Vous êtes sur la page 1sur 12

La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696

Mise au point

Les atteintes rénales au cours des hémopathies malignes. Stratégie diagnostique


Kidney involvement in malignant hematologic malignancies. Diagnostic approach
N. Jourde-Chiche a , B. Dussol a,∗ , L. Daniel b
a
Centre de néphrologie et de transplantation rénale, hôpital de la Conception, 147, boulevard Baille, 13385 Marseille cedex 05, France
b
Service d’anatomie pathologique, hôpital de la Timone, 13005 Marseille, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Les atteintes rénales sont fréquentes au cours des hémopathies malignes. Elles compliquent la prise en
Disponible sur Internet le 18 mai 2010 charge des patients et grèvent souvent le pronostic. Tous les secteurs du parenchyme rénal (tubes, inter-
stitium, glomérules, vaisseaux) peuvent être affectés. Les mécanismes en cause sont variés : dépôts de
Mots clés : fragments d’immunoglobulines ou de cristaux, infiltration rénale par les cellules tumorales, obstruction
Hémopathie de la voie excrétrice, lésions paranéoplasiques ou de surcharge. . . La démarche diagnostique passe par la
Myélome distinction des différents tableaux clinicobiologiques : insuffisance rénale aiguë, insuffisance rénale chro-
Lymphome
nique, protéinurie glomérulaire avec ou sans syndrome néphrotique, protéinurie tubulaire, désordres
Leucémie
Insuffisance rénale
hydroélectrolytiques. Dans cette revue, les examens utiles au dépistage et au suivi des atteintes rénales
Glomérulopathie des hémopathies malignes sont précisés, ainsi que les indications de la biopsie rénale. Les arbres diag-
Tubulopathie nostiques des atteintes rénales du myélome, de la maladie de Waldenström, des lymphomes de haut
grade et leucémies aiguës, des lymphomes de bas grade et leucémies chroniques sont aussi présentés.
En revanche, les complications des traitements (chimiothérapie, radiothérapie, greffe de cellules souches
. . .) ne sont pas abordées.
© 2010 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS.
Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: Kidney involvement is frequent in hematologic malignancies. It is associated with adverse outcome and
Hemopathy treatment difficulties. It can affect every area of the renal parenchyma (tubules, interstitium, glomerulus,
Myeloma vessels). Various mechanisms could be implicated: deposits of immunoglobulin fractions or crystals, renal
Lymphoma infiltration by malignant cells, urinary tract obstruction, paraneoplastic or storage glomerulopathies. . .
Leukaemia
Diagnostic strategy relies on the clinical presentation: acute renal failure, chronic kidney disease, glome-
Kidney disease
Glomerulopathy
rular proteinuria with or without nephrotic syndrome, tubular proteinuria, hydroelectrolytic disorders.
Tubulopathy In this review, we detail the diagnostic tests that are needed for the detection and the follow-up of
renal involvement in hematologic malignancies, and clarify the indications of renal biopsy. We propose
diagnostic strategies of renal involvement in myeloma, Waldenström’s disease, high grade lymphomas
and acute leukemias, low grade lymphomas and chronic leukemias. The adverse effects of treatments
(chemotherapy, radiotherapy, stem cell graft . . .) are not addressed in this review.
© 2010 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS.
All rights reserved.

1. Introduction est donc systématique lors du diagnostic et au cours du suivi des


hémopathies (Tableau 1).
Les atteintes rénales sont fréquentes au cours des hémopathies
malignes. Elles sont parfois inaugurales ou surviennent au cours 2. Diagnostic et surveillance des atteintes rénales au cours
de l’évolution de l’hémopathie. La recherche d’une atteinte rénale des hémopathies malignes

2.1. Les examens biologiques

∗ Auteur correspondant. Le dépistage repose en premier lieu sur le dosage de la créatinine


Adresse e-mail : bdussol@ap-hm.fr (B. Dussol). plasmatique et l’évaluation du débit de filtration glomérulaire par

0248-8663/$ – see front matter © 2010 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.revmed.2009.08.013
686 N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696

Tableau 1 2.2. Les examens morphologiques


Dépistage et suivi de l’atteinte rénale au cours des hémopathies.

Test biologique Au diagnostic et au cours du suivi L’échographie rénale et la tomodensitométrie abdominale sont
surtout utiles pour distinguer les néphropathies parenchymateuses
Créatinine plasmatique Systématiquement
DFG estimé (Cockcroft et Gault ou Systématiquement des atteintes de la voie excrétrice (lithiase, compression. . .). Parfois,
MDRD) ces examens orientent vers un diagnostic spécifique (infiltration
Protéinurie sur échantillon Systématiquement tumorale des reins. . .).
Protéinurie des 24h Si échantillon positif Les hémopathies malignes, y compris le myélome sécrétant, ne
ECBU Systématiquement
sont pas une contre-indication à l’injection de produit de contraste
Électrophorèse des protéines urinaires Si protéinurie des
24 heures > 0,3 g/j iodé lorsque celle-ci est justifiée. En effet, contrairement à une idée
Immunofixation urinaire Si protéinurie des reçue, le risque d’insuffisance rénale aiguë (IRA) ne semble pas être
24 heures > 0,3 g/j et tracé plus important chez les malades myélomateux [2]. Bien évidem-
monoclonal à l’électrophorèse ment, et particulièrement en cas d’insuffisance rénale préexistante,
Ionogramme sanguin, CO2 total Systématiquement
Calcémie, phosphorémie Systématiquement
les précautions habituelles de prévention de la néphrotoxicité des
PTH, PTHrp, 25-OH vitamine D3, Si hypercalcémie produits de contraste iodés doivent être prises : arrêt des diu-
1,25-(OH)2 vitamine D3 rétiques et des anti-inflammatoires non stéroïdiens et boissons
Ionogramme urinaire Si hypokaliémie, acidose, ou abondantes ou remplissage vasculaire par chlorure ou bicarbonate
insuffisance rénale aiguë
de sodium.
Urée urinaire Si insuffisance rénale aiguë
Phosphaturie avec évaluation du seuil Si hypophosphorémie
de réabsorption du phosphore 2.3. La biopsie rénale

Elle est indiquée devant tout tableau d’atteinte glomérulaire. La


biopsie rénale est aussi utile au diagnostic de certaines atteintes
la formule de Cockcroft et Gault ou la formule modification of the tubulaires, interstitielles ou vasculaires. La ponction biopsie rénale
diet in renal disease (MDRD) [1]. Il comprend également la recherche percutanée est contre-indiquée en cas de rein unique anato-
d’une protéinurie sur échantillon et un examen cytobactériologique mique ou fonctionnel, de thrombopénie (< 100 G/L), d’anomalie de
urinaire (ECBU). Le dépistage de la protéinurie par bandelette uri- l’hémostase primaire et de troubles de l’hémostase secondaire. Elle
naire est insuffisant car il ne permet pas d’identifier les chaînes n’est pas indiquée lorsqu’il existe une insuffisance rénale chro-
légères d’immunoglobulines. La discordance entre une protéinurie nique (IRC) sévère avec des reins atrophiques (< 8 cm) à l’imagerie.
significative au laboratoire et une bandelette urinaire négative est À noter que l’amylose AL ne semble pas exposer à un risque accru
évocatrice de gammapathie monoclonale. de complications hémorragiques de la biopsie rénale [3].
En cas de protéinurie sur échantillon (> 0,2 g/L), il faut doser la
3. Atteintes rénales au cours du myélome
protéinurie des 24 heures et la caractériser par une électrophorèse.
Une protéinurie constituée majoritairement d’albumine (> 60 %) L’atteinte rénale est fréquente au cours du myélome. Au diag-
oriente vers une atteinte glomérulaire. À l’inverse, la prédominance nostic, l’insuffisance rénale est présente chez 20 à 56 % des patients,
de protéines de bas poids moléculaire oriente vers une atteinte la protéinurie chez 88 % des patients [4–6]. L’insuffisance rénale
tubulaire. Si la protéinurie des 24 heures est positive (> 0,3 g par aggrave le pronostic du myélome, sauf lorsqu’elle est réversible.
jour) avec un tracé de type monoclonal, une immunofixation des Les néphropathies sont principalement liées à la précipitation
urines est demandée. Elle permet de détecter une protéinurie de ou aux dépôts de chaînes légères d’immunoglobulines dans les
Bence-Jones et de typer la chaîne légère libre d’immunoglobuline différentes structures du rein (tubes distaux ou proximaux, glomé-
monoclonale. Une protéinurie abondante (> 3 g/24 heures) doit rules). Ce sont les propriétés intrinsèques des immunoglobulines
faire rechercher un syndrome néphrotique (albuminémie < 30 g/L). qui sont responsables de la diversité des lésions rénales observées,
L’ECBU recherche une hématurie ou une leucocyturie. comme l’a montré expérimentalement Solomon et al. en injectant
L’hématurie microscopique (supérieure à dix hématies par des immunoglobulines de patients à des souris [7]. La symptoma-
millimètre cube) s’observe surtout au cours des glomérulopathies tologie est variable en fonction de la structure lésée. Un diagnostic
ou des néphrites interstitielles, la leucocyturie (supérieure à précis de l’atteinte rénale est nécessaire pour adapter le traitement,
cinq leucocytes par millimètre cube) au cours des néphropathies surtout en cas d’IRA.
interstitielles aiguës ou chroniques.
Le ionogramme sanguin, la mesure de la réserve alcaline 3.1. Insuffisance rénale aiguë
et le ionogramme urinaire (kaliurèse, trou anionique urinaire)
sont utiles au diagnostic d’atteinte tubulaire. Compte tenu de 3.1.1. Rein myélomateux aigu
la fréquence des troubles du métabolisme phosphocalcique au Le rein myélomateux (cast nephropathy) est la principale cause
cours des hémopathies, la calcémie et de la phosphorémie seront d’IRA au cours du myélome. Cette atteinte rend compte de 40 à 60 %
régulièrement dosées. En cas d’hypercalcémie, un dosage de des IRA [8,9].
PTH et des dérivés de la vitamine D (25-OH vitamine D3 et Chez le sujet normal, les chaînes légères libres
1,25(OH)2 vitamine D3 ou calcitriol), voire de PTHrp seront réali- d’immunoglobulines sont filtrées par le glomérule et réabsor-
sés. En cas d’hypophosphorémie, il faut doser la phosphaturie des bées par les cellules tubulaires proximales. La protéinurie de
24 heures pour évaluer le seuil de réabsorption tubulaire proximal Bence-Jones est liée en partie au dépassement des capacités de
du phosphore. réabsorption tubulaire des chaînes légères d’immunoglobulines
Enfin, l’urée urinaire et le ionogramme urinaire sont intéressants filtrées en abondance. La protéine de Tamm-Horsfall, produite dans
pour distinguer l’origine organique ou fonctionnelle des insuffi- la branche ascendante large de l’anse de Henlé, va alors précipiter
sances rénales aiguës. avec les chaînes légères libres d’immunoglobulines dans le tubule
D’autres examens biologiques sont demandés en fonction du distal [10]. Le rein myélomateux est donc le résultat d’une obs-
contexte clinique : recherche d’une cryoglobulinémie, immuno- truction tubulaire par des cylindres composés de chaînes légères
fixation sérique, dosage des chaînes légères libres kappa et lambda, libres d’immunoglobulines et de protéine de Tamm-Horsfall. À ce
dosage du complément total et de ses fractions. phénomène d’obstruction, s’associe une réaction inflammatoire
N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696 687

protéinurie de Bence-Jones est peu abondante [5,6]. Le pronostic de


ces patients rejoint alors celui des patients sans insuffisance rénale.
Même chez les patients mis en dialyse, une récupération partielle
de la fonction rénale est possible, d’autant plus que la chimiothé-
rapie est débutée sans délai [6]. Les échanges plasmatiques [12] et
l’utilisation de membranes de dialyse de haute perméabilité [13]
ont également été essayés pour réduire le taux de chaînes légères
libres circulantes et favoriser la récupération rénale.

3.1.2. L’insuffisance rénale aiguë fonctionnelle


L’IRA fonctionnelle est fréquente au cours du myélome souvent
en rapport avec une hypercalcémie (Section 3.5). Elle doit être pré-
venue par des boissons abondantes, un régime normosodé sauf
contre-indication et l’utilisation prudente des diurétiques. On a vu
qu’elle pouvait être un facteur favorisant le rein myélomateux aigu.

3.2. Insuffisance rénale chronique


Fig. 1. Argentation de Jones (× 1000). Inclusions paracristallines intraluminales et
intraépithéliales au cours d’un rein myélomateux. Il existe une IRC chez 20 à 50 % des patients au diagnostic de
myélome [5]. La première cause d’IRC au cours du myélome est le
interstitielle pouvant conduire à la fibrose du parenchyme rénal rein myélomateux chronique. Il s’agit d’une fibrose de l’interstitium
et à l’IRC. Lorsqu’une biopsie rénale est réalisée, elle révèle la pré- parfois associée à un infiltrat inflammatoire, conséquence de la
sence de cylindres intratubulaires polychromatophiles contenant présence de chaînes légères d’immunoglobuline en grande quan-
des cristaux de chaînes légères d’immunoglobulines et un infiltrat tité dans les tubules. Les tubules peuvent, en effet, se rompre
interstitiel composé de cellules mononucléées et de cellules et entraîner une néphrite tubulo-interstitielle réactionnelle. La
géantes (Fig. 1). fonction rénale est corrélée au degré de fibrose interstitielle et
La formation des cylindres tubulaires dépend de la concentra- d’atrophie tubulaire plus qu’à l’importance des cylindres tubulaires.
tion tubulaire en calcium et en chlorure de sodium, du pH urinaire, Cette IRC ne s’accompagne habituellement pas d’hypertension arté-
du débit urinaire tubulaire et de l’abondance et du type de la pro- rielle ni de syndrome glomérulaire ou d’autre anomalie urinaire.
téinurie de Bence-Jones. Ainsi, l’IRA par rein myélomateux aigu est L’échographie met en évidence des reins de taille souvent normale.
particulièrement fréquente en cas de myélome à chaînes légères, La progression vers le stade terminal de l’IRC dépend de l’évolutivité
lorsque la chaîne légère est de type kappa, et lorsqu’il existe une du myélome.
forte masse tumorale (dans 70 % des cas au stade 3 de Salmon et L’amylose AL, la maladie des dépôts d’immunoglobulines
Durie) [11]. monoclonales et les autres atteintes glomérulaires ainsi que la
Le tableau clinique est celui d’une IRA anurique ou à diurèse tubulopathie proximale peuvent conduire à l’IRC chez les patients
conservée. Il n’y a pas ou peu de symptômes associés. La protéinurie myélomateux (Sections 3.3.1, 3.3.2 et 3.4). Enfin, le diabète ou les
est nulle ou de faible débit (< 0,5 g sur 24 heures) constituée souvent lésions vasculaires sont des facteurs d’aggravation de l’atteinte
de chaînes légères. L’ECBU ne retrouve ni leucocyturie ni hématurie. rénale chez les patients âgés atteints de myélome.
L’échographie visualise des reins de taille normale. La biopsie rénale
n’est pas utile au diagnostic dans la forme classique. 3.3. Protéinurie glomérulaire et syndrome néphrotique
Un facteur favorisant doit être systématiquement recherché :
hypercalcémie, déshydratation ou traitement par diurétique, prise L’atteinte glomérulaire du myélome se manifeste par une
d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ou d’autres produits néphro- protéinurie composée principalement d’albumine. Un syndrome
toxiques. néphrotique s’observe chez 15 à 25 % des patients atteints de
L’IRA peut être définitive, nécessitant une épuration extrarénale myélome. L’atteinte glomérulaire est liée soit à des dépôts orga-
au long cours dans environ 50 % des cas. Une régression est néan- nisés de type fibrillaire ou microtubulaire, soit à des dépôts
moins possible surtout si l’IRA est modérée, qu’elle a été favorisée granuleux (Tableau 2). Ces dépôts, composés de fragments
par un facteur corrigible (hypercalcémie, déshydratation) et que la d’immunoglobulines ou d’immunoglobulines entières se forment
dans la matrice extracellulaire, au niveau du mésangium prin-
cipalement et parfois dans l’interstitium rénal. Les propriétés
Tableau 2
Les différents dépôts glomérulaires d’immunoglobulines au cours des gammapa- des fragments monoclonaux d’immunoglobulines conditionnent le
thies monoclonales. type de dépôts. Les différentes atteintes glomérulaires rencontrées
dans le myélome sont résumées dans le Tableau 3.
Dépôts organisés Fibrilles Amylose (AL, AH)
d’immunoglobulines Glomérulonéphrite fibrillaire
non amyloïde (rouge Congo 3.3.1. Amylose AL
négative) L’amylose AL est retrouvée chez 7 à 30 % des patients myéloma-
Microtubules Cryoglobulines teux biopsiés [5]. Le rein est la première localisation de l’amylose AL
Glomérulonéphrite
au cours du myélome : jusqu’à 80 % des patients ayant une amylose
immunotactoïde
AL ont des dépôts glomérulaires [5].
Dépôts non Aspect granuleux Maladie des chaînes légères L’amylose AL est particulièrement fréquente en cas de myélome
organisés (Randall, LCDD)
d’immunoglobulines Maladie des chaînes lourdes
à chaînes légères [14,15]. Il s’agit d’une chaîne légère lambda dans
(HCDD) deux tiers des cas, avec une sur-représentation du groupe de varia-
Maladie des chaînes légères et bilité lambda VI [16]. Plus rarement, il s’agit d’une amylose à chaînes
lourdes (LHCDD) lourdes d’immunoglobulines (amylose AH), la chaîne lourde étant
LCDD : light chain deposition disease ; HCDD : heavy chain deposition disease ; LHCDD : alors délétée dans la région constante des domaines CH1 et CH2
light and heavy chain deposition disease. [17]. Les dépôts sont organisés en feuillets ␤-plissés, rouge Congo
688 N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696

Tableau 3
Glomérulopathies associées aux hémopathies.

Glomérulopathies Hémopathies

Amylose AL Myélome
Amylose primitive
Maladie de Waldenström
Lymphomes
Leucémie lymphoïde chronique

Amylose AA Maladie de Hodgkin


Lymphomes non hodgkinien
Syndrome de Castleman

Glomérulonéphrite à Myélome
dépôts non organisés Maladie de Waldenström
d’immunoglobulines Leucémie lymphoïde chronique

Glomérulonéphrite à Myélome
dépôts organisés Maladie de Waldenström
d’immunoglobulines Leucémie lymphoïde chronique
Fig. 3. Trichrome de Masson (× 400). Glomérulopathie membranoproliférative avec
Syndrome néphrotique à Maladie de Hodgkin
aspect nodulaire et accolement floculocapsulaire au cours d’une maladie des chaînes
lésions glomérulaires Lymphomes non hodgkinien
légères (maladie de Randall).
minimes Leucémie lymphoïde chronique

Hyalinose segmentaire et Maladie de Hodgkin


focale Lymphomes non hodgkinien AL même en cas d’IRC. Le rein myélomateux, plutôt en rapport avec
Leucémie lymphoïde chronique les chaînes légères kappa, est rarement associé à l’amylose AL.
Glomérulite Maladie de Waldenström L’IRC progresse habituellement rapidement en cas d’amylose
extramembraneuse Maladie de Hodgkin AL et conduit les patients en dialyse en moins de deux ans dans
Lymphomes non hodgkinien 40 % des cas [9]. Le traitement néphroprotecteur par inhibiteurs
Leucémie lymphoïde chronique
de l’enzyme de conversion ou sartans est souvent peu efficace et
Glomérulonéphrite Leucémie lymphoïde chronique difficile à mettre en œuvre surtout en cas d’hypotension artérielle
membranoproliférative Lymphomes B
associée. La survie moyenne des patients ayant une amylose AL
Syndrome de Castleman
Myélome
avec syndrome néphrotique est de 16 mois et ne dépasse pas six
Maladie de Waldenström mois en cas d’insuffisance cardiaque amyloïde associée [9]. Seuls le
traitement du myélome et la rémission hématologique permettent
Glomérulonéphrite Myélome
extracapillaire Maladie de Waldenström parfois une rémission du syndrome néphrotique.
Maladie de Hodgkin
Lymphomes non hodgkiniens
3.3.2. Les glomérulopathies à dépôts non organisés
Leucémie lymphoïde chronique
d’immunoglobulines
Ces glomérulopathies désignées par les anglo-saxons sous le
positifs. Ils se localisent initialement dans le mésangium, le long terme « monoclonal immunoglobulin deposition disease » sont
de la membrane basale glomérulaire et des vaisseaux. En micro- retrouvées chez environ 20 % des patients atteints de myélome
scopie électronique (Fig. 2), les dépôts sont organisés en fibrilles biopsiés [5]. Elles sont caractérisées par la présence de dépôts glo-
amyloïdes de 8 à 10 nm de diamètre disposées de façon aléatoire. mérulaires non organisés (granuleux) de chaînes légères et/ou de
Les cellules mésangiales et les macrophages joueraient un rôle cen- chaînes lourdes d’immunoglobulines [18] :
tral dans la constitution des dépôts car les fibrilles se forment dans
les lysosomes de ces cellules [15]. • la maladie des chaînes légères (maladie de Randall) ou light chain
La protéinurie glomérulaire est quasi-constante en cas deposition disease représente 70 % des cas ;
d’amylose AL, avec un syndrome néphrotique dans plus de la moitié • la maladie des chaînes lourdes ou heavy chain deposition disease
des cas [9], habituellement sans hématurie microscopique. Il existe représente 20 % des cas ;
une protéinurie de Bence-Jones chez 70 % des patients, le plus sou- • la maladie des chaînes légères et lourdes ou light and heavy chain
vent de type lambda. La taille des reins est conservée dans l’amylose deposition disease représente 10 % des cas.

Dans la maladie de Randall, les dépôts sont constitués de chaînes


légères kappa dans 70 à 90 % des cas [19]. Ces chaînes kappa pré-
sentent des anomalies de leur domaine variable favorisant leur
déposition sous forme granuleuse. Dans la maladie des chaînes
lourdes, on retrouve fréquemment une mutation du domaine
CH1 de la chaîne lourde secrétée, empêchant sa liaison aux autres
chaînes d’immunoglobulines et entraînant sa sécrétion prématurée
par les plasmocytes [19,20].
L’histologie rénale montre des lésions tubulaires quasi-
constantes et une atteinte glomérulaire hétérogène. On retrouve
une glomérulosclérose nodulaire ressemblant à celle du diabète
dans 60 % des maladies des chaînes légères (Fig. 3) et plus de
90 % des maladies des chaînes lourdes. La sclérose est due à
l’hyperproduction de matrice extracellulaire médiée par le TGF-␤
Fig. 2. Microscopie électronique (× 60 000). Amylose AL avec filaments de 10 nm et en réaction à la présence des dépôts [20]. Une fibrose inter-
aspect en sac d’épingles dans le mésangium chez un patient atteint de myélome. stitielle est la conséquence des dépôts le long des membranes
N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696 689

Fig. 5. Microscopie électronique (× 60 000). Structures de type microtubulaire dans


le mésangium au cours d’une glomérulopathie immunotactoïde chez un patient
Fig. 4. Immunofluorescence directe anti-kappa (× 400). Maladie des chaînes légères porteur d’une gammapathie monoclonale IgG.
(maladie de Randall) : marquage glomérulaire mésangial et endomembraneux ainsi
qu’au niveau des basales tubulaires.

basales tubulaires. La coloration par le rouge Congo est négative. lulaire (Fig. 5). Les microtubules au cours des glomérulopathies
L’immunofluorescence met en évidence les dépôts monoclonaux immunotactoïdes et des cryoglobulinémies font habituellement
(Fig. 4). La microscopie électronique montre des dépôts granuleux plus de 30 nm de diamètre.
localisés le long des membranes basales glomérulaires, tubulaires Des cas de vascularites rénales avec glomérulonéphrites
et vasculaires. extracapillaires ont également été rapportés au cours du myélome
Un rein myélomateux peut être associé à la maladie de Randall [24].
[19] alors qu’aucun cas n’a été décrit avec la maladie des dépôts de
chaînes lourdes [21]. Il est rare que des dépôts organisés comme 3.4. Protéinurie tubulaire et syndrome de Fanconi
au cours de l’amylose AL et des dépôts granuleux co-existent chez
un même patient même si quelques cas de cette association ont L’atteinte tubulaire du myélome, en plus du tubule distal (rein
été décrits [19]. En effet, la conformation moléculaire des chaînes myélomateux) peut également concerner le tubule proximal. Le
légères d’immunoglobulines mutées entraîne l’exposition de rési- Tableau 4 résume les atteintes tubulaires possibles au cours des
dus hydrophobes ou au contraire de résidus acides impliquant une hémopathies.
précipitation ou une déposition sous forme fibrillaire ou granu-
leuse. Tableau 4
Cliniquement, les glomérulopathies à dépôts granuleux Atteintes tubulaires et interstitielles au cours des hémopathies.
d’immunoglobulines se manifestent par une protéinurie glomé-
Signes cliniques Hémopathies en cause
rulaire modérée ou un syndrome néphrotique (25 à 50 %), une
hématurie microscopique (30 à 60 %) et une insuffisance rénale Obstruction Insuffisance rénale aiguë Myélome
tubulaire par des Insuffisance rénale Maladie de Waldenström
quasi-constante [20]. L’insuffisance rénale progresse souvent rapi-
chaînes légères chronique Lymphomes non
dement vers l’IRC terminale dans les glomérulopathies à dépôts (« rein hodgkiniens
granuleux [20]. Le pronostic rénal dépend de l’âge des patients et myélomateux »)
de la créatininémie initiale. Il faut souligner que si une majorité Infiltrat interstitiel Insuffisance rénale aiguë Maladie de Waldenström
de malades porteurs de glomérulopathies à dépôts granuleux tumoral Insuffisance rénale Leucémies aiguës
chronique Lymphomes de haut grade
d’immunoglobulines ont un myélome au moment du diagnostic, Néphromégalie Leucémie lymphoïde
environ un tiers n’ont ni gammapathie monoclonale sérique ni chronique
protéinurie de Bence-Jones [19]. Syndrome de Castelman
Le pronostic vital dépend de la présence de dépôts extrarénaux Nécrose tubulaire Insuffisance rénale aiguë Sepsis
de chaînes légères en particulier cardiaques, comme dans l’amylose aiguë Iatrogène (substances
AL. La survie des patients n’est pas influencée par la survenue d’une néphrotoxiques)
IRC terminale [22]. Les malades myélomateux ont un moins bon Syndrome de lyse Insuffisance rénale aiguë Lymphomes de haut grade
pronostic par rapport à ceux sans myélome sous-jacent [20]. tumorale Néphropathie uratique Leucémies aiguës
Néphrocalcinose Leucémie lymphoïde
chronique
3.3.3. Autres glomérulopathies au cours du myélome
La cryoglobulinémie de type I est une cause rare de glomé- Tubulopathie Hypophosphatémie Myélome
rulopathie au cours du myélome (< 1 % des patients biopsiés) [5]. proximale (diabète phosphaté) Maladie de Waldenström
Acidose tubulaire Lymphomes non
L’immunoglobuline monoclonale forme un cryoprécipité dans les
proximale hodgkiniens
lumières des capillaires glomérulaires (on parle de « thrombi ») qui Hypokaliémie d’origine
peut conduire à une glomérulonéphrite membranoproliférative. rénale
La glomérulopathie immunotactoïde est une atteinte très rare, Glycosurie
liée le plus souvent à une gammapathie monoclonale IgG [23]. Elle orthoglycémique
Amino-acidurie
se manifeste par une IRC progressant rapidement, une protéinurie Hypo-uricémie
glomérulaire parfois néphrotique et une hématurie microscopique. Fonction rénale stable ou
Il existe des dépôts glomérulaires d’IgG rouge Congo négatifs. C’est insuffisance rénale
la microscopie électronique qui fait le diagnostic en révélant des chronique lentement
progressive
dépôts granuleux microtubulaires au sein de la matrice extracel-
690 N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696

Les chaînes légères libres d’immunoglobulines filtrées en excès 4.1. Insuffisance rénale chronique
au cours des gammapathies monoclonales peuvent avoir une toxi-
cité tubulaire proximale. Les propriétés intrinsèques des chaînes L’IRC est rare au cours de la maladie de Waldenström. En effet,
légères les rendent résistantes à la protéolyse par la cathepsine B, même si une protéinurie de Bence-Jones s’observe fréquemment,
ce qui explique leur accumulation dans les lysozymes et le réti- elle n’est habituellement pas abondante et conduit rarement à un
culum endoplasmique des cellules tubulaires proximales [25,26]. rein « myélomateux » [31]. Outre le rein « myélomateux », l’IRC peut
Ce phénomène peut conduire à une tubulopathie proximale avec être en rapport avec des atteintes glomérulaires [30,32], ou avec un
syndrome de Fanconi. Les signaux de stress des cellules tubu- infiltrat interstitiel lymphoplasmocytaire.
laires proximales conduisent à une réponse inflammatoire et à
une fibrose interstitielle responsable d’une IRC [27]. La protéinu- 4.2. Protéinurie glomérulaire et syndrome néphrotique
rie tubulaire est composée de protéines de faible poids moléculaire
L’existence d’une protéinurie glomérulaire ou d’un syndrome
comme la ␤2-microglobuline, l’␣1-microglobuline et la retinol-
néphrotique peuvent témoigner d’une amylose AL, lorsqu’une
binding protein en plus des chaînes légères kappa ou lambda. Cette
chaîne légère d’immunoglobuline est secrétée en excès [33].
tubulopathie proximale pourrait être détectée précocement par le
D’autres atteintes glomérulaires sont possibles, soit par dépôts
dosage de l’␣1-microglobuline urinaire [28].
intracapillaires avec thrombi d’IgM obstruant la lumière des capil-
La tubulopathie proximale favorise le rein myélomateux. En
laires [32], soit par glomérulonéphrites membranoprolifératives
effet, les chaînes légères libres d’immunoglobulines étant moins
atypiques [30,32]. Les mêmes glomérulopathies à dépôts organisés
réabsorbées par le tube proximal, le débit des chaînes légères aug-
ou non organisés qu’au cours du myélome [34], une glomérulite
mente dans le néphron distal avec risque de précipitation.
extramembraneuse ou une glomérulonéphrite extracapillaire [35]
La tubulopathie proximale se manifeste par un syndrome de
ont également été décrites (Tableau 3).
Fanconi plus ou moins complet. Le tableau associe de façon
Une protéinurie tubulaire en rapport avec une tubulopathie
variable : acidose tubulaire proximale, hypokaliémie d’origine
proximale est possible [30]. La chaîne légère responsable de la toxi-
rénale, diabète phosphaté, glycosurie orthoglycémique, amino-
cité tubulaire proximale est souvent une chaîne kappa [36].
acidurie et hypo-uricémie. Le syndrome de Fanconi peut conduire à
une ostéomalacie causée par l’hypophosphorémie et exacerbée par
4.3. En pratique
l’hyperparathyroïdie secondaire et l’acidose métabolique d’origine
rénale [29]. Le traitement consiste en une supplémentation en La Fig. 7 montre l’arbre diagnostique des atteintes rénales au
phosphore et en vitamine D, éventuellement associée au dipyrida- cours de la maladie de Waldenström.
mole qui augmente la réabsorption tubulaire du phosphate.
La tubulopathie proximale peut rester indolente. Elle peut se
5. Atteintes rénales au cours des leucémies aiguës et des
compliquer d’une IRA par rein myélomateux aigu ou d’une IRC par
lymphomes de haut grade
fibrose interstitielle rénale [27].
Les leucémies aiguës et les lymphomes B ou T de haut grade
peuvent se compliquer d’atteintes rénales. Les mécanismes en
3.5. Hypercalcémie cause sont extrêmement variées : infiltration tumorale, syndrome
de lyse tumorale, glomérulopathies dysimmunitaires. . . Beaucoup
L’hypercalcémie est présente au moment du diagnostic du de ces atteintes rénales peuvent être prévenues ou bénéficier du
myélome chez environ 20 % des patients. Elle est due à une aug- traitement de l’hémopathie sous-jacente.
mentation de la résorption osseuse liée à l’hypersécrétion locale par
le clone plasmocytaire de cytokines pro-inflammatoires entraînant 5.1. Insuffisance rénale aiguë
une ostéolyse [5].
L’hypercalcémie favorise l’insuffisance rénale par différents Les trois types d’IRA (prérénale, parenchymateuse, postrénale)
mécanismes : déshydratation extracellulaire, vasoconstriction peuvent se voir au cours des lymphomes. Le clinicien doit donc
rénale, dépôts intratubulaires ou interstitiels de calcium. La suivre une démarche diagnostique rigoureuse pour arriver au
concentration élevée en calcium dans le fluide tubulaire favorise diagnostic. Elle sera basée sur l’examen clinique, les données
également la précipitation des chaînes légères (rein myélomateux). de l’imagerie et de la biologie. Les IRA parenchymateuses sont
dominées par les nécroses tubulaires aiguës (sepsis, substances
néphrotoxiques) et l’infiltration lymphomateuse.
3.6. En pratique
5.1.1. Insuffisance rénale aiguë fonctionnelle
La Fig. 6 montre l’arbre diagnostique des atteintes rénales au L’IRA fonctionnelle est fréquente au cours des leucémies et lym-
cours du myélome. phomes de haut grade. Elle est souvent la conséquence de pertes
Le patient ayant un myélome doit être adressé au néphrologue hydrosodées d’origine digestive liée à l’hémopathie elle-même ou
lorsqu’il présente une insuffisance rénale (aiguë ou chronique) ou à la chimiothérapie. L’hypovolémie est parfois favorisée par une
une protéinurie (glomérulaire ou tubulaire). Une biopsie rénale sera hypercalcémie à l’origine d’une polyurie [37].
réalisée en cas de protéinurie glomérulaire à la recherche principa-
lement d’une amylose AL ou d’une maladie de Randall, affections 5.1.2. Insuffisance rénale aiguë post-rénale par syndrome de lyse
qui modifient le pronostic du myélome. Parfois la biopsie rénale est tumorale
réalisée devant un tableau d’IRC ou d’IRA si le tableau clinique n’est Le syndrome de lyse tumorale, même s’il est souvent une
pas typique d’un rein myélomateux. conséquence de la chimiothérapie, peut survenir spontanément
en particulier au cours des lymphomes peu différenciés (Burkitt)
ou des leucémies aiguës lymphoblastiques. La destruction massive
4. Atteinte rénales au cours de la maladie de Waldenström de cellules tumorales entraîne la libération du contenu intracel-
lulaire dans le secteur extracellulaire. Sur le plan clinique, outre
L’atteinte rénale est moins fréquente au cours de la maladie de l’insuffisance rénale, le syndrome de lyse associe hyperkaliémie,
Waldenström qu’au cours du myélome [30]. hyperuricémie, hyperphosphorémie et hypocalcémie.
N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696 691

Fig. 6. Orientation diagnostique devant une atteinte rénale dans le cadre d’un myélome.

Plusieurs mécanismes participent à l’IRA dans le syndrome révéler par une douleur du flanc, une hématurie macroscopique,
de lyse tumorale [38,39]. La néphropathie uratique, liée à l’apparition d’une hypertension artérielle, ou une IRA. L’IRA est
l’hyperuricémie, semble en être le principal. La précipitation mas- liée à la compression tubulaire et vasculaire intrarénale [43] ou
sive de cristaux d’acide urique se fait aussi bien dans le néphron à l’obstruction des capillaires glomérulaires par l’infiltrat lympho-
(tubes et interstitium) que dans la voie excrétrice (calices, bassinet, mateux [44]. La bandelette urinaire peut montrer une hématurie
uretères). Elle est prévenue par l’hyperhydratation, l’alcalinisation microscopique, une leucocyturie et une protéinurie. L’imagerie
des urines et l’allopurinol ou l’urate oxydase. Chez les patients sous rénale (échographie, scanner) met en évidence une néphromégalie
allopurinol, l’accumulation de xanthine (le précurseur de l’acide [45]. C’est parfois la biopsie rénale, réalisée devant une IRA avec
urique) peut conduire à la précipitation de cristaux de xanthine néphromégalie, qui fait le diagnostic de lymphome [44]. L’intérêt
dans les tubes rénaux. Ces cristaux sont peu solubles même à pH du PET-scanner pour le diagnostic des localisations lymphoma-
alcalin. L’hyperphosphorémie participe au syndrome de lyse par la teuses rénales reste à évaluer, de faux négatifs étant possibles
néphrocalcinose (dépôts de phosphate de calcium dans les tubes [46].
et l’interstitium rénal). L’hyperphosphorémie s’accompagne d’une
hypocalcémie parfois sévère liée à la précipitation du phosphate 5.1.3.2. Les autres insuffisances rénales aiguës parenchymateuses.
de calcium dans les tissus. Enfin, l’adénosine libérée par les cellules Les autres IRA sont dominées par les nécroses tubulaires d’origine
tumorales favorise la vasoconstriction rénale [39]. hémodynamique (choc septique, déshydratation prolongée. . .) ou
toxiques (médicaments néphrotoxiques, injection de produits de
5.1.3. Insuffisances rénales aiguës parenchymateuses contraste iodés . . .). Les microangiopathies thrombotiques sont
5.1.3.1. Insuffisance rénale aiguë parenchymateuse par infiltration plus rarement en cause [47]. L’IRA par tubulopathie myélomateuse
rénale spécifique. Le rein est le premier organe non lymphoïde a été décrite au cours des lymphomes avec protéine monoclonale
atteint par les leucémies et les lymphomes de haut grade. Ainsi, un [48].
infiltrat rénal est retrouvé dans un tiers des autopsies de patients
décédés de lymphome [40]. L’existence de lymphomes primitive- 5.2. Insuffisance rénale chronique
ment rénaux est discutée, le rein n’étant pas un organe lymphoïde
[41,42]. 5.2.1. IRC « postrénale »
L’infiltrat rénal est particulièrement fréquent dans les lym- La compression des voies urinaires par des adénopathies rétro-
phomes B non hodgkiniens. Il est souvent diffus, bilatéral dans péritonéales ou la constitution d’une fibrose rétropéritonéale
75 % des cas et symétrique [40]. L’infiltrat lymphomateux peut se peuvent conduire à une insuffisance rénale subaiguë ou chronique
692 N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696

Fig. 7. Orientation diagnostique devant une atteinte rénale dans le cadre d’une maladie de Waldenström.

d’origine obstructive. Le diagnostic repose sur la mise en évidence 5.3. Protéinurie glomérulaire et syndrome néphrotique
d’une dilatation de la voie excrétrice à l’échographie ou au scanner
abdominal mais celle-ci peut faire défaut en cas d’obstacle incom- 5.3.1. Glomérulopathies non amyloïdes
plet ou de déshydratation. La dérivation des urines par sonde de Les glomérulopathies peuvent être l’une des manifestations
néphrostomie per-cutanée ou par sonde double J est parfois néces- paranéoplasiques des syndromes lymphoprolifératifs [52]. Les dif-
saire. férentes atteintes glomérulaires décrites au cours des hémopathies
L’hyperuricémie chronique avec néphropathie uratique et les sont résumées dans le Tableau 3.
lithiases uriques sont d’autres causes possibles d’insuffisance L’exemple classique en est le syndrome néphrotique à lésions
rénale subaiguë ou d’IRC. glomérulaires minimes accompagnant [53] ou précédant [54] la
maladie de Hodgkin. Il régresse en cas de succès de la chi-
miothérapie et peut annoncer la rechute hématologique [53].
5.2.2. IRC parenchymateuse La hyalinose segmentaire et focale est plus rarement asso-
Les lymphomes et les leucémies aiguës sont des étiolo- ciée à la maladie de Hodgkin [55] ou aux lymphomes non
gies de microangiopathie thrombotique. La microangiopathie hodgkiniens.
thrombotique évolue souvent à bas bruit, se traduisant par une Les glomérulonéphrites extracapillaires paranéoplasiques,
insuffisance rénale lentement progressive ou l’apparition ou la comparables à celles observées au cours des vascularites nécro-
majoration d’une hypertension artérielle. Elle peut être associée santes se rencontrent également dans le cadre des lymphomes
à un syndrome d’activation macrophagique [49]. Les marqueurs [24].
biologiques sanguins de microangiopathie thrombotique ne sont
pas toujours retrouvés et c’est parfois la biopsie rénale qui permet
5.3.2. Amyloses AL et AA
le diagnostic. La physiopathologie repose entre autres sur des
Les lymphomes B avec protéine monoclonale peuvent conduire
lésions endothéliales et sur la diminution ou l’inhibition de la
à des dépôts de chaînes légères d’immunoglobulines sous forme
protéase ADAMTS13 [50].
d’amylose AL, comme au cours du myélome (Section 3.3.1). Une
La lyzozymurie est une cause possible d’insuffisance rénale dans
amylose AA est possible également dans la maladie de Hodgkin ou
les leucémies aiguës myéloïdes de type 4 et 5 [51]. Le lysozyme
dans les lymphomes non hodgkiniens d’évolution lente du fait du
stocké dans les cellules leucémiques peut être libéré dans la circula-
syndrome inflammatoire chronique [56].
tion, filtré par les glomérules puis réabsorbé par le tube proximal. Il
en résulte une atrophie tubulaire et une fibrose tubulo-interstitielle
à l’origine d’une IRC. 5.4. Protéinurie tubulaire
La néphrite radique est aujourd’hui très rare avec l’amélioration
des techniques de radiothérapie permettant une irradiation très En cas de secrétion excessive de chaînes légères
ciblée. d’immunoglobulines, une atteinte tubulaire proximale avec
N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696 693

Fig. 8. Orientation diagnostique devant une atteinte rénale dans le cadre des leucémies aiguës et des lymphomes de haut grade.

syndrome de Fanconi peut se rencontrer au cours des lym- L’hyperkaliémie est une complication menaçante des hémo-
phomes. L’atteinte tubulaire peut résulter également d’un infiltrat pathies. Elle peut résulter d’un syndrome de lyse tumorale ou
lymphomateux interstitiel [44] ou d’une lyzozymurie. accompagner une IRA quelle que soit son origine. À l’opposé, une
hypokaliémie peut se rencontrer en cas de tubulopathie.
5.5. Troubles hydroélectrolytiques Les tubulopathies proximales (se traduisant par un syndrome
de Fanconi) conduisent à l’hypophosphorémie, tandis que le syn-
L’hypercalcémie des lymphomes est souvent en rapport avec drome de lyse tumorale s’accompagne d’une hyperphosphorémie
l’augmentation de la résorption osseuse sous l’effet de cyto- sévère.
kines ostéolytiques comme l’IL-6, à une secrétion de calcitriol
(1,25[OH]2 vitamine D3) par les macrophages adjacents des cel- 5.6. En pratique
lules lymphomateuses [57,58] ou à la secrétion paranéoplasique de
PTHrp [59]. L’hypercalcémie peut conduire à une IRA fonctionnelle, La Fig. 8 montre l’arbre diagnostique des atteintes rénales au
à une polyurie avec hypernatrémie par résistance à l’ADH, ou à une cours des leucémies et lymphomes de haut grade. Le Tableau 3 rap-
insuffisance rénale par néphrocalcinose aiguë [45]. À l’opposé, une pelle les différentes glomérulopathies associées aux hémopathies.
hypocalcémie profonde peut s’observer lors du syndrome de lyse Le Tableau 4 résume les atteintes tubulaires possibles au cours des
tumorale (Section 5.1.2). hémopathies.
694 N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696

Fig. 9. Orientation diagnostique devant une atteinte rénale dans le cadre d’une leucémie lymphoïde chronique (LLC) ou d’un lymphome de bas grade.

6. Atteintes rénales au cours de la leucémie lymphoïde de fuite capillaire [61]. Il peut néanmoins exister une IRC liée soit à
chronique (LLC), des lymphomes de bas grade et des une microangiopathie thrombotique, soit à un infiltrat interstitiel
leucémies myéloïdes mononucléé ou plasmocytaire [62]. L’atteinte rénale est fréquente
au cours du syndrome de Castleman, même si elle est rarement
La LLC est une hémopathie fréquente. Les atteintes rénales sont au premier plan. Il existe une insuffisance rénale dans 50 % des cas
rares au regard de sa fréquence et sont plutôt la conséquence du [62].
traitement et des complications infectieuses qui émaillent son évo-
lution.
6.2. Protéinurie glomérulaire et syndrome néphrotique
6.1. Insuffisance rénale aiguë ou subaiguë
6.2.1. Leucémie lymphoïde chronique
L’atteinte glomérulaire peut être liée aux dépôts gloméru-
6.1.1. Leucémie lymphoïde chronique et lymphomes de bas grade
laires d’un composant sérique monoclonal, comme au cours des
L’insuffisance rénale est rare au cours de ces hémopathies. Elle
gammapathies monoclonales, ou être le témoin d’un syndrome
est soit fonctionnelle soit organique liée à une nécrose tubulaire
paranéoplasique. La glomérulopathie est, dans ce cas, souvent le
aiguë sur sepsis ou à un syndrome de lyse tumorale ou à une infil-
mode de révélation de la LLC [63]. La plupart des patients présente
tration tumorale interstitielle.
un syndrome néphrotique, un tiers a une insuffisance rénale.
Plusieurs types de glomérulopathies ont été décrits au cours
6.1.2. Leucémie myélomonocytaire chronique de la LLC (Tableau 3). La plus fréquente est la glomérulonéphrite
Outre les lésions rénales habituelles des hémopathies, la lyso- membranoproliférative de type I ou II, parfois liée à une cryoglobu-
zymurie est une cause plus rare d’insuffisance rénale, survenant en linémie. Elle peut s’associer à des thrombi de cryoglobulines dans
cas de leucémie myélomonocytaire chronique [60] comme en cas les capillaires glomérulaires.
de leucémie aiguë myéloïde. La glomérulite extramembraneuse peut être également une
manifestation paranéoplasique de la LLC marquée par le paral-
6.1.3. Syndrome de POEMS et syndrome de Castleman lélisme entre les manifestations glomérulaires et l’évolution
Au cours du syndrome de peripheral neuropathy, organomegaly, de l’hémopathie (rémission sous chimiothérapie) [37]. Des cas
endocrinopathy, monoclonal gammopathy, skin changes (POEMS), d’amylose AL, de glomérulopathies à dépôts granuleux, de syn-
l’insuffisance rénale est souvent fonctionnelle, liée à un syndrome drome néphrotique à lésions glomérulaires minimes, de gloméru-
N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696 695

lopathie immunotactoïde et de glomérulonéphrite extracapillaire group of human light chains with amyloidosis AL (lambda). J Clin Invest
à ANCA [64] ont également été rapportés. 1982;70:453–60.
[17] Eulitz M, Weiss DT, Solomon A. Immunoglobulin heavy-chain associated amy-
loidosis. Proc Natl Acad Sci U S A 1990;87:6542–6.
6.2.2. Syndrome de POEMS et syndrome de Castleman [18] Masai R, Wakui H, Togashi M, Maki N, Ohtani H, Komatsuda A, et al. Clinico-
pathological features and prognosis in immunoglobulin light and heavy chain
L’atteinte glomérulaire est rare au cours du syndrome de POEMS.
deposition disease. Clin Nephrol 2009;71:9–20.
Il existe néanmoins une protéinurie non néphrotique (excédant [19] Lin J, Markowitz GS, Valeri AM, Kambham N, Sherman WH, Appel GB, et al.
rarement 1 g/24 heures) chez 25 % des patients. L’histologie rénale Renal monoclonal immunoglobulin deposition disease: the disease spectrum.
montre une prolifération mésangiale rarement associée à des J Am Soc Nephrol 2001;12:1482–92.
[20] Ronco PM, Alyanakian MA, Mougenot B, Aucouturier P. Light chain deposition
dépôts du composant monoclonal [62]. disease: a model of glomerulosclerosis defined at the molecular level. J Am Soc
Dans le syndrome de Castleman, une protéinurie existe chez Nephrol 2001;12:1558–65.
78 % des patients. La principale atteinte rénale est l’amylose [21] Moulin B, Deret S, Mariette S, Kourilski O, Imai H, Dupouet L, et al. Nodular glo-
merulosclerosis with deposition of monoclonal immunoglobulin heavy chain
AA [62]. Les autres manifestations rénales sont anecdotiques : lacking CH1. J Am Soc Nephrol 1999;10:519–28.
microangiopathie thrombotique, glomérulonéphrites mésangiales [22] Pozzi C, D’Amico M, Fogazzi GB, Curioni S, Ferrario F, Pasquali S, et al. Light
ou membranoproliférative de type I ou infiltrat plasmocytaire chain deposition disease with renalinvolvement: clinical characteristics and
prognostic factors. Am J Kidney Dis 2003;42:1154–63.
rénal [65]. L’hyperproduction d’IL6 favorise l’inflammation chro- [23] Rosenstock JL, Markowitz GS, Valeri AM, Sacchi G, Appel GB, D’Agati VD. Fibril-
nique conduisant à l’amylose AA et la prolifération mésangiale. lary and immunotactoid glomerulonephritis: distinct entities with different
L’exérèse de la tumeur permet d’obtenir la rémission des glomé- clinical and pathologic features. Kidney Int 2003;63:1450–61.
[24] Fain O, Hamidou M, Cacoub P, Godeau B, Wechsler B, Pariès J, et al. Vasculi-
rulopathies et même parfois des dépôts d’amylose AA. tides associated with malignancies: analysis of sixty patients. Arthritis Rheum
2007;57:1473–80.
6.3. En pratique [25] Aucouturier P, Bauwens M, Khamlichi AA, Denoroy L, Spinelli S, Touchard
G, et al. Monoclonal Ig L chain and L chain V domain fragment crystal-
lization in myeloma-associated Fanconi’s syndrome. J Immunol 1993;150:
La Fig. 9 montre l’arbre diagnostique des atteintes rénales au 3561–8.
cours des LLC et des lymphomes de bas grade. Le Tableau 3 rappelle [26] Messiaen T, Deret S, Mougenot B, Bridoux F, Dequiedt P, Dion JJ, et al. Adult
Fanconi syndrome secondary to light chain gammopathy. Clinicopatholo-
les différentes glomérulopathies liées aux hémopathies. gic heterogeneity and unusual features en 11 patients. Medicine (Baltimore)
2000;79:135–54.
[27] Batuman V. Proximal tubular injury in myeloma. Contrib Nephrol
Conflit d’intérêt 2007;153:87–104.
[28] Madalena L, Facio ML, Angerosa M, Pandolfo M, Bresciani P, Alejandre M, et
Aucun. al. Urinary excretion of low molecular weight proteins in patients with pure
monoclonal light chain proteinuria. J Nephrol 2007;20:683–8.
[29] Lacy MQ, Gertz MA. Acquired Fanconi’s syndrome associated with monoclonal
Références gammapathies. Hematol Oncol Clin North Am 1999;13:1273–80.
[30] Veltman GA, Van Veen S, Kluin-Nelesmans JC, Bruijn JA, Van Es LA. Renal
[1] Levey AS, Coresh J, Greene T, Stevens LA, Zhang YL, Hendriksen S, et al. Using disease in Waldenström’s macroglobulinaemia. Nephrol Dial Transplant
standardized serum creatinine values in the modification of diet in renal 1997;12:1256–9.
disease equation for estimating glomerular filtration rate. Ann Intern Med [31] Isaac J, Herrera GA. Cast nephropathy in a case of Waldenström’s macroglobu-
2006;145:247–54. linemia. Nephron 2002;91:512–5.
[2] McCarthy S, Becker JA. Multiple myeloma and contrast media. Radiology [32] Audard V, Georges B, Vanhille P, Toly C, Deroure B, Fakhouri F, et al. Renal lesions
1992;183:519–21. associated with IgM-secreting monoclonal proliferations: revisiting the disease
[3] Soares SM, Fervenza FC, Lager DJ, Gertz MA, Cosio FG, Leung N. Bleeding spectrum. Clin J Am Soc Nephrol 2008;3:1339–49.
complications after transcutaneous kidney biopsy in patients with syste- [33] Gertz MA, Kyle RA. Amyloidosis with IgM monoclonal gammopathies. Semin
mic amyloidosis: single-center experience in 101 patients. Am J Kidney Dis Oncol 2003;30:325–8.
2008;52:1079–83. [34] Dussol B, Kaplanski G, Daniel L, Brunet P, Pellissier JF, Berland Y. Simulta-
[4] Eleutherakis-Papaiakovou V, Bamias A, Gika D, Simeonidis A, Pouli A, Anagnos- neous occurrence of fibrillary glomerulopathy and AL amyloid. Nephrol Dial
topoulos A, et al. Renal failure in multiple myeloma: incidence, correlations, Transplant 1998;13:2630–2.
and prognostic significance. Leuk Lymphoma 2007;48:337–41. [35] Garcia-Pacheco I, Khan A, Venkat KK. Rapidly progressive glomerulonephri-
[5] Korbet SM, Schwartz MM. Multiple myeloma. J Am Soc Nephrol tis in a patient with Waldenström macroglobulinemia. Clin Nephrol 2005;64:
2006;17:2533–45. 396–9.
[6] Knudsen LM, Hjorth M, Hippe E, Nordic Myeloma Study Group. Renal failure in [36] Bridoux F, Sirac C, Hugue V, Decourt C, Thierry A, Quellard N, et al. Fanconi’s
multiple myeloma: reversibility and impact on the prognosis. Eur J Haematol syndrome induced by a monoclonal Vkappa3 light chain in Waldenstrom’s
2000;65:175–81. macroglobulinemia. Am J Kidney Dis 2005;45:749–57.
[7] Solomon A, Weiss DT, Kattine AA. Nephrotoxic potential of Bence-Jones pro- [37] Da’as N, Polliack A, Cohen Y, Amir G, Darmon D, Kleinman Y, et al. Kid-
teins. N Engl J Med 1991;324:1845–51. ney involvement and renal manifestations in nonHodgkin lymphoma and
[8] Pasquali S, Zucchelli P, Casanova S, Cagnoli L, Confalonieri R, Pozzi C, et al. lymphocytic leukemia: a retrospective study in 700 patients. Eur J Haematol
Renal histological lesions and clinical syndromes in multiple myeloma. Renal 2001;67:158–64.
Immunopathology Group. Clin Nephrol 1987;27:222–8. [38] Humphreys BD, Soiffer RJ, Magee CC. Renal failure associated with cancer and
[9] Montseny JJ, Kleinknecht D, Meyrier A, Vanhille P, Simon P, Pruna A, et al. its treatment: an update. J Am Soc Nephrol 2005;16:151–61.
Long-term outcome according to renal histological lesions in 118 patients with [39] Tiu RV, Mountantonakis SE, Dunbar AJ, Schreiber MJ. Tumor lysis syndrome.
monoclonal gammopathies. Nephrol Dial Transplant 1998;13:1438–45. Semin Thromb Hemost 2007;33:397–407.
[10] Sanders PW. Pathogenesis and treatment of myeloma kidney. J Lab Clin Med [40] Obrador GT, Price B, O’Meara Y, Salant DJ. Acute renal failure due to lympho-
1994;124:484–8. matous infiltration of the kidneys. J Am Soc Nephrol 1997;8:1348–54.
[11] Rota S, Mougenot B, Baudouin B, De Meyer-Brasseur M, Lemaitre V, Michel [41] Diskin CJ, Stokes TJ, Dansby LM, Radcliff L, Carter TB, Graves E, et al. Acute
C, et al. Multiple myeloma and severe renal failure: a clinicopathologic study renal failure due to a primary renal B-cell lymphoma. Am J Kidney Dis
of outcome and prognosis in 34 patients. Medicine (Baltimore) 1987;66: 2007;50:885–9.
126–37. [42] Lopez R. Acute renal failure due to a primary renal B-cell lymphoma. Am J
[12] Leung N, Gertz MA, Zeldenrust SR, Rajkumar SV, Dispenzieri A, Fervenza Kidney Dis 2008;52:808.
FC, et al. Improvement of cast nephropathy with plasma exchange depends [43] Castellano I, Hernández MT, Gómez-Martino JR, Covarsí A, Bergua J, González
on the diagnosis and on reduction of serum free light chains. Kidney Int MA. Acute renal failure as presentation of a Burkitt’s lymphoma. Am J Kidney
2008;73:1282–8. Dis 2000;36:E32.
[13] Hutchison CA, Cockwell P, Reid S, Chandler K, Mead GP, Harrison J, et al. Effi- [44] Törnroth T, Heiro M, Marcussen N, Franssila K. Lymphomas diagnosed by per-
cient removal of immunoglobulin free light chains by hemodialysis for multiple cutaneous kidney biopsy. Am J Kidney Dis 2003;42:960–71.
myeloma: in vitro and in vivo studies. J Am Soc Nephrol 2007;18:886–95. [45] Chang PY, Lee SH, Chao TK, Chao TY. Acute renal failure due to hypercalcemia-
[14] Falk RH, Comenzo RL, Skinner M. The systemic amyloidoses. N Engl J Med related nephrocalcinosis in a patient of non-Hodgkin’s lymphoma featuring
1997;337:898–909. swelling of bilateral kidneys. Ann Hematol 2008;87:489–90.
[15] Dember LM. Amyloidosis-associated kidney disease. J Am Soc Nephrol [46] Shimada K, Kosugi H, Shimada S, Narimatsu H, Koyama Y, Suzuki N, et
2006;17:3458–71. al. Evaluation of organ involvement in intravascular large B-cell lymphoma
[16] Solomon A, Frangione B, Franklin EC. Bence-Jones proteins and light chains by 18F-fluorodeoxyglucose positron emission tomography. Int J Hematol
of immunoglobulins. Preferential association of the V lambda VI sub- 2008;88:149–53.
696 N. Jourde-Chiche et al. / La Revue de médecine interne 31 (2010) 685–696

[47] Martini G, Dall’Amico R, Murer L, Montini G, D’Avino A, Zacchello G. Hemolytic- [57] Frein D, Lavigne C, Josselin N, Foussard C, Sivova N, Moles MP, Berrut G.
uremic syndrome as a presenting form of acute lymphocytic leukemia. Ann Hypercalcémie et lymphome. À propos d’un cas. Rev Med Interne 2007;28:
Hematol 2000;79:452–4. 714–5.
[48] Burke Jr JR, Flis R, Lasker N, Simenhoff M. Malignant lymphoma with “myeloma [58] Hewison M, Kantorovich V, Liker HR, Van Herle AJ, Cohan P, Zehnder D,
kidney” acute renal failure. Am J Med 1976;60:1055–60. et al. Vitamin D-mediated hypercalcemia in lymphoma: evidence for hor-
[49] Inagaki N, Sugimoto K, Hosone M, Isobe Y, Yamamoto Y, Sasaki M, et al. mone production by tumor-adjacent macrophages. J Bone Miner Res 2003;18:
Disseminated mucor infection and thrombotic microangiopathy in lymphoma- 579–82.
associated hemophagocytic syndrome. Int J Hematol 2008;88:355–6. [59] Wada S, Kitamura H, Matsuura Y, Katayama Y, Ohkawa H, Kugai N, et al. Para-
[50] Kanno M, Nakamura S, Kawahara M, Ueno S, Nakamine H, Matsumoto thyroid hormone-related protein as a cause of hypercalcemia in a B-cell type
M, et al. Chemotherapy-resistant intravascular lymphoma accompanied malignant lymphoma. Intern Med 1992;31:968–72.
by ADAMTS13 inhibitor successfully treated with rituximab. Int J Hematol [60] Patel TV, Rennke HG, Sloan JM, DeAngelo DJ, Charytan DM. A forgotten cause
2008;88:345–7. of kidney injury in chronic myelomonocytic leukemia. Am J Kidney Dis.
[51] Resnitzky P, Shaft D. Distinct lysozyme content in different subtypes of acute 2009;54:159–64.
myeloid leukaemic cells: an ultrastructural immunogold study. Br J Haematol [61] Dispenzieri A, Kyle RA, Lacy MQ, Rajkumar SV, Therneau TM, Larson
1994;88:357–63. DR, et al. POEMS syndrome: definitions and long-term outcome. Blood
[52] Hajjaji N, Lesire V, Leturgie P, Lafon B, Renard JP. Dermatopolymyosite para- 2003;101:2496–506.
néoplasique avec néphropathie à lésions glomérulaires minimes associée à un [62] Rieu P, Noel LH, Droz D, Beaufils H, Gessain A, Hermine O, et al. Atteintes
lymphome malin non hodgkinien. Rev Med Interne 2002;23:642–50. glomérulaires au cours des syndromes lympho-prolifératifs avec produc-
[53] Audard V, Larousserie F, Grimbert P, Abtahi M, Sotto JJ, Delmer A, et al. Mini- tion excessive de cytokines (Castelman, POEMS). Adv Nephrol Necker Hosp
mal change nephrotic syndrome and classical Hodgkin’s lymphoma: report of 2000;30:305–31.
21 cases and review of the literature. Kidney Int 2006;69:2251–60. [63] Moulin B, Ronco PM, Mougenot B, Francois A, Fillastre JP, Mignon F. Glome-
[54] Bhatt N. Nephrotic syndrome preceding Hodgkin’s lymphoma by 13 months. rulonephritis in chronic lymphocytic leukemia and related B-cell lymphomas.
Clin Nephrol 2005;64:228–30. Kidney Int 1992;42:127–35.
[55] Mallouk A, Pham PT, Pham PC. Concurrent FSGS and Hodgkin’s lymphoma: case [64] Dussol B, Brunet P, Vacher-Coponat H, Bouabdallah R, Chetaille P, Berland
report and literature review on the link between nephrotic glomerulopathies Y. Crescentic glomerulonephritis with antineutrophil cytoplasmic antibo-
and hematological malignancies. Clin Exp Nephrol 2006;10:284–9. dies associated with chronic lymphocytic leukaemia. Nephrol Dial Transplant
[56] Pérez Equiza E, Arguiñano JM, Gastearena J. Successful treatment of AA amy- 1997;12:785–6.
loidosis secondary to Hodgkin’s disease with 4 -iodo-4 -deoxydoxorubicin. [65] Suneja S, Chidambaram M, Herzenberg AM, Bargman JM. Kidney involvement
Haematologica 1999;84:93–4. in multicentric Castleman disease. Am J Kidney Dis 2009;53:550–54.

Vous aimerez peut-être aussi