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Ados: quand le souci de l'image tourne à l'obsession

L'insatisfaction liée à l'image corporelle est un problème bien présent chez les ados, sexes féminin
et masculin confondus. Une situation inquiétante qui mérite que l'on s'y attarde.

Même si l'obsession de l'image est davantage perceptible à l'adolescence, cette dernière se


développe assez tôt pendant l'enfance. En tant que parents, nous avons le pouvoir de changer le
cours des choses. Mais comment? Pour le savoir, nous avons posé nos questions à
Fannie Dagenais, directrice et porte-parole d'ÉquiLibre, un organisme visant à prévenir et à
atténuer les problèmes liés au poids et à l'image corporelle.

L'image corporelle, c'est quoi?


Il s'agit de la façon dont nous percevons notre corps ainsi que des sentiments et des pensées qu'il
nous inspire: on l'aime ou on ne l'aime pas, en tout ou en partie… C'est aussi ce que nous pensons
que les autres perçoivent de nous. Il faut savoir que l'image corporelle est purement subjective et
que l'importance qu'on lui accorde peut varier dans le temps.

La faute à Barbie?
Selon des études, les enfants manifestent dès l'âge de cinq ans une préférence pour les
personnes plus minces et commencent à vouloir leur ressembler. Pas étonnant, selon Fannie
Dagenais. «Très tôt, les enfants sont exposés au modèle unique de la beauté qui est la minceur. On
n'a qu'à penser aux princesses de Disney ou à Barbie. Ces dernières, qui représentent un certain
idéal de beauté, sont omniprésentes dans les dessins animés et les films pour enfants.»

Image corporelle et médias sociaux


Les médias sociaux et Internet ajoutent une pression supplémentaire sur les jeunes quant à l'atteinte
d'un idéal de beauté. «C'est une source supplémentaire qui les expose aux vedettes
hollywoodiennes et aux publicités de régimes miracles pour perdre du poids, souligne Mme
Dagenais. On voit aussi sur Facebook beaucoup de jeunes qui retouchent leur photo avec
Photoshop. Ça aussi, ça augmente la pression», ajoute-t-elle.

Des moyens lourds de conséquences


Pour arriver à atteindre son idéal physique, l'adolescent est prêt à faire beaucoup de choses, même
si elles sont néfastes pour sa santé physique et mentale. En voici quelques exemples:

• faire des régimes restrictifs;


• jeûner;
• sauter des repas;
• fumer la cigarette;
• consommer des produits amaigrissants ou des suppléments alimentaires pour la
musculation;
• s'entraîner de façon excessive;
• abandonner l'activité physique.
Tendance healthy : quand la quête du bien-être
vire à l'obsession
• Olivia Regler 17/01/2017

Pas de gluten, pas de lactose, pas de viande, pas de gras, la tendance healthy s’est emparée
de nos assiettes. Au moindre "mauvais" aliment ingurgité, on culpabilise… Les spaghetti et
leur gluten, les chips et leur huile de palme, le saumon et son mercure. Cette quête de
manger sain ne serait-elle pas en train de virer à l’obsession ?

Manger healthy : simple mode ou réelle tendance de fond ?

Tout droit venu de Californie où le culte de soi est roi, le phénomène healthy signifie "manger
sainement". A l'origine, le terme désigne les personnes qui adoptent un régime végétarien, voir
végétalien ("vegan" : sans chaire animale, ni œufs, ni produits laitiers, ni miel), et entretiennent
leur forme physique. « Ce phénomène s'est propagé par les réseaux sociaux, au début c’était les
mannequins, les personnes influentes qui partageaient tout ce qu’elles faisaient », explique
Amélie, créatrice du blog vegan et de la chaîne YouTube Amelie Tahiti.

Plus qu'un mode de vie, le phénomène healthy serait avant tout un état d'esprit. « C’est une
façon d’être en harmonie avec soi-même, et ça passe par la nourriture, en incorporant plus
d’aliments naturels, de fruits, de légumes, et par le sport », précise Amélie.

Au-delà de cette folie des réseaux sociaux, l’adoption du mode de vie healthy participe
d’une prise de conscience générale. Les scandales à répétition concernant les pesticides d’une
part, et la viande d’autre part nous ont donné envie de manger autrement. C’est notamment ce
qui motive de nombreuses vegan à adopter ce régime alimentaire. « Je savais que c’était mieux
pour la planète et pour les animaux », confie Amélie.

Mais selon le nutritionniste Jacques Fricker, toute cette mouvance ne serait finalement qu’une
mode.

« Ces régimes sans gluten, sans gras, ce sont des modes parce qu’on a besoin d’avoir des peurs
et des boucs émissaires qui pour la plupart du temps ne sont pas justifiés », nous explique-t-il.

« Ce n’est pas "bien manger" que de considérer qu’il y a des aliments – viande, lactose – ou des
habitudes alimentaires qui sont très très mal par rapport aux autres ».

A l’inverse, Emma Sawko, fondatrice de Wild & The Moon, la cantine végétale et sans gluten la
plus hype du Marais, refuse de parler de mode. Imprégnée depuis son enfance par cette façon
de manger – « quand je rentrais de l’école, il y avait du vert et des graines dans mon frigo » -,
elle prône l’authenticité de ce concept, et explique son succès par une chose très simple : « les
gens en ont marre de mal se nourrir ».

« Tout cela vient à un moment où on ne sait même plus ce que renferme vraiment ce terme
"healthy". Il signifie des choses différentes selon les gens » déclarait Sarah Ginestro, une cadre
dirigeante lors du colloque Most Powerful Women organisé par le magazine
américain Fortune en décembre dernier et réunissant les femmes américaines les plus influentes
dans le secteur du business.
« La définition de ce qui est healthy a évolué au cours du temps. Aujourd’hui, je pense qu’il
s’agit de donner aux gens accès à de la vraie nourriture. C’est aussi simple que cela », conclut-
elle.

Selon les experts du colloque, cette velléité des consommateurs de manger des aliments frais
et sains serait une réelle tendance de fond, et non une simple mode.

Pourquoi on devient addict


Privilégier les produits bio, bannir la viande, le gluten, le lait… en limitant autant notre
alimentation : l'obsession d’être en bonne santé ne prendrait-elle pas le pas sur notre plaisir
gustatif ? Que nenni, répond Emma Sawko.

« Consommer de cette façon-là, ça a quelque chose de très addictif, parce qu’on sent
vraiment un effet sur la santé » explique-t-elle. « On a plus de vitalité, on sent qu’on a une plus
jolie peau, il y a beaucoup "d’effets secondaires" positifs. »

En mangeant sain, on éduque son palais autrement et on a du mal à se retourner vers une
alimentation industrielle ou la junkfood. La blogueuse Amélie confirme : « Quand on mange de
la nourriture préparée, ça n’a pas le même goût. Maintenant, j'ai naturellement envie de
consommer des choses fraîches, le corps s’habitue à ça. »

L'orthorexie : quand l’habitude vire à l’obsession

Au début des années 2000, le terme "orthorexie" est apparu, pour définir ce phénomène
"d’obsession de l’alimentation saine". « L’orthorexique se fixe une éthique alimentaire
rigoureuse, composée de règles strictes, qu’il s’astreint à respecter quotidiennement (…) Il
opère une dichotomie entre le sain et le malsain », explique Camille Adamiec, auteur
d’une thèse sur le sujet. « Ce cadre règlementaire rigoureux va rendre complexe et difficile
l’acte de se nourrir au quotidien. »

De façon assez surprenante, cette "maladie" aurait été créée en grande partie par les producteurs
de sucre pour essayer de ridiculiser les conseils d’équilibre alimentaire, confie le Dr Fricker.
Attention donc à ne pas faire d’amalgame.

« Autant il est néfaste pour le corps et pour l'esprit d’être obsessionnel sur l’alimentation, de se
dire qu’on ne mangera jamais ci ou jamais ça, autant avoir compris qu’il vaut mieux privilégier
certains aliments que d’autres, c’est un équilibre alimentaire », explique-t-il. Sombrer dans le
trop sain pourrait être néfaste pour la santé mentale.

La solution miracle ?

Alors même si les bénéfices de certaines superfood sont avérés, il est en revanche faux de penser
que « manger sans gluten et sans lactose, c’est manger sain », explique le Dr Fricker. « Manger sain,
c’est beaucoup de fruits et légumes, c’est des produits laitiers, des pâtes (bon pour la santé et bon
pour le goût), du pain. »

Le mode de vie idéal serait donc d'adopter une alimentation équilibrée – chose que l’on a tendance à
oublier.
Et même les adeptes de la cuisine healthy sont d’accord. « Moi-même je suis contre les dogmes, je
mange végétalien, mais je ne suis pas végétalienne », explique Emma de Wild and The Moon. « Je
mange de tout, si je connais la provenance, si je sais comment c’est produit, il n’y a pas de
problèmes. » Arrêter d’être dans l’excès, voilà peut-être la clé.

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