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La Revue de médecine interne 36 (2015) 89–97

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www.sciencedirect.com

Mise au point

Amylose AL
AL amyloidosis
A. Jaccard a,∗,b , E. Desport a,c , D. Mohty a,d , F. Bridoux a,c
a
Centre national de référence de l’amylose AL et des autres maladies de dépôts d’immunoglobulines monoclonales, hôpital Dupuytren, CHU de Limoges, 2,
avenue Martin-Luther-King, 87042 Limoges cedex, France
b
Service d’hématologie et thérapie cellulaire, hôpital Dupuytren, CHU de Limoges, 2, avenue Martin-Luther-King, 87042 Limoges cedex, France
c
Service de néphrologie, hémodialyse et transplantation rénale, CHU de Poitiers, 2, rue de la Milétrie, 86021 Poitiers, France
d
Service de cardiologie, hôpital Dupuytren, CHU de Limoges, 2, avenue Martin-Luther-King, 87042 Limoges cedex, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : L’amylose AL appartient au groupe des maladies conformationnelles. C’est une maladie rare mais non
Disponible sur Internet le 5 septembre 2014 exceptionnelle, puisqu’on estime qu’il existe 500 nouveaux cas par an en France. Elle est liée à la précipi-
tation dans les tissus intercellulaires de chaînes légères monoclonales d’immunoglobuline sous forme de
Mots clés : fibrilles. Son diagnostic est histologique reposant sur l’analyse de la biopsie d’un organe atteint ou sur des
Amylose AL biopsies non invasives (graisse sous-cutanée, glandes salivaires accessoires, etc.) et la mise en évidence
Cardiopathie restrictive de dépôts amorphes colorés par le rouge Congo avec dichroïsme et biréfringence en lumière polarisée.
Syndrome néphrotique
La présentation clinique est extrêmement polymorphe en raison du grand nombre d’organes pouvant
Chaînes légères libres d’immunoglobulines
être le siège de dépôts. L’atteinte la plus fréquente est rénale touchant environ deux tiers des patients,
la plus grave est l’atteinte cardiaque responsable d’une cardiopathie restrictive. Le traitement repose sur
des chimiothérapies visant à faire disparaître le clone médullaire producteur de la chaîne légère mono-
clonale. Son efficacité doit être régulièrement évaluée par le dosage sérique des chaînes légères libres
d’immunoglobuline. Le traitement de référence actuel est l’association d’un alkylant et de fortes doses de
dexaméthasone, efficace chez deux tiers des patients. Les nouvelles molécules récemment apparues dans
le traitement du myélome sont actuellement testées et semblent augmenter de façon notable les taux de
réponse. Le pronostic est dépendant de l’importance des atteintes initiales, particulièrement cardiaque,
et très fortement influencé par la réponse hématologique au traitement. De nouveaux traitements visant
à éliminer les dépôts d’amylose sont en cours de développement.
© 2014 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS.
Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: AL amyloidosis belongs to the group of conformational diseases. It is the most common type of amy-
AL amyloidosis loidosis with an estimated 500 new cases per year in France. It is due to a small and usually indolent
Restrictive cardiomyopathy plasma cell clone which synthesizes an unstable, misfolded monoclonal immunoglobulin light chain that
Nephrotic syndrome is prone to aggregate and form amyloid fibrils. Non-invasive biopsy such as abdominal fat aspiration
Immunoglobulin free light chains
or minor salivary gland biopsy should be performed to confirm the diagnosis and if negative, involved
tissues have to be examined. Clinical presentation is very diverse, as AL amyloidosis can affect almost
any organ or tissue in the body, other than the brain. The kidney is the most frequent organ involved,
whereas heart disease characterized by restrictive cardiomyopathy is the most severe. Early diagnosis,
before advanced cardiomyopathy, is essential for improving outcome. The association of alkylating agent
and high-dose dexamethasone is effective in almost two-thirds of patients. Combinations of proteasome

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : Arnaud.Jaccard@chu-limoges.fr (A. Jaccard).

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.08.003
0248-8663/© 2014 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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inhibitors, dexamethasone, and alkylating agents achieve high response rates. Close monitoring of clonal
and organ response is mandatory to guide therapy changes and duration. New treatments designed to
eliminate amyloid deposits are under development.
© 2014 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS. All
rights reserved.

1. Définition faible tendance naturelle à la formation de fibrilles dans les amy-


loses AA secondaires à une maladie inflammatoire ou infectieuse
Les amyloses appartiennent au groupe des maladies conforma- chronique (protéine sérique amyloïde A : SAA), ou dans les amy-
tionnelles des protéines. Elles sont liées à la capacité de certaines loses à la ␤2-microglobuline des dialysés chroniques, la mutation
protéines d’acquérir une structure tertiaire instable et de polymé- ponctuelle du gène de certaines protéines les rendant amyloïdo-
riser sous forme de fibrilles d’amylose insolubles dans la substance gènes dans les amyloses héréditaires.
extracellulaire de différents tissus. Plus d’une vingtaine de pro-
téines peuvent être amyloïdogènes chez l’homme. Dans l’amylose 2. Épidémiologie
AL, c’est une chaîne légère monoclonale d’immunoglobuline qui
constitue le précurseur protéique des dépôts. Il n’y a pas d’étude française permettant d’avoir une idée pré-
Les conséquences de ces dépôts amyloïdes vont dépendre de cise de l’épidémiologie de l’amylose AL. On considère qu’elle est 5 à
leur dissémination et de leur abondance, avec parfois des formes 10 fois moins fréquente que le myélome multiple et, si l’on retient la
systémiques extrêmement sévères menaçant la vie du patient à même incidence qu’aux États-Unis (9 cas par million d’habitants et
brève échéance, notamment lorsqu’il existe une cardiopathie avan- par an) [1], on estime l’incidence annuelle aux alentours de 500 cas
cée, mais aussi des manifestations peu évolutives dans les amyloses en France. Les hommes sont un peu plus souvent atteints que les
localisées ou certaines amyloses héréditaires. femmes, l’âge moyen au diagnostic est de 65 ans et moins de 10 %
Les amyloses AL ne doivent pas être confondues avec des patients ont moins de 50 ans. L’amylose AL représente envi-
les autres types d’amyloses : AA, héréditaires, par dépôt de ron les deux tiers des amyloses diagnostiquées en France depuis
␤2-microglobuline ou séniles (Tableau 1). Les mécanismes respon- la baisse de l’incidence de l’amylose AA, grâce au meilleur traite-
sables de la formation de fibrilles sont alors : l’augmentation du ment des infections et des maladies inflammatoires chroniques. Il
temps d’exposition dans les amyloses séniles à la transthyrétine faut noter que le diagnostic d’amylose cardiaque sénile par dépôts
native, l’augmentation du taux sérique d’une protéine ayant une de transthyrétine native est porté avec une fréquence croissante
chez les hommes âgés, grâce aux progrès des techniques d’imagerie,
Tableau 1 échographie-doppler, IRM ou scintigraphie osseuse au technétium.
Principales formes d’amylose systémique en France.

Type Précurseur Atteintes (par Traitements 3. Étiologie et physiopathologie


protéique ordre de
fréquence)
L’amylose AL est une maladie liée au dépôt extracellulaire de
AL Chaîne légère Rein, cœur, Chimiothérapies,
chaînes légères libres (ou plus rarement de chaînes lourdes : amy-
d’immunoglobuline tube digestif, symptoma-
foie, nerfs, tiques, lose AH) d’immunoglobulines monoclonales produites par une
tissus mous transplantation population monoclonale de cellules B. Cette population est le plus
d’organes souvent plasmocytaire avec une infiltration médullaire faible, en
AA Protéine amyloïde Rein, tube Contrôle de la
moyenne de 7 % [2,3] mais environ 40 % des patients ont plus de
A digestif, foie, maladie
rate, cœur inflammatoire
10 % de plasmocytes sur la ponction médullaire et donc un dia-
(rare) ou infectieuse gnostic de myélome. L’évolution vers un myélome symptomatique
responsable est rare. L’hémopathie sous-jacente peut également être une mala-
A␤2M ␤2-microglobuline Articulations, Transplantation die de Waldenström ou un lymphome non hodgkinien B, l’isotype
os, canal rénale,
de l’immunoglobuline monoclonale étant alors souvent une IgM.
carpien, membrane de
macroglossie dialyse Malgré le caractère non évolutif de la prolifération plasmocytaire
perméable dans les amyloses AL, des anomalies caryotypiques sont retrou-
pour la ␤2- vées avec sensiblement la même fréquence que dans le myélome
microglobuline [4] avec cependant une fréquence moindre d’hyperdiploïdie. En
ATTR sénile Transthyrétine non Cœur, canal Symptomatique,
mutée carpien thé vert,
revanche, les translocations t(11;14) semblent plus communes,
doxycycline vraisemblablement parce qu’elles s’accompagnent en général de
ATTR héréditaire Transthyrétine Nerfs Transplantation l’excrétion de chaînes légères libres en excès [5], ce qui favorise la
mutée périphériques, hépatique formation des dépôts. Une majorité des patients avec une amy-
dysautonomie, (mutation Met
lose AL ont une immunoglobuline monoclonale détectable avec
cœur, vitré 30), sympto-
(dépendant de matique, un excès de chaînes légères libres monoclonales associé ou nom
la mutation diflunisal, à une immunoglobuline complète. Environ 5 % à 10 % des patients
responsable) tafamidis n’ont pas d’excès de chaînes légères libres et une minorité n’a pas
Afib Chaîne ␣ du Rein, foie Dialyse, de protéine monoclonale détectable quelle que soit la technique
fibrinogène transplantation
rénale ou
utilisée.
hépatique L’événement clé dans la survenue d’une amylose est le chan-
AApoA1 Apolipoprotéine A1 Rein, foie, Symptomatique, gement dans la structure secondaire ou tertiaire de la protéine
cœur, larynx, transplantation monoclonale responsable d’un repliement anormal de la chaîne
peau d’organe
légère formant des protofilaments de 2 à 5 nanomètres de diamètre,
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qui s’organisent en fibrilles constituées de faisceaux de 2 à Tableau 2


Score pronostique d’atteinte cardiaque.
6 protofilaments tressés ensemble à la façon d’un câble d’acier [6,7].
L’empilement perpendiculaire à l’axe du protofilament des feuillets Stades Valeurs de troponine T et de NT-proBNP
␤ de la chaîne légère permet la fixation des colorants comme le I Troponine T < 0,035 ␮g/L et NT-proBNP < 332 ng/L
rouge Congo ou la thioflavine T. II Troponine T > 0,035 ␮g/L ou NT-proBNP > 332 ng/L
La variation des lieux d’assemblage où se constituent les dépôts III Troponine T > 0,035 ␮g/L et NT-proBNP > 332 ng/L
est à l’origine de l’extrême diversité des présentations cliniques Avec le BNP : seuil à 100 ng/L ; avec la troponine ultra-sensible : seuil à 0,07 ␮g/L.
des amyloses. Le dysfonctionnement d’organe induit par l’amylose
est dépendant de l’effet mécanique des dépôts de fibrilles, indui-
sant notamment dans l’amylose cardiaque un épaississement et
une rigidité importante du myocarde, mais il existe aussi un effet progressive nécessitant le recours à la dialyse, en moyenne
toxique direct des chaînes légères ou d’oligomères de ces chaînes 13,8 mois après le diagnostic [14]. Au stade d’insuffisance rénale
sur certains tissus en particulier le myocarde. Une chimiothérapie terminale, les reins restent de taille souvent conservée [15] et le
induisant une réponse hématologique complète rapide (disparition syndrome néphrotique peut persister, conduisant parfois à un arrêt
de la protéine monoclonale) peut permettre une amélioration spec- thérapeutique de la diurèse par embolisation des artères rénales.
taculaire d’une atteinte cardiaque sévère [8] avec baisse rapide du Environ 60 % des patients ont une atteinte cardiaque au moment
NT-proBNP, marqueur d’atteinte cardiaque [9], alors que les dépôts du diagnostic, symptomatique chez la moitié. La cardiopathie
myocardiques persistent inchangés en échocardiographie. amyloïde est un facteur pronostique majeur. Les dépôts épais-
sissent les parois du myocarde conduisant à une cardiopathie
restrictive responsable d’une asthénie et d’une dyspnée progressi-
4. Quand suspecter une amylose AL ?
vement croissantes [16]. L’infiltration des faisceaux de conduction
peut entraîner des anomalies de la conduction, des troubles du
L’amylose AL systémique peut s’accompagner de manifesta-
rythme auriculaires et ventriculaires. Le diagnostic est parfois
tions cliniques très variées, puisque tous les organes peuvent être
difficile et souvent retardé. Les signes cliniques sont peu spé-
atteints à l’exception du système nerveux central. Les symptômes
cifiques : asthénie, dyspnée et œdèmes des membres inférieurs.
au diagnostic sont donc très divers et souvent peu spécifiques,
Les signes électrocardiographiques sont caractéristiques : micro-
expliquant le délai diagnostique parfois long : les plus fréquents
voltage (QRS < 0,5 cm) dans les dérivations périphériques et ondes
étant asthénie et dyspnée [1]. Des associations comme une insuf-
Q de pseudo-nécrose dans les dérivations précordiales (Fig. 2C),
fisance cardiaque et un syndrome néphrotique, une hypertrophie
d’autant plus évocateurs qu’ils sont associés à une cardioméga-
myocardiaque et un microvoltage sur l’ECG (Fig. 2), une polyneu-
lie. L’échographie montre un aspect brillant et granité du muscle
ropathie périphérique et une dysautonomie, une hépatomégalie
cardiaque, une hypertrophie pariétale concentrique notamment
(Fig. 1C) et une baisse du facteur X et certains signes ou symptômes
du septum interventriculaire (Fig. 2A) dont l’épaisseur > 15 mm
comme des hématomes palpébraux (Fig. 1D), une macroglossie
en diastole témoigne d’une atteinte cardiaque sévère associée à
(Fig. 1E), une agueusie responsable d’un amaigrissement doivent
une mortalité importante sans traitement (médiane de survie de
faire évoquer le diagnostic, d’autant plus qu’il existe une gam-
6 mois). Les autres signes évocateurs sont une dysfonction diasto-
mapathie monoclonale. Le pronostic étant bien meilleur si le
lique, une dilatation de l’oreillette gauche et une diminution de la
traitement intervient avant la survenue d’une atteinte cardiaque
déformabilité du cœur (strain longitudinal) relativement spécifique
symptomatique ou d’une insuffisance rénale, il est indispensable
qui ont une valeur pronostique importante [17]. L’IRM cardiaque
de faire le diagnostic le plus rapidement possible en étant très
est également une technique sensible pour le diagnostic précoce
attentif aux signes cliniques décrits ci-dessus et par la recherche
de l’atteinte cardiaque, car elle permet de mesurer précisément
systématique d’une albuminurie chez les patients porteurs d’une
l’épaisseur et la taille des différentes cavités cardiaques et l’aspect
gammapathie monoclonale. Il a été également proposé un dosage
de rehaussement tardif après injection de gadolinium est assez
du NT-proBNP dans toute exploration d’une gammapathie mono-
spécifique, (Fig. 2B). La scintigraphie au technétium peut aider à
clonale avec excès de chaînes légères libres [10].
différencier l’amylose cardiaque AL de l’amylose à transthyrétine
(à la fois mutée et native) du fait d’une fixation beaucoup plus
5. Description clinique importante dans cette dernière, permettant d’éviter une biopsie
myocardique [18]. Les marqueurs biologiques d’atteinte cardiaque
L’atteinte rénale, présente chez deux tiers des patients, s’associe permettent d’établir le score pronostique de la Mayo Clinic [19],
à une insuffisance rénale dès le diagnostic pour 20 à 45 % d’entre eux basé sur l’élévation des concentrations sériques de troponine T et
[11]. Si l’atteinte rénale n’est pas présente au diagnostic, il est rare du peptide natriurétique B (BNP) ou de la fraction N terminale de
qu’elle apparaisse au cours du suivi. Les dépôts amyloïdes sont le la pro-hormone (NT-proBNP), et définissant 3 stades (Tableau 2).
plus souvent glomérulaires, responsables d’une protéinurie consti- Un autre score prenant en compte la concentration sérique des
tuée majoritairement d’albumine, sans hématurie, conduisant à un chaînes légères libres monoclonales a été récemment proposé par
syndrome néphrotique et à une insuffisance rénale progressive. Il la même équipe [20]. Enfin, les dépôts amyloïdes intéressent par-
peut aussi exister une atteinte interstitielle ou vasculaire, rarement fois les artères coronaires de façon diffuse, se manifestant par des
isolées, et se traduisant alors par une insuffisance rénale nue. La symptômes d’insuffisance cardiaque sans hypertrophie.
biopsie rénale permet la mise en évidence et le typage des dépôts L’atteinte neurologique est présente chez environ 20 % des
dans plus de 80 % des cas [12] (Fig. 1F). Le diagnostic d’amylose patients. Il s’agit le plus souvent d’une polyneuropathie péri-
rénale, selon les critères de Gertz de 2005, repose sur la présence de phérique sensitivomotrice douloureuse longueur dépendante,
dépôts amyloïdes rénaux ou en l’absence de biopsie rénale, sur la touchant en premier la sensibilité thermo-algique, d’aggravation
preuve histologique de dépôts amyloïdes (biopsie d’un autre tissu) progressive ressemblant à la neuropathie diabétique. Plus rare-
associée à une protéinurie ≥ 0,5 g/j constituée principalement ment, elle se manifeste par une mononeuropathie. Le syndrome du
d’albumine [13]. Le suivi se fait par le bilan biologique : créati- canal carpien est fréquent. L’association à une neuropathie dysau-
ninémie, protidémie, albuminémie, protéinurie des 24 heures ou tonomique n’est pas rare, responsable de gastroparésie, de diarrhée
rapport protéinurie/créatininurie sur échantillon. Sans traitement, ou de constipation, d’impuissance et surtout d’une hypotension
l’atteinte rénale évolue vers une insuffisance rénale chronique orthostatique parfois extrêmement invalidante.
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Fig. 1. A. Pseudo-hypertrophie musculaire. B. Atteinte interstitielle pulmonaire. C. Hépatomégalie volumineuse. D. Hématomes périorbitaires. E. Macroglossie. F. Amylose
rénale glomérulaire, rouge Congo, biréfringence avec dichroïsme jaune-vert.

Souvent asymptomatique, l’atteinte du tractus gastro-intestinal monoclonale responsable est d’isotype IgM [23]. Les formes nodu-
est fréquente, mise en évidence sur plus de 80 % des prélèvements laires isolées correspondent le plus souvent à une amylose localisée.
biopsiques de muqueuse gastrique ou rectale. Cette atteinte peut L’atteinte cutanée est pléomorphe : du classique et très évoca-
être responsable de troubles de la motilité digestive (possible- teur hématome périorbitaire (Fig. 1D) à la présence de papules,
ment aggravés par une neuropathie autonome) associés à des nodules, plaques ou plus rarement de bulles sur la face et le tronc.
saignements occultes, plus rarement de malabsorption ou de L’atteinte articulaire est d’installation progressive et se traduit
complications aiguës, telles que perforations, hémorragies ou par une polyarthropathie bilatérale et symétrique des doigts, des
obstructions intestinales. poignets, des épaules et des genoux. L’infiltration des gaines ten-
L’infiltration de la muqueuse buccale se manifeste par une dineuses par les dépôts est responsable de l’aspect en « épaulette »
sécheresse buccale et une modification du goût pouvant aller et celle des ceintures musculaires se caractérise par une hypertro-
jusqu’à l’agueusie complète [21] entraînant une limitation de phie musculaire d’aspect « pseudo-athlétique » (souvent associée à
l’alimentation et un amaigrissement. La macroglossie, fortement la cardiopathie amyloïde) (Fig. 1A).
évocatrice d’amylose AL, n’est retrouvée que dans 15 % des cas et Enfin, l’amylose AL s’associe à un risque de complications
peut être également responsable de troubles de l’alimentation ou hémorragiques potentiellement graves secondaires à l’infiltration
d’obstruction des voies aériennes. vasculaire, à un déficit en facteur X (plus rarement V ou IX) ou
L’atteinte hépatique se manifestant par une hépatomégalie encore à une fibrinolyse accrue [11,24–26].
associée une élévation isolée des phosphatases alcalines sans insuf- Des critères de consensus d’atteintes d’organes ont été défi-
fisance hépatocellulaire est détectée au diagnostic chez 30 % des nis au congrès de Tours [13] et modifiés au congrès de
patients. Le fibroscan peut aider à son diagnostic [22]. À noter Rome [27].
l’existence d’une forme rare d’ictère cholestatique d’évolution très Il existe également des formes localisées d’amylose AL, liées
rapidement péjorative en l’absence de traitement efficace. au dépôt de chaînes légères monoclonales près de leur lieu de
L’atteinte splénique se manifeste lorsque les dépôts sont mas- synthèse par un clone de cellules lymphoïdes B. Dans la majorité
sifs, par des signes d’hyposplénisme, avec corps de Howell-Joly des cas, il n’existe pas de gammapathie monoclonale détectable.
sur le frottis sanguin et une hyperplaquettose révélant parfois le L’hémopathie responsable est le plus souvent un plasmocytome
diagnostic. extra-osseux ou un lymphome de bas grade localisé dont le dia-
L’atteinte pulmonaire est le plus souvent interstitielle (Fig. 1B) gnostic histologique est difficile du fait de la dispersion des cellules
et son expression clinique dépend de la localisation des dépôts. au sein des dépôts d’amylose. Ces dépôts localisés intéressent
Elle peut entraîner une insuffisance respiratoire rapidement pro- fréquemment la vessie et les voies urinaires, l’arbre trachéo-
gressive lorsqu’elle intéresse les bronchioles terminales et les bronchique, les poumons, le larynx, le globe oculaire ou la peau.
alvéoles. Elle semble plus fréquente lorsque l’immunoglobuline Ils relèvent d’un traitement local souvent efficace et ne constituent
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Fig. 2. Atteinte cardiaque. A. Échographie, hypertrophie des parois, dilatation oreillette gauche et épanchement péricardique. B. IRM, aspect de rehaussement tardif après
injection de gadolinium. C. ECG, microvoltage dans les dérivations périphériques et aspect de pseudo-nécrose en V1, V2.

pas en général une indication à une chimiothérapie systémique sérique/urinaire ou d’une population plasmocytaire médullaire
[28]. Certaines formes sévères, en particulier trachéo-bronchiques, clonale avec dosage des chaînes légères libres sériques anormal,
peuvent justifier d’une radiothérapie visant à éradiquer le clone absence d’histoire familiale d’amylose héréditaire. Cela doit rester
producteur de la chaîne légère monoclonale. exceptionnel et il est prudent de réaliser alors une recherche géné-
tique de mutation amyloïdogène des gènes codant pour la chaîne
6. Diagnostic histologique A␣ du fibrinogène, la transthyrétine, le lysozyme, l’apolipoprotéine
A1, l’apolipoprotéine A2, et la gelsoline si la présentation cli-
Le diagnostic des amyloses est uniquement histologique et nique est compatible avec ces différentes amyloses héréditaires
repose sur la mise en évidence de dépôts amorphes colorés par le (Tableau 1).
rouge Congo en microscopie optique et présentant un dichroïsme Les techniques d’identification de la nature des dépôts amy-
et une biréfringence jaune/vert en lumière polarisée (Fig. 1F), ou par loïdes par protéomique, actuellement en cours de développement,
l’observation en microscopie électronique de fibrilles amyloïdes devraient permettre à l’avenir d’identifier de façon précise le type
de 7 à 10 nm de diamètre, disposées en tout sens. En première d’amylose dans la majorité des cas [31].
intention, il convient de réaliser une biopsie non invasive : graisse
abdominale [29,30] ou glandes salivaires accessoires [3], complé- 7. Prise en charge
tée en cas d’échec par la biopsie d’un organe atteint (biopsie rénale,
hépatique, digestive, etc.). 7.1. Le traitement spécifique
Du fait de la difficulté de porter un diagnostic de certitude du
type d’amylose sur la présentation clinique, il est fondamental Le but du traitement est de réduire à un taux minimum la
de réaliser un typage des dépôts amyloïdes à l’aide des tech- protéine monoclonale responsable des dépôts grâce à des chi-
niques d’immunofluorescence directe ou d’immuno-histochimie miothérapies efficaces sur le clone qui synthétise la protéine
en utilisant un panel d’anticorps spécifiques (anticorps anti-chaînes amyloïdogène. Les dépôts d’amylose AL résultent d’un déséqui-
légères kappa et lambda, anticorps anti-SAA, anti-lysozyme, anti- libre entre leur formation et leur élimination par l’organisme. La
apolipoprotéine A1, et anti-transthyrétine). diminution ou l’arrêt de la production de la protéine amyloïdo-
En cas de non-identification de la nature des dépôts amy- gène grâce au traitement déplace l’équilibre vers l’élimination des
loïdes, le diagnostic de probabilité d’amylose AL est quelques fois dépôts permettant leur régression. Le degré de réduction de la pro-
porté sur un faisceau d’arguments : contexte clinique compatible téine monoclonale nécessaire pour entraîner une réduction des
avec une amylose AL, présence d’une gammapathie monoclonale dépôts d’amylose dépend à la fois de facteurs individuels et de
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Fig. 3. Attitude thérapeutique consensuelle pour le traitement de l’amylose AL en France.

l’organe atteint : la diminution des dépôts hépatiques sera souvent Lorsque l’hémopathie responsable est lympho-plasmocytaire
apparente cliniquement en 3 ou 4 mois, même si la réduction de la (le plus souvent la protéine monoclonale est alors une
protéine monoclonale n’est pas totale, alors que la régression d’une IgM), les traitements de la maladie de Waldenström :
hypertrophie du muscle cardiaque nécessitera plusieurs années. fludarabine–cyclophosphamide–rituximab, cyclophosphamide
Le traitement de l’amylose AL est donc celui de la proli- –dexaméthasone–rituximab ou bendamustine–rituximab sont
fération plasmocytaire, lympho-plasmocytaire ou lymphocytaire utilisés. Le traitement intensif par forte dose de melphalan puis
sous-jacente, responsable de la production de la protéine mono- autogreffe semble particulièrement efficace dans cette situation
clonale. Tous les traitements ayant démontré une efficacité dans [34].
le myélome (quand la prolifération est plasmocytaire) ou dans En l’absence de réponse hématologique, jugée sur le dosage des
les lymphomes et les leucémies lymphoïdes chroniques (quand la chaînes légères libres sériques (Tableau 3), le pronostic est rapide-
prolifération est plutôt lymphocytaire ou lympho-plasmocytaire) ment péjoratif et la modification du traitement doit être d’autant
peuvent être utilisés, en tenant compte de leur toxicité potentielle plus rapide que la maladie est sévère (cardiopathie amyloïde symp-
et des organes atteints. tomatique, insuffisance rénale rapidement progressive, atteinte
Si la protéine monoclonale est une IgG, une IgA ou une chaîne hépatique avec ictère, etc.). Les nouvelles molécules utilisées dans
légère seule, le protocole le plus utilisé est l’association melpha- le myélome, thalidomide, lénalidomide et surtout bortézomib,
lan 10 mg/m2 /j, 4 jours par mois et dexaméthasone 40 mg/j, 4 jours semblent efficaces chez ces patients réfractaires, permettant une
par mois (protocole M-Dex), pendant 6 à 12 mois, en adaptant les réponse chez la majorité des patients [35]. Utilisée en première
doses selon la fonction rénale et l’âge du patient. Cette associa- ligne, l’association M-Dex plus bortézomib a permis d’obtenir 94 %
tion est plus rapidement efficace que le traitement classique par de réponse hématologique dont 60 % de réponse complète dans une
melphalan et prednisone, permettant 60 % de réponse hématolo- étude de phase II rapportée à l’ASH 2009 [36]. Cette association
gique, dont 25 % de réponse complète et 50 % de réponse clinique
[3,32]. L’étude randomisée multicentrique française a montré une
efficacité comparable du protocole M-Dex par rapport à un trai-
tement intensif avec autogreffe, mais avec une toxicité moindre Tableau 3
résultant en une survie nettement accrue (56,9 vs 22,2 mois) [3]. Le Consensus sur les réponses hématologiques.
traitement intensif n’est donc plus proposé en première ligne en Réponse Critères
France. Il est encore utilisé aux États-Unis chez des patients jeunes hématologique
sans atteinte d’organe sévère : le protocole utilisé comprend alors Réponse complète (RC) Ratio des chaînes légères libres normal,
un recueil de cellules souches sous facteurs de croissance type G- immunofixation sérique et urinaire normales
CSF et une chimiothérapie par melphalan 100 à 200 mg/m2 suivant Très bonne réponse dFLC < 40 mg/L
la sévérité des différentes atteintes. Cette approche thérapeu- partielle (TBRP)
Réponse partielle (RP) Baisse de la dFLC > 50 %a
tique est responsable d’une mortalité liée à la procédure non
Non-réponse (NR) Baisse de la dFLC < 50 %
négligeable, pouvant être diminuée par une sélection précise des
dFLC : différence entre le taux de la chaîne légère monoclonale et celui de la chaîne
patients [33]. Elle est contre-indiquée en cas de cardiopathie amy-
légère polyclonale.
loïde sévère, d’hypotension artérielle (PAS < 90 mmHg), de syncope, a
Vrai avec les tests de dosage des chaînes légères libres Binding-Site, probable-
d’épanchements pleuraux récidivants ou d’atteinte disséminée. ment > 30 % avec les tests Siemens.
A. Jaccard et al. / La Revue de médecine interne 36 (2015) 89–97 95

MDex MDex+ Bortezomib


700

600

500

400

300

200
Kappa (mg/L)
100

0
10000

8000

6000

4000
NT-proBNP (ng/L)
2000

Fig. 4. Patiente de 50 ans avec atteinte cardiaque, non-réponse après 1 cycle de melphalan dexaméthasone (M-Dex), réponse complète après ajout de bortezomib, évolution
favorable avec baisse progressive du taux de NT-proBNP.

est actuellement comparée au M-Dex dans un protocole multicen- Chez les patients non répondeurs à ces associations, alkylants,
trique européen randomisé. inhibiteur du protéasome et dexaméthasone, les IMIDs associés à
La stratégie actuellement utilisée en France est adaptée ini- la dexaméthasone ou à un alkylant permettent d’obtenir 40 à 70 %
tialement en fonction de la gravité de l’atteinte cardiaque jugée de réponses qui peuvent être durables [39,40].
sur le score de la Mayo Clinic [19] et ensuite en fonction de la Malgré la lenteur d’élimination des dépôts, la réponse clinique
réponse hématologique (Fig. 3). Les patients de stade I (sans atteinte au traitement doit être régulièrement évaluée car elle condi-
cardiaque) et II (avec une atteinte cardiaque modérée) sont trai- tionne le pronostic à court (atteinte cardiaque symptomatique) et
tés initialement par M-Dex, le bortezomib étant ajouté chez les long terme (évolution de la fonction rénale). Le suivi du taux de
non répondeurs (baisse de la dFLC inférieure à 50 %) après 3 cures NT-proBNP chez les patients avec une atteinte cardiaque reflète
chez les patients de stade I, et après une cure chez les patients de l’évolution de l’atteinte cardiaque et est particulièrement intéres-
stade II (Fig. 4). Les patients avec une atteinte cardiaque sévère sant chez les patients en réponse partielle, dont le pronostic, si le
(stade III) sont traités d’emblée par une association de bortézomib, NT-proBNP baisse d’au moins 30 %, est identique à celui des patients
cyclophosphamide et dexaméthasone (VCD), protocole ayant mon- en réponse complète [27].
tré une efficacité spectaculaire dans 2 séries récentes [37,38], pour
essayer d’obtenir la réponse la plus complète et la plus rapide pos- 7.2. Le traitement symptomatique
sible. Le traitement vise, chez l’ensemble des patients, la meilleure
réponse hématologique possible avec au moins une très bonne En dehors du traitement spécifique de l’hémopathie, il est
réponse partielle (Tableau 3). Cette stratégie s’accompagne d’une nécessaire de prendre en charge les défaillances d’organes. Les
excellente survie chez les patients sans atteinte cardiaque trop traitements habituels de l’insuffisance cardiaque (inhibiteurs cal-
sévère (Fig. 5). ciques, ␤-bloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion) sont
peu utiles ou dangereux dans les cardiopathies amyloïdes. Les
digitaliques sont à utiliser avec prudence, uniquement en cas
d’arythmie rapide. Les médicaments utiles sont les diurétiques
de l’anse souvent à forte dose et l’amiodarone dans les troubles
du rythme ventriculaire. L’implantation d’un pacemaker peut être
utile lorsqu’il existe une bradycardie ou des troubles de conduc-
tion symptomatiques. Enfin, la transplantation cardiaque peut être
envisagée dans certains cas très spécifiques.
Le traitement par diurétique de l’anse est aussi utilisé lorsqu’il
existe un syndrome néphrotique. Le recours à l’épuration extraré-
nale peut être envisagé en cas d’insuffisance rénale terminale et
l’hémodialyse sera préférée à la dialyse péritonéale en présence
d’un syndrome néphrotique persistant sévère. La transplantation
rénale est envisageable et donne de bons résultats chez des patients
sélectionnés.
L’hypotension orthostatique secondaire à la neuropathie auto-
nome est responsable d’une morbidité importante et peu de
traitements efficaces sont disponibles. On peut proposer le port de
Fig. 5. Survie de 355 patients traités dans 28 centres français en fonction du stade bas de contention et un traitement par midodrine 2,5 mg × 3/j, à
de la Mayo Clinic. augmenter jusqu’à 10 mg × 3/j. La fludrocortisone peut être essayée
96 A. Jaccard et al. / La Revue de médecine interne 36 (2015) 89–97

mais elle est souvent mal tolérée car elle favorise la rétention B decrease simultaneously in association with improvement of survival. Blood
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hydro-sodée.
[10] Merlini G, Wechalekar AD, Palladini G. Systemic light chain amyloidosis: an
Lorsqu’une transplantation d’organe est discutée (cœur, foie, update for treating physicians. Blood 2013;121:5124–30.
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[14] Gertz MA, Kyle RA, O’Fallon WM. Dialysis support of patients with pri-
qui conditionnent le pronostic, même si un taux de plasmocytes mary systemic amyloidosis. A study of 211 patients. Arch Intern Med
médullaires supérieur à 10 % semble associé à une moins bonne 1992;152:2245–50.
survie [41]. L’amylose AL est une maladie grave, responsable de [15] Ekelund L. Radiological findings in renal amyloidosis. Am J Roentgenol
1977;129:851–3.
décès lorsque la prise en charge est tardive, alors que les nouveaux [16] Isabel C, Georgin-Lavialle S, Aouba A, Delarue R, Nochy D, Karras A, et al. [Cardiac
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[17] Mohty D, Pibarot P, Dumesnil JG, Darodes N, Lavergne D, Echahidi N, et al.
supérieure à 5 ans. Un diagnostic précoce est donc essentiel. Left atrial size is an independent predictor of overall survival in patients with
primary systemic amyloidosis. Arch Cardiovasc Dis 2011;104:611–8.
9. Questions non résolues, état de la recherche [18] Rapezzi C, Quarta CC, Guidalotti PL, Longhi S, Pettinato C, Leone O, et al. Use-
fulness and limitations of 99mTc-3,3- diphosphono-1,2-propanodicarboxylic
acid scintigraphy in the aetiological diagnosis of amyloidotic cardiomyopathy.
Malgré l’amélioration nette de la survie ces dernières années Eur J Nucl Med Mol Imaging 2011;38:470–8.
grâce aux nouvelles molécules, il n’existe à ce jour aucun traitement [19] Dispenzieri A, Gertz MA, Kyle RA, Lacy MQ, Burritt MF, Therneau TM, et al.
Serum cardiac troponins and N-terminal pro-brain natriuretic peptide: a sta-
permettant une élimination rapide des dépôts dans l’amylose AL. ging system for primary systemic amyloidosis. J Clin Oncol 2004;22:3751–7.
Les traitements efficaces utilisés actuellement agissent en rédui- [20] Kumar S, Dispenzieri A, Lacy MQ, Hayman SR, Buadi FK, Colby C, et al.
sant la production de la protéine amyloïdogène, permettant à Revised prognostic staging system for light chain amyloidosis incorporating
cardiac biomarkers and serum free light chain measurements. J Clin Oncol
l’organisme d’éliminer de façon lente les dépôts existants. Des 2012;30:989–95.
recherches sont en cours pour développer des stratégies permet- [21] Marinone MG, Marinone MG, Merlini G. Reduced taste perception in AL
tant d’accélérer le l’élimination des dépôts. Une molécule qui amyloidosis. A frequently unnoticed sensory impairment. Haematologica
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diminue la concentration sérique en substance P (SAP), visant à en [22] Loustaud-Ratti VR, Cypierre A, Rousseau A, Yagoubi F, Abraham J, Fauchais AL,
appauvrir les dépôts amyloïdes et donc à les rendre plus accessibles et al. Non-invasive detection of hepatic amyloidosis: FibroScan, a new tool.
à la protéolyse, a été essayée chez l’homme [42]. Son association à Amyloid 2011;18:19–24.
[23] Terrier B, Jaccard A, Harousseau JL, Delarue R, Tournilhac O, Hunault-Berger M,
des anticorps reconnaissant la SAP qui ciblent les dépôts d’amylose
et al. The clinical spectrum of IgM-related amyloidosis: a French nationwide
et permettent leur élimination en recrutant les cellules phagocy- retrospective study of 72 patients. Medicine 2008;87:99–109.
taires, semble extrêmement efficace chez la souris [43]. Des essais [24] Kyle RA, Bayrd ED. Amyloidosis: review of 236 cases. Medicine
de cette association chez l’homme ont récemment débuté. Un essai 1975;54:271–99.
[25] Sucker C, Hetzel GR, Grabensee B, Stockschlaeder M, Scharf RE. Amyloido-
basé sur un anticorps monoclonal reconnaissant un épitope confor- sis and bleeding: pathophysiology, diagnosis, and therapy. Am J Kidney Dis
mationel des fibrilles amyloïdes est également en cours [44]. 2006;47:947–55.
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[27] Palladini G, Dispenzieri A, Gertz MA, Kumar S, Wechalekar A, Hawkins PN, et al.
New criteria for response to treatment in immunoglobulin light chain amyloi-
AJ et FB déclarent des interventions rémunérées (Janssen, Cel-
dosis based on free light chain measurement and cardiac biomarkers: impact
gène), et une subvention pour la recherche (Celgène). D Mohty et E on survival outcomes. J Clin Oncol 2012;30:4541–9.
Desport n’ont pas de conflit d’intérêt à déclarer. [28] Tirzaman O, Wahner-Roedler DL, Malek RS, Sebo TJ, Li CY, Kyle RA. Primary
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