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DIAGNOSTIC DES SYNDROMES MYELODYSPLASIQUES

(SMD)

Monsieur le Président du jury,

Mesdames et messieurs les membres du jury,

Chers Maitres,

La leçon que nous avons l’honneur de vous présenter s’intitule :

DIAGNOSTIC DES SYNDROMES MYELODYSPLASIQUES

(SMD).

Elle est adressée aux étudiants de Master 1 de l’UFR des Sciences

médicales d’Abidjan ayant comme prérequis les cours sur

l’hématopoïèse.

L’objectif général de cette leçon est d’initier l’étudiant au diagnostic

des SMD.

De façon spécifique, l’étudiant devra être capable de répondre aux

objectifs suivants :
OBJECTIFS

1-DEFINIR LES SYNDROMES MYELODYSPLASIQUES

2-DECRIRE LES RESULTATS DE L’HEMOGRAMME AU COURS DES


SMD

3-DECRIRE LES SIDEROBLASTES EN COURONNE OBSERVES AU


MYELOGRAMME AU COURS DES SMD

4-CITER LES ANOMALIES CYTOGENETIQUES LES PLUS


FREQUENTES OBSERVEES AU COURS DES SMD

Pour atteindre ces objectifs, nous allons adopter le plan suivant :


PLAN

INTRODUCTION

I-GENERALITES

1- EPIDÉMIOLOGIE

2- RAPPEL PHYSIOLOGIQUE

3-PATHOGÉNIE

4-PHYSIOPATHOLOGIE

II-DIAGNOSTIC

1-POSITIF

2-DIFFÉRENTIEL

CONCLUSION

En introduction nous dirons que :


INTRODUCTION

Les MDS encore appelé syndrome MDS se définissent comme étant


un groupe hétérogène d’hémopathies clonales touchant la CSH ou la
CS Myéloïde caractérisées par une hématopoïèse inefficace
responsable d’une cytopénie qui contraste avec une moelle riche.

On distingue :

 D’une part, les MDS primitives ou idiopathiques sans causes


connues mais très majoritaire qui correspondent à environ 80%
des cas et
 D’autre part, les MDS secondaires associées à un agent causal
dans 20% des cas.

L’évolution des MDS peut se faire selon 2 modalités. Elle peut être
prolongée et indolente dans 70% des cas ou évoluer de façon rapide et
agressive vers une LAM.

Cette leçon revêt un intérêt essentiellement diagnostic


INTERET

- diagnostic : car outre les examens morphologiques, les études


cytogénétique, moléculaire et immunophénotypique permettent
d’affirmer le diagnostic de cette hémopathie.

Abordons à présent le premier chapitre des généralités en


commençant par le 1er sous chapitre consacré à l’épidémiologie.
I. GENERALITES

I-1 Epidémiologie

Incidence: L’incidence globale des SMD est d’environ 4 à 5 cas pour


100.000 habitants en France. Cette incidence augmente avec l’âge
pour atteindre 70 cas pour 100.000 habitants entre 70 et 80 ans.

Age et sexe : L’âge médian au diagnostic est de 70 ans avec une


prédominance masculine.

Etiologies : Les étiologies sont le plus souvent méconnues mais


plusieurs facteurs de risque étiologiques sont incriminés dans la
survenue de SMD secondaires.

On les classe en deux grands groupes : les facteurs génétiques et les


facteurs environnementaux.

Concernant :

 Les facteurs génétiques : il s’agit de l’existence de certaines


maladies constitutionnelles tel que la Trisomie 21, la maladie de
FANCONI.
 Les facteurs environnementaux : on distingue

* les toxiques (Benzène et ses dérivés), les pesticides ;

* la chimiothérapie (notamment les agents alkylans) ;

* les ATCD de radiothérapie ;

* l’exposition aux Rayonnements Ionisants.


Comment survient la MDS ? c’est ce que nous verrons dans le 3 e
sous chapitre mais avant il convient de faire un rappel
physiologique.

I-2 Rappel sur l’hématopoïèse

L’hématopoïèse se défini comme étant est un ensemble de


mécanismes physiologiques qui va aboutir à la production continue et
régulé des cellules sanguines.

D’un point de vue cinétique, l’hématopoïèse part de la cellule souche


hématopoïétique totipotente pour donner les cellules souches
multipotente lymphoïde CFU-L et myéloïde CFU-GEMM.

Puis la CFU-GEMM va se différentier pour donner des 6 progéniteurs


qui sont :

- CFU-GM qui sera à l’origine des lignées monocytaire et granuleuse


neutrophile;

- CFU-Eo à l’origine de la lignée granuleuse éosinophiles ;

- CFU-Baso à l’origine des lignées granuleuses basophiles ;

- CFU-Meg à l’origine de la lignée megacaryocytaire ;

- BFU-E à l’origine de la lignée érythrocytaire.

Ces progeniteurs vont à leur tour se différencier pour donner les


différents précurseurs qui seront à l’origine des différentes cellules
matures que sont les monocytes, les globules rouges, les plaquettes et
les polynucléaires neutrophiles, éosinophiles et basophiles.

Comme nous l’avons dit en introduction, les MDS peuvent toucher la


CSH ou la CSM (CFU-GEMM) le plus souvent pouvant être à
l’origine d’anomalies sur toutes les cellules jeunes et matures issues
de cette CS notamment les cellules de la lignée rouge+++, la lignée
plaquettaire et la lignée blanche myeloïde.

Ce rappel nous permettra de mieux comprendre la pathogénie et la


physiopathologie, objet de notre 3e sous chapitre.

I-3 Pathogénie

Sous l’action de facteurs génétiques et environnementaux, l’on assiste


à une lésion de l’ADN. Celle-ci sera à l’origine d’une instabilité
génétique avec activation d’oncogène (gène favorisant la survenue de
tumeurs). Les oncogènes les plus retrouvés dans les SMD sont le gène
N-RAS et le SF3B1.

Cet oncogène vas stimuler la production de cellules identiques qui


porte l’anomalie génétique survenue dans la CSH ou la CSM : on
parle alors de clone myélodysplasique.

I-4 Physiopathologie

Après la production de clone, plusieurs mutations et modifications


épigénétiques vont survenir dans la population clonale. Ces
phénomènes seront à l’origine d’une hématopoïèse inefficace avec
production de cellules porteuses d’anomalies morphologiques, ou
cytologiques qualitatives touchant une ou plusieurs lignées
myéloïdes : On parle alors de dysmyélopoïèse.

Outre cela, le clone va interagir avec le microenvironnement


médullaire qui présente des anomalies telles qu’une altération des
cellules mésenchymateuses et une augmentation de la
microvascularisation médullaire avec production de cytokines pro
apoptotiques. On assiste donc à une augmentation de l’apoptose des
cellules dysmorphiques et des cellules normales : c’est le phénomène
d’avortement intramédullaire qui sera à l’origine des cytopénies
touchant les lignées myéloïdes notamment : anémie, thrombopénie,
neutropénie.

Ces cytopénies sont responsables des signes cliniques que sont la


pâleur cutanéomuqueuse, l’hémorragie et les infections (fièvre).
Ce mécanisme physiopathologique permet de mieux comprendre les
signes que nous allons détailler dans le chapitre de diagnostic.

II-DIAGNOSTIC

II-1 Diagnostic positif

Il se base sur un ensemble de signes cliniques mais surtout sur des


signes biologiques.

a) TDD : SMD typique du sujet âgé

a1) Signes cliniques

Le SMD est asymptomatique, le plus souvent découvert lors d’un


hémogramme de routine.

Parfois, la maladie peut être révélé par des signes clinique liés aux
cytopénies. Il peut s’agir d’une cytopénie isolé ou d’une bicytopénie
ou d’une pancytopénie qui se manifeste pour :

 L’anémie par une pâleur cutanéomuqueuse ;


 La thrombopénie par des hémorragies ;
 La neutropénie par une susceptibilité aux infections.

Ces trois signes réalisent le syndrome d’insuffisance médullaire.

Ces signes évoluent depuis plus de 6mois chez un sujet agé.

Il faut noter une absence d’organomégalie (sauf dans les formes


frontières avec une LA).
Devant ces cytopénies ou devant le syndrome d’insuffisance
médullaire, il convient de réaliser des examens paracliniques
notamment biologique.

a2) Signes biologiques

Du point de vue de la biologie, le diagnostic positif des SMD repose


sur 4 examens que sont l’hémogramme, le myelogramme, l’étude
cytogénétique et la biologie moleculaire.

 En 1ere intention : l’hémogramme

Définition : c’est l’étude qualitative et quantitative des éléments


figurés du sang.

Place : c’est l’examen de 1ere intention qui permet d’orienter vers le


diagnostic de SMD.

Principe : fait intervenir 3 techniques que sont l’impedancemetrie qui


permet de faire la numération des 3 lignées sanguines rouge blanche et
plaquettaires. Ensuite, la cytométrie de flux qui permet de faire la
formule leucocytaire = proportion des différents types de GB ou
leucocytes sur 100GB comptés et finalement le système SLS qui est
une méthode d’oxydoréduction utilisant le sodium dodecyl sulfate
couplée à la spectrophotométrie pour la détermination du taux
d’hémoglobine.

Prélèvement : il s’agit d’un prélèvement de sang veineux le plus


souvent réalisé au pli du coude. Il se fait sur un tube à bouchon violet
contenant un anticoagulant solide EDTA pour éviter les phénomènes
de dilution. Il faut 3 à 5 ml de sang pour réaliser l’hémogramme et les
examens complémentaires si nécessaire. Il convient de réaliser cet
examen dans un délai de 6 heures après le prélèvement pour éviter la
survenue d’anomalies morphologiques.

Technique : après le prélèvement, il faudra homogénéisé l’échantillon


par 6-8 retournements successifs doux. Puis le sang sera passé au
numérateur pour la réalisation de l’analyse.

Résultats : L’hémogramme met en évidence la ou les cytopénies qui


se définissent comme une baisse quantitative des cellules d’une, de 2
ou des 3 lignées.

 au niveau de la lignée rouge :

On retrouve une anémie qui est une baisse du taux d’hémoglobine en


deçà des valeurs normales c’est-à-dire :

* < 13g/dl chez l’homme

* < 12g/dl chez la femme

* < 11g/dl chez l’enfant et la femme enceinte

* < 14g/dl chez le nouveau-né

C’est la cytopénie la plus fréquente, présente dans plus de 80% des


SMD. C’est une anémie le plus souvent normocytaire ou
macrocytaire (VGM sup 120 fl) et arégénérative, le taux de
réticulocytes < 120G/l. Parfois, il peut s’agir d’une anémie
hypochrome microcytaire.
 au niveau de la lignée blanche,

L’on peut retrouver une leucopénie avec neutropénie dans 20% des
cas, les PNN <1,5G/l . Parfois, le nombre de globules blancs peut être
normal ou plus rarement, on observe une hyperleucocytose qui est une
augmentation du nombre des globules blancs.

Il est important de déterminer le nombre de monocytes sanguins, si


supérieur à 1G/l il permet d’orienter vers une leucémie
myélomonocytaire chronique (LMMC) qui faisait partir des SMD
mais maintenant classée comme syndrome mixte MP/MDS.

 au niveau de la lignée plaquettaire :

on retrouve une thrombopénie, fréquente mais modéré, rarement < à


50G/l mais les plaquettes peuvent être normales ou élevés.
L’association thrombopénie + saignement évoque une thrombopathie
qui est une anomalie qualitative des plaquettes.

Ces anomalies quantitatives peuvent toucher une ou deux lignées


(bicytopénie) ou les trois lignées (pancytopénie).

Devant la présence de ces anomalies quantitatives de


l’hémogramme, il convient de réaliser deux éléments importants
toujours dans l’hémogramme.

Il s’agit de l’analyse du cytogramme de l’automate et de la réalisation


de Frottis sanguin périphérique.
a)Analyse du cytogramme de l’automate : qui présente la répartition
des différentes lignées sous la forme d’un histogramme. Ici, on
s’intéressera à la répartition des globules blancs qui met en évidence
une anomalie positionnelle des PNN. Cette analyse se fait lorsque la
thrombopénie n’est pas sévère. Elle traduit une dégranulation
anormale des PNN.

b)Frottis sanguin périphérique :

Définition : permet l’étude qualitative et quantitative des éléments


figurés du sang.

Place : il peut permettre d’évoquer d’emblée le diagnostic.

Principe et technique : la mise en évidence d’anomalies qualitatives


des cellules sanguines requiert une confection correcte du frottis sur
une lame correctement dégraissée. A partir du sang prélevé sur tube
EDTA, le frottis sera étalé dans les 4h qui suivent le prélèvement pour
éviter la survenue d’anomalies morphologiques induite par l’EDTA.
Puis il sera séché à la température du laboratoire. Le frottis sera
finalement coloré avec un colorant appelé May Grunwald Giemsa
(MGG). Pour une coloration de bonne qualité, le MGG doit être
préparé de façon quotidienne avec de l’eau tamponnée. Après le
séchage du frottis, la lecture se fait au microscope optique à l’objectif
X10 et X100. Dans certains cas, le grossissement X40 peut être utile.
Une interprétation correcte des résultats nécessite un décompte d’au
moins 200 éléments (OMS 2008).

Résultats :

Le FSP met en évidence la dysmyélopoïèse :

 l’anomalie morphologique pouvant atteindre chacune des trois


lignées
 il s’agit du critère essentiel de diagnostic des SMD mais peut
être absent dans d’autres pathologies
 La dysmyelopoïèse va toucher aussi bien le cytoplasme que le
noyau des cellules.

 au niveau de la lignée rouge :

Les anomalies morphologiques ou cytologiques porte le nom de


dysérythropoïèse. On décrit parmi ces anomalies :

* L’anisochromie : présence d’hématies de coloration variable


normochrome et hypochrome. C’est un signe de
dysérythropoïèse de grande valeur diagnostique évoquant une
anémie sidéroblastique en l’absence de toute transfusion et de
traitement d’une carence martiale (mieux visible au
grossissement 40).

* L’anisocytose : hématies de taille diverses surtout la

macrocytose (augmentation du diamètre des hématies).

* La poïkilocytose : hématies de forme diverses.


Ces deux dernières anomalies sont fréquentes et doivent attirer
l’attention du cytologiste. On peut également observer :

* Les ponctuations basophiles : qui sont des anomalies peu


spécifiques. Ce sont des inclusions arrondies de coloration bleu,
nombreuses, de petites tailles, dispersées dans l’ensemble du
cytoplasme et correspondant à des agrégats de ribosomes et d’ARN
(visible au grossissement X 100).

 au niveau de la lignée blanche,

Les anomalies morphologiques ou cytologiques porte le nom de


dysgranulopoïèse. Ces signes ont une grande valeur diagnostic et
doivent être recherché attentivement sur le frottis.

- Au niveau cytoplasmique (anomalies cytoplasmiques), on décrit :

* PNN hypogranuleux ou dégranulés : diminution ou absence


des granulations normalement présente donnant l’aspect de
cytoplasme transparent. A l’intérieur de ce cytoplasme, on peut
retrouver des inclusions basophiles de taille variable appelé corps de
DÖHLE

- Au niveau du noyau (anomalies nucléaires)

*Anomalies de segmentation du noyau : hyposegmentation du


noyau des PNN qui présente un lobe associé à une condensation
anormale de la chromatine (aspect pseudo PELGER-HUËT).
 au niveau de la lignée plaquettaire :

Les anomalies morphologiques ou cytologiques porte le nom de


dysmégacaryopoïèse. On décrit les anomalies suivantes :

* Présence de plaquettes de grandes tailles voir des plaquettes


géantes (taille supérieur à celle des GR).

* Plaquettes vides de granulations

 l’analyse du frottis sanguins doit inclure la recherche de blastes


sanguins
La présence de ces anomalies quantitatives et qualitatives touchant
les cellules sanguines impose la réalisation d’un myélogramme.

En 2e intention, le myélogramme :

Définition : c’est l’étude quantitative et qualitative des éléments


cellulaires de la moelle osseuse.

Place : l’examen du frottis médullaire est indispensable au diagnostic


puisqu’il permet de poser le diagnostic et de classer les SMD.

Principe :

Prélèvement et technique : il se fait au niveau sternum en regard du


2e espace intercostal le plus souvent ou le plus souvent, peut se faire
également au niveau de l’épine iliaque postéro-supérieur (EIPS) après
une asepsie rigoureuse de la zone et l’application de substance
anesthésiante. Si le MLG est bien réalisé, il permet de prélever
suffisamment de suc médullaire pour la réalisation d’autres examens
complémentaires. Après le prélèvement, le frottis médullaire sera
réalisé puis séché à la température du laboratoire. Il sera ensuite coloré
au MGG préparé quotidiennement et à l’eau tamponnée pour une
coloration de bonne qualité. La classique coloration de MGG sera
couplé à la coloration de Perls nécessaire pour la mise en évidence
des sidéroblastes en couronne.
La lecture se fait au microscope optique à l’objectif X10 et X100. Une
interprétation correcte des résultats nécessite un décompte d’au moins
500 éléments cellulaires dans différents champs.

Résultats :

Le myélogramme permet de poser le diagnostic en mettant en


évidence une dysplasie touchant une, deux ou trois lignées.

Il met en évidence :

 Une moelle osseuse de richesse normale ou augmentée en


général : on parle de cytopénie à moelle riche.
 Une répartition équilibrée entre la lignée granuleuse et la lignée
érythroïde ou une hyperplasie érythrocytaire.
 Selon la classification de l’OMS sur les SMD, une lignée sera
considérée comme dysplasique si au moins 10% de ses éléments
présentent une ou plusieurs anomalies qualitatives suivantes :

 Concernant la lignée rouge :

on retrouve des signes de dysérythropoïèse notamment :

a) des anomalies nucléaires que sont:

- les érythroblastes basophiles (EB) de grande taille associé à


un asynchronisme de maturation nucléocytoplasmique (cytoplasme de
maturation normale : virage de la basophilie vers une acidiphilie alors
que le noyau reste à un aspect plus ou moins immature avec une
chromatine fine) ;

- les érythroblastes basophiles avec des noyaux à chromatine


irrégulières et binucléés ;

- les Corps de Jolly qui sont des résidus nucléaires se


présentant sous forme d’une inclusion rouge violacée, témoin de la
dysérythropoïèse ;

- les bourgeons nucléaires et les ponts chromatiniens

b) des anomalies cytoplasmiques que sont :

- le cytoplasme feuilleté des cellules de la lignée rouge (très


fréquente) ;

- les ponctuations basophiles

- la présence de vacuoles

Outre ces anomalies, il convient de rechercher la présence de


sidéroblastes en couronne après la coloration de Perls et de les
quantifier.

Cette coloration spécifique permet de mettre en évidence au


microscope le fer lié à l’hémosidérine sous forme de grains bleu vert
dans les érythroblastes. Ces érythroblastes de fer porte le nom de
sidéroblastes.
La définition de sidéroblaste en couronne repose sur le nombre et la
disposition de granules de fer contenu dans le cytoplasme et leurs
dispositions autour du noyau.

Selon le groupe international de travail sur la morphologie des SMD,


on distingue trois types sidéroblastes :

- le sidéroblaste de type 1 : contient < 5 grains de fer

- le sidéroblaste de type 2 : contient 5 grains qui sont dispersés


dans le cytoplasme des EB.

Ces deux types sont physiologiquement présent dans la moelle


osseuse.

- le sidéroblaste de type 3 ou sidéroblastes en couronne :


contient ≥ 5 grains de fer repartis en couronne sur plus d’un tiers du
contour du noyau ou reparti en péri nucléaire. (Voir schéma)

Le décompte des sidéroblastes est important pour le diagnostic et la


classification des SMD : un pourcentage supérieur à 15% est
considéré comme significatif pour définir une anémie
sidéroblastique.

 Concernant la lignée blanche :

On retrouve des signes de dysgranulopoïèse. Comme dans le sang,


ces signes ont une plus grande valeur diagnostique. Il s’agit de :

a) des anomalies nucléaires que sont:


- hyposegmentation du noyau des PNN

- PNN avec noyau dystrophique

b) des anomalies cytoplasmiques que sont:

- dégranulation ou hypogranulation

- Présence de corps de DÖHLE

Ces deux anomalies sont visibles dans les PNN, les métamyélocytes et
les myélocytes.

- Promyélocytes avec des granulation azurophiles plus épaisses.

 Concernant la lignée plaquettaire :

On retrouve des signes de dysmegacaryopoïèse. Ces signes ne sont


pas fréquemment retrouvé mais lorsqu’ils sont présents, ils ont une
valeur grande valeur diagnostic. Il s’agit de :

- Hypolobulation du noyau avec mégacaryocytes au noyau


hypolobé

- Bi ou multinuclearité conférant au mégacaryocyte une noyau

d’aspect fragmenté

- Micromégacaryocytes : mégacaryocytes de petite taille égale à


celle d’un lymphocyte, noyau régulier, chromatine très dense,
cytoplasme peu visible mal limité présentant parfois des extensions.
 La recherche de blastes médullaires:

Elément majeur pour la classification des SMD. Il s’agit de compter


500 éléments cellulaires en comptant le nombre de blastes ou de
cellules jeunes. (si les EB > 90 éléments nucléés le décompte des
blastes se fera sans les EB)

Les blastes sont des cellules de taille variable, de noyau régulier ou


non, à chromatine fine avec un ou plusieurs nucléoles et un
cytoplasme d’abondance et de basophilie variables renfermant des
granulations azurophiles avec ou sans corps de Auer.

Dans le SMD un excès de blaste médullaire est défini entre 5-19%.

Si les blastes sont ≥ 20%, cela correspond au diagnostic de la LA.

Dans certains cas le frottis de MO peut être pauvre, il est alors


possible de réaliser une BOM.

En 3ieme intention, la biopsie ostéo-médullaire

Il s’agit de réaliser un prélèvement du tissu médullaire au niveau de


l’EIPS. Ce prélèvement fera l’objet d’une étude anatomopathologique
avec examen de l’architecture du tissu médullaire.

Il n’est utile qu’en cas de frottis médullaire pauvre ou hypocellulaire


ou de myélofibrose.

Il met en évidence des signes de dysplasies.


Au terme de l’analyse des données quantitatives et qualitatives du
sang et de la moelle, il est possible de conclure d’emblée à un SMD
qu’il est nécessaire de classer. (Décrire la classification de l’OMS
2017).

Toutefois, dans certain nombre de cas, il est difficile d’affirmer le


diagnostic sur ces seuls éléments. Dans ce cas des investigations
complémentaires sont nécessaires.

En 4ieme intention : les études cytogénétiques et moléculaires

 La cytogénétique conventionnelle

Définition : C’est l’étude du caryotype humain.

Place : il permet d’affirmer le diagnostic et surtout de faire le


pronostic.

Prélèvement : il s’agira d’un prélèvement de MO effectué lors du


myélogramme. Il se fait sur un tube à bouchon vert contenant de
l’héparinate de lithium environ 2 à 3 ml de MO.

Technique : les cellules de la MO seront mises en culture in vitro puis


bloqués en métaphase ce qui permet d’individualiser les chromosomes
et de les étudier après coloration.

Résultats :
Diverses anomalies du caryotype peuvent être mises en évidence au
cours des SMD.

Lorsqu’ils sont primitifs, les anomalies sont retrouvées dans 50% des
cas, lorsqu’ils sont secondaires les anomalies sont retrouvées dans
80% des cas.

Les plus retrouvé sont la délétion du bras long du chromosome 5,


monosomie 7 et trisomie 8.

En cas d’échec de culture à la cytogénétique conventionnelle, on peut


avoir recours à des techniques de biologie moléculaire.

 La cytogénétique moléculaire (FISH)

C’est la fluorescence in situ après hybridation. Elle utilise des sources


fluorescentes dirigées contre des régions précises des chromosomes.

Elle permet de mettre en évidence des anomalies chromosomiques


sous forme de fluorescence.

 La PCR

La 2eme technique de biologie moléculaire est la PCR. C’est une


amplification de l’ADN suivi de la recherche de mutation.

Elle met en évidence des mutations caractéristiques suivantes :

-Mutation des gènes de l’épissage : SF3B1


-Mutation de la protéine p53 : gène suppresseur de tumeur.

Autres examens

 L’immunophénotypage : réalisé en cas d’excès de blastes. Il permet


d’étudier les blastes pour confirmer ou éliminer une LA.
 Les dosages vitaminiques B9 et B12, le métabolisme du fer, le bilan rénal
(créatinine), le bilan viral (HIV, Hépatite) : ces examens sont utiles pour
le diagnostic différentiel :

Au terme de ces examens morphologiques, cytogénétiques et moléculaires, il


convient de classer les SMD.

Deux classifications sont utilisées :

- FAB : 1976-1982

- OMS : 2001-2008 révisé en 2017 que nous allons voir

La classification OMS 2017 comprend 7 types cytologiques et moléculaires.


Elle tient compte des données :

 De l’hémogramme notamment du nombre de cytopénies et du % de


blastes circulants ;
 Du myélogramme notamment du nombre de cellules médullaires
altérés, du % de blastes médullaires, du % de sidéroblastes en
couronne ;
 Des anomalies cytogénétiques
 De la biologie moléculaire avec la mutation du gène SF3B1.

CLASSIFICATION SMD OMS 2017


TYPE DE SMD CYTOPENIE DYSPLASIE BLASTE BLASTE SIDEROBLASTES EN
SANG MO COURONNE

AVEC DYSPLASIE 1 1 1% 5%
UNILIGNEE ˂ 15%
AVEC DYSPLASIE 1-3 2 ou 3 1% 5%
˂ 5%+ SFB1
MULTILIGNEE
AVEC SIDEROBLASTE 1-3 1,2 ou 3 1% 5% ≥15%
EN COURONNE
≥ 5%+ SFB1

AVEC EXCES DE 0-3 1,2 ou 3 2-4% 6-9%


BLASTE -1
AVEC EXCES DE 0-3 1,2 ou 3 5-19% 10-19% VARIABLE
BLASTE -2
AVEC DEL 5Q ISOLEE 1-2 1,2 ou 3 1% 5%
INCLASSABLE SMD avec 1% de blastes sur au moins 3 prélèvements
Cytopénies réfractaires de l’enfant
1 ou plusieurs cytopénies mais absence de dysplasie

En resumé,

nous pouvons dire que le diagnostic des SMD est résolument


biologique.

Il sera évoquée devant :

- L’hémogramme qui met en évidence une ou plusieurs cytopénies


avec ou sans blastose sanguine

- Le myélogramme qui confirme le diagnostic en met en évidence une


moelle riche contrastant avec la ou les cytopénies+++. On retrouve
une dysmyelopoiese qui correspond à des anomales cytologiques
pouvant toucher le cytoplasme et les noyaux des 3 lignées. Il convient
de rechercher le % des sideroblastes en couronne et des blastes pour
pouvoir classer le SMD.

- La cytogénétique quant à elle met en évidence les anomalies


chromosomiques que sont la del 5q, del 20q, -7, +8.

- La biologie moléculaire permet de retrouver une mutation du gène


SF3B1.

Outre la forme typique du sujet agé, il existe d’autres présentations


de la maladie.

b) Formes cliniques

Le syndrome 5q- :

Ce syndrome est retrouvé surtout chez les femmes âgée d’environ 60


ans.

Du point de vue clinique, le syndrome anémique prédomine.

A la biologie, on retrouve une anémie macrocytaire arégénérative et le


nombre de plaquettes étant supérieure a 1000 G/L ; Le myélogramme
met en évidence des mégacaryocytes géants, monolobés et une
blastose médullaire.

Ce syndrome représente environ 5% des SMD.

Certaines pathologies imitent à s’y méprendre la LMC. Elles


seront éliminés dans le 2e chapitre celui du diagnostic différentiel.
II-2 DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL

Il se fait avec :

 Les carences vitaminiques : le myélogramme met en évidence une


moelle bleu avec des mégaloblastes. Le dosage de la vitamine B12 montre
une diminution de cette vitamine.
 Les traitements immunosuppresseurs (Imurel, Methotrexate) : qui
induisent des anomalies morphologiques des mégacaryocytes
 Les hepatopathies ou effets toxiques de l’alcool.

CONCLUSION

Groupe hétérogène d’hémopathies clonales caractérisées par des cytopénies à


moelle riche avec anomalies morphologiques des précurseurs myéloïdes et des
cellules sanguines.

Le diagnostic positif repose en grande partie sur les examens cyto-morp


hologiques (nécessitant un cytologiste bien formé). Le myélogramme restant
l’examen majeur permettant de confirmer le diagnostic, de classer les SMD et
d’effectuer les prélèvements pour la réalisation d’examens complémentaires.

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