparaître avant l’âge de cinq ans. En
revanche, elles ont peu de chances de
disparaître chez l’adulte.
Les manifestations de l’allergie au blé
ressemblent à ceux d’autres allergies :
• Bouffées de chaleur au visage, urticaire
ou éruption cutanée, avec un caractère
prurigineux souvent à type d’urticaire
• Gonflement des yeux du visage des
lèvres, de la gorge ou de la langue
pouvant entraîner des difficultés res-
piratoires de déglutition, réalisant
par exemple un œdème de Quincke
• Anxiété, détresse respiratoire, éva-
nouissement, pâleur, faiblesse… qui
peuvent être simultanés
• Diarrhée, vomissements, douleurs au
niveau de l’estomac (signes habituels)
• Dans de plus rares cas, on peut avoir
un état de choc avec baisse de la ten-
sion artérielle.
Le blé se cache partout,
dans vos aliments, et même
dans vos cosmétiques !
Outre les aliments qui comportent
le terme « blé » il faut savoir re-
connaître sa présence au sein :
• Du boulgour, des bretzels,
du couscous, de l’épeautre, du
froment, de l’hostie, du kamut, du
triticale, et du spelt
• Dans la farine de malt, la fécule,
le pudding, la chicorée, et tous les
aliments que l’on sait être prépa-
rés à base de blé (les pâtes…)
• Les agents liants et de remplis-
sage comme la farine de mou-
tarde, certaines sauces, l’amidon,
la levure chimique…
• On peut aussi trouver du blé
dans certains produits de beauté.
Deux mécanismes à connaître
Ce genre d’allergie au blé est nommée
réaction allergique de type I. Dans ce
cas, il existe deux types de mécanismes
allergiques : celui qui est médié par les
immunoglobulines E (IgE) et celui qui
ne l’est pas.
Allergie par IgE
À la suite de l’exposition au blé, le sys-
tème immunitaire produit des IgE et
libère de l’histamine, chargée de pro-
voquer l’inflammation. C’est cela qui
entraîne des symptômes de la maladie.
Il est simple de vérifier si ces fameuses
IgE sont impliquées : doser par une
analyse les IgE dirigées contre le blé.
L’entrée du blé se faisant par voie diges-
tive, les symptômes apparaîtront , tels
que nausées, vomissements, ou encore
urticaire et difficultés respiratoires.
Dans environ 10 % des cas, les manifes-
tations peuvent se révéler à l’occasion
d’un exercice physique, comme cela peut
aussi révéler une réaction allergique à
l’égard des crustacés, de la pomme, du
maïs, des lentilles, du kiwi, du poulet…
Il faut souligner une forme particulière
que l’on appelle l’asthme du bou-
langer qui correspond à une allergie
respiratoire du fait de l’exposition au
blé, une maladie qui touche 1 à 10 %
des professionnels exposés à la farine.
Il s’agit de manifestations respiratoires
avec toux sèche, respiration sifflante et
oppression thoracique.
Le blé peut aussi induire plus fréquem-
ment une rhinite allergique (15 à 20 %
des professionnels touchés).
Allergie non médiée par les IgE
Il s’agit d’une réaction allergique in-
dépendante de la production des IgE.
Dans ce cas, l’ingestion de blé pro-
voque une réaction inflammatoire au
sein du tube digestif, et on peut souffrir
du même type de réactions intestinales
qu’en cas d’allergie médiée. C’est par
ce mécanisme particulier que l’on ex-
plique les réactions au blé des patients
dits atopiques.
L’intolérance au gluten,
un fléau trop souvent ignoré
L’intolérance non cœliaque au gluten
est le syndrome le plus commun des
troubles liés au gluten. On estime
qu’elle touche entre 0,5 et 13 % de la
population générale mais il est plus
vraisemblable qu’elle touche 1 per-
sonne sur 10.
Cette forme d’intolérance a été décrite
pour la première fois en 2010 puis dis-
tinguée de la maladie cœliaque en 2015
par Mark-G Lebwohl, sous l’acronyme
NCGS, Non Cœliac Gluten Sensitivity
(intolérance non cœliaque au gluten).
Les symptômes s’améliorent lors de
l’adoption d’un régime sans gluten. Le
médecin aura pris soin d’éliminer de
ses diagnostics, la maladie cœliaque et
l’allergie au blé.
Malheureusement, certains médecins
ignorent encore cette maladie ou re-
fusent de la reconnaître, sur l’argument
qu’il n’y a pas d’anticorps anti-transgluta-
minase, donc pas d’intolérance au gluten.
Or, l’absence ou le taux très faible d’an-
ticorps, considérés comme négatifs, est
justement une des caractéristiques de
cette intolérance.
Outre le gluten, les symptômes pour-
raient découler du rôle de certaines pro-
téines appelées ATI (inhibiteurs de l’amy-
lase/trypsine) et FODMAPS (Fermentable
Oligo-Di-Mono saccharides And Polyols) que
l’on trouve dans le blé, le seigle, l’avoine
et l’orge.
La maladie est caractérisée par des
manifestations extra-intestinales dans
la plupart des cas avec des tableaux de
type fibromyalgie, vertiges, fatigue,
syndrome dépressif, céphalées, dyses-
 RÉVÉLATIONS SANTÉ & BIEN-­ÊTRE
thésies c’est-à-dire picotements dans
les membres, douleurs musculaires et
douleurs tendineuses.
Les symptômes à connaître
Il existe une particularité chez la
plupart des personnes atteintes : ils
souffrent d’une hyperlaxité du tissu
conjonctif, qu’il s’agisse d’un syn-
drome hypermobile voire du syn-
drome d’Ehlers Danlos.
Les patients présentent souvent :
• Des douleurs à l’insertion des ten-
dons et des ligaments, avec des anté-
cédents d’entorses voire de luxations
• Des céphalées
• Des douleurs cervicales (liées à la
tension des structures fibreuses de
soutien)
• Des antécédents de manifestations
O.R.L. et pulmonaires dans la petite
enfance, nombreuses, à type d’otites,
angines, bronchites, bronchiolites,
rhinopharyngites, pharyngites, ainsi
que des régurgitations et des coliques
du nourrisson. Il y a même pu avoir
inflexion de la courbe pondérale. Ces
signes sont les manifestations d’une in-
tolérance aux produits laitiers de vache
tels que les travaux du Docteur Rance
de Toulouse l’ont bien démontré.
Signes courants en dehors des symp-
tômes digestifs :
• Maux de tête
• Esprit embrumé
• Douleurs articulaires et musculaires
profondes
• Fatigue
• Engourdissement des membres
• Troubles du sommeil.
À savoir : la rhinite saisonnière,
encore appelée le rhume des
foins, qui correspond à une aller-
gie aux graminées, est associée
dans 80 % des cas à une intolé-
rance au gluten par voie orale.
La kératose pilaire,
un signe fiable à près de 100 %
Des études ont montré le lien existant
entre ce tissu conjonctif particulier et
le leaky gut, c’est-à-dire l’intestin hy-
perperméable, que l’on appelle parfois
côlon irritable, nous en reparlerons
plus loin.
Lors de l’examen clinique d’une personne
pour laquelle on soupçonne une into-
lérance au gluten, on devra rechercher,
entre autres, un état d’hyperlaxité.
Ces signes sont méconnus alors qu’ils ont
une valeur prédictive positive proche
de 100 % quant à l’existence d’une intolé-
rance au gluten. Voici comment procéder :
• Fléchissez le poignet sur l’avant-
bras : votre pouce arrive-t-il à
toucher l’avant-bras ?
• Lorsque vous tendez les bras,
observez-vous une extension dont
l’angle dépasse 180° ?
• La kératose pilaire, causée par
une surproduction de kératine, est
un autre signe de cet état : avez-
vous constaté de toutes petites
bosses sur les pores de la peau ?
Ce signe cutané, souvent banalisé,
peut prendre l’aspect de chair de
poule dans certains mouvements
du patient et présente un aspect
de sécheresse. Il suffit de passer
son doigt pour reconnaître cette
rugosité inhabituelle. Sur le dos
des cuisses, elle réalise comme un
semis de petits points de couleur
rouge sombre qui se distinguent
de la peau normale que l’on peut
voir plus haut à proximité du
bassin.
• Cherchez, sous la pointe de la ro-
tule, une petite zone rectangulaire,
carrée, ou losangique assez carac-
téristique. Elle est plus ou moins
foncée, rugueuse, faite d’une peau
légèrement épaissie et finement
striée horizontalement.
DOSSIER MÉDICAL 5
Que penser des FODMAPS ?
Les personnes atteintes d’intolérance
au gluten non cœliaque peuvent
aussi réagir à d’autres composants
du blé comme les FODMAPS. Ces
glucides particuliers fermentent
sous l’action des bactéries du côlon
créant gaz, ballonnements, douleurs
abdominales et diarrhée.
La plupart de ces personnes seront
soulagées par le régime qui exclut
les FODMAPS mais aussi le blé,
l’orge et le seigle qui en contiennent
beaucoup.
Des mains qui tremblent
à cause du gluten…
Parlons maintenant de l’ataxie au
gluten et des autres troubles neu-
rologiques causés par cette céréale.
L’ataxie au gluten est une maladie au-
to-immune qui affecte le cervelet (on
parle de syndrome cérébelleux).
Elle peut être en relation directe avec
la prise de gluten.
Cette maladie entraîne des troubles
de la coordination des mouvements,
une démarche dite ébrieuse (comme
si vous étiez ivre), des tremblements
lents des membres supérieurs ou
des myoclonies (contractions mus-
culaires brèves et brusques). Elle
représenterait 40 % des ataxies de
cause inconnue et 15 % de l’ensemble
des ataxies.
D’autres troubles neurologiques sont
rapportés en relation avec l’intolé-
rance au gluten. Sont-ils dus au pas-
sage du gluten à travers la barrière
hémato-encéphalique ? Il est effec-
tivement possible de trouver dans le
cerveau de certaines personnes des
anticorps anti-transglutaminase 6.
Les manifestations cliniques sont à
la fois périphériques (neuropathies
périphériques), et centrales, telles
qu’épilepsie, sclérose en plaques,
démence, maladie d’Alzheimer,
schizophrénie, autisme, troubles
de l’attention, hallucinations,
troubles obsessionnels compulsifs,
troubles du sommeil et maladie de
Parkinson. Cette dernière est d’ail-
leurs considérée comme une ma-
nifestation extra-intestinale de la
maladie de Crohn.
6 DOSSIER MÉDICAL
Syndrome hypermobile
d’Ehlers Danlos :
une prédisposition
à l’intolérance au gluten
Nous avons parlé du Syndrome d’Ehlers
Danlos, qui n’est pas une manifestation
d’intolérance au gluten, mais qui re-
présente un état propice au développe-
ment de cette intolérance.
Il s’agit d’une maladie héréditaire du
tissu conjonctif devant la présence des
manifestations cliniques suivantes1 :
• Des douleurs de localisations multi-
ples, articulaires, abdominales, tho-
raciques, musculaires, migraines,
évoluant par des crises aggravées par
de l’activité physique
• Une fatigue importante, dès le réveil
et accès de somnolences
• Des troubles proprioceptifs du
contrôle de la motricité, maladresses,
heurts d’obstacles, déviation de la
marche, pas de chutes
• Une instabilité articulaire : entorse,
subluxation (incluant les craque-
ments articulaires)
• Une peau fine, ne protégeant pas
contre l’électrostatisme
• Une hypermobilité articulaire éva-
luée selon le score de Beighton2 (sur 9
points) ou les épaules hypermobiles
selon le test de CYPEL3
• Des hémorragies cutanées
(ecchymoses)
Syndrome d’Ehlers-Danlos
Troubles génétiques du tissu conjonctif qui affectent
les articulations, la peau et les parois des vaisseaux sanguins
Le tissu conjonctif affaibli
rend la peau beaucoup plus
élastique que la normale
1 Conformes aux descriptions successives du syndrome : Villefranche/Beighton, Brighton/Grahame, Barcelone/Bulbena, Paris 2017 (Syndrome d’Ehlers Danlos type III hypermobile : validation d’une échelle
clinique somatosensorielle à propos de 626 cas, Bulletin de l’Académie nationale de médecine, 2017, 201, n°2, séance du 28 février 2017), New-York Ehlers Danlos Society 2017.
2 https://sedinfrance.org/lhypermobilite-et-les-troubles-du-spectre-de-lhypermobilite-hsd-selon-le-consortium-international/
3 http://claude.hamonet.free.fr/fr/sed_clinique-hypermobilite.htm
• Une hyperacousie et des sensations
de vertigineuses
• Des reflux gastro-œsophagiens.
La présence de cinq de ces 9 signes
suffit pour affirmer le diagnostic
d’Ehlers-Danlos (spécificité : 99,6 %
- sensibilité : 97,6 %). L’absence d’un
critère (y compris l’hypermobilité) ne
peut l’éliminer.
Ces signes varient depuis la naissance
jusqu’à la fin de la vie. Certains peuvent
disparaître, d’autres survenir plus ou
moins tardivement, à l’occasion d’évè-
nements traumatiques (accident de
voie publique par exemple) ou hormo-
naux (puberté, grossesse, ménopause).
Les signes suivants peuvent coexister,
faisant partie intégralement du tableau
clinique du syndrome d’Ehlers Danlos.
Ils contribuent à son identification
et doivent faire partie de la prise en
charge thérapeutique :
• Troubles du sommeil, dystonie
• Fragilité cutanée (trouble de cicatri-
sation, vergetures), étirabilité cuta-
née excessive
• Dysautonomie (troubles vasomo-
teurs des extrémités, avec pieds
froids évoquant à tort un syndrome
de Raynaud, palpitations, sueurs, fri-
losité, fièvres inexpliquées)
• Tendance hémorragique diffuse
(gingivale, génitale, saignements de
nez), dyspareunie (douleurs ressen-
ties par certaines femmes lors d’un
rapport sexuel), accidents obstétri-
Le coude peut se plier
vers l’arrière au-delà de 10 degrés
Les articulations peuvent
se plier bien au-delà de l’amplitude
normale des mouvements
caux, manifestations respiratoires
(blocages, essoufflement)
• Hypersensorialités (cutanée,
olfactive…)
• Troubles de la vision, altéra-
tions bucco-dentaires, troubles
vésico-sphinctériens
• Troubles cognitifs (mémoire, atten-
tion, concentrations, orientations),
affectivité, comportement, anxiété,
émotivité
• Spectre autistique évocateur d’un
Syndrome d’activation masto-
cytaire ou SAMA (urticaire super-
ficielle et profonde, flush, rougeur
cutanée particulièrement après une
douche, démangeaisons).
Ces arguments cliniques suffisent au
diagnostic. Ils sont renforcés lorsqu’on
constate des cas familiaux identiques,
qui peuvent être plus ou moins expres-
sifs. C’est la preuve du caractère hérédi-
taire de cette maladie du tissu conjonc-
tif sans nécessité d’effectuer un test
génétique dans les formes communes.
Les tests génétiques utilisés dans les
formes rares sont peu accessibles dans
la pratique courante.
L’hyperperméabilité
intestinale, au cœur
des troubles liés au gluten
En présence d’une entéropathie consé-
quente au gluten, la caractéristique
même de l’intestin est d’être hyper
perméable. L’hyperperméabilité in-
testinale est donc un élément clé dans
tous les mécanismes des troubles liés
au gluten. Celle-ci ne doit pas être
confondue avec les troubles d’absorp-
tion qui ont des causes différentes.
Connue depuis plus de 20 ans, l’hyper-
perméabilité intestinale a été explorée
au moyen de différents tests tels que le
test au lactose ou le test au Cr51 EDTA.
Ce qui provoque cette hyperperméabili-
té intestinale, c’est un désassemblage des
jonctions serrées entre les cellules endo-
théliales de l’intestin (tight junctions).
Les deux facteurs qui prédisposent
à ce trouble sont le gluten et le lipo-
saccharide qui provient d’une coloni-
sation bactérienne chronique de l’in-
testin grêle.
 RÉVÉLATIONS SANTÉ & BIEN-­ÊTRE
En cas de désassemblage des jonctions
serrées, les toxines bactériennes, des
produits chimiques, des agents infec-
tieux et des aliments non digérés vont
se trouver au contact du sang, alors que
ces substances ne devraient normale-
ment pas y être.
Ces substances font réagir le système
immunitaire et c’est ce qui développe
des pathologies.
Le nombre des maladies rattachées de
près ou de loin à l’hyperperméabilité
intestinale est grand. Il s’agit de mala-
dies auto-immunes telles que : le lupus
érythémateux, la polyarthrite rhuma-
toïde, la spondylarthrite ankylosante,
la maladie de Crohn... Également des
cancers tels que des gliomes (tumeurs
du cerveau ou de la moelle épinière),
cancer du sein, de l’ovaire, du pancréas,
de la prostate, du poumon, du foie, cer-
taines leucémies… et les maladies du
système nerveux telles que la maladie
de Parkinson, la sclérose en plaques…
Le régime sans gluten
Tout d’abord sachez qu’il n’est pas pos-
sible d’exclure totalement le gluten
puisque même les aliments étique-
tés « sans gluten » ne sont pas « zéro
gluten ». La réglementation à ce sujet
autorise des quantités infimes.
Ce n’est pas parce que des phénomènes de
type « sectaires » peuvent se développer
autour du gluten, qu’il faille nier l’existence
des différentes formes d’intolérance.
Problèmes de vue ?
Vous augmentez (vraiment) vos risques de démence
Une méta-analyse s’est penchée
sur 16 études, soit un total de plus
Gui-Ying Cao, Zi-Shuo Chen, Beibei Xu, et al., « The association between vision impairment and cognitive outcomes in older adults:
a systematic review and meta-analysis », Aging & Mental Health, 2022
Des larves qui démangent…
La rupture de la barrière intestinale
que représente l’hyperperméabilité va
permettre à certains agents infectieux
tels que des larves de Toxocara canis,
ou ascaris du chien, de pénétrer dans
le circuit sanguin et de produire des
symptômes tels qu’un prurit chro-
nique, de l’urticaire, de l’eczéma, ou
des troubles en relation avec la loca-
lisation des larves parasitaires. Cette
maladie est appelée toxocarose.
Le rôle de l’hyperperméabilité dans
cette maladie n’est pas encore connu.
Il s’agit de la découverte de mes tra-
vaux sur la toxocarose qui représente
la cause de 10 à 30 % des urticaires
chroniques et des prurits chroniques.
D’ailleurs la meilleure façon de savoir
s’il est nécessaire de supprimer le gluten
dans sa vie, c’est d’en faire l’expérience
pendant quatre à huit semaines et ob-
server les résultats.
de 76 000 participants pour arriver
à cette conclusion : les problèmes
de vue non traités chez les
personnes âgées peuvent provo-
quer un risque accru de souffrir
de déficience cognitive (un risque
137 % plus élevé que chez les per-
sonnes n’ayant aucun problème
de vue !!). Et cela peut aller jusqu’à
la démence (risque accru de 44 %).
Le diagnostic et le traitement
des affections oculaires peuvent
DOSSIER MÉDICAL 7
En médecine, il n’est pas indispensable
d’avoir de marqueurs biologiques pour
authentifier une maladie.
Quelques notions importantes : le
sarrasin ou le quinoa qui ne sont pas
des graminées, ne contiennent pas de
gluten. Concernant l’avoine, certaines
variétés peuvent induire des réac-
tions similaires à celles provoquées
par les céréales qui contiennent du
gluten. Notamment parce que l’avoine
contient de l’avénine qui est toxique
pour la muqueuse intestinale des per-
sonnes sensibles au gluten.
Le maïs est en général considéré
comme une céréale acceptable dans le
régime sans gluten mais certaines per-
sonnes peuvent être sensibles aux pro-
lamines du maïs.
Le gluten représente donc la cause d’un
nombre important de maladies. Il n’est
pas facile de relier l’ingestion de gluten
de façon directe à des troubles aussi va-
riés qu’une maladie de Parkinson, ou
une aphtose chronique, ou encore des
diarrhées incessantes. Il faut s’aider de
signes tels que les signes cutanés expo-
sés dans ce dossier, et surtout de l’effi-
cacité d’une éviction du gluten pendant
quelques semaines.
Peut-être un jour reviendra-t-on à un
gluten plus acceptable pour nos intes-
tins fragiles. En attendant nous devons
être attentifs aux symptômes digestifs
qui, aussi modestes puissent-ils être, re-
présentent cependant le point commun
de toutes les pathologies.
Dr Philippe Humbert
donc être bénéfiques à la fois
« pour améliorer la qualité de vie
mais également pour potentielle-
ment ralentir ou arrêter la perte de
mémoire », d’après l’auteur princi-
pal de l’étude, le professeur associé
Beibei Xu, du Centre d’informatique
médicale de l’Université de Pékin.
D’où l’importance de réaliser des
examens réguliers et d’avoir des
lunettes ajustées à votre vue.
8 LA POLÉMIQUE

Les insectes, vraie solution

alimentaire ou fausse bonne idée ?
En novembre 2022, un pain de mie aux céréales vendu à Intermarché était rappelé1 car jugé impropre à la
consommation. En cause ? La présence de vers et d’insectes dans les paquets. Alors que cette information
suscite un dégoût bien légitime, d’autres entreprises françaises font le pari fou d’inverser la vapeur et de nous
faire consommer des insectes, volontairement cette fois-ci. Mais si cette pratique venait à se généraliser, des
dérives ne seraient-elles pas à craindre au même titre que n’importe quelle industrie agroalimentaire ?

Anne-Charlotte Fraisse est natu- de 2030 ? Quand on sait par exemple En France, on consomme 12 tonnes d’in-
ropathe, journaliste experte (ex-ré- que les grillons ou les vers de farine sectes par an, ce qui n’est pas beaucoup
dactrice en chef du site www. sont riches en protéines et en nutri- comparé à la consommation de viande
pensees-sauvages.com, journa- ments, et que quarante grillons four- annuelle de 1,55 million de tonnes juste
liste à L’Express Styles.fr) et aussi nissent l’équivalent protéique d’une pour le bœuf6 ! Pourtant, nombreux sont
l’auteur de nombreux ouvrages2, portion de viande, on questionne les les pays qui ont généralisé l’usage alimen-
dont le dernier en date, « Manger choix faits à l’aune de leurs implica- taire des insectes : cigales au Malawi ;
moins de viande – Consommer tions écologiques. grillons en Thaïlande ; chapulines ou
moins, consommer mieux », paru sauterelles au Mexique ; larves de guêpes
aux éditions Idéo en août 2021. jaunes au Japon ; chenilles mopanes
L’Europe à la traîne un peu partout sur le continent afri-
cain… Selon l’Organisation des nations
Nourrir plus de monde, Si le ver de farine et le criquet migra- unies pour l’alimentation et l’agriculture
en occupant moins d’espace teur ont été autorisés officiellement (FAO), 2,5 milliards d’humains dans le
par la Commission européenne en monde consomment des insectes de fa-
En Chine, à la fin de l’été 2022, une vé- 2021, en 2022 c’est le grillon domes- çon régulière, alors pourquoi pas nous ?
ritable usine à cochons a vu le jour : un tique qui est approuvé pour le marché
immeuble de vingt-cinq étages, capable alimentaire4.
d’accueillir 600 000 porcs3 ! D’autres Quand on recense plus de 2 000 Nuisibles ou sources
édifices du même type sont en construc- espèces consommées à travers le de protéines ?
tion dans le pays, afin de répondre à la monde5, on voit qu’il y a fort à faire
demande des consommateurs… avant la mise sur le marché de tous les D’autant que certains insectes consi-
Est-ce la bonne solution pour nourrir insectes comestibles ! dérés comme nuisibles pourraient
les 9 milliards d’humains à l’horizon nous être bénéfiques. Au Mexique par
exemple, les plants de luzerne sont ra-
vagés par une variété de sauterelles, les
Vous en avez déjà consommé… sans le savoir ! Sphenarium purpurascens. Alors les « pê-
cheurs de sauterelles », à l’aide de filets,
Vous connaissez sûrement le le chorizo, bâtonnets de crabe, les ramassent pour les consommer
E120, parfois appelé pudiquement bonbons, laitages au goût de grillées. On estime que chaque famille
« colorant naturel »… Il s’agit en fruits rouges, confitures, jus et locale bénéficie à cette période de 50 à
fait du rouge obtenu grâce à ce sirops de fruits rouges, glaces, ta- 70 kg de sauterelles à déguster7 !
petit insecte nommé cochenille, rama ou encore dentifrices avec Le ténébrion, insecte ravageur des cé-
que l’on retrouve facilement des belles lignes rouges… Vous réales, qu’elles soient entières ou moulues,
dans énormément de produits avez donc tous déjà consommé que l’on appelle aussi le ver de farine, est
du quotidien pour en rehausser des insectes (même si vous ne le une superbe source de nutriments écolo-
la couleur : charcuteries comme saviez sûrement pas). giquement intéressants que l’on peut éga-
lement élever pour nourrir les poules !

1. www.femmeactuelle.fr/sante/news-sante/rappel-produit-attention-ce-pain-de-mie-pourrait-contenir-des-insectes-2145530
2. « Un bain de forêt », en collaboration avec Eric Brisbare, Marabout éditions, 2018 ; « Happy Body – Apprenez à aimer votre corps », Marabout éditions, 2015 ; « La tonic attitude des paresseuses », Marabout éditions, 2012
3. www.cnews.fr/monde/2022-08-11/chine-une-mega-ferme-de-26-etages-va-accueillir-600000-porcs-1252961
4. https://food.ec.europa.eu/safety/novel-food/authorisations_fr
5. Estimation de la FAO
6. www.planetoscope.com/elevage-viande/1587-consommation-de-viande-en-france.html
7. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03125122/document
 RÉVÉLATIONS SANTÉ & BIEN-­ÊTRE LA POLÉMIQUE 9

Si vous vous lancez dans l’élevage pour votre
propre consommation, il est recommandé
de ne pas consommer la première géné-
ration que vous aurez achetée en anima-
lerie, en raison de son régime alimentaire.
Préférez les générations suivantes que l’on
prendra soin de nourrir avec de la farine et
des petits morceaux de légumes biologiques,
comme des épluchures de carottes.
Une mine de nutriments
incroyable
Dans les insectes, on trouve en propor-
tion variable selon les espèces : tous les
acides aminés essentiels constituant les
protéines8, du zinc, du fer, des acides
gras poly et monoinsaturés, mais aussi
du calcium, du phosphore, du magné-
sium, de l’iode et du sélénium.
Les champions de la teneur en proté-
ines sont les sauterelles, les grillons
et les criquets9, pour peu que leur ali-
mentation soit équilibrée ! Une étude
montre que les sauterelles nourries au
son contiennent plus d’acides aminés
essentiels que celles nourries au maïs10.
Même idée pour les acides gras essen-
tiels : on pourra bientôt remplacer le
saumon par des vers à soie, des fourmis
blanches ou des sauterelles. Ces der-
nières ont par exemple 60 % d’acides
gras insaturés, 44 % d’acide oléique et
1,4 % d’acide linoléique11 !
En ce qui concerne le fer, vous pouvez
laisser tomber le bœuf : les insectes en
ont au moins autant, si ce n’est plus !
On estime que pour 100 g de poids sec
de bœuf, il y a environ 6 mg de fer.
Chez les criquets migrateurs, c’est de
8 à 20 mg pour 100 g et chez les che-
nilles, 35,5 mg pour 100 g12 !
On peut donc sans risques affirmer que
les insectes, en cas de famine, sont des
alliés nutritifs de choix.
Dans la gamelle
des animaux ?
On le sait, la part des terres cultivables
dédiées à l’alimentation des animaux
d’élevage est immense, la demande
croît et les terres manquent.
La solution gain de place se trouve
peut-être chez les insectes : une étude13
montre que l’on peut remplacer 50 %
de la nourriture habituelle des pois-
sons d’élevage sans que cela n’affecte
leur qualité. Les essais sur les porcelets
montrent même qu’apporter des in-
sectes dans leur alimentation améliore
leur santé intestinale !
Enfin, pour la volaille, l’étude
PROteINSECT14 montre que les poulets
nourris avec des régimes alimentaires en
contenant ont eu les mêmes résultats que
ceux nourris avec de la nourriture clas-
sique. Et sachez qu’il est même possible de
trouver des croquettes aux insectes pour
vos animaux de compagnie !
Des risques
sanitaires encadrés
Depuis que la FAO a, en 2013, encou-
ragé la consommation d’insectes, que
s’est-il passé sur le plan réglementaire
pour nous prémunir des risques poten-
tiels ? J’ai posé la question à une pro-
fessionnelle du secteur, Julie Gervreau,
présidente de la société Mucronutris,
qui commercialise, en France, des
insectes comestibles. Selon elle, les
contraintes sanitaires pour les insectes
sont les mêmes que dans tout le secteur
agro-alimentaire : hygiène et propreté,
analyses bactériologiques, suivi de l’eau
et respect des dates de péremption.
La nourriture des élevages est aussi un
facteur important de préservation de
la qualité (des légumes frais, sans pes-
ticides ou fongicides, biologiques, pas
d’antibiotiques…) ainsi que la façon dont
ils sont préparés ensuite : une déshydra-
tation à basse température préserve les
qualités nutritionnelles et gustatives.
Julie Gervreau ajoute que les risques de
contamination sont plus maîtrisés en
usine que dans la nature et nous met en
garde : comme pour les champignons,
il faut s’y connaître en insectes, choisir
son coin pour les ramasser en vue de
les consommer.
En effet, les insectes peuvent accumu-
ler des métaux lourds présents dans
leur environnement15.
Dans certaines zones où les insectes
sont fréquemment collectés pour être
dégustés, on constate une diminution
de leur population due à la dégradation
de leurs habitats par le changement cli-
matique, la pollution, les incendies et la
surexploitation.
Et la souffrance animale ?
Si les insectes devaient remplacer les
élevages de porcs, bœufs et volailles
pour des raisons écologiques, se pose
alors la question de leur bien-être. La
fondatrice de Micronutris se veut ras-
surante : les vers de farine n’ont pas de
système nerveux, donc ne ressentent
pas la douleur. Les autres sociétés
d’élevage français vantent également
les mérites de la congélation qui, se-
lon eux, permet aux insectes de passer
l’arme à gauche sans souffrance.
Quant à la surpopulation dans les bacs
d’élevage, les larves aiment la promis-
cuité, c’est en grandissant qu’il faut leur
donner plus d’espace.
Ce qu’il faut savoir pour bien
profiter de l’expérience
Si vous êtes allergique aux crusta-
cés, aux araignées, aux acariens et
mollusques, passez votre chemin, les
insectes appartenant au groupe des
arachnopodes16 sont susceptibles
de réveiller chez vous des réactions
allergiques identiques.
Si ce n’est déjà fait, enlevez les pattes
et les ailes des grillons avant consom-
mation, ils sont irritants et peuvent
provoquer de graves constipations17 né-
cessitant une intervention chirurgicale.
Il faut faire de même si vous projetez de
manger des sauterelles, des criquets ou
des scarabées grillés. Bon appétit !
 Anne-Charlotte Fraisse

8. Environ 60 % de protéines dans les insectes comestibles, c’est beaucoup ! Source : Morales-Ramos JA, Rojas MG, Shapiro-Ilan DI, « Insects as Food for Insectivores. In: éditeurs. Mass Production of
Beneficial Organisms », San Diego: Academic Press, 2014
9. Yi, Lakemond, « Extraction and characterisation of protein fractions from five insect species », Food Chem., 2013
10. Ademolu, Idowu, Olatunde, « Nutritional Value Assessment of Variegated Grasshopper, Zonocerus variegatus (L.) (Acridoidea: Pygomorphidae), During Post-Embryonic Development », Biology, 2010
11. Raheem, Raposo, et al., « Entomophagy: Nutritional, ecological, safety and legislation aspects », Food Research International, vol. 126, 2019
12. Données disponibles dans « Nourrir le monde de demain : avantages et risques de l’entomophagie », Sciences du Vivant, page 46, 2020.
13. www.proteinsect.eu/index.php?id=35
14. Projet européen dont le but est de promouvoir la consommation d’insectes www.proteinsect.eu
15. Bednarska, Agnieszka, et al., « Regulation of Body Metal Concentrations: Toxicokinetics of Cadmium and Zinc in Crickets », Ecotoxicology and Environmental Safety 119, 2015
16. Barre, Caze-Subra, et al., « Entomophagie et risque allergique », Rev Fr Allergol, 2014
17. « Quelques questions d’entomologie vétérinaire et lutte contre certains arthropodes en Afrique tropicale », Acta Trop Bouvier G., 1945
10 THÉRAPIE MÉCONNUE

Pour cultiver une bonne santé : jardinez !

Si nous n’avons pas tous l’envie ou la possibilité de posséder un lopin de terre pour y planter un potager
ou des fleurs, s’adonner au jardinage présente pourtant de multiples avantages pour la santé, le bien-être,
mais aussi dans l’accompagnement de diverses pathologies, à condition que le terrain soit de qualité !

Vanessa Baudin cultures absorbent moins les polluants. Une autre enquête6 s’est intéressée au
est chromathé- Une réflexion quant aux plantations à profil des jardiniers : le plus souvent
rapeute et prati- privilégier peut donc être salutaire. des familles avec enfants, habitant en
cienne en Méthode Les sols contaminés ont certes la possi- zone rurale et exerçant une activité
causale intégrative bilité d’être assainis à l’aide d’amende- professionnelle. Des personnes qui
(MCI), une tech- ments ou de traitements tels que la fa- généralement ne souffrent pas de sur-
nique fortement rine d’os, le compost ou le soufre, mais poids – car là était également l’objet de
inspirée de la les résultats demeurent inégaux. l’étude – et éprouvent une réelle volon-
kinésiologie. Elle est également Une expérience3 réalisée dans un jar- té d’avoir une bonne hygiène de vie.
l’auteur de Je définis les couleurs din de Brooklyn, à New-York, l’a ob- Les programmes de jardinage proposés
de ma personnalité, paru aux servé. Si la consommation du produit dans de nombreuses structures et villes
Éditions Jouvence en 2017. des cultures est restée possible, la res- constituent à ce titre un excellent moyen
https://vanessabaudin.fr piration et l’ingestion de poussière de prodiguer une éducation nutrition-
contenant de l’arsenic et du plomb sont nelle, notamment auprès des plus jeunes.
quant à elles problématiques. L’une de ces interventions7, alliant jardi-
Attention, sols pollués ! En effet, la poussière – qui par ailleurs nage et cuisine, à laquelle ont participé
peut parcourir de longues distances – plus de 3 000 enfants, a conclu que leur
Pour que le jardinage soit bénéfique à ce- se compose souvent de métaux lourds, consommation de fruits et légumes avait
lui qui s’y adonne comme à ceux qui dé- pesticides, particules de plastique… Des augmenté par la suite. Un programme
gusteront la récolte, un prérequis s’avère éléments qui sont susceptibles d’augmen- similaire8, conduit en cliniques ambula-
indispensable : disposer d’un sol sain, ter la survenue de problèmes cardiaques toires, a observé que les enfants avaient
dénué – autant que possible – de toute comme le relate une étude4 en Asie. pris goût à ces activités puisqu’au terme
forme de pollution. Une étude1, réali- Mieux vaut donc prévenir que guérir en de l’étude, 78 % d’entre eux jardinaient
sée au sein de jardins urbains, a en effet choisissant d’office un sol favorable. par ailleurs et tous cuisinaient à la maison.
montré que la santé des écosystèmes était Introduire le jardinage paraît plus qu’ap-
étroitement liée à la santé humaine, d’où proprié pour lutter contre l’obésité, modi-
l’importance de bien choisir son terrain. Une invitation fier les mauvaises habitudes alimentaires
S’il est tentant de penser que les per- à mieux manger et ainsi prévenir ou retarder l’apparition
sonnes résidant en zone rurale sont de certaines maladies. Parmi elles, le dia-
davantage épargnées par cette problé- Nous n’entretenons pas tous le même bète qui, en dehors de l’aspect génétique,
matique, ce n’est pas toujours vrai. La rapport au jardinage. Certains ont tou- est fortement corrélé au manque d’activi-
présence d’anciennes friches indus- jours eu un jardin et disposent déjà d’un té physique et à une consommation trop
trielles à proximité ou de sols spécifiques bagage d’informations et de gestes alors faible de mets de qualité, et notamment
peut avoir de lourdes conséquences. que d’autres ignorent tout de bien des de fruits et légumes9.
Une étude2 menée en Arizona, dans une cultures : leurs noms, comment elles
région d’arsenic endémique et tout près poussent, à quelle saison…
d’une ancienne mine et d’une fonderie, Selon une étude réalisée auprès de Une pluie de bienfaits
l’a confirmé. Les échantillons prélevés communautés amérindiennes, d’autres et un bien-être accru
dans l’eau, le sol et les légumes ont mon- facteurs favoriseraient notre « pen-
tré que le risque de développer une ma- chant » pour le jardinage5 : l’expérience, Jardiner, lorsqu’il est question de faire
ladie grave comme le cancer était réel. les connaissances transmises par les un potager, permet de réaliser des
Une information intéressante a tou- aînés, l’autosubsistance, les traditions, économies. Un bon point pour les
tefois émergé : il semble que certaines la connexion à la nature… personnes à faible revenu comme ces
1. Schram-Bijkerk, Otte, Dirven, Breure, « Indicators to support healthy urban gardening in urban management », Sci Total Environ., 2018
2. Ramirez-Andreotta, Brusseau, et al., « Home gardening near a mining site in an arsenic-endemic region of Arizona: assessing arsenic exposure dose and risk via ingestion of home garden vegetables,
soils, and water », Sci Total Environ., 2013
3. Paltseva, Cheng, et al, « Remediation of an urban garden with elevated levels of soil contamination », Sci Total Environ., 2020
4. Münzel, Hahad, et al., « Soil and water pollution and human health: what should cardiologists worry about? », Cardio Research, 2022
5. Brown, Dybdal, et al., « Group Gardening in a Native American Community: A Collaborative Approach », Health Promot Pract., 2020
6. Kegler, Prakash, et al., « Home gardening and associations with fruit and vegetable intake and BMI », Public Health Nutr., 2020
7. Davis, Pérez, et al., « School-based gardening, cooking and nutrition intervention increased vegetable intake but did not reduce BMI: Texas sprouts - a cluster randomized controlled trial », Int J Behav Nutr Phys Act., 2021
8. Kim, Thompson, « Joy of gardening: a hospital-based cooking and gardening program », World J Pediatr., 2020
9. Lombard, Forster-Cox et al., « Diabetes on the Navajo nation: what role can gardening and agriculture extension play to reduce it? », Rural Remote Health, 2006
 RÉVÉLATIONS SANTÉ & BIEN-­ÊTRE THÉRAPIE MÉCONNUE 11

femmes qui, après avoir eu accès à sentiment de solitude et de créer du

des jardins urbains, ont déclaré avoir
réduit leurs dépenses alimentaires et
acheté moins de plats préparés et de
restauration rapide pour privilégier
une cuisine maison10.
Devenir les productrices de leurs
fruits et légumes leur a aussi donné
un profond sentiment de fierté, une
satisfaction qui a renforcé l’estime
d’elles-mêmes.
Plus de 70 études11 scientifiques, por-
tant sur l’impact des jardins et du jar-
dinage sur la santé, s’accordent à dire
que côtoyer de tels environnements et
y réaliser des activités contribue à une
meilleure santé générale.
Ce n’est donc pas un hasard si de nom-
breuses initiatives fleurissent en vue
de promouvoir le jardinage. Grow this !
est l’une d’elles. Cette opération12, me-
née aux États-Unis avant et pendant
le Covid, a fédéré plus de 25 000 per-
sonnes, essentiellement des familles et
de nombreux jardiniers débutants.
La majorité d’entre eux avaient à cœur
d’apprendre, de passer davantage de
temps en extérieur, de réduire leurs
factures alimentaires et de mieux man-
ger. Un objectif qui a été atteint avec,
en prime, le sentiment d’être plus dé-
tendus et moins stressés.
Des bénéfices identiques ont été obser-
vés dans le cadre d’une autre étude13 de
grande envergure au Royaume-Uni.
Ensemble c’est mieux !
De nos jours, les jardins ne sont plus
uniquement individuels mais aussi fa-
miliaux et communautaires. Ils consti-
tuent de véritables lieux de partage et
de rencontre. Une enquête14, réalisée à
Singapour, avance même que jardiner
en groupe accroît encore davantage les
niveaux de bien-être, de résilience et
d’optimisme.
Pour bien des publics, le jardinage col-
lectif permet en effet de diminuer le
lien social. Les personnes âgées rési-
dant en maison de retraite manquent
souvent de stimulations. Leur propo-
ser cette activité, y compris en inté-
rieur, a montré d’excellents résultats15.
Des études16 indiquent même que leur
attitude face au vieillissement s’en est
trouvée modifiée, plus positive.
En psychiatrie17, enfants et adolescents
tissent plus de liens ensemble dans ces
ateliers où ne réside aucune pression.
Il en va de même pour les ex-toxico-
manes ayant suivi un programme de
jardinage thérapeutique en Australie18.
Le nombre de participants n’a d’ailleurs
cessé d’augmenter durant le cursus. Le
milieu carcéral a aussi recours à ce type
d’activité pour occuper l’esprit des dé-
tenus et diminuer le taux de suicides.
Certains établissements ont ainsi pu
constater des interactions sociales de
meilleure qualité entre les résidents
eux-mêmes et le personnel, mais aussi
une confiance accrue et une réinsertion
parfois facilitée du fait de l’acquisition
de nouvelles compétences19.
Lutter contre la sédentarité
Qui dit jardiner dit sortir, marcher, se
pencher, travailler la terre, bref accom-
plir une multitude de gestes qui consti-
tuent une dépense physique préconisée
par les instances de santé.
Si s’activer est bénéfique à tout âge, chez
les seniors, conserver une autonomie
de mouvement est essentiel car, avec
le temps, le risque de chutes et de bles-
sures se fait plus grand. Étonnamment,
travailler l’équilibre ou tenter de le re-
trouver à l’aide de dispositifs de réédu-
cation spécifiques (harnais, capteurs…)
est possible via le jardinage20.
Pour les plus jeunes, il existe aussi des
alternatives originales pour promou-
voir l’activité physique et l’apprentis-
sage : donner les cours de sciences et
de maths au jardin ! Cette expérience21,
effectuée avec des classes élémentaires,
a très bien fonctionné faisant du jardin
scolaire un excellent outil pédagogique.
Le jardinage est également intéressant
pour stimuler la sphère cognitive22,
qu’il s’agisse d’exécuter des gestes pré-
cis, de mémoriser le nom des cultures,
le soin à leur apporter ou encore d’être
plus attentif à ses perceptions. Cette
activité est donc bénéfique autant pour
les bien portants que les personnes fra-
gilisées par l’âge ou une pathologie telle
que celle d’Huntington23 par exemple.
Avec vue jardin,
s’il vous plaît !
Jardiner ou passer du temps dans un
jardin, ce qui est plutôt agréable vous
en conviendrez, pourrait faire l’ob-
jet d’une prescription tant cela s’avère
positif. Qu’ils soient naturels ou arti-
ficiels, une étude24 a montré que che-
miner au cœur de jardins améliorait
l’équilibre entre les systèmes nerveux
sympathique et parasympathique.
Rien que le fait de visualiser de tels es-
paces verts, potagers ou fleuris, suffi-
rait même à réduire tensions, fatigue,
anxiété… Pourquoi donc s’en priver ?
 Vanessa Baudin

10. Palar, Lemus Hufstedler, « Nutrition and Health Improvements After Participation in an Urban Home Garden Program », J Nutr Educ Behav., 2019
11. Howarth, Brettle, et al., « What is the evidence for the impact of gardens and gardening on health and well-being: a scoping review and evidence-based logic model to guide healthcare strategy decision
making on the use of gardening approaches as a social prescription », BMJ Open, 2020
12. McCartney, Wood, et al., « Home Gardening Resurgence During COVID: Motivations and Perceived Benefits of Participating in Grow This! », Health Promot Pract., 2022
13. De Bell, White, et al., « Spending time in the garden is positively associated with health and wellbeing: Results from a national survey in England », Landscape and Urban Planning, Vol. 200, 2020
14. Koay, Dillon, « Community Gardening: Stress, Well-Being, and Resilience Potentials », Int J Environ Res Public Health., 2020
15. Tse, « Therapeutic effects of an indoor gardening programme for older people living in nursing homes », J Clin Nurs., 2010
16. Scott, Masser Pachana, « Positive aging benefits of home and community gardening activities: Older adults report enhanced self-esteem, productive endeavours, social engagement and exercise », SAGE Open Med., 2020
17. Hagbarth Legrée, « Avec l’atelier jardinage, les adolescents perçoivent le fruit de leur travail de manière tangible », Soins Pediatr Pueric., 2022
18. Missen, Alindogan, et al., « Evaluating the effects of a Therapeutic Day Rehabilitation program and inclusion of gardening in an Australian Rural Community Health Service », Aust J Prim Health, 2021
19. Farrier, Baybutt, Dooris, « Mental health and wellbeing benefits from a prisons horticultural programme », Int J Prison Health, 2019
20. Newell, Reinthal, Espy, Ekelman, « Development of an Inexpensive Harnessing System Allowing Independent Gardening for Balance Training for Mobility Impaired Individuals », Sensors (Basel), 2021
21. Rees-Punia, Holloway, et al., « Effects of School Gardening Lessons on Elementary School Children’s Physical Activity and Sedentary Time », J Phys Act Health, 2017
22. Park, Lee, et al., « Benefits of Gardening Activities for Cognitive Function According to Measurement of Brain Nerve Growth Factor Levels », Int J Environ Res Public Health, 2019
23. Spring, Viera, et al., « Is gardening a stimulating activity for people with advanced Huntington’s disease? », Dementia (London), 2014
24. Suenaga, Murakami, et al., « The Effects of an Artificial Garden on Heart Rate Variability among Healthy Young Japanese Adults », Int J Environ Res Public Health, 2020
12 BUREAU DES ARNAQUES
Crudivorisme :
effet de mode ou réel atout santé ?
Entre véritables bienfaits santé et dérives sectaires, le « tout cru » a autant d’adeptes que de
détracteurs. Comment faire la part des choses et démêler le vrai du faux en ce qui concerne les
carences, les apports nutritionnels, la cuisson ? Voici un guide complet pour vous y retrouver face
à ce régime strict très à la mode, alors qu’il peut être très dangereux.
Nathalie Rigoulet
est journaliste, mais
aussi psychologue
et thérapeute
en énergétique
chinoise. Sa pra-
tique allie corps et
esprit pour une prise en charge
globale de ses patients. En tant
que journaliste, elle s’est naturel-
lement orientée vers les thérapies
naturelles.
L’idée centrale du crudivorisme, égale-
ment appelé « alimentation vivante »
ou encore « raw fooding », repose
sur le fait que la cuisson des aliments
– au-delà de 42 à 48 °C – détruit toute
la vie… Cela paraît simple, pourtant
même cette plage de températures à ne
pas dépasser semble diviser les « crudi-
vores ». Une hésitation assez inexpli-
cable, il faut bien l’admettre !
Mais d’abord, que mange un(e) crudi-
vore ? Il(elle) peut manger fruits et lé-
gumes crus, algues, oléagineux, graines
(dont les graines germées ou entières telles
que le riz), œufs, poisson (sashimis…),
viande (carpaccio ou steak tartare), pois-
sons et viandes fumés à froid, les produits
laitiers non pasteurisés/non homogénéi-
sés (lait cru, fromage au lait cru et certains
yaourts), miel centrifugé à froid, huiles de
haute qualité pressées à froid, fruits sé-
chés, légumes au vinaigre et à l’acide lac-
tique, bouillies de céréales fraîches, épices,
condiments et aromates. Le/la crudivore
peut également inclure des aliments fer-
mentés non pasteurisés tels que le kéfir, le
kombucha ou la choucroute.
La grande famille des crudivores se di-
vise en sous-catégories : les adeptes du
véganisme, du végétalisme, du végéta-
1. www.sge-ssn.ch/media/special_1_11.pdf
2. www.marianne.net/proselytisme-delire-complotiste-et-crudivorisme-les-derives-sectaires-surfent-sur-la-crise-sanitaire
risme, ceux qui préconisent un régime
omnivore et ceux qui prônent un régime
carnivore… Enfin ça, c’est sur le papier.
Dans la réalité, une majorité de crudi-
vores sont végétaliens et seule une mi-
norité d’adeptes n’est pas végétarienne.
Végétarien, végétalien,
vegan, crudivore…
De qui parle-t-on ?
Si vous vous perdez dans toutes ces
appellations, un petit rappel s’impose.
Une personne végétarienne se nourrit
de végétaux et d’aliments d’origine
animale issus d’animaux vivants :
œufs, produits laitiers, miel. Mais
les végétariens se divisent en trois
grandes familles :
• Les ovo-végétariens ne mangent
ni viande, ni poisson, ni produits
laitiers mais mangent des œufs.
• Les lacto-végétariens mangent
des produits laitiers mais ni
viande, ni poisson, ni œufs.
• Les ovo-lacto-végétariens ne
mangent ni viande, ni poisson
mais s’autorisent les produits
laitiers et les œufs.
• Les végétaliens, quant à eux,
refusent la viande, le poisson,
les produits laitiers et les œufs,
parfois même le miel.
• Les vegans ont un régime végé-
talien qui exclut tout produit issu
de l’exploitation animale.
Alors que mangent les crudivores vé-
gétaliens ? Pour faire simple : alcool,
café, thé et sucre sont proscrits ; fruits
et légumes frais et crus, graines et fruits
oléagineux sont les rois de la piste.
De nombreuses recettes mettent en
avant le lait d’amande, la sauce soja, les
fines herbes, les graines germées et les
épices qui assurent un assaisonnement
de choix. Seul le sucre des fruits et des
fruits secs est accepté.
Les protéines sont piochées dans les
produits à base de soja, les germes de
légumineuses et les oléagineux, tandis
que les lipides proviennent des graines,
fruits oléagineux et huiles végétales de
première qualité pression à froid.
L’avantage de cette cuisine sans cuisson
est qu’elle ne demande que peu d’usten-
siles : un mixeur, une bonne râpe, un
éminceur et un séchoir n’excédant pas
45° pour concocter de fines tranches
croquantes de fruits et légumes sans
détruire vitamines, minéraux et en-
zymes, font parfaitement l’affaire.
Le crudivorisme,
un effet de mode ?
Dès les années 1930, certains méde-
cins et scientifiques commencent à
s’intéresser au crudivorisme, dont le
médecin suisse M. Bircher-Benner, qui
prescrivait déjà des régimes à base d’ali-
ments crus à des fins thérapeutiques1.
Au fil des décennies, différentes ten-
dances du crudivorisme voient le jour.
Mais toutes ces têtes pensantes n’ont
évidemment pas inventé le manger
cru, puisque c’est ce que faisaient déjà
nos ancêtres les homo sapiens.
Le problème, c’est qu’aujourd’hui cer-
tains « défenseurs » de cette alimenta-
tion sont devenus si extrémistes que
leur appliquer le terme de « gourou » est
à peine exagéré2. N’avez-vous jamais vu
circuler les vidéos du naturopathe amé-
 RÉVÉLATIONS SANTÉ & BIEN-­ÊTRE BUREAU DES ARNAQUES 13

ricain Robert Morse qui s’enorgueillit
d’avoir guéri des milliers de personnes ?
Thierry Casasnovas est, depuis quelques
années, son meilleur relais en France.
Lou Corona, Irène Grosjean3 et les
chaînes Youtube de Kristina4 et de Dan
Mac Donald5 se partagent l’affiche avec
chacun ses spécificités.
Des choses parfois très intéressantes
peuvent ressortir de leurs idées et
conseils mais il s’agit de rester lucide : le
crudivorisme n’a pas que des avantages…
Attention aux dogmes et effets de mode
de cette nouvelle lubie alimentaire6 !
Beaucoup de vidéos reposent sur des
informations ayant peu ou pas de
sources qui tiennent la route. L’AFP
(Agence France Presse) dévoilait, en
février 2021, que Miviludes, la Mission
interministérielle de vigilance et de
lutte contre les dérives sectaires, avait
reçu 3 008 signalements en 2020, dont
686 jugés sérieux. Il est effarant de
découvrir que les signalements dans
le domaine de la santé et du bien-être
représentent 40 % de ces signalements,
pourcentage en constante progression.
Thierry Casasnovas est la personne la
plus signalée à la Miviludes avec plus
de 600 saisines, dont 70 en 2020. Une
enquête pour mise en danger de la vie
d’autrui serait menée à son encontre7.
Les défenseurs du crudivorisme af-
firment par exemple que l’organisme
considérerait les aliments cuits comme
des étrangers : le système immunitaire
enverrait alors ses globules blancs (leuco-
cytes) combattre ces aliments, l’empê-
chant d’être efficace contre les bactéries
et autres virus. Je n’ai trouvé aucune
preuve tangible de ce genre d’allégation…
Gardez donc toujours votre esprit cri-
tique en éveil.
B12, E. coli, salmonelles…
Le principal inconvénient du crudivo-
risme végétalien est un risque de carence
prolongée en vitamine B12. Non synthé-
tisée par l’organisme et indispensable à la
formation des cellules sanguines, la vita-
mine B12 ne se trouve que dans les ali-
ments d’origine animale ou dans les ali-
ments fermentés tels que la choucroute.
Si nous n’en avons besoin qu’en très
petite quantité et que notre organisme
a la faculté de la stocker, un régime vé-
gétalien de longue durée sans supplé-
mentation entraîne inévitablement une
carence en vitamine B12 qui peut avoir
des effets très graves sur votre santé :
lésions nerveuses, pertes de sensation
dans les mains et les pieds, faiblesse
musculaire, perte de réflexes, difficul-
tés motrices, confusion, démence8…
Renoncer totalement aux aliments d’ori-
gine animale demande une attention de
tout instant car les carences en protéines,
fer, calcium, iode, zinc et vitamine D sont,
elles aussi, très courantes.
Manger cru demande en plus une hy-
giène irréprochable des mains, ustensiles
de cuisine et réfrigérateurs, puisque la
cuisson permet de détruire les germes pa-
thogènes (bactéries, virus, parasites) et de
limiter ainsi les risques d’intoxication.
Celles dues aux salmonelles et
Escherichia coli9 ne sont malheureuse-
ment pas rares, ni celles dues à l’ani-
sakis10, ce parasite qui infeste certains
poissons crus et peut être grave. Le
meilleur moyen d’éliminer l’anisa-
kis est de congeler le poisson desti-
né à être mangé cru. Vigilance donc
sur la conservation de vos poissons et
viandes crus…
La cuisson a d’autres avantages :
• Protéines animales et végétales,
glucides complexes et amidon de
pomme de terre sont bien mieux
assimilés.
• De nombreux allergènes sont détruits11
• La biodisponibilité du pigment rouge
de la tomate, le lycopène, l’alpha-ca-
rotène, la lutéine et les caroténoïdes,
par exemple, est améliorée.
• En ramollissant les fibres alimentaires
de certains aliments, la cuisson les
rend moins irritantes pour l’intestin.
Mais voilà, la cuisson a aussi bien des
inconvénients. Les méthodes de cuis-
son altèrent la qualité nutritionnelle
des aliments, entraînant la perte de
sels minéraux et de vitamines (10 à
50 % des vitamines sont détruites à la
cuisson), et dans le cas par exemple de
viandes grillées, la cuisson produit des
substances nocives pour l’organisme.
La solution est donc bien de minimi-
ser au maximum la cuisson (préférer
cuissons vapeur et basse température)
voire de la supprimer pour préserver
l’intégralité des sels minéraux, des vita-
mines et des substances antioxydantes
contenues dans les aliments.
De vrais bienfaits…
si vous fuyez ces excès
Les aliments crus et de qualité sont gor-
gés de micronutriments et de vitamines
et certains sont particulièrement riches
en antioxydants (pruneau, mûre, myr-
tille, fraise, framboise, orange, chou
kale, épinard, brocoli, etc.)12. Ils revita-
lisent l’organisme, stimulent le système
immunitaire et contribuent à l’élimina-
tion importante des toxines.
Ils contiennent également certaines
enzymes qui permettent la digestion
des glucides, des protéines et des li-
pides dans l’estomac. Or la plupart de
ces enzymes sont détruites au-dessus de
45 °C, d’où l’intérêt de consommer des
aliments crus. D’autant plus qu’il existe-
rait un lien entre l’appauvrissement en-
zymatique de l’alimentation industrielle
et les maladies chroniques13.
Attention toutefois à l’excès de fruits
et de légumes car de grandes quantités
de cellulose et de fibres qui transitent
quotidiennement à travers le tube di-
gestif sont susceptibles d’irriter les mu-
queuses intestinales et d’entraîner des
ballonnements importants chez cer-
taines personnes.
Dans son livre L’Éloge du cru14,
Dominique Guyaux relate un certain
nombre d’études avec des conclusions
favorables sur les rhumatismes chro-
niques, diabète, hypertension, cancers…
ainsi que face à toutes maladies ayant
une composante acide : artériosclérose,
dégénérescence articulaire, tendi-

3. www.youtube.com/watch?v=t-j2mX2ikrs
4. www.youtube.com/user/FullyRawKristina
5. www.youtube.com/user/liferegenerator
6. Patenaude, « Raw Food Controversies: How to Avoid Common Mistakes That May Sabotage Your Health. », Ed.CreateSpace Independent Publishing Platform, 2011.
7. www.marianne.net/societe/sante/jeunes-crudivorisme-ces-regimes-alimentaires-a-lepreuve-de-la-vraie-science
8. www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-de-la-nutrition/vitamines/carence-en-vitamine-b12
9. https://agriculture.gouv.fr/manger-cru-quels-sont-les-risques-et-comment-les-eviter
10. https://agriculture.gouv.fr/le-parasitisme-des-produits-de-la-peche-quest-ce-que-cest
11. www.allergique.org/article4920.html
12. www.selection.ca/cuisine/nutrition/20-fruits-et-legumes-riches-en-antioxydants-que-vous-devriez-manger/
13. www.effinov-nutrition.fr/blog/enzymes-digestives-la-solution-pour-retrouver-une-bonne-digestion-n71
14. Guyaux, « L’Eloge du Cru, Comment réconcilier Alimentation et Santé », éd. Médicis, 2016.
14 BUREAU DES ARNAQUES
nite, acidité des muqueuses, etc. Ce se-
rait aussi un moyen efficace de perdre
du poids et de se regonfler en énergie.
Le professeur en nutrition humaine
Gérard Debry publiait, en 1991, des ré-
sultats très positifs sur le végétarisme,
véganisme, crudivorisme et macro-
biotisme : « Hormis les carences en vita-
mine B12, ces régimes n’engendrent pas
d’autres carences s’ils sont correctement
suivis et si l’apport énergétique est en accord
avec les AJR (apports journaliers recom-
mandés). Ils réduisent les risques de mala-
dies métaboliques, de coronaropathies, d’hy-
pertension artérielle, de cancer du côlon, de
maladie diverticulaire du côlon, des reins et
des calculs biliaires. Néanmoins, le crudivo-
risme et le macrobiotisme sont associés à des
risques élevés de carences, notamment chez
les enfants et les femmes enceintes15. »
Est-ce vraiment
fait pour vous ?
Si l’on se réfère à l’alimentation selon
la médecine traditionnelle chinoise
(d’autres médecines traditionnelles vont
dans le même sens), le « manger cru »
15. Debry, « Diet peculiarities. Vegetarianism, veganism, crudivorism, macrobiotism », La Revue du Praticien, 1991.
16. https://sionneau.com/medecine-chinoise/articles-medecine-chinoise-acupuncture/manger-cru-ou-manger-cuit
Combattez la sinusite avec 4 huiles essentielles (et un geste très simple)
Il existe des sinusites virales et des sinusites bactériennes.
Les premières guérissent facilement et provoquent de
simples douleurs, accompagnées parfois d’un rhume ou
d’un nez bouché, mais rien de bien méchant.
C’est donc bien la sinusite bactérienne qui nous intéresse ici.
Pour la reconnaître, trois signes principaux :
• Douleurs intenses pendant au minimum deux jours,
souvent d’un seul côté et qui s’aggravent lorsque vous
penchez en avant
• Nez bouché et qui coule beaucoup
• Parfois de la fièvre.
Si vous êtes concerné, ne prenez surtout pas de va-
soconstricteurs dans la durée, ils bloqueraient l’écoulement
du mucus et favorisaient ainsi la prolifération des germes.
est un dilemme car s’il offre toute la vi-
talité de l’aliment, encore faut-il savoir
quelle est la force de notre feu digestif
pour tirer profit des aliments crus.
Philippe Sionneau, éminent spécia-
liste européen de médecine chinoise
(le seul à avoir le diplôme national
chinois lui permettant d’exercer dans
n’importe quel hôpital en Chine),
rappelle : « La diététique chinoise nous
enseigne que toute règle diététique doit
être adaptée à la constitution et aux be-
soins de chacun. Des signes précis nous
permettent de savoir si tel ou tel grand
principe nous convient ou non. Une seule
règle est universelle dans la tradition
chinoise : celle du juste milieu et de la
recherche de l’équilibre. »
Vous pouvez vous référer aux ques-
tions proposées sur son site afin d’es- Et si finalement, encore une fois, la
timer si manger cru est une bonne solution était tout simplement la mo-
chose pour vous16… et pour la planète. dération, manger des aliments frais
N’est-il pas troublant de constater que et de qualité, de saison, crus et cuits
de nombreux crudivores se délectent (cuisson douce), mastiquer longtemps
de fruits exotiques et tropicaux sans se et en conscience et garder son esprit
soucier du bilan écologique désastreux critique face aux promesses de guéri-
que cette pratique implique, en plus sons miraculeuses ?
d’être antinomique avec les valeurs
prônées par le crudivorisme ?  Nathalie Rigoulet
ATELIER PRATIQUE
Évitez également les anti-inflammatoires (sauf si antibio-
tiques prescrits par votre médecin bien évidemment).
Adoptez plutôt ces premiers réflexes : buvez beaucoup,
mouchez-vous (n’hésitez pas à effectuer des lavements au
sérum physiologique ou à l’aide d’un neti ayurvédique) et
humidifiez les pièces.
Ensuite, vous pourrez passer à l’étape suivante : l’inhala-
tion. Voici comment procéder :
Ingrédients et préparation
Dans un flacon, mélangez une même quantité des huiles
essentielles suivantes :
• Niaouli
• Menthe
• Ravintsara
• Thym thymol
Il vous suffit ensuite de déposer 15 gouttes de ce mélange
dans un bol d’eau bouillante et d’en respirer la vapeur plu-
sieurs fois par jour.
 RÉVÉLATIONS SANTÉ & BIEN-­ÊTRE CONSEILS DE LECTURE 15

Le grand guide Major Mouvement pour soigner vos douleurs

Le kiné - youtubeur de mots douteux et hilarants, il suffit mande si sa bouille de gendre idéal et
favori de l’Hexagone presque de le lire pour ne plus avoir son corps sculpté par le sport ne sont
est de retour avec mal nulle part ! pas thérapeutiques en soi. À mettre
son nouveau livre ! C’est tellement rare d’éprouver du en toutes les mains, pour le plaisir des
Toujours aussi riche plaisir en lisant un bouquin consacré yeux ou pour soulager par le mouve-
en jolies photos, des- aux sciatiques, lumbagos, tendinites ment les petits et gros bobos !
sins, blagues et jeux et autres joyeusetés que l’on se de-

Grégoire Gibault, « Le grand guide Major Mouvement pour soigner vos douleurs », éditions Marabout, 224 pages, 18,90 euros

Médecine microbiotique, votre nouvelle ordonnance pour être en bonne santé

À la question « C’est propose de découvrir de façon très niques et inflammatoires de l’intes-
qui le patron ? », concrète : quelles souches bacté- tin, le syndrome de l’intestin irritable,
la science répond riennes pour quels problèmes, quelle les troubles de l’humeur, la dysbiose
« votre microbiote ! » posologie et pendant combien de vaginale, l’obésité, la dysbiose buc-
C’est cette révolu- temps, ainsi que des recettes pour cale et aborde comment, en renfor-
tion médicale que le se nourrir avec intelligence. Il couvre çant son microbiote, on peut soute-
gastroentérologue des pathologies aussi variées que le nir son système immunitaire.
William Berrebi nous diabète de type 2, les maladies chro-

Dr William Berrebi, « Médecine microbiotique, votre nouvelle ordonnance pour être en bonne santé », éditions Marabout, février 2022, 256 pages, 19,90 euros

Mes petites routines, respirer pour moins stresser

Une très jolie mise d’anxiété, de crises d’angoisse ou de stopper les montées de stress grâce
en page, aérée et panique, la respiration est une clé à ce guide pratique ! Vous pourrez y
colorée permet à ce d’apaisement parfaitement efficace, apprendre le breathwork, méthode
livre de nous accom- simple à appliquer n’importe où et to- de libération émotionnelle ; le souffle
pagner pas à pas talement gratuite ! du cône, pour stopper les montées
vers une meilleure La respiration est de plus en plus de stress ; à positionner vos épaules,
respiration. Même conseillée par les médecins psy- dénouer le cou et la tête, le bassin ;
si respirer, on le fait chiatres pour nous permettre de la cohérence cardiaque et, bien sûr,
sans y penser, il n’y a rien d’anecdo- gérer une époque défiant nos capa- toutes les techniques de respiration
tique dans cette méthode : en cas cités d’adaptation, alors apprenons à pour atteindre un état plus serein.

Dr Denis Lamboley, « Mes petites routines, respirer pour moins stresser », Éditions Marabout, septembre 2022, 128 pages, 8,99 euros

Révélations Santé & Bien-être Févvier

Je m’abonne à la revue Directrice de la publication : Carole Levy
Révélations Santé & Bien-Être Rédacteur en chef : Florent Cavaler
Prix
(au choix : format papier Éditrice : Claire Fouilleul
ou numérique)
ISSN : 2504-3552 (print) - 2504-3560 (online)
Revue mensuelle (39 €)
1 an (12 numéros) À partir de 39 €
Société éditrice : PureSanté Editions,
Société anonyme au capital de 100 000 CHF,
Place Saint-François 12B, c/o Loralie SA,
1003 Lausanne. IDE : CHE-167.749.439
Service client : PureSanté Éditions –
Mise en garde : Les conseils et informations donnés ici par les auteurs ne remplacent pas une consultation CS 90006 - 59718 Lille Cedex 9 - France
chez un médecin ou autre praticien de santé. En cas d’élément manquant (problème de santé, grossesse, etc.)
ils peuvent ne plus être valables. Dépôt légal : à parution
Imprimé en France par : Corlet Roto
(53300 Ambrières-les-Vallées)
CPPAP : 0222 N 08506
Si vous souhaitez réagir à un article ou à un sujet traité dans
ce numéro, n’hésitez pas à nous contacter :
http ://contact. pure-sante. info/contactez-nous/
 QUESTIONS DES LECTEURS
Chaque mois, le Dr Valérie Coester, médecin spécialisée dans de nombreuses approches naturelles,
répond à vos questions. Écrivez-­lui à : courrier-­des-­lecteurs@revelations-­sante-­bien-­etre.com*
Comment mieux vivre son syndrome
prémenstruel ?
« Bonjour, J’ai 22 ans et depuis l’âge de mes premières règles à 13 ans, je souffre de troubles apparentés au
syndrome prémenstruel qui démarrent cinq jours avant mes règles. Cela est d’autant plus contraignant que
j’ai un petit job en restauration pour financer mes études et que malheureusement, je suis régulièrement
amenée à me faire arrêter car mon moral est au plus bas et les douleurs du ventre sont insupportables.
Auriez-vous des idées pour m’aider à mieux vivre cette étape de mon cycle ? Merci d’avance, Marion »
Le syndrome prémenstruel est souvent sous-diagnostiqué car
se compose de nombreux symptômes, allant des nausées, aux
tensions mammaires en passant par les troubles de l’humeur.
Quand les symptômes sont invalidants, la consultation gynécolo-
gique est recommandée pour adapter le traitement (réalisation d’un
bilan hormonal et échographie pelvienne au besoin).
Le traitement allopathique est essentiellement symptomatique :
• Hygiène de vie : alimentation équilibrée, éviction du stress
• Médicaments : antalgiques de la famille des anti-inflamma-
toires non stéroïdiens voire des antispasmodiques en asso-
ciation ; contraceptif oral afin d’éviter l’hyperœstrogénie.
De nombreuses femmes finissent par s’épuiser dans le temps
avec cette approche symptomatique plutôt que préventive.
Voici donc des recommandations naturelles afin de vous ac-
compagner au mieux dans vos cycles.
Alimentation
La douleur étant amplifiée par les mécanismes inflammatoires
du corps, il est conseillé de recourir à une alimentation anti-in-
flammatoire : fruits et légumes diversifiés, oméga-3 (huiles
1re pression à froid, noix et petits poissons gras), légumineuses,
protéines issues des viandes blanches, poissons ou œufs, aro-
mates et épices. On pensera à bien s’hydrater avec une eau fai-
blement minéralisée, afin de favoriser l’élimination des toxines
et le renouvellement cellulaire. À éviter : café en excès, boissons
alcoolisées, sucres rapides, nourriture industrielle…
Hygiène de vie
Il est recommandé – même si le corps est au ralenti – de prati-
quer une activité sportive régulière : marche, natation, course
à pied, cyclisme, danse (activant notamment le système car-
diovasculaire) ou encore des pratiques plus douces comme le
yoga, le Qi-qong (visant à unifier le corps et l’esprit)…
La tendance lors du syndrome prémenstruel étant au repli sur
soi, souvent à cause d’une humeur maussade ou d’émotions
tristes, il est conseillé de rester en lien avec des personnes-
ressources, apaisantes et compréhensives.
* En soumettant ma question, je reconnais avoir connaissance du fait que PureSanté éditions pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.
La bienveillance envers soi est une clé essentielle : accepter que
le corps soit fait de changement et que cela finira par passer.
Crédits photos : Kateryna Kon - Pheelings media - A3pfamily - Stephen Barnes - fizkes - margouillat photo - Kolpakova Svetlana - goodbishop - Artemida-psy / Shutterstock.com
Le cocooning est de mise, usez par exemple de bouillottes,
boissons chaudes réconfortantes et séries remonte-moral !
Régulation du stress et des émotions
Le stress environnemental a un impact sur les fonctions
physiologiques du corps humain et a tendance à accen-
tuer les symptômes douloureux ainsi que les déséquilibres
neuropsychiques.
Pratiquez une activité relaxante telle que la respiration en cohé-
rence cardiaque, le yoga, la méditation de pleine conscience…
Compléments alimentaires
Quatre incontournables : Magnésium, Vitamine D, Oméga-3,
Probiotiques.
Plantes à action hormonale (progesteron-like) et/ou antispas-
modiques : alchémille, achillée millefeuille, gattilier.
Plantes agissant sur l’humeur : aubépine, passiflore, mélisse,
escholtzia (pour réguler le sommeil).
Bourgeons de plantes (gemmothérapie), dont le framboisier.
Automassages
• Les massages du bas-ventre s’avèrent efficaces et libèrent
certaines tensions abdominales : en utilisant de l’huile
essentielle de katafray (2 gouttes dans 8 gouttes d’huile
végétale, par exemple jojoba) en massant dans le sens des
aiguilles d’une montre.
• Les techniques d’acupression
issues de la médecine tradi-
tionnelle chinoise sont effi-
caces, notamment au niveau
du point 5F, situé à 7 cm
au-dessus de la cheville.