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Leucémie myéloïde chronique


D. Rea, J.-M. Cayuela

La leucémie myéloïde chronique appartient à la famille des néoplasies myéloprolifératives. Cette hémo-
pathie maligne est un modèle à plusieurs titres. Tout d’abord, elle fut à l’origine du terme « leucémie »
proposé dès la fin du XIXe siècle par Virchow pour décrire la nature néoplasique du sang des patients
atteints. Ensuite, c’est la première maladie maligne qui fut associée à une anomalie chromosomique
acquise, le chromosome Philadelphie. Enfin, l’élucidation des mécanismes moléculaires à l’origine de
cette hémopathie permit à l’aube du XXIe siècle l’émergence des premières thérapies ciblant le marqueur
et le moteur des cellules leucémiques : l’oncoprotéine de fusion BCR-ABL. Aujourd’hui, les inhibiteurs de
cette tyrosine kinase constituent la famille thérapeutique de référence. Ils ont révolutionné le devenir des
patients du fait de leur capacité à empêcher dans la majorité des cas la progression autrefois inéluctable
de la leucémie myéloïde chronique en leucémie aiguë fatale. Ainsi, l’espérance de vie des patients en
phase chronique s’approche désormais de celle de la population générale. Cependant, les inhibiteurs de
la tyrosine kinase doivent être maintenus à vie de par leur incapacité à éliminer la totalité des cellules
souches leucémiques. L’arrêt du traitement par inhibiteurs de la tyrosine kinase est tout de même en
cours d’expérimentation dans des populations de patients très sélectionnés ayant obtenu des réponses
moléculaires extrêmement profondes et durables. Un des défis pour les années à venir réside donc en la
compréhension des mécanismes à la base de la persistance leucémique sous inhibiteur de tyrosine kinase,
dans le but de développer des stratégies thérapeutiques qui offriront peut-être un jour la guérison.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Leucémie myéloïde chronique ; Oncoprotéine BCR-ABL ; Inhibiteurs de tyrosine kinase

Plan  Introduction
■ Introduction 1 La leucémie myéloïde chronique (LMC) est une hémopathie
■ Physiopathologie de la leucémie myéloïde chronique 2 maligne rare, classée parmi les néoplasies myéloprolifératives.
Transcrits de fusion BCR-ABL 2 Elle représente 15 % de l’ensemble des leucémies. Son incidence
Protéines BCR, ABL et BCR-ABL 2 annuelle est estimée entre 0,6 et 2/100 000 habitants. Elle peut
Leucémogenèse et voies de signalisation intracellulaires 3 survenir à tous les âges de la vie, y compris chez l’enfant ; cepen-
Instabilité génétique et progression vers la phase blastique 4 dant, l’âge médian lors du diagnostic est d’environ 65 ans [1] .

Les hommes sont plus fréquemment atteints que les femmes,
Diagnostic de la léucémie myéloïde chronique 4
le ratio hommes/femmes étant estimé entre 1,3 et 1,8 [2] . La
Circonstances diagnostiques et examen clinique 4
gravité de cette hémopathie est liée à son évolution inexo-
Examens biologiques 4
rable vers la leucémie aiguë fatale, en l’absence de traitement
■ Diagnostic différentiel 5 adapté.
■ Stratification pronostique préthérapeutique 5 Les premières descriptions de la LMC furent publiées
■ Traitement de la leucémie myéloïde chronique 5 par Bennett et Virchow en 1845 [3] . Les dénominations
Traitements de la leucémie myéloïde chronique avant l’ère « leucémie », « leucocytémie », « leucémie granulocytaire chro-
des inhibiteurs de la tyrosine kinase 5 nique » ou « leucémie myélocytaire chronique » furent initiale-
Traitements de la leucémie myéloïde chronique sous l’ère ment employées pour qualifier cette hémopathie, avant celle
des inhibiteurs de la tyrosine kinase 5 de LMC utilisée aujourd’hui. En 1960, les développements de
la cytogénétique permirent à Nowell et Hungerford de mettre
■ Résistances aux inhibiteurs de la tyrosine kinase 8 en évidence un chromosome anormal de petite taille dans les
■ Conduite pratique du traitement par inhibiteurs leucocytes des patients atteints de LMC, appelé chromosome
de la tyrosine kinase dans la leucémie myéloïde chronique Philadelphie (Ph1) [4] . Ultérieurement, il fut établi que le chro-
en phase chronique 8 mosome Ph1 dérivait du chromosome 22, et en 1973 Rowley
Choix de l’inhibiteur de la tyrosine kinase en première intention 8 démontra qu’il résultait d’une translocation entre les chromo-
Surveillance de la réponse au traitement 8 somes 9 et 22 [5] . Dix ans plus tard, il fut découvert que l’oncogène
Gestion des échecs et des effets indésirables 9 cellulaire ABL, normalement situé dans la région 9q34 du bras
Durée du traitement 10 long du chromosome 9, était absent du dérivé 9q+ et présent
■ Conclusion 10 sur le chromosome Ph1 [6–8] . Les points de cassure furent loca-
lisés au sein d’une région appelée breakpoint cluster region (BCR)

EMC - Hématologie 1
Volume 9 > n◦ 4 > novembre 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1984(14)62425-0
13-011-B-10  Leucémie myéloïde chronique

sur le chromosome 22 [9, 10] , permettant la caractérisation du gène de cassure interrompant BCR sont généralement situés dans une
de fusion BCR-ABL [11] . BCR-ABL code une protéine chimérique région appelée major-breakpoint cluster region (M-bcr) qui contient
qui possède une activité tyrosine kinase (TK) constitutionnelle. les exons 12 à 16 (e12 à e16 ou b1 à b5), soit entre les exons
L’activation dérégulée d’ABL lui confère des propriétés transfor- b2 et b3, soit entre les exons b3 et b4. Ainsi, le gène de fusion
mantes qui furent révélées in vitro [12, 13] . La responsabilité directe BCR-ABL juxtapose les exons b2 ou b3 de BCR à l’exon 2 d’ABL.
de BCR-ABL dans le processus de leucémogenèse fut mise en La transcription de ce gène de fusion produit des acides ribonu-
lumière in vivo lorsque Daley démontra que la transplantation de cléiques messagers (ARNm) de 8,5 kb de type b2a2 (ou e13a2) ou
souris irradiées avec des cellules hématopoïétiques syngéniques b3a2 (ou e14a2) (Fig. 1). Ils sont traduits en une protéine chimé-
infectées par un rétrovirus codant la P210 BCR-ABL provoque un rique de 210 kDa, la P210 BCR-ABL. Dans moins de 5 % des cas, les
syndrome myéloprolifératif comparable à la LMC humaine [14] . points de cassure surviennent dans des régions alternatives, don-
Cette découverte fut ensuite confirmée dans d’autres modèles nant naissance à des gènes de fusion et à des transcrits atypiques. Il
murins. s’agit principalement des fusions e1a2, e6a2, e8a2, e19a2, b2a3 (ou
L’ensemble de ces découvertes fondamentales aboutit à e13a3), et b3a3 (e14a3) (Fig. 1). La fusion e1a2, majoritairement
l’avènement des inhibiteurs de la tyrosine kinase (ITK) BCR- présente dans la leucémie aiguë lymphoblastique à chromosome
ABL dans la pharmacopée antileucémique. Le premier, l’imatinib Ph1 (LAL) Ph1, est issue d’une cassure située entre les exons 1 et
(Glivec® ), a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en 2 de BCR, dans une région appelée minor-bcr (m-bcr). Elle donne
2001. Depuis, des ITK de nouvelle génération ont enrichi la pano- naissance à une protéine chimérique de 190 kDa, la P190 BCR-
plie thérapeutique. Cette famille de médicaments a bouleversé le ABL. La fusion e19a2 a été mise en évidence chez des patients dont
pronostic de la LMC, offrant à la majorité des patients une survie la LMC est caractérisée par une hyperleucocytose modérée peu
inégalée auparavant. évolutive, et une splénomégalie absente ou minime. Elle est issue
d’une cassure entre les exons 19 et 20 de BCR, dans la région micro-
bcr (␮-bcr), aboutissant à la synthèse d’une protéine BCR-ABL de
 Physiopathologie de la leucémie 230 kDa.

myéloïde chronique
Protéines BCR, ABL et BCR-ABL
Transcrits de fusion BCR-ABL
BCR est une protéine intracellulaire d’expression ubiquitaire
La translocation t (9 ; 22) (q34 ; q11) transpose un segment 3 de d’environ 160 kDa. Elle est organisée en plusieurs domaines
l’oncogène ABL situé en position 9q34, à la place d’un segment 3 fonctionnels. La portion N-terminale comprend un domaine
du gène BCR situé en position 22q11, créant le gène hybride BCR- d’oligomérisation (CCD) et un domaine d’interaction avec les
ABL (Fig. 1) [7, 11] . Les points de cassure interrompant ABL sont le domaines SH2 des TK non récepteurs. La région centrale comporte
plus souvent situés en 5 de l’exon 2 dans l’intron 1. Les points un domaine à activité sérine/thréonine kinase, une région

BCR
Chromosome 9 Chromosome 22 22q11.23
e1 e2 e6e8 e12-e16 e19
Centromère Télomère
b1-b5
BCR (q11)
m-bcr n-bcr M-bcr µ-bcr
ABL1
9q34.12
ABL1 (q34)
1b 1a a2a3
Centromère Télomère

Chromosome 9q+ Chromosome e1a2 rare


Philadelphie (Ph)
e8a2 rare
5’ BCR
3’ ABL1 e14a2
(b3a2) > 95 %
5’ ABL1
e13a2
3’ BCR
(b2a2)
e19a2 rare
Figure 1. Représentation schématique de la translocation t (9 ; 22) (q34 : q11) et conséquences moléculaires dans la leucémie myéloïde chronique (LMC).
La t (9 ; 22) (q34 ; q11) est une translocation réciproque équilibrée au cours de laquelle une partie du bras long du chromosome 9 et une partie du bras long
du chromosome 22 sont échangées. Deux chromosomes dérivés sont ainsi formés, le chromosome 9q + et le chromosome Philadelphie (ou 22q-). Les points
de cassure chromosomiques sont situés dans les régions 9q34 et 22q11, où se situent respectivement les gènes ABL et BCR. Il en résulte la formation de deux
gènes de fusion : les gènes ABL-BCR et BCR-ABL, situés respectivement aux points de recombinaison des chromosomes 9q + et 22q-. À l’échelle génomique,
les points de cassure sont regroupés dans des régions introniques particulières du gène BCR appelées M-bcr, m-bcr, ␮-bcr ou n-bcr et dans l’intron 1 du gène
ABL. En fonction de la localisation du point de cassure interrompant le gène BCR, différents types de transcrits chimériques BCR-ABL peuvent être produits.
Dans la très grande majorité des cas, le gène BCR est interrompu dans la région M-bcr et les transcrits produits sont du type e14a2 (b3a2) ou e13a2 (b2a2).
Dans de rares cas de LMC, l’interruption du gène ABL dans l’intron 2 conduit à la production de transcrits e14a3 ou e13a3, non représentés sur cette figure.

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Instabilité génomique
Ubiquitine-protéasome
DNA PKcs
+ – Abi1, Abi2
P27
BCR-ABL SHIP

+ + + + +
Crkl C-Myc Stat 5 Ras-GTP PI3 kinase
Complexe
d’adhésion
+
Raf 1 Akt BAD
+ –
Cytosquelette
MAP/SAP kinases
Mitochondrie

Prolifération

Cytochrome C
Anomalies

d’adhésion
Caspases
Défaut d’apoptose
Figure 2. Représentation schématique des voies de signalisation engagées par la protéine BCR-ABL. Les voies de signalisation indiquées par + sont res-
ponsables de la plupart des effets phénotypiques observés : défaut d’adhésion, stimulation mitogénique, effet antiapoptotique. BCR-ABL induit également
une régulation négative de certaines voies de signalisation par stimulation du système ubiquitine-protéasome qui entraîne la dégradation de leurs substrats.
DNA PKcs : sous-unité catalytique de la protéine-kinase dépendante de l’acide désoxyribonucléique ; Abi : protéines d’interaction avec ABL ; SHIP : inositol
polyphosphate 5-phosphatase avec domaine SH2.

d’homologie avec les facteurs Rho-guanine nucleotide exchange fac- Leucémogenèse et voies de signalisation
tors et une région supposée de type calcium-dependent lipid binding
domain. La portion C-terminale, absente de la protéine de fusion
intracellulaires
BCR-ABL, possède une fonction GTPase-activating protein. La loca-
lisation de BCR est cytoplasmique dans les cellules quiescentes La LMC est une maladie de la cellule souche hématopoïétique
et périchromosomique lors de la mitose, suggérant un rôle non (CSH), le chromosome Ph1 conférant aux cellules leucémiques
élucidé au cours du cycle cellulaire. un avantage de croissance et des capacités de différenciation
ABL est une TK non-récepteur cytoplasmique et nucléaire ubi- anormales menant à l’expansion leucémique du compartiment
quitaire. Elle existe sous deux isoformes 1a ou 1b d’environ myéloïde. La cause et le mécanisme de survenue de la t (9 ;
145 kDa, issues de deux ARNm résultant de l’utilisation alter- 22) (q34 ; q11) sont inconnus, de même que le délai entre
native de deux promoteurs de la transcription d’ABL. La forme l’apparition de la translocation dans la CSH et le développement
1b est myristoylée en N-terminal. ABL est organisée en plu- de la LMC. L’incidence de la LMC augmenta transitoirement au
sieurs domaines fonctionnels. Trois domaines d’homologie Src Japon dans les années qui suivirent les bombardements nucléaires
SH1-SH3 sont situés dans la région N-terminale. SH3 et SH2 d’Hiroshima et de Nagaski. L’irradiation gamma à forte dose est
sont impliqués dans des interactions avec d’autres protéines capable d’induire l’apparition du transcrit de fusion BCR-ABL dans
et ils possèdent des fonctions régulatrices. SH1 est le support des lignées cellulaires tumorales in vitro [15] . Cependant, si l’on ne
de l’activité catalytique d’ABL. Dans la région C-terminale se peut exclure que les radiations ionisantes puissent être un facteur
trouvent des séquences permettant l’interaction avec d’autres favorisant, leur rôle exact demeure incertain.
protéines, la fixation à l’actine et à l’ADN, et l’import ou BCR-ABL active de nombreuses protéines substrats par phos-
l’export nucléaire. ABL est impliquée dans la régulation de nom- phorylation de leurs résidus tyrosine [16] . Ces substrats sont classés
breux processus cellulaires : croissance, survie, cycle cellulaire, selon leur rôle physiologique : protéines adaptatrices, protéines
réponse au stress oxydatif et aux dommages de l’ADN, dyna- impliquées dans l’organisation du cytosquelette et de la mem-
mique de l’assemblage des filaments d’actine et migration. La brane cellulaire, et protéines à activité catalytique. Il en résulte
régulation spatiotemporelle de son activité est fondamentale. Elle l’activation directe ou indirecte de nombreuses voies de signalisa-
passe par des mécanismes d’auto-inhibition impliquant la région tion intracellulaire. S’il est difficile d’établir un schéma définitif
N-terminale. de l’ensemble de ces voies et de distinguer celles essentielles
La P210 BCR-ABL comporte tous les domaines d’ABL, à au processus oncogénique, leur désorganisation par BCR-ABL
l’exception de la portion N-terminale en amont de SH3, respon- est à la base des principaux effets cellulaires observés : défaut
sable de l’auto-inhibition de la kinase. Du côté BCR, le domaine d’adhésion, production autocrine de facteurs de croissance, pro-
CDD provoque l’oligomérisation de BCR-ABL, aboutissant à son lifération cellulaire accrue et défaut d’apoptose (Fig. 2). Le défaut
autoactivation par transphosphorylation. Le domaine capable d’adhésion des progéniteurs hématopoïétiques BCR-ABL+ aux cel-
d’interagir avec la portion SH2 d’ABL permettrait d’abolir les lules stromales et à la matrice extracellulaire pourrait résulter
propriétés régulatrices négatives du domaine SH2. Les séquences de la phosphorylation de protéines telles Crkl, la paxilline ou
issues de BCR jouent un rôle majeur dans l’activation dérégulée la talline, et d’anomalies de signalisation dépendantes des inté-
de l’activité kinase de BCR-ABL et sont essentielles aux propriétés grines. La stimulation de l’activité mitogénique de la cellule par
oncogéniques de la protéine de fusion. BCR-ABL fait intervenir de nombreuses voies de signalisation

EMC - Hématologie 3
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intracellulaire. Les voies Ras et MAP kinase sont activées de Tableau 1.


manière constitutive. La voie Jak/Stat est mise en jeu par phos- Définition European LeukemiaNet des phases de la leucémie myéloïde
phorylation directe de Stat 1 et Stat 5, indépendamment de la chronique.
phosphorylation des kinases Jak. La voie PI3 kinase est indispen- Phases Critères
sable à la prolifération des cellules BCR-ABL+ . Enfin, BCR-ABL
induit la surexpression du proto-oncogène Myc. L’inhibition de Chronique Tous les critères suivants sont présents :
l’apoptose pourrait résulter du blocage du relargage du cyto- – blastes sanguins et médullaires < 15 %
chrome C de la mitochondrie et de l’activation des caspases, de la – blastes + promyélocytes sanguins et médullaires < 30 %
surexpression de Bcl-2 par l’intermédiaire des voies Ras ou PI3 – basophiles sanguins < 20 %
– plaquettes ≥ 100 000/mm3
kinase, de l’activation de Bcl-xL par Stat 5 et de l’inactivation
de Bad par Akt. Enfin, BCR-ABL induit la dégradation par Accélérée L’un au moins des critères suivants est présent :
le protéasome d’inhibiteurs physiologiques de l’activité cataly- – blastes sanguins ou médullaires entre 15 % et 29 %
tique ABL, telles les protéines Abi-1 et Abi-2, et de protéines – blastes + promyélocytes sanguins et médullaires > 30 %
impliquées dans la réparation de l’acide désoxyribonucléique et blastes < 30 %
– basophiles sanguins ≥ 20 %
(ADN).
– plaquettes < 100 000/mm3 en l’absence de toxicité
médicamenteuse
Blastique L’un au moins des critères est présent :
Instabilité génétique et progression – blastes sanguins ou médullaires ≥ 30 %
vers la phase blastique – atteinte blastique extrahématopoïétique

En l’absence de traitement adapté, la LMC évolue inexorable-


ment de la phase chronique vers une phase de transformation
aiguë myéloblastique ou lymphoblastique fatale après un délai
médian d’environ cinq ans, précédée ou non d’une phase
des tissus mous (chloromes). Des manifestations en rapport
d’accélération. Cette évolution résulterait de l’instabilité géné-
avec l’insuffisance médullaire peuvent être présentes, telles que
tique des cellules leucémiques BCR-ABL+ , dépendante ou non de
des hémorragies, des infections ou un syndrome anémique
BCR-ABL. En témoigne l’apparition d’anomalies cytogénétiques
marqué.
ou géniques additionnelles lors de la progression. À l’échelon
chromosomique, la duplication du Ph1, la trisomie des chro-
mosomes 8, 17, 19, ou 21, la monosomie des chromosomes
7 ou 17, l’isochromosome i (17q) et la translocation t (3 ; 21)
(q26 ; q22) sont souvent retrouvées lors de la transition vers Examens biologiques
la phase blastique [17] . À l’échelon moléculaire, les mutations le Si la NFS et le myélogramme permettent d’évoquer une néopla-
plus fréquemment mises en évidence impliquent le gène sup- sie myéloproliférative de type LMC, le diagnostic positif est fondé
presseur de tumeur p53 et le facteur de transcription RUNX1 sur la détection du chromosome Ph1 et la mise en évidence des
dans les transformations myéloblastiques, et le régulateur du transcrits BCR-ABL.
cycle cellulaire p16INK4A , ainsi que le facteur de transcription La NFS et le myélogramme sont indispensables pour déterminer
IKZF1 dans les transformations lymphoblastiques [18] . Ces ano- la phase de la maladie (Tableau 1) [19] .
malies génétiques combinées à des modifications épigénétiques L’hémogramme et l’analyse du frottis sanguin montrent une
aboutissent à l’activation d’oncogènes ou à l’inactivation de hyperleucocytose d’importance variable, souvent supérieure à
gènes suppresseurs de tumeurs qui, en coopération avec BCR- 25 Giga/l, constituée de polynucléaires neutrophiles et d’une
ABL, jouent un rôle pivot dans le processus de transforma- myélémie harmonieuse en phase chronique, c’est-à-dire essen-
tion. tiellement composée de métamyélocytes et de myélocytes,
éventuellement de quelques promyélocytes et de rares blastes.
Une basophilie et une éosinophilie sont fréquentes et évoca-
 Diagnostic de la léucémie trices. L’hémoglobine est normale ou modérément abaissée. Une
thrombocytose d’intensité variable est fréquente, parfois isolée.
myéloïde chronique Elle est rarement responsable à elle seule de thrombose et ne
justifie pas la prescription d’un traitement antiagrégant plaquet-
Circonstances diagnostiques taire. L’existence d’une thrombocytopénie inférieure à 100 Giga/l
en l’absence de tout traitement cytoréducteur signe une phase
et examen clinique avancée de l’hémopathie.
Les circonstances diagnostiques de la LMC sont variées. Par- L’analyse du frottis médullaire montre une augmentation
fois, le diagnostic est déclenché par la découverte d’anomalies majeure de la cellularité en lien avec une hyperplasie importante
sur une numération formule sanguine (NFS) effectuée dans le de la lignée myéloïde granuleuse, dépassant 80 % des éléments. La
cadre d’un bilan de santé. Dans les autres cas, les symptômes ini- maturation granuleuse est harmonieuse en phase chronique. Un
tiaux sont le plus souvent une inappétence, un amaigrissement, excès de basophiles et d’éosinophiles peut être présent, parallèle
une fatigue, ainsi qu’une pesanteur de l’hypochondre gauche en à celui observé dans le sang. Le nombre de mégacaryocytes peut
cas de splénomégalie. Il convient de mesurer la splénomégalie être augmenté.
en centimètres du débord costal sur la ligne médioclaviculaire La réalisation du caryotype médullaire est obligatoire. L’analyse
avant tout traitement cytoréducteur pour le calcul des scores doit comporter au moins 20 métaphases. Le chromosome Ph1 est
pronostiques préthérapeutiques. Une fébricule et des sueurs inha- mis en évidence dans 95 % des cas, soit isolément, soit au sein de
bituelles peuvent être ressenties. Plus rarement, la LMC est révélée translocations variantes ou associé à des anomalies chromosomi-
par la survenue d’une complication inaugurale : crise de goutte ; ques additionnelles (ACA) (Fig. 3). Dans 5 % des cas, le caryotype
thrombose veineuse ; priapisme ; hémorragie. Un syndrome de ne met pas en évidence le chromosome Ph1, mais l’utilisation de
leucostase révèle exceptionnellement la LMC lorsque la maladie l’hybridation in situ démontre que le réarrangement BCR-ABL est
est en phase chronique. En revanche, ce syndrome peut survenir présent.
lorsque la maladie se présente d’emblée en phase aiguë hyperleu- La recherche des transcrits BCR-ABL en biologie moléculaire
cocytaire. En phase aiguë, l’altération de l’état général est souvent fait appel à une amplification d’ARN par reverse transcription-
marquée, les douleurs osseuses sont fréquentes, et le syndrome polymerase chain reaction. Le recours à des stratégies multiplexes
tumoral peut comporter, outre la splénomégalie, des adénopathies capables d’amplifier la plupart des types de transcrits est forte-
et une hépatomégalie. Des localisations blastiques extrahéma- ment recommandé. Le typage du transcrit est indispensable au
topoïétiques peuvent se rencontrer,en particulier méningées ou suivi ultérieur de la réponse moléculaire sous traitement.

4 EMC - Hématologie
Leucémie myéloïde chronique  13-011-B-10

diagnostic est posé en phase chronique. Il convient alors de


déterminer les scores pronostiques préthérapeutiques. Le score
de Sokal, proposé en 1984 chez des patients traités par chimio-
thérapie cytoréductrice, est fondé sur un calcul intégrant quatre
facteurs pronostiques indépendants (âge, taille de la rate, propor-
tion de blastes sanguins et nombre de plaquettes) [20] . Il sépare les
patients en trois groupes de risque (faible, intermédiaire ou élevé)
dont la survie globale diffère significativement. À l’heure des ITK,
ce score est toujours employé car il est prédictif de la réponse et
du risque de progression sous imatinib. Le score de Hasford, pro-
posé en 1998 pour les patients traités par interféron alpha (IFN-␣),
est fondé sur un calcul intégrant six facteurs pronostiques indé-
pendants (âge, taille de la rate, proportion de blastes sanguins,
de basophiles et d’éosinophiles, et nombre de plaquettes) [21] . Il
A sépare les patients en trois groupes de risque (faible, intermé-
diaire ou élevé) dont la survie globale diffère significativement.
Le score EUTOS, développé pour les patients traités par imatinib
en première intention, est fondé sur la proportion de basophiles
sanguins et la taille de la rate [22] . Il sépare les patients en deux
groupes de risque (faible et élevé) dont la probabilité de réponse
et la survie sans progression diffèrent significativement. L’utilité
de ce score chez des patients traités par ITK est remise en cause par
certaines équipes. La présence d’ACA au diagnostic doit être prise
en compte, car certaines d’entre elles sont associées à un pronos-
tic défavorable chez les patients traités par imatinib en première
intention [23–25] .

B  Traitement de la leucémie
Figure 3. Caryotype médullaire de patients au diagnostic de leucémie
myéloïde chronique
myéloïde chronique.
A. Caryotype montrant la présence de la translocation t (9 ; 22) (q34 ;
Traitements de la leucémie myéloïde
q11) ; le chromosome 9q + et le chromosome Ph1 (22q-) sont indiqués. chronique avant l’ère des inhibiteurs
B. Caryotype montrant la présence de la translocation t (9 ; 22) (q34 ; de la tyrosine kinase
q11) associée à des anomalies chromosomiques additionnelles complexes
indiquées par des flèches (trisomie 6, trisomie 8, trisomie 10, trisomie 11, La prise en charge de la LMC demeura essentiellement pallia-
trisomie 19 et duplication du chromosome Ph1). tive jusqu’à la fin du XXe siècle. Les premiers traitements tels que
l’arsenic, la radiothérapie, les moutardes azotées puis le busulfan
et l’hydroxyurée amélioraient temporairement l’état des patients,
 Diagnostic différentiel mais ils n’empêchaient pas la transformation aiguë de la LMC et la
survie globale médiane était de trois à cinq ans. La situation évolua
En pratique, la LMC ne pose aucun problème de diagnostic dif- au début des années 1980 avec l’introduction de l’IFN-␣ dans la
férentiel. Les hyperleucocytoses réactionnelles à une infection, pharmacopée. Plusieurs grands groupes coopératifs démontrèrent
un syndrome inflammatoire ou un syndrome paranéoplasique la supériorité de l’IFN-␣ comparé à la chimiothérapie orale chez
par hypersécrétion de facteurs de croissance stimulant la granulo- les patients en phase chronique, avec une probabilité de survie
poïèse sont souvent inférieures à 50 Giga/l. Le contexte clinique globale à cinq ans de 57 % sous IFN-␣ et de 42 % sous chimiothé-
est évocateur, la myélémie est modeste, il n’y a pas de blastes cir- rapie [26] . Cependant, le bénéfice de survie à long terme conféré par
culants ni de basophilie, ni de réarrangement BCR-ABL. Parfois, l’IFN-␣ était réservé essentiellement aux patients en phase chro-
la LMC peut se révéler par une thrombocytose isolée ou sous une nique précoce, à score de Sokal ou de Hasford faible, et obtenant
forme où l’hyperplaquettose prédomine, justifiant la recherche une réponse cytogénétique au moins majeure, soit une minorité
systématique des transcrits BCR-ABL dans l’enquête étiologique de patients. De plus, l’IFN-␣ était responsable d’effets toxiques
de toute hyperplaquettose non réactionnelle. La myélofibrose notables, engendrant de fréquents abandons de la thérapeutique.
primitive peut se présenter initialement sous une forme hyper- L’allogreffe de CSH se développa parallèlement à l’avènement
leucocytaire, mais il existe une érythromyélémie, ainsi que des de l’IFN-␣ et fut alors considérée comme la seule option théra-
anomalies franches des hématies et des plaquettes, et le réarrange- peutique potentiellement curative, quoique des rechutes tardives
ment de BCR-ABL est absent. Dans la leucémie myélomonocytaire aient été récemment décrites [27–29] .
chronique, la monocytose prédomine, une dysgranulopoïèse et
une dysérythropoïèse sont possibles et le réarrangement de BCR-
ABL est absent. Enfin, la mal-nommée LMC atypique peut se Traitements de la leucémie myéloïde
présenter cliniquement et cytologiquement comme une LMC, chronique sous l’ère des inhibiteurs
mais il s’agit d’une hémopathie totalement distincte car le chro-
mosome Ph1, la fusion des gènes BCR et ABL, et les transcrits
de la tyrosine kinase
BCR-ABL, sont toujours absents. De nos jours, cinq ITK ont reçu une AMM dans le monde :
l’imatinib mesylate (Glivec® ) depuis 2001, le dasatinib (Sprycel® )
depuis 2007, le nilotinib (Tasigna® ) depuis 2008, le bosutinib
 Stratification pronostique (Bosulif® ) et le ponatinib (IclusigTM ) depuis 2012. L’IFN-␣ n’est
plus utilisé, sauf dans des essais thérapeutiques ou chez les femmes
préthérapeutique enceintes. L’allogreffe de CSH est désormais réservée aux patients
en échec des ITK ou en phase avancée de l’hémopathie [30] .
La distinction entre les trois phases (chronique, accélérée et L’espérance de vie des patients traités par ITK en phase chronique
blastique) de la LMC conditionne la prise en charge et le pro- se rapproche de celle de la population générale [31, 32] . Sur la base
nostic de la maladie (Tableau 1). Dans la majorité des cas, le d’un taux de survie globale à cinq ans de 90 % et d’un taux annuel

EMC - Hématologie 5
13-011-B-10  Leucémie myéloïde chronique

de mortalité de 2 % chez les patients traités par imatinib en pre- taux de RHC, RCyMaj et RCyC sont respectivement de 34 %,
mière intention, la prévalence de la LMC dans les 20 années à 24 % et 17 % [39] . À un an, les taux de survie sans progression
venir pourrait atteindre 1/1000 habitants. vers la phase blastique et de survie globale sont respectivement
de 59 % et 74 %. Cependant, cet essai a inclus une majorité de
Imatinib patients en échec d’un traitement antérieur par chimiothérapie
orale ou IFN-␣·Lorsque l’imatinib est prescrit dans les phases accé-
L’imatinib s’administre par voie orale à la dose de 400 mg/j lérées nouvellement diagnostiquées, le taux de réponse et la survie
en phase chronique et de 600 mg/j à 800 mg/j en phase sont plus favorables [23] . Dans la LMC en transformation blas-
avancée. C’est une molécule dérivée de la famille des 2- tique, l’activité de l’imatinib en monothérapie est significative,
phénylaminopyrimidines. Il bloque l’autophosphorylation de mais de durée brève, la survie globale médiane étant estimée entre
plusieurs TK : BCR-ABL, PDGF-R et c-kit, par inhibition compéti- 4,9 et 6,9 mois [46, 47] . À l’heure actuelle, les stratégies de polychi-
tive de la fixation de l’adénosine triphosphate (ATP) [33] . L’étude du miothérapies en association avec l’imatinib ou d’autres ITK sont
mécanisme structurel de l’inhibition d’ABL par l’imatinib en cris- privilégiées, et l’intensification par allogreffe de CSH est systémati-
tallographie a permis de déterminer que la formation du complexe quement proposée aux patients éligibles, dans l’objectif de limiter
kinase-inhibiteur n’était possible que lorsque la protéine était en le risque de rechute.
conformation inactive et de comprendre sa spécificité [34] . Lors Le profil de tolérance de l’imatinib est satisfaisant. Les événe-
du développement préclinique de l’imatinib, il fut démontré que ments indésirables cliniques les plus fréquents sont les œdèmes
celui-ci inhibe la prolifération de lignées cellulaires leucémiques superficiels, les crampes musculaires, les douleurs musculos-
BCR-ABL+ , la pousse de colony forming unit-granulocytes macro- quelettiques, les nausées ou vomissements, et l’accélération du
phages issues de cellules BCR-ABL+ de patients et la croissance de transit [41] . Les cytopénies surviennent surtout pendant les pre-
tumeurs induites BCR-ABL+ chez la souris [35] . Après des études miers mois de traitement. Une cytolyse hépatique est possible
pharmacocinétiques et de toxicité chez l’animal, la validation et les hypophosphatémies sont fréquentes. La plupart des évé-
clinique du concept d’inhibition de BCR-ABL par l’imatinib fut nements indésirables ont une intensité faible à modérée et
apportée dès l’essai de phase I mené chez des patients atteints s’atténuent en général au fil du temps. Le médicament ne
de LMC en échec de l’IFN-␣ et de LAL Ph1 [36, 37] . Des réponses semble pas comporter d’effets délétères à long terme [32, 42] . Dans
furent observées chez les patients ayant reçu une dose d’imatinib la LMC en phase avancée, les cytopénies sont plus fréquentes
d’au moins 300 mg/j, sans dose limitante toxique. L’efficacité de et plus profondes que lorsque l’imatinib est utilisé en phase
l’imatinib fut ensuite confirmée par trois essais de phase II qui chronique.
aboutirent en 2001 à l’enregistrement de l’imatinib à la dose de
400 mg/j dans la LMC en phase chronique en échec ou avec into-
lérance à l’IFN-␣, et de 600 mg/j dans la LMC en phase accélérée Dasatinib
ou blastique [38–40] . L’essai de phase III International Randomi- Le dasatinib est un inhibiteur des TK SRC doué de pro-
zed Study of Interferon and STI571 démontra la supériorité de priétés inhibitrices puissantes vis-à-vis de BCR-ABL. Il inhibe
l’imatinib à 400 mg/j face à l’IFN-␣ en association à la cytarabine également le PDGF-R et c-kit. Il bloque l’autophosphorylation
chez les patients en phase chronique nouvellement diagnosti- de BCR-ABL par inhibition compétitive de la fixation de l’ATP
quée. L’imatinib reçut l’AMM dans cette indication en 2002 [41, 42] . sur la protéine en conformation active ou inactive [48] . In vitro,
Dans le bras imatinib, le taux cumulé de réponse hématologique sa puissance inhibitrice vis-à-vis de BCR-ABL est supérieure à
complète (RHC) est de 96 % à 12 mois et de 98 % à cinq ans. Le celle de l’imatinib. Il inhibe la plupart des mutants résistants à
taux cumulé de réponse cytogénétique majeure (RCyMaj) est de l’imatinib in vitro et chez la souris, à l’exception de la forme
85 % à 12 mois et de 92 % à cinq ans. Le taux cumulé de réponse BCR-ABLT315I [49, 50] .
cytogénétique complète (RCyC) est de 69 % à 12 mois et de 87 % à L’intérêt clinique du dasatinib fut constaté dès l’essai de phase
cinq ans. Le taux cumulé de réponse moléculaire majeure (RMM) I conduit chez des patients atteints de LMC ou de LAL Ph1, résis-
est estimé à 53 % à 12 mois et de 80 % à quatre ans. La proportion tants à l’imatinib [51] . Dans les essais de phase II, le dasatinib fut
de patients qui interrompent le traitement par l’imatinib est de testé à la dose de 70 mg deux fois par jour chez des patients
28 % à cinq ans, les motifs principaux étant les effets indésirables résistants ou intolérants à l’imatinib et le médicament obtint
et l’efficacité insuffisante du traitement. À cinq ans, les taux de sur- l’AMM en 2007 [52–54] . Le dasatinib fut ensuite soumis à plusieurs
vie globale et de survie sans progression vers les phases avancées études d’optimisation de dose et/ou du schéma d’administration
sont respectivement de 89 % et 93 %. Le taux annuel de progres- et l’AMM fut modifiée en faveur du schéma à 100 mg/j en une
sion vers les phases avancées de la LMC est estimé à 2 % pendant prise en phase chronique et de 140 mg/j en une prise en phase
les trois premières années de traitement et décroît par la suite. avancée. Chez les patients en phase chronique, la réduction de la
Les patients dont le devenir est le plus favorable sont ceux qui dose du dasatinib à 100 mg en une prise par jour n’est pas moins
obtiennent une RCyC pendant la première année et une RMM efficace que lorsque le traitement est institué à 70 mg deux fois par
pendant les 18 premiers mois de traitement [42, 43] . La question jour. Elle permet en outre de réduire la fréquence des cytopénies
de l’optimisation du traitement par imatinib en première inten- et des épanchements pleuraux iatrogènes [55] . Les taux cumulés à
tion chez les patients en phase chronique a été posée au sein de deux ans de RHC, RCyMaj et RCyC sont respectivement de 97 %,
plusieurs essais cliniques. L’essai Tyrosine Kinase Inhibitor Opti- 63 % et 50 % ; le taux de RMM chez les patients en RCyC est de
mization and Selectivity Study a évalué l’efficacité de l’imatinib 69 %, la survie globale est de 91 % et le taux de survie sans perte de
à la dose de 800 mg/j face à la dose de référence de 400 mg/j. réponse, ascension de la leucocytose, accélération, phase blastique
Malgré des réponses obtenues plus rapidement pendant les pre- ou décès est de 80 % [56] .
miers mois de traitement chez les patients ayant reçu de fortes Chez les patients en phase accélérée résistants ou intolérants à
doses d’imatinib, l’essai ne fut pas concluant, les taux de RCyC l’imatinib, des réponses durables peuvent être observées. Cepen-
et de RMM étant comparables dans les deux bras après un an de dant, les résultats sont moins favorables que chez les patients
traitement, ainsi que les probabilités de survie globale et sans pro- en phase chronique et la plupart des patients arrêtent rapide-
gression [44] . Le groupe France Intergroupe Leucémies Myéloïdes ment le traitement du fait d’échec ou de progression [57] . Chez les
Chroniques a mené un essai d’optimisation comparant l’imatinib patients en phase blastique résistants ou intolérants à l’imatinib,
en monothérapie à la dose de 400 mg/j à l’imatinib à 600 mg/j ou des réponses peuvent être obtenues, mais elles sont de durée brève
à l’imatinib à 400 mg/j en association avec la cytarabine ou l’IFN- et la survie globale médiane n’est que de cinq à 12 mois [54] .
␣ pégylé (PEG-IFN) [45] . Si le taux de RCyC à un an est comparable Dans la LMC en phase chronique nouvellement diagnostiquée,
dans les quatre bras, les réponses moléculaires sont significative- une étude d’enregistrement de phase III comparant le dasatinib à
ment plus élevées et plus profondes chez les patients recevant 100 mg/j à l’imatinib à 400 mg/j est en cours [58] . Cette étude doit
l’imatinib et le PEG-IFN. Cependant, l’association thérapeutique durer cinq ans ; néanmoins, une AMM a été d’ores et déjà octroyée
ne modifie pas la survie. au dasatinib sur la base de réponses à 1 an significativement plus
Dans la LMC en phase avancée, l’efficacité de l’imatinib est favorables que celles obtenues sous imatinib. Les taux cumulés de
moins importante. Dans l’essai de phase II d’enregistrement, les RCyC et de RMM à un an sont de respectivement 83 % et 46 % dans

6 EMC - Hématologie
Leucémie myéloïde chronique  13-011-B-10

le bras dasatinib et de 72 % et 28 % dans le bras imatinib. Les taux traités par imatinib, les taux étant respectivement de 95,1 % et
cumulés de RCyC et de RMM à deux ans sont de respectivement 94 % à trois ans [74] . Avec trois ans de recul, les taux de réponses
86 % et 64 % dans le bras dasatinib, et de 82 % et 46 % dans le bras moléculaires demeurent globalement plus importants et la dimi-
imatinib [59] . Le taux de progression en phase avancée à deux ans nution de la maladie résiduelle est plus profonde chez les patients
est 2,3 % dans le bras dasatinib et de 5 % dans le bras imatinib. traités par nilotinib que chez ceux traités par imatinib [74] .
La survie globale des patients traités par dasatinib ne diffère pas Les événements indésirables cliniques le plus fréquemment
de celle des patients traités par imatinib, les taux à deux ans étant rencontrés sous nilotinib sont les éruptions cutanées, le prurit,
respectivement de 95,3 % et 95,2 %. les nausées, les céphalées, les diarrhées et l’asthénie [67, 73] . Ces
Les événements indésirables le plus fréquemment associés au atteintes sont le plus souvent de faible grade. Au plan biolo-
dasatinib sont les cytopénies parfois profondes en début de trai- gique, la cytolyse hépatique est fréquente, parfois de grade 3 ou 4.
tement, la diarrhée, les douleurs musculaires et osseuses, les Une hyperbilirubinémie libre bénigne peut se rencontrer, en rap-
éruptions cutanées, les céphalées, l’asthénie et les épanchements port avec un polymorphisme du gène UDP glucuronyl transférase.
pleuraux [58] . Ces épanchements ont fait l’objet d’études dédiées, L’hyperlipasémie est fréquente ; cependant, elle est rarement asso-
compte tenu des problèmes posés par leur prise en charge et ciée à une pancréatite clinique. Enfin, des hyperglycémies et des
de leur caractère souvent récidivant. Leur taux cumulé est de hypercholestérolémies sont possibles. Récemment, des accidents
14 % à deux ans à la dose de 100 mg/j en première ou seconde occlusifs artériels ont été rapportés chez des patients traités par
intention chez les patients en phase chronique inclus dans les nilotinib [75] . Les données suggèrent que le nilotinib pourrait être
essais d’enregistrement. Leur fréquence varie selon la phase de impliqué dans la genèse de ces accidents selon un mécanisme à ce
la LMC, le schéma d’administration du médicament, l’âge et la jour inconnu et dont le lien avec les anomalies glucidolipidiques
concentration plasmatique résiduelle du dasatinib [60] . La nature n’est pas directement établi.
exsudative et lymphocytaire du liquide pleural suggère un méca-
nisme immunopathologique [61] . Des lymphocytoses sanguines et
des expansions lymphocytaires T et NK monoclonales ou oligo- Bosutinib
clonales fréquentes ont été décrites [62] , ainsi que de rares cas de Le bosutinib est un inhibiteur de certaines TK SRC doué de pro-
maladies auto-immunes [63] . Ces phénomènes relèvent vraisem- priétés inhibitrices puissantes vis-à-vis de BCR-ABL. Il appartient à
blablement du ciblage des kinases SRC par le dasatinib. Enfin, de la classe des inhibiteurs des 4-anilinoquinoline-3-carbonitriles. Il
rares cas d’hypertension artérielle pulmonaire précapillaire ont été ne possède pas d’activité vis-à-vis du PDGF-R et de c-kit. Il bloque
rapportés, dont la physiopathologie est inconnue à ce jour [64] . l’autophosphorylation BCR-ABL par inhibition compétitive de la
fixation de l’ATP. Il inhibe la plupart des mutants résistants à
Nilotinib l’imatinib in vitro et chez la souris, à l’exception de la forme
BCR-ABLT315I [76] .
Le nilotinib est un inhibiteur des TK BCR-ABL, PDGF-R et c-kit. Le bosutinib a été évalué en phase I/II chez les patients en phase
Il est né d’une modification de la structure de l’imatinib visant à chronique résistants ou intolérants à l’imatinib [77] . Dans cette
augmenter sa spécificité vis-à-vis de BCR-ABL. Comme l’imatinib, population, les taux cumulés respectifs de RCyMaj et de RCyC
il bloque l’autophosphorylation BCR-ABL par inhibition compé- sont de 53 % et 41 %, le taux de RMM chez les patients en RCyC
titive de la fixation de l’ATP sur la protéine en conformation est de 64 %. La probabilité de survie globale à deux ans est de
inactive [65] . Sa puissance inhibitrice vis-à-vis de BCR-ABL et son 92 % et celle de survie sans perte de réponse, ni progression vers
affinité pour BCR-ABL sont supérieures à celle de l’imatinib. De la phase accélérée ou blastique, est de 79 %. La posologie préco-
plus, il inhibe la plupart des mutants résistants à l’imatinib in vitro nisée du bosutinib est de 500 mg/j en une prise orale. Dans la
et chez la souris, à l’exception de la forme BCR-ABLT315I [49, 65] . LMC en phase chronique nouvellement diagnostiquée, un essai
L’intérêt clinique du nilotinib fut démontré dès l’étude de phase de phase III d’enregistrement a comparé le bosutinib à la dose
I chez des patients atteints de LMC ou de LAL Ph1, résistants à de 500 mg/j à l’imatinib à la dose de 400 mg/j [78] . L’essai n’a pas
l’imatinib [66] . Son AMM en 2008 à la dose de 800 mg/j en deux atteint son objectif principal puisque le taux de RCyC à 1 an est
prises orales repose sur des études de phase II d’enregistrement comparable dans les deux bras de traitement : 70 % sous bosutinib
conduites chez les patients intolérants ou résistants à l’imatinib, et 68 % sous imatinib. En revanche, le taux de RMM est supérieur
en phase chronique ou accélérée de leur hémopathie [67, 68] . En chez les patients traités par bosutinib et le taux de progression
phase chronique, les résultats obtenus après 48 mois de suivi sont vers les phases avancées pendant la première année de traitement
les suivants : les taux cumulés de RCyMaj et de RCyC sont res- est moindre que sous imatinib (2 % versus 4 %). En fait, une pro-
pectivement de 59 % et 45 %, le taux de RMM chez les patients portion substantielle de patients a dû arrêter le bosutinib avant
en RCyC est de 56 %, la probabilité de survie globale est de 78 % le troisième mois du fait d’effets indésirables, en particuliers la
et la probabilité de survie sans perte de réponse cytogénétique, diarrhée, les nausées, les vomissements et la cytolyse hépatique.
progression vers la phase accélérée ou blastique ou décès est de
57 % [69, 70] . Chez les patients en phase accélérée résistants ou into-
lérants à l’imatinib, les résultats sont moins favorables car la Ponatinib
majorité des patients arrêtent rapidement leur traitement du fait
d’échec ou de progression, même si des réponses durables peuvent Le ponatinib est un paninhibiteur de BCR-ABL conçu pour se
être observées [71] . Chez les patients en phase blastique résistants fixer sur la kinase en présence de la mutation BCR-ABLT315I . Il
ou intolérants à l’imatinib, des réponses peuvent être obtenues, bloque l’autophosphorylation de BCR-ABL native ou mutée par
mais elles sont de courte durée et la survie à deux ans n’est que de inhibition compétitive de la fixation de l’ATP sur la protéine
27 % [72] . en conformation inactive [79] . Il bloque aussi l’activité d’autres
Un essai de phase III d’enregistrement international compare le kinases telles les SRC, FLT3, VEGF-R, FGF-R, c-KIT et PDGF-R. Le
nilotinib à la dose de 600 mg/j ou 800 mg/j en deux prises orales ponatinib a été évalué en essai de phase I à des doses allant de
à l’imatinib à 400 mg/j dans la LMC en phase chronique nouvel- 2 à 60 mg/j en une prise orale chez des patients atteints de LMC
lement diagnostiquée [73] . Cet essai va durer huit ans ; cependant, ou de LAL Ph1 résistants aux autres ITK [80] . Son intérêt clinique
une AMM a déjà été octroyée au nilotinib à la dose de 600 mg/j est apparu dès cette phase, avec des réponses hématologiques et
en deux prises sur la base d’un taux de réponses à 1 an significa- cytogénétiques observées y compris chez les patients porteurs de
tivement supérieur à celui obtenu sous imatinib et d’un taux de la mutation BCR-ABLT315I . Il est actuellement évalué en essai de
progression vers les phases avancées significativement moindre. phase II chez les patients atteints de LMC ou de LAL Ph1 résis-
Les taux de RCyC et de RMM à 1 an sont de respectivement 93 % tants ou intolérants aux autres ITK, à la dose de 45 mg/j en une
et 51 % dans le bras nilotinib 600 et de 76 % et 27 % dans le bras prise orale, qui correspond à la dose maximale tolérée identifiée en
imatinib 400. Le taux de progression vers la phase accélérée ou phase I (ClinicalTrials.gov Identifier : NCT01207440) [81] . Le déve-
blastique à 1 an est inférieur à 1 % dans le bras nilotinib 600 et loppement de cette molécule pourrait cependant être compromis
de 4 % dans le bras imatinib 400. Cependant, la survie globale des à la suite du signalement d’effets indésirables cardiovasculaires
patients traités par nilotinib 600 ne diffère pas de celle des patients fréquents et potentiellement graves.

EMC - Hématologie 7
13-011-B-10  Leucémie myéloïde chronique

 Résistances aux inhibiteurs Chez les patients résistants à l’imatinib, les mutations identi-
fiées comme résistantes au dasatinib ou émergentes sous dasatinib
de la tyrosine kinase sont les formes T315I/A, F317LI/V/S et V299L (Fig. 4) [93–97] . Les
mutations identifiées comme résistantes au nilotinib ou émer-
Les échecs des traitements par ITK peuvent être primaires ou gentes sous nilotinib sont les formes T315I, Y253H, E255K/V et
secondaires. Ils sont plus fréquents en phase avancée qu’en phase F359C/V (Fig. 4). Les mutations identifiées comme émergentes
chronique. Il existe une large panoplie de mécanismes biologiques sous bosutinib sont les formes T315I, F359C/V, G250E, V299L
de résistance aux ITK, incluant des phénomènes pharmacociné- et L248V (Fig. 4) [94] . Il n’existe pas encore de données matures
tiques diminuant les concentrations plasmatiques des ITK, des quant à d’éventuelles mutations de résistance au ponatinib en
résistances multidrogues non spécifiques expulsant les ITK hors pratique clinique. Certaines études réalisées in vitro ont suggéré
de la cellule, des voies d’échappement indépendantes de BCR-ABL un potentiel transformant accru de certains mutants de BCR-ABL,
et des modifications de la cible BCR-ABL [82, 83] . Les mécanismes et plusieurs équipes ont mis en évidence de manière rétrospec-
de résistance aux ITK dépendants de BCR-ABL ont été les plus tive une association entre l’émergence de mutations de la boucle
étudiés. Ils comprennent la duplication du chromosome Ph1 et P ou de la T315 et le risque de progression de la LMC. Cepen-
l’amplification du gène BCR-ABL qui aboutissent à la surexpres- dant, il convient d’être prudent dans l’interprétation des données
sion de l’oncoprotéine, et les mutations ponctuelles qui modifient cliniques en l’absence de connaissance sur l’existence d’ACA ou
la protéine BCR-ABL [84] . Les mutations altèrent la fixation des d’autres altérations géniques chez les patients étudiés. Il ne peut
ITK à leur cible et provoquent une réactivation de la TK [85] . être en effet exclu que l’association entre ces mutations et la pro-
Elles sont plus fréquemment observées dans les échecs secon- gression ne soit que le reflet d’une instabilité génétique marquée.
daires que dans les échecs primaires, et dans les phases avancées Enfin, la rapidité de l’arrêt de l’imatinib pour lever la pression de
que lors de la phase chronique [86] . Les mutations de BCR-ABL sélection sur les clones mutés et la non-disponibilité d’ITK plus
confèrent des degrés de résistance variable aux différents ITK. efficaces à l’époque où les études ont été réalisées ont pu influencer
Elles sont préférentiellement situées dans quatre régions fonc- le devenir des patients.
tionnelles importantes de BCR-ABL : la boucle P (AA 248 à 255)
qui forme une niche dans laquelle vient se loger l’ATP, le site
de liaison des ITK en position T315, le domaine catalytique (AA
351 à 359), et la boucle A (AA 379 à 396) qui commande la  Conduite pratique du traitement
conformation active ou inactive de BCR-ABL (Fig. 4). La mutation
T315I confère une résistance totale à tous les ITK actuellement
par inhibiteurs de la tyrosine
utilisés en clinique à l’exception du ponatinib. Dans le cas de kinase dans la leucémie myéloïde
résistance à l’imatinib, plus de 100 mutations ponctuelles du
domaine tyrosine kinase de BCR-ABL ont été décrites. Sept AA chronique en phase chronique
sont plus particulièrement concernés, situés en position G250,
Y253, E255, T315, M351, F359 et H396 (Fig. 4) [82, 86] . Le spectre Choix de l’inhibiteur de la tyrosine kinase
des mutants résistants aux ITK de deuxième génération (bosu- en première intention
tinib, dasatinib et nilotinib) est plus restreint que celui observé
avec l’imatinib (Fig. 4). Il a été analysé par plusieurs équipes Le traitement par ITK débute dès que le diagnostic de LMC est
dans différents systèmes précliniques in vitro, en mesurant le confirmé. Si les ITK de deuxième génération induisent des taux de
degré d’inhibition de l’autophosphorylation de BCR-ABL et de réponses cytogénétiques et moléculaires supérieurs à ceux obte-
la prolifération de lignées cellulaires transfectées avec différents nus sous imatinib dans les essais d’enregistrement, la preuve d’un
mutants de BCR-ABL en présence de médicament, ainsi que la bénéfice en termes de survie globale ou sans progression n’a pas
concentration de médicament nécessaire à l’inhibition de 50 % de été apportée à ce jour. Le choix de l’ITK initial est donc fondé
l’autophosphorylation ou de la prolifération [49, 65, 87–90] . Si la forme sur une évaluation personnalisée des bénéfices et des risques,
mutée en position T315I est unanimement reconnue comme intégrant les facteurs pronostiques préthérapeutiques, le profil de
totalement résistante aux ITK de deuxième génération, des dis- tolérance des ITK et les comorbidités du patient. Chez les femmes
cordances notables existent entre les études concernant le degré en âge de procréer, une contraception est indispensable car les ITK
de résistance d’autres mutants [91] . Des essais de mutagenèse ont augmentent le risque de malformation fœtale et ils ne peuvent
été réalisés pour tenter de prédire l’apparition de mutants résis- être employés pendant la grossesse.
tants en présence d’ITK de deuxième génération. Les mutations
émergentes sous dasatinib in vitro concernent préférentiellement
les sites en contact avec le médicament comme les mutants L248R, Surveillance de la réponse au traitement
T315I/A et F317L/I/S/V, et dans une moindre mesure Q252H,
L’objectif du traitement est l’obtention et le maintien d’une
E255K et V299L (Fig. 4) [87, 92] . Les principales mutations émer-
réponse optimale pour offrir au patient une survie sans progres-
gentes sous nilotinib in vitro sont la T315I, les mutations de la
sion la meilleure possible. L’évaluation régulière de la réponse
boucle P Q252H, Y253H et E255 K/V et dans une moindre mesure
au traitement est donc fondamentale (Tableau 2). Une classifica-
la mutation F359C/I/V (Fig. 4) [88, 89, 92] .
tion des réponses aux ITK a été proposée dès 2006 sous l’égide de

T315I/A Figure 4. Représentation schématique des


mutations ponctuelles du domaine kinase de
Q252H BCR-ABL. La partie basse de la figure montre un
V299L F317V/L/I/S
Y253H/C F359C/I/V panel de mutations ponctuelles de BCR-ABL résis-
L248R E255K/V F311I tantes à l’imatinib. Les mutations encadrées sont
celles le plus fréquemment mises en évidence.
La partie haute de la figure illustre les mutations
ponctuelles de BCR-ABL le plus fréquemment
P Domaine kinase BCR-ABL C A retrouvées sous inhibiteurs de la thyrosine kinase
de deuxième génération. La mutation T315I est
totalement résistante à l’imatinib, au dasatinib, au
D276G nilotinib et au bosutinib. P : boucle P ; C : domaine
E281K catalytique ; A : domaine d’activation.
L248R/V M351T F359C/I/V V379I
E279K
E255K
G250E H396R/P
T315I E373G
Y253H/C/F

8 EMC - Hématologie
Leucémie myéloïde chronique  13-011-B-10

l’European LeukemiaNet et mise à jour en 2009 (Tableau 3) [19, 30] . secondaire, d’absence de RMM chez les patients en RCyC ou de
Elle a été révisée en 2013 pour intégrer de nouvelles données qui perte de la RMM. En cas de doute sur l’observance ou de suspicion
démontrent une association entre les réponses cytogénétiques et d’interactions médicamenteuses délétères, le dosage plasmatique
moléculaires précoces sous imatinib, dasatinib et nilotinib et la des ITK peut être utile.
survie (Tableau 4).
Il est recommandé d’effectuer une NFS tous les 15 jours au
moins jusqu’à l’obtention d’une RHC stable, puis au moins Gestion des échecs et des effets indésirables
tous les trois mois. Le myélogramme et le caryotype médullaire En cas d’échec d’un traitement de première ligne, le change-
doivent être effectués à trois, six et 12 mois, puis tous les six mois ment d’ITK est impératif. Le choix de l’ITK de deuxième ligne
jusqu’à obtention d’une RCyC stable, puis tous les ans lorsque s’appuie principalement sur le résultat de l’analyse mutationnelle
la surveillance de la maladie résiduelle en biologie moléculaire de BCR-ABL. Les comorbidités et le spectre des effets indésirables
n’est pas disponible. La quantification des transcrits BCR-ABL des ITK sont également pris en compte. Chez les patients porteurs
sanguins par RQ-PCR est effectuée tous les trois mois jusqu’à d’une mutation de BCR-ABL, le degré de sensibilité aux ITK des
obtention d’une RMM stable, puis au moins tous les six mois [30] . différents mutants in vitro représente un guide utile mais impar-
Le rendu des résultats doit respecter les règles de standardisation fait, car il n’est que partiellement prédictif de la réponse clinique.
internationale. La recherche d’une mutation du domaine kinase En cas de mutation T315I, seul le ponatinib peut être efficace.
d’ABL est déclenchée en cas d’échec thérapeutique primaire ou L’allogreffe de CSH est réservée aux patients en échec d’un traite-
ment par ITK de troisième ligne, et aux patients ayant évolué vers
Tableau 2. la phase accélérée ou blastique.
Définition des réponses hématologiques, cytogénétiques et moléculaires. La détection et le traitement des effets indésirables sont essen-
tiels à la sécurité du patient, l’observance et la qualité de vie.
Réponses Définitions
Ils nécessitent l’interrogatoire médical, l’examen clinique et la
Réponse hématologique Leucocytes < 10 000/mm3 réalisation d’examens complémentaires. Au plan biologique, les
complète Basophiles sanguins < 5 % tests hépatiques et le bilan phosphocalcique doivent être régu-
Plaquettes < 450 000/mm3 lièrement vérifiés quel que soit l’ITK utilisé. Chez les patients
Absence de myélocytes, sous nilotinib, la surveillance de la lipasémie, de la glycémie et
promyélocytes, myéloblastes et du profil lipidique est impérative. L’emploi du dasatinib néces-
blastes circulants site une surveillance pulmonaire régulière, dans le but de dépister
Rate non palpable au plus tôt la survenue d’un épanchement pleural. La réalisation
Réponses cytogénétiques d’une échographie cardiaque et d’un ECG avant l’introduction
Complète Ph1 = 0 % d’ITK de deuxième génération est recommandée, de même que
Partielle 1 % ≤ Ph1 ≤ 35 % la réalisation d’un ECG sous traitement afin de vérifier l’absence
d’allongement significatif de l’espace QT. Il convient d’être pru-
Majeure 0 % ≤ Ph1 ≤ 35 %
dent vis-à-vis des médicaments associés aux ITK. En effet, les ITK
Mineure 36 % ≤ Ph1 ≤ 65 % ont un métabolisme hépatique et sont des substrats et inhibi-
Minimale 66 % ≤ Ph1 ≤ 95 % teurs majeurs du CYP3A4. Ils peuvent également inhiber d’autres
Absente Ph1 > 95 % isoenzymes du cytochrome P450. Ils sont donc source potentielle
Réponse moléculaire majeure BCR-ABL/ABL ≤ 0,1 % IS d’interactions médicamenteuses. En cas d’intolérance à l’imatinib
en première intention, le dasatinib ou le nilotinib représentent
IS : international scale. des options thérapeutiques de choix car les intolérances croisées

Tableau 3.
Classification European LeukemiaNet 2009 des réponses à l’imatinib.
Réponse

Temps de traitement Optimale Suboptimale Échec


Mois 3 RHC et Ph1 ≤ 65 % Ph1 > 65 % Pas de RHC
Mois 6 Ph1 ≤ 35 % 35 % < Ph1 ≤ 95 % Ph1 > 95 %
Mois 12 Ph1 = 0 % 1 % < Ph1 ≤ 35 % Ph1 > 35 %
Mois 18 RMM Pas de RMM Ph1 > 0 %
Après 18 mois RMM Pas ou perte de RMM Perte de RHC ou de RCyC
Mutation faiblement résistante à Mutation de BCR-ABL fortement
l’imatinib résistante à l’imatinib
ACA Ph1+

ACA : anomalies cytogénétiques additionnelles ; RHC : réponse hématologique complète ; RCyC : réponse cytogénétique complète ; RMM : réponse moléculaire majeure.

Tableau 4.
Classification European LeukemiaNet 2013 des réponses aux inhibiteurs de la thyrosine kinase [98] .
Temps Réponse Alerte Échec
Au diagnostic – Risque élevé : ACA/Ph+ sur la –
voie prijncipale
3 mois BCR-ABLIS ≤ 10 % et/ou Ph + ≤ BCR-ABLIS ≥ 10 % et/ou Ph+ Pas de RHC et/ou Ph+ > 95 %
35 % 36–95 %
6 mois BCR-ABLIS ≤ 1 % et/ou Ph + = BCR-ABLIS 1–10 % et/ou BCR-ABLIS > 1 %
10 % Ph + 1–35 % Ph + > 0 %
Ultérieurement RMM (au moins) ACA/Ph– (–7 ou –7q) Perte de RCH ou de RCyc
Perte de RMM
Mutations ACA/Ph+

IS : international scale ; ACA : anomalies cytogénétiques additionnelles ; RHC : réponse hématologique complète ; RCyC : réponse cytogénétique complète ; RMM : réponse
moléculaire majeure.

EMC - Hématologie 9
13-011-B-10  Leucémie myéloïde chronique

non hématologiques entre l’imatinib et le dasatinib ou le nilotinib [6] De Klein A, van Kessel AG, Grosveld G, Bartram CR, Hagemeijer A,
sont peu fréquentes. À l’heure actuelle, il n’existe aucune étude Boostma D, et al. A cellular oncogene is translocated to the Philadelphia
d’intolérance croisée entre ITK lorsque le dasatinib ou le nilotinib chromosome in chronic myelocytic leukaemia. Nature 1982;300:765–7.
ont été prescrits en première intention. [7] Heisterkamp N, Stephenson JR, Groffen J, Hansen PF, de Klein A,
Bartram CR, et al. Localisation of the c-abl oncogene adjacent to
a translocation break point in chronic myelocytic leukaemia. Nature
1983;306:239–42.
Durée du traitement [8] Bartram CR, de Klein A, Hagemeijer A, van Agthoven T, van Kessel AG,
De nombreuses études suggèrent que les ITK n’éliminent pas la Boostma D, et al. Translocation of c-abl oncogene correlates with the
totalité des cellules leucémiques. En conséquence, il est recom- presence of a Philadelphia chromosome in chronic myelocytic leukemia.
mandé de maintenir le traitement par ITK à vie [30] . En effet, Nature 1983;306:277–80.
[9] Groffen J, Stephenson JR, Heisterkamp N, de Klein A, Bartram CR,
la majorité des patients répondeurs traités par ITK conservent
Grosveld G. Philadelphia chromosomal breakpoints are clustered within
des transcrits BCR-ABL détectables et leurs cellules CD34+ BCR- a limited region, bcr, on chromosome 22. Cell 1984;36:93–9.
ABL+ résiduelles sont leucémogènes chez la souris [99] . In vitro, les [10] Heisterkamp N, Stam K, Groffen J. Structural organization of the bcr
cellules hématopoïétiques primitives CD34+ CD38– sont insen- gene and its role in the Ph’translocation. Nature 1985;315:758–61.
sibles à la mort cellulaire induite par les ITK, en dépit de [11] Shtivelman E, Lifshitz B, Gale RP, Canaani E. Fused transcripts
l’inhibition de l’activité kinase de BCR-ABL [99, 100] . Cette insen- of abl and bcr genes in chronic myelogenous leukaemia. Nature
sibilité semble mettre en jeu des voies de survie indépendantes 1985;315:550–4.
de BCR-ABL. Des efforts de recherche sont actuellement déployés [12] McLaughlin J, Chianese E, Witte O. In vitro transformation of immature
dans le but d’en comprendre les mécanismes et de dévelop- hematopoietic cells by the P210 BCR/ABL oncogene product of the
per des molécules qui, en association aux ITK, permettraient Philadelphia chromosome. Proc Natl Acad Sci USA 1987;84:6558–62.
d’éradiquer toutes les cellules leucémiques et d’envisager une gué- [13] Lugo TG, Pendergast A-M, Muller AJ, Witte ON. Tyrosine kinase acti-
rison définitive [101] . En attendant, le maintien d’un traitement à vity and transformation potency of bcr-abl oncogene products. Science
vie pose un certain nombre de problèmes : chronicité de certains 1990;247:1079–82.
effets indésirables de faible intensité mais susceptibles d’altérer la [14] Daley GQ, van Etten RA, Baltimore D. Induction of chronic myelo-
qualité de vie, innocuité incertaine des ITK de nouvelle généra- genous leukemia in mice by the P210bcr/abl gene of the Philadelphia
chromosome. Science 1990;247:824–30.
tion à long terme, risque d’interactions médicamenteuses, risque
[15] Deininger MW, Bose S, Gora-Tybor J, Yan X-H, Goldman JM, Melo JV.
de dégradation de l’observance et impact médicoéconomique Selective induction of leukemia-associated fusion genes by high dose
potentiellement négatif lié au coût élevé des ITK. Il faudra donc ionizing radiation. Cancer Res 1998;58:421–5.
s’attacher dans les années à venir à développer des stratégies visant [16] Deininger MW, Goldman JM, Melo JV. The molecular biology of chronic
à minimiser la toxicité objective des ITK et les effets indésirables myeloid leukemia. Blood 2000;96:3343–56.
perçus par les patients, tout en préservant l’efficacité des médica- [17] Faderl S, Talpaz M, Estrov Z, O’Brien S, Kurzrock R, Kantarjian
ments. En parallèle, l’arrêt des ITK est en cours d’expérimentation HM. The biology of chronic myeloid leukemia. New Engl J Med
chez des patients sélectionnés sur la base de réponses molécu- 1999;341:164–72.
laires très profondes et durables [102] . Les résultats préliminaires [18] Perrotti D, Jamieson C, Goldman J, Skorski T. Chronic mye-
des études en cours suggèrent que certains de ces patients peuvent loid leukemia: mechanisms of blastic transformation. J Clin Invest
demeurer sans traitement avec succès en dépit de la persistance 2010;120:2254–64.
d’un réservoir de CSH leucémiques, mais il convient de demeurer [19] Baccarani M, Saglio G, Goldman J, Hochhaus A, Simonsson B, Appel-
prudent car le recul est peu important. baum F, et al. Evolving concepts in the management of chronic myeloid
leukemia: recommendations from an expert panel on behalf of the Euro-
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D’une leucémie quasi systématiquement fatale avant [21] Hasford J, Pfirrmann M, Hehlmann R, Allan NC, Baccarani M, Kluin-
l’avènement des ITK, la LMC en phase chronique est main- Nelemans JC, et al. A new prognostic score for survival of patients with
tenant considérée comme une hémopathie maligne de longue chronic myeloid leukemia treated with interferon alfa. J Natl Cancer
durée et de pronostic favorable, à condition d’une réponse Inst 1998;90:850–8.
thérapeutique optimale et d’un traitement à vie. L’élargissement [22] Hasford J, Baccarani M, Hoffmann V, Guilhot J, Saussele S, Rosti
G, et al. Predicting complete cytogenetic response and subsequent
de la famille des ITK permettra vraisemblablement à l’avenir une
progression-free survival in 2060 patients with cmL on imatinib treat-
prise en charge thérapeutique plus personnalisée. Des questions ment : the EUTOS score. Blood 2011;118:686–92.
restent cependant sans réponses, comme celles de l’éradication [23] Rea D, Etienne G, Nicolini F, Cony-Makhoul P, Johnson-Ansah H,
des cellules souches leucémiques résiduelles et de la guérison. De Legros L, et al. First-line imatinib mesylate in patients with newly
plus, des progrès considérables demeurent à accomplir pour les diagnosed accelerated phase-chronic myeloid leukemia. Leukemia
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D. Rea (delphine.rea@sls.aphp.fr).
Service d’hématologie adulte, Pôle hématologie-oncologie-radiothérapie, Hôpital Saint-Louis, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, 1, avenue Claude-
Vellefaux, 75475 Paris cedex 10, France.
J.-M. Cayuela.
Laboratoire d’hématologie moléculaire, Hôpital Saint-Louis, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, 1, avenue Claude-Vellefaux, 75475 Paris cedex 10,
France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Rea D, Cayuela JM. Leucémie myéloïde chronique. EMC - Hématologie 2014;9(4):1-12 [Article 13-011-
B-10].

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