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L
a cholécystite alithiasique est par définition une de cholécystites (7, 8) chez les malades séropositifs. Elle est
inflammation de la vésicule dont la physiopatho- plus fréquente au stade de sida (9). Les étiologies les plus fré-
logie, souvent multifactorielle (ischémique, infec- quentes dans ce contexte sont les co-infections par le cytomé-
tieuse, obstructive), exclut la lithiase. Elle représente 5,25 % galovirus et le Cryptosporidium, mais d’autres infections
(2 à 11 %) des cholécystites (1–4). Cette pathologie, initiale- opportunistes parasitaires, fongiques ou bactériologiques peu-
ment décrite chez des malades déjà hospitalisés, pour la plupart vent être retrouvées (8). Dans plus de 50 % des cas, la cause
en réanimation, présente une difficulté diagnostique et théra- n’est pas retrouvée (8).
peutique. Le traitement ne tolère aucun retard sous peine d’une Enfin, de rares cholécystites alithiasiques infectieuses à germes
morbidité et d’une mortalité élevées chez des malades souvent banaux (10) ou encore immunoallergiques (11) ont été rappor-
fragiles. tées chez des sujets jeunes sans antécédent particulier.
vésiculaire ou encore une autre cause intra-abdominale de sep- parant les deux types de patients sont les suivants : 16 sur 22
sis (5). Au contraire, l’échographie abdominale, qui a l’avanta- (73 %) vésicules gangreneuses et 11 décès sur 22 (50 %) dans
ge de sa faisabilité au lit du malade, s’accompagne d’un taux le groupe déjà hospitalisé versus 1 vésicule gangreneuse sur 5
élevé de faux-négatifs avec une sous-estimation de la gravité de (20 %) et pas de mortalité dans l’autre (13). Dans la série com-
l’atteinte vésiculaire dans la majorité des cas (14). portant le plus grand nombre de malades non hospitalisés, soit
En pratique, l’association de ces deux examens permet de 36 malades sur 47 cholécystites alithiasiques (77 %), la cholé-
rechercher des critères diagnostiques majeurs et mineurs de cystectomie par laparotomie a été le traitement de référence (42
cholécystite alithiasique (5). Les critères majeurs sont l’épais- sur 47 [89 %]) (3). La mortalité était nulle dans le groupe non
sissement de la paroi vésiculaire à plus de 4 mm, l’existence hospitalisé et de 3 sur 11 (27 %) dans celui des malades déjà
d’un épanchement périvésiculaire, un œdème sous-séreux, des hospitalisés au moment du début des symptômes. Pourtant, les
bulles de gaz intra-murales, une infiltration de la graisse périvé- malades non hospitalisés présentaient, dans 82 % des cas, un
siculaire et un signe de Murphy échographique en l’absence de terrain débilité.
lithiase. Les critères mineurs sont l’existence de “sludge” et la Le drainage percutané transhépatique de la vésicule a le grand
distension de la vésicule à plus de 8 cm longitudinalement ou à avantage de pouvoir être effectué sous anesthésie locale. La
plus de 5 cm transversalement. complication principale de ce traitement est le déplacement du
Le diagnostic de cholécystite alithiasique, qui repose en préo- cathéter de drainage dans 8 % des cas (15). Cela apparaît dans
pératoire sur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques et une série récente concernant 53 cholécystites, dont 13 sans
morphologiques, n’est pas toujours fait, surtout chez les lithiase, chez des malades présentant au moins une contre-indi-
malades déjà hospitalisés. Ainsi, dans la série de Kalliafas cation relative à l’anesthésie générale et pour la plupart hospita-
concernant 27 malades, dont 22 déjà hospitalisés pour d’autres lisés en réanimation (33 sur 53 - 62 %). Parmi ceux présentant
raisons, le diagnostic de cholécystite alithiasique a été fait en une cholécystite alithiasique, 5 sur 13 sont décédés malgré la
peropératoire chez 10 hospitalisés sur 22 (45 %), alors que dia- cholécystostomie percutanée, soit 39 % (15). D’autres auteurs
gnostic avait été fait en préopératoire chez les 5 malades non (1, 3, 4) rapportent l’efficacité relative et surtout le caractère peu
hospitalisés initialement (5). invasif du traitement percutané par rapport à la cholécystecto-
Le délai du diagnostic de cholécystite alithiasique a été rappor- mie ou à la cholecystostomie sous anesthésie générale.
té comme un facteur pronostic principal, surtout chez des Néanmoins, la cholécystectomie par laparotomie devra être réa-
malades déjà hospitalisés au moment de l’apparition des symp- lisée sans retard en cas de non-résolution rapide et franche des
tômes (4). Ainsi, dans la série de Johnson concernant symptômes malgré le drainage.
38 malades, dont 28 sur 38 (73 %) déjà hospitalisés, 10 patients Dans le groupe des malades HIV positifs au stade de sida, les
sur 26 (38 %) ayant une cholécystectomie plus de 48 heures cholécystites alithiasiques ont le même pronostic que la cholé-
après le début des symptômes avaient une vésicule perforée, cystite lithiasique, avec une mortalité de 3 %, et doivent être
alors que les opérés précocement n’avaient ces manifestations traitées de la même manière par cholécystectomie par voie
peropératoires que dans 1 cas sur 12 (8 %), avec une mortalité ouverte ou par cœlioscopie (7). Dans cette population, la voie
globale pour les 2 groupes de 10 % (4). En revanche, dans la d’abord n’influence pas la durée de l’hospitalisation, et un taux
série de Savoca concernant 47 malades, dont seulement 11 sur de CD4 inférieur à 50 cellules/ml est le seul facteur prédictif
47 (23 %) hospitalisés au moment de l’apparition des symp- d’une durée d’hospitalisation plus longue (7).
tômes, il n’existait pas de perforation vésiculaire, et la mortali- Le succès du traitement médical par anticoagulants de la cholé-
té globale était de 6 % avec une laparotomie effectuée en cystite alithiasique est très peu décrit en dehors d’étiologies très
moyenne 37 + 5 heures après le début des signes (3). En fait, particulières telles que le syndrome des anticorps antiphospho-
c’est donc le terrain sur lequel survient la maladie qui fait le pro- lipides (16). Il n’existe pas dans la littérature de publication
nostic de la cholécystite alithiasique. comparant le traitement médical et chirurgical de la cholécysti-
te alithiasique.
QUELLE STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE ADOPTER ?
Les traitements admis de la cholécystite alithiasique sont chi- CONCLUSION
rurgicaux : de la cholécystostomie percutanée sous anesthésie La cholécystite alithiasique, qui représente environ 10 % des
locale à la cholécystectomie laparoscopique, le choix du traite- cholécystites aiguës, est une maladie plus fréquemment rencon-
ment dépend du terrain et des facteurs de risque associés. trée chez des malades ayant une comorbidité importante et/ou
La cholécystectomie par laparotomie est le traitement le plus déjà hospitalisés pour d’autres raisons. Son diagnostic est avant
souvent utilisé, du fait de la fréquence des découvertes peropé- tout morphologique et repose sur l’association de l’échographie
ratoires des cholécystites alithiasiques lors de laparotomies réa- et du scanner. Cependant, il n’est pas rare qu’elle soit méconnue
lisées devant un tableau de sepsis intra-abdominal sans cause jusqu’à la laparotomie exploratrice. Elle doit donc être suspec-
retrouvée en préopératoire (5). Dans la série de 27 cas de tée et recherchée devant tout tableau septique ou abdominal
Kalliafas, comportant 22 malades hospitalisés et 5 malades non d’origine inconnue. Son traitement est avant tout chirurgical. Le
hospitalisés lors de des premiers symptômes, les résultats com- drainage vésiculaire percutanée transhépatique précoce sous
R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S
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