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Mise au point
Les myélofibroses
Myelofibrosis: A review
A. Genthon a,b , M. Killian c , P. Mertz d,e , P. Cathebras c , S. Gimenez De Mestral f , D. Guyotat g ,
E. Chalayer g,h,∗
a
Service d’hématologie clinique et de thérapie cellulaire, hôpital Saint-Antoine, AP–HP, Paris, France
b
Médecine Sorbonne université, Paris, France
c
Service de médecine interne, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex 02, France
d
Service de rhumatologie, hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg, France
e
Inserm UMR S1109, laboratoire d’immunorhumatologie moléculaire, Centre national de référence des maladies systémiques et autoimmunes rares Est
Sud-Ouest (RESO), université de Strasbourg, 67000 Strasbourg, France
f
Pathology department, Sorbonne université, hôpital Saint-Antoine, AP–HP, 75012 Paris, France
g
Département d’hématologie et thérapie cellulaire, institut de cancérologie Lucien-Neuwirth, Saint-Étienne, France
h
Inserm, SAINBIOSE, U1059, dysfonction vasculaire et hémostase, université Jean-Monnet, Saint-Étienne, France
i n f o a r t i c l e r é s u m é
Historique de l’article : La myélofibrose est un syndrome myéloprolifératif chronique BCR-ABL1 négatif. On distingue la myé-
Reçu le 19 janvier 2020 lofibrose primitive, et la myélofibrose secondaire à une maladie de Vaquez ou à une thrombocytémie
Reçu sous la forme révisée essentielle. Ces entités se caractérisent par une prolifération clonale des cellules souches hématopoïé-
le 28 août 2020
tiques, la présence d’une fibrose médullaire, et le plus souvent des mutations somatiques caractéristiques
Accepté le 30 août 2020
(JAK2, CALR ou MPL). Bien que pouvant être asymptomatiques, les patients présentent en général une
Disponible sur Internet le 23 novembre
2020 splénomégalie, des signes généraux, une anémie, une thrombopénie ou une thrombocytose. La maladie
peut aussi se révéler par une complication comme une thrombose ou une manifestation hémorragique.
Mots clés :
La myélofibrose primitive est peu fréquente, mais est associée à une survie médiocre et à un risque de
Myélofibrose transformation en leucémie aiguë. Bien que des progrès considérables aient été faits dans la compréhen-
Myélofibrose primitive sion de cette pathologie, les traitements demeurent majoritairement palliatifs. Le ruxolitinib, inhibiteur
Néoplasie myéloproliférative de JAK2, ne permet pas d’éliminer le progéniteur myéloïde clonal, et son effet n’est donc que suspensif.
Syndrome myéloprolifératif De nouveaux agents et de nouvelles stratégies sont à l’étude, afin de ralentir la progression de la maladie
JAK2. et d’améliorer la survie, mais l’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques reste actuellement le seul
traitement curatif.
© 2020 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS.
Tous droits réservés.
a b s t r a c t
Keywords: Myelofibrosis is a BCR-ABL1-negative chronic myeloproliferative neoplasm that includes primary mye-
Myelofibrosis lofibrosis, post-polycythemia vera myelofibrosis, and post-essential thrombocythemia myelofibrosis. It
Primary myelofibrosis is characterized by stem cell-derived clonal proliferation that is often, but not always, accompanied by
Myeloproliferative neoplasms somatic mutations, which are classified into driver mutations (JAK2, CALR, or MPL), subclonal mutations
Myeloproliferative syndrome
and fibrosis on bone marrow biopsy. Myelofibrosis commonly demonstrates splenomegaly, constitu-
JAK2.
tional symptoms, anemia, thrombocytosis, or thrombocytopenia. Patients may also be asymptomatic.
Complications as thromboembolic or hemorrhagic events can reveal the disease. Primary myelofibrosis
is the least common myeloproliferative neoplasm but is associated with poor survival and acute leukemic
transformation. In contrast to the significant progress made in understanding the disease’s pathogenesis,
treatment for myelofibrosis remains largely palliative. The JAK2 inhibitor, ruxolitinib is not sufficient
in eliminating the underlying myeloid progenitor clone, as disease inevitably returns with therapy
∗ Auteur correspondant. Département d’hématologie et thérapie cellulaire, institut de cancérologie Lucien-Neuwirth, 108 bis, avenue Albert-Raimond, 42270 Saint-Priest-
en-Jarez, France.
Adresse e-mail : emilie.chalayer@icloire.fr (E. Chalayer).
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2020.08.018
0248-8663/© 2020 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
A. Genthon et al. La Revue de médecine interne 42 (2021) 101–109
discontinuation. Allogeneic hematopoietic stem cell transplantation is the only therapeutic option that
offers potential cure. The development of novel treatment strategies aimed at slowing or even rever-
sing disease progression, prolonging patient survival and preventing evolution to blast-phase are still
lacking.
© 2020 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS. All
rights reserved.
• JAK2 V617F, mutation induisant une phosphorylation et ainsi 3.1.4. Complications (cf. paragraphe évolution et complications)
une activation constitutive d’une tyrosine kinase impliquée Certaines complications – thrombose veineuse, manifesta-
dans les voies de signalisation responsables de la survie et de tion hémorragique, transformation leucémique, crise de goutte –
la prolifération notamment via la transduction du signal de peuvent également être à l’origine d’un bilan médical faisant décou-
l’érythropoïétine, de la thrombopoïétine (TPO), et du granulocyte vrir la MFP.
colony-stimulating factor (G-CSF) ;
• MPL W515L, induisant une activation constitutive du récepteur 3.2. Biologie
de la thrombopoïétine (TPO) ;
• CALR (calréticuline), protéine chaperonne qui interagit avec MPL 3.2.1. Hémogramme
(type 1 et 2). Un tiers des patients présentent une anémie de grade 2 (hémo-
globine < 10 g/dL). Une thrombopénie à moins de 100 G/L est
Ainsi, la MFP résulte de l’hyperactivation de l’axe TPO/MPL, présente chez 15 % des patients. Une thrombocytose peut égale-
directe ou indirecte par le biais de la voie de signalisation JAK/STAT, ment être présente, sans pour autant protéger le patient du risque
conduisant à la prolifération des mégacaryocytes et également des hémorragique. Le frottis sanguin permet de rechercher des ano-
granulocytes. Ceux-ci sécrètent des cytokines pro-inflammatoires malies de la lignée érythrocytaire, dont la présence est variable.
(notamment TGF-) responsables de la fibrose et influencent On peut ainsi observer une anisopoïkilocytose, des hématies en
l’expansion des cellules souches hématopoïétiques (CSH) et leur forme de larmes (dacryocytes), ou encore des hématies ponctuées
différenciation par le biais de CXCL-4 (effet de la mutation JAK2). (hématies à granulations basophiles). Une polychromatophilie, des
La mutation JAK2 ne touche pas uniquement la CSH mais peut érythroblastes et des myélocytes circulants, peuvent également
se retrouver dans d’autres cellules du microenvironnement, telles être présents. Un taux de réticulocytes (modérément) augmenté est
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parfois observé. Le taux des globules blancs est très variable, mais dystrophiques regroupés en amas, et d’une néo-angiogénèse.
souvent augmenté avec formule à prédominance granulocytaire. L’aspect de l’érythropoïèse et de la granulopoïèse est variable.
Une leucopénie peut également être observée. La richesse globale de l’hématopoïèse médullaire peut être aug-
mentée ou diminuée, et son évaluation doit tenir compte de l’âge
3.2.2. Biologie spécialisée du patient. La fibrose est détectée par coloration à la réticuline
La MFP est caractérisée par la détection en biologie moléculaire (Fig. 1) et au trichrome pour le collagène et l’ostéosclérose. Une
de mutations « driver » : JAK2 V617F, MPL W515L, CALR. La mutation quantité de réticuline supérieure à la normale est généralement
JAK2 V617F dans l’exon 14, découverte en 2005, est l’anomalie molé- considérée comme un signe non spécifique, et peut être observée
culaire la plus fréquente, présente chez plus de 50 % des patients, dans d’autres circonstances, telles que la thrombopénie auto-
sans être spécifique de la maladie [13] CALR mutée est présente chez immune ou le lupus érythémateux disséminé [15]. En revanche, si
20 à 30 % des patients, et MPL mutée chez 1 à 10 %. L’absence de l’augmentation du collagène est moins courante et plus spécifique,
ces 3 mutations chez un nombre substantiel de patients atteints de elle est principalement observée dans les stades avancés. La
MFP (environ 10 %) – appelés alors « triple négatifs » – conduit à la fibrose de type « collagène » est associée sur le plan clinique à la
réalisation d’un séquençage nouvelle génération (NGS) dans le but splénomégalie, contrairement à la fibrose réticulinique [16,17]. La
d’identifier d’autres mutations récurrentes épigénétiques pouvant fibrose est cotée selon la classification OMS, de 0 à 3 (Fig. 2) [18]
conduire à la MF indépendamment de la voie JAK/STAT : altération mais cette cotation souffre d’une certain degré de subjectivité [19].
de TET2 chez 10 % des patients, perte d’IDH1 ou d’IDH2, inhibi-
tion de TET2 chez 18 % des patients, mutations de EZH2 chez 13 % 3.4. Imagerie
des patients, d’ASXL1 chez au moins 10 à 20 % des patients, muta-
tions des composants des spliceosomes SRSF2, SF3B1 et U2AF1 chez Une échographie ou un scanner abdominal peut être pratiqué
16 à 18 % des patients, diminution de l’expression du facteur de si le volume de la rate et du foie est difficile à évaluer clinique-
transcription GATA1. Par ailleurs, il est connu que ces mutations ment. La splénomégalie est définie par une longueur cranio-caudale
accélèrent l’évolution de la MFP. Cependant aucune d’entre elles de la rate supérieure à 15 cm (valeurs normales : 12 à 14 cm)
ne permet de prédire à elle seule la transformation leucémique [20]. L’hépatosplénomégalie est généralement homogène et sans
de la MF. De plus, il est important de noter que la moitié des masse focale. L’imagerie est surtout intéressante dans le cadre de
NMP JAK2 V617F qui développent une LAM présentent des blastes la recherche d’une éventuelle complication, comme par exemple un
n’exprimant pas la mutation JAK2 [14]. infarctus splénique. L’hématopoïèse extra-médullaire (HEM) n’est
pas recherchée de façon systématique. L’HEM ne se manifeste que
3.2.3. Autres paramètres très rarement par des masses de tissus mous extra-osseux. On
Les LDH, la bilirubine et l’acide urique sont généralement notera que l’HEM péri-portale ou péri-biliaire peut être en ima-
augmentés, cette augmentation témoignant d’un important renou- gerie standard difficile à distinguer d’un œdème local, alors qu’elle
vellement cellulaire aspécifique. est susceptible de se compliquer d’une hypertension portale.
Une scintigraphie au technetium99m peut s’avérer utile, en iden-
3.3. Biopsie ostéo-médullaire tifiant les éléments de la moelle osseuse dans la masse de tissus
mous.
Elle demeure indispensable au diagnostic. Elle montre L’évolution vers une ostéosclérose survient dans 30 à 70 % des
l’association d’une prolifération variable de mégacaryocytes cas et est diffuse, et affecte alors généralement l’ensemble du sque-
Fig. 1. Myélofibrose primitive sur biopsie ostéo-médullaire. Laboratoire d’anatomie-pathologique, Hôpital Saint-Antoine. Les espaces médullaires sont richement cellulaires
(A. partie droite, richesse estimée à 90 %; HE x 100), avec présence d’une néogenèse osseuse (A. partie gauche, flèches), associée à une hyperplasie mégacaryocytaire très
importante constituée de mégacaryocytes dystrophiques, au noyau étiré et hyperchromatique (B. tête de flèche; HE x 400) ou parfois bulbeux (B. croix), souvent regroupés
en clusters (B. étoile). L’imprégnation argentique confirme la fibrose médullaire, ici de grade MF-3: augmentation dense et diffuse de la trame de réticuline avec présence de
très nombreuses intersections (C. têtes de flèche; x 200) et de faisceaux de fibres collagènes.
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lette axial. Dans les os longs, un épaississement cortical apparait, 5.1. Leucémie aiguë myéloïde
et la réaction périostée est rare.
La tomodensitométrie à émission de positrons 18F- La progression vers une leucémie myéloïde aiguë, appelée aussi
fluorodésoxyglucose (FDG PET/CT) n’a pas d’indication dans transformation ou phase blastique des NMP, apparait dans 10 à 20 %
la MFP. Elle montre quand elle est réalisée une absorption intense des cas à 10 ans, entraînant un décès à rapide (quelques mois) [25].
et diffuse du traceur dans les os ostéosclérotiques et les sites
extra-osseux de l’HEM [21]. 5.2. Thromboses
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Fig. 3. Prise en charge de la myélofibrose primitive stratifié selon le risque évalué par le score MIPSS70+ version 2 (Adapté de Tefferi et al.) [22].
5.4. Complications liées à la prolifération myéloïde « manifeste » ou « en phase d’état » (overt-MF) [29]. La MF sera éga-
lement classée comme primaire si elle est isolée, ou secondaire si
L’HEM peut provoquer une splénomégalie sévère augmentant elle complique une PV ou une TE (MF post-PV ou post-ET).
les risques d’infarctus splénique et de rupture de rate spontanée. Le diagnostic nécessite la présence des trois critères majeurs,
L’hypertension portale affecte 7 % des patients, en raison d’une aug- ainsi que d’un des critères mineurs (Tableau 1). L’introduction de ce
mentation du débit sanguin hépatique, d’une obstruction veineuse stade préfibrotique a fait l’objet de nombreuses discussions entre
intrahépatique et d’une stase avec splénomégalie (cf. imagerie) hématologues et anatomopathologistes. Le diagnostic et la prise
[21]. L’apparition d’une hypertension artérielle pulmonaire est éga- en charge de cette pathologie sont encore peu codifiés, bien que
lement possible. la première description en ait été publiée il y a maintenant près
de 20 ans [30]. La MFP pose des difficultés dans la pratique cli-
6. Démarche diagnostique nique, liées au chevauchement important avec les autres NMP, ce
qui implique la réalisation de biopsies ostéo-médullaires de façon
Le bilan peut être réalisé devant des symptômes liés à la plus systématique.
maladie (notamment la présence d’une splénomégalie ou d’une La pré-MF décrite dans la littérature diffère sensiblement de ce
altération de l’état général), lors d’une complication, ou encore qui est exposé dans la classification actuelle, ceci rendant son ana-
devant des résultats biologiques anormaux. Le diagnostic repose lyse difficile. La prévalence de la pré-MF n’est pas connue. Les signes
sur un ensemble de critères cliniques, biologiques et histolo- généraux, la splénomégalie et l’anémie sont moins fréquents, de
giques : numération formule sanguine, frottis de sang périphérique même que la transformation blastique. La survie médiane est plus
(érythromyélémie et hématies en larmes très fréquents et très évo- élevée (14,7 ans). En revanche, la leucocytose et la thrombocytose
cateurs), recherche en biologie moléculaire des mutations de JAK2, semblent plus fréquentes, et l’incidence des thromboses semble
CALR et MPL (mutations driver, et recherche du transcrit BCR-ABL légèrement plus élevé que dans la MF manifeste [24].
afin d’exclure une leucémie myéloïde chronique) dans le sang,
et biopsie ostéo-médullaire (cellularité médullaire et grade de la 8. Diagnostics différentiels
fibrose). Le myélogramme est le plus souvent irréalisable, la moelle
s’avérant difficile à aspirer. On notera que la mutation JAK2 de l’exon Les NMP sont les principaux diagnostics différentiels de la MFP :
12 n’est jamais retrouvée dans la MF [28]. Aucune des mutations la TE se caractérise par une thrombocytose en général isolée ; la PV,
susmentionnées n’est détectée dans 10 à 25 % des cas [13]. Chez est définie par une expansion érythroïde prédominante pouvant
ces patients, il est important de réaliser une analyse NGS et de être associée à une thrombocytose.
rechercher une cause de MF secondaire, par exemple une cause Le diagnostic de myélodysplasie peut être évoqué sur la numéra-
auto-immune. tion sanguine, mais ce diagnostic est précisé et corrigé par l’analyse
du myélogramme et de la biopsie, ainsi que par la biologie molé-
7. Classification culaire. Des mutations récurrentes (TET2, IDH1 ou d’IDH2, EZH2,
ASXL1, SRSF2, SF3B1 et U2AF1 notamment) peuvent être pré-
La révision 2016 de la classification de l’OMS (Tableau 1) intro- sentes comme dans les myélodysplasies. Le degré d’activation
duit la notion de MF préfibrotique (pre-MF), par opposition à la MF de JAK/STAT permet sans doute d’expliquer pourquoi certains de
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Tableau 1
Critères diagnostiques de la myélofibrose primitive selon l’organisation mondiale de la santé (OMS) en 2016..
Critères majeurs
1. Prolifération mégacaryocytaire et atypies sans fibrose réticulinique > grade 1. Prolifération mégacaryocytaire et atypies accompagnée d’une fibrose
1 avec augmentation de la cellularité pour l’âge, prolifération granuleuse ; réticulinique et/ou collagénique de grade 2 ou 3
diminution de l’érythropoïèse fréquemment observée
2. Exclusion de la LMC, PV, TE, d’un SMD ou d’une autre néoplasie 2. Exclusion de la LMC, PV, TE, d’un SMD ou d’une autre néoplasie
myéloproliférative selon les criètres OMS myéloproliférative selon les criètres OMS
3. Présence d’une mutation JAK2, CALR ou MPL ; à défaut, présence d’un autre 3. Présence d’une mutation JAK2, CALR ou MPL ; à défaut, présence d’un autre
marqueur de clonalité (ASXL1, EZH2, TET2, IDH, SRSF2, SF3B1) ou exclusion marqueur de clonalité (ASXL1, EZH2, TET2, IDH, SRSF2, SF3B1) ou exclusion
d’une fibrose réactionnelle d’une fibrose réactionnelle
Critères mineurs
5. Leucoérythroblastose
Diagnostic
Le diagnostic nécessite : la présence des « 3 critères majeurs » et d’au moins « 1 critère mineur »
LMC : leucémie myéloïde chronique ; PV : polycythemia vera ; TE : thrombocytémie essentielle ; SMD : syndrome myélodysplasique (Adapté de Arber DA et al, Blood.
2016;127(20): 2391–2405).
ces patients développent une myélodysplasie plutôt qu’une MFP est qualifiée de secondaire [33,34]. L’origine auto-immune doit être
[13]. envisagée en cas de MF présentant des caractéristiques atypiques
Parmi les causes de MF secondaires (Tableau 2), citons notam- (jeune âge, sexe féminin, absence des mutations somatiques carac-
ment une forme particulière de maladie de Castleman décrite téristiques).
surtout chez les asiatiques, le TAFRO (associant myélofibrose, Le diagnostic différentiel peut également se poser avec d’autres
thrombopénie, organomégalie, anasarque et insuffisance rénale) et pathologies à l’origine d’une HEM (leucémie, drépanocytose et tha-
la MF auto-immune (MFAI) [31]. La MFAI a été définie comme asso- lassémie).
ciant des cytopénies avec infiltration lymphocytaire de la moelle
osseuse et fibrose médullaire de grade 3–4, l’absence de cellules
9. Traitements
atypiques ou d’ostéosclérose, et la présence d’auto-anticorps sans
critères de maladie auto-immune bien définie [32]. Lorsque la MF
Malgré les progrès importants réalisés dans la compréhension
survient en association avec une autre maladie auto-immune, elle
de la pathogenèse de la maladie, le traitement de la MF reste lar-
gement palliatif, et l’allogreffe demeure le seul traitement curatif
Tableau 2
(Fig. 3). L’approche concernant pré-MF, MF post-PV ou post-ET reste
Principales étiologiques des myélofibroses d’origine non primitive (hors autres néo- discutée.
plasies myéloprolifératives).
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fusions itératives peut nécessiter une chélation du fer en fonction amélioré la prise en charge notamment des symptômes constitu-
du pronostic, à l’instar des patients souffrant de myélodysplasie. tionnels.
9.1.4.3. Médicaments immuno-modulateurs. Les IMiDs se caracté- 9.2.2. Autres myélofreinateurs disponibles
risent par une activité anti-angiogénique et anti-TNF␣, et une 9.2.2.1. Hydroxycarbamide. L’hydroxycarbamide est un anti méta-
costimulation des cellules T, en plus de l’inhibition de la prolifé- bolite inhibant la synthèse de l’ADN par inhibition de la
ration des cellules T-régulatrices. Le thalidomide est associé à une ribonucléotide réductase. Son utilisation est souvent limitée par
réponse en termes de correction de l’anémie de 29 % à 62 %, et à une l’apparition ou l’aggravation des cytopénies. La posologie recom-
amélioration du nombre de plaquettes dans 35 % à 75 % des cas ; mandée est de 5 à 15 mg/kg/j.
cependant, il se caractérisent par un profil de toxicité défavorable
(notamment neuropathie et thrombose) [42]. Des combinaisons de 9.2.2.2. Interféron pégylé. Utilisé dans la PV et la TE, l’interféron-
ruxolitinib et IMiDs sont actuellement à l’étude. ␣2a sous sa forme pégylée peut également être proposé dans
la myélofibrose. Des données récentes ont d’ailleurs fait état de
9.2. Gestion de la splénomégalie et des symptômes l’obtention d’une réponse moléculaire profonde et d’une amélio-
constitutionnels ration de la survie [44]. Les patients ayant bénéficié par la suite
d’une allogreffe présentaient cependant un risque de survenue
L’embolisation splénique et la radiothérapie splénique ne sont d’une réaction du greffon contre l’hôte plus élevé.
plus utilisées. Les douleurs osseuses localisées et l’HEM non hépa-
tosplénique symptomatique répondent bien à la radiothérapie. La 9.2.3. La splénectomie
splénectomie doit être évitée si possible. L’hydroxyurée n’est asso- La splénectomie est à envisager en cas de splénomégalie massive
ciée qu’à des réponses partielles, et est surtout utilisée en cas de et symptomatique, après échec des traitements médicamenteux.
thrombocytose. L’arrivée des inhibiteurs de JAK a considérablement La splénectomie peut apporter un bénéfice sur les symptômes liés
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à la splénomégalie, mais également sur les signes généraux, qui 10. Conclusion
s’amendent la plupart du temps. L’anémie est améliorée et cette
amélioration persiste dans un tiers des cas à 6 mois et dans un La nouvelle classification de la myélofibrose a introduit des
quart des cas encore à un an [45]. La thrombopénie est corrigée concepts de pré-MF, post-TE et post-PV, qui ont complexifié sa
en postopératoire, mais réapparait systématiquement dans l’année compréhension. In fine, elle devrait permettre d’améliorer la prise
qui suit. La splénectomie n’apporte pas de bénéfice en termes de en charge de patients diagnostiqués plus précocement. La throm-
survie. De plus, elle est grevée d’une mortalité se situant autour bose est la complication la plus courante et peut survenir au niveau
de 7 à 15 %, et associée à un taux de complications post opéra- de sites inhabituels. Chez certains patients, l’évolution est indo-
toires d’environ 30 % (hémorragies, infections, thromboses) [45,46]. lente et ne nécessite pas de traitement immédiat, alors que chez
Elle entraîne une hépatomégalie métaplasique chez environ 16 % d’autres l’évolution est rapidement progressive avec une durée de
des patients. On l’a également rendue responsable d’accélérer la survie courte. L’importance croissante de l’analyse génomique dans
transformation en leucémie aiguë, ce qui reste controversé [47]. l’évaluation des patients se reflète dans l’avènement des scores pro-
nostiques, intégrant les profils moléculaires et cytogénétiques et
permettant de guider les décisions de prise en charge. Le ruxoli-
9.3. Gestion des complications
tinib est la thérapie de choix pour le contrôle des symptômes. La
GCSH est le seul traitement curatif actuellement disponible.
9.3.1. Maladie en phase blastique
Le taux de réponse aux agents hypométhylants (azacitidine)
est d’environ 30 % [48]. Les chimiothérapies d’induction standard
Déclaration de liens d’intérêts
comportant de la cytarabine et/ou des anthracyclines, peuvent être
utilisées avant une allogreffe. La place de la daunorubicine liposo-
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
male associée à la cytarabine, les anti-CD33 et les activateurs de
l’apoptose (venetoclax) n’est pas connue. L’utilisation de nouveaux
agents disponibles dans la LAM est envisageable, en particulier en
Références
cas de mutation IDH1/2 (< 5 %) (énasidinib).
[1] Moulard O, Mehta J, Fryzek J, Olivares R, Iqbal U, Mesa RA. Epidemiology of mye-
lofibrosis, essential thrombocythemia, and polycythemia vera in the European
9.3.2. Prise en charge de la thrombose Union. Eur J Haematol 2014;92:289–97.
L’aspirine réduit la récidive de thrombose après un premier évé- [2] Tefferi A, Lasho TL, Jimma T, Finke CM, Gangat N, Vaidya R, et al. One Thousand
nement dans les NMP [49]. Cependant, ce risque reste élevé même Patients With Primary Myelofibrosis: The Mayo Clinic Experience. Mayo Clin
Proc 2012;87:25–33.
malgré l’association d’un traitement combiné cytoréducteur plus [3] Cervantes F, Dupriez B, Pereira A, Passamonti F, Reilly JT, Morra E, et al. New
anticoagulant ou antiplaquettaire, ce qui impose la mise au point prognostic scoring system for primary myelofibrosis based on a study of the
de nouvelles stratégies thérapeutiques antithrombotiques. Il existe International Working Group for Myelofibrosis Research and Treatment. Blood
2009;113:2895–901.
peu de données spécifiques à la myélofibrose. [4] Meier B, Burton JH. Myeloproliferative disorders. Emerg Med Clin North Am
2014;32:597–612.
[5] Murphy IG, Mitchell EL, Raso-Barnett L, Godfrey AL, Godfrey EM. Imaging fea-
9.4. Nouvelles perspectives thérapeutiques tures of myeloproliferative neoplasms. Clin Radiol 2017;72:801–9.
[6] Tefferi A, Guglielmelli P, Larson DR, Finke C, Wassie EA, Pieri L, et al. Long-term
Outre les nouveaux anti-JAK actuellement en cours de déve- survival and blast transformation in molecularly annotated essential throm-
bocythemia, polycythemia vera, and myelofibrosis. Blood 2014;124:2507–13
loppement, de nombreux agents expérimentaux sont en cours [quiz 2615].
d’évaluation, seuls ou en association avec le ruxolitinib. Ces agents [7] Lu M, Xia L, Liu Y-C, Hochman T, Bizzari L, Aruch D, et al. Lipocalin produ-
ont été conçus dans le but : ced by myelofibrosis cells affects the fate of both hematopoietic and marrow
microenvironmental cells. Blood 2015;126:972–82.
[8] Mughal TI, Vaddi K, Sarlis NJ, Verstovsek S. Myelofibrosis-associated complica-
• d’améliorer l’anémie ; tions: pathogenesis, clinical manifestations, and effects on outcomes. Int J Gen
Med 2014;7:89–101.
• d’épuiser les CSH malignes en ciblant les altérations moléculaires
[9] Verstovsek S, Atallah E, Mascarenhas J, Sun H, Montgomery M, Gupta V, et al.
en aval des lésions génétiques ; Efficacy of ruxolitinib on hepatomegaly in patients with myelofibrosis. Leuke-
• de réduire les anomalies micro environnementales qui sou- mia 2016;30:1413–5.
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tiennent la prolifération des CSH malignes ;
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À titre d’exemple, les inhibiteurs de l’Aurora kinase A sont à fer from patients with primary myelofibrosis. Leuk Res 2017;59:110–6.
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(idasanutlin) pourrait agir sur l’inhibition d’HDM2 et ainsi restaurer 019-0236-2.
en partie l’activité de p53. La famille des protéines BET (Bromodo- [14] Theocharides A, Boissinot M, Girodon F, Garand R, Teo S-S, Lippert E, et al. Leu-
kemic blasts in transformed JAK2-V617F-positive myeloproliferative disorders
main et Extra-Terminal domain) est activée via JAK–STAT, ce qui en are frequently negative for the JAK2-V617F mutation. Blood 2007;110:375–9.
fait une cible potentielle [51]. L’imételstat, inhibiteur de l’activité [15] Pereira RMR, Velloso ERP, Menezes Y, Gualandro S, Vassalo J, Yoshinari NH. Bone
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