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Raffaele Morelli

MAIGRIR
LA MÉTHODE
SANS
RÉGIME
Le mental au service de la minceur

Traduit de l’italien par Virginie Ebongué


Préface

Depuis quelques années, j’observe l’âme des personnes en surpoids.


Je suis avant tout frappé par la lutte, le combat auquel elles se livrent pour
retrouver la ligne. Elles s’épuisent en efforts, s’astreignent à des régimes de
toute sorte, le plus souvent voués à l’échec.

« Le régime devient dès lors une corvée, qui s’ajoute aux


multiples devoirs et obligations que la vie nous réserve déjà. »

Celui qui grossit est déchiré par un conflit intérieur. Il a beau dire aux
autres que tout va bien, que ses rondeurs ne lui posent pas de problème, dès
qu’il se retrouve seul face à lui-même, il éprouve un profond sentiment
d’échec. Grossir signifie plonger dans l’abîme existentiel des bonnes
résolutions jamais tenues.
Une idée fixe s’affirme dans l’esprit de la personne en surpoids : « Je
dois y arriver. » Le régime devient dès lors une corvée, qui s’ajoute aux
multiples devoirs et obligations que la vie nous réserve déjà.
« Je dois y arriver », « je veux y arriver » sont des leitmotivs énoncés
avant chaque effort d’amaigrissement. Naturellement, tout écart – lorsque
l’on cède à la pulsion irrésistible de grignoter un gâteau par exemple –
génère un sentiment de culpabilité tel que l’on se jette à nouveau sur la
nourriture pour calmer son angoisse.
C’est une lutte de titan ! Tout régime se transforme en camisole de
force. Pour mincir, nous nous condamnons au carcan et, fatalement, nous
n’avons qu’une hâte : nous en libérer, tout en dressant à chaque fois le
même constat : « J’ai encore échoué… »
Ce livre s’adresse à ceux qui souhaitent sortir de ce cercle vicieux et
comprennent que nul ne peut maigrir sans adopter un nouvel état d’esprit.
« Si je ne mange pas, ce n’est pas parce que je suis au régime, mais parce
que je suis animé par une passion, un désir, une vitalité qui exige d’être
satisfaite. »
On ne peut maigrir sans avoir au préalable réveillé une vocation, un
enthousiasme, une curiosité qui sommeillait peut-être en nous depuis des
années.
Dès lors, faut-il compter les calories ? Sans nul doute, car il est
important de savoir qu’un cappuccino et un croissant en contiennent plus
qu’un plat de spaghettis et qu’ils sont moins nutritifs. Suivre les conseils
avisés des nutritionnistes a son utilité. Toutefois, la recette imparable pour
maigrir est de renouer avec soi-même, avec l’être unique qui habite chacun
de nous.

« En redécouvrant nos talents et notre originalité, nous


retrouverons un sentiment de légèreté, de plaisir et de liberté. »

Bien souvent, l’obsession du poids nous éloigne de nos centres


d’intérêt, de nos aspirations les plus profondes, de notre soif de plaisir.
Nous ne parviendrons jamais à éliminer nos kilos superflus en devenant de
dociles petits soldats qui ingèrent à intervalles réguliers une pomme, une
tranche de dinde ou un blanc de poulet… Certes, nous devons veiller à ne
pas abuser des sauces et autres assaisonnements, mais nous devons surtout
nous employer à vivre pleinement chaque instant, apprendre à cultiver ce
qui nous touche réellement. Tel est le propos – et le défi – auquel vous
invite ce livre.

Quand il joue, l’enfant oublie de manger, parce qu’il éprouve un plaisir


qu’aucun aliment ne peut lui offrir. De même, les animaux sauvages
obéissent à leur instinct et restent élancés, contrairement aux animaux
domestiques qui héritent des travers de leurs maîtres et deviennent obèses.

Un régime nous fera peut-être perdre du poids le temps de quelques


mois, voire de quelques jours. En nous ouvrant à un nouvel état d’esprit, en
choyant notre univers intérieur, en redécouvrant nos talents et notre
originalité, nous retrouverons un sentiment de légèreté, de plaisir et de
liberté. Ce sont là les ingrédients indispensables à l’amincissement.
Se mettre au régime, c’est s’enferrer dans une camisole de force qu’il
faudra tôt ou tard retirer, pour reprendre alors sans doute plus de poids que
l’on n’en avait perdu.
En revanche, se réveiller le matin en se demandant « qu’est-ce que
j’aime ? » est la bonne approche pour rester en forme. Les personnes
amoureuses, à l’écoute de leurs envies et passionnées par ce qu’elles font,
ne grossissent pas : leur cerveau est satisfait. Elles n’ont dès lors plus
besoin de compenser leurs frustrations par la nourriture.
Ce livre s’adresse à tous ceux qui souhaitent transformer le
métabolisme de leur esprit, de leur cerveau et de leur corps.
Première partie
Les causes
du surpoids
Chapitre 1
Vaincre le manque
de calories affectives

Le problème du poids concerne chacun de nous – notre entourage, nos


enfants – et pose la question de notre capital santé, de notre bien-être et de
notre estime personnelle.
L’Organisation mondiale de la santé dénonce depuis plusieurs années le
phénomène de globesity, l’obésité globale, mot forgé de toutes pièces pour
décrire une réalité qui concerne plus d’un milliard d’individus en fort
surpoids dans le monde… Soit une personne sur six !
Aux États-Unis, où le phénomène est apparu en premier avant de se
développer en Europe, un tiers de la population est obèse, et 60 % des
Américains sont en surpoids. En Italie, la proportion d’obèses a augmenté
de 25 % depuis 1994, frôlant aujourd’hui le seuil des 9 millions. En France,
les chiffres sont tout aussi édifiants : 15 % des plus de 18 ans sont atteints
d’obésité, contre 8 % il y a quinze ans.
La situation est encore plus préoccupante chez les enfants, puisque
même l’âge tendre, jadis peuplé de jeunes gringalets, n’est pas épargné :
l’Italie compte 12 % d’enfants obèses et plus de 23 % en surpoids, avec une
tendance à la hausse et des pics alarmants dans certaines régions. C’est une
véritable épidémie. Alertées, les institutions ont mis en œuvre des initiatives
de santé publique : dans les écoles italiennes, des distributeurs de fruits ont
remplacé les machines à confiseries, et des programmes d’« éveil au goût »
se sont développés dans les établissements scolaires français. En Italie, le
ministère de la Santé a également lancé, il y a quelques années, des
campagnes d’éducation alimentaire pour sensibiliser élèves, parents et
enseignants.

« L’obésité chez l’enfant et l’adolescent est particulièrement


nocive, bien plus que lorsqu’elle se manifeste à l’âge adulte. »

L’obésité chez l’enfant et l’adolescent est particulièrement nocive, bien


plus que lorsqu’elle se manifeste à l’âge adulte. Une étude parue dans la
revue scientifique Nature a démontré que, du fait des immenses ressources
liées à leur jeune âge, les enfants en surpoids développent un excédent
d’adipocytes, des cellules favorisant le stockage de la graisse.1 Le nombre
de cellules graisseuses augmente jusqu’à l’adolescence avant de se
stabiliser. Ainsi, les adultes grossissent moins du fait de la multiplication
des adipocytes qu’en raison de l’accumulation de graisse dans les cellules
développées durant leur enfance. Moins nous avons d’adipocytes, moins
nous grossissons (la palme de la minceur revient d’ailleurs à certains
peuples orientaux, notamment les Indiens, dont l’organisme révèle une très
faible quantité de cellules graisseuses). Si, à l’inverse, les adipocytes sont
nombreux, la prise de poids à l’âge adulte devient presque inévitable et se
révèle bien plus difficile à enrayer que chez les personnes ayant eu un poids
normal durant leur enfance.
Les pays du sud de l’Europe gravissent ainsi peu à peu les échelons de
l’obésité, bien que leur alimentation repose encore essentiellement sur le
fameux régime méditerranéen, exporté aux quatre coins du globe et si prisé
des nutritionnistes qu’on le prescrit aux États-Unis pour lutter contre les
mauvaises habitudes de la population et la propagation galopante de la
malbouffe.

Les régimes ne sont pas la solution… pas plus que


les médicaments
Dorénavant, tous les moyens sont bons pour maigrir : amphétamines,
gélules minceur (souvent des psychotropes), chirurgie et régimes de toute
sorte promettent des miracles. Toutefois, les médications amaigrissantes
comportent souvent d’importantes contre-indications, certaines ayant même
été retirées de la vente du fait de leur dangerosité.
Pour vaincre l’obésité ou chasser quelques kilos en trop, nous rêvons
tous d’une solution miracle, dans le sillage d’une culture bâtie selon la
devise : « Un cachet et on n’en parle plus. » Pourtant, alors que les étagères
des pharmacies ploient sous les produits amaigrissants en tout genre, nos
populations ne cessent de grossir.
Entendons-nous bien, nous ne saurions nier que certains médicaments
peuvent se révéler utiles. Il arrive parfois, notamment dans le cas des
« grands obèses », que la chirurgie devienne inévitable. Mais la question
n’est pas là. Le poids perdu au travers d’expédients et de sacrifices divers
revient inévitablement avec le temps, souvent accompagné de quelques
kilos bonus. Et la souffrance recommence.

Nous avons faim… d’affection


Pour comprendre pourquoi notre tendance à grossir est aussi
irrépressible et difficile à enrayer, nous devons nous intéresser à la source
du problème.
Notre corps tend naturellement à maintenir son poids « idéal », défini
selon notre constitution et notre taille. Or, aujourd’hui comme jamais
auparavant, cette disposition naturelle subit de nombreuses interférences,
non pas en raison d’un dérèglement de notre système endocrinien ou de
notre métabolisme – un phénomène observé dans un nombre de cas limité
–, mais plutôt parce que nous ingérons bien plus de calories que nous ne
pouvons en dépenser. Pourtant, les personnes en surpoids ont
impérieusement besoin de cet excédent de calories. Tout diététicien ou
psychothérapeute pourra le confirmer : les patients disent ressentir un
besoin irrépressible de manger davantage et plus souvent au cours de la
journée. Qu’importe ce qu’ils mangent, ce qui compte n’est pas la qualité
mais la quantité.

« Qu’importe ce qu’ils mangent, ce qui compte n’est pas la


qualité mais la quantité. »

L’un de mes patients, qui dépassait de 30 kg son poids santé, se rendait


chaque dimanche chez sa belle-mère pour perpétuer le rituel du repas
familial, malgré le décès de son épouse survenu dix ans plus tôt. Sur le
chemin du retour, pourtant rassasié par les copieuses rations de sa belle-
mère, il éprouvait toujours un appétit incontrôlable, comme s’il n’avait rien
mangé. Il tentait désespérément de perdre du poids et veillait à ne conserver
chez lui aucune nourriture « à risque ». Toutefois, il stockait de grandes
quantités de riz. Aussi, faute de mieux, en faisait-il bouillir jusqu’à 300 g,
qu’il engloutissait tel quel. Il me raconta cela avec un mélange de mépris
pour lui-même et de résignation, comme pour dire : « Je ne peux pas m’en
empêcher, c’est plus fort que moi. »
Les personnes qui souffrent de cette faim incoercible et injustifiée d’un
point de vue organique ressentent une sensation de vide, un mal-être
indéfinissable, une douleur sourde.
Je lui demandai : « Aimez-vous aller déjeuner chez votre belle-mère ? –
Non, me répondit-il, j’y vais surtout pour ne pas la vexer. » Il m’expliqua
qu’avec elle, il était toujours sur des charbons ardents, car il craignait de
passer pour un bon à rien. « C’est une femme glaciale », me dit-il.
Il ne pouvait se soustraire au rituel du dimanche et redoutait plus que
tout le « ressentiment » et la « rage » que sa belle-mère lui aurait témoignés
à la moindre absence. Aussi mangeait-il tout ce qu’elle lui servait, ravalant
ses frustrations.
Déjeuner chez sa belle-mère était une épreuve pénible à laquelle il se
soumettait pour répondre à ses attentes. C’était une obligation à laquelle il
croyait ne pouvoir échapper. Il ne se sentait ni aimé, ni estimé, ni même
apprécié… mais il y allait quand même. Il avalait chaque dimanche la
« nourriture du mépris », puis se gavait à nouveau une fois rentré chez lui.
Manger, c’est aussi tenter de se donner de l’amour, comme au matin de
la vie avec le lait maternel. Ce sont donc les calories « affectives » qui nous
manquent. Recourir à la nourriture devient dès lors un automatisme
nécessaire pour calmer nos angoisses. Et qu’importent leurs causes –
tensions au travail, inquiétudes pour les enfants, stress, craintes pour la
santé de quelqu’un qui nous est cher –, la nourriture est toujours là, prête à
nous consoler.

« Recourir à la nourriture devient dès lors un automatisme


nécessaire pour calmer nos angoisses. »
Les régimes ne permettent pas de remédier à ce phénomène. Au
contraire, ils ajoutent de la souffrance à la souffrance. Ce n’est qu’en
changeant d’état d’esprit, en modifiant notre rapport à nous-mêmes et aux
autres, que nous pourrons maigrir durablement. C’est la condition sine qua
non.

Notre alimentation : la nourriture et ses symboles


La nourriture n’est pas la seule béquille pour supporter et alléger nos
maux. L’alcool, le tabac et, à un niveau plus inquiétant, les drogues sont
autant de sources illusoires de réconfort. La nourriture occupe néanmoins
une position privilégiée grâce aux multiples symboliques qui lui sont
attachées, en raison de sa capacité à se draper de significations et à se
métamorphoser selon les occasions et les suggestions.
Pour mieux comprendre, prenons l’exemple de cette conversation :
– Elles sont délicieuses, tes lasagnes. Quel est ton secret ?
– C’est une recette de ma mère, qui la tenait de ma grand-mère.
Les lasagnes, qui n’étaient « que » délicieuses, prennent une
connotation nouvelle qui les rend désirables, uniques, voire sacrées, dès lors
qu’elles sont liées à la tradition et à l’affect…
Cet exemple met en exergue la convergence de deux fonctions : la
première, nutritive, que nous partageons avec les animaux, et la seconde,
verbale, typiquement humaine et propre à susciter des images et des
émotions… Cette dernière n’a pas échappé aux industries alimentaires qui,
pour vendre leurs produits, n’hésitent pas à associer la nourriture à l’amour,
la tendresse, l’érotisme ou l’aventure. Le dialogue imaginé plus haut
pourrait d’ailleurs être tiré d’un spot publicitaire. En effet, la télévision nous
suggère continuellement comment entretenir l’amour maternel, perpétuer
nos traditions familiales, raviver le désir et la séduction, comment se
détendre grâce à une simple boisson ou devenir exceptionnel au moyen
d’un apéritif. Les images évoquées par la nourriture prévalent souvent sur
leurs facultés nutritives, leurs principes vitaux et leur apport en calories.
L’aspect objectif de l’aliment est rehaussé d’une « valeur ajoutée », née de
son empire sur nos émotions.
Nous traversons une période où les modes, qui vont et viennent à un
rythme effréné, nous dictent inlassablement leurs lois – car il s’agit de ne
pas perdre la face. Ainsi, les identités vacillent ou entrent « en crise ».
Heureusement, il existe un énième remède, rapide et indolore, pour se créer
de nouvelles identités : il nous suffit de manger ou de boire un produit
déterminé pour changer d’apparence, devenir désirables, aimés,
sympathiques, pour faire un saut dans le passé, à la campagne, chez nos
grands-parents…
Une perspective alléchante.

Retrouver notre âme primitive


Nous savons maintenant combien nous privilégions, dans le choix de
notre alimentation, la signification symbolique plutôt que la valeur
nutritive.
Il n’en était pas ainsi à l’aube de la civilisation. Néanmoins, ce constat
est commun à bien des générations, depuis que la nourriture est disponible
en abondance.
Les animaux offrent la preuve tangible de ce qui se produit lorsque
l’alimentation perd sa fonction biologique.

« Pour maigrir, l’individu a d’abord besoin de désirer. »

À l’état sauvage, les bêtes savent d’instinct choisir la nourriture qui leur
est adaptée et mangent uniquement selon leurs besoins lorsqu’ils doivent se
la procurer eux-mêmes. À l’inverse, les animaux domestiques, que nous
nourrissons souvent avec nos propres aliments, prennent du poids,
deviennent indolents, souffrent de troubles du comportement et
« apprennent », comme nous, à compenser leurs vies peu captivantes par la
nourriture. Une étude anglo-saxonne le prouve : les animaux domestiques
ont perdu leur instinct alimentaire et mangent désormais, à l’instar des
humains, sans faim ni désir.
Pour maigrir, l’individu a d’abord besoin de désirer. Le désir, sous
toutes ses formes, est le meilleur antidote contre l’obésité : un nouvel
emploi, de nouveaux centres d’intérêt, un nouvel amour ou une ancienne
passion qui renaît…
Ce sont les bases pour redémarrer.

Les régimes sont inutiles


Un déséquilibre alimentaire est toujours l’indice d’un rapport difficile
aux émotions, le reflet d’une énergie vitale piégée au sein du cercle vicieux
douleur-nourriture-anesthésie… Apprenons à considérer notre corps comme
un événement global. Pour maigrir, nous devons approcher le problème et
sa solution autrement.
De l’avis général, perte de poids rime avec rigueur et sacrifices.
Renversons cet adage : pour retrouver son poids idéal, il faut du plaisir. Le
vrai plaisir, qui va de pair avec la passion pour la vie et pour toutes les
manifestations de l’existence : amours et affects, travail et loisirs, talents et
créativité. Maigrir doit être un geste « artistique » nous arrachant à la
routine, libérant notre imagination et nous permettant de (re)découvrir ce
qui est réellement bon pour nous.
Maigrir c’est l’art de rencontrer son Moi, son vrai Moi, pas celui étouffé
par la nourriture. Le Moi capable de créer des choses uniques.
Nous n’avons pas besoin de nous mettre au régime, nous devons
simplement découvrir ce qui nous réussit naturellement, ce que nous savons
faire spontanément.
Créer et s’épanouir sont les seuls mots d’ordre…

1- Spalding et al., « Dynamics of Fat Cell Turnover in Humans », Nature, pp. 453-458, 8 juin
2008.
Chapitre 2
Retrouver son identité

Nous prenons du poids parce que nous nous trompons de direction.


Notre âme a perdu sa voie. Sans nous en apercevoir, nous disparaissons
dans la brume, où nous oublions qui nous sommes en absorbant la pensée
des autres.

Parfois, une nappe de brume enveloppe notre âme, et nous nous croyons
perdus dans des bas-fonds sans issue. Quelle est cette nappe de brume ? Ce
sont les contours que nous percevons de nous-mêmes. Mais que voyons-
nous vraiment de nous ?
Nous pouvons constater que des pensées récurrentes nous habitent, des
souvenirs qui s’imposent avec plus de force que d’autres, mais aussi des
aspirations, des projets nous amenant à répéter : « Je suis ceci… » Des
pensées, souvenirs, émotions et sentiments persistants animent notre esprit.
Notre histoire prend une importance démesurée. Les personnes en surpoids
ressassent toujours les mêmes choses et sont toutes obnubilées par le passé.
C’est cela, la brume de l’âme.

« Chaque fois que nous pensons, raisonnons ou refaisons le


passé, nous évoluons dans la brume de l’âme. »

Chaque fois que nous pensons, raisonnons ou refaisons le passé, nous


évoluons dans la brume de l’âme. Pourquoi parler de « brume » ? Tout
simplement parce qu’elle s’étend sur d’autres territoires, nous empêchant de
voir ou, mieux, de percevoir d’autres fonctions, d’autres savoirs de l’âme.
Les brumes isolent et voilent notre essence, et nous ne parvenons plus à
discerner nos talents. Vous n’êtes pas comme vous vous voyez…

Nous grossissons, de fait, parce que nous ne percevons plus notre


essence. Nous ne savons plus qui nous sommes ni vers où nous allons.
Notre regard est entièrement tourné vers l’extérieur, et nous avons rompu
avec les forces intérieures qui devraient nous guider. Nous nous sentons
comme les autres, et par conséquent… seuls.
Nous prenons du poids parce que nous sommes seuls au milieu des
autres. Nous prenons du poids parce que nous réfléchissons trop et, surtout,
comme les autres. Nous pensons être dépourvus de spécificité, sans mission
à accomplir tout au long de notre vie, telle l’araignée avec sa toile.
Nous croyons savoir qui nous sommes et comment nous sommes. « Je
sais pourquoi je grossis. Si vous saviez ce par quoi je suis passée, ce sont
les malheurs qui ont changé mon métabolisme », explique Anita, 45 ans.
Ce n’est jamais le cas : le fond du problème est notre approche actuelle,
pas ce qui nous est arrivé par le passé.

Le brouillard s’épaissit dans nos convictions : quand nous croyons en


quelque chose, en quelqu’un, en une voie qui nous serait destinée, quand
nous pesons le bien et le mal, quand nous jugeons les personnes, les faits ou
notre propre histoire.
La brume monte et nous aveugle quand nous entrons dans le royaume
de la causalité, quand nous voulons expliquer, comprendre, quand nous
disons par exemple : « Je suis comme cela parce que j’ai manqué d’amour
durant mon enfance. »
Ne cherchez jamais les causes de votre « graisse » : il s’agit presque
toujours d’alibis pour ne pas intervenir, pour ne pas perdre de poids.
Inconsciemment, celui qui grossit veut laisser les choses en l’état. La brume
l’enveloppe, il a oublié son essence. Chercher la « cause affective » du
surpoids est une manière de ne pas affronter le problème et de cristalliser la
situation.
L’âme n’est pas scientifique, elle ne « raisonne » pas. Tenter
d’expliquer, de trouver la cause de nos maux est peut-être le meilleur
moyen de nous éloigner définitivement de son royaume. Dire « je suis
comme cela parce que, dans le passé, il m’est arrivé ceci » nous éloigne des
Images du subconscient qui vivent toujours dans le présent.
« Chercher la cause de nos maux ne servirait qu’à nous fondre
davantage dans la brume. »

L’âme ne connaît pas les causes de son existence, ni ne veut les


connaître. Comme les racines de la plante, elle chérit l’obscurité, la nuit, les
tréfonds. Et c’est depuis les profondeurs qu’elle tisse l’être que nous
sommes.
Dès lors, chercher la cause de nos maux ne servirait qu’à nous fondre
davantage dans la brume.

Vivre dans le présent


Nous grossissons parce que nous ne vivons pas au rythme de notre
âme : nous sommes pleins de rancœur, nous pensons à une vie qui n’est
plus. Pour maigrir, nous devons vivre dans le présent.
L’influence de la psychologie a généré la pensée commune que le mal-
être est lié à des faits ou à des individus. Les personnes en surpoids ont
toujours à l’esprit une souffrance ou un faux pas qu’elles estiment à
l’origine de leur surpoids. Nous commettons des erreurs et nous nous
perdons en regrets. Le regret est un fardeau pour l’âme et le métabolisme.
Les pensées superflues le sont plus encore. Celui qui prend du poids
ressasse trop.
Le substrat, le terrain, la matière de l’âme sont aux antipodes de la
pensée. Cette dernière raisonne en termes d’espace-temps et selon un
rapport de cause à effet. Pour un scientifique, un bacille est à l’origine de la
tuberculose ; pour un chercheur de l’âme, les maux surviennent dans le
présent et c’est dans le présent qu’il convient de les recevoir, tels qu’ils se
présentent à nous. Votre compagnon vous a quittée ? Concentrez-vous sur
votre blessure et ne vous torturez pas. Plus on ressasse, plus on souffre… et
plus on grossit.
Ne vous dites jamais : « Je sais ce qui ne va pas chez moi, je sais
pourquoi je souffre. » Ce sont souvent les mots que l’on entend au cours des
premières séances de psychothérapie. Or l’âme adore l’incertitude, le vide,
l’abandon et n’a que faire des raisonnements.

Mettre de côté la cause


Nous prenons du poids parce que nous avons renié les lois de l’âme et
sommes devenus profondément artificiels.
L’âme ne s’inscrit pas dans le temps et ne peut être observée ou perçue
que par un regard intemporel qui n’est pas à l’affût des causes. Selon
Gaston Bachelard, la charge affective du réel, les sentiments, les émotions,
les douleurs qui nous affectent appartiennent à un univers totalement
incompatible avec la sphère intellectuelle.
« Je suis anéantie par la douleur, je sens son poids sur ma poitrine, tout
près du cœur », explique Hélène, 31 ans. Son esprit rationnel croit que la
« cause » de sa douleur naît du fait qu’« il est parti ». Cela semblerait
plausible… D’aucuns, comme Hélène, croient que l’abandon est l’élément
déclencheur de leur mal-être, car à chaque fois qu’ils pensent à leur
séparation, la douleur augmente. En réalité, c’est une observation qui vient
de « l’empire des brumes ». Puisque l’âme ne connaît pas les causes de ses
sentiments, le rapprochement abandon-douleur n’est induit que par la
pensée. N’est-il pas banal de prendre du poids après une séparation ?
Souvent, la nourriture devient alors une sorte de biberon que l’on tète pour
atténuer la douleur. Et cela peut durer des années…

« La nature nous invite à ne pas lutter contre nos “blessures


affectives” et à attendre que l’âme referme d’elle-même nos
cicatrices. »

Dès lors, qu’est-ce qui fait réellement souffrir l’âme ? Ses souffrances
seraient-elles à l’origine de notre prise de poids ? La nature nous invite à ne
pas lutter contre nos « blessures affectives » et à attendre que l’âme referme
d’elle-même nos cicatrices. C’est un processus naturel : lorsque nous nous
coupons, le corps nous soigne avec les plaquettes du sang ; l’âme, elle, nous
guérit grâce à l’oubli.

Cessez de courir après les causes et vous éliminerez les problèmes. Les
causes s’abreuvent du passé. « J’ai pris du poids parce que j’ai perdu
l’homme de ma vie », explique à son tour Amélie, 32 ans. Ce n’est jamais
vrai. Nous prenons du poids parce que nous avons perdu notre identité
profonde et nous ne sommes plus guidés par elle. Grossir est contre-nature :
l’esprit des personnes en surpoids est prisonnier de la graisse. Il n’y a rien
de plus pathétique que compter les calories et disséquer son menu
quotidien. Dire « aujourd’hui, j’ai fait du sport, je mérite un bon petit plat »
est un non-sens. Les personnes qui raisonnent ainsi se sont assoupies. La
nourriture est devenue leur unique source de plaisir. Elles ont perdu leur
âme…

S’il n’y a pas de cause, si la détresse liée à l’abandon n’est qu’une


première impression, comment l’âme raisonne-t-elle alors ? À quoi lui
servent la joie, le plaisir, la souffrance ? Si l’âme ne connaît pas l’espace-
temps, comment comprendre ses désirs et ses envies ? Comment pouvons-
nous dialoguer avec cette énergie mystérieuse, si étrangère à notre
conscience ?
Et pourquoi souffrons-nous autant lorsqu’on nous quitte ?
Nous n’avons guère d’informations sur la nature de l’âme, cet anemos,
ce souffle, cette psyché, ce « subtil » qui habite et caractérise tout un
chacun. Nous possédons tous un visage unique ! Unique, mais pourtant bien
ancré dans la syntaxe humaine, donc animale, et par conséquent naturelle.
À l’instar de la semence qui reste cachée sous la terre pour donner vie à
la plante, l’âme est enfouie dans notre organisme, peut-être en grande partie
stockée dans notre cerveau, codifiée comme dans un rêve, encapsulée tel un
encéphale dans sa boîte crânienne. Elle est volatile, vaporeuse,
imperceptible et insaisissable.
Pourtant, l’âme est un patchwork de sentiments, d’émotions, d’énergies,
d’angoisses, de désirs et de douleurs… La graine tapie dans notre corps est
certes bien cachée, mais elle n’en possède pas moins la forme et les
fonctions de l’arbre.

Pourquoi prenons-nous du poids ? Nous grossissons parce que nous


parlons trop, et surtout trop de nous-mêmes. Quand une personne retrouve
son poids santé, je le décèle à travers un indice : elle cesse de parler d’elle.
Soyez plus secret ! Si vous vous mettez au régime, un conseil, ne le dites à
personne…

« Nous grossissons parce que nous parlons trop. »

L’âme, comme la graine, vit cachée en nous. Elle crée secrètement


l’être que nous sommes et le gratifie d’un poids parfait. Chassez les
inanités, les fardeaux, les pensées et les illusions. Le reste viendra tout
seul… et avec lui, votre poids santé.

Chacun possède ses caractéristiques, ses fonctions et spécificités, sa


nature spontanée. En l’oubliant, nous trahissons le « pacte » que nous avons
scellé avec notre propre graine, qui est l’essence de toute plante. Là est la
vraie douleur !
Nous sommes réellement perdus quand nous disparaissons dans la
brume, quand nous renions notre caractère, notre diversité, notre unicité. Un
conte hébraïque affirme : « Dans le monde à venir, la question qu’on me
posera, ce n’est pas : “Pourquoi n’as-tu pas été Moïse ?” La question qu’on
me posera, ce sera : “Pourquoi n’as-tu pas été toi ?” »1
De même, Bertrand Russell avance : « Si un pays veut engendrer de
grands hommes, il doit assortir ses quatre libertés d’une cinquième : la
liberté d’être excentrique. »2

Retrouver sa spécificité
Nous prenons du poids parce que nous avons perdu la capacité de
respecter notre tempérament. Êtes-vous agressif ? Avide ? Fougueux ?
Fantasque ? Ou vous comportez-vous comme un gentil animal en cage ?
Les animaux domestiques prennent du poids alors que les bêtes
sauvages ne grossissent pas.
Russell a raison : l’excentrique suit sa nature et non la masse. Chercher
à imiter les autres est peut-être ce qui nous fait grossir le plus. L’excentricité
signifie ne ressembler à personne…
Selon Russell, l’âme n’opère que lorsqu’elle s’affranchit du joug de la
pensée commune et des modèles dominants. Pour retrouver notre poids
idéal, nous devons retrouver notre diversité. Au début, cela engendre un
sentiment de solitude, car il n’est jamais facile de s’écarter de la norme :
fini les dîners avec nos amis qui ne pensent qu’à nous faire boire et manger.
« Même avec tes rondeurs, tu es jolie comme un cœur », disent-ils.
N’écoutons plus les voix de la pensée dominante, ce sont les barreaux de
notre cage et elles empêchent notre âme de prendre son envol.
« Pour retrouver notre poids idéal, nous devons retrouver notre
diversité. »

Chaque fois que nous tournons le dos aux lieux communs, notre identité
se transforme : nous redevenons seuls face à nous-mêmes, face au vide.
Toutes les traditions considèrent le vide comme la quintessence de l’âme.
Le vide se manifeste dès que nous mangeons moins. Ne craignez pas de
l’accueillir et vous serez sur la bonne voie.
« Celui qui prend du poids craint avant tout la solitude », me disait
Mélanie, qui a longtemps préféré passer des soirées « soporifiques » avec
ses amies plutôt que de rester cloîtrée chez elle, seule devant sa télévision.
Mais après avoir « absorbé » les propos de ses amies toute la soirée, elle
rentrait chez elle et se jetait sur la nourriture.

Vous prenez du poids parce que vous faites ce qui plaît aux autres et
non à vous-même.
L’âme ne pense ni ne raisonne. Elle s’exprime à travers un langage
étranger à la vie rationnelle.
L’âme imagine, rêve et ressent. Elle n’élimine pas les causes, car il n’est
pas dans sa nature de les connaître. Sa vocation est autre. Si nous refusons
de la comprendre, si nous ignorons son fonctionnement, nous risquons de
nuire à nous-mêmes et aux autres.
L’âme ne veut ressembler à personne… Elle suit son chemin d’autant
mieux que nous ne sommes ni aveuglés ni vaincus par les identités fictives.

Acceptez qui vous êtes


Cessez de vous poser des questions, l’âme déteste cela. Ne cherchez pas
à changer. Vous êtes un tyran, un égoïste ? N’en dites pas plus. Si vous
tentez de corriger votre caractère, vous serez certain de grossir.
Une brume compacte enveloppe le mot « pourquoi ». « Pourquoi suis-je
aussi irascible ? Cela vient peut-être de ma relation avec mes parents ? »
Aucune culture avant la nôtre n’a tenté d’expliquer le monde avec
autant d’acharnement : « Je suis comme cela parce que je me sens mal
aimé. » Personne ne dit : « Je suis comme cela, voilà tout. »
Pourtant, notre bien-être dépend de notre capacité à ne pas changer les
choses, à les laisser exactement telles qu’elles se manifestent en nous. La
volonté de « s’améliorer » à tout prix est un poison pour le métabolisme de
l’âme et, en conséquence, pour le corps. Les personnes en surpoids sont
toujours mécontentes d’elles et mal dans leur peau…
La mentalité scientifique du siècle dernier a déteint sur l’inconscient
collectif. Ce qui était jadis le royaume de la magie, des rites, de la poésie et
de l’immensité s’est aujourd’hui transformé en un laboratoire scientifique.
S’il existe une bactérie à l’origine de la pneumonie, il doit alors y avoir
une cause à l’anxiété, un fait, un élément déclencheur. Les personnes qui
parlent ainsi ignorent tout de l’âme et de ses lois, car l’âme n’est pas
soumise aux règles du connu.
Pour maigrir, nous devons avant tout être inconnus et étrangers à nous-
mêmes. Les Images appartiennent aux lois de l’immensité, de l’infini, de
l’éternel. L’imagination est la meilleure cure de l’âme : chaque fois que
nous rêvons, nous sortons du réel, du quotidien et de nos problèmes.
L’imagination est la clé de l’amincissement.

Retrouver la fantaisie
Vous prenez du poids parce que vous avez perdu la magie et croyez tout
savoir du monde. Votre vie manque de fantaisie ? Sans les Images, les
pensées s’installent. Et les kilos aussi.
L’âme s’inscrit dans l’éternité du présent. Elle peut passer toute sa vie
dans la brume des identifications ou « voler » vers sa voie.
Dans le premier cas, nous ne sommes que des figurants sur la scène de
la vie ; dans le second, nous sommes notre propre plante, notre destin,
l’essence de notre univers intérieur.

« Pour maigrir, cessons de nous contenter d’un simple rôle de


figurant… »

Pour maigrir, cessons de nous contenter d’un simple rôle de figurant…


Devenons les acteurs de nos vies !

Françoise, 40 ans, m’écrit ceci : « Il n’a pas été facile d’affronter toute
seule ma séparation, mon divorce et mon déménagement. J’avais toujours
trouvé plus pratique de me borner à figurer dans la vie de mon mari
comptable. Mais vous, docteur, vous m’avez dit il y a un an : “Tôt ou tard,
vous devrez prendre votre vie en main. Si vous ne le faites pas, qui s’en
chargera ?” Je vous ai pris au mot et j’ai tapissé les murs de mon
appartement avec cette phrase, que j’ai recopiée sur des petits papiers. J’en
ai mis deux dans mon sac et un dans ma voiture, sur le tableau de bord.
Cela n’a pas été facile, mais c’était tout de même moins difficile que je ne
le pensais. Maintenant, je vis ma vie et je ne suis plus une simple figurante.
Se contenter d’un rôle de figurant équivaut à jouer dans le film d’un autre. »

Pour maigrir, nous devons rechercher l’autonomie, l’indépendance. À


quoi bon revenir sur le passé : ce qui compte est ce que nous pouvons faire
maintenant. L’image de sa réalisation personnelle est le meilleur tonifiant
pour le métabolisme de l’âme. Soyez vous-même et vous n’éprouverez plus
le besoin de compenser avec la nourriture.
L’âme raisonne uniquement en termes d’Images, qui ne s’inscrivent pas
dans le temps. Certaines Images accompagnent notre vie, d’autres en sont
totalement exclues. S’abandonner yeux fermés à son imagination ramène
l’âme dans l’Intemporel.

« Soyez vous-même et vous n’éprouverez plus le besoin de


compenser avec la nourriture. »

Imaginer et bâillonner les pensées sont les premiers commandements de


l’âme. Les Images ouvrent les portes, les pensées les referment.
Vos Images et vous, votre Image et vous… Or, cette dernière demeure
souvent invisible, dissimulée sous un modèle extérieur, tandis que vous
vous efforcez de satisfaire aux attentes des autres… Mais, comme le dit
Françoise, tôt ou tard, « c’est à vous de jouer ».

Être soi-même
Vous prenez du poids parce que vous jouez un personnage. Vous croyez
être l’incarnation de la femme romantique, et c’est ainsi que vous vous
montrez aux autres. Mais la chair vous rappelle. Vous prenez du poids parce
que vous idéalisez la vie. Vous aspirez à un modèle de perfection trop
grand ; la graisse vous ramène sur terre. La graisse altère la femme parfaite
que vous aimeriez être. Les personnes en surpoids croient que le monde est
banal et rêvent d’« une vie spéciale qui se présentera tôt ou tard » (Anna,
36 ans). Aussi remettent-elles tout au lendemain : elles attendent un prince
charmant qui ne viendra jamais. Trêve de pensées inutiles ! Les personnes
en surpoids sont trop dures envers elles-mêmes, elles nourrissent trop
d’illusions, elles ont perdu la légèreté de l’âme.

Face à un problème, nous devons agir comme les enfants qui se mettent
à jouer sans plus y penser, passent du rire aux pleurs ou s’endorment. Ils
savent que l’oubli soigne les maux, que le sommeil règle les problèmes
mieux que le brouillard de la pensée, car les images des rêves sont plus
fortes et tiennent lieu de baume.
Nous aurons bien du mal à aplanir les obstacles qui se dressent face à
nous si nous ne cessons de nous identifier à tel ou tel personnage, nous
voyant tour à tour comme un être en colère, trompé, ou autre.
L’identification flatte l’âme et lui fait croire que le personnage qu’elle
joue est sa véritable entité. Or ce n’est qu’une corne de brume…
Ce que nous croyons être n’est qu’un vernis, rien de plus. Notre
système de reconnaissance est totalement voilé par la brume. Nous devons
changer notre mentalité et notre perception du monde.
La personne en surpoids finit par se focaliser sur l’alimentation, sur ses
efforts pour résister aux tentations et dominer la faim. Elle ne s’appréhende
plus que par son combat contre la nourriture. Or c’est précisément cette
lutte que l’âme exècre.

Nous prenons du poids parce que nous luttons trop contre nous-mêmes
et réduisons notre vie à la seule question : « Vais-je parvenir à suivre mon
régime ? » De nombreuses personnes démarrent ainsi leur journée et se
démoralisent le soir, lorsqu’elles lâchent prise, lorsqu’un apéritif coupable
réduit à néant leur diète. En réalité, elles avaient attendu toute la journée
que quelqu’un leur propose cet apéritif.
Nous prenons du poids parce que nous sommes trop perfectionnistes,
trop exigeants envers nous-mêmes. Nous nous mettons trop à l’épreuve.

Les personnes en surpoids croient manquer de volonté, mais elles se


trompent : elles en ont trop ! Elles sont trop sévères vis-à-vis d’elles-mêmes
et ont perdu l’élasticité, la légèreté de l’âme. Elles ne se laissent plus guider
par sa voix et n’écoutent donc plus leurs passions, désirs, rêves et
tentations. L’âme ne peut plus voler, elle se laisse enfermer dans des
modèles, dans un idéal de perfection : « Sois comme ci, sois comme ça,
garde les pieds sur terre, donne le meilleur de toi, sois généreuse, altruiste,
fais-toi aimer et apprécier des autres. » Ces pensées sont des fardeaux qui
pèsent sur l’âme et la clouent à terre. L’âme se révolte alors en mangeant.
Grignoter nous rend moins idéalistes, moins cérébraux. Le corps grossit et
émousse les surprises de la vie. Tout est sous contrôle… sauf la nourriture.
Cessez de vous contrôler, arrêtez de vous juger et vous verrez.

Mais qu’est-ce que l’âme ? C’est l’empreinte de notre visage, unique et


original. Avions-nous déjà un visage lorsque nous n’étions qu’un fœtus
dans le ventre de notre mère ? Évidemment ! Et à l’état d’embryon ? Nous
ne le voyions pas, mais il était bien là. Le visage est une empreinte unique
qui nous rappelle notre diversité. Que nous ressemblions à telle ou telle
personne n’y change rien, notre visage est unique.

Pourquoi prenons-nous du poids ? Parce que notre visage, notre Image,


se perd dans un tourbillon de ressemblances et de lieux communs.

« Les personnes en surpoids ne manquent pas de volonté. Au


contraire, elles en ont trop. »

Les télévisions américaines diffusent certains programmes stupéfiants.


Il existe des campus pour faire maigrir les obèses. Observez leurs visages
déformés par la graisse : ces personnes ont perdu leur identité, elles sont
devenues des machines à produire de la graisse et non plus des corps
vivants… Leurs coachs tentent de les motiver en insistant sur la ténacité. Or
les personnes en surpoids ne manquent pas de volonté. Au contraire, elles
en ont trop. Leur problème vient de ce qu’elles ne voient plus leur vrai
visage et qu’en mangeant, elles ne font que l’engloutir davantage.
Oubliez votre régime et efforcez-vous de vous remémorer votre visage
heureux du temps où vous étiez mince. Les Images inondent votre cerveau,
qui se souvient ainsi de votre vrai visage. Pas celui d’aujourd’hui, appesanti
par la graisse.
Laisser place à l’imaginaire
Pourquoi prenons-nous du poids ? Parce que nous sommes trop
immergés dans la réalité. Le monde est devenu trop étroit, et nos pulsions se
révoltent.
Sans centres d’intérêt, passions ou envies, sans goût de l’aventure,
curiosité et soif de surprises, l’âme se précipite dans l’abîme. Elle ne vole
plus dans les airs au gré de ses désirs mais s’amarre à la terre et à son côté
animal. Elle régresse et se cramponne à la nourriture, comme un nourrisson
au sein de sa mère. Elle recherche le plaisir primaire du ventre qui annihile
tout.
L’âme devient amorphe, la passivité s’installe. Quoi que nous fassions,
nous n’avons désormais qu’une hâte : manger ; et la nourriture devient une
consolation, un havre, une sécurité. La raison nous invite à maigrir, sans
vraiment nous convaincre. Rationnellement parlant, nous voudrions être
minces, mais une force inconnue nous pousse vers la nourriture.
Cessons de penser à nos kilos superflus et demandons-nous ce qui nous
intéresse vraiment, ce qui nous touche réellement.
« Chaque fois que je me dispute avec mon mari, je cours m’empiffrer
au restaurant et je gâche plusieurs mois de régime », explique Angèle,
45 ans. Si notre univers est entièrement confiné dans la nourriture, chaque
tempête de l’âme – une querelle, une séparation, une frustration – devient
l’occasion d’y trouver refuge.

« Cessons de penser à nos kilos superflus et demandons-nous ce


qui nous intéresse vraiment. »

Si l’âme perçoit des centres d’intérêt, elle redécouvre son Image. Les
Images sont subtiles et évanescentes. Elles sont le vrai remède ! Le subtil
fleurit et bouleverse le métabolisme du cerveau. Assouvir ses désirs, son
imagination, ses tentations signifie ouvrir la porte au subtil ; les nier revient
à se précipiter dans l’abîme, la pesanteur et la graisse.
Vous ne grossissez pas par manque de volonté, mais parce que vous
bridez les envies de votre énergie primordiale. Votre vie manque de poésie ;
elle est rythmée par les obligations, les pensées et la réalité.
Cultivez vos centres d’intérêt et vous perdrez du poids ! Il n’est pas de
meilleure résolution. Les centres d’intérêt appartiennent au monde du subtil,
à l’instar des passions, des fantaisies et des rêves.
En somme, s’épanouir est la seule vraie réponse au surpoids.

1- Zimet, Ben, Contes des sages du ghetto, Paris, Le Seuil, 2009, p. 91.

2- Cit. in Arbasino, Alberto, “Mozart è diventato un surrealista (ma che belle le Regine della
Notte)”, dans Corriere della Sera, 17 avril 2011, p. 37.
Chapitre 3
Relâcher la maîtrise de soi

La nourriture est la « consolation » la plus facile et la plus accessible.


Cafés, fast-food, boulangeries et pâtisseries fleurissent à chaque coin de rue
et nous incitent à grignoter à toute heure pour tromper l’ennui, l’anxiété, la
frustration ou le manque d’affection…

« Lorsque la vie est terne et dénuée de plaisirs, le ventre se


remplit pour compenser. »

En réalité, notre fringale insatiable n’est que le reflet de notre incapacité


à profiter de la vie, de ce que nous avons et de ce que nous sommes.
Lorsque notre plaisir est mis à mal, nous nous empiffrons pour pallier le
manque. Nous ne pouvons supprimer notre besoin de gratification, car c’est
aussi une question de « chimie » : lorsque le bien-être diminue, le cerveau
nous ordonne de compenser.

Le plaisir si convoité répond rarement à l’appel


Qui pratique la médecine psychosomatique sait que la faim se
développe dans l’esprit. La neurophysiologie l’a compris lorsqu’elle a
découvert le noyau accumbens, un ensemble de neurones chargé de
maintenir à un niveau constant la dose de dopamine, ce médiateur à
l’origine de la sensation de bien-être. Le noyau accumbens ne transige pas ;
la quantité de dopamine dont il a besoin est invariable, elle ne peut
diminuer et, d’une manière ou d’une autre, il doit se la procurer. Ainsi,
lorsque la vie est terne et dénuée de plaisirs, le ventre se remplit pour
compenser. Et quand l’amertume, la peur ou la solitude deviennent
insupportables, la nourriture devient notre béquille. Au lieu de remettre en
question nos relations bancales, de vaincre nos frustrations ou de prendre
conscience des dynamiques qui nous font souffrir, nous préférons nous ruer
sur la nourriture.
À l’inverse, lorsque nous sommes satisfaits, absorbés par quelque
chose, excités ou heureux, il nous arrive d’oublier de manger.
Dès lors, au lieu d’incriminer les (rares) dysfonctionnements de notre
métabolisme, les facteurs héréditaires ou d’autres alibis, nous devons
recouvrer notre joie de vivre et songer davantage à nous-mêmes.

La graisse n’est autre que de l’amour qui a tourné


Le plaisir ne doit pas abandonner notre vie mais servir de toile de fond à
notre réalité quotidienne. Une étude récente révèle que les personnes qui
consacrent une part importante de leur activité au plaisir vivent plus
longtemps et tombent rarement malades. En outre, elles sont généralement
peu enclines à grossir et n’ont aucune difficulté à retrouver la ligne en cas
de prise de poids. À l’inverse, les individus ayant un sens excessif du devoir
et qui se critiquent sans cesse sont sujets à la dépression ou à d’autres
maladies psychosomatiques et tendent à grossir facilement.

« Chaque fois que nous entrons dans la dimension du plaisir, le


cerveau émet des substances qui nous procurent une sensation
d’apaisement. »

Le plaisir est bien plus qu’un sentiment intime. Chaque fois que nous
entrons dans la dimension du plaisir, le cerveau émet des substances qui
nous procurent une sensation d’apaisement et bouleversent la chimie de
notre organisme. D’où la formule : « La graisse n’est autre que de l’amour
qui a tourné. » Le plaisir dont nous avons été privés se transforme en
obésité.
Les personnes en surpoids ont souvent tendance à culpabiliser ou à
discréditer l’Éros.
Notre Moi s’accommode parfois de nos renoncements mais, ensuite, le
ventre se déchaîne et nous punit pour avoir frustré ses désirs. Or « plaisir »
ne rime pas seulement avec Éros : cela signifie s’éprendre de la vie, rire,
jouer, être créatif et cultiver des centres d’intérêt.

Donner du relief à sa vie


Les dernières recherches en neurophysiologie montrent que les
personnes susceptibles de grossir de 5 ou 6 kg par an ont une vie monotone
ou tolèrent mal leurs obligations quotidiennes.
Quelques années suffisent, le temps de trouver ses marques après un
mariage, un changement d’emploi ou un nouveau départ. Au début, nous
devons surmonter les difficultés liées à cette nouvelle situation, puis nous
creusons notre nid, nous changeons nos habitudes, et la routine s’installe.
Différente de la précédente, cette nouvelle situation est tout aussi répétitive.
Les kilos en trop apparaissent alors progressivement.
En somme, pour ne pas grossir, deux ingrédients sont nécessaires :
passions et nouveautés.
N’oublions pas que notre corps a hérité de mécanismes parfaits qui
étaient jadis indispensables à la survie de nos ancêtres. Nous évoluons
désormais dans un milieu moins hostile, mais ces dispositifs demeurent une
manifestation de notre vitalité et ils doivent être respectés.
L’hypothalamus, par exemple, est le théâtre de nos émotions
primordiales, réminiscences de notre passé animal archaïque : la faim, la
soif, la peur, la colère, les pulsions sexuelles et la perception du temps. Les
cellules nerveuses de l’hypothalamus transmettent à d’autres neurones les
informations envoyées par nos différents organes. Ainsi, lorsque notre
estomac est plein, le centre de la faim active la sensation de satiété. Nous
nous sentons alors repus et nous cessons de manger. C’est ce mécanisme
qui permet aux personnes sveltes de le rester : il leur arrive tour à tour de
s’empiffrer ou de manger avec parcimonie, spontanément, sans s’inquiéter
des calories, car elles savent reconnaître le signal de la satiété, leur assurant
un bilan énergétique équilibré.
Outre la faim et la soif, nous devons satisfaire notre désir sexuel et la
colère. Or, comme nos sociétés nous imposent de nous maîtriser, nous
refoulons sans cesse nos émotions. L’hypothalamus tente alors de trouver
des alternatives à nos besoins vitaux non satisfaits, et la nourriture est là, à
portée de main, prête à nous procurer l’éphémère sensation de satiété qui
nous est indispensable.
Trop penser à l’avenir est une autre manière insoupçonnable de
déstabiliser l’hypothalamus. Se projeter sur le long terme pour parer à toute
éventualité ou économiser par crainte de l’avenir sont interprétés comme les
signes d’une léthargie imminente. Plus nous nous préoccupons de l’avenir,
plus l’hypothalamus se prépare à emmagasiner des réserves de graisse,
comme le font les animaux en hiver.

« Plus nous nous préoccupons de l’avenir, plus l’hypothalamus


se prépare à emmagasiner des réserves de graisse. »

Le sentiment de culpabilité et le manque de joie viennent compléter le


tableau : pour l’hypothalamus, l’insatisfaction est un indice de malnutrition
qu’il compense par la nourriture.
Si nous voulons gratifier l’hypothalamus, notre essence la plus
ancienne, « parlons-lui » à travers les couleurs et les parfums. Porter nos
couleurs et parfums préférés, que nous avions peut-être mis de côté parce
qu’ils n’étaient plus « à la mode », est une manière d’apaiser notre faim
nerveuse et de conjurer ses faux signaux.

Le devoir est un plat fade


Nous prenons du poids par manque de gratifications. Il est parfois
difficile de déceler les fondements de notre insatisfaction. En apparence,
tout va bien ; les enfants grandissent et notre mariage fonctionne. Pourtant,
l’âme est insatisfaite et cherche une consolation. Quoi qu’elles en disent, les
personnes en surpoids éprouvent généralement un sentiment
d’incomplétude, comme si elles n’étaient pas parvenues à exprimer
pleinement leurs potentialités et s’étaient résignées à ne vivre qu’une seule
facette de leur caractère, celle du devoir.

« Nous devons simplement faire émerger la face cachée de


nous-mêmes. »
Les individus en surpoids sont souvent des perfectionnistes : parents
irréprochables, travailleurs modèles, ils assument une multitude de
responsabilités, négligeant les désirs de l’âme.
Multiplier les obligations favorise la prise de poids. Dans ces
conditions, tout régime, vécu comme un impératif supplémentaire, ne peut
se solder que par un échec.
Dès lors, faut-il changer de vie ? Non, nous devons simplement faire
émerger la face cachée de nous-mêmes, que nous avons oubliée. Faisons-
nous plaisir en achetant un livre qui nous attire, en changeant de coiffure, en
veillant davantage à notre bien-être et moins à nos engagements…
Demandons-nous tous les jours : « Ai-je fait quelque chose pour moi,
quelque chose qui m’a rendu heureux ? » Les petits plaisirs de la vie
suffisent à changer nos journées et notre corps.
Si nous voulons vraiment maigrir, cessons de nous obliger à moins
manger et tâchons d’éliminer les « je dois ».
Chaque fois que nous répétons « je dois me mettre au régime », notre
inconscient se révolte et nous exhorte à manger davantage. Les personnes
en surpoids sont prisonnières de leurs propres chaînes ; elles s’obligent à se
comporter de telle ou telle manière, voulant à tout prix montrer aux autres
qu’elles sont fortes, qu’elles « ont des tripes », pour reprendre les mots
d’Aurélia, 41 ans : « Je m’efforce toujours d’être au top. Je veux contenter
tout le monde, enfants, mari, amis et collègues. Quand j’ai une tâche à
remplir, je m’y consacre entièrement, quitte à y laisser ma santé. Je n’ai
qu’une faiblesse : la nourriture. Pour tout le reste, je suis parfaite. »
Le témoignage d’Aurélia doit nous servir d’avertissement. Notre
cerveau nous pousse à grossir parce qu’il se révolte contre notre mode de
vie et contre la retenue excessive que nous nous imposons. Cette retenue est
notre ennemi, car elle nous empêche de profiter de la vie. Le cerveau réagit
alors en cherchant son plaisir dans la nourriture. Nous négligeons la
passion. Or, comme l’explique la psychanalyste Clarissa Pinkola Estés,
« c’est le fait de jouer et non le fait de bien se tenir qui est le cœur, l’artère
principale de la vie créatrice ».1
Selon l’opinion commune, l’âge adulte doit rimer avec « sérieux ». Les
personnes qui jouent, rient ou plaisantent sont jugées infantiles, alors que le
jeu et la créativité sont les symboles de l’âme vitale.
Sans plaisir, nous devenons dépressifs, nous tombons malades ou nous
prenons du poids : lorsque l’âme ne peut exprimer ses passions, elle les
étouffe dans la graisse.

Le désir de maigrir ne doit pas devenir une


obsession
Être obnubilé par son poids est facteur de stress, frustration et
avilissement : l’attente d’une vie meilleure, qui n’arrivera que lorsqu’on
aura perdu ses kilos superflus, génère plus d’anxiétés que l’on ne croit. Il
faut donc veiller à ce que la perte de poids ne tourne pas à l’obsession.
Les recherches modernes sur le cerveau ont démontré que les personnes
qui ressassent trop ne parviennent pas à maigrir : se sentir gros ne leur est
d’aucun secours, pas plus que leurs bonnes résolutions. Il n’y a rien de plus
délétère que de se dire « demain, je me mets au régime » ou « la semaine
prochaine, j’irai faire du sport ».

« Il faut donc veiller à ce que la perte de poids ne tourne pas à


l’obsession. »

Que faire alors ? Cessez de répéter « je suis gros, je dois maigrir » et ne


pensez plus à votre poids. J’ai vu de nombreux patients mincir
considérablement après qu’ils avaient décidé de ne plus s’inquiéter de leur
surpoids.
Ce fut notamment le cas de Laurence, 38 ans et 15 kg en trop qu’elle
traînait depuis dix ans, suite à la naissance de son deuxième enfant : « J’ai
suivi vos conseils et je me suis dit : “Arrête de répéter sans arrêt que tu es
grosse, que tu dois maigrir. Tu te comportes comme si ton problème de
poids ne te concernait pas.” »
Parallèlement, Laurence a recommencé à s’accorder des petits plaisirs,
même les plus banals : « Le matin, quand j’allais faire les courses,
j’achetais mes fleurs préférées et je respirais lentement leur parfum. Je
reproduisais ce rituel tous les jours. Je portais mes couleurs et parfums
préférés. Chaque fois que la petite voix dans ma tête me criait : “Tu es
grosse, mets-toi au régime”, je l’ignorais et me concentrais sur mon parfum
ou bien j’ouvrais un flacon et le respirais. Au début, les mauvaises pensées
revenaient vite mais, petit à petit, elles ont disparu. »
À partir du moment où elle a cessé de penser à son surpoids, Laurence a
trouvé son équilibre alimentaire naturel : « J’ai perdu mes kilos superflus en
un an sans m’en apercevoir. »
Souvent, nous prenons du poids parce que nous sommes obnubilés par
l’idée de maigrir. Ne plus y penser signifie plonger dans les tréfonds du
cerveau, dans cette mosaïque de parfums, couleurs, images et sons qui
composent notre identité et constituent des ressources inimaginables contre
l’obésité et la fringale.

Le faux mythe de l’effort


« Je veux perdre du poids, je dois maigrir. Je vais me donner à fond, je
dois y arriver. Aujourd’hui, je suis à la diète. » Voici un florilège de phrases
types dont nous nous servons pour nous convaincre que le moment est venu
de maigrir. Ces mots montrent à quel point nous pouvons être nos propres
bourreaux. Ce sont des « camisoles de force », un carcan pour notre âme,
notre nature et notre originalité. Selon Clarissa Pinkola Estés, « trop
domestiquer équivaut à interdire à l’essence de la vie de danser ».2 Perdre
notre spontanéité signifie renoncer à la « danse de l’âme ». C’est elle qui
devrait nous guider et non les comportements adoptés en fonction des
modèles extérieurs.
Les contraintes et les efforts ne mènent à rien, car on ne peut maigrir à
force de corvées, ordres ou obligations.
L’observation de la nature nous invite à réfléchir : « Comment un
simple gland peut-il se transformer en chêne ? » Comment une si petite
graine peut-elle donner vie à un arbre aussi majestueux ? Nous ne saurions
pourtant nier que le gland se transforme en chêne, sans effort et surtout…
sans mot dire. Le gland n’a pas besoin de se forcer : il obéit à sa nature.
Nous prenons du poids non par manque d’énergie ou de volonté, mais
parce que nous ne réalisons pas notre propre plante.
Nous prenons du poids parce que nous avons oublié la nature de notre
essence, et nous nous épuisons en efforts inutiles. Nous nous persuadons
que l’effort est le véritable moteur de notre vie, alors que nos talents sont
présents en nous, naturellement.
Seul ce que nous savons faire spontanément est authentique.
La voix intérieure
Élisabeth m’a avoué ceci : « J’entends parfois une voix me dire :
“Mange, mange !” Je lutte… Mais au final, c’est toujours elle qui l’emporte
et, à chaque fois, cela me déprime. J’ai perdu 10 kg, mais je n’arrive pas à
éliminer les quatre derniers pour atteindre mon poids idéal. »

Que faire lorsque nous entendons cette voix, cette « impulsion » ? Nous
ne devons pas la combattre mais l’accueillir doucement en nous. Le
psychanalyste Aldo Carotenuto souligne : « En répondant à une voix interne
plutôt qu’à un choix standardisé, nous nous détachons pour la première fois
des paramètres du collectif, pour n’obéir qu’à notre voix intérieure. »3
Cette voix ne demande qu’à être entendue. Elle veut briser le modèle de
perfection souvent trop dur et trop rigide que nous nous sommes construit
suivant des normes prédéfinies. Selon la psychanalyste Marion Woodman,
le perfectionnisme est une maladie dont il faut guérir : « Poussés à faire de
notre mieux […] dans tous les recoins de notre vie, nous essayons de nous
transformer en œuvres d’art. Et cet acharnement à atteindre la perfection
nous fait oublier notre caractère humain. »4
J’ai donc demandé à Élisabeth de donner un nom à cette voix. Elle m’a
aussitôt répondu : « Supérette. Parce que je l’entends toujours quand je fais
mes courses. – Non, ai-je répliqué, donnons-lui un prénom féminin ! –
Alors, pourquoi pas Tania ? »
Élisabeth doit se lier d’amitié avec la voix Tania : c’est une partie vitale
de son être, qui ne demande qu’à être aimée et choyée. Il ne faut pas la
maltraiter. Élisabeth est parvenue à perdre 10 kg, mais pour éliminer les
quatre derniers, elle aura besoin de la bienveillance de Tania.
Nous voulons souvent être minces pour ressembler à un modèle que
nous avons en tête. Nous n’hésitons pas à nous soumettre à des efforts
indicibles, à lutter contre notre propre nature pour y parvenir. Tania se
révolte parce qu’elle veut jouer, s’amuser, affirmer sa créativité. Elle ne
recule devant rien pour que l’on s’occupe d’elle et n’hésite pas à nous tenter
au supermarché.
Élisabeth a compris : elle m’a assuré qu’elle accorderait à Tania la
douceur qu’elle lui a toujours refusée et qu’elle cesserait de la malmener. Je
suis certain que, de cette manière, ses kilos rebelles fondront comme neige
au soleil.
De nouveaux horizons
Il nous faut un déclic sur le chemin de notre âme.
François, 64 ans, était obèse depuis vingt-quatre ans. Il s’est un jour
épris d’une femme de vingt ans sa cadette et « l’idée de rajeunir pour elle,
de lui plaire, de redevenir un homme [lui] a servi de déclic. Cela a été le
tournant de [sa] vie ».

« Le véritable antidote aux kilos superflus est de laisser voyager


notre esprit vers de nouveaux horizons. »

Mes collègues, ainsi que les bons nutritionnistes, mesurent l’importance


ô combien décisive du déclic. C’est la base pour redémarrer.
Sylvie, 36 ans, raconte : « En ce qui me concerne, le déclic est arrivé
avec une offre d’emploi que j’aurais habituellement refusée. Cette fois-là,
j’ai accepté. Je me suis jetée à l’eau et, petit à petit, j’ai changé de vie,
d’amis et de collègues. J’ai subitement eu envie d’être mince et j’y suis
parvenue. »
En somme, le véritable antidote aux kilos superflus est de laisser
voyager notre esprit vers de nouveaux horizons.

Ne vous apitoyez plus sur vous-même, demandez


de l’aide
Anna, 38 ans, est venue me parler de l’insatisfaction et du sentiment
d’échec qui l’habitent depuis quatre ou cinq ans : « Je ne comprends pas
d’où ça vient. J’ai tout pour être heureuse : un mari attentionné et des amis
formidables. Pourtant, je me sens toujours insatisfaite. Je me réveille parfois
le cœur lourd, sans savoir pourquoi. »
Depuis qu’elle éprouve ce sentiment de mal-être, Anna a pris 12 kg. Le
jour de notre rencontre, elle employa des mots frappants lorsque je lui
demandai de me donner une définition d’elle-même. (Je demande souvent à
mes patients de se définir en quelques mots, pour savoir ce qu’ils croient
être ou ce qu’ils pensent d’eux-mêmes.)
Anna se considérait comme « une femme forte, volontaire, qui va
jusqu’au bout de ce qu’elle entreprend, sans jamais faiblir ». C’était
également l’image que son mari et ses amis avaient d’elle, ainsi que ses
enfants, qui se reposaient entièrement sur elle. « Eh oui ! Docteur, je suis le
pilier de la famille : quand il y a un problème, je le résous, quoi qu’il
arrive. »
J’ai appris avec le temps que notre manière de vivre en constant
déséquilibre, unilatéralement, met en péril notre psyché. Lorsque nous nous
sentons forts, emplis de certitudes, déterminés, nous risquons de nous
précipiter dans une direction et de gaspiller notre énergie pour satisfaire aux
désirs des autres et à l’image qu’ils ont de nous.
Or l’inconscient déteste se limiter à une seule dimension. Aussi tente-t-
il de nous ébranler par la tristesse, la lassitude, la mélancolie ou l’ennui. En
réalité, il essaie de nous dire : « Attention, tu ne vis qu’une facette de ton
âme… » Si nous ne saisissons pas son message, le mal-être augmente et,
souvent, nous somatisons notre détresse à travers notre rapport à la
nourriture.
« Plus j’essayais de jouer à la femme forte, entière et sûre d’elle, plus je
me sentais triste quand j’étais seule. Et plus je me consolais en
m’empiffrant de gâteaux et de sucreries. J’étais forte devant les autres, mais
j’étais incapable de résister à la nourriture. » Anna a retrouvé la ligne en
changeant d’état d’esprit. Elle a eu un déclic et a commencé à dévoiler aux
autres, mari et enfants inclus, sa fragilité, ses faiblesses, son besoin de
caresses, de douceur et de tendresse.
« Mes amis n’en revenaient pas lorsqu’ils ont constaté que je ne
m’occupais plus de choisir les voyages, cinémas et restaurants. J’ai
commencé à demander des services, à me reposer sur les autres. Je faisais
l’enfant. Après avoir tant donné, j’apprenais enfin à demander. C’était
merveilleux. »
En un an et sans se priver, Anna a perdu ses kilos en trop et a retrouvé
la ligne.

Manger en savourant
Plus de 90 % des aliments que nous consommons sont absorbés
mécaniquement, à la hâte, sans conscience réelle et sans que nous les
savourions vraiment. Les personnes en surpoids ne dégustent pas ce
qu’elles mangent et, au fil du temps, elles habituent leur cerveau à
considérer la nourriture non plus comme un aliment mais comme une façon
de se remplir le ventre, comme un antistress vers lequel se tourner chaque
fois qu’elles se sentent insatisfaites, frustrées ou mécontentes. Pourtant, les
sondages affirment que les individus qui apprennent à savourer leur
nourriture parviennent à perdre du poids sans effort.

« Les individus qui apprennent à savourer leur nourriture


parviennent à perdre du poids sans effort. »

De nombreuses femmes habituées à jongler entre la cuisine, le dîner des


enfants et le service à table ne prennent jamais le temps de savourer leur
repas. Manger devient alors une obligation supplémentaire qui s’ajoute à la
longue liste des tâches quotidiennes. Il en va de même pour les personnes
qui se pressent dans les cafés afin de consommer en toute hâte un petit
déjeuner inconsistant ou une collation expéditive, parfois debout, en parlant
du travail avec des collègues ou le téléphone greffé à l’oreille. Cela pourrait
paraître un indice de frugalité, mais les nutritionnistes considèrent que la
prise de poids dérive souvent de cette manière d’appréhender
l’alimentation.
Manger sans plaisir est un terrible poison pour la psyché et le cerveau.

Mettre sa vie entre parenthèses


Les personnes qui peinent à contrôler leur poids ont souvent tendance à
vivre en suspens. « Je profiterai de la vie, je serai heureux quand… »
« Quand j’aurai réglé mes problèmes de couple… Quand j’aurai un petit
ami… Quand les enfants seront grands… Quand j’aurai changé de
travail… » et ainsi de suite. Ou bien sûr : « Quand j’aurai perdu du poids,
ce sera une autre histoire ! »
Or la vie n’attend pas et nous pouvons – mieux, nous devons ! – profiter
de chaque instant, quelle que soit la situation. Vous êtes en surpoids ? Soit,
mais votre droit au bonheur n’est pas moindre que celui d’une personne
mince. Vous détestez votre travail ? C’est une situation certainement
désagréable, mais elle ne doit pas envahir les autres aspects de votre vie.
Vous disposez de bien d’autres espaces pour vous exprimer.
Ne laissez pas vos problèmes vous submerger, ne vous réduisez pas à
une seule dimension. Toute personnalité possède de multiples facettes :
donnons à chacune la possibilité de s’exprimer.

1- Estés, Clarissa Pinkola (trad. Girod, Marie-France), Femmes qui courent avec les loups,
Paris, Le Livre de Poche, 2001, p. 325.

2- Ibid., p. 324.

3- Carotenuto, Aldo, La chiamata del daimon, Milan, Bompiani, 2007, p. 145.

4- Woodman, Marion (trad. Boissonneault, Solange et Vitale, Geoffrey) Obsédée de la


perfection, Lachine, La pleine lune, 1996, p. 13.
Chapitre 4
Apprendre à s’aimer

Nous commettons l’erreur de nous déprécier, de nous critiquer sans


cesse et d’accorder bien plus de crédit à l’opinion des autres qu’à la nôtre.
Une telle attitude engendre résignation, dépendance, laisser-aller et, par
conséquent, surpoids.

« Efforçons-nous d’abord de comprendre qui nous sommes et


nous saurons spontanément comment prendre soin de nous. »

Tâchons plutôt de nous réconcilier avec notre corps et notre psyché,


apprenons à nous valoriser et à prendre soin de nous. Pour ce faire, nous
devons nous écouter, nous questionner sur ce que nous aimons réellement,
sur nos vrais désirs ; nous devons savoir si nous nous battons pour des
gratifications réelles (dont nous tirons un bénéfice tangible) ou illusoires
(contraires à notre bien-être). En somme, efforçons-nous d’abord de
comprendre qui nous sommes et nous saurons spontanément comment
prendre soin de nous.

S’aimer plus
Nous prenons du poids lorsque nous subissons la vie, lorsque nous ne
trouvons pas notre voie ou n’acceptons pas ce que nous sommes. Nous
prenons du poids parce qu’une sorte de déprime s’insinue en nous. Nous
formulons des pensées telles que : « À quoi bon être belle si personne ne me
regarde ? » Ou encore : « La nourriture est mon seul plaisir. » Nous vivons
dans l’indécision, obnubilés par un idéal de beauté que nous aimerions
atteindre à travers le jugement et le regard d’autrui.
Nous peinons à nous aimer et à croire en nous. Or ce sont des
ingrédients essentiels pour retrouver la ligne.
Prendre soin de soi et ignorer la pression sociale sont les clés pour un
nouveau départ. Nous devons aller de l’avant, sans quitter des yeux notre
objectif. L’historien allemand Leopold von Ranke écrivait : « S’arrêter,
c’est mourir ; courir après les autres, c’est une forme d’esclavage. Se
développer, s’épanouir, suivre son étoile, c’est vivre… »
De fait, les personnes en surpoids sont conformistes à l’extrême. En
apparence, elles se sentent libres et croient pouvoir changer de vie à tout
moment. Mais, en réalité, chaque changement est vécu avec appréhension.
Tout ce qui ne peut être contrôlé, tout ce qui remet en question leurs
certitudes et les éloigne de la norme est perçu comme un grand vide, une
source de découragement et de frustration. Elles se tournent alors vers la
nourriture pour compenser.
Cette faim obsessionnelle et insatiable nous incite à manger de manière
compulsive, si bien que nous nous demandons rarement ce que nous aimons
réellement, quels sont les saveurs, textures et assortiments dont nous
raffolons. Nous négligeons ces détails pourtant essentiels, puisqu’ils sont à
la base de l’instinct alimentaire.

« Apprenons plutôt à nous écouter, à nous focaliser sur ce que


nous ressentons, sur ce que nous désirons maintenant. »

C’est un comportement que nous empruntons à la vie : nous nous


plaignons de nos frustrations sans jamais parvenir à définir nos désirs. Que
voulons-nous vraiment ? Qu’aimons-nous ? Autant de questions refoulées
que nous préférons remplacer par des plaintes. Nous perdons trop souvent
de vue notre bien-être. Pourtant, comme le souligne Marion Woodman :
« Le Moi doit apprendre à poser les questions auxquelles le corps est prêt à
répondre d’une voix claire et nette : “Qu’est-ce que je voudrais faire
exactement ? Qu’est-ce que mon corps veut manger ? Veut-il faire de
l’exercice ? Qu’est-ce qui nourrirait mon esprit plutôt que ma chair ? […]
Est-ce que je veux vivre ? Est-ce que je veux intégrer la vie ?” »1
Ces questions non formulées masquent une approche pessimiste et
défaitiste : « Je n’obtiendrai jamais ce que je veux, ce que j’aime et désire
vraiment… » Les personnes en surpoids affrontent la vie et l’avenir avec
une profonde défiance. Derrière les sourires et un optimisme de façade
apparemment inébranlable, elles développent un sentiment d’échec, la peur
de n’avoir aucune emprise sur leur propre vie, l’intime conviction que « de
toute façon, rien ne changera jamais », pour citer Paul, 42 ans.
C’est un peu comme si nous savions déjà ce que nous réserve l’avenir.
Toutefois, il est inutile de fantasmer sur des lendemains meilleurs, où nos
rêves se réaliseraient enfin. Apprenons plutôt à nous écouter, à nous
focaliser sur ce que nous ressentons, sur ce que nous désirons maintenant.
Nous nous demandons rarement, au cours de la journée : « Qu’est-ce
que j’éprouve en ce moment ? » Tâchons d’être honnêtes avec nous-mêmes.
Lorsque nous sommes tristes, nous devons percevoir notre tristesse, de
même qu’il nous faut ressentir notre insatisfaction, notre colère ou notre
découragement…
Sonder ses états d’âme et en prendre conscience signifie éviter de se
ruer sur la nourriture, de se gratifier en mangeant.

Affirmer son indépendance


Nul ne peut renoncer à son espace vital, à son indépendance, à prendre
des décisions pour soi-même en tenant compte de ses propres exigences.
Pourtant, il nous arrive trop souvent – par affection, habitude, peur du
conflit ou difficulté à nous imposer – de nous laisser envahir par les autres.
Même s’il s’agit de personnes aimées – mari, épouse ou enfants – que nous
avons plaisir à contenter, nous ne devons jamais dépasser une certaine
limite. Il en va de notre santé. Inconsciemment, de nombreuses femmes
prennent du poids pour tenir à distance leur entourage trop envahissant.
Voilà pourquoi la psychanalyste Marie-Louise von Franz suggère de
« fermer sa maison » : « Cela signifie se dégager des contraintes du collectif
et ne plus en être contaminé, extérieurement et intérieurement… »2
Certaines femmes, indépendantes sous de nombreux aspects bien que
toujours à la remorque de leur mari en ce qui concerne les décisions
économiques et familiales, renoncent à exprimer leur point de vue, mais
finissent tôt ou tard par exploser. Pis encore, elles grossissent en silence,
résignées à une vie qui a pris une tournure non souhaitée. Leur frustration
rejaillit sur leur poids et sur leur estime personnelle : elles se considèrent
« laides » et faibles. Elles ont le sentiment d’avoir changé de caractère. Et
c’est souvent le cas. Il est néanmoins parfois nécessaire de toucher le fond
pour mieux rebondir…
Caroline, 35 ans, m’écrit qu’elle a subitement eu envie de mincir après
une énième dispute avec son mari : « J’avais l’impression d’être sous ses
ordres : il avait toujours raison et il n’y avait aucune place pour moi dans
ma propre vie. Bref, j’en avais assez de me faire marcher sur les pieds. »
Sa décision de ne plus subir l’arrogance de son époux l’a amenée à
découvrir une autre femme, cachée en elle, une personnalité refoulée. « Je
savais que si je perdais du poids, je m’émanciperais de mon mari et de son
mauvais caractère. » Caroline s’est trouvé une détermination nouvelle : plus
elle maigrissait, plus elle se sentait belle, et plus affleurait en elle cette force
intérieure qui lui permettait de supporter son quotidien familial. Depuis, sa
vie a changé : trois ans se sont écoulés et elle est toujours aussi mince. Elle
a perdu 15 kg en quelques mois et ne les a plus repris.
Alice, 32 ans, menait quant à elle une vie trop monotone. Métro, boulot,
dodo : « Cher docteur, je me suis souvenue de vos conseils, de vos
invitations à m’en remettre aux images, à fermer les yeux et à me rappeler
ce que j’aimais faire quand j’étais plus jeune. »
Alice s’est revue à 18 ans : mince, gaie, un peu frivole même – elle
changeait de tenue trois fois par jour –, extravertie et entourée d’amis :
« Avec le temps, j’étais devenue maussade : j’avais trop de responsabilités
au travail. Je voulais toujours être parfaite, comme le souhaitaient mes
parents. »
Le souvenir de la jeune fille pleine d’entrain qu’elle avait été lui a
redonné du courage : elle a renoué avec ses anciens amis et a recommencé à
sortir, à voir des gens. « Dans ma tête, changer de vie équivalait à maigrir…
Aujourd’hui, je n’ai aucun regret : je suis mince comme jamais je ne l’avais
été depuis des années. Je suis une autre personne ou, mieux, je suis moi-
même et non plus la fille timorée que j’étais devenue. »

Raviver ses passions


Marie, 40 ans, avait pris du poids après son divorce : 10 kg en l’espace
de quelques mois. Elle avait l’impression que sa vie était finie, que le
monde lui était tombé sur la tête. « Je me consolais en grignotant et en me
plaignant que mon mari m’avait quittée. »
Le déclic est arrivé le jour où elle a rencontré l’un de ses ex-petits amis.
Elle s’est alors rappelée à quel point elle était jolie et courtisée avant de se
marier. « J’ai réalisé que j’avais perdu ma vitalité après mon mariage.
C’était peut-être ma morosité qui avait fait fuir mon mari. J’ai alors décidé
de renouer avec ma passion de jeunesse : le chant… »
Avant son mariage, Marie aimait chanter pour ses amis et avait de
nombreux prétendants. Elle a enfin retrouvé la femme qui sommeillait en
elle, avec tous ses talents. Sa personnalité ne s’était éteinte qu’en
apparence.
Si notre Moi s’estompe, nous avons tendance à prendre du poids. Mais
dès que nous le ranimons, nous retrouvons la ligne sans effort.

Julie, 35 ans, m’a écrit une lettre émouvante sur l’importance de


l’introspection et de la joie de vivre : « Je me suis mise au régime au moins
trente ou quarante fois. Au début tout va bien, je perds 4 ou 5 kg. Mais, très
vite, j’éprouve une sensation de vide. J’arrête alors ma diète et je reprends
aussitôt du poids. »
Julie décrit une situation classique : la sensation d’une grande volonté
au tout début du régime, se transformant peu à peu en un sentiment
d’isolement et d’exclusion lorsque nous constatons qu’au restaurant, les
autres mangent ce qu’ils veulent. L’incompréhension de notre conjoint,
souvent peu sensible au problème, est tout aussi prévisible : « Mes disputes
avec mon mari me servaient de prétexte pour me jeter sur la nourriture, et je
me justifiais en me disant que c’était de sa faute. »
Nous ne grossissons pas à cause des autres ou de nous-mêmes. Nous
prenons du poids parce qu’il nous manque quelque chose, parce que nous
croyons pouvoir renoncer à l’amour dont nous avons besoin… La
nourriture nous permet alors d’occulter ce désir. Comme dans le cas de
Julie. « Je me suis dit : “Ne te mets pas au régime, ne te force pas, contente-
toi de regarder en toi.” Et c’est ce que j’ai fait. Chaque fois que la petite
voix dans ma tête me disait “tu es grosse”, je l’ignorais, j’évacuais les
pensées négatives telles que “tu vois, tu n’arrives pas à maigrir, jamais
personne ne voudra de toi…” et je pensais à une anecdote amusante ou à
une chose qui m’avait rendue heureuse dans le passé. Et puis un jour, je me
suis dit : “N’attends pas d’être mince pour être belle, tu dois l’être à tout
moment.” J’ai alors commencé à m’habiller tous les matins comme si
j’avais rendez-vous avec l’homme de ma vie. »

« Nous prenons du poids parce qu’il nous manque quelque


chose. »

Les observations de Julie sont fondamentales : ce sont nos états d’âme


qui nous poussent – ou non – vers la nourriture. Nos humeurs sont bien plus
cruciales que notre volonté de nous lancer dans un régime, presque toujours
frustrant. « Je ne cherche pas à limiter mon alimentation. Je savoure ce que
je mange et je me fais plaisir avec mon corps : je m’achète de beaux
vêtements, je me maquille… J’ai envie d’être désirée. J’ai réalisé que ces
pensées positives fonctionnaient même quand ma voix intérieure me lançait
ses méchancetés habituelles. Je l’ignorais et me disais : “Ris, amuse-toi,
profite de la vie.” »
Julie a cessé de remettre son plaisir au jour hypothétique où elle serait
devenue mince, une manie typique des personnes en surpoids, qui mettent
leur bonheur entre parenthèses en attendant un avenir « mince », qui ne
viendra jamais. Nous devons être heureux maintenant, avec notre corps
actuel, et non demain.
L’objectif de Julie n’était plus de maigrir mais de profiter de la vie :
pour y parvenir, elle a adopté l’état d’esprit des enfants qui oublient leur
faim lorsqu’ils jouent, tant ils sont pris par leur plaisir.
« Je n’ai eu aucun mal à maigrir. J’avais tellement envie de rire, de
jouer et de séduire que je ne ressentais plus la faim. » Et quel succès ! En un
an, Julie a retrouvé sa silhouette de jeune fille.

Prendre soin de soi consiste à découvrir les identités qui nous habitent
et que nous avions oubliées. Si nous nous bornons à une seule facette de
notre personne, nous prenons du poids.

« Prendre soin de soi consiste à découvrir les identités qui nous


habitent et que nous avions oubliées. »

Aucun être humain ne peut être réduit à un seul rôle : mère, mari ou
enseignant. Nul ne peut se contenter de la seule réalité extérieure, de son
reflet dans le miroir. Les personnes en surpoids veillent à bien huiler les
rouages de leur vie matérielle, à avoir des relations stables, des enfants et un
compagnon heureux, un travail satisfaisant. Elles perdent de vue le monde
invisible, qui aurait pourtant grand besoin de leur attention.
Quand la réalité nous accable, nous engloutit, quand nous avons
l’impression de ne vivre que pour payer notre loyer, travailler et nous offrir
une soirée entre amis, l’âme se révolte, s’engourdit et se gorge de graisse.
Nous prenons du poids parce que nous sommes paralysés, englués dans
le piège des devoirs, responsabilités, modèles extérieurs et fausses
certitudes.
Même si en apparence tout va bien, qu’en est-il de notre joie de vivre ?
Profiter de la vie est la quintessence de l’univers du subtil, ce temple de
la créativité, de la fantaisie, de l’imagination, de l’Éros, des passions, des
désirs et des rêves… Mais l’enchantement nous fait aujourd’hui cruellement
défaut : poésie, mythes, légendes et contes de fées ne font plus partie de ce
monde.
Nous voulons désormais être « concrets »… et il n’est rien de plus
concret que la nourriture. Plus nous pensons de manière concrète, plus
l’âme s’appesantit et s’agrippe au sol. Manger devient l’acte le plus simple,
le plus sûr, omnipotent et aphrodisiaque.
La vie se résume-t-elle donc à cela ? N’y a-t-il rien d’autre ? Et nous
nous empiffrons de plus belle…
Mais ainsi, l’univers du subtil s’éloigne, laissant le champ libre à la
graisse, autrement plus concrète. « Je m’intéresse aux faits, pas aux rêves »,
disait le père d’un patient obèse.

La vie à l’occidentale : le nœud du problème


Quand nous abandonnons nos rêves et nos dieux, quand les Images
s’estompent, la dépression, l’anxiété ou le surpoids ne sont jamais loin.
Notre perception moderne du monde a façonné notre état d’esprit et nous
avons perdu nos symboles. Nous sommes un peu comme les Indiens
d’Amérique dont les divinités ont disparu, l’alcool ayant tout absorbé. Nous
nous « enivrons » de nourriture.

« Notre perception moderne du monde a façonné notre état


d’esprit et nous avons perdu nos symboles. »
Dans les pays industrialisés, les dépenses en matière d’alimentation
n’ont guère d’incidence sur le budget familial. Aux États-Unis, par
exemple, la nourriture est si bon marché que lorsqu’on s’aventure dans le
dédale des grandes surfaces, on en ressort immanquablement les bras
chargés. Comment résister à tous ces produits bariolés et aguicheurs ? Les
personnes en manque de gratifications, tristes, malheureuses, en proie au
vide évoqué plus haut n’ont qu’à tendre la main pour se servir. Elles n’ont
même pas à hésiter puisque de toute façon, les prix sont dérisoires. La
progression de l’obésité aux États-Unis constitue d’ailleurs une véritable
urgence sanitaire. Dans moins de cinquante ans, plus de 50 millions
d’Américains pourraient d’ailleurs souffrir de diabète, une maladie presque
toujours associée au fort surpoids. Le gouvernement de l’Alabama, l’un des
États les plus touchés par ce fléau social, a décidé d’augmenter de
25 dollars par mois l’assurance-maladie des personnes obèses. Dans les
écoles, d’autres États ont mis en place un système d’« amende » sur les
bonbons et les sodas pour tenter de lutter contre la malbouffe. Mais le
problème de l’obésité ne concerne pas uniquement les pays développés. Les
classes les plus aisées des pays en développement se sont empressées de
reproduire le style de vie des sociétés occidentales et ont adopté leurs
habitudes alimentaires. Les boissons gazeuses, riches en sucre et donc
extrêmement néfastes, sont particulièrement prisées. Elles ne sont pas
perçues comme de la « nourriture » par les consommateurs. Pourtant, elles
sont très caloriques et habituent au goût sucré, créant ainsi une véritable
dépendance, de sorte qu’on est amené à le rechercher sans cesse et à ingérer
une quantité énorme de denrées à faible apport nutritionnel. La portée
symbolique prend à nouveau le pas sur la valeur nutritive : le fantasme de
consommer les aliments emblématiques d’un idéal auquel on aspire agit sur
l’imagination… « Je mange et je bois comme un Occidental, donc je suis un
Occidental… » Depuis des millénaires, la nourriture est aussi un symbole
de réussite et de prestige.

La graisse « sacrée » et « maudite »


Les règles de l’alimentation déterminant nos goûts et préférences se
transmettent dès l’enfance et portent la marque de nos conditions sociales et
économiques, ainsi que de nos croyances religieuses. Nous vivons à une
époque « grasse », alors que l’obésité était autrefois l’apanage des classes
nobles et dominantes. Dans de nombreuses cultures, être obèse était un
privilège réservé aux riches.
À la fin de l’Empire romain, les classes politique et nobiliaire avaient
coutume d’organiser de nombreux banquets où l’on s’adonnait à de
véritables orgies de nourriture. Les portraits des XVIIe et XVIIIe siècles
révèlent des silhouettes aux formes opulentes, symboles de l’abondance
mais aussi véritables canons de beauté. Comme l’Europe, ébranlée puis
dévastée par une longue série de vagues révolutionnaires, l’Empire romain
était alors sur le déclin. Or notre société arrive peut-être également à son
terme…

« Le gras était alors un symbole de vie. »

À l’aube de la civilisation, la graisse était un élément sacré, ainsi qu’en


témoignent les statuettes néolithiques de déesses obèses. Elle servait à
protéger le corps contre le froid, à constituer des réserves pour les périodes
de disette et à fournir l’énergie nécessaire à la survie. Le gras était alors un
symbole de vie.
La graisse, d’abord animale puis végétale, permettait aussi d’alimenter
une flamme tenace qui illuminait la nuit et chassait les bêtes féroces. Il
s’agissait d’une « illumination » aux sens physique et spirituel, un emblème
du salut, un bien précieux à offrir aux dieux.
La nourriture jadis si rare, si difficile à se procurer et donc sacrée, est
aujourd’hui disponible en abondance. Dans nos appartements surchauffés
aux cuisines bien fournies, un corps obèse n’est qu’encombrement. Nous
avons l’impression de courir sans cesse, mais en réalité, notre vie est peu
mouvementée et notre alimentation extrêmement calorique favorise le
surpoids.
Le gras est ainsi devenu un fardeau dont nous cherchons à nous libérer.
La culture de la consommation nous a habitués à être sans cesse
sollicités et passivement « gavés » au gré des diktats de la mode et de la
publicité. Comme l’écrit le philosophe et sociologue Edgar Morin : « Nos
activités biologiques les plus élémentaires, le manger, le boire […], sont
étroitement liées à des normes, interdits, valeurs, symboles, mythes, rites,
c’est-à-dire à ce qu’il y a de plus spécifiquement culturel. »3
Ce mécanisme pervers crée et alimente de faux besoins en donnant vie à
une dimension « orale » collective, caractérisée par une effervescence de
désirs toujours renouvelés qui nous éloigne de nos véritables exigences.
Ces clichés nous rassasient en surface mais génèrent un vide existentiel
angoissant. Puisque toute forme d’insécurité ou de mal-être aspire à être
compensée, nous nous rabattons sur l’anesthésiant le plus inoffensif à notre
portée : les aliments. Moins dangereuse que l’alcool, mieux acceptée que le
tabac, moins répréhensible que la drogue, la nourriture est l’ersatz de nos
besoins insatisfaits, que nous ne pourrons jamais assouvir sans nous être au
préalable livrés à une profonde introspection.
Si nous prenons ou avons pris du poids, réfléchissons à ce qui pèche
dans notre style de vie : peut-être réprimons-nous nos émotions, peut-être
sommes-nous en conflit avec nous-mêmes ou avec notre entourage…
Réglons ces questions avant de nous lancer dans un régime, qui ne doit pas
être un banal inventaire de règles mais une manière de rencontrer son Moi,
d’apprendre à se connaître et à aimer son corps.

Affamés… d’émotions
Chaque jour, des millions de Français suivent les idylles des
protagonistes de séries télévisées, pendus aux lèvres de personnages qui
vont et viennent, s’aiment, se quittent, pleurent et désespèrent. Ils se
passionnent pour des émissions de télé-réalité, où les histoires individuelles
prennent des dimensions épiques, et pour des programmes mettant en scène
des parcours initiatiques sur des îles lointaines. Ce phénomène est
parfaitement emblématique de notre époque.

« Nous sommes affamés d’amour, de passion et d’aventure. »

Nous sommes affamés d’amour, de passion et d’aventure. Cependant,


nous avons perdu l’envie et la faculté de les susciter. Nous devrions nous
remettre en question, briser la routine, abandonner nos certitudes, autrement
dit chercher de nouveaux équilibres.
Pourtant, nous préférons épancher notre soif d’émotions de manière
virtuelle, de sorte qu’une fois satisfaits et repus, nous n’avons qu’à éteindre
la télévision pour l’interrompre. Nous n’aimons pas être réellement
« secoués »… Lorsque notre appétit pour la vie est frustré, notre besoin de
manger augmente.
Les émotions dont nous nous enivrons sont artificielles, en écho à notre
alimentation : des plats cuisinés truffés d’arômes qui ne sont qu’une pâle
imitation de leurs textures et saveurs originelles. En somme, nous
alimentons notre corps et notre psyché avec des substances incapables de
nous fournir un plaisir authentique.
La faim insatiable qui nous dévore est une conséquence de notre qualité
de vie, superficielle et dénuée de plaisir. Nous ne savons plus nous nourrir
de ce mets profond et substantiel, de cette réalité enfouie en nous mais que
nous ne voyons plus, car nous nous sommes perdus de vue. Comme le
soulignait Jung : « Nous sommes tellement occupés à faire et à parfaire que
nous avons perdu tout contact avec notre vie intérieure, avec cette vie qui
donne un sens aux symboles et, réciproquement, avec ces symboles qui
donnent un sens à la vie. Jamais auparavant, on n’avait si totalement séparé
la réalité extérieure de la réalité intérieure. »4

Telle est la principale cause de l’épidémie d’obésité : nous n’avons plus


de modèle intérieur, nous sommes dépossédés de nos propres Images, de
notre unicité. Nous sommes semblables aux autres, flottant à la surface,
perdus dans la brume de l’âme… Nous prenons du poids parce que nous
vivons comme sur un plateau de télé-réalité, où chacun parle et agit à la
face du monde. S’il n’y a plus de secrets, il n’y a plus de magie.
En définitive, nous prenons du poids parce que nous avons perdu la
magie…

Retrouver son instinct alimentaire


Dans nos sociétés occidentales modernes, personne ne mange plus par
faim. Au mieux, nous avons de l’appétit, mais ce n’est parfois même pas le
cas. Nous « prévenons » la faim : toutes les deux heures, au plus, nous nous
mettons quelque chose sous la dent.
Nous nous comportons ainsi par impatience, par anxiété et par
incapacité à supporter les temps morts ; nous apaisons une faim « émotive »
et non réelle. Comme l’affirme Marion Woodman : « Dans notre culture, la
nourriture sert de catalyseur à presque toutes les émotions : c’est une façon
positive d’exprimer son amour, sa joie, son acceptation ; ou sous son aspect
négatif, c’est un moyen d’exprimer sa culpabilité et sa peur du rejet, c’est
un instrument de chantage. »5
La prévalence de la faim « émotive » occasionne une grande confusion,
car elle s’accompagne de la perte de l’instinct alimentaire. Nous ne savons
plus comment manger : ce que l’on qualifiait autrefois d’alimentation saine
s’est aujourd’hui transformé en un énième et trompeur « objet de désir ».
Cette ambiguïté est à l’origine de problèmes considérables, comme
l’attestent les troubles du comportement alimentaire tels que la boulimie et
l’anorexie, qui affectent de manière exponentielle les sociétés modernes, et
non plus seulement l’Occident.

« Outre la perte de notre instinct alimentaire, nous ne savons


plus reconnaître la sensation de satiété. »

Outre la perte de notre instinct alimentaire, nous ne savons plus


reconnaître la sensation de satiété, cet indispensable régulateur du poids.
Enfin, nous avons perdu la faculté d’identifier nos goûts, les saveurs que
nous aimons. C’est une conséquence de la nourriture industrialisée, qui tend
à uniformiser les parfums. Tout devient aromatique et sucré. Prenons
l’exemple de la bière, autrefois si amère qu’elle en rebutait plus d’un.
Aujourd’hui, elle a un goût bien plus sucré, fruit d’un choix industriel
destiné à élargir le cercle des consommateurs. De même, pour initier les
plus jeunes à l’alcool, dont le goût résolument « adulte » n’était pas
toujours apprécié, les boissons alcoolisées sont désormais parfumées et
aromatisées aux fruits.
Nous avons perdu la capacité et le plaisir de choisir ce dont nous avons
besoin, et nous nous contentons de ce que nous avons sous la main.
Nous devons recommencer à nous écouter, apprendre à reconnaître la
satiété qui ne se manifeste que lorsque nous faisons des choses que nous
aimons vraiment et qui nous absorbent totalement, à l’instar des enfants qui
ne ressentent pas la faim lorsqu’ils jouent.
Le véritable antidote au surpoids est une âme comblée.

1- Cit. in Schmidt, Karl-Otto, Le Secret du bonheur : comment obtenir ce qu’on désire, Paris,
Astra, 1996.
2- Von Franz, Marie-Louise, Alchimie – Une introduction au symbolisme et à la psychologie, La
Fontaine de Pierre, Ville d’Avray, 2000.

3- Cit. in Poulain, Jean-Pierre, Sociétés de l’alimentation, les mangeurs et l’espace social


alimentaire, Paris.

4- Cit. in Woodman, M, op. cit., p. 26.

5- Ibid., p. 28.
Chapitre 5
Pourquoi vouloir maigrir ?

Un programme d’amincissement ne peut fonctionner que s’il repose


sur des motivations valables. Nous devons avoir à cœur de retrouver la
ligne, sans quoi notre démarche se soldera par un échec. Notre
détermination doit être solide ; vouloir mincir pour faire plaisir à nos
proches ne suffit pas, car nous capitulerions avant d’avoir atteint notre
objectif, faute d’avoir agi pour nous-mêmes. Nous devons avant tout
décrypter les raisons qui nous poussent à vouloir maigrir et les laisser
décanter jusqu’à ce que la vérité jaillisse…

Pour plaire à notre conjoint, être plus attrayant ou mieux accepté…


Pourquoi voulons-nous maigrir ? Quelles sont nos motivations ? Ce n’est
pas une question anodine.
Lorsque nous observons un régime strict pendant une quinzaine de
jours, nous avons généralement la satisfaction de constater une perte de
poids. Nous sommes alors tentés de nous accorder une trêve, bien
compréhensible, avant de nous lancer dans de nouveaux sacrifices. Mais
souvent, au lieu de manger normalement, nous renouons avec nos
mauvaises habitudes alimentaires…
Une étude américaine révèle que plus de 80 % des sujets ayant suivi un
régime strict finissent par reprendre plus de poids qu’ils n’en avaient perdu.
Cet « effet yoyo » peut avoir de graves conséquences et provoquer des
maladies cardio-vasculaires telles que l’infarctus ou l’ictus, sans compter
l’augmentation du risque de diabète.
Paradoxalement, les régimes sont donc mauvais pour la santé et font
grossir !
Mais pourquoi nos mauvaises habitudes reviennent-elles aussi vite,
nous ramenant, au mieux, à la case départ ?

« Paradoxalement, les régimes sont donc mauvais pour la santé


et font grossir ! »

Nous éprouvons manifestement une certaine réticence au changement,


ce qui nous empêche de nous convertir à une alimentation plus saine.
L’image trompeuse que nous avons de nous-mêmes ne reflète pas notre
essence véritable, mais ce que nous sommes devenus à force de compenser
nos insatisfactions, nos frustrations et notre sentiment d’inadéquation, ou à
toujours vouloir contenter nos parents et amis… Comme l’écrit Mario
Bacchiega, expert en histoire des religions : « La nourriture rééquilibre et
apaise le mal-être généré par la faim. Elle pondère les carences affectives,
économiques et sociales ; elle comble les manques d’affection, les solitudes,
les découragements, les peurs… La nourriture est la première planche de
salut. »1
Abandonner les rondeurs qui nous servent de refuge, éliminer la graisse
où s’agglutinent nos émotions refoulées, équivaut à se retrouver nu, à
découvert, sans défense.
Or cette sensation de vide qui nous envahit dès que nous commençons à
perdre du poids est le premier signal avant la sortie de la brume de l’âme.
Mais ce vide nous effraie, il nous insuffle un sentiment de solitude, qui
grandit à mesure que nous nous éloignons de la norme et rejetons les codes
et modèles de la société. Le vide est le prélude à une nouvelle mentalité, à
un nouveau mode de vie placé sous le signe du Moi, cette substance enfouie
en nous qui incarne ce que nous sommes réellement.
Par conséquent, nous ne devons pas mincir pour devenir plus attrayants
et faire pâlir d’envie nos amis. Nous ne devons pas maigrir pour le monde
extérieur, mais pour retrouver la sève de notre âme.
Les motivations sont importantes, voire fondamentales. Aussi étrange
que cela puisse paraître, tout espoir d’amincissement est voué à l’échec s’il
n’est pas guidé par le désir de renouer avec sa vraie nature, avec son
essence véritable. Marine m’a écrit ceci : « L’envie de retrouver mon image
m’a accompagnée dans mon combat contre les kilos. Je voulais redécouvrir
mon visage heureux de jeune fille que j’avais oublié, que je croyais avoir
perdu. Alors qu’il était là. »

Pour qui maigrir… hormis pour soi-même ?


Essayons de reformuler la question de cette manière : « Maigrir, est-ce
notre vœu le plus cher ? » Ne nous précipitons pas, les réponses hâtives sont
sans effet. Gardons le silence un instant, vidons-nous l’esprit et évitons de
penser à notre régime. Nous devons appréhender la question, puis regarder
en nous.
Les personnes qui décident de maigrir croient souvent, à tort, que leur
volonté, leur sens du devoir et leur rigueur leur permettront de tenir leur
engagement.
Cette conviction provoque une sorte de court-circuit. D’un côté, l’esprit,
le rationnel, tente de s’imposer ; mais de l’autre, la pression et les difficultés
de ce combat contre nous-mêmes finissent par nous entraîner dans la
direction opposée. Après un moment de flottement, nous finissons
immanquablement par choisir de ne plus souffrir et nous recommençons à
manger de manière immodérée.
« Pourquoi devrais-je maigrir ? Pour qui ? Mon mariage bat de l’aile, je
n’aime pas mon travail et mes enfants me stressent. Je me défoule sur la
nourriture, c’est mon seul plaisir. Je n’ai jamais éprouvé la joie de vivre
dont vous parlez si souvent. J’ai beaucoup d’amies dans la même situation.
Votre tentative de nous faire lutter contre le surpoids vous fait honneur,
mais nos problèmes sont la cause de nos kilos en trop. Pour maigrir, nous
devrions remettre en question notre vie entière, ce qui est impossible. Alors
autant nous laisser aller. »
Annabelle, 37 ans, semble oublier que les personnes qui parviennent à
retrouver la ligne voient le bonheur jaillir d’elles-mêmes, comme par
enchantement. Toutes déclarent que mincir a changé leur vie, qu’elles ne
sont plus les mêmes, qu’une explosion d’allégresse et d’énergie a fait
éruption dans leur existence. Leurs relations avec leur conjoint, leurs
enfants et leurs collègues s’aplanissent à mesure que les kilos s’envolent.
L’Éros reprend ses droits, leurs journées se remplissent de passions, de joies
et de divertissements.
« Les personnes qui parviennent à retrouver la ligne voient le
bonheur jaillir d’elles-mêmes, comme par enchantement. »

Lorsque nous maigrissons, la lourde chape de plomb qui pèse sur notre
psyché disparaît. Notre lutte intérieure, ce combat perpétuel, ce sentiment
de frustration quotidien qui nous habite, fond avec les kilos superflus. En
somme, qui parvient à maigrir recommence à croire en la vie. Nous ne
devons pas mincir pour quelqu’un ou quelque chose, mais pour recouvrer le
bien-être. Lorsque nous prenons du poids, nous pataugeons dans la brume
de l’âme, et le découragement nous accable. Mais, dès que la minceur
revient, la vie nous sourit à nouveau. Cela en vaut la peine !

Les douceurs n’adoucissent pas les problèmes !


Si nous croyons que nos problèmes relationnels – un mariage raté, un
travail frustrant, le manque d’affection de nos parents – sont insolubles,
nous ne parviendrons jamais à perdre du poids. Savez-vous quels sont nos
produits favoris pour compenser nos échecs ? Des études récentes ont
démontré que les aliments sucrés tiennent lieu de consolation contre les
frustrations affectives. Lorsque nous sentons que nos relations tournent en
rond, nous nous rabattons, dans 70 % des cas, sur les sucreries et, dans
30 % des cas, sur les aliments salés : chips, crackers et amuse-gueule
divers. En outre, plus de 20 % des sujets interrogés avouent abuser des uns
et des autres, alternant sucré et salé tout au long de la journée. Ces
personnes sont naturellement les plus enclines à prendre du poids.
La « maladie » du sucré est souvent un héritage de notre éducation.
Nous avons la manie, encore aujourd’hui, alors que nous sommes pourtant
mieux informés des risques pour la santé, de gâter nos enfants avec des
bonbons, pâtisseries ou autres confiseries. Si les mamans se montrent
désormais plus prudentes, les grand-mères méritent toujours largement leur
surnom de « mamie gâteau ». Les personnes qui, dans leur enfance, ont
toujours été récompensées avec de la nourriture, sucrée notamment, ont
reçu et intériorisé ce message : « Chaque fois que je fais une bonne action,
que je suis triste ou déçu, j’ai le droit de m’empiffrer. » Au fil du temps,
l’affect et la nourriture deviennent interchangeables : un bonbon ou un
chocolat peut se substituer à la tendresse. Ce message est extrêmement
dangereux, et nous devons le gommer, en veillant à ne pas le transmettre à
nos enfants. En effet, 80 % des personnes en surpoids déclarent que la
nourriture leur sert de rempart contre le manque d’amour.

« La “maladie” du sucré est souvent un héritage de notre


éducation. »

Adèle, 41 ans, a parfaitement compris le mécanisme compensatoire de


la nourriture : « J’ai arrêté de penser à mon mari que je n’aime plus, aux
mauvaises notes de mon fils, aux sautes d’humeur de mon chef, et j’ai fait
un vœu, comme me l’avait enseigné ma grand-mère quand j’étais petite :
j’ai éliminé tous les gâteaux de mon alimentation, uniquement les gâteaux,
mais c’était ce que j’aimais le plus. »
Les propos d’Adèle sont révélateurs : plusieurs études ont en effet
souligné à quel point il est indispensable de bannir de son alimentation ses
produits préférés pour réussir à maigrir. Les gâteaux, notamment, créent
l’illusion de pouvoir atténuer les problèmes et contrariétés. Or cela est
faux ! Ils nous habituent seulement à croire que nous pouvons combattre
nos frustrations en nous gavant de sucreries qui nous font grossir. Si l’on
analyse le comportement alimentaire des personnes qui ont perdu du poids,
on constate qu’elles ont toutes éliminé certains aliments de leurs repas,
parfois inconsciemment. Sans le savoir, elles ont fait un vœu, comme
Adèle, qui a brisé la corrélation entre son mal-être et la compensation à
travers la nourriture.
En six mois, Adèle a perdu 15 kg, sans effort et durablement (deux ans
se sont écoulés depuis). Elle a simplement réduit sa consommation de sucre,
et toutes les mauvaises pensées liées à ses problèmes familiaux et à son
travail se sont volatilisées.

Ne laisser aucune place aux regrets


Lorsque nous prenons du poids, nous vivons dans le regret de ce que
nous aurions pu être. Nous voudrions mincir, et nous nous sentons
coupables et frustrés parce que nous n’y parvenons pas.

« Nos rondeurs masquent ce que nous sommes ! »


Pour maigrir, commençons par nous dire que la personne en surpoids
que nous sommes devenue n’est qu’un trompe-l’œil.
Nos rondeurs masquent ce que nous sommes ! Une autre femme, un
autre homme se cache en nous, occulté par ce corps obèse. La graisse
dissimule un être mystérieux, l’autre facette de notre Moi, cette entité
secrète qui demeure enfouie, écrasée par le poids de notre apparence
extérieure. C’est une âme très différente de ce que nous imaginons, et elle
nous réserve des surprises inimaginables.
À l’inverse, notre « personnage » en surpoids est un être résigné, qui
accepte tout et mène une existence monotone, dénuée d’enthousiasmes, de
passions et de folies. Or c’est lui qui nous domine : il nous dit comment
être, à qui ressembler, quelles relations entretenir, quelles personnes
fréquenter ou éviter.
Avant de chercher à mincir, nous devons donc nous dire : « Je veux
découvrir ma face cachée, c’est elle qui vaincra mes kilos. »
Mais par où commencer ? Apprenons tout d’abord à accomplir « des
choses étranges », à écouter notre instinct, même si cela paraît sans rapport
avec notre désir de perdre du poids.
Marie-Laurence, 43 ans, a perdu 13 kg en changeant de prénom :
« Cher docteur, j’ai lu l’un de vos livres sur l’estime de soi et j’ai réalisé
que tant que je m’appellerai Marie-Laurence, je serai en constant conflit
avec moi-même. Je me répétais vingt fois par jour que je devais me mettre
au régime, que je ne m’aimais pas ainsi, mais je ne changeais rien. »
Un jour, en lisant un magazine, Marie-Laurence s’est entichée du
prénom Élisa et a commencé à se prendre pour une autre femme : « Le
matin, j’ai commencé à me réveiller en me disant que j’étais Élisa. Sans
rien dire à personne, j’ai peu à peu changé ma manière de m’habiller et de
penser. J’ai développé des centres d’intérêt que je n’avais jamais eu, comme
la danse du ventre, les livres de voyage ou la musique rock… »
Alors que Marie-Laurence rêvait d’amours romantiques impossibles,
Élisa entretenait des relations plus naturelles, plus concrètes avec les
hommes. « J’ai épaté mon ami un soir où nous avons fait l’amour alors que
je m’imaginais dans la peau d’Élisa. Je n’avais jamais été aussi libérée. »

« Nous ne devons pas maigrir au nom d’une image superficielle


mais pour le bien de notre essence secrète. »
Voici l’une des multiples manières de s’abandonner à une « saine
folie » : se sentir quelqu’un d’autre, changer son identité habituelle signifie
faire tomber les barrières mentales responsables de notre prise de poids.
Comme l’écrit Georges Ivanovitch Gurdjieff : « Une trop grande part de
notre essence, de nos désirs, sentiments et talents profonds ont été invalidés
et faussés au cours du conditionnement destiné à nous conformer au
consensus de ce qui est “normal”. »2
Mais vouloir être normal – autrement dit, comme les autres – contribue
à épaissir la brume de notre âme, même si nous pensons n’être sereins que
lorsque nous imitons nos modèles.
Nous ne devons pas maigrir au nom d’une image superficielle mais
pour le bien de notre essence secrète… Nous goûterons alors un trésor dont
nous ignorions jusqu’à l’existence. Voici un autre exemple significatif de la
manière dont nous pouvons sortir des sentiers battus, en apprenant à faire
des choses nouvelles qui nous arrachent à notre quotidien.
À 37 ans, Susie a découvert les plaisirs de la lingerie osée : « J’ai eu le
déclic en écoutant mes amies parler de lingerie. Sans rien dire à personne,
pas même à mon mari, qui de toute façon n’aurait pas compris, j’ai
commencé à m’en acheter. C’est vite devenu une sorte d’obsession : je
changeais de slip, soutien-gorge et bas résille trois ou quatre fois par jour.
Et petit à petit, absorbée comme je l’étais par le linge excitant que je portais
sous ma robe, je n’ai plus ressenti le besoin de grignoter. »
Susie éprouvait une sensation de satiété et d’excitation intérieure
qu’elle qualifiait de « saine folie ». Elle ne se comportait pas ainsi pour
plaire à un homme, mais pour elle-même : elle transposait le plaisir que lui
procurait la nourriture à un autre niveau, à « cette sensation agréable
[qu’elle] ressentait sur [sa] peau ». En découvrant son jardin secret, Susie
s’est affranchie des règles qu’elle s’imposait depuis toujours et, en
seulement un an, elle a perdu 20 kg. Sa « divine folie » l’a guidée vers un
autre recoin de son âme, dans une dimension intérieure nouvelle. Elle l’a
guérie en jaillissant des eaux sages et profondes de son être. Le surpoids
n’était qu’un signe de rébellion contre le rôle d’épouse irréprochable qu’elle
s’était composé et qui ne lui ressemblait nullement.
Sa « divine folie » a fait voler en éclat le personnage inutile qu’elle était
devenu, et Susie a retrouvé la ligne.
Toute partie du corps est source de plaisir, pas
seulement la bouche et l’estomac
« Après mon mariage, j’ai pris 25 kg en l’espace de quelques années, à
cause, je crois, de l’absence presque totale de relations intimes avec mon
mari. À mesure que le désir sexuel mourait, j’ai commencé à chercher mon
plaisir dans la nourriture. Je regardais d’autres hommes et, autant l’avouer,
je pratiquais parfois l’autoérotisme, ce qui m’a évité d’engloutir tout ce
qu’il y avait dans les placards. »
Ce sont des mots forts, mais l’histoire de Marianne ressemble à celle de
nombreuses femmes sexuellement « en manque » : plus de 80 % des
patients obèses admettent ne pas avoir eu de relations sexuelles depuis des
mois, voire des années, ou vivre une sexualité problématique. Existe-t-il un
lien entre (l’absence) d’Éros et le surpoids ? Assurément. Selon l’écrivain
chilien Isabel Allende : « Le lien entre la nourriture et le plaisir sexuel est la
première chose que l’on apprend à la naissance… De l’allaitement à la
mort, la nourriture et le sexe constituent un appel inexorable. »3
La neurophysiologie fait d’ailleurs état d’une corrélation spécifique,
mais inversement proportionnelle, entre les centres de la faim et du désir.
En d’autres termes, moins on fait l’amour, plus on se rabat sur la nourriture,
le cerveau ayant besoin d’assouvir sa soif de plaisir. S’il est vrai que
l’énergie sexuelle est une force explosive que nous devons vivre et
« assouvir », lorsque nous la refoulons, elle se cabre, s’accumule dans notre
corps, l’encombre et le pollue… De fait, elle l’alourdit.

« Moins on fait l’amour, plus on se rabat sur la nourriture, le


cerveau ayant besoin d’assouvir sa soif de plaisir. »

Mais pourquoi faisons-nous si peu l’amour ? Les raisons invoquées sont


souvent banales : l’absence (ou le déni) de partenaire, la réticence à
rencontrer quelqu’un, les scrupules devant la perspective d’une aventure
sans lendemain, etc. Que faire alors ? Lorsque les rapports sexuels
diminuent, efforçons-nous d’en reconnaître sereinement le manque et
n’excluons pas de vivre notre sexualité différemment et sans culpabilité.
N’oublions jamais que chaque centimètre de notre peau peut se transformer
en une source de plaisir (une caresse, un massage ou un bain peuvent
suffire). L’enfant joue sans crainte avec son corps et éprouve du plaisir.
Mais, une fois adultes, nous croyons ne plus avoir le droit de nous
comporter « comme des bambins »…
Les personnes en surpoids croient tout savoir d’elles-mêmes et se
trompent cruellement, en particulier pour ce qui est de la sphère
sentimentale.
Elles disent avoir manqué d’affection et regrettent de ne pas avoir
connu le « grand » amour.
Nous avons besoin de passion, de tendresse, de mots doux. Souvent,
nous nous en privons en nous barricadant dans notre bulle. Nous croyons
que « la vie est ainsi et que rien ne pourra y changer », et nous nous
réfugions derrière une assurance et un dynamisme de façade. Mais ce
personnage éloigne nos proches qui n’osent plus venir vers nous, car nous
leur semblons trop décidés, froids, brusques. Les personnes en surpoids se
renferment sous une carapace qui empêche leur entourage de leur témoigner
de l’affection.
Commençons à prendre soin de nous-mêmes, à nous accepter et, plus
important encore, à dévoiler aux autres notre besoin d’être aimés, désirés et
sollicités. Révélons notre vrai visage à nos conjoints, amis et parents.
Prendre soin de soi signifie également s’éprendre de soi-même, de ses
désirs et de ses nécessités. Sans obligatoirement devoir changer de vie ou de
mari.

Quand faut-il commencer à maigrir ?


Maintenant… ou jamais
De nombreuses théories s’attachent à définir le moment idéal pour
commencer à mincir. D’aucuns plébiscitent le début du printemps ; d’autres
la phase juste avant l’été, de manière à être en forme pour aller à la plage ;
certains, enfin, estiment que la fraîcheur automnale est la plus favorable à
un régime.
Tous, néanmoins, s’accordent à dire qu’il faut choisir une période
tranquille, sereine au regard de nos multiples impératifs (famille, travail,
etc.). À croire que la concentration et le calme seraient deux prérequis
indispensables pour « compter les calories ».
Ce genre d’approche est une aberration ; pire, c’est le passeport vers
l’obésité.
« Quand doit-on commencer à maigrir ? Tout de suite,
maintenant. »

Si nous pensons qu’une phase est meilleure qu’une autre pour perdre du
poids, nous continuerons à remettre cet objectif à plus tard, à nous mentir, à
prétendre que ce n’est pas le bon moment. Tout prétexte sera bon : chaque
colère, chaque déception offrira une occasion valable pour se rabattre sur la
nourriture et combler le vide… Chaque fois que nous nous sentirons
stressés, nous nous précipiterons sur les sucreries et nous continuerons à
grossir, tout en nous répétant que lorsque nous serons plus tranquilles
(chose qui n’arrivera jamais !), nous pourrons enfin penser à maigrir…
Grossière erreur.
Quand doit-on commencer à maigrir ? Tout de suite, maintenant.
Qu’importe notre style de vie, nos obligations ou ce que nous traversons.
Pour citer Goethe : « Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le.
L’audace renferme en soi génie, pouvoir et magie. »4
Remettre notre projet d’amincissement au mois prochain, à la fin de
telle ou telle activité, ou lorsque nos enfants seront grands signifie instaurer
une relation faussée avec nous-mêmes, car il ne s’agit pas d’un sursis réel
mais d’un refus de prendre une décision.
Cela revient à déplacer la ligne de départ chaque jour un peu plus loin.

1- Bacchiega, Mario, Il pasto sacro, Foggia, Bastoggi, 1982, p. 45.

2- Georges Ivanovitch Gurdjieff, textes recueillis par Bruno de Panafieu, Paris, L’âge d’homme,
coll. “Les dossiers H”, 1992, p. 251.

3- Cit. in Rigotti, Francesca, Gola : la passione dell’ingordigia, Bologne, Il Mulino, 2008,


p. 43.

4- Lepore, V. (sous la direction de), Aforismi sulla felicità, Sienne, Barbera, 2008, p. 69.
Chapitre 6
Comprendre l’impact
des passions
sur le métabolisme

David avait mis au clou ses rêves et passions de jeunesse pour se


consacrer à ses obligations et à sa carrière. La nourriture était devenue pour
lui une consolation, un moyen de combler ses frustrations. Réalisant
soudain à quel point il avait changé, David s’est pris en main et, grâce au
rock, il a retrouvé la ligne et sa vraie nature.
Le médecin Gabriele Guerini Rocco défend, depuis plusieurs années,
une approche différente de l’obésité et du métabolisme : « Le terme
“métabolisme” désigne généralement toutes les transformations
énergétiques qui adviennent au sein de l’organisme. Il est donc synonyme
de changement ou, mieux, de “renouvellement”. […] Le métabolisme
implique un processus continu, perpétuel, qui comprend deux éléments :
l’anabolisme et le catabolisme. L’anabolisme réunit toutes les
transformations grâce auxquelles l’énergie s’accumule ; le catabolisme,
toutes celles où l’énergie est brûlée. Le métabolisme fonctionne comme le
jour et la nuit, l’été et l’hiver, le Yin et le Yang. Nous “prenons” et
“brûlons” des kilos de la même façon. […] Le métabolisme a des
caractéristiques dynamiques et fluctuantes ; il reproduit un principe-clé de
l’existence : l’alternance de deux conditions opposées. Ainsi, lorsqu’une
personne dit : “Mon métabolisme est lent”, cela va bien au-delà de la simple
impasse de la consommation de calories. Il s’agit d’une affirmation plus
vaste, existentielle, où le métabolisme est synonyme d’un mode de vie qui,
en l’occurrence, fonctionne mal et est devenu… statique. De la même
manière, celui qui dit : “Mon métabolisme est bloqué” suggère que sa vie
est paralysée. Le métabolisme doit être perçu comme le reflet de notre
mode de vie. »1
David a 50 ans mais en paraît dix de moins. Mince de constitution, il
s’attire depuis toujours les jalousies de ses amis parce qu’il ne grossit pas,
quoi qu’il mange. Il ne suit aucun régime particulier mais ne fait pas non
plus la fête tous les soirs. Ni hyperactif ni féru de sport, David ne passe pas
pour autant ses journées avachi sur son canapé. Il joue au tennis deux fois
par semaine avec des collègues et, le samedi matin, il va souvent se
promener au parc avec sa femme. Sa passion de jeunesse est sa seule
« transgression » : il joue de la guitare dans un petit groupe de rock. C’est
ce que l’on appelle une « promesse éternelle » : ni lui ni ses amis ne
deviendront jamais célèbres mais, à chaque concert, David empoigne sa
Stratocaster et, le temps d’un soir, il se reprend à rêver de gloire.

« Chacun d’entre nous cultive une passion secrète, qui influe


sur notre état d’esprit. »

Chacun d’entre nous cultive une passion secrète, qui influe sur notre
état d’esprit, notre forma mentis. Si nous la perdons, nous prenons du poids.
Et Gabriele Guerini Rocco d’affirmer : « Qu’est-ce qui influe sur l’équilibre
du métabolisme ou le déstabilise au risque de le détraquer ? On considère
généralement que le métabolisme dépend du fonctionnement de la thyroïde.
Or cette dernière est régulée par l’hypophyse qui est elle-même contrôlée
par l’hypothalamus. […] L’hypothalamus, une glande endocrine située au
cœur du système limbique du cerveau, est très sensible à l’environnement
psychique […], autrement dit à notre état d’esprit. Nous ne pouvons donc
prétendre comprendre le fonctionnement du métabolisme en nous focalisant
sur l’action biochimique. […] Ce serait une lecture partielle et, par
conséquent, erronée. Nous devons analyser notre forma mentis. »2

Une opportunité inattendue


Un jour, David reçoit une offre surprenante. Alors qu’il travaille depuis
dix ans en tant que responsable du marketing au sein d’une petite société où
il se plaît bien, un géant de sa branche lui propose soudain d’occuper la
même fonction pour le triple de son salaire. La chance de sa vie lui est
offerte alors qu’il ne l’attendait plus. Malgré son excitation, bien naturelle
étant donné la situation, David ne parvient pas à chasser une pointe
d’inquiétude. Il exprime ses doutes à sa femme et à sa fille, qui s’exclament
d’une même voix : « Fonce ! Qu’est-ce que tu attends ? » David finit par
accepter la proposition. S’ensuit une période particulièrement intense ; il
tient à laisser les choses en ordre avant de partir. Enfin, un vendredi soir, il
fait ses adieux à ses collègues et se présente le lundi suivant à son nouveau
bureau.
La première semaine, David travaille en moyenne dix heures par jour.
Dès la semaine suivante, il passe à douze. Au bout d’un mois, il décide de
travailler également le samedi pour ne pas accumuler de retard. Il tente
d’ignorer la petite voix dans sa tête qui lui répète sournoisement : « Donne-
toi à fond, sinon tu ne seras jamais à la hauteur ! » Mais il cède peu à peu. Il
annule ses parties de tennis avec ses anciens collègues. Question de
priorités. Il reporte ses promenades avec sa femme au dimanche mais, après
quelques tentatives, il y renonce également, car il a besoin de repos. Au
bureau, David déjeune désormais devant son ordinateur. Le soir, après le
travail, il va boire un verre avec ses nouveaux collègues, afin de fraterniser
un peu et, par crainte de perdre la face, il ne refuse jamais une deuxième ou
une troisième tournée. Il annule ses soirées rock à contrecœur et se console
en se persuadant qu’il s’agissait d’un passe-temps un peu puéril après tout ;
désormais, David joue dans « la cour des grands », il n’a plus de temps à
perdre en lubies et en nostalgies… Ses craintes le poursuivent chez lui, le
soir : il a l’avantage de l’expérience, mais ses jeunes collègues sont mieux
préparés que lui aux nouvelles technologies… David redouble d’efforts. Il
prend l’habitude de relire ses dossiers après dîner et, pour ne pas perdre de
temps le matin, il décide de prendre sa voiture au lieu des transports
publics. Qu’importe puisqu’il se lève tôt, à une heure où il n’y a pas encore
de circulation.

L’entorse au tour de taille


Les jours, les mois passent… et les kilos s’installent. Au début, David
se sent serré au niveau de la taille. Ce n’est pas très grave, se dit-il, il
s’achètera de nouveaux pantalons. Mais lorsqu’il commence à se sentir à
l’étroit dans ses chemises, il décide de monter sur la balance. En un peu
plus d’un an, il a pris une dizaine de kilos. Il préfère toutefois éluder le
problème ; il n’a ni la force ni l’énergie nécessaire pour l’affronter. Et puis,
quand trouverait-il le temps de faire du sport ? Sans compter qu’il lui
faudrait des mois d’entraînement pour se remettre à niveau. Et comment
pourrait-il renoncer aux apéritifs ? Ses collègues le prendraient pour une
girouette : « Il joue au gars sympa pour se faire accepter mais, ensuite, il
nous tourne le dos ! » Voilà ce qu’ils penseraient.
Un jour, David reçoit un appel de Jean, un ancien collègue, qui lui
confie que tout le monde le regrette au bureau : leur nouveau chef est
intraitable, de ceux qui attendent trop d’eux-mêmes et des autres, avec pour
seul effet de stresser tout le monde. « Pas comme toi », conclut Jean. David
est flatté, mais quand il se regarde dans le miroir, il est soudain pris d’un
doute : « Et maintenant… comment suis-je ? » Il se sent mal dans sa peau,
pas seulement à cause de ses kilos en trop, peut-être a-t-il aussi changé
d’état d’esprit… C’est un peu comme si sa tête avait « rétréci ». Il demande
à l’un de ses assistants : « Tu me trouves trop exigeant ? » Gêné, l’autre
hésite. Alors David comprend. Il a vraiment changé. Son premier réflexe,
classique, est de s’efforcer de perdre du poids. Il multiplie les régimes, sans
résultat.
Gabriele Guerini Rocco explique : « Généralement, les personnes qui
souhaitent maigrir veillent à contrôler leur alimentation et à réduire
l’accumulation des graisses. […] En réalité, il s’agit de transformer, comme
le suggéraient jadis les alchimistes, le plomb en or, autrement dit extraire
l’élixir de la matière brute, extirper du gras… la vie. Ce concept peut
paraître obscur, mais si nous observons le monde végétal, nous constatons
que la graine est la partie de la plante la plus riche en graisse. À mesure que
la semence se transforme en plante, sa masse graisseuse diminue. […] Le
processus de germination et de croissance réduit donc de manière drastique
la proportion en lipides. […] Ainsi, cela signifie que si un individu
s’épanouit, se transforme, réalise sa nature, si sa vie a un sens, s’il fait des
choix qui lui ressemblent, s’il s’amuse […], en somme, s’il extrait son
essence de son corps, il maigrit naturellement. »3

« À mesure que la semence se transforme en plante, sa masse


graisseuse diminue. »
À partir du moment où David prend conscience de ce qui lui arrive, son
âme sort de la brume et renoue avec ses passions. Or il n’est pas de
meilleure « thérapie minceur » que celle-ci.

À nous deux !
David ne se borne plus à téléphoner au bistrot du coin pour se faire
livrer des sandwichs ; désormais, il déjeune dehors. Le soir, il quitte son
travail deux heures plus tôt. Surprise, sa femme essaie de comprendre. Il
sourit et lui demande : « Suis-je donc devenu aussi prévisible ? » Les jours
suivants, David poursuit sa reconquête du temps. Il refuse quelques
invitations, laisse sa voiture au garage, reprend le tennis – une fois par
semaine pour commencer – et décide de dédier son samedi à
l’improvisation : excursions, musées, sport. Enfin, un soir, ses yeux se
posent sur sa Stratocaster, oubliée dans un coin depuis une éternité. « À
nous deux », murmure-t-il.
Un an s’écoule. David a retrouvé son poids normal, spontanément, sans
modifier ses habitudes alimentaires. Il a repris sa vie en main. Il lance à sa
femme, en plaisantant : « J’ai retrouvé mon ancienne silhouette, mais j’ai
une nouvelle tête ! »
Comme l’explique Gabriele Guerini Rocco : « Cela en dit long sur la
voie à suivre pour affronter les kilos superflus. […] Il est contre-productif,
du point de vue du métabolisme, de le stimuler sans cesse pour l’accélérer
et brûler davantage, et de manière “artificielle”. En réalité, notre
métabolisme revient spontanément à la normale à mesure que nous
redevenons nous-mêmes, et sans effort… nous maigrissons. »4
Il peut arriver de se laisser engloutir, absorber par son travail et de
croire que la réussite ne s’obtient qu’au prix de multiples sacrifices. C’était
le cas de David, qui a eu tort de considérer sa passion de jeunesse comme
une perte de temps, une entrave à sa carrière, à sa réalisation personnelle,
comme un poids en somme, alors que la musique était au contraire la
« voix » de son âme, son véritable talent. Renier son plaisir l’a amené à
prendre du poids. À l’inverse, il est redevenu mince dès qu’il a renoué avec
lui. N’oubliez jamais cela : travaillez autant que vous le voulez, mais gardez
toujours de la place pour vos passions. Je partage d’ailleurs l’avis de
Gabriele Guerini Rocco qui affirme, au sujet du métabolisme : « Une autre
observation d’importance réside dans l’analogie entre le surpoids et le
processus gravidique. […] De la même manière qu’une graine est “grasse”
parce que sa forte concentration en lipides est indispensable à la genèse de
la plante, un sujet en surpoids s’apprête à… accoucher de lui-même. Ainsi,
à l’instar du ventre de la femme enceinte qui enfle et s’arrondit jusqu’au
moment de la délivrance, le ventre d’un sujet en surpoids enfle et s’arrondit
parce qu’il s’apprête à enfanter d’un nouveau Soi. “Enfanter” de soi est la
seule obligation existentielle pour éviter de déclencher une sorte de
“gestation chronique” et, par conséquent, une situation de surpoids
irrésolue. »5

« Travaillez autant que vous le voulez, mais gardez toujours de


la place pour vos passions. »

Nous puisons d’ailleurs largement dans le vocabulaire de la gestation


lorsqu’il s’agit d’évoquer nos kilos superflus. « Tu as vu mon ventre ? J’ai
l’air enceinte ! » C’est un peu comme si la graisse masquait une grossesse
intérieure, mère de notre unicité, de notre vrai visage, de nos talents et
passions.
Comme ce fut le cas pour David, dès que nous ravivons notre joie de
vivre, maigrir devient automatique.
« Dès lors, une quelconque action de “stimulation” du métabolisme
dans l’idée de maigrir serait dénuée de sens. […] Stimulons-nous le fœtus
pour qu’il se développe plus vite ? “L’importunons-nous” ou le bousculons-
nous durant les neuf mois de gestation pour qu’il soit plus rapide ? Non,
évidemment ! Il n’y a donc aucune raison de se comporter ainsi avec le
métabolisme. […] Donnons-lui les moyens de redémarrer, créons les
conditions et le terrain favorable pour qu’il se remette en marche. Mais
restons-en là ! Stimuler le métabolisme aurait des effets bien plus négatifs
que positifs. »6
Soyons simples, naturels, spontanés et montrons-nous à l’écoute de nos
instincts. Il n’est pas de meilleure thérapie minceur.

1- Guerini Rocco, Gabriele, Il metabolismo dell’Anima, Intervention au congrès « L’arte di


dimagrire », Milan, 7-8 mai 2011.

2- Ibid.
3- Ibid.

4- Ibid.

5- Ibid.

6- Ibid.
Seconde partie
Comment maigrir
en changeant
de style de vie
Chapitre 7
Prendre soin de soi

Nous avons tort de croire que nous prenons du poids par paresse ou
par manque de volonté. En réalité, nous nous montrons souvent trop
disponibles pour notre entourage – enfants, conjoints, collègues et amis.
Non contents d’ingérer de la nourriture, nous absorbons également leurs
problèmes, besoins et angoisses. Le métabolisme de l’alimentation fait écho
au métabolisme de nos émotions, sentiments et relations… Le biologiste et
nutritionniste Giovanni Moscarella écrit ceci : « La véritable maladie de
l’être humain est l’aliénation de soi… L’aliénation de soi se manifeste de
différentes façons : à travers la tendance à ne pas valoriser ses
caractéristiques psychologiques, à se plier à la désirabilité sociale,
autrement dit à adopter des attitudes, à afficher des comportements, des
choix, à consommer et à se composer une image en conformité avec ce que
nous croyons que la société attend de nous. »1
À force d’absorber les besoins des autres et de nous adapter, nous
finissons par ralentir le métabolisme de notre esprit, ce qui a des
répercussions immédiates sur notre corps et notre rapport à la nourriture.
Nous devons apprendre à dire non, à devenir plus égoïstes, à nous défaire
de notre sentiment de culpabilité.

« Nous devons apprendre à dire non, à devenir plus égoïstes, à


nous défaire de notre sentiment de culpabilité. »
Comme Laure, 36 ans, nous devons nous efforcer de repérer, parmi
toutes les choses que nous accomplissons chaque jour, celles qui ne nous
intéressent pas. Nous ne parviendrons jamais à toutes les éliminer, mais
nous pouvons probablement nous libérer de certaines d’entre elles. Voici ce
qu’a fait Laure : « J’ai suivi votre conseil, j’ai commencé à refuser que mon
mari invite ses amis à la maison toutes les semaines pour jouer aux cartes.
J’ai dit non au repas du dimanche chez ma belle-mère et j’ai arrêté de jouer
les mères poules avec mes enfants, j’ai cessé de les protéger de tout et de
rien. »
Laure a ensuite eu une excellente idée : « Je m’oblige tous les jours à
faire au moins trois choses dont j’ai vraiment envie. »
Au début, c’était difficile, mais petit à petit, Laure a appris à prendre du
temps pour elle, en s’inscrivant à un cours de jardinage, puis en décidant de
ne fréquenter que les amies avec lesquelles elle se sentait à l’aise, évitant
les « pleurnicheuses » qui ne faisaient qu’exacerber ses frustrations. Elle a
obligé son mari à sortir au moins un soir par semaine, ne serait-ce que pour
une promenade. Au début, ses proches s’étonnaient. Mais Laure ne faisait
que prendre soin d’elle-même. Curieusement, ce changement de style de vie
lui a permis de perdre 10 kg. Même son mari a fini par renoncer aux chips
et autres « cochonneries » qu’il avait l’habitude de grignoter devant la
télévision.
Nous sommes trop absorbés par les besoins de notre entourage, et nous
croyons ne pas pouvoir y échapper. Or rien n’est plus faux, et Laure l’a
découvert en apprenant à refuser certaines pratiques qui lui pesaient. Nous
pouvons l’imiter. Dire non lorsque nous en avons l’intime conviction
stimule l’esprit et le métabolisme corporel. Et nous cesserons enfin de
croire que nous manquons de volonté.

Renoncer à ses objectifs


« Ce sera peut-être difficile, mais en me forçant un peu, je finirai bien
par me débarrasser de mes kilos en trop qui m’angoissent, et j’aurai une
ligne parfaite. » Ce genre de raisonnement ne mène à rien…
En revanche, on constate un phénomène récurrent chez les personnes
qui ont maigri : toutes déclarent avoir appris à se sentir mieux dans leur
peau. C’est à mon sens la seule solution valable.
Le rabbin Nilton Bonder affirme ceci : « C’est uniquement grâce à
l’épanouissement intérieur que nous apprendrons à réduire notre
consommation de nourriture et à trouver notre équilibre alimentaire. »2
Ne pas se fixer d’objectif change réellement la vie… À l’inverse, être
obnubilé par un projet, par un programme à mettre en œuvre, l’empoisonne.
Si nous nous focalisons sur notre poids, nous ne nous accepterons pas tant
que nous n’aurons pas atteint notre but.
Nous devons apprendre à ignorer nos mauvaises pensées et à nous
répéter, lorsqu’elles surgissent : « Je suis un être bien plus profond, bien
plus secret que ce Moi auquel je m’identifie actuellement ; ma vie ne se
résume pas à ma volonté de perdre du poids. »
Gaëlle, 35 ans, a réalisé son rêve d’atteindre la taille 42 – elle portait du
50 – lorsqu’elle a décidé de ne plus écouter la petite voix dans sa tête qui lui
soufflait : « Tu ne ressembles à rien, mets-toi au régime. » Elle a compris
qu’en cessant de nourrir des projets, qu’en renonçant à vouloir mincir à tout
prix, elle se sentirait mieux dans sa peau.
« Au début, j’étais persuadée que si je ne me forçais pas à maigrir, que
si j’arrêtais de m’angoisser à cause de mon poids, je grossirais encore plus.
En réalité, je me suis simplement sentie libérée. » En cessant de se torturer
à coups de régimes et de sport, de restrictions et de « punitions », Gaëlle a
réalisé que sa faim nerveuse, qui l’incitait à s’empiffrer alors qu’elle
s’efforçait justement de ne pas manger, disparaissait.
Notre cerveau n’a pas besoin d’être « dompté », contraint à moins
manger ; il doit seulement découvrir que notre corps recèle des ressources
et des talents qu’il est préférable de laisser agir à leur guise. Personne ne
doit avoir la sensation de n’être qu’une bouche, qu’un estomac incapable de
résister à la nourriture.

« Nous devons apprendre à ignorer nos mauvaises pensées. »

La paix intérieure, la patience et l’écoute de soi, mais aussi la faculté


d’abandonner tout projet d’amélioration mobilisent les ressources les plus
puissantes de notre cerveau et provoquent une perte de poids spontanée.
Ainsi, chaque fois que nous nous mettons en tête de perdre par exemple
10 kg en trois mois, nous devrions renoncer à ce projet et nous efforcer de
nous distraire. Nos ressources intérieures jaillissent du vide qui nous
envahit et font émerger notre véritable personnalité, dont les centres
d’intérêt ne se limitent pas aux plaisirs de la table, même si l’obsession de
maigrir nous a en quelque sorte anesthésiés.

Mincir signifie poser son regard sur soi


Nous croyons savoir qui nous sommes, quel est notre destin, ce qui est
bon et mauvais pour nous. Les personnes en surpoids imaginent tout
connaître d’elles-mêmes, elles croient comprendre comment fonctionne leur
psyché, elles pensent être en mesure de déterminer ce qu’elles veulent et ce
dont elles ont besoin. Pourtant, un « être secret » se cache en nous et tisse la
toile de notre âme. Il est l’artisan de notre bien-être et de notre santé, il est
le véritable protagoniste de notre existence.

« Pourtant, un “être secret” se cache en nous. »

Nous croyons pouvoir exister sans lui, mais nous nous trompons
terriblement. Essayons d’oublier qui nous sommes et imaginons être une
autre personne. Fermons les yeux et laissons-nous submerger par cet « ami
intérieur » qui vit en nous. Efforçons-nous de photographier cette image,
elle nous accompagnera tout au long de notre voyage. Le philosophe
Richard Bach écrit ceci : « Si tu veux t’exercer à être fictif quelque temps,
tu comprendras que des personnages fictifs sont parfois plus réels que les
gens possédant des corps et des cœurs battants. »3
Grâce à la présence de notre « compagnon invisible », notre existence
acquiert de la profondeur, et nous prenons conscience d’avoir une finalité,
une mission précise et secrète.
Quoi que nous fassions, nous devons nous concentrer sur cette image,
sur ce personnage que nous avons découvert en nous. C’est pour cette
identité intérieure que nous devons maigrir. L’idée d’un changement
corporel, d’une refonte totale au nom de cet habitant de notre intimité doit
se former en nous. Mincir signifie porter son regard sur soi, en soi.
Pour contenter notre entourage, nous nous « emplissons » d’actions
inutiles, dont nous n’avons que faire, et nous appesantissons ainsi notre
corps. Or la grandeur véritable consiste à enfanter de soi, de cet être
mystérieux qui nous habite et ne ressemble à aucun autre. Friedrich
Nietzsche écrivait : « Chacun porte en soi une unicité productive qui est la
quintessence de son être et, s’il prend conscience de cette unicité, la
splendeur de l’insolite flotte alors autour de lui. »4
Selon de nombreux chercheurs, la rêverie joue un rôle fondamental
dans la lutte contre le surpoids. Imaginer être quelqu’un d’autre, une
personne différente de celle qui travaille et subit la routine du quotidien
signifie explorer d’autres contrées, hors des schémas mentaux traditionnels.
Comment activer en nous cette présence inconnue ? C’est simple :
chaque fois que nous mangeons, nous devons penser à cette image. Notre
alliée secrète sera notre force.
Aurore, 38 ans, a perdu 15 kg en pensant à son « amie intérieure » –
qu’elle a baptisée Léa – qui l’aide à choisir ses menus et la conseille dans
ses moments de colère, de tristesse ou d’ennui. Aurore a changé
d’alimentation spontanément, grâce à Léa qui lui indiquait à chaque fois ce
qui lui convenait le mieux. Les résultats ne se sont pas fait attendre.
Marion, 37 ans, est aussi parvenue à maigrir. « Je me regardais dans le
miroir et pensais : “C’est vraiment moi… cette fille avec ses quinze kilos de
trop ?” Marion a cessé d’être obnubilée par son régime et a commencé à se
répéter : « Une autre femme vit en moi, je dois la rendre heureuse… » Tous
les matins, elle se demandait : « Aimes-tu cette robe ? » Au début, elle ne
recevait aucune réponse mais, progressivement, elle a redécouvert le plaisir
de faire des choses qui sortaient de l’ordinaire.
« Mon identité intérieure m’informait de son bien-être lorsque je faisais
des choses nouvelles, telles que m’acheter des vêtements, manger des fruits,
faire de longues marches ou encore aller au cinéma toute seule voir les
films dont j’avais envie sans être obligée de me plier aux goûts de mon
mari. » Marion s’était créé un espace résolument secret en instaurant une
relation intime avec son « identité intérieure ». « C’est cette folie, cette
excentricité qui m’a ramenée à la vie. Si une chose me déplaît ou ne me
convainc pas, je ne la fais pas, car ma personnalité secrète me le déconseille
en m’insufflant une sensation de mal-être. »

Voici à présent le témoignage de Florence : « J’ai un bon caractère, je


m’entends avec tout le monde, aussi bien avec mon mari qu’avec mes
enfants et mes amis. Tout va bien dans ma vie, excepté mon poids. En
réalité, continue Florence, tout va bien autour de moi, mais je ne suis pas
heureuse. Par moments, je me sens même infiniment triste. »
Notre « personnalité secrète » nous transmet cette tristesse non pas pour
nous punir mais pour annuler nos identités extérieures, nos paramètres
habituels, autrement dit pour nous faire retrouver notre véritable nature, ce
que nous sommes au plus profond de notre être.

« Nous en remettre à l’obscurité est une manière de stimuler


notre personnalité mystérieuse. »

Hélas, chère Florence, tout n’est pas aussi rose que vous le croyez. Vous
devriez voir les choses autrement. Cherchez la « personnalité enfouie » en
vous, qui est insatisfaite et compense avec la nourriture pour se donner du
plaisir, pour retrouver l’envie de vivre que vous avez perdue. Cherchez-la
en imitant par exemple Fanny, 37 ans : « J’avais 15 kg à perdre. J’ai suivi
vos conseils : j’ai fermé les yeux et je me suis abandonnée à l’obscurité qui
habite chacun d’entre nous. Je me disais : “Ô nuit, je veux maigrir mais je
n’y arrive pas. Alors, aide-moi.” Petit à petit, je me suis sentie libérée,
soulagée. Mes mauvaises pensées et mon problème de poids ont disparu en
même temps. Aujourd’hui, je suis en harmonie avec moi-même et je me
sens sublime : j’ai recommencé à aimer mon corps. »
Sans le savoir, Fanny a accompli un rituel très ancien : nous en remettre
à l’obscurité est une manière de stimuler notre personnalité mystérieuse.
L’obscurité saura résoudre nos problèmes de poids bien mieux que nos
efforts.

La faim n’est pas votre ennemie : ne la combattez


plus, suivez-la
Depuis toujours, Cécile, l’une de mes patientes, court après un certain
idéal de perfection. Enfant modèle – elle était la plus responsable de ses
sœurs –, première de la classe, puis épouse parfaite et mère irréprochable,
tout au long de sa vie, sa maîtrise de soi lui a permis de mettre en place
l’organisation nécessaire pour atteindre ses objectifs. Seul un détail lui
échappe : son rapport à la nourriture. Sur ce plan, l’anarchie règne et les
kilos se sont inexorablement accumulés au fil des années, à tel point qu’elle
peine aujourd’hui à se reconnaître lorsqu’elle se regarde dans la glace.
Cécile est également persuadée que le secret du bonheur consiste à se
plier à un certain stéréotype de perfection ; cette conviction l’amène à
vouloir ressembler à des modèles illusoires, qui l’éloignent de la vie
concrète. Plus grave encore, cette attitude la fragilise car, ne pouvant
atteindre son idéal, chaque action la livre en pâture aux doutes, aux regrets
de ne pas avoir pris la meilleure décision.
Or son corps sait que le modèle qu’elle tente de calquer avec une
détermination inébranlable ne lui correspond pas. Pire, il est devenu une
prison. En réveillant une faim atavique, son corps s’efforce de l’éloigner de
ses idéaux et de la ramener en contact avec la terre, dans le monde concret.
Cette impulsion que Cécile combat et s’efforce de dompter est en fait la
voie à suivre. La faim n’est pas une ennemie, mais un instinct qui renaît.
Je lui conseille alors de donner libre cours à ses pulsions et à la
spontanéité, afin que puissent s’exprimer toutes les facettes d’elle-même.
En effet, tant qu’elles seront refoulées, ces dernières continueront de se
dévoyer dans l’exutoire de la suralimentation. Je l’invite à identifier, parmi
ses centres d’intérêt et ses désirs, une chose qui lui réussit spontanément et
lui procure du plaisir. Telle est la clé de mon régime amincissant. Nilton
Bonder affirme ceci : « Un bon régime, pour en être un, doit commencer par
la réalisation de notre potentiel de vie, à tout moment. »5
Déroutée, elle me dévisage : « Mais je n’ai pas le temps ! Et puis, je
n’ai aucune envie d’apprendre à danser – pour danser avec qui, en plus, car
ce n’est pas mon mari qui m’accompagnerait ! –, ni d’aller voir des
expositions ou de faire du sport… Je déteste le jardinage et je ne lis
pratiquement jamais. Je ne suis pas douée pour les travaux manuels, j’ai
horreur du bricolage et je me verrais mal me mettre à la broderie. Je n’ai
aucune idée de ce que je pourrais faire. »
Je lui propose de ne plus y penser et de consacrer, au moins deux fois
par jour, un quart d’heure ou une demi-heure de son temps à la promenade –
n’importe où pourvu qu’il s’agisse d’un endroit agréable – et de laisser ses
pensées vagabonder sans chercher à les retenir ou à les refouler. Je lui
donne rendez-vous non pas la semaine suivante, mais quinze jours plus tard.
Cécile se présente alors à mon cabinet avec le sourire : « Je me suis
souvenue que lorsque j’étais petite, ma tante m’offrait souvent des bijoux
sans valeur qu’elle collectionnait et dont elle décidait pour quelque raison
de se séparer. J’adorais leur éclat. Pour moi, c’étaient de véritables trésors et
je les portais quand je jouais à m’habiller en femme avec mes amies. C’était
merveilleux. Dimanche, je suis allée au marché des antiquaires et j’ai trouvé
de nombreux bijoux. Je me suis complètement “oubliée” à les regarder. J’ai
décidé d’en faire la collection. »
Cécile, qui passait son temps à programmer, mettre en ordre et
contrôler, s’est enfin laissée aller. Elle s’est créée un jardin secret qu’elle
s’est mis à cultiver sans autre but que de se faire plaisir. Ce fut son premier
pas vers un changement radical. Elle a perdu 20 kg et a retrouvé son poids
normal en l’espace de six mois, sans réaliser qu’elle mangeait beaucoup
moins.

Se libérer des habitudes, des convictions et des


préjugés
Une chose est sûre, les habitudes sont les pires ennemis de la ligne, au
même titre que les préjugés et les fausses certitudes. D’après une étude
récente, les personnes en surpoids commettent une erreur fondamentale :
elles sont convaincues de ne pas pouvoir changer de style de vie, affirment
ne pas avoir le temps de faire de l’exercice et ont une alimentation peu
variée.

« Les habitudes sont les pires ennemis de la ligne, au même


titre que les préjugés et les fausses certitudes. »

Nous sommes tous persuadés que changer d’habitudes alimentaires est


extrêmement difficile. Nous consommons de moins en moins de fruits et
légumes, qui constituent pourtant de puissants antidotes naturels contre le
surpoids, le cholestérol et l’accumulation de triglycérides. Ils sont en outre
les adversaires farouches des radicaux libres à l’origine du vieillissement
cellulaire. Fait révélateur et particulièrement préoccupant, dans le sud de
l’Europe, la consommation annuelle de fruits et légumes par famille a
diminué de 43 kg. Nous achetons de plus en plus de plats cuisinés et nous
prenons l’habitude de manger trop vite, sans plaisir. Lorsque nous échouons
à changer nos habitudes alimentaires, nous nous imposons des régimes
stricts ou des jeûnes, dans le but – désastreux – de perdre du poids
rapidement.
70 % des personnes qui sautent certains repas compensent avec des
snacks à haute teneur en calories – chips, gâteaux, friandises – qu’elles
engloutissent dans la conviction parfaitement infondée de calmer leur faim
en n’ingérant qu’une faible quantité de calories. Or s’alimenter ainsi,
précipitamment et de manière répétitive, génère une insatisfaction
chronique, du stress, un mal-être et un sentiment d’échec qui incitent
inévitablement à manger davantage et à glisser progressivement vers
l’obésité.
« L’alimentation, souligne le sociologue Claude Fischler, est le domaine
de l’appétit et du désir gratifiés, du plaisir, mais aussi de la méfiance, de
l’incertitude, de l’anxiété. »6

« Pour maigrir, nous devons renoncer à nos certitudes et nous


rappeler que nous devons avant tout nous sentir bien dans notre
peau, sereins et joyeux. »

Pour maigrir, nous devons renoncer à nos certitudes et nous rappeler


que nous devons avant tout nous sentir bien dans notre peau, sereins et
joyeux. La nourriture doit être un hymne à la joie et non une lutte contre
soi. Changer d’alimentation signifie changer d’état d’esprit et vaincre ce
sentiment d’inéluctabilité et d’échec chronique qui accable les personnes en
surpoids.

Oublier ses problèmes pour se concentrer sur ce


qui fonctionne
Une étude finlandaise réalisée sur 9 000 personnes révèle que les
optimistes consomment plus de fruits, de légumes et de produits peu
caloriques que les pessimistes, qui raffolent d’aliments gras et sucrés,
comme s’ils ne trouvaient leur plaisir qu’à travers des saveurs fortes. En
outre, une recherche menée par des nutritionnistes américains auprès de
20 000 individus a démontré que les personnes qui ont une approche
positive de la vie parviennent plus facilement à mincir.
Ainsi, compter les calories et se soumettre à des régimes stressants n’est
d’aucune utilité. Il faut apprendre à aborder la vie autrement.
Le matin au réveil, nous devons nous dire : « Je ne dois pas changer de
vie mais me faire plaisir. » Pour ce faire, ignorons ce qui nous pose
problème et concentrons-nous sur les aspects positifs de notre existence.
C’est d’ailleurs ce qu’affirme Deborah Pavanello, professeur de sciences de
la nutrition : « Intervenir sur nos habitudes signifie également endosser la
responsabilité de notre santé psychophysique et adopter un nouveau mode
de pensée, où nous n’attendons plus que la solution à nos problèmes nous
arrive de l’extérieur, mais où nous savons nous écouter et comprendre quel
est notre besoin primaire réel. »7
Anna, 37 ans, m’a raconté que, suivant mes conseils, elle s’est demandé
ce qu’elle aimait faire lorsqu’elle était plus jeune. Elle s’est souvenue
qu’elle adorait lire des romans policiers. Le soir, en rentrant chez elle, au
lieu de s’abrutir devant la télévision ou de se morfondre en pensant à son
travail, elle a recommencé à lire. Elle possède maintenant une belle
collection de livres, et sa passion a ravivé d’autres plaisirs anciens. Ainsi,
elle a perdu 15 kg en s’adonnant simplement à ce qu’elle aimait.
Nos plaisirs et passions doivent devenir notre souci quotidien et, tous
les soirs avant de dormir, nous devons nous soumettre à l’examen de
conscience suivant : « Combien de fois me suis-je abandonné à une passion
aujourd’hui ? » Nous devons ensuite nous promettre de multiplier ces
moments dès le lendemain.

« Nos plaisirs et passions doivent devenir notre souci


quotidien. »

S’offrir des doses de plaisir – même infimes – durant la journée, à


travers les gratifications les plus banales, est un puissant antidote contre le
surpoids.

1- Moscarella, Giovanni, Dieta bio-sofica : nutrire il proprio animo e il proprio corpo, Rome,
Mediterranee, 2010, p. 302.

2- Bonder, Nilton, La teoria della felicità gastronomica, Milan, Sperling & Kupfer, 2000, p. 97.

3- Bach, Richard (trad. Casaril, Cyril), Le Messie récalcitrant, Paris, Flammarion, 1993.

4- Cit. in Schmidt, K.-O., op. cit., p. 209.


5- Bonder, N., op. cit., p. 60.

6- Di Renzo, Ernesto (sous la direction de), Strategie del cibo : simboli, saperi, pratiche, Rome,
Bulzoni, 2005, p. 44.

7- Pavanello, Deborah, Cibo per l’anima : il significato delle prescrizioni alimentari nelle
grandi religioni, Rome, Mediterranee, 2005, p. 172.
Chapitre 8
Stimuler son métabolisme

Nous aspirons tous à un style de vie décontracté, serein. Nous avons


tort, car le délassement est souvent à l’origine de la prise de poids. Le
stress, l’adrénaline et les imprévus sont autant de carburants pour le
métabolisme : ils le stimulent et l’incitent à maigrir.
Vous menez une vie trop rangée, trop routinière, sans surprise ? Vous
savez dès le matin comment se déroulera votre journée ? Ce sont les causes
du ralentissement de votre métabolisme, de votre faim nerveuse et de vos
frustrations. Vous vous ennuyez ? Votre sens du devoir passe avant tout ?
Vous prendrez du poids, c’est une certitude.
Des recherches récentes révèlent que ces facteurs – ordre, routine, ennui
– sont l’indice d’une situation propice à la prise de poids.
Anne-Julie, 39 ans, me confie : « Tout va bien dans ma vie, tout roule
comme sur des roulettes. Et pourtant, je me sens insatisfaite. » Aussi
surprenant que cela puisse paraître, l’insatisfaction est l’une des causes
principales du surpoids. Nous sommes persuadés qu’une fois résolues nos
difficultés matérielles (maison, travail) et stabilisées nos relations (mariage,
enfants), nous serons sauvés.
Nous rêvons tous, comme Anne-Julie, de mener une vie tranquille, sans
imprévus ni problèmes. Nous ignorons que le chaos, le désordre et le stress
peuvent se révéler de véritables moteurs pour le métabolisme. Au lieu de
rêver d’une vie linéaire, nous devrions aspirer à des journées palpitantes,
chargées d’adrénaline, de rebondissements, de nouveautés, d’excitation ;
ainsi, nous pourrons maigrir.
Il n’y a pas plus délétère qu’une vie plate, où tout tourne rond, où
chaque chose est à sa place, sauf nous… qui nous sentons insatisfaits.
Anne-Julie a pris du poids après avoir reçu une promotion : elle avait
atteint « la tranquillité économique et la sécurité affective ». Comme il
arrive souvent après le mariage, elle s’est sentie « repue » et s’est peu à peu
laissée aller. Cette sensation de « ventre plein » nous submerge à notre insu
lorsque nous avons atteint nos objectifs.
Comment Anne-Julie est-elle parvenue à maigrir ? Un jour, son mari a
oublié son portable dans leur chambre. Anne-Julie a remarqué qu’il
téléphonait souvent à une amie mariée qu’ils fréquentaient le samedi soir
avec d’autres connaissances. C’est alors qu’elle a compris. « J’ai vécu
l’enfer, je ne lui faisais plus confiance, le monde m’était tombé sur la tête. »
Sa sérénité s’est évanouie subitement, et sa faim s’est envolée. En trois
mois, elle a perdu les 8 kg qu’elle avait accumulés en cinq ans. « Je me suis
aperçue que les hommes recommençaient à me regarder. Cela faisait
longtemps que je ne m’étais pas sentie désirable. »

« Le féminin a besoin d’une vie pleine, intense ; dans l’ennui et


la routine, il s’éteint. »

Souvent, la quiétude émousse la féminité et provoque une prise de


poids. Pour se réaliser, le féminin a besoin d’une vie pleine, intense ; dans
l’ennui et la routine, il s’éteint.
Parfois, les souffrances, les mauvaises nouvelles, les épreuves, les
tromperies, en somme, les blessures de l’âme, nous donnent un coup de
fouet et, simultanément, notre métabolisme se remet en marche.
C’est ce qui est arrivé à Anne-Julie et à de nombreuses autres femmes
qui ont vu leur vie basculer. Anne-Julie n’aurait pas dû ignorer son
insatisfaction ni se fier au fait qu’en apparence, tout allait bien.
Si, alors que notre vie suit son cours, nous nous sentons tout de même
insatisfaits, nous ferions bien de nous inquiéter, car une mauvaise surprise
nous guette peut-être. Anne-Julie a su réagir, sa douleur l’a aidée à se
retrouver, l’invitant à croire en elle-même et en la vie plutôt qu’à s’en
remettre à son mari et aux opinions des autres.
Comme écrivait Jung : « La prise de contact consciente de son espace
intérieur, de soi, commence généralement par une lacération de la
personnalité, avec toute la souffrance qui en découle. »1
Il faut tenir compte de cette réalité. L’écoute de soi est à la base de tout
changement, et nous devons apprendre à ne compter que sur nous-mêmes.

Se méfier de la pause estivale


Les vacances d’été sont une période à risque pour le poids. Les
sondages rapportent que près d’une personne sur deux revient de vacances
avec 3 ou 4 kg de trop et retombe dans le tourbillon infernal des régimes.

« La passivité nous incite à chercher dans la nourriture les


gratifications qui nous font défaut. »

Cette prise de poids est liée à notre état de passivité. Paradoxalement, ce


phénomène affecte aussi les femmes qui cuisinent, s’occupent de leur
famille à la ville comme en vacances et emportent à la mer ou à la
montagne leur résignation d’occuper un rôle qu’elles se sont imposé. Elles
semblent – et sont – très actives, mais leur dynamisme n’est pas au service
de leur bien-être personnel.
La passivité nous incite à chercher dans la nourriture les gratifications
qui nous font défaut.
Que faire, alors ? La chose la plus importante – et la plus difficile à
mettre en œuvre à la maison, où nous sommes conditionnés par notre
rythme de travail – est de réveiller la passion. Dansons, amusons-nous et
profitons de la vie. Rien ne nous oblige à reproduire tous les soirs le rite de
l’apéritif, des dîners de groupe ou de la glace au dessert.
En outre, il est fondamental de ne pas considérer les vacances comme
une période de récupération des heures de sommeil perdues durant l’année.
Évitons de faire la sieste l’après-midi et intensifions notre activité
physique : randonnée, bicyclette, natation, course. Les vacances sont aussi
l’occasion d’expérimenter un sport que nous n’avons jamais pratiqué et de
nous découvrir une nouvelle passion.
Arthur Schopenhauer écrivait : « Point de santé si l’on ne se donne tous
les jours suffisamment de mouvement ; toutes les fonctions de la vie, pour
s’effectuer convenablement, demandent le mouvement des organes dans
lesquels elles s’accomplissent et de l’ensemble du corps. »2
En effet, les personnes qui reviennent de vacances avec 1 ou 2 kg en
moins, ou avec le même poids, sont rentrées dans un schéma qui les amène
à continuer à maigrir tout au long de l’année.

« Ne pas négliger l’influence des saisons sur notre


métabolisme. »

Il convient par ailleurs de ne pas négliger l’influence des saisons sur


notre métabolisme. Les premières vagues de froid, par exemple, sont
particulièrement risquées pour le poids. Des chercheurs américains ont
observé, dans un article paru dans European Journal of Clinical Nutrition,
qu’en hiver, l’organisme consomme au moins 100 calories en plus par jour
par rapport aux saisons chaudes ou tempérées, avec un pic en décembre et
en janvier.
Pourquoi ? Tout d’abord, l’activité physique diminue en hiver. En outre,
notre organisme comprend des mécanismes instinctifs archaïques qui nous
incitent à ingérer davantage de nourriture, notamment des aliments riches
en graisses, pour produire de la chaleur et lutter contre le froid. Or nous
vivons désormais dans des espaces surchauffés, et nous n’avons plus à
affronter les gelées qu’enduraient nos lointains aïeux (ou même nos grands-
parents). L’être humain est encore calibré pour se protéger contre les grands
froids de l’hiver alors qu’il n’en a plus besoin.
Du fait de ces mécanismes ataviques, nous ingérons, sans le savoir,
davantage de substances grasses qui, puisqu’elles ne servent désormais plus
à maintenir notre température corporelle, s’accumulent dans notre
organisme et nous font grossir d’au moins 1 kg par mois.
Enfin, n’oublions pas qu’en hiver, la lumière, qui influe sur notre
métabolisme et lui tient lieu d’antidépresseur, diminue.
En conséquence, durant la saison froide, nous absorbons plus de
matières grasses, notre activité physique ralentit et nous nous abandonnons
aux pires ennemis de la minceur : la déprime et la paresse.
Que faire, alors ? Passer du temps à l’extérieur, se promener pendant
qu’il fait encore jour au lieu de rester au chaud devant la télévision. Et
ensuite ? Il faut changer d’alimentation. Ne pas abuser des plats trop
riches : pâtes au beurre et au fromage, viandes en sauce, charcuterie…
Se libérer de la routine pour devenir plus actif
Il est avéré que lorsque la thyroïde fonctionne de manière intense, on
observe un amaigrissement important. La perte de poids s’accompagne
alors d’une forte agitation et d’une grande frénésie, comme si le corps se
préparait intérieurement à un état d’excitation, d’action et de mouvement.
Les stimulants thyroïdiens sont à bannir en raison de leurs effets nocifs,
mais il n’est de toute façon pas nécessaire de faire appel aux médicaments
pour activer la sécrétion d’hormones : il suffit de changer d’état d’esprit.
Mais quelle est la bonne approche ?
Les personnes calmes, sereines, ancrées dans la routine, qui envisagent
de suivre un régime pendant une longue période, ne parviennent presque
jamais à maigrir. En revanche, parmi les sujets observés, 80 % des individus
qui ont vu leur vie changer de manière conséquente ont perdu du poids.
Autrement dit, la nervosité, l’agitation et l’esprit d’initiative ne sont pas
néfastes. Au contraire, ces traits de caractère favorisent la perte de poids.
Nous devons rendre notre vie plus mouvementée, plus frénétique, plus
active, comme celle des personnes hyperthyroïdiennes. En somme, nous
devons adopter une attitude qui nous permette de stimuler notre
métabolisme et d’éviter l’immobilisme. Ne ressassons jamais, nous devons
oublier ce qui nous a déplu par le passé et embrasser la vie.

« Changer » doit être notre mot d’ordre !


Changer de restaurant, de style de vie, sortir, marcher, agir, accélérer
notre existence. Tuons la routine et cessons de nous affaler devant la
télévision, le soir, en rentrant du travail.
Le déclic se produit lorsque notre esprit est absorbé par des activités
pratiques, lorsque nous arrêtons de nous torturer et de nous demander si
nous nous comportons comme il faut. Nous devons agir, voilà tout !
Donnons libre cours à un esprit plus ardent, plus chaotique, toujours en
mouvement, jusqu’à ce que nous réalisions que notre corps entre dans un
nouveau champ énergétique. La faim diminuera et nous maigrirons à notre
insu, naturellement, car notre psyché aura activé notre thyroïde et notre
métabolisme. La frénésie est plus efficace contre la graisse que n’importe
quel médicament.
« Donnons libre cours à un esprit plus ardent, plus chaotique,
toujours en mouvement. »

1- Jung, Carl Gustav, L’Homme et ses symboles, Tea, Milan, 2007, p. 153.

2- Schopenhauer, Arthur, Aphorismes sur la sagesse dans la vie, Paris, PUF, 1989.
Chapitre 9
Laisser éclore sa féminité

Ce conseil s’applique à tous, y compris aux hommes qui tendent


souvent à négliger leur côté féminin, sensible, créatif…
Nous avons pu observer les effets négatifs d’une vie répétitive,
routinière, sans élans ni passions. Les recherches l’attestent : le manque de
nouveautés encourage la prise de poids. L’absence de changements a de
fâcheuses répercussions dans tous les domaines, et ce principe vaut pour les
vêtements, la nourriture, les comportements ou les relations humaines.
« Ce matin, je suis pressé, je n’ai pas de temps à perdre, alors j’enfile le
premier pantalon qui me tombe sous la main. » Ce genre de comportement
est synonyme de prise de poids. Notre cerveau souffre quand nous nous
négligeons et ne cherchons pas à être beaux, séduisants, désirables.
De même, lorsque nous disons : « Aujourd’hui, je suis débordé. Je
mangerai un sandwich ou j’irai grignoter une bricole au bistrot du coin,
comme d’habitude. » Si nous ne cherchons pas à nous faire plaisir, si nous
renonçons à être désirés, le centre de la faim s’active dans notre cerveau et
cherche la gratification à travers la nourriture. Les femmes en savent
quelque chose !
Vous auriez tort d’affirmer : « Je mettrai ma robe préférée quand je serai
mince. » Endossez-la immédiatement : le plaisir que l’on éprouve en
portant un vêtement ou un bijou qui nous plaît est peut-être l’antidote le
plus efficace contre le surpoids. L’écrivain Virginia Woolf souligne : « Les
vêtements peuvent sembler de vaines bagatelles, mais […] leur fonction la
plus importante n’est pas de nous tenir chaud. Ils changent notre vision du
monde et la vision que le monde a de nous. »1
Nous devons nous appliquer à transformer chaque instant en une
occasion spéciale : la nouveauté agit sur des zones cérébrales déterminées et
stimule la production d’hormones, réactivant ainsi le métabolisme.
Perdre du poids est avant tout une condition mentale : les changements
d’état d’âme influent sur l’hypothalamus, qui régit notre « forme »
physique. Saviez-vous que chaque fois qu’une femme porte un habit qui lui
plaît, son hypothalamus stimule automatiquement ses sens et sa féminité qui
est la seule force capable de stopper la fringale ?

« Nous devons nous appliquer à transformer chaque instant en


une occasion spéciale. »

Les femmes ont besoin de percevoir leur féminité le plus souvent


possible et en toute circonstance. Lorsqu’elles sont exaltées, les forces du
féminin prédisposent la psyché à l’amincissement. Or elles sont
particulièrement sensibles à la nouveauté.
« Qu’ai-je fait d’inhabituel, aujourd’hui ? » Tel est l’examen de
conscience auquel nous devons nous soumettre chaque soir avant de dormir.
Il ne s’agit pas de révolutionner notre vie mais d’insérer de nouvelles
expériences dans notre quotidien. Comme par exemple porter une robe dans
laquelle on se sent désirable, expérimenter une saveur nouvelle, changer de
coiffeur et de coupe de cheveux, rentrer chez soi en adoptant un trajet
différent. C’est ainsi que l’on cultive de nouveaux aspects de sa propre
personnalité.

Choisissez le look qui vous ressemble


Pour perdre du poids, nous devons examiner notre image et nous poser
les questions suivantes : « Mon look reflète-t-il ce que je suis ? Est-ce que
je m’habille réellement en fonction de mes goûts ? Ai-je vraiment choisi les
bijoux que je porte ou est-ce que je les mets pour faire plaisir à mon mari ou
à ma belle-mère qui me les a offerts ? »
Ces questions sont importantes, elles en disent long sur notre rapport à
notre identité : si nous nous regardons dans la glace rapidement, si nous ne
nous trouvons pas séduisants, si nous ne changeons jamais d’apparence, il
nous sera très difficile de perdre du poids.
Sylvie, 41 ans, avait expérimenté toutes sortes de régimes sans jamais
parvenir à maigrir. Un jour, son coiffeur lui a conseillé une coupe de
cheveux qui, soutenait-il, irait bien avec son visage. « Je ne sais pas
pourquoi, mais j’ai accepté immédiatement, sans réfléchir, alors que
d’habitude je n’arrive jamais à me décider. » Grâce à son nouveau look,
Sylvie a eu l’impression d’être devenue une autre femme et, en peu de
temps, elle a perdu 5 kg.
Pauline, 36 ans, avoue avoir été profondément blessée par les propos
d’une amie qu’elle n’avait pas vue depuis longtemps. « Elle m’a dit : “Tu
t’habilles comme une vieille. Tu portes des habits qui pourraient appartenir
à ta mère.” » Ces mots lui ont fait l’effet d’une douche froide, mais ce fut
pour elle une sorte de révélation. « Mon amie avait raison. Depuis quelques
années, je ne portais que des habits de couleur sombre pour cacher mon
ventre. » Réaliser qu’elle était devenue une femme « dépassée » lui a
permis de maigrir.
Juliette, 40 ans, a recommencé à porter sa ceinture préférée, qu’elle
n’osait plus porter depuis que sa taille s’était épaissie. À ses yeux, remettre
sa ceinture équivalait à affirmer : « Je redeviendrai aussi mince qu’avant. »
Chaque fois qu’elle se regardait dans la glace, elle ne voyait de son corps
que la ceinture qui enserrait sa taille et elle sentait qu’elle devait maigrir
pour mieux la mettre en valeur. Juliette a perdu 6 kg grâce à ce simple
accessoire…

« Nous devons donc porter des habits qui nous plaisent, même
si nous les jugeons inadaptés à cause de notre surpoids. »

Notre reflet dans la glace, notre look, a bien plus d’importance que nous
le croyons. Nous devons donc porter des habits qui nous plaisent, même si
nous les jugeons inadaptés à cause de notre surpoids. Cessons de nous dire :
« Je porterai cela quand je serai mince. » C’est un alibi qui encourage les
kilos superflus à s’installer davantage. En revanche, changer de look,
comme l’a fait Sylvie en allant chez le coiffeur, ou ressortir de nos placards,
à l’instar de Juliette, les accessoires que nous portions lorsque nous étions
minces a des effets remarquables sur le cerveau. Notre apparence nouvelle
stimule les zones cérébrales du plaisir, bloquant le centre de la faim et
chassant le sentiment d’échec qui anime toute personne en surpoids.
Si vous voulez réellement maigrir, soignez votre image et tout
deviendra plus facile.

Raviver ses passions assoupies


Stéphanie, 38 ans, a perdu 10 kg en suivant l’exemple d’une amie qui, à
57 ans, s’était inscrite à un cours d’étude des pierres précieuses. Une fois
son diplôme en poche, cette dernière avait ouvert sa propre boutique. « Elle
semblait si absorbée, me confia Stéphanie, si passionnée que j’ai réalisé que
je n’avais pas éprouvé un enthousiasme semblable depuis des années. »
Êtes-vous enthousiaste ou bien englué dans la routine ? Ne sentez-vous
jamais la joie vous submerger à l’improviste, sans raison ?

« Jetez-vous à corps perdu dans une passion et cultivez-la


jusqu’à ce qu’elle vous absorbe totalement. »

Nous devons répondre à ces questions avec honnêteté, sans chercher à


nous dérober. Il est inutile de chercher à nous convaincre que tout va bien,
que notre vie nous convient, si cela n’est pas le cas. Nous devons
simplement nous demander : « Suis-je enthousiaste ? » Nous n’avons pas
besoin de révolutionner notre vie, nous devons juste redécouvrir nos
passions endormies. Clarissa Pinkola Estés écrit ceci : « La solution ? […]
Prendre le pinceau et se mettre à peindre. Mettre son justaucorps, attacher
ses cheveux et laisser aller son corps. Danser. Artistes de toutes disciplines,
théâtre, musique, poésie et autres, cessez de parler, enfermez-vous et
pratiquez votre art. »2
Comme son amie, Stéphanie a décidé de cultiver une passion nouvelle.
Elle s’est inscrite à un atelier d’écriture créative, et les mots ont commencé
à jaillir comme un fleuve en crue, fusionnant en poèmes, récits et nouvelles.
« Lorsque j’écris, je suis tellement concentrée que j’ai l’impression de
perdre la tête. » Stéphanie m’a amené ses textes et m’a raconté comment
elle a perdu ses kilos superflus en l’espace de quelques mois. De fait, elle
était en grande forme.
Jetez-vous à corps perdu dans une passion et cultivez-la jusqu’à ce
qu’elle vous absorbe totalement, laissez la flamme s’embraser et danser en
vous.
1- Woolf, Virginia (trad. Pappo-Musard, Catherine), Orlando, Paris, Le Livre de Poche, p. 183.

2- Estés, C. Pinkola, op. cit., p. 263.


Chapitre 10
Mieux communiquer

Selon de récentes études en neurophysiologie, le destin de l’homme ne


dépend pas uniquement des aléas de la vie, de ce qui lui arrive, mais est
surtout lié à sa manière de communiquer avec les autres et avec lui-même.
Chaque mot appréhendé par le cerveau est un message qui influe sur le tissu
nerveux et sur les zones et circuits cérébraux archaïques en contact direct
avec les glandes sécrétant les hormones, autrement dit, les principales
substances qui gouvernent les émotions. Cela a un effet direct sur le poids.
Lorsqu’une personne s’observe dans le miroir en disant « je suis laide et
je ne peux rien y faire », cette pensée conditionne son cerveau et lui inspire
un sentiment d’impuissance et de frustration difficile à dissiper.
Nous commettons souvent l’erreur de parler avec nos amis de nos
problèmes de poids. Ce faisant, nous transmettons à notre cerveau une
sensation d’immobilisme que nous pourrions résumer ainsi : « Je suis
comme cela, c’est plus fort que moi. » Invoquer des alibis tels que « mon
métabolisme me fait grossir » ou « je ne mange rien, mais je grossis quand
même » ne fait qu’aggraver la situation. En effet, notre cerveau prend pour
vérité absolue tout ce que nous communiquons à nous-mêmes et aux autres,
et il décrète alors que notre situation est sans appel.
Lorsque nous nous apitoyons sur nous-mêmes, nous finissons par nous
persuader que nous ne pourrons jamais changer, nos regrets se cristallisent
en nous et nous insufflent un sentiment persistant de découragement,
d’avilissement et d’inadéquation.
Quelle communication faut-il alors privilégier ? Nous devons exprimer
nos véritables besoins, dire « non » à ce que nous n’aimons pas ou ne
supportons pas et cesser de toujours vouloir satisfaire les moindres
exigences de notre conjoint, de nos enfants ou amis.
La tendresse, la douceur, que nous manifestons envers nous-mêmes est
essentielle. Nous ne devons jamais nous brimer, nous accuser, nous insulter,
car notre cerveau finirait par se retourner contre nous.
Les circuits cérébraux archaïques se réfugient dans le plaisir primitif de
la nourriture pour nous protéger contre la douleur et le mal-être que nous
nous infligeons sous cette forme de masochisme. Ils stimulent les centres
nerveux de la faim qui, à leur tour, nous incitent à manger. S’adresser des
mots d’amour, prendre soin de soi et se dorloter est le premier rempart
contre le surpoids.

Ne pas solliciter l’approbation des autres


La plupart de mes patients en surpoids ont en commun le souhait de
satisfaire leurs enfants, conjoint ou amis. Les femmes, en particulier,
désirent à tout prix être estimées, acceptées, aimées et surtout approuvées
par leur entourage.
« Je me demande si mon mari et mes enfants apprécient tout ce que je
fais pour eux », se demande Sophie, 42 ans, une belle femme aux cheveux
roux.

« Nous en arrivons à juger notre vie en fonction de ce que nous


faisons pour les autres. »

Un tel comportement nous amène à vivre dans la quête perpétuelle de


l’approbation des autres. Nous en arrivons à juger notre vie en fonction de
ce que nous faisons pour les autres, et nous pensons nous sentir à l’aise, à
notre place, uniquement lorsque nous satisfaisons leurs exigences.
Nous finissons par ne plus savoir ce que nous voulons réellement, et
nous perdons de vue notre véritable caractère, nos propres besoins. En
somme, nous vivons dans l’ombre des autres, pour les autres et,
naturellement, cela nous frustre.
Comme l’écrit la psychanalyste jungienne Jean S. Bolen : « Dès
l’enfance, notre famille puis notre culture sont le miroir qui réfléchit notre
image, que nous jugeons acceptable ou non. Lorsque nous sentons que nous
devons nous uniformiser pour être acceptés, lorsque le décalage entre ce
que nous sommes au plus profond de notre être et ce que l’on attend de
nous est insoutenable, nous finissons par montrer un faux visage de nous-
mêmes et par assumer un rôle vide de sens. »1
Voici ce que me confie Sophie : « J’organise mes journées en fonction
des désirs de mon mari et de mes enfants. Je leur cuisine leurs plats favoris
et, quand je ne reçois aucun compliment en retour, cela me fait de la
peine. »
Nous ne pourrons jamais vivre pleinement si nous sommes
constamment dans l’attente du jugement des autres, et encore moins si nous
comptons sur leur reconnaissance.
Comment s’étonner qu’avec un tel comportement, Sophie ait pris du
poids ? Elle avait perdu de vue sa véritable nature, ses désirs et, surtout, le
plaisir de se sentir bien dans sa peau, de s’apprécier pour ce qu’elle était,
sans avoir sans cesse besoin des compliments d’autrui.
Vivre dans l’espoir que notre entourage nous reconnaisse comme des
personnes spéciales, généreuses, compétentes et irréprochables alimente
notre insatisfaction et nous encourage à compenser avec la nourriture.
Chaque fois que nous sommes en mal de gratifications, nous nous sentons
frustrés, misérables et mal à l’aise. En outre, les autres finissent toujours par
profiter de notre disponibilité, ils se servent de nous lorsqu’ils en ont besoin
et font de nous ce qu’ils veulent en échange de quelques compliments.
Sophie s’est ressaisie en réalisant que lorsqu’elle était plus jeune, tous
craignaient son caractère impulsif, bourru et agressif. « Je m’énervais pour
un rien. On m’appelait “La Furie” ».
Au fil des années, elle s’était transformée en un doux agneau au service
des autres. Lorsque son tempérament grincheux a enfin repris ses droits,
Sophie a perdu 5 kg en deux mois. Elle doit encore en perdre 10, mais je
suis persuadé qu’en renonçant aux compliments, elle y parviendra.

Ne confier ses décisions à personne


Pour mincir, nous devons apprendre à n’écouter que nous. Chaque fois
que nous parlons de notre désir de maigrir aux autres, ils nous invitent à y
renoncer. Éléonore, 44 ans, témoigne : « Chaque fois que j’explique à mon
mari mon envie de maigrir, il me dit que je lui plais telle que je suis, que
lorsque je suis au régime je deviens nerveuse, insupportable et agressive.
Mes amis et mes enfants me disent à peu près la même chose. Alors, je me
démoralise et je renonce à mes bonnes résolutions. »

« Pour mincir, nous devons apprendre à n’écouter que nous. »

Souvent, notre besoin de partager notre désir de maigrir avec les autres
révèle nos résistances, nos peurs, notre dépendance. Nous oublions que les
personnes qui nous entourent sont habituées à nous considérer d’une
certaine manière, à nous classer selon des paramètres définis et, souvent,
elles sont envieuses. Il est plus prudent de garder notre décision pour nous
seuls. N’en parlons pas à notre conjoint, à nos parents et encore moins à nos
amis. Ce secret doit rythmer notre vie. Jeanne, 36 ans, raconte : « Toute ma
famille me voyait comme une mère parfaite, une femme au foyer bien sage
qui voulait faire plaisir à tout le monde. Je passais mes journées à cuisiner,
faire les courses, regarder la télévision, etc. J’ai pris 20 kg et chaque fois
que je disais “je suis trop grosse”, on me disait que j’étais jolie comme cela.
Pourtant, mon mari ne me touchait presque jamais. »
Si notre identité sexuelle meurt, si nous bannissons la féminité de notre
vie, automatiquement, nous nous jetons sur la nourriture. Le rôle de mère se
substitue à celui d’épouse. Les femmes deviennent mères de leurs maris et,
comme telles, se « réduisent » à leur administrer de la nourriture, à
« gouverner » le foyer. Les maris, à leur tour, commencent à considérer
leurs épouses comme des compagnes de routine et non plus comme des
amantes. L’Éros abandonne la vie : les passions, les centres d’intérêt, les
désirs sont occultés, anéantis. Que faire, alors ?
Jeanne a rencontré par hasard une amie d’enfance, qui lui a rappelé
comme elle était belle à 25 ans, passionnée, libre, transgressive. « Mais tu
as vu ce que tu es devenue ? » lui a-t-elle dit. Jeanne a alors décidé de
réagir : « Sans rien dire, j’ai éliminé de mon alimentation tous les produits
trop caloriques et, l’après-midi, j’ai commencé à m’offrir une promenade
insouciante d’une heure, la tête vide, comme vous le conseillez. Je ne
pensais qu’à la femme que j’étais dans le passé. Mes proches et amis n’ont
pas tardé à remarquer que je maigrissais. Ils me demandaient : “Tu es au
régime ?” Je répondais que non. Je me suis mise à sortir avec d’anciennes
amies et, le soir, au lieu de regarder la télévision, je me plongeais dans un
bon bouquin. Mon mari a recommencé à “me sauter dessus” et, depuis que
j’ai maigri, tout le monde me dit que j’ai rajeuni de dix ans. »
Jeanne n’a pas maigri grâce à son régime, mais parce que le féminin a
repris ses droits. « J’ai maigri en silence et personne n’a osé commenter.
J’ai recommencé à vivre. »
Laetitia, 37 ans, a adopté la même stratégie gagnante : « Chaque fois
que je disais à quelqu’un que j’étais au régime, il me décourageait. Notre
entourage refuse de nous voir changer, même si nous sommes en surpoids.
C’est leur façon de nous garder sous leur contrôle : ils savent qu’en
maigrissant, nous changerions d’habitudes et pourrions nous débarrasser
d’eux ou nous éloigner à cause de nos nouveaux centres d’intérêt. Alors, ils
font tout ce qui est en leur pouvoir pour nous convaincre de ne pas perdre
de poids. »
Notre volonté de maigrir doit être un secret bien gardé. Comme le dit
Montaigne : « Il se faut réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute
franche, en laquelle nous établissons notre vraie liberté et principale retraite
et solitude. »2

« Notre volonté de maigrir doit être un secret bien gardé. »

Laetitia inventait des excuses pour ne pas s’attarder à table, pour refuser
les dîners entre amis le samedi soir. Elle feignait d’être malade ou s’y
rendait mais se contrôlait, prétextant que le médecin lui avait prescrit une
prise de sang et qu’elle ne pouvait manger que des légumes verts.
Voyant qu’elle maigrissait, ses proches lui disaient : « Comme tu es
maigre ! Tu es malade ? » « Un soir, une amie m’a dit : “Tu as mauvaise
mine… Tu as peut-être maigri trop vite, tu étais mieux avant, tu étais plus
jolie…” J’ai compris qu’en réalité elle m’enviait, car elle avait au moins
20 kg de trop. »
Grâce à son secret, Laetitia devenait plus forte et plus confiante.
« Comme je n’avais parlé de mon désir de maigrir à personne, je savais que
je ne devais compter que sur moi-même et sur mes propres forces. »
Avec le temps, elle acquérait de l’assurance et son estime personnelle se
renforçait : « Tous les jours, devant la glace ou sur ma balance, je me
félicitais. J’étais parvenue à maigrir, en dépit de tout et de tous. »

Toujours exprimer ses contrariétés


Elsa est venue me consulter pour apprendre à évacuer sa colère : « J’ai
passé trente ans à la refouler et, maintenant, toute cette rage inexprimée
m’étouffe et je me défoule sur la nourriture. J’ai découvert que ma colère
est un monstre qui me pousse à m’empiffrer, et je veux à tout prix m’en
débarrasser. »
Notre colère réprimée finirait-elle donc par se reporter sur notre
comportement alimentaire ? Elsa a raison ; si notre cerveau ne parvient pas
à supprimer nos émotions inexprimées, il tente d’y remédier autrement.
Selon l’écrivain Fabiola De Clercq : « L’obsession de la nourriture annihile
toutes les autres sensations, élimine les émotions, annule les passions. Voilà
pourquoi il est si difficile de s’en délivrer… »3
Souvent, en effet, Elsa tente de se procurer du plaisir autrement pour
compenser l’agacement, l’insatisfaction et l’amertume causés par le
refoulement de ses émotions. Les zones primitives du cerveau, qui tolèrent
mal la répression, s’activent. Lorsque nous réfrénons un accès de rage, nous
avons tendance à nous précipiter sur les gâteaux. La répression puis
l’obsession de la colère empoisonnent le sang et le corps à travers des
substances toxiques que le cerveau tente de neutraliser avec le sucre. Selon
une étude récente de Bart Hoebel, chercheur à l’université de Princeton, les
sucreries provoquent une très grande dépendance. Nous finissons par ne
plus pouvoir nous en passer et nous en abusons lorsque nous sommes
contrariés.

« Lorsque nous réfrénons un accès de rage, nous avons


tendance à nous précipiter sur les gâteaux. »

Barbara, 38 ans, a réalisé que chaque fois qu’elle refoulait sa colère,


elle engloutissait systématiquement sept ou huit chocolats, l’un après
l’autre. « C’était plus fort que moi », disait-elle.
Nous devons absolument briser ce lien entre colère et sucreries. Ainsi,
chaque fois que quelqu’un nous fait perdre patience, il est important de le
lui dire clairement, d’extérioriser et de cesser de réprimer nos émotions.
« Avant, je ravalais ma colère mais, maintenant, je ne me fais plus prier
pour dire aux gens ce qui ne me convient pas ou ce qui me met hors de
moi. » Barbara a appris à exprimer ce qu’elle avait sur le cœur, sans
s’énerver ni polémiquer.
Toutes les fois que nous sommes en colère, nous devons formuler notre
déception sans nous inquiéter des conséquences ni remâcher notre
contrariété. Nous éviterons ainsi de compenser avec les sucreries, nous y
gagnerons en assurance et notre entourage nous respectera davantage. Nous
n’aurons alors plus besoin de douceurs, car nous nous sentirons repus,
satisfaits. Et nous ne grossirons plus à cause de nos colères refoulées.

1- Bolen, Jean S., Gli dei dentro l’uomo. Una nuova psicologia dell’uomo, Rome, Astrolabio,
1994, p. 18.

2- Montaigne, Michel (de), Della saggezza (sous la dir. de), Milanesi, Lorenzo, Soveria
Mannelli, Rubbettino, 2006, p. 50.

3- De Clercq, Fabiola, Fame d’amore. Donne oltre l’anoressia e la bulimia, Milan, Rizzoli,
2010, p. 35.
Chapitre 11
Entretenir des relations
authentiques

Une étude menée par l’université californienne de San Diego et par la


Harvard Medical School de Boston révèle qu’entretenir des relations
étroites avec des personnes obèses est un facteur de risque, car les
personnes fréquentant des sujets en surpoids finissent, dans plus de 60 %
des cas, par prendre du poids.
Les amis sont plus « contagieux » que la famille – parents ou conjoints
– qui influence néanmoins la prise de poids dans 40 % des cas. Ce
phénomène serait lié au fait que nous sommes conditionnés par nos amis,
par leur manière d’être, par leurs habitudes et par leurs excès de convivialité
qui deviennent notre seule manière de se socialiser, d’être ensemble, de
nous sentir plus forts, plus unis.
Ne nous promettons-nous pas chaque samedi soir avant notre
traditionnel dîner entre amis de ne pas exagérer, sans jamais honorer notre
engagement ? Nous n’y sommes pour rien. Nous sommes prisonniers d’une
ambiance « propice à la prise de poids », et nous commettons l’erreur de
croire que le bonheur d’être ensemble augmente à mesure que nous
mangeons, buvons et nous conformons au style de vie de nos amis.
Le nutritionniste Raffaele Ruocco et le pédiatre Pietro Alleri
soulignent : « Le fait qu’une augmentation progressive de la prévalence du
surpoids se vérifie ces dernières années dans plusieurs nations ne peut être
uniquement attribué à la génétique et à la faiblesse psychologique. Ces
mutations rapides indiquent que la seule explication plausible et
additionnelle est “l’environnement toxique”. »1

« Il est plus facile de perdre du poids lorsqu’on noue de


nouvelles amitiés. »

Certains chercheurs ont noté qu’il est plus facile de perdre du poids
lorsqu’on noue de nouvelles amitiés, fréquente de nouvelles personnes, crée
des connexions, provoque des rencontres et entreprend de nouveaux
parcours. Fréquenter sans cesse les mêmes gens, passer les mêmes soirées
et répéter les mêmes conversations finit par nous frustrer et, à chaque fois,
nous compensons notre insatisfaction avec la nourriture. Les repas de
famille, véritables « orgies » en (belle) famille, devraient à mon sens être
abolis, car ce sont des « générateurs » de calories, de frustrations et de
mécontentements, notamment pour les femmes.

Jade, 42 ans, a retrouvé la ligne en changeant de contexte : « Mon mari,


mes amis et moi-même allions tous les samedis soir au restaurant, toujours
le même. Et pour nous donner de l’entrain, nous mangions et buvions à qui
mieux mieux. Un soir, j’ai dit stop quand j’ai vu mon ventre en rentrant à la
maison. »
Jade a décidé alors de s’inscrire avec son mari à un cours de danse.
Désormais, leur distraction du samedi soir ne consistait plus à aller dîner
mais à danser. Comme leurs nouveaux amis veillaient à garder la ligne pour
rester légers sur la piste de danse, Jade s’est sentie encouragée à maigrir.
« Je n’ai pas suivi de régime, j’ai juste changé de mentalité. »
Jade a compris que l’on peut aussi s’amuser sans devoir à tout prix
s’empiffrer.
Fréquenter des personnes minces et dynamiques incite à prendre soin de
soi. Entretenir de nouvelles relations signifie découvrir de nouvelles
manières d’être, et ce changement d’approche est un puissant antidote
contre les kilos superflus.

Instaurer une relation nouvelle avec soi


Comment étions-nous, enfants ? Quel caractère avions-nous ? Quels
étaient nos aliments préférés ? Installons-nous confortablement, fermons la
porte et abandonnons-nous un instant à la solitude. Si possible, gardons à
portée de main un bloc-notes pour écrire ce qui nous revient en mémoire.
Cette analyse du passé nous permettra de ramener dans le présent des
attitudes et comportements enracinés en nous, mais que la vie nous a fait
oublier.
Après une séance, Adeline, 41 ans, s’est enfermée dans sa chambre
pour écouter de la musique. Elle s’est souvenue qu’à l’âge de 14 ans, elle
aimait aller acheter toute seule son déjeuner : « Parfois, en sortant de
l’école, au lieu de manger un sandwich avec mes amies, je m’aventurais
jusqu’à une boulangerie un peu éloignée, où je trouvais mes produits
préférés. »
Ensuite, elle rentrait chez elle et savourait son déjeuner, toute seule
puisque ses parents étaient au travail.
Cette phase introvertie, rythmée par des repas solitaires, a duré
longtemps et curieusement, tant qu’Adeline a maintenu ce comportement
alimentaire, sa silhouette était parfaite. Elle a pris du poids à l’âge de
25 ans, lorsqu’elle a commencé à travailler en tant que représentante,
devenant par la force des choses plus extravertie et plus communicative.
Après son mariage, elle a adopté les habitudes de son époux, qui considérait
l’acte de manger comme son « activité favorite ». Au fil des années,
Adeline a pris 20 kg « alors que dans [son] enfance, même quand [elle
mangeait] des aliments caloriques, [elle se sentait] rassasiée jusqu’au soir ».

« Il faut au contraire essayer de se réserver des moments pour


soi, une intimité que l’on ne peut atteindre qu’en s’isolant un peu. »

Ce témoignage d’Adeline permet de briser le lieu commun qui veut que


la compagnie d’autres personnes, le fait de « s’extravertir », nous soit
bénéfique. Durant la journée, il faut au contraire essayer de se réserver des
moments pour soi, une intimité que l’on ne peut atteindre qu’en s’isolant un
peu. Selon le philosophe latin Boèce : « Quiconque […] ne veut s’égarer
sur de fausses voies tourne en soi la lumière de sa vision intérieure et,
orientant son tir, le dirige vers une seule cible ; quiconque ne veut s’égarer
convainc donc l’âme qu’elle possède déjà en soi, enfoui dans ses trésors, ce
qu’elle s’épuise à chercher à l’extérieur. »2
Adeline a repris ses longues marches à la recherche de ses aliments
préférés, redécouvrant le plaisir de manger seule, de faire des courses pour
elle-même. Ce simple changement lui a fait perdre les kilos qu’elle avait
accumulés en vingt ans. La reconquête de notre temps et de notre espace
vital nous rend à nous-mêmes et est le véritable antidote contre le surpoids.

Oublier ses amours passées pour se projeter dans


l’avenir
Quels traits de caractère ont en commun les personnes en surpoids ?
Comment expriment-elles leur affection, leurs sentiments et émotions ?
Curieusement, être trop sentimental, trop romantique, vivre dans l’attente
de l’amour idéal est un comportement propice à la prise de poids.
En effet, les personnes romantiques et sentimentales ont souvent
tendance à se renfermer sous une carapace pour dissimuler et protéger les
sentiments qu’elles se refusent à extérioriser. Avec le temps, elles
deviennent de plus en plus introverties et se réfugient inconsciemment dans
le souvenir mélancolique d’un amour qui n’est plus, dans la mémoire d’une
flamme lointaine qui appartient désormais au passé.
Les personnes en surpoids ignorent combien leur âme est sensible,
fragile, vulnérable et, malheureusement, leur entourage aussi.
De nombreux patients me décrivent leur bonheur passé avec une
personne aimée et le naufrage actuel de leur vie de couple. Or, même si
notre relation amoureuse bat de l’aile, nous aurions tort de nous cloîtrer
dans la nostalgie de ce qui n’est plus. Vivre dans le passé nous empêche de
vaincre la graisse à travers le renouvellement. Comme dit Goethe : « Il n’y
a pas de passé vers lequel il soit permis de porter ses regrets, il n’y a qu’une
éternelle nouveauté… »3
Chaque fois que nous remontons dans le temps, nous éprouvons une
sensation de ralentissement, de vieillissement. Nous nous sentons vieux,
sans projet pour l’avenir et, par conséquent, notre vie ralentit. Notre
métabolisme régresse à son tour, et la nourriture que nous ingérons
s’accumule en nous.
« Ne pensez qu’à la nouveauté et à vos futures amours. »

En outre, notre état de frustration vis-à-vis de notre situation actuelle


finit par nous propulser en quête du seul plaisir qui nous reste : la
nourriture.
Que faire, alors ? Il faut une rupture nette. Chassez vos souvenirs
romantiques, vos idylles passées, ne pensez qu’à la nouveauté et à vos
futures amours.

1- Alleri, Pietro et Ruocco, Raffaele, Il peso delle emozioni. Conoscere, affrontare e vincere
l’obesità, Milano, Franco Angeli, 2008, p. 14.

2- Boèce, I valori autentici, Milan, Mondadori, 2010, p. 38.

3- Cit. in Hadot, Pierre, N’oublie pas de vivre, Goethe et la tradition des exercices spirituels,
Paris, Albin Michel, 2008.
Chapitre 12
Cultiver la conscience de soi

La perception de conduire, de marcher, d’ouvrir la porte de chez soi…


Personne ne prête attention à ce type d’actions, personne ne soupçonne
que la minceur dépend principalement de la considération que l’on porte
aux gestes les plus infimes de la vie quotidienne. Quelques instants de
réflexion suffisent, plusieurs fois par jour, en prenant sa douche par
exemple, en s’habillant ou en descendant l’escalier.
Nous devons nous répéter à voix basse « je suis ici, je marche » et nous
efforcer de percevoir notre présence, de prendre conscience de nos actes.
Nous devons rester lucides et chasser toute pensée de notre esprit. En
somme, nous devons être vigilants !
Mais est-ce assez pour perdre du poids ? Est-ce aussi simple que cela ?
La vigilance n’est pas une démarche banale. Chaque fois que nous
marchons et portons toute notre attention sur nos pieds, notre cerveau
produit des substances qui influencent notre destin, ouvrant d’autres
horizons, stimulant des énergies psychiques oubliées, qu’un simple
changement de perception suffit à libérer. Telle était la thèse de Georges
Gurdjieff, illustre chercheur de l’âme humaine, qui soutenait que la
conscience de soi, le discernement, la perception de sa propre présence,
provoque en l’être humain des transformations rapides et profondes, à son
insu.

« La conscience de soi, le discernement, la perception de sa


propre présence, provoque en l’être humain des transformations
rapides et profondes. »
Nous devons dissiper nos doutes sur nous-mêmes, sur nos rapports, sur
nos relations amoureuses et sur la réussite de notre vie en introduisant dans
notre quotidien une plus grande « lucidité intérieure », qui devra
accompagner chacun de nos gestes. Nous devons nous poser la question
suivante, à plusieurs reprises : « Je suis ici, mais en suis-je conscient ou ai-
je l’esprit ailleurs ? » Quelques secondes par jour de lucidité insouciante
peuvent avoir des répercussions spectaculaires sur le surpoids et sur notre
bonne humeur qui, comme chacun sait, sont liés.

Savourer lentement chaque bouchée


Il convient de souligner à nouveau l’importance de la « lucidité »
lorsque nous sommes à table. En effet, nous devons percevoir nos actes,
discerner si nous dînons ou déjeunons, sentir que chaque plat enchante nos
papilles, notre nez et nos yeux.
Lorsque nous sommes lucides sur notre comportement à table, lorsque
nous oublions ce qui a eu lieu avant notre repas et ce que nous ferons
ensuite, notre cerveau ralentit nos gestes et nous invite à manger plus
lentement.
Selon des recherches de l’université de Rhode Island, aux États-Unis,
les personnes qui mangent trop rapidement ingèrent entre 20 et 30 % de
calories supplémentaires, car l’estomac a besoin de vingt minutes pour
communiquer au cerveau la sensation de satiété.
Valérie, 35 ans, m’écrit qu’elle a perdu 15 kg en se répétant
simplement : « Tu es à table, tu ne dois penser à rien d’autre. » Elle avait
pris l’habitude de débrancher le téléphone, d’éviter de regarder la télévision
ou de lire le journal, et lorsqu’elle avait de la compagnie, elle ne parlait que
si elle en avait envie. « Mes sens sont toujours en éveil. Rien ne peut me
distraire – pas même une conversation entre amis – de mon rapport à la
nourriture : je mange lentement et je savoure chaque bouchée. »
Par ce biais, nous découvrons quels aliments nous attirent le plus et
nous ne mangeons plus uniquement par devoir, distraits par les
conversations et pressés d’achever notre repas le plus rapidement possible.
Cet état de conscience éveillée nous rapproche automatiquement de
notre intériorité. Celle-ci nous indique nos besoins alimentaires réels et
nous signale ce qui nous plaît vraiment. Être vigilant à table signifie prendre
soin de soi, sentir que chacun a sa propre singularité : manger devient alors
un rite, une rencontre silencieuse avec soi, une manière de se retrouver tout
en étant en compagnie d’autres personnes.

« Qui mange lentement consomme moins de calories et éprouve


davantage de plaisir. »

Cela permet d’éviter de manger machinalement, sans prendre le temps


de savourer les plats. Qui mange lentement consomme moins de calories et
éprouve davantage de plaisir.

Ne pas chercher à brûler les étapes


Selon le témoignage de Bénédicte, 42 ans, étayé par plusieurs
recherches, le sujet en surpoids appréhende inconsciemment de (re)devenir
mince et de (re)trouver la ligne. « Chaque fois que je me rapproche de mon
poids idéal, après avoir accompli tant d’efforts, après m’être débarrassée de
presque tous mes kilos superflus, quelque chose se déclenche en moi,
inévitablement, et m’amène à reprendre en peu de temps 3 ou 4 kg. Dès que
la balance m’indique qu’il ne me manque plus qu’un demi-kilo pour
atteindre mon objectif, je me jette à nouveau sur la nourriture et je reprends
une bonne partie du poids que j’avais perdu. »
Ce blocage, ce renoncement aussi prêt du but, n’a rien d’inhabituel
puisqu’au moins une personne sur deux déclare en faire autant.
Selon plusieurs études, un sentiment d’effroi nous submerge lorsque la
balance indique que nous avons atteint notre but ou que nous sommes en
passe de le faire. Comme il arrive souvent lors des compétitions sportives,
la peur de gagner l’emporte.
« Les personnes qui parviennent à maigrir, qui atteignent le poids
qu’elles s’étaient fixé, finissent par se sentir seules. Aussi paradoxal que
cela puisse paraître, nous nous sentons seuls parce que nous nous estimons
plus libres, et l’angoisse nous pousse à nouveau vers la nourriture. »
Ce témoignage est celui d’Anita, qui vit les mêmes « défaites » que
Bénédicte. Chaque fois qu’elle approche des 55 kg, son poids idéal, elle
recommence à manger de manière immodérée et, en peu de temps, elle
revient à 60 kg comme avant son régime.
Les mécanismes psychologiques qui gouvernent notre rapport à la
nourriture sont en effet très fragiles. Les personnes qui parviennent à mincir
entendent une voix intérieure résonner en elles : « Redeviens comme avant
et tu seras tranquille. Si tu maigris, les autres ne te reconnaîtront plus et
s’éloigneront de toi. »
Cette « peur de la liberté », cette angoisse de maigrir est partagée par de
nombreuses personnes. C’est comme si, inconsciemment, elles craignaient
de se sentir différentes.
Que faire, alors ? Tout d’abord, ne soyons pas pressés : lorsque la
balance indique que nous approchons du but, nous pouvons ralentir et nous
autoriser quelques transgressions alimentaires.
Observons-nous ensuite attentivement dans la glace, admirons combien
notre taille amincie flatte notre silhouette. Savourons notre nouveau corps et
ayons la patience d’attendre, de consolider notre poids, même si ce n’est
pas celui que nous nous étions fixé.
Lorsque notre cerveau se sera accoutumé à notre nouvelle apparence, il
nous conduira tout doucement jusqu’à notre poids idéal.

Se distraire de l’obsession de la nourriture


Pour maigrir, il est fondamental de « se distraire » de la pensée de la
nourriture. Selon une étude récente, les personnes obnubilées par leurs
rondeurs, par leur désir de perdre du poids et par les sacrifices auxquels
elles doivent se soumettre sont plus exposées au risque de surpoids que le
reste de la population.
D’après une étude réalisée sur des enfants, il est plus facile de perdre du
poids quand on chasse l’idée fixe de la nourriture, des calories et du régime.
Ceux qui se libèrent l’esprit parviennent à maigrir, ceux qui en font une idée
fixe échouent !
Lorsque la pensée de notre surpoids nous assaille, nous devons chercher
à nous distraire : prendre un bain parfumé, sortir se promener, faire du
lèche-vitrines… Tout, plutôt que penser à la nourriture.
Chaque fois que nous songeons à nos frustrations, aux aspects de notre
vie qui nous déplaisent, à nos rondeurs qui nous exaspèrent, à la nécessité
de nous mettre au régime, nous devons nous distraire. Nos souvenirs, s’ils
sont agréables et sans rapport avec notre surpoids, peuvent être l’occasion
d’une évasion providentielle. La distraction doit devenir notre ressort, notre
nouvelle approche.

« Les distractions agissent de manière remarquable sur


l’épanouissement de notre univers intérieur et sur notre réalisation
personnelle. »

Des chercheurs ont relevé que faire abstraction de la pensée récurrente


de la nourriture et du désir de maigrir permet au cerveau de raviver d’autres
centres d’intérêt, d’autres ressources, stimulant instinctivement la perte de
poids.
Pour savoir si nous sommes sur la bonne voie, nous pouvons vérifier la
fréquence de la résurgence de notre désir de maigrir tout au long de la
journée. Si elle a diminué par rapport à la veille, nous sommes dans la
bonne direction. Si nous n’y avons pas pensé une seule fois, cela signifie
que nos efforts sont couronnés de succès, et les résultats ne tarderont pas à
arriver. En outre, les distractions agissent de manière remarquable sur
l’épanouissement de notre univers intérieur et sur notre réalisation
personnelle.
On me demande souvent s’il est utile de jeûner pour maigrir, une fois
par semaine par exemple, comme le suggèrent les nombreuses écoles de
médecine orientale qui considèrent le jeûne comme un moment de
purification et de désintoxication.
Il convient de préciser que, dans la tradition spirituelle, le jeûne n’a
aucune fonction amincissante. En réalité, dans toute l’histoire de
l’humanité, il n’a jamais eu qu’une seule finalité : embrasser les lois du
sacré, du divin. Aucun adepte, aucun sacerdoce ne l’a jamais considéré
comme une méthode d’amincissement. Dans les conceptions cabalistiques
et alchimiques, il sert à réveiller et à réactiver les énergies profondes de
l’âme. Pour les alchimistes, jeûner signifie ressusciter les lois
embryonnaires qui déterminent le développement fœtal et accomplissent la
création de l’être vivant que nous sommes.
Menachem M. Brod rapporte : « Rabbi Simlaï dit : a quoi ressemble le
fœtus dans le ventre de sa mère ? À un livret plié ; il a les deux mains sur
ses deux tempes, les deux coudes sur ses deux genoux, ses deux talons
contre ses fesses, et sa tête repose entre ses deux genoux. Sa bouche est
close, son nombril ouvert. Il mange et boit ce que sa maman mange et boit
[…] ; et lorsqu’il sort dans le monde, s’ouvre ce qui était fermé et se ferme
ce qui était ouvert. »1 (Talmud, Niddah 30b)
Cette citation du Talmud révèle la différence entre la bouche qui se
ferme (le nombril) et la bouche du visage qui s’ouvre. L’acte de fermer la
bouche au travers d’un jeûne, par exemple, n’a pas de fonction
amincissante ; il tente plutôt d’instaurer une relation plus profonde avec
notre univers intérieur. Jeûner signifie atteindre cette même « distraction »,
cet isolement de l’embryon plongé dans l’obscurité, dans le silence
aquatique de l’utérus, où vit, inaccessible, notre conscience innée, notre
âme primordiale. Le jeûne sert donc le développement et l’épanouissement
de la conscience et, en ce sens, il est essentiel et est considéré comme une
« technique évolutive » dans presque toutes les traditions religieuses.

« Pour maigrir, le jeûne n’est d’aucune utilité. »

En revanche, pour maigrir, le jeûne n’est d’aucune utilité. Certes, il


nous aide à nous rappeler qu’en mangeant, nous absorbons le monde, de
même que notre conscience, en entrant en relation avec ce qui nous entoure,
absorbe les pensées, les paroles et les émotions de notre entourage.
En vieillissant, nous perdons notre empreinte originale… Associé au
silence, le jeûne nous ramène à notre « présence intérieure » et nous
rapproche de notre origine. Jeûner signifie alors nous détacher, revenir à
l’aube de notre conscience, réveiller l’entité archaïque qui nous habite,
embrasser et célébrer le versant cosmique de l’âme, se souvenir que notre
essence se cache en silence dans la racine de notre être. Jeûner signifie
s’abandonner à notre univers intérieur et fuir les illusions de l’apparence.
Le jeûne est un regard intérieur et il n’a de sens que dans cette dimension.
D’aucuns objecteront certainement que cette focalisation sur soi facilite la
vie. Maigrir ne serait alors qu’une simple formalité. Cela est vrai, en partie,
mais nous devons veiller à ne pas nous imposer cet effort, qui deviendrait
une contrainte analogue à un régime.
De l’avis général, jeûner accélère la perte de poids. Or c’est une erreur.
Cela peut même altérer les tissus et les cellules des personnes qui n’y sont
pas habituées. Le jeûne ne prend sens que s’il est pratiqué en tant que « voie
de l’âme », et non pour maigrir.
1- M. Brod, Menachem, I giorni del Messia, Milan, DLI, 1997, pp. 26-27.
Chapitre 13
S’asseoir à table
le cœur joyeux

La devise de mon ami Elio Muti – un nutritionniste qui connaît


parfaitement la vraie voie vers l’amincissement – est la suivante : « Ne
jamais s’asseoir à table lorsqu’on se sent tendu, contrarié ou en colère, et ne
jamais se décourager lorsqu’on échoue à retrouver son poids santé. »
Ligne, sérénité et bonheur sont étroitement liés. Des études révèlent que
ces trois éléments dépendent du cerveau et de l’intestin, souvent défini
comme un « deuxième cerveau ».
Les zones cérébrales archaïques ont la faculté de corriger les
déséquilibres alimentaires en libérant des substances chimiques qui
bloquent la sensation de faim, accélèrent le métabolisme et stimulent la soif
et la transpiration. En outre, la sérotonine, présente dans le cerveau et le
système digestif, agit favorablement sur l’équilibre de l’humeur et constitue
peut-être le plus puissant antidote contre la dépression. Mais alors, pourquoi
prenons-nous du poids ?
Chaque fois que nous nous répétons « je dois maigrir », nous
déclenchons en nous-mêmes un sentiment de frustration qui nous prive de
notre joie de vivre : le cerveau et l’intestin s’affolent, perdent la faculté de
s’autoréguler et produisent moins de sérotonine. Voilà pourquoi Elio Muti
enseigne dans ses stages comment multiplier les sources de joie au
quotidien : les personnes en surpoids négligent souvent cet aspect et
s’imposent toutes sortes d’obligations inutiles. Or plus nous employons les
mots « je dois », plus notre sérotonine est inhibée. Lorsque nous nous
asseyons à table le cœur joyeux, lorsque nous sommes de bonne humeur,
notre métabolisme s’accélère. Ce phénomène était une constante des
banquets de la Grèce antique, décrits par Lia Del Corno : « Dans
l’Antiquité, les hommes recherchaient dans les banquets un plaisir
particulier et définissaient cette forme de jouissance par le verbe terpein,
qui n’a pas d’équivalent dans notre langue. Terpein traduit cette sensation
d’apaisement après l’effort, de satiété, de satisfaction que procurent la
saveur exquise de la viande et la chaleur du feu, accentuées par la douce
ivresse du vin. »1

« Le secret du terpein est de ne pas se focaliser sur la nourriture


et d’accomplir des choses qui nous procurent du plaisir. »

En définitive, terpein exprime ce mélange de chaleur, de bien-être et de


saveur qui flatte le palais ; autrement dit le sentiment d’« éprouver du
plaisir ».
Le secret du terpein est de ne pas se focaliser sur la nourriture et
d’accomplir des choses qui nous procurent du plaisir. Ainsi, lorsque nous
nous asseyons à table, nous devons nous demander : « Suis-je heureux en ce
moment ? » Si nous répondons par l’affirmative, notre métabolisme
s’accélère et favorise la combustion des calories.

Expérimenter de nouvelles saveurs réduit la


dépendance
Les aliments gras – chips, snacks – et les boissons gazeuses, si prisés
des enfants et des adolescents, sont extrêmement riches en calories et créent
une véritable dépendance. Selon les chercheurs, lorsqu’un aliment est trop
salé ou trop sucré, le cerveau s’habitue à cette saveur forte et en redemande
constamment.
L’excès de sel génère le besoin de boire pour « épancher » le goût salé.
L’eau une fois ingérée, les récepteurs du plaisir réclament de nouveau le
goût du sel. Ce cercle vicieux peut générer de la rétention d’eau et des
ballonnements. Les personnes qui mangent des aliments trop salés ne
peuvent s’empêcher de saler de manière excessive la viande et le poisson,
ce goût étant devenu un élément indispensable de leur comportement
alimentaire.
Si nous avons tendance à rajouter du sel de manière machinale, cela
signifie que notre dépendance a atteint un niveau dangereux. En outre, le sel
tient lieu d’énergisant et d’antidépresseur pour certaines personnes, aussi en
abusent-elles systématiquement. À l’inverse, introduire à sa table des
légumes verts, des fruits et de la viande blanche a des effets stupéfiants sur
le poids et amène le cerveau à réduire sensiblement son désir de sel.
Ce même principe s’applique au goût sucré : cette saveur envahit le
palais et incite à boire pour compenser. La consommation de céréales
complètes permet de se désensibiliser au goût sucré et d’atténuer le désir de
sucre.
Dès lors, expérimenter de nouvelles saveurs signifie briser la
dépendance et mincir de manière spontanée.

Une alimentation saine a également des effets


positifs sur l’estime de soi
Si vous ne vous plaisez pas, si vous ne vous appréciez pas ou si vous
évitez de vous regarder dans le miroir parce que vous êtes en surpoids,
sachez que la solution est bien plus simple que vous ne le croyez. Elle se
trouve à votre table. Chaque fois que nous mangeons, nous devons
nous dire : « Aujourd’hui, je veux un plat différent, des aliments qui
stimulent mon estime personnelle et l’encouragent. »
Pour ce faire, nous devons apprendre à varier notre alimentation. La
recherche scientifique a en effet découvert que changer de goût prépare le
cerveau à sécréter les substances à l’origine de la joie de vivre, du bonheur
et de l’estime de soi.
Les personnes en surpoids ne mangent guère de légumes verts, alors
qu’il est recommandé d’en consommer midi et soir.
Carine, 43 ans, a adopté une nouvelle habitude alimentaire : la salade de
crudités. « Au début, cela ne me plaisait pas tellement, mais je me répétais,
en mangeant des carottes, du fenouil, du céleri ou des artichauts : “Tu
verras, Carine, tu vas finir par aimer ça et tu seras plus jolie, car tu seras toi-
même.” »
J’aime beaucoup cette synergie entre la parole et la nourriture,
autrement dit se convaincre de changer d’alimentation pour développer son
estime personnelle, pour se plaire davantage, pour être plus heureux. Grâce
à cette méthode, Carine a progressivement perdu ses 10 kg de trop.
« Nous devons simplement apprendre à mieux choisir notre
alimentation. »

Retrouver la ligne nous procure une joie immense. Nous nous sentons
comme neufs, différents, capables de réaliser des choses que nous
n’imaginions même pas, obnubilés comme nous l’étions par nos kilos
superflus.
Nous devons simplement apprendre à mieux choisir notre alimentation.
Les fruits et les légumes verts sont bons pour la santé en raison de leur
faible apport en calories et grâce à leurs nombreuses vitamines qui exercent
une action positive sur les cellules nerveuses. Les potages, en particulier les
bouillons de légumes, enrichissent le sang en substances chargées
d’éliminer les déchets et les toxines, facilitant ainsi l’expulsion des graisses
du système circulatoire.

« Composer des menus équilibrés et éviter les erreurs


alimentaires sont les clés pour améliorer son estime de soi. »

Pour mincir, nous devons réduire notre consommation de viande de


manière draconienne, car les « toxines grasses » ralentissent notre
métabolisme et affaiblissent nos ressources mentales. Faites le test : si vous
mangez de la viande rôtie ou en sauce le soir, vous dormirez mal et vous
vous sentirez apathique le lendemain matin, en proie à un sentiment
d’insatisfaction et d’impuissance, persuadé que vous ne parviendrez jamais
à maigrir.
En réalité, vous aurez simplement choisi le mauvais aliment. Privilégiez
le poisson dont la haute teneur en oméga-3 est une panacée pour le système
nerveux puisqu’il stimule, à l’instar des fruits et légumes, la production des
hormones chargées d’enrayer la tristesse, les frustrations, le mal-être et les
angoisses. Composer des menus équilibrés et éviter les erreurs alimentaires
sont les clés pour améliorer son estime de soi qui, à elle seule, permet de
perdre du poids.

Briser la routine… et adopter le « régime libre »


Selon une étude de l’université de l’Illinois menée par un groupe de
chercheurs réputés, les personnes qui suivent les conseils de leur
nutritionniste sans fléchir pendant huit semaines perdent environ 2,5 kg,
tandis que celles qui mangent ce qu’elles veulent et se limitent le lendemain
à un repas léger en éliminent à peu près 6. Le « régime des jours alternés »,
fondé sur une alimentation à volonté – avec pour seule précaution de ne pas
abuser des aliments gras – suivi d’un repas frugal le lendemain, offre des
résultats inimaginables.
Pourquoi perd-on moins de poids en suivant un régime basé sur un
nombre de calories préétabli plutôt qu’en alternant liberté de décision et
contrôle de soi ? Dans le premier cas, la routine fait l’effet d’un carcan. Les
personnes qui, à l’inverse, peuvent manger sans compter – en veillant à ne
pas abuser des lipides – et se limiter le lendemain ne se sentent pas
contraintes à un régime alimentaire oppressif. Ce principe vaut pour
l’alimentation comme pour tout autre comportement humain.
Si nous menons une vie répétitive, équilibrée, rythmée par des journées
sans surprise, tôt ou tard, nous grossirons. Si au contraire notre vie est
ponctuée de nouveautés, si nous laissons la porte ouverte au changement,
notre cerveau n’a pas besoin de chercher le plaisir et la joie de vivre dans la
nourriture.

« Un régime pratiqué sur une longue période est généralement


voué à l’échec. »

Ainsi, cette étude américaine révèle que pour le système nerveux et la


psyché, il est préférable de savourer la nourriture, de manger ce qui nous
plaît et nous rassasie, puis de nous contrôler le lendemain. Notre cerveau
consent facilement à quelques sacrifices s’ils sont temporaires. S’il sait que
le plaisir n’est pas loin, il tolère de petites contraintes. Souvenons-nous
qu’un régime pratiqué sur une longue période est généralement voué à
l’échec.

1- Del Corno, Lia, A tavola con Omero, Milan, Rizzoli, 2007, p. 9.


Chapitre 14
Exploiter le pouvoir créatif
des images

Offrez-vous quelques instants de solitude et feuilletez vos albums


souvenir. Choisissez une photographie où vous vous plaisez, où vous êtes
serein et retirez-la de l’album. Placez-la dans la pièce que vous fréquentez
le plus et examinez-la plusieurs fois par jour.
Une étude américaine a étudié le rapport de l’homme aux images et leur
pouvoir thérapeutique. Leur impact sur le poids s’est avéré encore plus
frappant.
Comme l’inconscient déteste les obligations et les frustrations, il sabote
souvent les régimes diététiques.
Raffaele Ruocco et Pietro Alleri de constater : « La recherche
scientifique a clairement démontré qu’un certain type de diétothérapie peut
être considéré comme la cause principale des échecs répétés, représentés
par l’alternance entre la perte de poids et la reprise des kilos perdus. »1
Pour maigrir, nous devons invoquer une raison valable. Or il n’est de
meilleure motivation que vouloir retrouver notre plus belle image, celle qui
nous met à l’aise « dans notre maison », à savoir en nous-mêmes.
Regarder nos albums photo signifie retrouver notre visage tel qu’il était
lorsqu’il nous plaisait. Nous constaterons alors aisément que lorsque cette
photo a été prise, tout fonctionnait dans notre vie : nos relations, nos amitiés
et nos amours étaient probablement une source de bien-être.
« Lorsqu’il redécouvre notre visage serein et joyeux, notre
cerveau libère des endorphines, ces substances de la sérénité, de la
joie de vivre, du plaisir et du bonheur. »

Nous devons ressusciter cette image, car c’est elle qui nous restituera
l’harmonie et la minceur. Lorsqu’il redécouvre notre visage serein et
joyeux, notre cerveau libère des endorphines, ces substances de la sérénité,
de la joie de vivre, du plaisir et du bonheur. Et James Hillman d’écrire :
« Chaque vie est formée de sa propre image, unique et innée, qui est
l’essence de cette vie et qui l’appelle à un destin. En tant que force du sort,
notre image nous tient lieu de génie personnel, de compagnon et de guide
dans notre vocation. »2

Imaginez que vous êtes une fleur


Lorsque nous laissons libre cours à nos pensées, des événements
extraordinaires se produisent souvent.
Roselyne, par exemple, m’écrit ceci : « Quand j’ai commencé à
imaginer que j’étais une rose, je me suis sentie plus légère et moins
déchirée par mes conflits. Chaque fois que l’ennui ou la frustration me
poussait vers la nourriture, je fermais les yeux, je voyais ma belle rose
rouge et je me sentais protégée. Ma faim nerveuse, ma tendance à manger
pour passer le temps, s’est tout doucement envolée. Et en quelques
semaines, sans effort, j’ai perdu 4 kg. »
Les images sont un puissant antidote contre les insatisfactions
intérieures.
Selon Shia Chen, un illustre médecin chinois, l’image de la fleur est la
plus influente d’entre toutes. C’est un peu comme si notre cerveau, en
imaginant devenir une rose, un lys ou un tournesol, fleurissait également et
rejetait les contraintes du quotidien et la platitude d’un style de vie qui nous
porte à l’obésité. En outre, l’image de la fleur nous aide à ranimer notre
relation intérieure avec la nature, elle nous libère et nous introduit dans une
dimension où nous nous sentons éclore, où nous nous sentons protégés
contre les agressions extérieures.
Qui imagine fleurir reconnaît cette sensation et apprend à se
métamorphoser. La fleur que nous photographions incarne notre
personnalité secrète, notre énergie vitale trop souvent occultée par la routine
de nos pensées quotidiennes.

Rien n’est jamais désespéré : commençons… par


rêver
« Je sais que ma vie est un échec. C’est comme cela et je dois faire
avec. Mais si je pouvais, je changerais tout », me confie Géraldine, 36 ans.
Ce sentiment d’inéluctabilité est partagé par 70 % des personnes qui ne
parviennent pas à perdre du poids. Elles sont obnubilées par cette pensée :
« De toute façon, on ne peut rien y faire. C’est comme ça. » Ce sentiment
anéantit tout projet d’amincissement. Il faut alors exhumer ses rêves, ses
ambitions.
En laissant place à son rêve, Géraldine a repris sa vie en main : « Savez-
vous comment j’ai perdu mes 20 kg de trop ? Au début, je ne comprenais
pas lorsque vous insistiez sur la nécessité de réaliser ses rêves, ses désirs. Je
me disais que je n’avais pas d’attentes et que, même si j’en avais, je ne
pourrais jamais les réaliser avec la vie que je menais, écartelée entre mon
mari, mes enfants et mon travail. Je me trompais. Un jour, j’ai fermé les
yeux, j’étais triste. Je me suis demandé : “Géraldine, que veux-tu
vraiment ?” Au début, je me suis laissée aller à mes fantasmes habituels…
un nouvel amour, un mari différent, des voyages… Cela me servait d’alibi
pour ne pas agir. Puis j’ai compris votre conseil : je ne devais pas changer
de vie, je devais simplement accomplir quelque chose pour moi, pour moi
seule. »
Géraldine s’est alors souvenue qu’enfant, elle rêvait de devenir actrice :
« J’ai écouté mon envie et je me suis aussitôt inscrite à un cours de théâtre.
J’ai fait de nombreux sacrifices pour m’y rendre trois fois par semaine, de
21 h à 23 h, mais je me répétais : “Géraldine, tu fais cela pour toi,
n’abandonne pas.” »

« Réaliser ses rêves est toujours possible, sans quoi les


frustrations s’installent et se transforment en un fardeau qui se
traduit par des kilos superflus. »
Au début, Géraldine éprouvait de la culpabilité vis-à-vis de son mari et
de ses enfants. Puis elle a compris que la quête de sa joie intérieure ne
s’opposait pas nécessairement à son rôle de mère et d’épouse. « J’ai encore
du mal à y croire. Pourtant, ma famille est plus heureuse parce qu’elle me
sent plus sereine. » Réaliser ses rêves est toujours possible, sans quoi les
frustrations s’installent et se transforment en un fardeau qui se traduit par
des kilos superflus. Et Marie-Louise von Franz d’ajouter : « Une personne à
qui on interdit de rêver tombe malade. Le rêve a donc une fonction
normalisatrice, constructive et probablement équilibrante au sein du
processus vital. »3

Visualiser sa silhouette idéale


« Je n’ai jamais été aussi heureuse que lorsqu’un matin, la balance a
indiqué 55 kg, un rêve que je croyais inaccessible. » Ce sont les propos de
Marine, 38 ans, qui a mis en pratique une technique d’amincissement que
j’approuve entièrement : « J’ai imaginé la femme que je souhaitais devenir :
son corps, ses vêtements, sa lingerie, le maquillage qui la mettrait en valeur.
Cette image ne me quittait plus. » Imaginer le résultat final de son propre
parcours, cette « femme spéciale » en devenir, est un excellent exercice
pour accompagner son quotidien.
« J’ai appris à maigrir pour cette image, pour lui ressembler autant que
possible. » Souvent, les personnes en surpoids oublient leur image idéale ou
la croient inaccessible et désespèrent de perdre leurs kilos superflus. Or
c’est une grave erreur. Voici ce qu’a fait Marine : « À table, quand je dînais
avec des personnes qui me poussaient à m’empiffrer, quand je me sentais
frustrée et avais envie de douceurs, je fermais les yeux et j’imaginais la
femme que je rêvais d’être. Elle est vite devenue mon ange gardien, et je
ressentais son approbation chaque fois que je choisissais les aliments qui
m’étaient adaptés. »
Visualiser notre silhouette idéale est un ressort essentiel qui nous
rappelle que notre objectif premier consiste à être nous-mêmes et à réaliser
notre véritable beauté.
« Je ne voulais pas devenir aussi mince que les stars de la télévision.
J’imaginais une femme qui me plaisait, qui n’appartenait qu’à moi. » Le
témoignage de Marine contient la vraie solution au problème du surpoids.
Marine ne cherchait à ressembler à personne, pas même à un mannequin.
Elle voulait simplement ressusciter l’amie secrète que chaque femme porte
en elle, même si les vicissitudes de la vie le lui font parfois oublier.

« Visualiser notre silhouette idéale est un ressort essentiel qui


nous rappelle que notre objectif premier consiste à être nous-
mêmes et à réaliser notre véritable beauté. »

Marine s’est souvenue de son univers intérieur, de la femme qui


sommeillait en elle, ensevelie sous ses rondeurs. La redécouvrir lui a permis
de retrouver la ligne. Cet exercice est à la portée de tous. Nous devons
seulement fermer les yeux de temps à autre et nous imaginer tels que nous
aimerions être. Notre cerveau s’occupera du reste, naturellement.
En somme, nous devons nous entourer de ce que nous aimons. Nous
devons nous demander tous les jours : « Quels parfums me plaisent ? De
quoi ai-je vraiment envie ? Quelles couleurs me ressemblent ? Quelle fleur
me représenterait le mieux ? Quels sont mes rêves et fantaisies préférés ? »
Nous devons réveiller le mystère, l’inconnu qui vit en nous et que nous
avons négligé… Laissons vaguer notre âme à travers l’imagination, le désir
et le plaisir.
Si vous souhaitez vraiment maigrir, entourez-vous de ce que vous
aimez, des personnes qui vous mettent à l’aise, et dorlotez-vous davantage.

1- Alleri, P. et Ruocco, R., op. cit., p. 27.

2- Hillman, James, The Soul’s Code : In Search of Character and Calling, New York, Grand
Central Publishing, 1997.

3- Von Franz, Marie-Louise, Il mito di Jung, Turin, Bolati Boinghieri, 1997, p. 88.
Conclusion

Lorsqu’un patient se plaint de ne pas perdre de poids, convaincu qu’il


ne parviendra jamais à retrouver la ligne, je ne m’inquiète pas. Je ne
prescris aucun régime. La seule règle à laquelle je m’astreins, le seul
conseil que je donne est celui que je tiens d’un vieil agriculteur auquel
j’avais demandé, il y a longtemps, quel était son secret pour rester en forme
à 74 ans.

« Si vous souhaitez réellement maigrir, éliminez de votre


alimentation les produits excessivement sucrés et salés. »

En réalité, il avait deux secrets. « Le premier, disait-il, consiste à ne pas


manger d’aliments qui donnent soif. » Si vous souhaitez réellement maigrir,
éliminez de votre alimentation les produits excessivement sucrés et salés,
tels que les chips, cacahuètes, olives et autres amuse-gueule. Mon ami
agriculteur m’a confié que depuis qu’il avait adopté ce principe, bien des
années plus tôt, il n’avait plus jamais eu soif après un déjeuner ou un dîner.
Cette précaution simple, naturelle, permet d’éviter le danger beaucoup plus
grave de la rétention d’eau, dont dérivent la cellulite, les blocages du
métabolisme et le ballonnement. Le goût et le palais tirent aisément partie
de cette nouvelle habitude salutaire.
Son second secret était de nature psychosomatique. Selon lui, « maigrir,
c’est d’abord dans la tête. Dans la vie, il nous arrive de nous oublier. Nous
finissons par faire des choses qui ne nous intéressent pas, nous nous
remplissons l’esprit de pensées inutiles et, surtout, nous perdons de vue
notre bien-être ».
Je ne m’inquiète pas quand un patient me parle de son incapacité à se
défaire de ses kilos en trop. En revanche, je me demande toujours,
lorsqu’une personne vient me voir, ce qu’elle a négligé ou oublié. J’ai
découvert que le surpoids apparaît généralement lorsqu’on se sent éteint,
sans enthousiasme, lorsqu’on nourrit un sentiment d’inadéquation et,
surtout, de résignation.
Quels sont les éléments générateurs de surpoids ? Des propos tels que
ceux qu’Hortense m’a confiés récemment : « De toute façon, on n’y peut
rien. » Ce sentiment d’inévitable, cette manière de considérer que notre
routine est inéluctable est souvent à l’origine de la prise de poids. « Tout est
dans la tête. » Nous nous persuadons que notre vie ne changera jamais et
nous nous réfugions dans la nourriture. Pourtant, de simples gestes peuvent
aider à mincir. S’il est facile de se dispenser du sucré et du salé, il est
encore plus aisé d’intégrer des sources de satisfaction dans notre vie. Nous
devons prendre soin de nous tous les jours et réaliser ce que nous aimons
réellement. Je n’ai encore jamais rencontré, durant toutes ces années, de
personnes ne parvenant pas à se découvrir un centre d’intérêt. Au début,
toutes prétendent le contraire, comme Laura, 48 ans : « Je suis bien trop
occupée pour me trouver une nouvelle lubie. » C’est cela qui m’intéresse.
Et non le surpoids. Je veux aider chacun à trouver au moins une ou deux
choses qui le passionnent, à les intégrer dans son emploi du temps. En
définitive, j’ai repris à mon compte la devise de mon ami agriculteur :
« Haro sur les aliments qui donnent soif et place aux petits plaisirs de la
vie. » Ces deux recommandations vous permettront de mincir sans régime.

« Nous devons prendre soin de nous tous les jours et réaliser ce


que nous aimons réellement. »
Direction éditoriale : Corinne Césano
Édition : Benoît Bontout avec la collaboration de Aloyse Fares-
Bruneton
Création Graphique couverture : Vu Thi
Composition : Nord Compo
Fabrication : Laurence Ledru-Duboscq

© Éditions Solar, 2013

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction


par tous procédés, réservés pour tous pays

EAN : 978-2-263-06218-6

Code éditeur : S06105


Dépôt légal : février 2013
Imprimé en France par l’imprimerie Bussière

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Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo

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