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MAIGRIR
LA MÉTHODE
SANS
RÉGIME
Le mental au service de la minceur
Celui qui grossit est déchiré par un conflit intérieur. Il a beau dire aux
autres que tout va bien, que ses rondeurs ne lui posent pas de problème, dès
qu’il se retrouve seul face à lui-même, il éprouve un profond sentiment
d’échec. Grossir signifie plonger dans l’abîme existentiel des bonnes
résolutions jamais tenues.
Une idée fixe s’affirme dans l’esprit de la personne en surpoids : « Je
dois y arriver. » Le régime devient dès lors une corvée, qui s’ajoute aux
multiples devoirs et obligations que la vie nous réserve déjà.
« Je dois y arriver », « je veux y arriver » sont des leitmotivs énoncés
avant chaque effort d’amaigrissement. Naturellement, tout écart – lorsque
l’on cède à la pulsion irrésistible de grignoter un gâteau par exemple –
génère un sentiment de culpabilité tel que l’on se jette à nouveau sur la
nourriture pour calmer son angoisse.
C’est une lutte de titan ! Tout régime se transforme en camisole de
force. Pour mincir, nous nous condamnons au carcan et, fatalement, nous
n’avons qu’une hâte : nous en libérer, tout en dressant à chaque fois le
même constat : « J’ai encore échoué… »
Ce livre s’adresse à ceux qui souhaitent sortir de ce cercle vicieux et
comprennent que nul ne peut maigrir sans adopter un nouvel état d’esprit.
« Si je ne mange pas, ce n’est pas parce que je suis au régime, mais parce
que je suis animé par une passion, un désir, une vitalité qui exige d’être
satisfaite. »
On ne peut maigrir sans avoir au préalable réveillé une vocation, un
enthousiasme, une curiosité qui sommeillait peut-être en nous depuis des
années.
Dès lors, faut-il compter les calories ? Sans nul doute, car il est
important de savoir qu’un cappuccino et un croissant en contiennent plus
qu’un plat de spaghettis et qu’ils sont moins nutritifs. Suivre les conseils
avisés des nutritionnistes a son utilité. Toutefois, la recette imparable pour
maigrir est de renouer avec soi-même, avec l’être unique qui habite chacun
de nous.
À l’état sauvage, les bêtes savent d’instinct choisir la nourriture qui leur
est adaptée et mangent uniquement selon leurs besoins lorsqu’ils doivent se
la procurer eux-mêmes. À l’inverse, les animaux domestiques, que nous
nourrissons souvent avec nos propres aliments, prennent du poids,
deviennent indolents, souffrent de troubles du comportement et
« apprennent », comme nous, à compenser leurs vies peu captivantes par la
nourriture. Une étude anglo-saxonne le prouve : les animaux domestiques
ont perdu leur instinct alimentaire et mangent désormais, à l’instar des
humains, sans faim ni désir.
Pour maigrir, l’individu a d’abord besoin de désirer. Le désir, sous
toutes ses formes, est le meilleur antidote contre l’obésité : un nouvel
emploi, de nouveaux centres d’intérêt, un nouvel amour ou une ancienne
passion qui renaît…
Ce sont les bases pour redémarrer.
1- Spalding et al., « Dynamics of Fat Cell Turnover in Humans », Nature, pp. 453-458, 8 juin
2008.
Chapitre 2
Retrouver son identité
Parfois, une nappe de brume enveloppe notre âme, et nous nous croyons
perdus dans des bas-fonds sans issue. Quelle est cette nappe de brume ? Ce
sont les contours que nous percevons de nous-mêmes. Mais que voyons-
nous vraiment de nous ?
Nous pouvons constater que des pensées récurrentes nous habitent, des
souvenirs qui s’imposent avec plus de force que d’autres, mais aussi des
aspirations, des projets nous amenant à répéter : « Je suis ceci… » Des
pensées, souvenirs, émotions et sentiments persistants animent notre esprit.
Notre histoire prend une importance démesurée. Les personnes en surpoids
ressassent toujours les mêmes choses et sont toutes obnubilées par le passé.
C’est cela, la brume de l’âme.
Dès lors, qu’est-ce qui fait réellement souffrir l’âme ? Ses souffrances
seraient-elles à l’origine de notre prise de poids ? La nature nous invite à ne
pas lutter contre nos « blessures affectives » et à attendre que l’âme referme
d’elle-même nos cicatrices. C’est un processus naturel : lorsque nous nous
coupons, le corps nous soigne avec les plaquettes du sang ; l’âme, elle, nous
guérit grâce à l’oubli.
Cessez de courir après les causes et vous éliminerez les problèmes. Les
causes s’abreuvent du passé. « J’ai pris du poids parce que j’ai perdu
l’homme de ma vie », explique à son tour Amélie, 32 ans. Ce n’est jamais
vrai. Nous prenons du poids parce que nous avons perdu notre identité
profonde et nous ne sommes plus guidés par elle. Grossir est contre-nature :
l’esprit des personnes en surpoids est prisonnier de la graisse. Il n’y a rien
de plus pathétique que compter les calories et disséquer son menu
quotidien. Dire « aujourd’hui, j’ai fait du sport, je mérite un bon petit plat »
est un non-sens. Les personnes qui raisonnent ainsi se sont assoupies. La
nourriture est devenue leur unique source de plaisir. Elles ont perdu leur
âme…
Retrouver sa spécificité
Nous prenons du poids parce que nous avons perdu la capacité de
respecter notre tempérament. Êtes-vous agressif ? Avide ? Fougueux ?
Fantasque ? Ou vous comportez-vous comme un gentil animal en cage ?
Les animaux domestiques prennent du poids alors que les bêtes
sauvages ne grossissent pas.
Russell a raison : l’excentrique suit sa nature et non la masse. Chercher
à imiter les autres est peut-être ce qui nous fait grossir le plus. L’excentricité
signifie ne ressembler à personne…
Selon Russell, l’âme n’opère que lorsqu’elle s’affranchit du joug de la
pensée commune et des modèles dominants. Pour retrouver notre poids
idéal, nous devons retrouver notre diversité. Au début, cela engendre un
sentiment de solitude, car il n’est jamais facile de s’écarter de la norme :
fini les dîners avec nos amis qui ne pensent qu’à nous faire boire et manger.
« Même avec tes rondeurs, tu es jolie comme un cœur », disent-ils.
N’écoutons plus les voix de la pensée dominante, ce sont les barreaux de
notre cage et elles empêchent notre âme de prendre son envol.
« Pour retrouver notre poids idéal, nous devons retrouver notre
diversité. »
Chaque fois que nous tournons le dos aux lieux communs, notre identité
se transforme : nous redevenons seuls face à nous-mêmes, face au vide.
Toutes les traditions considèrent le vide comme la quintessence de l’âme.
Le vide se manifeste dès que nous mangeons moins. Ne craignez pas de
l’accueillir et vous serez sur la bonne voie.
« Celui qui prend du poids craint avant tout la solitude », me disait
Mélanie, qui a longtemps préféré passer des soirées « soporifiques » avec
ses amies plutôt que de rester cloîtrée chez elle, seule devant sa télévision.
Mais après avoir « absorbé » les propos de ses amies toute la soirée, elle
rentrait chez elle et se jetait sur la nourriture.
Vous prenez du poids parce que vous faites ce qui plaît aux autres et
non à vous-même.
L’âme ne pense ni ne raisonne. Elle s’exprime à travers un langage
étranger à la vie rationnelle.
L’âme imagine, rêve et ressent. Elle n’élimine pas les causes, car il n’est
pas dans sa nature de les connaître. Sa vocation est autre. Si nous refusons
de la comprendre, si nous ignorons son fonctionnement, nous risquons de
nuire à nous-mêmes et aux autres.
L’âme ne veut ressembler à personne… Elle suit son chemin d’autant
mieux que nous ne sommes ni aveuglés ni vaincus par les identités fictives.
Retrouver la fantaisie
Vous prenez du poids parce que vous avez perdu la magie et croyez tout
savoir du monde. Votre vie manque de fantaisie ? Sans les Images, les
pensées s’installent. Et les kilos aussi.
L’âme s’inscrit dans l’éternité du présent. Elle peut passer toute sa vie
dans la brume des identifications ou « voler » vers sa voie.
Dans le premier cas, nous ne sommes que des figurants sur la scène de
la vie ; dans le second, nous sommes notre propre plante, notre destin,
l’essence de notre univers intérieur.
Françoise, 40 ans, m’écrit ceci : « Il n’a pas été facile d’affronter toute
seule ma séparation, mon divorce et mon déménagement. J’avais toujours
trouvé plus pratique de me borner à figurer dans la vie de mon mari
comptable. Mais vous, docteur, vous m’avez dit il y a un an : “Tôt ou tard,
vous devrez prendre votre vie en main. Si vous ne le faites pas, qui s’en
chargera ?” Je vous ai pris au mot et j’ai tapissé les murs de mon
appartement avec cette phrase, que j’ai recopiée sur des petits papiers. J’en
ai mis deux dans mon sac et un dans ma voiture, sur le tableau de bord.
Cela n’a pas été facile, mais c’était tout de même moins difficile que je ne
le pensais. Maintenant, je vis ma vie et je ne suis plus une simple figurante.
Se contenter d’un rôle de figurant équivaut à jouer dans le film d’un autre. »
Être soi-même
Vous prenez du poids parce que vous jouez un personnage. Vous croyez
être l’incarnation de la femme romantique, et c’est ainsi que vous vous
montrez aux autres. Mais la chair vous rappelle. Vous prenez du poids parce
que vous idéalisez la vie. Vous aspirez à un modèle de perfection trop
grand ; la graisse vous ramène sur terre. La graisse altère la femme parfaite
que vous aimeriez être. Les personnes en surpoids croient que le monde est
banal et rêvent d’« une vie spéciale qui se présentera tôt ou tard » (Anna,
36 ans). Aussi remettent-elles tout au lendemain : elles attendent un prince
charmant qui ne viendra jamais. Trêve de pensées inutiles ! Les personnes
en surpoids sont trop dures envers elles-mêmes, elles nourrissent trop
d’illusions, elles ont perdu la légèreté de l’âme.
Face à un problème, nous devons agir comme les enfants qui se mettent
à jouer sans plus y penser, passent du rire aux pleurs ou s’endorment. Ils
savent que l’oubli soigne les maux, que le sommeil règle les problèmes
mieux que le brouillard de la pensée, car les images des rêves sont plus
fortes et tiennent lieu de baume.
Nous aurons bien du mal à aplanir les obstacles qui se dressent face à
nous si nous ne cessons de nous identifier à tel ou tel personnage, nous
voyant tour à tour comme un être en colère, trompé, ou autre.
L’identification flatte l’âme et lui fait croire que le personnage qu’elle
joue est sa véritable entité. Or ce n’est qu’une corne de brume…
Ce que nous croyons être n’est qu’un vernis, rien de plus. Notre
système de reconnaissance est totalement voilé par la brume. Nous devons
changer notre mentalité et notre perception du monde.
La personne en surpoids finit par se focaliser sur l’alimentation, sur ses
efforts pour résister aux tentations et dominer la faim. Elle ne s’appréhende
plus que par son combat contre la nourriture. Or c’est précisément cette
lutte que l’âme exècre.
Nous prenons du poids parce que nous luttons trop contre nous-mêmes
et réduisons notre vie à la seule question : « Vais-je parvenir à suivre mon
régime ? » De nombreuses personnes démarrent ainsi leur journée et se
démoralisent le soir, lorsqu’elles lâchent prise, lorsqu’un apéritif coupable
réduit à néant leur diète. En réalité, elles avaient attendu toute la journée
que quelqu’un leur propose cet apéritif.
Nous prenons du poids parce que nous sommes trop perfectionnistes,
trop exigeants envers nous-mêmes. Nous nous mettons trop à l’épreuve.
Si l’âme perçoit des centres d’intérêt, elle redécouvre son Image. Les
Images sont subtiles et évanescentes. Elles sont le vrai remède ! Le subtil
fleurit et bouleverse le métabolisme du cerveau. Assouvir ses désirs, son
imagination, ses tentations signifie ouvrir la porte au subtil ; les nier revient
à se précipiter dans l’abîme, la pesanteur et la graisse.
Vous ne grossissez pas par manque de volonté, mais parce que vous
bridez les envies de votre énergie primordiale. Votre vie manque de poésie ;
elle est rythmée par les obligations, les pensées et la réalité.
Cultivez vos centres d’intérêt et vous perdrez du poids ! Il n’est pas de
meilleure résolution. Les centres d’intérêt appartiennent au monde du subtil,
à l’instar des passions, des fantaisies et des rêves.
En somme, s’épanouir est la seule vraie réponse au surpoids.
1- Zimet, Ben, Contes des sages du ghetto, Paris, Le Seuil, 2009, p. 91.
2- Cit. in Arbasino, Alberto, “Mozart è diventato un surrealista (ma che belle le Regine della
Notte)”, dans Corriere della Sera, 17 avril 2011, p. 37.
Chapitre 3
Relâcher la maîtrise de soi
Le plaisir est bien plus qu’un sentiment intime. Chaque fois que nous
entrons dans la dimension du plaisir, le cerveau émet des substances qui
nous procurent une sensation d’apaisement et bouleversent la chimie de
notre organisme. D’où la formule : « La graisse n’est autre que de l’amour
qui a tourné. » Le plaisir dont nous avons été privés se transforme en
obésité.
Les personnes en surpoids ont souvent tendance à culpabiliser ou à
discréditer l’Éros.
Notre Moi s’accommode parfois de nos renoncements mais, ensuite, le
ventre se déchaîne et nous punit pour avoir frustré ses désirs. Or « plaisir »
ne rime pas seulement avec Éros : cela signifie s’éprendre de la vie, rire,
jouer, être créatif et cultiver des centres d’intérêt.
Que faire lorsque nous entendons cette voix, cette « impulsion » ? Nous
ne devons pas la combattre mais l’accueillir doucement en nous. Le
psychanalyste Aldo Carotenuto souligne : « En répondant à une voix interne
plutôt qu’à un choix standardisé, nous nous détachons pour la première fois
des paramètres du collectif, pour n’obéir qu’à notre voix intérieure. »3
Cette voix ne demande qu’à être entendue. Elle veut briser le modèle de
perfection souvent trop dur et trop rigide que nous nous sommes construit
suivant des normes prédéfinies. Selon la psychanalyste Marion Woodman,
le perfectionnisme est une maladie dont il faut guérir : « Poussés à faire de
notre mieux […] dans tous les recoins de notre vie, nous essayons de nous
transformer en œuvres d’art. Et cet acharnement à atteindre la perfection
nous fait oublier notre caractère humain. »4
J’ai donc demandé à Élisabeth de donner un nom à cette voix. Elle m’a
aussitôt répondu : « Supérette. Parce que je l’entends toujours quand je fais
mes courses. – Non, ai-je répliqué, donnons-lui un prénom féminin ! –
Alors, pourquoi pas Tania ? »
Élisabeth doit se lier d’amitié avec la voix Tania : c’est une partie vitale
de son être, qui ne demande qu’à être aimée et choyée. Il ne faut pas la
maltraiter. Élisabeth est parvenue à perdre 10 kg, mais pour éliminer les
quatre derniers, elle aura besoin de la bienveillance de Tania.
Nous voulons souvent être minces pour ressembler à un modèle que
nous avons en tête. Nous n’hésitons pas à nous soumettre à des efforts
indicibles, à lutter contre notre propre nature pour y parvenir. Tania se
révolte parce qu’elle veut jouer, s’amuser, affirmer sa créativité. Elle ne
recule devant rien pour que l’on s’occupe d’elle et n’hésite pas à nous tenter
au supermarché.
Élisabeth a compris : elle m’a assuré qu’elle accorderait à Tania la
douceur qu’elle lui a toujours refusée et qu’elle cesserait de la malmener. Je
suis certain que, de cette manière, ses kilos rebelles fondront comme neige
au soleil.
De nouveaux horizons
Il nous faut un déclic sur le chemin de notre âme.
François, 64 ans, était obèse depuis vingt-quatre ans. Il s’est un jour
épris d’une femme de vingt ans sa cadette et « l’idée de rajeunir pour elle,
de lui plaire, de redevenir un homme [lui] a servi de déclic. Cela a été le
tournant de [sa] vie ».
Manger en savourant
Plus de 90 % des aliments que nous consommons sont absorbés
mécaniquement, à la hâte, sans conscience réelle et sans que nous les
savourions vraiment. Les personnes en surpoids ne dégustent pas ce
qu’elles mangent et, au fil du temps, elles habituent leur cerveau à
considérer la nourriture non plus comme un aliment mais comme une façon
de se remplir le ventre, comme un antistress vers lequel se tourner chaque
fois qu’elles se sentent insatisfaites, frustrées ou mécontentes. Pourtant, les
sondages affirment que les individus qui apprennent à savourer leur
nourriture parviennent à perdre du poids sans effort.
1- Estés, Clarissa Pinkola (trad. Girod, Marie-France), Femmes qui courent avec les loups,
Paris, Le Livre de Poche, 2001, p. 325.
2- Ibid., p. 324.
S’aimer plus
Nous prenons du poids lorsque nous subissons la vie, lorsque nous ne
trouvons pas notre voie ou n’acceptons pas ce que nous sommes. Nous
prenons du poids parce qu’une sorte de déprime s’insinue en nous. Nous
formulons des pensées telles que : « À quoi bon être belle si personne ne me
regarde ? » Ou encore : « La nourriture est mon seul plaisir. » Nous vivons
dans l’indécision, obnubilés par un idéal de beauté que nous aimerions
atteindre à travers le jugement et le regard d’autrui.
Nous peinons à nous aimer et à croire en nous. Or ce sont des
ingrédients essentiels pour retrouver la ligne.
Prendre soin de soi et ignorer la pression sociale sont les clés pour un
nouveau départ. Nous devons aller de l’avant, sans quitter des yeux notre
objectif. L’historien allemand Leopold von Ranke écrivait : « S’arrêter,
c’est mourir ; courir après les autres, c’est une forme d’esclavage. Se
développer, s’épanouir, suivre son étoile, c’est vivre… »
De fait, les personnes en surpoids sont conformistes à l’extrême. En
apparence, elles se sentent libres et croient pouvoir changer de vie à tout
moment. Mais, en réalité, chaque changement est vécu avec appréhension.
Tout ce qui ne peut être contrôlé, tout ce qui remet en question leurs
certitudes et les éloigne de la norme est perçu comme un grand vide, une
source de découragement et de frustration. Elles se tournent alors vers la
nourriture pour compenser.
Cette faim obsessionnelle et insatiable nous incite à manger de manière
compulsive, si bien que nous nous demandons rarement ce que nous aimons
réellement, quels sont les saveurs, textures et assortiments dont nous
raffolons. Nous négligeons ces détails pourtant essentiels, puisqu’ils sont à
la base de l’instinct alimentaire.
Prendre soin de soi consiste à découvrir les identités qui nous habitent
et que nous avions oubliées. Si nous nous bornons à une seule facette de
notre personne, nous prenons du poids.
Aucun être humain ne peut être réduit à un seul rôle : mère, mari ou
enseignant. Nul ne peut se contenter de la seule réalité extérieure, de son
reflet dans le miroir. Les personnes en surpoids veillent à bien huiler les
rouages de leur vie matérielle, à avoir des relations stables, des enfants et un
compagnon heureux, un travail satisfaisant. Elles perdent de vue le monde
invisible, qui aurait pourtant grand besoin de leur attention.
Quand la réalité nous accable, nous engloutit, quand nous avons
l’impression de ne vivre que pour payer notre loyer, travailler et nous offrir
une soirée entre amis, l’âme se révolte, s’engourdit et se gorge de graisse.
Nous prenons du poids parce que nous sommes paralysés, englués dans
le piège des devoirs, responsabilités, modèles extérieurs et fausses
certitudes.
Même si en apparence tout va bien, qu’en est-il de notre joie de vivre ?
Profiter de la vie est la quintessence de l’univers du subtil, ce temple de
la créativité, de la fantaisie, de l’imagination, de l’Éros, des passions, des
désirs et des rêves… Mais l’enchantement nous fait aujourd’hui cruellement
défaut : poésie, mythes, légendes et contes de fées ne font plus partie de ce
monde.
Nous voulons désormais être « concrets »… et il n’est rien de plus
concret que la nourriture. Plus nous pensons de manière concrète, plus
l’âme s’appesantit et s’agrippe au sol. Manger devient l’acte le plus simple,
le plus sûr, omnipotent et aphrodisiaque.
La vie se résume-t-elle donc à cela ? N’y a-t-il rien d’autre ? Et nous
nous empiffrons de plus belle…
Mais ainsi, l’univers du subtil s’éloigne, laissant le champ libre à la
graisse, autrement plus concrète. « Je m’intéresse aux faits, pas aux rêves »,
disait le père d’un patient obèse.
Affamés… d’émotions
Chaque jour, des millions de Français suivent les idylles des
protagonistes de séries télévisées, pendus aux lèvres de personnages qui
vont et viennent, s’aiment, se quittent, pleurent et désespèrent. Ils se
passionnent pour des émissions de télé-réalité, où les histoires individuelles
prennent des dimensions épiques, et pour des programmes mettant en scène
des parcours initiatiques sur des îles lointaines. Ce phénomène est
parfaitement emblématique de notre époque.
1- Cit. in Schmidt, Karl-Otto, Le Secret du bonheur : comment obtenir ce qu’on désire, Paris,
Astra, 1996.
2- Von Franz, Marie-Louise, Alchimie – Une introduction au symbolisme et à la psychologie, La
Fontaine de Pierre, Ville d’Avray, 2000.
5- Ibid., p. 28.
Chapitre 5
Pourquoi vouloir maigrir ?
Lorsque nous maigrissons, la lourde chape de plomb qui pèse sur notre
psyché disparaît. Notre lutte intérieure, ce combat perpétuel, ce sentiment
de frustration quotidien qui nous habite, fond avec les kilos superflus. En
somme, qui parvient à maigrir recommence à croire en la vie. Nous ne
devons pas mincir pour quelqu’un ou quelque chose, mais pour recouvrer le
bien-être. Lorsque nous prenons du poids, nous pataugeons dans la brume
de l’âme, et le découragement nous accable. Mais, dès que la minceur
revient, la vie nous sourit à nouveau. Cela en vaut la peine !
Si nous pensons qu’une phase est meilleure qu’une autre pour perdre du
poids, nous continuerons à remettre cet objectif à plus tard, à nous mentir, à
prétendre que ce n’est pas le bon moment. Tout prétexte sera bon : chaque
colère, chaque déception offrira une occasion valable pour se rabattre sur la
nourriture et combler le vide… Chaque fois que nous nous sentirons
stressés, nous nous précipiterons sur les sucreries et nous continuerons à
grossir, tout en nous répétant que lorsque nous serons plus tranquilles
(chose qui n’arrivera jamais !), nous pourrons enfin penser à maigrir…
Grossière erreur.
Quand doit-on commencer à maigrir ? Tout de suite, maintenant.
Qu’importe notre style de vie, nos obligations ou ce que nous traversons.
Pour citer Goethe : « Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le.
L’audace renferme en soi génie, pouvoir et magie. »4
Remettre notre projet d’amincissement au mois prochain, à la fin de
telle ou telle activité, ou lorsque nos enfants seront grands signifie instaurer
une relation faussée avec nous-mêmes, car il ne s’agit pas d’un sursis réel
mais d’un refus de prendre une décision.
Cela revient à déplacer la ligne de départ chaque jour un peu plus loin.
2- Georges Ivanovitch Gurdjieff, textes recueillis par Bruno de Panafieu, Paris, L’âge d’homme,
coll. “Les dossiers H”, 1992, p. 251.
4- Lepore, V. (sous la direction de), Aforismi sulla felicità, Sienne, Barbera, 2008, p. 69.
Chapitre 6
Comprendre l’impact
des passions
sur le métabolisme
Chacun d’entre nous cultive une passion secrète, qui influe sur notre
état d’esprit, notre forma mentis. Si nous la perdons, nous prenons du poids.
Et Gabriele Guerini Rocco d’affirmer : « Qu’est-ce qui influe sur l’équilibre
du métabolisme ou le déstabilise au risque de le détraquer ? On considère
généralement que le métabolisme dépend du fonctionnement de la thyroïde.
Or cette dernière est régulée par l’hypophyse qui est elle-même contrôlée
par l’hypothalamus. […] L’hypothalamus, une glande endocrine située au
cœur du système limbique du cerveau, est très sensible à l’environnement
psychique […], autrement dit à notre état d’esprit. Nous ne pouvons donc
prétendre comprendre le fonctionnement du métabolisme en nous focalisant
sur l’action biochimique. […] Ce serait une lecture partielle et, par
conséquent, erronée. Nous devons analyser notre forma mentis. »2
À nous deux !
David ne se borne plus à téléphoner au bistrot du coin pour se faire
livrer des sandwichs ; désormais, il déjeune dehors. Le soir, il quitte son
travail deux heures plus tôt. Surprise, sa femme essaie de comprendre. Il
sourit et lui demande : « Suis-je donc devenu aussi prévisible ? » Les jours
suivants, David poursuit sa reconquête du temps. Il refuse quelques
invitations, laisse sa voiture au garage, reprend le tennis – une fois par
semaine pour commencer – et décide de dédier son samedi à
l’improvisation : excursions, musées, sport. Enfin, un soir, ses yeux se
posent sur sa Stratocaster, oubliée dans un coin depuis une éternité. « À
nous deux », murmure-t-il.
Un an s’écoule. David a retrouvé son poids normal, spontanément, sans
modifier ses habitudes alimentaires. Il a repris sa vie en main. Il lance à sa
femme, en plaisantant : « J’ai retrouvé mon ancienne silhouette, mais j’ai
une nouvelle tête ! »
Comme l’explique Gabriele Guerini Rocco : « Cela en dit long sur la
voie à suivre pour affronter les kilos superflus. […] Il est contre-productif,
du point de vue du métabolisme, de le stimuler sans cesse pour l’accélérer
et brûler davantage, et de manière “artificielle”. En réalité, notre
métabolisme revient spontanément à la normale à mesure que nous
redevenons nous-mêmes, et sans effort… nous maigrissons. »4
Il peut arriver de se laisser engloutir, absorber par son travail et de
croire que la réussite ne s’obtient qu’au prix de multiples sacrifices. C’était
le cas de David, qui a eu tort de considérer sa passion de jeunesse comme
une perte de temps, une entrave à sa carrière, à sa réalisation personnelle,
comme un poids en somme, alors que la musique était au contraire la
« voix » de son âme, son véritable talent. Renier son plaisir l’a amené à
prendre du poids. À l’inverse, il est redevenu mince dès qu’il a renoué avec
lui. N’oubliez jamais cela : travaillez autant que vous le voulez, mais gardez
toujours de la place pour vos passions. Je partage d’ailleurs l’avis de
Gabriele Guerini Rocco qui affirme, au sujet du métabolisme : « Une autre
observation d’importance réside dans l’analogie entre le surpoids et le
processus gravidique. […] De la même manière qu’une graine est “grasse”
parce que sa forte concentration en lipides est indispensable à la genèse de
la plante, un sujet en surpoids s’apprête à… accoucher de lui-même. Ainsi,
à l’instar du ventre de la femme enceinte qui enfle et s’arrondit jusqu’au
moment de la délivrance, le ventre d’un sujet en surpoids enfle et s’arrondit
parce qu’il s’apprête à enfanter d’un nouveau Soi. “Enfanter” de soi est la
seule obligation existentielle pour éviter de déclencher une sorte de
“gestation chronique” et, par conséquent, une situation de surpoids
irrésolue. »5
2- Ibid.
3- Ibid.
4- Ibid.
5- Ibid.
6- Ibid.
Seconde partie
Comment maigrir
en changeant
de style de vie
Chapitre 7
Prendre soin de soi
Nous avons tort de croire que nous prenons du poids par paresse ou
par manque de volonté. En réalité, nous nous montrons souvent trop
disponibles pour notre entourage – enfants, conjoints, collègues et amis.
Non contents d’ingérer de la nourriture, nous absorbons également leurs
problèmes, besoins et angoisses. Le métabolisme de l’alimentation fait écho
au métabolisme de nos émotions, sentiments et relations… Le biologiste et
nutritionniste Giovanni Moscarella écrit ceci : « La véritable maladie de
l’être humain est l’aliénation de soi… L’aliénation de soi se manifeste de
différentes façons : à travers la tendance à ne pas valoriser ses
caractéristiques psychologiques, à se plier à la désirabilité sociale,
autrement dit à adopter des attitudes, à afficher des comportements, des
choix, à consommer et à se composer une image en conformité avec ce que
nous croyons que la société attend de nous. »1
À force d’absorber les besoins des autres et de nous adapter, nous
finissons par ralentir le métabolisme de notre esprit, ce qui a des
répercussions immédiates sur notre corps et notre rapport à la nourriture.
Nous devons apprendre à dire non, à devenir plus égoïstes, à nous défaire
de notre sentiment de culpabilité.
Nous croyons pouvoir exister sans lui, mais nous nous trompons
terriblement. Essayons d’oublier qui nous sommes et imaginons être une
autre personne. Fermons les yeux et laissons-nous submerger par cet « ami
intérieur » qui vit en nous. Efforçons-nous de photographier cette image,
elle nous accompagnera tout au long de notre voyage. Le philosophe
Richard Bach écrit ceci : « Si tu veux t’exercer à être fictif quelque temps,
tu comprendras que des personnages fictifs sont parfois plus réels que les
gens possédant des corps et des cœurs battants. »3
Grâce à la présence de notre « compagnon invisible », notre existence
acquiert de la profondeur, et nous prenons conscience d’avoir une finalité,
une mission précise et secrète.
Quoi que nous fassions, nous devons nous concentrer sur cette image,
sur ce personnage que nous avons découvert en nous. C’est pour cette
identité intérieure que nous devons maigrir. L’idée d’un changement
corporel, d’une refonte totale au nom de cet habitant de notre intimité doit
se former en nous. Mincir signifie porter son regard sur soi, en soi.
Pour contenter notre entourage, nous nous « emplissons » d’actions
inutiles, dont nous n’avons que faire, et nous appesantissons ainsi notre
corps. Or la grandeur véritable consiste à enfanter de soi, de cet être
mystérieux qui nous habite et ne ressemble à aucun autre. Friedrich
Nietzsche écrivait : « Chacun porte en soi une unicité productive qui est la
quintessence de son être et, s’il prend conscience de cette unicité, la
splendeur de l’insolite flotte alors autour de lui. »4
Selon de nombreux chercheurs, la rêverie joue un rôle fondamental
dans la lutte contre le surpoids. Imaginer être quelqu’un d’autre, une
personne différente de celle qui travaille et subit la routine du quotidien
signifie explorer d’autres contrées, hors des schémas mentaux traditionnels.
Comment activer en nous cette présence inconnue ? C’est simple :
chaque fois que nous mangeons, nous devons penser à cette image. Notre
alliée secrète sera notre force.
Aurore, 38 ans, a perdu 15 kg en pensant à son « amie intérieure » –
qu’elle a baptisée Léa – qui l’aide à choisir ses menus et la conseille dans
ses moments de colère, de tristesse ou d’ennui. Aurore a changé
d’alimentation spontanément, grâce à Léa qui lui indiquait à chaque fois ce
qui lui convenait le mieux. Les résultats ne se sont pas fait attendre.
Marion, 37 ans, est aussi parvenue à maigrir. « Je me regardais dans le
miroir et pensais : “C’est vraiment moi… cette fille avec ses quinze kilos de
trop ?” Marion a cessé d’être obnubilée par son régime et a commencé à se
répéter : « Une autre femme vit en moi, je dois la rendre heureuse… » Tous
les matins, elle se demandait : « Aimes-tu cette robe ? » Au début, elle ne
recevait aucune réponse mais, progressivement, elle a redécouvert le plaisir
de faire des choses qui sortaient de l’ordinaire.
« Mon identité intérieure m’informait de son bien-être lorsque je faisais
des choses nouvelles, telles que m’acheter des vêtements, manger des fruits,
faire de longues marches ou encore aller au cinéma toute seule voir les
films dont j’avais envie sans être obligée de me plier aux goûts de mon
mari. » Marion s’était créé un espace résolument secret en instaurant une
relation intime avec son « identité intérieure ». « C’est cette folie, cette
excentricité qui m’a ramenée à la vie. Si une chose me déplaît ou ne me
convainc pas, je ne la fais pas, car ma personnalité secrète me le déconseille
en m’insufflant une sensation de mal-être. »
Hélas, chère Florence, tout n’est pas aussi rose que vous le croyez. Vous
devriez voir les choses autrement. Cherchez la « personnalité enfouie » en
vous, qui est insatisfaite et compense avec la nourriture pour se donner du
plaisir, pour retrouver l’envie de vivre que vous avez perdue. Cherchez-la
en imitant par exemple Fanny, 37 ans : « J’avais 15 kg à perdre. J’ai suivi
vos conseils : j’ai fermé les yeux et je me suis abandonnée à l’obscurité qui
habite chacun d’entre nous. Je me disais : “Ô nuit, je veux maigrir mais je
n’y arrive pas. Alors, aide-moi.” Petit à petit, je me suis sentie libérée,
soulagée. Mes mauvaises pensées et mon problème de poids ont disparu en
même temps. Aujourd’hui, je suis en harmonie avec moi-même et je me
sens sublime : j’ai recommencé à aimer mon corps. »
Sans le savoir, Fanny a accompli un rituel très ancien : nous en remettre
à l’obscurité est une manière de stimuler notre personnalité mystérieuse.
L’obscurité saura résoudre nos problèmes de poids bien mieux que nos
efforts.
1- Moscarella, Giovanni, Dieta bio-sofica : nutrire il proprio animo e il proprio corpo, Rome,
Mediterranee, 2010, p. 302.
2- Bonder, Nilton, La teoria della felicità gastronomica, Milan, Sperling & Kupfer, 2000, p. 97.
3- Bach, Richard (trad. Casaril, Cyril), Le Messie récalcitrant, Paris, Flammarion, 1993.
6- Di Renzo, Ernesto (sous la direction de), Strategie del cibo : simboli, saperi, pratiche, Rome,
Bulzoni, 2005, p. 44.
7- Pavanello, Deborah, Cibo per l’anima : il significato delle prescrizioni alimentari nelle
grandi religioni, Rome, Mediterranee, 2005, p. 172.
Chapitre 8
Stimuler son métabolisme
1- Jung, Carl Gustav, L’Homme et ses symboles, Tea, Milan, 2007, p. 153.
2- Schopenhauer, Arthur, Aphorismes sur la sagesse dans la vie, Paris, PUF, 1989.
Chapitre 9
Laisser éclore sa féminité
« Nous devons donc porter des habits qui nous plaisent, même
si nous les jugeons inadaptés à cause de notre surpoids. »
Notre reflet dans la glace, notre look, a bien plus d’importance que nous
le croyons. Nous devons donc porter des habits qui nous plaisent, même si
nous les jugeons inadaptés à cause de notre surpoids. Cessons de nous dire :
« Je porterai cela quand je serai mince. » C’est un alibi qui encourage les
kilos superflus à s’installer davantage. En revanche, changer de look,
comme l’a fait Sylvie en allant chez le coiffeur, ou ressortir de nos placards,
à l’instar de Juliette, les accessoires que nous portions lorsque nous étions
minces a des effets remarquables sur le cerveau. Notre apparence nouvelle
stimule les zones cérébrales du plaisir, bloquant le centre de la faim et
chassant le sentiment d’échec qui anime toute personne en surpoids.
Si vous voulez réellement maigrir, soignez votre image et tout
deviendra plus facile.
Souvent, notre besoin de partager notre désir de maigrir avec les autres
révèle nos résistances, nos peurs, notre dépendance. Nous oublions que les
personnes qui nous entourent sont habituées à nous considérer d’une
certaine manière, à nous classer selon des paramètres définis et, souvent,
elles sont envieuses. Il est plus prudent de garder notre décision pour nous
seuls. N’en parlons pas à notre conjoint, à nos parents et encore moins à nos
amis. Ce secret doit rythmer notre vie. Jeanne, 36 ans, raconte : « Toute ma
famille me voyait comme une mère parfaite, une femme au foyer bien sage
qui voulait faire plaisir à tout le monde. Je passais mes journées à cuisiner,
faire les courses, regarder la télévision, etc. J’ai pris 20 kg et chaque fois
que je disais “je suis trop grosse”, on me disait que j’étais jolie comme cela.
Pourtant, mon mari ne me touchait presque jamais. »
Si notre identité sexuelle meurt, si nous bannissons la féminité de notre
vie, automatiquement, nous nous jetons sur la nourriture. Le rôle de mère se
substitue à celui d’épouse. Les femmes deviennent mères de leurs maris et,
comme telles, se « réduisent » à leur administrer de la nourriture, à
« gouverner » le foyer. Les maris, à leur tour, commencent à considérer
leurs épouses comme des compagnes de routine et non plus comme des
amantes. L’Éros abandonne la vie : les passions, les centres d’intérêt, les
désirs sont occultés, anéantis. Que faire, alors ?
Jeanne a rencontré par hasard une amie d’enfance, qui lui a rappelé
comme elle était belle à 25 ans, passionnée, libre, transgressive. « Mais tu
as vu ce que tu es devenue ? » lui a-t-elle dit. Jeanne a alors décidé de
réagir : « Sans rien dire, j’ai éliminé de mon alimentation tous les produits
trop caloriques et, l’après-midi, j’ai commencé à m’offrir une promenade
insouciante d’une heure, la tête vide, comme vous le conseillez. Je ne
pensais qu’à la femme que j’étais dans le passé. Mes proches et amis n’ont
pas tardé à remarquer que je maigrissais. Ils me demandaient : “Tu es au
régime ?” Je répondais que non. Je me suis mise à sortir avec d’anciennes
amies et, le soir, au lieu de regarder la télévision, je me plongeais dans un
bon bouquin. Mon mari a recommencé à “me sauter dessus” et, depuis que
j’ai maigri, tout le monde me dit que j’ai rajeuni de dix ans. »
Jeanne n’a pas maigri grâce à son régime, mais parce que le féminin a
repris ses droits. « J’ai maigri en silence et personne n’a osé commenter.
J’ai recommencé à vivre. »
Laetitia, 37 ans, a adopté la même stratégie gagnante : « Chaque fois
que je disais à quelqu’un que j’étais au régime, il me décourageait. Notre
entourage refuse de nous voir changer, même si nous sommes en surpoids.
C’est leur façon de nous garder sous leur contrôle : ils savent qu’en
maigrissant, nous changerions d’habitudes et pourrions nous débarrasser
d’eux ou nous éloigner à cause de nos nouveaux centres d’intérêt. Alors, ils
font tout ce qui est en leur pouvoir pour nous convaincre de ne pas perdre
de poids. »
Notre volonté de maigrir doit être un secret bien gardé. Comme le dit
Montaigne : « Il se faut réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute
franche, en laquelle nous établissons notre vraie liberté et principale retraite
et solitude. »2
Laetitia inventait des excuses pour ne pas s’attarder à table, pour refuser
les dîners entre amis le samedi soir. Elle feignait d’être malade ou s’y
rendait mais se contrôlait, prétextant que le médecin lui avait prescrit une
prise de sang et qu’elle ne pouvait manger que des légumes verts.
Voyant qu’elle maigrissait, ses proches lui disaient : « Comme tu es
maigre ! Tu es malade ? » « Un soir, une amie m’a dit : “Tu as mauvaise
mine… Tu as peut-être maigri trop vite, tu étais mieux avant, tu étais plus
jolie…” J’ai compris qu’en réalité elle m’enviait, car elle avait au moins
20 kg de trop. »
Grâce à son secret, Laetitia devenait plus forte et plus confiante.
« Comme je n’avais parlé de mon désir de maigrir à personne, je savais que
je ne devais compter que sur moi-même et sur mes propres forces. »
Avec le temps, elle acquérait de l’assurance et son estime personnelle se
renforçait : « Tous les jours, devant la glace ou sur ma balance, je me
félicitais. J’étais parvenue à maigrir, en dépit de tout et de tous. »
1- Bolen, Jean S., Gli dei dentro l’uomo. Una nuova psicologia dell’uomo, Rome, Astrolabio,
1994, p. 18.
2- Montaigne, Michel (de), Della saggezza (sous la dir. de), Milanesi, Lorenzo, Soveria
Mannelli, Rubbettino, 2006, p. 50.
3- De Clercq, Fabiola, Fame d’amore. Donne oltre l’anoressia e la bulimia, Milan, Rizzoli,
2010, p. 35.
Chapitre 11
Entretenir des relations
authentiques
Certains chercheurs ont noté qu’il est plus facile de perdre du poids
lorsqu’on noue de nouvelles amitiés, fréquente de nouvelles personnes, crée
des connexions, provoque des rencontres et entreprend de nouveaux
parcours. Fréquenter sans cesse les mêmes gens, passer les mêmes soirées
et répéter les mêmes conversations finit par nous frustrer et, à chaque fois,
nous compensons notre insatisfaction avec la nourriture. Les repas de
famille, véritables « orgies » en (belle) famille, devraient à mon sens être
abolis, car ce sont des « générateurs » de calories, de frustrations et de
mécontentements, notamment pour les femmes.
1- Alleri, Pietro et Ruocco, Raffaele, Il peso delle emozioni. Conoscere, affrontare e vincere
l’obesità, Milano, Franco Angeli, 2008, p. 14.
3- Cit. in Hadot, Pierre, N’oublie pas de vivre, Goethe et la tradition des exercices spirituels,
Paris, Albin Michel, 2008.
Chapitre 12
Cultiver la conscience de soi
Retrouver la ligne nous procure une joie immense. Nous nous sentons
comme neufs, différents, capables de réaliser des choses que nous
n’imaginions même pas, obnubilés comme nous l’étions par nos kilos
superflus.
Nous devons simplement apprendre à mieux choisir notre alimentation.
Les fruits et les légumes verts sont bons pour la santé en raison de leur
faible apport en calories et grâce à leurs nombreuses vitamines qui exercent
une action positive sur les cellules nerveuses. Les potages, en particulier les
bouillons de légumes, enrichissent le sang en substances chargées
d’éliminer les déchets et les toxines, facilitant ainsi l’expulsion des graisses
du système circulatoire.
Nous devons ressusciter cette image, car c’est elle qui nous restituera
l’harmonie et la minceur. Lorsqu’il redécouvre notre visage serein et
joyeux, notre cerveau libère des endorphines, ces substances de la sérénité,
de la joie de vivre, du plaisir et du bonheur. Et James Hillman d’écrire :
« Chaque vie est formée de sa propre image, unique et innée, qui est
l’essence de cette vie et qui l’appelle à un destin. En tant que force du sort,
notre image nous tient lieu de génie personnel, de compagnon et de guide
dans notre vocation. »2
2- Hillman, James, The Soul’s Code : In Search of Character and Calling, New York, Grand
Central Publishing, 1997.
3- Von Franz, Marie-Louise, Il mito di Jung, Turin, Bolati Boinghieri, 1997, p. 88.
Conclusion
EAN : 978-2-263-06218-6