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HEMOGLOBINOPATHIES
Cours d’hématologie en Licence 2 Sage-femme
Présenté le 10/01/2022
Par Dr LEDAGA

OBJECTIFS
1. Définir une hémoglobinopathie
2. Reconnaitre le tableau clinique d’une hémoglobinopathie
3. Planifier le prise en charge d’une crise vaso-occlusive
4. Citer les complications aiguës de la drépanocytose
5. Citer les complications chroniques de la drépanocytose

PLAN
I. GENERALITES
II. THALASSEMIES
1. Physiopathologie
2. α-thalassémies
3. Β-thalassémies
III. DREPANOCYTOSE
1. Epidémiologie
2. Physiopathologie
3. Diagnostic clinique
4. Diagnostic biologique
5. Les complications aiguës
6. Les complications chroniques
7. Traitement

I. GENERALITES
• L’hémoglobine = 4molécules de globines identiques 2 à 2.
- La sous unité α est toujours présente quel que soit le type d’Hb
- Chez le fœtus, l’Hb F γ2α2 est prédominante
- Chez l’adulte et l’enfant, l’Hb A β2α2 est prédominante.
• L’Hb A2 δ2α2 apparait après la naissance et reste minoritaire
• Ce sont les sous unités α et β qui joue un rôle fondamental.
- 2 copies du gène α sur chaque chromosome 16, soit 4 en tout
- 1copie du gène β sur chaque chromosome 11, soit 2 en tout

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• Une hémoglobinopathie: une pathologie liée à une anomalie qui touche la partie protéique
de l’Hb
• Affections héréditaires, maladies monogéniques les plus répandues
• Nombre de porteur hétérozygote: 7% de la population mondiale.
• Deux types d’hémoglobinopathies
 Anomalie de structure  anomalies fonctionnelles
 Défaut de synthèse partiel ou total  thalassémies.

II. THALASSEMIES
• Maladies génétiques les plus répandues du monde
• Selon la chaine de globine touchée, on distingue:
- les α-thalassémies
- les β- thalassémies
• Selon que le défaut de synthèse est total ou partiel, on différencie:
- expression d’un seul gène α sur le chromosome: α+ - thalassémies
- absence des deux gènes α sur le chromosome: α0-thalassémie

1. Physiopathologie
• Transmission autosomique récessive
• Anomalie de la synthèse de la globine responsable d’une microcytose.
• Tétramère alpha-4 ou bêta-4 formés en excès, est responsable d’une hémolyse
intramédullaire et périphérique.

2. α-thalassémies
• Essentiellement en Asie et dans le pourtour méditerranéen mais également en Afrique (les
formes mineures prédominent)
• La symptomatologie apparait déjà in utero.
• Il existe 4 formes cliniques selon le nombre de globine délétées ou mutées.
 4 gènes délétés ou mutés: anasarque de Bart:
• Les sous unités α sont remplacés par des sous unités γ chez le fœtus,
Hb Bart = γ4

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• Thalassémie non viable avec mort in utero ou périnatale et anasarque


foetoplacentaire
 3 gènes délétés ou mutés:
α-thalassémie majeur = hémoglobinose H
• Les sous unités α sont remplacées par des sous –unités β chez l’adulte
• Hb H= β4 à l’éléctrophorèse qui précipite pour former des corps de Heinz sur le
frottis sanguin.
• Anémie microcytaire hypochrome profonde peu ou arégénérative
Il existe une splénomégalie
 2 gènes délétés ou mutés:
α-thalassémie mineures ou trait thalassémique α.
• Electrophorèse de l’Hb quasi normale (faible diminution de l’Hb A2),
• Microcytose isolée sur l’hémogramme.
 1 gène délété ou muté: α-thalassémie silencieuse:
• Electrophorèse normale
• Microcytose modérée
• Absence de répercussion clinique.

3. β-thalassémies
• Dans le pourtour méditerranéen, au Moyen et Extrême-Orient.
• La symptomatologie apparait au bout de quelques mois après la naissance
• Il existe 2 formes cliniques, selon le nombre de globines β mutés ou délétés.
 2 gènes mutés ou délétés:
β-thalassémie homozygote ou majeure = anémie de Cooley
• Cliniquement
- syndrome anémique franc à partir de 3 mois
- Splénomégalie par hémolyse
- Hépatomégalie par érythropoïèse ectopique
• Biologiquement
- Anémie profonde microcytaire hypochrome arégénérative (ou peu
régénérative)
- Stigmates d’hémolyse
- Erythroblastose
- Absence totale d’Hb A à l’électrophorèse de l’Hb remplacée par Hb F.
 1 gène muté ou délété:
β-thalassémie hétérozygote ou mineure ou trait thalassémique β.
• Cliniquement asymptomatique
• Biologiquement:
- Anémie hypochrome microcytaire modérée
- Augmentation de l’hémoglobine A2 (>3,5%) à l’héléctrophorèse de l’Hb

4. Complications des thalassémies majeures


• Déglobulisation aiguë: notamment centrale après infection par le parvovirus B19.
• Déformations osseuses et troubles de la croissance staturo-pondérale par hyperplasie de la
moelle osseuse: crane « en poils de brosse », faciès mongoloïde…
• Hépato-splénomégalie résultant de l’hématopoïèse extra-médullaire et de l’hémolyse.
• Hémochromatose secondaire post-transfusionnelle systématique: atteinte cardiaque
endocrinienne (fonction gonadotrope et pancréatique) et cutanée.
• Lithiases pigmentaires dues à l’hémolyse chronique
• En l’absence de soutient transfusionnel ces formes évoluent vers le décès.

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5. Traitement des thalassémies majeures


• Soutient transfusionnel
• Il vise à maintenir un taux d’hémoglobine suffisant pour empêcher les complications
• Traitement chélateur du fer:
• Il vise à diminuer ou du moins à retarder les complications liées à l’hémochromatose
secondaire
• Ex:
 Déféroxamine (DESFERAL) en sous cutanée.
Déférosirox (EXJADE) par voie orale.

III. DREPANOCYTOSE

• Hémoglobinose S ou anémie falciforme.


• Anémie hémolytique corpusculaire chronique
• Déficit qualitatif de l’hémoglobine due au remplacement de la valine par la glutamine en
position 6 de la chaine β globine.
• Réticulocytes >100 000/mm3 – haptoglobuline abaissée
• Normocytose.

1. Epidémiologie
• Maladie héréditaire la plus fréquente.
• Touche également les hommes et les femmes
• Principalement
 les populations noires,
 pourtour méditerranéen,
 le moyen –orient.

2. Physiopathologie
• Se transmet sur un mode autosomique récessif.
• Elle est due à une mutation ponctuelle au niveau du gène de la globine β conduisant à la
substitution d’un résidu Glutamine en un résidu valine en position 6
• L’Hb => changement structurel  une polymérisation
• Déformation de GR en forme de faux : anémie falciforme
• Cette polymérisation  complications:
 Thrombotique: les GR anormaux sont peu déformables et s’agrègent au niveau des
petits capillaires
 Hémolytique: les hématies bloquées sont détruites par le système macrophagique.

3. Diagnostic clinique
• En l’absence de CVO: examen clinique pauvre, il retrouve:
• Une splénomégalie chez l’enfant (qui disparait plus souvent à l'âge adulte suite aux
multiples infarctus spléniques  asplénie fonctionnelle).
• Un subictère cutanéomuqueux lié à l’hémolyse chronique.

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• Syndrome anémique le plus souvent discret.


• La CVO: une crise de douloureuse intense ou modérée
• Les facteurs déclenchant des crises vaso-occlusives sont
• Modifications thermiques:
Chaud (fièvre, chaleur)
Froid (baignade, hiver)
 Infections
 Déshydratation
 Hypoxie (altitude, voyage en avion)

4. Diagnostic biologique
Hémogramme:
• Anémie normochrome, normocytaire régénérative à 7-9g/dl (parfois discrète
macrocytose en raison de l’hyperréticulocytose).
Frottis sanguin:
• Anisocytose, poikilocytose, polychromatophilie, présence de ponctuations
basophiles.
• Drépanocytes (hématies falciformes)
Hémolyse chronique
• LDH augmentés,
• Bilirubine libre augmentée,
• Haptoglobine effondrée.
Electrophorèse de l’hémoglobine
• La présence d’une HbS normalement absente chez un individu sain. HbS>50%
• Absence d’HbA normale. HbA=0%
• HbF anormalement élévée. HbF>5%.
• L’Electrophorèse de l’Hb doit être réalisée à distance des transfusions.

5. Complication aiguë
• Crises vaso-occlusives
• Douleurs souvent très intenses d’apparition brutale et pouvant toucher tous les territoires.
• Ostéo-articulaire le plus souvent (classiquement au niveau des extrémités chez
l’enfant « syndrome pieds-mains », lombalgies et torticolis à l’adolescence).
• Thoracique (syndrome thoracique aigu avec: fièvre, hypoxie et anomalies
radiologiques des bases, urgence thérapeutique)
• Abdominal (éliminer un infarctus splénique, cholécystite sur lithiase biliaire).

• Certains accidents vaso-occlusifs peuvent être graves.


• AVC le plus souvent ischémique (surveillance par le Doppler transuranien
pendant l’enfance)
• Infarctus pulmonaire avec insuffisance respiratoire.
• Ostéonécrose aseptique fémorale
• Occlusion de l’artère centrale de la rétine.
• Priapisme
• Déglobulisation aiguë
• D’origine périphérique, par hyper hémolyse ou par séquestration splénique
• D’origine centrale par érythroblastopenie liée au parvovirus B19.
• Infections
• Germes encapsulés notamment: pneumocoque, méningocoque,
Haemophilus influenzae
• Autres : staphylocoque, salmonelle, E. coli: ostéomyélite…

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6. Complications chroniques
• Résultent de multiple CVO et /ou de la répétition d’épisodes infectieux.
• Chez l’enfant:
 Retard staturo-pondéral,
 Retard pubertaire,
 Séquelles psychologiques.
• Chez l’adulte:
 Séquelles neurologiques (post AVC).
 Séquelles oculaires (rétinopathie proliférant avec risque d’hémorragie ou de
décollement rétinien),
 Séquelles cardio-pulmonaire (HTAP, cardiomyopathie dilatée)
 Séquelles pulmonaires (syndrome restrictif et obstructif)
 Séquelles néphrologiques (insuffisance rénale)
 Séquelles hépatobiliaires (sur lithiase),
 Autres (ulcères de jambes, impuissance, fausses couches…)

7. Traitement
• Traitement des CVO
• Critères d’hospitalisation
 Fièvre > 38,5°c
 Crise hyperalgique ou ne cédant pas après 24 heures de traitement ambulatoire.
 Complications graves (troubles neurologiques ou ophtalmologiques, priapisme)
 Syndrome anémique majeur,
 Syndrome thoracique aigu.
• Traitement hospitalier
 Traitement antalgique avec palier 3 si nécessaire
 Transfusion voire saignée-transfusion en absence d’amélioration.
 Antibiothérapie active notamment sur le pneumocoque si T°>38,5°c
 Traitement préventif
 Des crises vaso-occlusives:
• Eviction des facteurs déclenchants (bonne hydratation, éviter changement
brutaux de température et séjour en altitude).
• Traitement par hydroxyurée.
• Saignée transfusion
• Des infections
 Vaccins antipneumoccoque, méningococcique et haemophilus,
 Oracilline en continu chez l’enfant
 Des séquelles: surveillance annuelle par:
 Echographie cardiaque et abdominale
 Radiographies ostéo-articulaires
 FO
 Protéinurie
ERF Doppler transcranien chez l’enfant

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