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com/science/article/pii/S2588932X21000814
Manuscript_6792eec86f0432f928ff6332da2b30a8
Rectorragies du nourrisson
Hematochezia in infants
J. Viala*
*Auteur correspondant :
Jérôme Viala
E-mail : jerome.viala@aphp.fr
Financement : aucun
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© 2021 published by Elsevier. This manuscript is made available under the Elsevier user license
https://www.elsevier.com/open-access/userlicense/1.0/
Résumé
Les rectorragies du nourrisson constituent une situation fréquente et révèlent des pathologies
nouveau-né. Elles nécessiteront une prise en charge urgente. Des rectorragies isolées du
nourrisson plus âgé sont souvent corrélées à de simples fissures de constipation ou des
Abstract:
practitioners should remain vigilant and recognize rare emergencies. False rectal bleeding
must be ruled out before undertaking a systematic etiological examination that is based on the
age of onset and the appearance of the abdomen. Hematochezia associated with pathological
isolated bleeding in older infants could be correlated with simple constipation fissures or
proctocolitis, which often evolve favorably. In the case of persistent bleeding, further
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1. Définition
Les hémorragies digestives basses sont définies par un saignement intestinal au-delà de
l’angle de Treitz. Parmi celles-ci, les rectorragies sont caractérisées par l’émission de sang
non digéré par l’anus. Elles sont généralement dues à des lésions du côlon ou de l’intestin
grêle distal. Chez le nourrisson, un saignement abondant peut induire une rectorragie, souvent
mêlée de méléna. Enfin, les lésions recto-anales sont plutôt responsables de rectorragies
terminales dont le sang entoure ou suit les selles sans s’y mélanger.
2. Epidémiologie
Il existe peu de données concernant la fréquence des hémorragies digestives chez l’enfant.
Aux Etats-Unis, parmi les 437.283 consultations pédiatriques pour hémorragie digestive aux
urgences hospitalières de 2006 à 2011, 132.102 (30%) étaient motivées par une hémorragie
digestive d’origine basse [1]. Au début des années 1990 à Boston, les rectorragies spécifiques
du nourrisson représentaient 0,3% des consultations aux urgences d’un hôpital tertiaire [2].
3. Conduite pratique
Il est habituel de considérer que les rectorragies sont rarement responsables de complications
telles que le choc hémorragique et l’anémie. Ainsi, 80% des enfants ayant consulté aux
urgences pour une hémorragie digestive n’avaient pas été hospitalisés dans l’étude précitée
[1]. En analyse multivariée, les hémorragies digestives d’origine basse étaient souvent
rechercher les signes de gravité tels que l’instabilité hémodynamique, la présence de caillots
frais à l’examen rectal, l’hématocrite < 35% ou la baisse de 2 g/dl de l’hémoglobine [3]. Une
fois les rares urgences contrôlées, les rectorragies posent essentiellement un problème
étiologique.
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Avant de réaliser des examens, il convient d’éliminer les « fausses rectorragies » (Figure 1).
cranberries, carottes, colorants alimentaires, rifampicine, etc. Les tests de détection de sang
dans les selles (TDSS : Hématest ou Hémocult) permettent de faire la différence, mais ils
peuvent être mis en défaut dans plusieurs situations. Des faux négatifs sont possibles en cas
contenant une péroxydase comme les brocolis, radis, melons ou navets peuvent générés de
faux positifs. Ensuite, les origines non digestives du sang doivent être envisagées. Lors de
naissance par voie basse ou en cas de crevasses du mamelon chez une mère allaitante, le
nouveau-né peut avoir dégluti une quantité suffisante de sang maternel pour générer des
rectorragies. Le test d’Apt permet de différencier le sang maternel du sang du nouveau-né qui
éliminer les hématuries, hémorragies vaginales ou saignements cutanés d’un érythème fessier
érosif. Ces diagnostics différentiels sont importants à appréhender puisque 25% des TDSS
4. Les causes
Face à des rectorragies chez un nourrisson, les deux critères essentiels qui permettent
d’orienter la démarche étiologique sont l’âge et l’aspect de l’abdomen (Figure 1). Dans les
études, les causes rapportées dépendant largement des biais de recrutement. Chez 282
ulcéronécrosante (ECUN ; 21%), une malformation intestinale (12%), ou une allergie aux
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La présence de fièvre, de douleurs ou ballonnement abdominaux évoquent une souffrance
dans les selles a la même valeur. L’aspect des selles en « gelée de groseille » serait en faveur
survient plus fréquemment chez le nouveau-né prématuré < 32 semaines d’aménorrhée (SA)
ou le nouveau-né de petit poids de naissance (< 1500 g) mais peut se produire chez le
cardiaques ou digestives. L’âge d’apparition des premiers symptômes est d’autant plus
précoce que l’âge de naissance est proche du terme, possiblement du fait d’une alimentation
digestive plus précoce. Chez le nouveau-né de 35 à 36 SA, 90% des ECUN survenaient avant
correspond à une ECUN simplement suspectée [5]. C’est l’association aux autres signes
également induire des entérocolites. Quand l’obstacle est complet, comme au cours de
l’atrésie intestinale, le syndrome occlusif précoce permet souvent une prise en charge
digestives compressives peuvent générer une souffrance digestive plus prolongée qui aboutit à
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Au cours de la MH, les entérocolites qui surviennent avant la chirurgie réparatrice sont plus
fréquentes en cas de petit poids de naissance. Face à des épisodes répétés d’entérocolite
ulcéronécrosante, la MH doit être évoquée, d’autant plus que l’enfant est à terme. Après la
correction chirurgicale, les entérocolites sont plus fréquentes en cas de segment réséqué plus
rectorragies ont été reconnues par les experts comme un critère évocateur du diagnostic
rectale profonde, aidée par le lavement opaque pour estimer la longueur de la zone
aganglionnaire.
d’un tableau brutal de vomissements bilieux, souvent isolé, sans anomalies abdominales ni
peut induire un malaise, une dégradation hémodynamique puis des rectorragies qui signent la
L’invagination iléocæcale aiguë (IIA) est une pathologie assez fréquente avec une incidence
annuelle de 0,3-0,7/1.000 enfants de moins de 5 ans aux USA [8]. La majorité des cas
survient avant l’âge de 1 an, avec un pic d’incidence entre 4 et 7 mois. L’IIA peut également
associant des douleurs abdominales avec une masse abdominale palpable et des selles en
« gelée de groseilles » n’est présente que dans 25% des cas. Les rectorragies deviennent plus
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fréquentes (94% des cas) si le délai diagnostique s’allonge à 3 jours [9]. L’échographie
4.1.3 Infection
nourrissons âgés de moins de 1 an, une hémorragie digestive était le meilleur facteur d’une
origine bactérienne avec des valeurs prédictives positives de 30% et négatives de 91% [10].
Certains pathogènes sont plus fréquemment responsables de diarrhée sanglante, tels que les
diagnostic.
lésions périnéales ou un syndrome inflammatoire biologique doit faire évoquer une colite
inflammatoire à début très précoce [11]. Le début des symptômes avant 2 ans définit les
inflammatoire et hémorragique avec présence d’érosions ou ulcérations (Figure 2). Chez ces
de la barrière intestinale dans 15-20% des cas. Les atteintes pancolitiques y sont fréquentes
(40% des cas), particulièrement chez le nourrisson, expliquant la fréquence des rectorragies.
immunomodulateurs différents.
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4.2 Quand l’examen de l’abdomen est normal
Lorsque l’examen abdominal est normal, le risque de complication est réduit. Cependant
certaines causes de rectorragie doivent être rapidement évoquées pour éviter une hémorragie
massive (Figure 1). Une fois ces urgences éliminées, les causes plus fréquentes et plus
Les études post-mortem chez l’adulte ont montré que le diverticule de Meckel est une
malformation très fréquente puisqu’elle est retrouvée chez 2-4% des personnes autopsiées.
Bien qu’il se complique rarement (4-16% des diverticules), le diverticule de Meckel peut
être responsable de rectorragies, souvent massives et isolées, sans douleurs abdominales chez
le nourrisson. Chez le nouveau-né, cette pathologie est rare mais a été rapportée sous forme
peut faire appel à l’échographie abdominale réalisée par un radiologue sensibilisé, voire à
l’exploration chirurgicale.
4.2.2 Allergie
Diverses pathologies allergiques peuvent induire des rectorragies telles que l’entérocolite et la
rare, estimée à < 1% dans une étude prospective en population. Elle se révèle par des
(Figure 2). La diarrhée n’est présente que dans 28% des cas. La recherche d’Ig-E spécifique
n’est pas recommandée [13]. La colite néonatale transitoire partage le même tableau clinique
de rectorragie isolée. Pour différencier les 2 entités, une réintroduction des protéines du lait de
vache devrait être précocement tentée après 4-6 semaines de régime à base d’hydrolysat
poussé [14].
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La colite à éosinophiles est caractérisée par un infiltrat « excessif » en éosinophiles du côlon
sans que des critères n’aient été standardisés. Le diagnostic repose donc essentiellement sur
à 1-2 cas / 100.000 enfants, relève d’un diagnostic d’élimination après exclusion des
l’enfant peut être asymptomatique, la diarrhée glairosanglante peut être isolée ou associée à
chez le nourrisson. Elle est fréquemment postérieure et jamais latérale en cas de fissure liée à
une constipation. Les fissures latérales doivent, faire évoquer un traumatisme mécanique
violent ou une pathologie inflammatoire chronique. L’examen périnéal est indispensable face
4.2.4 Angiodysplasies
Elles touchent plus fréquemment l’iléon ou le côlon gauche [16]. Elles peuvent s’intégrer
Naevus Syndrome (Figure 2). La prise en charge n’est pas codifiée et peut recourir à des
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Chez le nouveau-né, toute rectorragie doit faire éliminer une carence en vitamine K. Malgré
situations favorisent cette carence et rendent nécessaire une supplémentation plus prolongée :
Quand les pathologies fréquentes ont été éliminées, certaines lésions rares du côlon peuvent
être évoquées. La coloscopie est l’examen essentiel pour diagnostiquer ces pathologies. Les
polypes responsables de rectorragie sont très rares chez le nourrisson. Quelques cas de polype
hyperplasique isolé ou de polypose juvénile infantile ont été rapportés à cet âge.
douleurs abdominales, ténesme ou prurit anal. Leur traitement repose sur un contrôle de
l’inflammation locale grâce aux inhibiteurs de la pompe à protons avant d’envisager une
5. Conclusion
Les rectorragies du nourrisson sont des situations fréquentes qui relèvent généralement de
causes bénignes. Cependant leur prise en charge doit rester rigoureuse. Après avoir éliminé
en une recherche étiologique qui est orientée par l’âge de l’enfant et l’aspect de son abdomen.
Si les simples fissures anales ou proctocolites allergiques bénignes sont les affections les plus
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Encadré
Points essentiels :
l’abdomen.
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Figures :
ECUN : entérocolite ulcéronécrosante. TDSS : test de détection du sang dans les selles.
B) ou normal (C, D, E, F). Les causes peuvent être diverses : une entérocolite
ulcéronécrosante du nouveau-né avec pneumatose pariétale (A), une colite précoce avec un
aspect endoscopique pouvant mimer une maladie de Crohn ou une rectocolite hémorragique
(B), une proctocolite allergique avec hyperplasie nodulaire lymphoïde hémorragique (C), une
angiodysplasie dans le cadre d’un Blue Rubber Bleb Nevus Syndrom (D), une classique fissure
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