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Study of antigenic profile of blasts in acute lymphoblastic leukaemia: Flow


cytometric analysis of 152 cases

Article in Annales de Biologie Clinique · September 2009


DOI: 10.1684/abc.2009.0361 · Source: PubMed

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1 620

5 authors, including:

Nejia Braham Jmili Saloua Yacoub jemni


University of Monastir University of Monastir
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Khelif Abderrahim Mondher Kortas


Centre Hôpital Universitaire Farhat Hached University of Monastir
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article original abc
Ann Biol Clin 2009 ; 67 (5) : 543-51

Etude du profil antigénique des blastes


au cours des leucémies aiguës lymphoblastiques :
analyse de 152 cas par cytométrie en flux
Study of antigenic profile of blasts in acute lymphoblastic leukaemia:
Flow cytometric analysis of 152 cases

N. Braham Jmili1 Résumé. Le but notre travail est de déterminer le profil antigénique des blas-
S. Souguir1 tes au cours des leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL) et de rechercher
d’éventuels phénotypes aberrants chez 152 patients atteints de leucémies
S. Yacoub2
aiguës non myéloïdes. Les échantillons ont été traités par cytométrie en flux
A. Khelif3 (CMF) sur un cytométre de type EPICS XL (Beckman Coulter) après mar-
M. Kortas1 quage par un panel d’anticorps monoclonaux (Beckman Coulter). La classifi-
1
Laboratoire d’hématologie, cation immunologique de notre série d’étude selon les critères d’EGIL
CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie (European Group of Immunological Leukemia) a montré 52,6 % de cas de
<jmilinejia@yahoo.fr> LAL, 75 % des cas appartiennent à la lignée lymphoïde B. 80 % des LAL
2
Centre régional de transfusion type B présentent un profil antigénique exprimant le CD10, marqueur de bon
sanguine, Sousse, Tunisie
3 pronostic. Dans 10,5 % des cas, il s’agit d’une leucémie aiguë biphénotypique
Service d’hématologie clinique,
CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie (lymphoïde et myéloïde). Dans 25 % des cas, nous avons détecté la coexpres-
sion de marqueurs aberrants. La cytométrie en flux a donc un champ d’appli-
cation très large pour l’étude des cellules leucémiques : elle permet d’établir
un diagnostic précis de la lignée responsable de la prolifération maligne ainsi
que la détermination de son stade de maturation, recueillir les facteurs pronos-
tiques des leucémies aiguës pour une meilleure adaptation d’un traitement
adéquat, suivre l’évolution de la maladie après chimiothérapie et étudier la
maladie résiduelle.
Mots clés : cytométrie en flux, immunophénotype, leucémies aiguës
lymphoblastiques

Abstract. The aim of this study was to characterize the antigenic profile of
blasts in acute lymphoblastic leukaemia (ALL) and to determine possible phe-
notypic aberrancies in a series of 152 patients with acute leukaemia diagnosed
non myeloid leukaemia in cytology. Samples were analyzed by EPICS XL
flow cytometer (Beckman Coulter) after staining with monoclonal antibodies
(Beckman Coulter). Based on criteria of EGIL (European Group of Immuno-
logical Leukaemia), cases were classified as: acute lymphoblastic leukaemia
(ALL, 52,6%); 75% cases of ALL belong to lymphoid B lineage. 80% of
ALL B were CD10 positive, marker of best prognosis. In 10,5% of cases,
biphenotypic leukaemia is diagnosed (lymphoid/myeloid). In 25% of cases
aberrancies in phenotype were found. Flow cytometry has wide field of appli-
doi: 10.1684/abc.2009.0361

cations to characterize blast cells from patients with acute leukaemia: to esta-
Article reçu le 4 avril 2009, blish diagnosis of lineage responsible in proliferation, to determine the stage
accepté le 20 juillet 2009 of maturation, to predict prognosis for a better adaptation of adequate treat-

Tirés à part : N. Braham Jmili

Ann Biol Clin, vol. 67, no 5, septembre-octobre 2009 543


article original

ment, to follow evolution of disease after chemotherapy and to study minimal


residual disease.
Key words: acute lymphoblastic leukaemia, flow cytometry, immunophenotype

Le très grand intérêt que l’on porte aux leucémies Prélèvements et échantillons
s’explique par leur fréquence chez le petit enfant et par Il s’agissait de prélèvements de sang au pli du coude et de
leur valeur de « maladie pilote » de la cancérologie. prélèvements de moelle osseuse (prélevée au niveau ster-
C’est pour les leucémies qu’ont été découverts, et que nal chez l’adulte et au niveau de l’épine iliaque chez les
ne cessent d’être développés, les premiers traitements enfants). Les échantillons prélevés sur un tube en polypro-
des cancers par des médications chimiques. Le diagnostic pylène anticoagulé par l’éthylène-diamine-tétra-acétique
des leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL) a été long- (EDTA) étaient accompagnés d’une fiche de prescription
temps basé sur la simple morphologie « lymphoïde » des donnant le motif de la demande sur laquelle sont mention-
cellules cancéreuses (blastes) et la négativité de la myélo- nés : la nature du tissu à examiner (sang ou moelle), le
peroxydase, enzyme spécifique de la lignée myéloïde. diagnostic suspecté, les traitements récents éventuels sus-
Cependant au cours des dernières décennies, la mise en ceptibles d’affecter la qualité de l’examen (radio- ou chi-
évidence par cytométrie en flux (CMF) des marqueurs miothérapie, par exemple) et les principaux renseigne-
cellulaires a permis d’affirmer la nature lymphoïde des ments cliniques en faveur de la suspicion du diagnostic
blastes et d’individualiser différents sous-groupes. mis en œuvre.
La CMF est la technique de choix pour la réalisation de
l’immunophénotypage des leucémies aiguës. Cette tech- Méthodes
nique est introduite en Tunisie pour l’immunophénoty- Examens cytologiques et cytochimiques
page des hémopathies malignes depuis quelques années,
mais elle n’est pas généralisée à tous les malades. La CMF L’hémogramme a été réalisé sur analyseur MAXM (Beck-
man Coulter). Des frottis sanguins et médullaires ont été
n’a pas pour objet de remplacer les techniques tradition-
effectués pour tous les patients puis colorés au May-
nelles utilisées pour le diagnostic des hémopathies mali-
Grünwald-Giemsa, par méthode automatique (Hematek-
gnes telles que la cytologie et l’histologie qui restent
Ames). Pour chaque patient, trois lectures indépendantes
jusqu’à présent les techniques d’urgence pour la classifi-
des frottis ont été assurées et validées par des cytologistes.
cation de ces entités. Toutefois, elle permet d’obtenir des Le diagnostic de LA a été porté dès qu’il y avait plus de
informations complémentaires permettant de mieux défi- 20 % de blastes dans la moelle osseuse. L’examen de sang
nir cette pathologie et de fournir des éléments importants a permis d’établir la formule leucocytaire sanguine et a
pour définir l’agressivité d’un processus néoplasique, de contribué à la classification des LA selon le groupe
prédire la réponse à une thérapie particulière ou encore FAB. La séparation entre les sous-groupes des LA a été
pour suivre l’évolution de la maladie au cours du traite- basée sur l’appréciation du pourcentage des blastes dans
ment [1-3]. L’objectif de notre travail est l’étude du profil la moelle, le type de blastes et le compte absolu des
antigénique des cellules cancéreuses au cours des leucé- monocytes sanguins. La caractérisation de la myélopero-
mies aiguës lymphoblastiques par CMF. xydase a été réalisée par la technique à la pyronine.
Immunophénotypage
Le marquage des blastes a été réalisé par un panel d’anti-
Matériel et méthodes corps monoclonaux (Beckman Coulter) conjugués à des
fluorochromes selon un triple marquage (FL1 : isothiocya-
nate de fluorescéine (FITC), FL2 : R-Phycoerythrine (PE),
Patients
FL4 : R-Phycoerythrincyanine 5.1 (PC5) et dirigés contre
Cette étude a concerné une série de 152 patients atteints les antigènes hématopoïétiques : IgG1(FITC), HLA-
de leucémie aiguë non myéloïde (classées en cytologie en DR(FITC), CD7(FITC), CD3(FITC), CD10 (FITC),
LAL, LA difficiles à classer et LA myéloïdes avec atypies CD22(FITC), CD15(FITC), CD65(FITC), CD3(FITC),
morphologiques, rechute de LAL connue). CD3 intracytoplasmique(IC)(FITC), CD16(FITC), CD19

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Profil antigénique des blastes et leucémies aiguës lymphoblastiques

(FITC), CD4(FITC), CD56(FITC), CD29(FITC), Lambda Caractéristiques immunophénotypiques


(FITC), Kappa(FITC), IgG1(PE), CD34(PE), CD2(PE),
Détection des blastes par cytométrie en flux
TCR(PE), CD5 (PE), CD20(PE), CD19(PE), CD38(PE),
CD79aIC(PE), CD33(PE), CD13(PE), CD117(PE), La détection des blastes par CMF a permis de révéler trois
MPOIC(PE), CD14(PE), CD1a(PE), CD8(PE), CD58 types de blastes selon la nature de leur expression dans le
(PE), CD45(PC 5). cytogramme granularité/CD45 (figure 3) : lymphoblaste,
myéloblaste, blastes de Burkitt.
Le marquage intracytoplasmique est fait après perméabi-
lisation leucocytaire (réactif IntraPrep Beckman Coulter). Classification immunologique (EGIL)
L’Optilyse Beckman Coulter pour la lyse des globules L’affectation des blastes à chaque lignée par l’EGIL [3]
rouges a été utilisé. s’appuie intégralement sur le profil antigénique qu’expri-
Les prélèvements ont été traités par cytométrie en flux
(CMF) sur un cytomètre de type Epics XL (Beckman
Coulter, Logiciel : Software système II version 3).
Le nombre d’événements à passer (cellules) est égal à
10 000. L’analyse est réalisée selon le fenêtrage (gating)
suivant : A : zone des mononucléés sur le cytogramme
granularité (SSC)/taille (FSC) ; B : zone des blastes sur
le cytogramme SSC/CD45.
L’étude de la classe et de la sous-classe immunologique
des LAL, ainsi que la recherche d’éventuels phénotypes
aberrants, ont été basées sur les critères d’EGIL (Euro-
pean group of immunological leukemia). Le traitement
statistique des données a été réalisé par le logiciel d’ana-
lyse statistique (EPI Info Version 6).

Résultats Figure 1. Cellules blastiques indifférenciées (moelle/MGG,


GX100) (patient n° 136).
Caractéristiques cliniques
Les données cliniques des 152 patients sont résumées
dans le tableau 1. Les patients sont âgés de 15 mois à
72 ans avec une moyenne de 26 ans. Le sex ratio est de
1,6 en faveur du sexe masculin. La présence d’un syn-
drome tumoral généralisé a été signalée dans 52/152
patients de notre série.

Caractéristiques hématologiques :
hémogramme-myélogramme
Les résultats de l’hémogramme sont résumés dans le
tableau 1. Le nombre des leucocytes est très variable
allant de 1,2 à 32,0 G/L. Un examen du frottis de sang
permet de vérifier la présence des anomalies quantitatives
signalées par l’automate, déterminer la formule leucocy-
taire et témoigner de la présence d’éventuelles cellules
anormales cancéreuses (blastes). Figure 2. Blastes myéloperoxydase négatifs dans une LAL
L’examen morphologique des frottis de moelle a permis (moelle, GX100) (patient n° 123). A : lymphoblastes : granularité
de dénombrer le pourcentage des blastes et la classifica- faible/CD45 faible dans une LAL (patient n° 9). B : myéloblastes :
granularité forte/CD45 faible dans une LAM (patient n° 33) ;
tion de la LA selon les critères FAB (figures 1 et 2, C : cytogramme SSC/CD45, blastes CD45 faible, lymphocytes
tableau 1). CD45 fort. D : blastes de Burkitt : granularité faible/CD45 fort.

Ann Biol Clin, vol. 67, no 5, septembre-octobre 2009 545


article original

Tableau 1. Données cliniques et cytologiques des 152 patients. ment les cellules blastiques pour chaque cas de notre série
(tableau 2). Un antigène est considéré comme un mar-
Âge 15 mois à 72 ans queur positif pour sa lignée spécifique quand il est
Moyenne : 26 ans
exprimé au-delà de 20 % des cellules. Les figures 4A,
Sexe H/F : 1,6
4B et 4C illustrent respectivement une LAL B, une
Signes cliniques Liés à l’insuffisance médullaire : 124/152 cas
Syndromes anémiques : 84/152 cas LAL T et une LA biphénotypique lymphoïde B/myéloïde.
Syndromes hémorragiques : 44/152 cas
Syndromes infectieux : 20/152 cas Sous-classification des leucémies aiguës lymphoïdes
Liés à la prolifération tumorale : 104/152 cas selon l’EGIL
Hypertrophie des organes hématopoı̈étiques : Pour les patients atteints d’une LAL (confirmée par
104/152 cas
Adénopathies : 40/152 cas CMF), nous avons déterminé dans un premier temps la
Splénomégalie et/ou hépatomégalies : 12/152 cas nature B ou T de la lignée lymphoïde en cause, puis la
Généralisée : 52/152 cas sous-classe selon les critères d’EGIL (tableau 2) : 53 %
Atteinte osseuse : 12/152 cas
Atteinte cutanée : 4/152 cas
des cas de LA traités appartenaient à la lignée lymphoïde,
Atteinte neuroméningée : 8/152 cas 75 % étaient des LAL type B, et 80 % de LAL B expri-
Autres : maient le marqueur d’immaturité CD10.
Pleurésie : 4/152 cas
Dysmorphie faciale : 3/152 cas Recherche des phénotypes aberrants
Suspicion de rechute : 28/152 cas
Trente-huit des patients de notre série d’étude ont présenté
Hémogramme Lignée blanche ; Lignée rouge ; Plaquettes
GB (/G/L) : 1,2-320 ; Hb (g/L) : 32 à 128 ; G/L : 1-350 en plus des marqueurs spécifiques pour la classification de
Moyenne : 41 ; Moyenne : 78 ; Moyenne : 48 la lignée en cause et pour la détermination des stades de
Blastes (%) : 0 à 95 ; VGM(fl) : 60 à 120 maturation des phénotypes aberrants qui ne s’accordent
Moyenne : 54 ; Moyenne : 88
pas avec la lignée d’origine (tableau 3).
Myélogramme Nombre de cas (Pourcentage)
LAL 1/2 94 (62)
LAL 3 10 (6,5)
LAM 20 (13,1) Discussion
LADAC 28 (18,4)
GB : globules blancs ; Hb : hémoglobine ; LAL : leucémies aiguës lymphoï-
des : LAM : leucémies aiguës myéloïdes ; LADAC : leucémies aiguës diffi-
La leucémie aiguë lymphoblastique est une maladie excep-
ciles à classer. tionnelle en période néonatale et son pronostic est sévère

Tableau 2. Classification immunologique des 152 cas de leucémies aiguës.

Classe immunologique Sous-classe Nombre de cas %A %B


LAL B LAL B-I 0 0 0
CD19+, CD79a+, CD22+ (au moins 2 des 3) (Pro-B)
(60 cas) LAL B-II 4 2,6 6,6
(LAL commune)
LAL B III 44 28,9 73,3
(Pré-B)
LAL B-IV 12 7,9 20
(B Mature)
LAL T LAL T-I 0 0 0
CD3+ IC (Pro-T)
(20 cas) LAL T-II 4 2,6 20
(Pré-T)
LAL T-III 12 7,9 60
(thymocytes communs corticaux, intermédiaires)
LAL T-IV 4 2,6 20
(T Mature)
LAM 28 18,4
LA biphénotypique 16 10,5
LA indifférenciées 8 5,2
Prélèvements non concluants 20 13,1
LA : leucémies aiguës ; LAL : leucémies aiguës lymphoïdes ; LAM : leucémies aiguës myéloïdes ; %A : pourcentage de la classe immunologique par rap-
port au nombre total de cas ; %B : pourcentage de la sous-classe immunologique par rapport au nombre total de LAL.

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Profil antigénique des blastes et leucémies aiguës lymphoblastiques

21 21

1000

1000
800

800
600

600
(128x128)

(128x128)
ss
ss
400

400
200

200
0

0
.1 1 10 100 1000 .1 1 10 100 1000
FL4 CD45 FL4 CD45

1000
1000

800
800

600
600
SSC

(128x128)
ss

(128x128)
400

400

Lymphocytes
200

200

Blastes
0

.1 1 10 100 1000 .1 1 10 100 1000


FL4 CD45 FL4 CD45

Figure 3. Détection des blastes par cytométrie en flux.

Tableau 3. Recherche des phénotypes aberrants dans les 80 cas de leucémies aiguës lymphoïdes.

Marqueurs aberrants Origine du marqueur aberrant Fréquence Classe immunophénotypique


Nombres de cas (%) des LAL exprimant le marqueur aberrant
CD5 Marqueur lymphoı̈de T 12 (15) LAL B (10/12 cas)
LA biphénotypique myéloı̈de lymphoı̈de B (2/12 cas)
CD7 Marqueur lymphoı̈de T 8 (10) LAL B (7/8 cas)
LA biphénétypique myéloı̈de lymphoı̈de B
(1/8 cas)
CD4 Marqueur lymphoı̈de T 3 (3,7) LAL B
CD8 Marqueur lymphoı̈de T 1 (1,2) LAL B
CD56 Marqueur NK 2 (2,4) LAL T
CD33 Marqueur myéloı̈de 12 (15) LAL B

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article original

A
4:B 4:A

1000

1000
1 2 1 CD 19+ 2
CD 79a+

100

100
FL2 LOG

FL2 LOG
(128x128)

(128x128)
10

10
D D
1

1
3 4 3 4

.1
.1

.1 1 10 100 1000 .1 1 10 100 1000


FLD CD45 FLD CD45

A : Cytogramme CD79a/CD45 B : Cytogramme C1D9a/CD45

B 4:B
3:B

1000
1 2
1000

1 2
CD 7+ CD 2+

100
100
FL2 LOG

FL2 LOG

(128x128)
10
(128x128)
10

D
C
1

3 4
1

3 4
.1
.1

.1 1 10 100 1000
.1 1 10 100 1000
FLD CD45 FLD CD45

A : Cytogramme CD7/CD45 B : Cytogramme C2/CD45

C
1000

1000

1 2 1 2
CD 19+ CD 33+
100

100
FL2 LOG

FL2 LOG
10

10

D D
1

3 4 3 4
.1

.1

.1 1 10 100 1000 .1 1 10 100 1000


FL4 CD45 FL4 CD45

A : Cytogramme CD19/CD45 B : Cytogramme CD19/CD45

Figure 4. A : LAL B (patient n° 9). B : LAL T (patient n° 18). C : LA biphénotypique lymphoïde B et myéloïde (patient n° 116).

[4], mais elle est plus fréquente chez les jeunes entre 2 et Europe et aux États-Unis, les LA représentent 80 % des
10 ans ; elle représente la maladie maligne la plus rencon- leucémies et environ 35 % des cancers de l’enfant [7].
trée en pédiatrie. Un deuxième pic de fréquence se situe Le sex ratio calculé pour notre série est de 1,6 en faveur
chez l’adulte âgé autour de 70 ans [3]. En Tunisie et du sexe masculin ce que confirme la littérature [8, 9].
selon le registre du cancer du centre tunisien, les leucémies Les leucémies sont caractérisées par l’association à des
aiguës lymphoblastiques représentent le cancer le plus fré- degrés variables de signes témoignant à la fois une infil-
quent chez l’enfant avec une fréquence de 30 % [5, 6]. En tration tumorale ainsi qu’une insuffisance médullaire.

548 Ann Biol Clin, vol. 67, no 5, septembre-octobre 2009


Profil antigénique des blastes et leucémies aiguës lymphoblastiques

Ces signes peuvent orienter le clinicien vers la suspicion trois catégories de blastes sur le cytogramme CD45/SSC
de cette maladie [3]. En effet, d’après notre étude, un syn- (granularité). D’une part, on remarque que la population
drome tumoral est décrit dans 68 % des cas au diagnostic. des myéloblastes dans une LAM est un peu décalée vers
Ceci est révélé fréquemment par une hypertrophie des les granuleux par rapport à celle des lymphoblastes : les
organes hématopoïétiques : adénopathies (cervicales, précurseurs de la lignée myéloïde montrent donc un signal
médiastinales, inguinales, sous maxillaires), splénoméga- plus intense en structure SSC que les précurseurs lymphoï-
lie et hépatomégalie. En effet, divers organes peuvent être des et ceci pour une même intensité du CD45. D’autre part,
infiltrés par les cellules leucémiques, ce qui augmente leur pour les cellules de Burkitt, on observe une seule popula-
taille et contrarie leur bon fonctionnement [10, 11]. Il a été tion cellulaire (CD45 fort) sur le cytogramme SSC/CD45,
démontré que ces manifestations sont plus communes il s’agit de cellules lymphoïdes B matures [28].
dans les LAL que les LAM [12]. Des douleurs osseuses L’assignement des blastes à une lignée par CMF, repose sur
peuvent aussi être observées (tableau 1), évoquées le plus la positivité aussi bien sur la négativité des résultats obte-
souvent par une localisation atypique de douleurs articu- nus avec les différents antigènes testés [25]. D’après nos
laires résistant aux traitements habituels [13, 14]. L’insuf- résultats, l’examen immunophénotypique nous a révélé
fisance médullaire est liée à l’envahissement médullaire
5,2 % de cas présentant une leucémie aiguë indifférenciée
par les cellules blastiques, au détriment des autres lignées
car ils n’expriment aucun marqueur spécifique de lignée.
hématopoïétiques [15, 16].
Les LA indifférenciées expriment souvent seulement les
Comme indiqué classiquement dans la littérature, nous marqueurs d’immaturité HLA-DR et CD34 [25].
avons retrouvé chez nos patients une anémie normocytaire
Dix pour cent des cas sont des LA biphénotypiques, ce
arégénérative, avec hyperleucocytose et présence souvent
groupe constitue une catégorie particulière de leucémies
importante de blastes au niveau sanguin [16, 17]. La classi-
fication des LA nécessite l’étude cytologique conjointe du aiguës ambiguës, dans lesquelles la population cellulaire
sang et de la moelle, afin d’apprécier l’importance de la exprime à la fois des marqueurs de deux origines différen-
blastose médullaire qui est beaucoup plus importante tes. L’immunophénotypage est le seul examen permettant
qu’au niveau du sang périphérique [18, 19]. La cytomorpho- de détecter cette entité. Le diagnostic de LA biphénotypi-
logie des cellules blastiques observées dans le sang ou dans ques a été retenu dans notre étude en se référant au score
la moelle constitue la clé du diagnostic des LA [20, 21]. établi par l’EGIL pour chaque antigène, qui nous a permis
d’affecter pour chaque lignée une valeur supérieure à 2.
En suivant les recommandations FAB, nous avons pu
Il s’agit dans tous les cas, d’une coexpression des mar-
classer les leucémies aiguës de notre série (tableau 1).
queurs lymphoïdes B avec les marqueurs myéloïdes.
L’aspect lymphoïde est évident dans 68 % des cas, dont
Cette entité est la plus fréquente des LA avec ambiguïté
62 % des cas sont de type L1/2. Ces deux catégories sont
les plus fréquentes des LAL, en particulier les LAL1 avec de lignée [29, 30].
une fréquence de 80 à 85 % [19]. Seulement 6,5 % de Vingt cas de notre série n’ont pas été concluants par CMF,
LAL sont de type L3. Cette catégorie à cellules de Burkitt en l’absence d’une population immature homogène.
est considérée comme une phase leucémique du lym- Il s’agit le plus souvent de prélèvements désertiques.
phome de Burkitt [21]. Les LAL3 sont peu fréquentes D’autre part, les difficultés d’interprétation peuvent être
en France, tant chez l’adulte (9,7 %) que chez l’enfant liées au caractère hétérogène de la prolifération : mélange
(4,6 %) [22]. La cellule blastique de cette catégorie est de blastes et de cellules pathologiques plus différenciées,
une cellule lymphoïde de taille moyenne avec un noyau mélange de cellules leucémiques de plusieurs lignées.
bien nucléolé, un cytoplasme intensément basophile dans Dans d’autres situations, l’hétérogénéité de la population
lequel on observe souvent de multiples vacuoles [21, 23]. étudiée est due à la persistance de cellules normales lym-
En présence de blastes difficiles à classer [24], comme phoïdes dans une LAL B ou T, ou bien de cellules nor-
cela a été le cas chez 28 de nos 152 patients, il est néces- males résiduelles myéloïdes dans une LAM [20].
saire de caractériser ces populations leucémiques par des Vingt-huit cas sur 152 (18,4 %) appartiennent à la lignée
marqueurs immunologiques. L’immunophénotypage est le myéloïde après l’analyse de leur profil antigénique. Alors
seul examen permettant d’affirmer leur caractère lym- que d’après l’examen cytologique et cytochimique, nous
phoïde ou éventuellement myéloïde et donc de diagnosti- avons seulement 20 cas de LAM. Ceci a permis de confir-
quer une LAL et d’éliminer certaines LAM très peu diffé- mer les cas de LAM avec atypie morphologique et de
renciées ou rares [20, 24, 26]. poser le diagnostic de 8 cas de leucémie aiguë myéloïde
L’utilisation du CD45 permet de rédiger l’analyse immuno- peu différenciée (LAM0), ce qui confirme l’intérêt incon-
phénotypique sur les cellules mieux ciblées [15, 20, 27]. testable de l’immunophénotypage des LA avec blastes
Dans notre travail et selon la figure 3, on peut distinguer indifférenciés [3, 25].

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Pour l’ensemble de notre série, l’assignement des blastes à Conclusion


la lignée lymphoïde B ou T pure a été signalé dans 53 %
des cas. Il s’agit de 60/80 cas de LAL B (coexprimant les Il est recommandé d’élargir le panel d’anticorps pour
deux marqueurs majeurs CD19 et CD79a (IC) dans 75 % l’immunophénotyge dans le but d’une meilleure caractéri-
des cas (figure 4). Comme annoncé dans la littérature, sation de la leucémie aiguë et afin d’augmenter les chan-
80 % des LAL-B expriment le marqueur d’immaturité ces de trouver des phénotypes aberrants permettant le
CD10 appelé aussi antigène CALLA (tableau 2), ce der- suivi de la maladie en période post chimiothérapie. Mais
nier présente un bon élément pronostique. l’affirmation d’un marqueur aberrant pour une lignée n’est
Parmi les 60 cas de LAL B, 12 présentent des blastes de pas standardisée entre tous les laboratoires de spécialité et
types B matures (CD45 fort). Immunophénotypiquement, leur détection peut avoir certaines limites : faux négatifs,
les cellules B matures sont associées avec l’expression en fixation non spécifique, marqueur contaminé.
surface des marqueurs CD19, CD20, CD22, la plupart des
cas montrent le caractère monoclonal par leur expression
ou bien de la chaîne légère kappa ou lambda [28]. Ces cel- Références
lules, qui expriment fortement le CD45, ont les caractéris- 1. Baruchel A. Biologie et leucémies aiguës lymphoblastiques de
tiques cytologiques des cellules de Burkitt (type LAL 3 du l’enfant. Rev Fr Lab 2003 ; 349 : 14-6.
groupe FAB) [25]. Cet aspect cytologique n’a été retrouvé 2. Inwoley KA, Sawadogo D, Mizero L, Salou M, Karim N, Sangaré A.
que dans 8/12 cas. D’autre part, nous n’avons pas enre- Apport de l’immunophénotypage dans le diagnostic des leucémies
gistré des cas de LAL Pro-B, cette entité est très rare et aiguës à Abidjan, Côte d’Ivoire. Bull Soc Pathol Exot 2004 ; 97 :
présente le pronostic le plus défavorable des LAL B [18]. 319-22.
Le CD3(IC) est exprimé dans 20/80 cas de LAL témoi- 3. Stainy A. Les leucémies aiguës lymphoïdes. In : Sebahoun G, ed.
gnant de l’appartenance des blastes à lignée T [27]. Hématologie clinique et biologique. Paris : Arnette, 2005 : 277-84.

Selon la littérature médicale, un pourcentage important de 4. Jacquot A, Bernard F, Dupont M, Taviaux S, Guyot D, Plan O. Leu-
cémie aiguë lymphoblastique néonatale : une affection rare à révélation
LAL et de LAM peut exprimer un ou deux antigènes immédiate en salle de naissance. Arch Pédiatr 2007 ; 14 : 887-9.
d’une autre lignée. Cette expression est considérée
5. Laatiri M, Ennabli S. Lymphome non hodgkiniens. In: Maleej M.
comme une infidélité de lignée. Elle est de mauvais pro- Cancérologie pratique. Tunis : Centre de publication universitaire,
nostic. On ne doit pas les confondre avec les leucémies 1999 : 447-55.
aiguës biphénotypiques [18, 27]. Une expression aber- 6. Feki S, Omri H, Lâatiri MA, Ennabli S, Boukef K, Jenhani F. Contri-
rante ou asynchrone des antigènes des LAL a été consi- bution of flow cytometry to acute leukaemia classification in Tunisia.
dérée comme une altération génétique déroulée durant les Disease Markers 2000 ; 16 : 131-3.
stades précoces de différenciation lymphoïde. Dans notre 7. Chan KW. Acute myeloid leukaemia. Acute lymphoblastic leukae-
série, la présence de phénotypes aberrants est observée mia. Curr Prob Pediatr Adolesc Health Care 2002 ; 32 : 40-9.
chez 38 patients. Dans 12/60 cas de LAL B il y a coex- 8. Belot A, Maynadié M, Janoray-Manivet I, Monnereau A, Delafosse
pression d’un marqueur myéloïde CD33. L’expression P, Troussard X. Cancer incidence and mortality in France over the
d’antigènes myéloïdes (CD13 et CD33) dans les LAL B period 1980-2005. Rev Epidem Sante 2008 ; 56 : 159-75.
peut être associée à un réarrangement BCR-ABL particu- 9. Clavel J, Goubin A, Auclere MF, Auvrignon A, Waterkeyen C. Inci-
lièrement fréquent chez l’adulte [25, 27]. En outre, 12 dence of childhood leukemia and non-hodgkin’s lymphoma in France.
Natl Reg Childhood Leukemia Lymphoma 2004 ; 13 : 97-103.
parmi les 60 cas de LALB coexpriment le CD5, un mar-
queur lymphoïde T. L’expression de CD5 par les cellules 10. Vilmer E, Dhedin N. Leucémies aiguës lymphoblastiques. Rev Prat
2002 ; 52 : 213-7.
lymphoïdes B est souvent repérée comme un phénotype
aberrant. Mais l’interprétation de cette aberration demande 11. Bauduer F. Aspects cliniques des leucémies aiguës. Encyclopédie
Médico-Chirurgicale. Paris : Elsevier, 2002; 13-018-G10 : 8p.
une évaluation en parallèle de l’expression des chaînes
légères ainsi que le niveau d’intensité des marqueurs 12. Kebriaei P, Anastasi J, Larson RA. Acute lymphoblastic leukaemia :
diagnosis and classification. Best Pract Res Clin Haematol 2002 ; 15 :
CD20, CD22 et CD79b car le diagnostic différentiel 597-621.
d’une forme leucémique d’un lymphome malin non hodg-
13. Dumoucel S, Prieur AM, Mousset G, Boutard P, Méchin F. Quand
kinien peut être évoqué [27]. Deux patients présentant une évoquer une leucémie devant des arthralgies avec hémogramme nor-
LA biphénotypique lymphoïde B et myéloïde ont exprimé mal ? Arch Pédiatr 2008 ; 15 : 1018.
un marqueur aberrant T, le CD7. Ce dernier, est fréquem- 14. El Aichaoui S, Bahiri R, Benbouazza K, Bzami F, Amine B, Allali
ment exprimé au niveau des LAM, il est classé selon F, et al. Polyarthrites révélatrices d’une leucémie. Rev Méd Int 2006 ;
l’EGIL parmi les marqueurs mineurs de la lignée T avec 27 : 555-7.
un score de (0,5) [27]. Le marqueur CD56 des cellules 15. Latger Cannard V, Jamain N, Lesesve JF, Buisine J. Immunophéno-
NK a été exprimé dans deux cas de LAL-T. typage des leucémies aiguës : utilisation de CD45 en 3e couleur pour

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Profil antigénique des blastes et leucémies aiguës lymphoblastiques

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