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Anorexie : c’est quoi ?

Cette amie qui te parle sans cesse de son obsession du corps parfait, qui poste sur
ses réseaux des images de personnes extrêmement minces, que tu ne vois plus
manger ou alors suivant des critères très stricts, parfois tu te demandes… mais
qu’est-ce qui lui arrive ? Sans que l’on puisse généraliser, il se peut que la réponse se
trouve du côté des troubles du comportement alimentaire, et plus précisément
l’anorexie.

Qu’est-ce qu’on désigne par le terme d’anorexie ?


L’anorexie fait partie de ce que l’on appelle les troubles du comportement (ou des
conduites) alimentaire(s). Le terme vient du latin anorexia, ce qui signifie « perte
du désir (de manger) ». Pourtant, tu nous l’accordes, on dit rarement qu’on est
anorexique quand on n’a pas très faim qu’on est grippée ou qu’on a déjà le ventre
bien rempli ! En effet, quand on veut parler du trouble du comportement
alimentaire, on devrait plutôt dire « anorexie mentale », ce qui implique un certain
nombre de paramètres précis.
Pour être posé, le diagnostic d’anorexie implique plusieurs symptômes : une
importante restriction alimentaire, un amaigrissement, la disparition des règles
(qu’on désigne de manière plus scientifique par le mot d’aménorrhée). Pour les
personnes qui ne sont pas concernées par la disparition des règles, on constate
souvent une baisse de libido, des troubles de l’érection, des retards de croissance et
de développement…
Qui peut souffrir d’anorexie ?
Statistiquement, les troubles du comportement alimentaire, donc notamment
l’anorexie, débutent à l’adolescence. Comme tu le sais, cette période n’est pas
simple ! Tu es peut-être toi-même en train de traverser ta puberté, d’expérimenter
des difficultés avec ton corps qui change et que tu as du mal à reconnaitre, que
parfois tu ne trouves pas comme il faudrait. Tu es peut-être confrontée à ce qu’on
appelle la dysmorphophobie, c’est-à-dire une perception perturbée et négative de
l’image du corps (hé oui, malheureusement, on s’imagine rarement qu’on est
magnifique, avec son corps idéal, ce serait trop simple). Les personnes qui vivent de
la dysmorphophobie ont beau savoir qu’il n’y a rien qui cloche chez elles, elles sont
persuadées de présenter des difformités visibles par tous – dans l’anorexie mentale,
ça peut être une obsession centrée sur son ventre, ses cuisses, ses bras…
Parfois, on s’imagine que seules les jeunes filles peuvent être anorexiques, mais c’est
un préjugé ; malheureusement, de plus en plus de jeunes hommes sont eux aussi
touchés. Selon l’INSERM, en 2019, l’anorexie est un trouble alimentaire qui concerne
à peu près 1,5% de la population féminine entre 15 et 35 ans en France, ce qui
correspond à environ 230 000 femmes à travers le pays, mais affecte aussi les
hommes (un homme pour neuf femmes). Si entre 60 et 70% des anorexiques sont
des adolescentes, de plus en plus d’adultes sont aussi touché.es.

Comment on devient anorexique ?


Il n’y a pas « une » raison de devenir anorexique, tout comme on ne peut pas faire

de portrait-robot des personnes susceptibles de développer ce trouble. 

On te parlait de l’image du corps tout à l’heure ; parfois, que ce soit en lien


avec des propos tenus dans sa propre famille ou sur les réseaux sociaux/à la
télé, on développe des idées négatives : trop gros.se, pas les bonnes proportions,
pas beau/belle, manque de contrôle… on ne se rend pas forcément compte,
d’ailleurs, qu’il commence à y avoir des problèmes. Le rapport à la nourriture peut
aussi être bouleversé par un choc émotionnel/un évènement difficile.
Sur Fil Santé Jeunes, on remarque que quand vous nous appelez pour des questions
de troubles alimentaires, beaucoup d’entre vous mettent l’accent sur le fait de
compter les calories, mais aussi de s’être mise à faire du sport de manière
excessive, à sauter des repas… sans pouvoir s’arrêter, ni en parler à l’entourage.
Il peut y avoir une sensation de maitrise dans le fait de perdre du poids, d’avoir
l’impression de ne pas vraiment avoir besoin de manger. Mais cette sensation est
une illusion et ne reflète pas la réalité du corps. Quand on cesse de s’alimenter, ou
qu’on réduit massivement son apport calorique, les conséquences sur le corps sont
assez rapidement remarquables : au-delà de la perte de poids, il y a également
d’autres signes : perte de cheveux, fonte musculaire, troubles de la circulation
du sang, teint jaunâtre… de plus, certaines personnes qui souffrent d’anorexie se
font vomir entre les repas, ce qui peut entrainer des ulcères, des problèmes
dentaires, des brûlures de l’œsophage…   
Comme tu le vois, les effets sur la santé sont nombreux, et provoquent des
difficultés qui vont bien au-delà d’un amaigrissement.
Si toi ou une amie rencontrez des troubles du comportement alimentaire, on
t’encourage à demander de l’aide. C’est déjà difficile de vivre avec, alors pas de
raison de s’imposer de porter tout ça seule !

Zoom sur la boulimie


Tout comme l’anorexie mentale, la boulimie fait partie de la famille des troubles
des conduites alimentaires (TCA). La personne qui en est atteinte est en lutte
permanente avec des pulsions liées à la nourriture qu’elle tente de réfréner
(stopper). C’est un peu la seule solution qu’elle a pu trouver pour essayer d’apaiser
son mal-être.
On va tenter ici de faire le point sur ce trouble et présenter les caractéristiques qui la
définissent.

La crise de boulimie qu’est-ce que c’est ?


On parle de boulimie quand il est question d’ingérer une grande quantité de
nourriture dans un lapse de temps très court et sans pouvoir se contrôler. Les crises
de boulimies sont généralement suivies de « comportements
compensatoires » tels que :
 Des vomissements provoqués volontairement

 La prise de laxatifs

 L’exercice physique excessif

 Des périodes de Jeûne entre les crises

La crise de boulimie se déroule presque toujours en dehors des repas et en


cachette. Le plus souvent, les aliments ingérés ne sont ni cuits, ni préparés et sont le
plus souvent hypercaloriques (gras et sucrés). Le but ici n’est pas de se faire plaisir
en mangeant ce que l’on aime, mais juste se « remplir » Cette pulsion souvent
décrite comme incontrôlable de consommer est appelée « craving ».
Que se passe-t-il avant la crise ?
La phase de pré-crise de boulimie est marquée par une « tornade émotionnelle »
(mélange d’angoisse, de tension et de malaise). La nourriture devient alors l’unique
pensée, car c’est la seule solution immédiate dont dispose la personne pour
s’apaiser. Ses préoccupations portent souvent sur l’image du corps (poids ou
silhouette) et les complexes qu’elle a pu développer. Sautes d’humeur, irritabilité,
tristesse et honte font partie des émotions rencontrées par la personne en
souffrance.
Et après ?
En fin de crise, la personne atteinte de boulimie peut éprouver une sensation
de malaise, de dégout mais aussi de remords. La culpabilité dirigée contre soi-
même est souvent très forte.  La souffrance morale ressentie, accentuée d’une
grande fatigue physique, est très intense. Des douleurs abdominales et des nausées
peuvent également arriver à ce moment-là.
Il est également possible que des idées suicidaires surviennent durant cette phase.
Les troubles des conduites alimentaires ont un retentissement important, pour soi,
sa famille et dans les relations que l’on entretient aux autres.

Tandis que le corps subit un certain nombre de dégâts, les crises répétées
provoquent un cercle vicieux dont est-il difficile de sortir par la simple
volonté : bien plus qu’une simple habitude, ces dernières font partie d’un rituel qui
doivent faire l’objet d’une prise en charge médicale et psychologique. Il est
important de se rapprocher de son médecin traitant ou d’une structure
spécialisée (hospitalière ou non) afin de mettre en place un accompagnement
personnalisé.
Si tu te sens concerné directement ou indirectement par ce sujet, n’hésite pas à nous
contacter par chat’, mail dans l’espace Pose tes questions, ou au 0800
235 236 (anonyme et gratuit).

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Qu’est-ce que les TCA ?


T.C.A. signifie Troubles du Comportement Alimentaire. C’est un terme qui regroupe
les difficultés observées dans le comportement des personnes avec la nourriture et
le fait de manger.
Les TCA comprennent certaines pathologies dont tu as peut-être déjà entendu le
nom comme l’anorexie, la boulimie, l’hyperphagie. On va essayer d’y voir un peu
plus clair dans tout ça.
Le temps du repas
Manger n’est pas seulement une activité vitale qui nous permet d’être en bonne
santé : ça peut devenir un plaisir ou un enfer. Le repas peut être associé à un
moment de partage ou d’isolement, un moyen de faire plaisir à son corps ou au
contraire de le restreindre, de prendre du poids ou d’en perdre.
Dès le plus jeune âge, manger est associé à un moment d’échange. En effet le bébé
ne pouvant pas se nourrir seul, a besoin des adultes. Que ce soit au moment de
l’allaitement ou plus tard lorsqu’il s’agit de lui faire découvrir les carottes, les haricots
verts, les frites (ouiii) ou le jambon : l’enfant n’est pas seul. C’est parfois même tout
un cirque ! « Et une cuillère pour tata », « Wouah la cuillère de compote qui vole,
attention à l’atterrissage : on ouvre la bouche ! ». Ce temps de partage est
comparable à une nourriture « affective » on pourrait dire, il compte tout autant
que les aliments et il participe au bon développement du tout-petit.
Dans les troubles du comportement alimentaire, ce qui compte ce n’est donc pas
tant ce qu’il y a dans l’assiette, mais tout ce qu’il y a autour ! Que ce soit bébé,
enfant ou adolescent, le contexte dans lequel tu manges joues donc un rôle, mais
pas seulement. C’est aussi les conséquences de la nourriture sur le corps qui vont
être appréhendées. Certains comportements dans la façon de s’alimenter peuvent
aussi témoigner d’une souffrance psychique.
Mon corps m’échappe
A l’adolescence l’image de soi est en pleine mutation et donc particulièrement
importante. La comparaison aux autres est inévitable et elle se fait avec plus ou
moins de sérénité. L’apparence peut devenir un enjeu crucial, central. Dans ce
cas, la nourriture va apparaître comme un moyen de maitriser son apparence.
On observe parfois chez des personnes souffrant de TCA, ce qu’on appelle
une dysmorphophobie dans la manière dont ils/elles parlent de leur apparence. La
dysmorphophobie est une perception de son corps différente de la réalité. Ce
n’est pas un délire ou une hallucination mais ça s’explique plutôt par une
disproportion dans l’observation ou la description de son physique. Des cuisses qui
sont qualifiées d’ « énormes », un nez « gigantesque », des genoux « gonflés et
immenses » par exemple. Attention cependant, la dysmorphophobie déforme la
réalité au point de mettre certaines personnes en danger pour eux-mêmes, par
exemple si cela amène à une sous-alimentation.
En quête de contrôle
Dans ces troubles la notion de « contrôle » est souvent présente. Que ça soit pour le
garder à tout prix, ou au contraire pour le perdre totalement. On constate parfois
une alternance entre des moments de contrôle très rigides avec des moments de
perte de contrôle totale concernant l’alimentation. A une période de régime strict
peut succéder des moments d’engloutissement de nourriture. Contrôler son poids,
ses formes, ses mensurations devient un impératif. C’est un moyen de retrouver
une certaine maîtrise sur cette période de la vie qui semble parfois nous
échapper, et qui peut paraître incompréhensible par moments. C’est parfois
l’expression d’un refus catégorique de ces changements physiques et hormonaux.
Aux prises avec des jugements souvent sévères face à soi-même, à son image, au
regard de l’autre, il est parfois difficile d’accepter de l’aide.

Pour compliquer les choses, certains comportements avec l’alimentation seront


associés à une honte. Et la honte peut bloquer la parole et empêcher de parler.
L’anonymat de notre dispositif, que ça soit par téléphone, par chat’, dans la boite à
question ou sur le forum, peut te permettre un premier échange à ce sujet. C’est une
étape pour être orientée dans certaines situations vers des structures qui
permettent un accompagnement plus en profondeur. Nous sommes donc

disponibles pour t’écouter et/ou répondre à tes questions. N’hésite pas 

TCA : comment se faire aider ?


Que l’on souffre de troubles du comportement alimentaire soi-même, ou que l’on
ait des suspicions concernant une proche, il est important de pouvoir demander de
l’aide. Voyons ensemble ce qui est possible.
Comment aider une copine ou un copain qui s’est confié à nous ?
Depuis quelques temps tu t’inquiètes pour une amie qui ne mange plus avec vous à
midi, qui n’arrête pas de parler de nourriture, ou qui t’a dit qu’ elle/il vomissait
souvent après les repas… Tu ne sais pas comment réagir.

Être là pour l’autre et l’écouter c’est déjà pas mal. En tant qu’ami, on peut avoir
un rôle de confident et de soutien. Cela peut sembler peu, mais en fait c’est déjà
beaucoup… Par contre on ne peut pas prendre le rôle de médecin ou de
psychologue. C’est pourquoi il vaut mieux avoir en tête d’aider cette amie à
rencontrer un professionnel qui pourra l’accompagner dans sa démarche de mieux-
être.
Faut-il garder le secret ?
Que faire encore si cette amie nous demande de n’en parler à personne, ni amis, ni
parents, ni professionnels ? Il n’est pas facile de répondre à cette question.

Cependant ne rien faire pourrait amener à une aggravation de la situation. Garde en


tête que plus tôt on intervient pour ce type de troubles compulsifs et plus on a
de chances de s’en sortir vite ! C’est pourquoi il est important de réagir
rapidement et de ne pas laisser le secret empêcher ton ami/e sans soins. Il/elle en a
besoin !
Vers qui se tourner ?
Voici quelques pistes :

 Spontanément… le médecin !
On pense souvent en premier au médecin traitant. Il s’agit d’un professionnel qui
nous connaît bien parce qu’il nous suit depuis longtemps. Pour certains, cette «
connaissance de longue date » peut faciliter la demande d’aide. On se sent plus en
confiance, plus en sécurité, avec cette impression que, comme la personne nous
connaît, ça sera plus facile.

Pour d’autres, au contraire, cette trop grande proximité peut bloquer. Déjà « trop
intime », il devient gênant de discuter de sa situation.

Si ce n’est pas un médecin traitant, il peut s’agir d’un autre spécialiste – on peut aussi
rencontrer un psychiatre, un pédiatre, un pédopsychiatre, un médecin
nutritionniste ou un spécialiste des troubles du comportement alimentaire.

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