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I. GENERALITES
I-1 Epidémiologie
1 Fréquence
La drépanocytose est l’hémoglobinopathie la plus fréquente du monde. Selon
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 50 millions de patients sont porteurs d’une
hémoglobinopathie dont 50% de drépanocytose.
2 Mode de transmission
La drépanocytose se transmet essentiellement sous le mode autosomal récessif. Le
coefficient de risque majeur est fonction des phénotypes parentaux
3 Répartition géographique
La drépanocytose est une maladie qui frappe avec prédilection les sujets de race noire,
également des sujets d’ascendance noire.
On décrit des cas dans le bassin méditerranéen, en Inde et également en Asie. On note une
distribution variable selon les continents évoquant la notion de foyers originels et de foyers
secondaires.
a- Les foyers originels
Ces foyers ont toujours hébergé l’hémoglobine S et sont au nombre de trois :
L’Afrique noire On y rencontre les plus hautes fréquences au monde.
Différentes études ont montré une forte prévalence entre le 15 ème parallèle Nord et le 20ème
parallèle Sud constituant la "ceinture sicklémique" de LEHMANN. La fréquence dans
cette région reste supérieure à10%.
En Côte d’Ivoire on note une prévalence de 12% avec 25% chez les Koulango (NORD-
EST) et 2% chez les Krou à l’Ouest. Cette affection est presque absente chez les Gagou
(0,8%). Elle est présente chez les Malinkés (15,2%) et les Akans (8,8%).
En Afrique Occidentale sub-saharienne, la prévalence varie de 8 à 30% suivant les
groupes ethniques.
En Afrique Centrale, on note une prévalence variant entre 30 et 40 %.
Le sous-continent indien Des fréquences élevées se retrouvent dans un groupe
ethnique appelé Veddoïde (20 à 30 % de sujets hétérozygotes et 2 à 3 % de sujets
homozygotes).
La péninsule arabique L’Arabie Saoudite et le Yémen
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I-2 Pathogénie-Physiopathologie
1. Pathogénie
La drépanocytose est liée à une mutation génétique ponctuelle (le codon GAG est remplacé
par le codon GTG), responsable d’une substitution sur la chaîne β de la globine d’un acide
aminé, l’acide glutamique (GLU) par un autre acide aminé, la valine (VAL), en position 6 (β6
GLU→VAL). Le gène responsable de cette mutation est situé sur le bras court du
chromosome 11. Il s’agit du gène S (S comme sickle cell, en raison de la déformation en
faucille de l’hématie).
L’hémoglobine anormale (HbS) hydrophobe ne diffère de l’hémoglobine A hydrophile que
par un acide aminé en position 6 sur la chaîne bêta.
2. Physiopathologie
a. La gélification
c. Les conséquences
Les conséquences de la falciformation sont de deux types :
immédiates
- La vaso-occlusion
Elle est due à la perte d’élasticité des hématies déformées.
Ces drépanocytes vont obstruer la lumière vasculaire créant une. Elle s’accompagne
d’épiphénomènes inflammatoires qui justifient l’utilisation des anti-inflammatoires non
stéroïdiens dans la prise en charge de la crise vaso-occlusive drépanocytaire.
Lorsque l’ischémie dure ou se répète fréquemment, elle peut entraîner des complications à
type d’infarctus ou de nécrose.
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-L’hémolyse pathologique intra tissulaire
Les drépanocytes sont captés et détruits par le système réticulo-endothélial (SRE) ; ce qui
abouti à une anémie hémolytique chronique.
Ces deux grands syndromes (douloureux et anémique) constituent l’essentiel de la maladie
drépanocytaire.
Les conséquences à long terme
Ce sont les lésions de nécroses multiples avec des altérations tissulaires. Elles atteignent les
organes qui ont un courant circulatoire ralenti.
- Au niveau de l’œil : l’altération conduit au décollement de la rétine puis à la cécité
- Au niveau de la rate : c’est l’asplénie fonctionnelle avec altération de certaines
fonctions.
- Au niveau de l’os : on observe une nécrose aseptique des têtes fémorales et
humérales le plus souvent, car elles sont mal irriguées.
- Au niveau des poumons : ce sont des zones d’infarctus.
- Au niveau du rein : on observe des troubles de la concentration urinaire
(hyposthénurie) et une albuminurie microscopique relativement fréquente.
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s’accompagnent d’une tuméfaction douloureuse des parties molles du dos des mains,
des pieds et de fièvre.
Chez les enfants et les adolescents, la douleur est abdominale. Les douleurs sont
provoquées par des infarctus viscéraux (mésentère, rate, foie) et sont souvent
accompagnées de fièvre. Elles peuvent simuler un tableau d’abdomen chirurgical aigu.
Chez l’adulte, la douleur est ostéo-articulaire (au niveau des os longs, du thorax et du
bassin).
- les facteurs déclenchants :
On retrouve le plus souvent des facteurs déclenchants de la crise drépanocytaire. Ce sont
des circonstances susceptibles de la provoquer.
o Le froid, surtout le froid humide (saison des pluies)
o L’effort physique intense et prolongé
o Une hyperthermie quelle que soit la cause
o Une déshydratation
o Causes iatrogènes (anesthésiques généraux, diurétiques, vasoconstricteurs)
2 Diagnostic biologiques
A- Examens d’orientation
a- L’hémogramme : il met en évidence une anémie (6-8 g/dl) normo chrome normocytaire
avec un taux de réticulocytes élevé.
- Le frottis sanguin : les drépanocytes ou hématies falciformes sont visibles sur le frottis
sanguin. On y note une anisocytose, une poïkilocytose, une anisochromie et des
érythroblastes.
b- Les tests de falciformation : ces tests provoquent sous l’effet des facteurs déclenchants
(anoxie, acidose, etc.…) une falciformation qui est spécifique de l’hémoglobine S. on a :
Le test d’EMMEL :
C’est un test quantitatif qui permet de rechercher des drépanocytes sur une goutte de sang.
Les drépanocytes sont mis en évidence 10 à 15 minutes après adjonction de méta bisulfite de
sodium à 2%.
Cet examen ne différencie malheureusement pas les différentes formes de drépanocytoses et
est en pratique utilisé en enquête de masse.
Le test de SCRIVER et VAUGH est positif
Les drépanocytes sont observés ici sur un frottis coloré de May Gray Giemsa après ponction
au doigt. La ponction est effectuée sur un doigt ligaturé pendant 2 à 3 minutes afin de créer
l’hypoxie.
B- Examen de certitude : l’électrophorèse de l’hémoglobine
Il pose le diagnostic. Cet examen permet d’identifier les différents types d’hémoglobines à
partir de la migration en fonction de leur charge électrique. C’est un examen quantitatif qui
montre :
Hémoglobine A : absente.
Hémoglobine S : majoritaire ≥80.
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Hémoglobine F : parfois élevée (1 – 15 % voire 20%). Hémoglobine A2 : normale.
3. Les complications
-l’érythroblastopénie aigue transitoire : Elle réalise une anémie moins brutale que la
séquestration splénique. Cette érythroblastopénie est attribuée à l’action directe du parvovirus
B19 sur la lignée érythrocytaire. Elle est suspectée devant une asthénie avec pâleur intense
sans splénomégalie douloureuse. La biologie retrouve une hémoglobine inférieure à 4g/dl et
un taux bas de réticulocytes. Le traitement est uniquement transfusionnel. Au myélogramme,
on note l’absence d’érythroblaste.
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Les infections sont fréquentes de par la baisse de l’immunité. Elles atteignent divers organes
et sont le plus souvent d’origine bactérienne (Hémophilus influenzae, pneumocoque,
salmonelle).
Parmi les organes les plus touchés, on peut retenir les poumons qui sont le siège d’infections
multiples (pneumopathies, bronchopathies).
Les multiples lésions de nécrose aboutissent à une altération des tissus spléniques. Il s’en suit
un dysfonctionnement splénique appelé « asplénie fonctionnelle ». On assiste alors à une
diminution des principales substances produites au niveau de la rate ; On notera :
Une baisse du taux des immunoglobulines de type M (IgM).
Une diminution de la production de la tufsine (tétrapie favorisant la phagocytose) ; il
s’en suit un trouble de la phagocytose.
Une baisse du taux de la fraction C3 du complément et de la properdine.
Toutes ces perturbations aboutissent à des troubles de l’immunité humorale avec pour
conséquence une susceptibilité plus grande aux infections.
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Par contre, il y a une fréquence très accrue des complications ischémiques notamment
oculaire avec un décollement de la rétine et une nécrose de la tête fémorale.
La biologie est marquée par une absence d’anémie ou une anémie modérée hypochrome
microcytaire avec la présence de drépanocytes et de microcytes au frottis. L’électrophorèse
montre des fractions S et C pratiquement équivalentes. Le test de falciformation est positif.
Le début de la surveillance doit être précoce. L’âge de début de la prise en charge est fonction
du phénotype hémoglobinique. Le suivi médical débutera :
- à l’âge de 6 mois dans les formes anémiques (SSFA2, SFA2)
- et à l’âge de 5 ans dans les formes SC et SAFA2
Dans le souci de programmer une prise en charge précoce, certains centres préconisent, dès la
naissance, un diagnostic néonatal sur le de cordon.
1 Conduite initiale
Dès la découverte de la maladie, un dossier médical complet doit être ouvert et ceci sera le
début d’un suivi médical régulier à vie. Ce dossier comportera :
- Un examen clinique minutieux
- une enquête familiale dans le but d’effectuer un conseil génétique ultérieur.
- les examens paracliniques
o Hémogramme
o Groupes sanguins (ABO, Rhésus, Phénotypage)
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o Examens biochimiques de routine (bilirubine, transaminases, urée, glucose, créatinine,
cholestérol, triglycérides)
o Dosage de la G6PD
o Radiographie des poumons et du bassin
o Examen ophtalmologique (acuité visuelle, fond œil, angiographie)
o Exploration fonctionnelle respiratoire (EFR)
o Electrocardiogramme (ECG)
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Par la pénicillinothérapie preventive - Elle permet de prévenir les infections bactériennes
fréquentes et graves chez le drépanocytaire car le vaccin anti-pneumococcique ne couvre pas
tous les sérotypes du pneumocoque.
HYDROXYUREE
A suscité de grand espoir qu’il a fallu très rapidement tempérer après l’emploi à grande
échelle. Son action est de favoriser la synthèse de l’hémoglobine F qui est un facteur inhibant
la falciformation érythrocytaire. L’augmentation du taux d’hémoglobine F n’est, le plus
souvent pas significative pour induire un effet bénéfique probant ; De plus, la réponse
individuelle est variable selon les haplotypes.
Quel traitement doit être proposé en dehors des crises au cours des visites périodiques
systématiques ?
o Administration de l’acide folique selon l’hémogramme
o Prévention du paludisme en Afrique
o Prescription de vitamine E
o Vasodilatateur ou
o hydroxyurée
o Pénicillinothérapie
o Zinc
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Troisième étape : traiter la douleur par l’utilisation d’AINS :
Exemple : Kétoprofène (PROFENID 100 mg injectable)
- 1 à 2 ampoules × 2 / jour en IVD lente
- (Diluer le produit dans 5 ml de SGI)
- En perfusion rapide dans 100 ml de SGI × 2 / jour.
NB : En cas d’échec des AINS, on utilise la Buprénorphine TEMGESIC qui est un
analgésique majeur à la dose de 1 ampoule toutes les 8 heures en IM, IV ou SC. Il est
contre indiqué chez l’enfant de moins de 15 ans.
Quatrième étape : Rétablir les propriétés rhéologiques normales des globules rouges
par l’administration de vasodilatateurs en perfusion
Exemple : Pentoxifyline (TORENTAL) 100 mg injectable
- 1 à 2 ampoules en perfusion dans 200 à 250 ml de SGI 2 fois par jour.
Le traitement de la crise se fait en trois jours, en hospitalisation ou en hôpital du jour.
3 Pronostic
La drépanocytose est une maladie chronique. Sa gravité et son pronostic dépendent de la
bonne observance du traitement et des règles d’hygiène qui assurent aux patients une
qualité de vie normale avec une espérance de vie de plus de 50 ans.
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