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Anémies hémolytiques

par anomalies de
l’hémoglobine

Dr A. ADDA

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Les hémoglobinopathies correspondent aux anomalies génétiques qui touchent la partie protéique
de l’Hb.

Ce sont les affections héréditaires les plus répandues dans le monde : on estime à 7 % de la
population mondiale le nombre de sujets porteurs hétérozygotes .

Les anomalies de l’hémoglobine se répartissent en deux grands groupes :

-les anomalies de synthèse des chaînes de globine: ce sont les syndromes thalassémiques (α-
thalassémies dues à un déficit de synthèse des chaînes α, et les β thalassémies résultant d’un déficit
de synthèse des chaînes β)

-les anomalies de structure de la protéine

Les sujets hétérozygotes sont généralement asymptomatiques, mais les sujets homozygotes ou
hétérozygotes composites sont exposés à des complications sévères, voire mortelles.

La prévention des hémoglobinopathies passe par le dépistage des porteurs asymptomatiques.

Les thalassémies sont des maladies héréditaires (autosomales) de l’hémoglobine caractérisées par la
diminution ou l’absence de production de l’une des chaînes de globine normales (le plus souvent α
ou β).

Le déséquilibre du rapport entre la quantité de chaîne synthétisée normalement et la quantité de


chaîne déficitaire induit une érythropoïèse inefficace, responsable de la physiopathologie.

Il existe deux catégories majeures, en fonction du type de chaîne de globine atteinte :

les α thalassémies, dans lesquelles un ou plusieurs gènes de la globine α sont déficitaires,


s’observent plus fréquemment en Afrique et en Asie du sud-est .

les β thalassémies, dans lesquelles un ou deux gènes de la globine β sont déficitaires, sont
très fréquentes dans une large région qui englobe le Bassin méditerranéen, l’Afrique, le Moyen-
Orient, le Sud-Est asiatique et de nombreuses îles du Pacifique

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Les thalassémies constituent la maladie génétique la plus fréquente au monde, avec plus de 300
millions de porteurs.

La présence d’un gène thalassémique assure un certain degré de protection contre le paludisme, ce
qui explique cette large répartition.

Les signes cliniques sont en grande partie fonction du nombre de chaînes de globine mutées ou
déficientes, allant de l’affection inapparente (hétérozygote) jusqu’à des formes très sévères
d’anémie hémolytique microcytaire, dépendant de transfusions sanguines répétées (une partie des
homozygotes).

I. Physiopathologie
Aspects moléculaires:

Plus de 200 anomalies géniques sont connues, conséquence de nombreux mécanismes moléculaires
reliés essentiellement à des mutations (ou de courtes délétions ou insertions, limitées à quelques
nucléotides) et aboutissant :

• soit à une absence totale de production de la β globine

• soit à une perte importante de la capacité à produire la β globine

* thalassémie β hétérozygote: la mutation responsable d’un défaut de synthèse de chaîne β porte sur
un seul gène β

* thalassémie β homozygote: la mutation porte sur les deux gènes β

β⁰ thalassémie quand il y a absence totale de production de chaîne β

β+ thalassémie quand il existe une production résiduelle de chaîne β.

Conséquences sur l’érythropoïèse:

Les anomalies géniques induisent une diminution ou une absence de production de chaîne β, alors
que la production de chaînes α est normale, aboutissant à un excès et la formation de tétramères

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(α4) instables. Ces tétramères (α4) s’oxydent et précipitent dans le cytoplasme des érythroblastes et
induisent l’apoptose excessive des érythroblastes.

En outre des altérations membranaires des érythroblastes libèrent des lipides à effet procoagulant et
prothrombotique, et sont responsables d’une rigidité excessive des GR (éliminés plus rapidement du
sang périphérique).

Chez l’hétérozygote la diminution de synthèse d’Hb se traduit par la production d’hématies de taille
réduite (microcytose) et un peu hypochromes.

Chez l’homozygote l’érythropoïèse médullaire est inefficace, aboutissant à une amplification


compensatrice : hyperplasie érythroblastique et médullaire (1à 30 fois > à la normale) qui est
responsable des déformations squelettiques. L’anémie a un caractère central (hémolyse intra-
médullaire, érythropoïèse inefficace).

II. β thalassémie homozygote, majeure, ou maladie de Cooley

1. Aspects cliniques
Il n’y a pas d’anémie à la naissance, puisque l’HbF est le principal constituant à ce moment de la vie.
C’est au cours des premiers mois que le déficit de synthèse des chaînes β commence à s’exprimer

- pâleur cutanéo-muqueuse - subictère ou ictère - Hépatosplénomégalie

- Aspect particulier du faciès (mongoloïde) avec déformation mandibulaire et implantation des dents
anormale. L’hyperplasie médullaire entraîne un épaississement de la voûte du crâne, (aspect en poils
de brosse à l’imagerie.

- Infections à répétition, retard staturo-pondéral et pubertaire.

L’évolution est fatale dans les premières années de vie en l’absence de transfusions sanguines.

2. Hémogramme
- Anémie majeure (4 à 7 g/dl), microcytaire (60 – 70 fl) et hypochrome ; liée à une érythropoïèse
inefficace et une hyperhémolyse.

Réticulocytes en nombre normal .

- Sur frottis, microcytes, poïkilocytose avec annulocytes, leptocytes (= hématies aplaties, de grande
taille et très pâles), hématies cible, ponctuations basophiles, et érythroblastémie.

- Plaquettes : nombre normal ou discrètement augmenté, ou diminué (hypersplénisme).

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- Leucocytes : nombre normal (veiller aux érythroblastes qui peuvent perturber la numération
leucocytaire) ; parfois hyperleucocytose d’entraînement.

3. Myélogramme
Hyperplasie érythroblastique (60 à 90% d’érythroblastes) avec dysmorphies des érythroblastes
(présence d’une région claire dans le cytoplasme, correspondant à la chaîne α précipitée).

L’excès de chaîne α favorise l’apoptose des érythroblastes. Erythropoïèse inefficace.

Les histiocytes macrophages sont nombreux et surchargés en fer (moelle peu utile au diagnostic).

4. Biochimie
Sidérémie et ferritinémie élevées

Bilan d’hémolyse perturbé (bilirubine libre élevée, haptoglobine effondrée, LDH élevée)

5. Electrophorèse de l’hémoglobine
β0 thalassémie : HbF = 50 à 95 % (cette Hb a une affinité accrue pour l’O2)

Hb A2 = 3 à 7%

β+ thalassémie (et double hétérozygote) : Hb F = 50 à 80% Hb A= 5 à 45% Hb A2= 3 à 7%

6. Autres
- Résistance globulaire osmotique : augmentée.

- Recherche de corps de Heinz (coloration avec cristal violet) positive : précipitation de l’excès de
chaînes α normales dans les GR.

- Test de Kleihauer. Résistance de l’Hb F à la dénaturation acide ou alcaline : ici on retrouve une
répartition hétérogène de l’HbF dans les hématies.

6. Evolution et pronostic
- L’évolution naturelle est marquée par l’augmentation de l’hépatosplénomégalie, la survenue d’une
insuffisance cardiaque et l’importance de l’hémosidérose.

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- Traitement transfusionnel : pour ramener l’Hb à des valeurs subnormales (= 9-10 g/dl), pour réduire
l’hypersécrétion d’EPO et les conséquences de l’hyperplasie érythroblastique), associé au traitement
de l’hémosidérose (chélateur de fer de type desferrioxamine).

- L’allogreffe est possible avec un donneur familial, même si ce dernier est hétérozygote (greffe de
sang de cordon ou médullaire) : c’est la seule technique curatrice.

- Réactivation de la synthèse d’Hb F : avec l’azacytidine ou ses analogues, ou l’hydrea, ou la 5


fluorouracile. Mais effets carcinogènes. Encore au stade expérimental.

- Thérapie génique (recherche)

- Surveillance : carence vitaminique, réaliser un groupage et un phénotypage complet pour les


transfusions et penser à l’allo-immunisation rouge leucocytes et plaquettes.

- Le diagnostic anténatal est possible mais difficile.

III. β thalassémie intermédiaire


Forme clinique particulière.Correspond à un ensemble de situations génotypiques pour lesquelles il
n’y a pas de dépendance transfusionnelle :

- homozygotes ou hétérozygotes combinés pour des mutations de β thal modérée

- parfois : hétérozygotes avec 1 seul gène β anormal mais présentant une anémie

L’anémie est cliniquement découverte plus tardivement (vers 1-2 ans) que dans la β thal majeure.

Hémogramme : hémoglobine > 7.5 g/dl (jusque 11 – 12 g/dl)

Microcytose, hypochromie

thrombopénie et neutropénie d’hypersplénisme dans une partie des cas.

parfois des érythroblastes circulants.

La maladie est cliniquement hétérogène (anémie ± marquée), et le point commun est l’absence de
dépendance transfusionnelle.

On y retrouve les critères des β thal majeures (anomalies osseuses, splénomégalie), l’ictère, le risque
thromboembolique accru est encore augmenté après splénectomie. Mais la croissance staturo-
pondérale est normale.

IV. β thalassémie hétérozygote

1. Hémogramme
Anémie modérée ou absente : femme : Hb = 10-12 g/dl homme : Hb = 12-15 g/dl.

Avec microcytose (60-70fl), sans hypochromie (CCMH = 32 – 34 g/dl)

Parfois, il y a pseudo-polyglobulie (NR = 5.5 à 6.5 Téra/l).

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Sur frottis : microcytose, hypochromie, quelques cellules cibles, pas ou peu d’anisopoïkilocytose ;
parfois hématies ponctuées. parfois 1-2% d’érythroblastes.

Réticulocytes < 120 G/l

Leucocytes et plaquettes : nombre normal.

2. Electrophorèse de l’hémoglobine
Adulte : HbA2 (3,5 - 8 %) Hb F (1 à 2 %)

En cas de carence martiale associée (rare), il y a diminution de synthèse de toutes les chaînes, et le
profil électrophorétique peut redevenir transitoirement normal. A contrôler après correction du
déficit en fer.

Un conseil génétique en pays d’endémie peut être proposé : un taux d’Hb A2>3,5% et un
hémogramme avec microcytose suffisent à détecter un porteur hétérozygote de β thalassémie.

V. Formes apparentées aux β thalassémies


Hémoglobine Lepore

Ces Hb résultent d’un crossing over inégal aboutit aux chaînes de globines fusionnées ẟβ (Lepore) et
βẟ (anti-Lepore).

A l’électrophorèse a ph alcalin, l’hémoglobine Lepore migre près de l’hémoglobine S.

-Homozygote, absence d’Hb A et A2, présence d’Hb F (75%) et d’Hb Lepore.

-Hétérozygote: 10 et 20 % d’Hb Lepore et 2-5% d’Hb F.

Hémoglobinose S / β thalassémie

ẟβ thalassémies et ẟ thalassémies

Persistance héréditaire de l’hémoglobine fœtalePHHF.

I. Aspects moleculaires et physiopathologie


Les α-thalassémies s’expriment à travers une gamme de sévérité variable, directement fonction du
nombre de gènes défaillants. Chaque chromosome 16 portant deux gènes α (α1 et α2), il existe donc
quatre gènes α chez le sujet normal.

Au total, un, deux, trois ou même quatre gènes peuvent être non exprimés.

La non-expression d’un ou deux gènes α est cliniquement asymptomatique.

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La non-expression de trois gènes α définit l’hémoglobinose H, qui est une anémie hémolytique par
excès de chaînes β libres.

La non expression des quatre gènes α est létale, avec une anasarque foetoplacentaire dès la période
foetale, quand s’éteint l’expression des gènes embryonnaires.

II. Les 4 gènes a sont atteints : Hydrops foetal --/--


α° thal homozygote: aucun gène n’est fonctionnel (incompatible avec la vie extra-utérine)

Surtout en Asie du Sud est, où le gène « -- » est fréquent.

Le foetus ne peut produire ni Hb F ni Hb A.

Les chaînes β (ou ɣ chez le nouveau-né) sont en excès et s’associent en tétramères nommés HbH (4
chaînes β) ou Hb Bart’s (4 chaînes ɣ). Ces hemoglobines ne fixe pas l’O2, ce qui explique
l’incompatibilité avec la vie extra utérine.

tableau d’anasarque foeto-placentaire avec mort in utero ou très rapidement après la naissance
(hépatosplénomégalie, oedème généralisé, insuffisance cardiaque).

III. Hémoglobinose H : 3 gènes α atteints -α/--


La non-expression de trois gènes α se traduit par l’hémoglobinose H. Chez ces patients on estime que
la synthèse de chaînes α est diminuée de 40 - 80 %.

Les chaînes β (ou ɣ chez le nouveau-né) sont en excès et s’associent en tétramères nommés Hb H (4
chaînes β) ou Hb Bart’s (4 chaînes ɣ).

Ces hemoglobines sont incapables d’assurer l’oxygénation des tissus, ce sont des Hb non
fonctionnelles. De plus, elles sont instables et précipitent en corps de Heinz dès qu’elles sont
soumises à un stress oxydatif, ce qui est à l’origine d’une anémie hémolytique chronique.

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Fréquente en Asie du Sud est (gène « -- » fréquent), un peu moins au Moyen Orient et rare en
Afrique .

Clinique :

Anémie hémolytique dès la naissance, aggravée par les infections, la grossesse et l’exposition aux
agents oxydants

Splénomégalie constante, hépatomégalie moins nette. Ictère.

NB: Le traitement est rarement nécessaire, mais il faut surveiller le risque infectieux et l’utilisation de
médicaments oxydants qui peuvent amplifier l’anémie, et provoquer des crises hémolytiques.

La grossesse majore l’anémie.

Hémogramme :

Anémie moderee avec microcytose (55 – 65 fl) et hypochromie (28 – 31 g/dl)

Le nombre des réticulocytes est augmenté 100 – 200 G/L.

Sur frottis : hypochromie, cellules cibles, anisopoïkilocytose.

Recherche de corps de Heinz:

l’incubation des globules rouges une heure à 37°C dans le bleu de crésyl brillant montre des
précipités ponctués ayant parfois un aspect en balle de golf dans quelques GR ( = précipités
d’hémoglobine H (=β4) instable).

Electrophorèse de l’Hb :

Chez le nouveau-né, 10 à 30 % d’hémoglobine Bart’s ɣ4.

Chez l’adulte : 1 à 30% d’hémoglobine H β4.

Autres : Bilan d’hémolyse : LDH, bilirubine sont augmentés et l’haptoglobine est abaissée.

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IV. α thalassémie mineure ou de type1 --/αα ou -α/-α
Deux gènes α sont perdus : α⁰ thalassémie hétérozygote (--/αα),

ou α+ thalassémie homozygote (-α/-α) (hémogramme identique dans les 2 cas)

Chez ces patients on estime que la synthèse de chaînes α est diminuée de 20 – 25 %.

Clinique:

asymptomatique, souvent découverte à un hémogramme de routine.

Hémogramme :

microcytose sans anémie (ou diminution modérée) ;

Aspect de pseudopolyglobulie microcytaire hypochrome (idem thal β hétérozygote).

Sur frottis : microcytose, hypochromie, cellule cibles, pas ou peu d’anisopoïkilocytose.

Electrophorèse:

A la naissance jusqu’à 5 % d’hémoglobine Bart’s.

Normale chez l’adulte (quelquefois diminution de Hb A2< 2%, et hémoglobine F normale)

V. α thalassémie silencieuse ou de type2 -α/αα


Perte d’un seul gène α

Chez ces patients on estime que la synthèse de chaînes α est diminuée de 10 -15%.

Il s’agit de porteurs silencieux, totalement asymptomatiques sur le plan clinique.

hémogramme normal (parfois discrète microcytose).

Electrophorèse de l’hémoglobine normale chez l’adulte ; on peut mettre en évidence 1%


d’hémoglobine Bart’s à la naissance (utile pour le diagnostic de porteur silencieux).

C’est une anémie hémolytique corpusculaire constitutionnelle liée à une anomalie de structure de la
chaîne β (mutant de ch β) de la globine.

Maladie héréditaire très répandue dans le monde, principalement chez les sujets noirs d’Afrique
équatoriale, mais également dans le pourtour méditerranéen, le Moyen Orient, le continent indien et
les zones de migration de ces populations (exemple : noirs américains).

En Afrique, plus forte incidence de drépanocytose dans les régions impaludées avec P falciparum
(digère mal l’Hb S et ne peut poursuivre son cycle dans les GR contenant l’HbS).

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I.Physiopathologie
L'anomalie de l'Hb, appelée HbS, consiste en la substitution de l'acide glutamique (chargé
négativement) par une valine (AA neutre), au niveau du 6e AA du segment A de la chaîne bêta .

En milieu désoxygéné cette Hb anormale se polymérise et se colle à la mb du GR: altération de la


fonction membranaire avec augmentation de perméabilité aux ions, déshydratation, cristallisation de
l’HbS et déformation caractéristique irréversible du GR en faucille : le drépanocyte.

Ces GR sont rigides et ont une durée de vie courte, car éliminés rapidement (phagocytes
mononucléés). Peu déformables, ils provoquent une hyperviscosité sanguine et des complications
vaso-occlusives.

II. Clinique
Drépanocytose hétérozygote "trait drépanocytaire" AS

Cliniquement asymptomatique (quelques cas d'hypoxémie sévère, infarctus splénique, hématuries


macroscopiques, en particulier lors de vols dans des avions où la pression des cabines est réduite)

Drépanocytose homozygote SS

Les signes cliniques apparaissent quelques mois après la naissance, quand l’HbF est remplacée par
l’Hb S, ou parfois plus tardivement (vers 2-4 ans).

- OEdèmes des mains et des pieds chez le nourrisson

- Syndrome anémique d’importance variable (pâleur cutanéo-muqueuse)

- Splénomégalie fréquente, retard staturo pondéral modéré (parfois absent).

- Infections (pneumopathie, méningite, septicémie...) en particulier à pneumocoque liées à une


déficience splénique : on constate dans l’enfance une atrophie progressive de la rate qui aboutit à
une asplénie vers l’âge de 8-10 ans).

- La maladie est dominée par : * des complications aiguës = crises douloureuses fébriles (Ce sont des
accidents ischémiques, le plus souvent vaso-occlusifs), en relation avec divers facteurs favorisants
(déshydratation,diabète acidose décompensée, effort musculaire, hyperthermie, infection,
hypoxémie, trouble ventilatoire, asthme, apnée du sommeil, réveil post-anesthésie générale,
hypertension artérielle, grossesse, exposition au froid, tabac, alcool.

* des complications chroniques. A long terme les accidents


ischémiques aboutissent à des séquelles définitives et diverses altérations sont observables :

Cardiopulmonaires: HTAP, cardiomyopathie ischémique.

Rénales: atteinte tubulaire distale, goutte, glomérulosclérose, syndrome néphrotique

Endocriniennes et nutritionnelles: hypothyroïdie, retard de croissance et pubertaire

Neurologiques et sensorielles: cécité, surdité, déficits moteurs……..

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III. Diagnostic

1. Drépanocytose hétérozygote
Diagnostic réalisé surtout lors d'une enquête familiale

- Hémogramme : normal, et morphologie des GR normale.

- Test de falciformation (test d’EMMEL ou test au métabisulfite): mélanger entre lame et lamelle 1
gte de sang EDTA + 1 gte de solution réductrice de métabisulfite, qui consomme l’oxygène du milieu,
entraîne la cristallisation de l’Hb et la falciformation (après 10 minutes au moins une partie des GR
est drépanocytaire)

- Test de solubilité d'ITANO: l’HbS est seule à précipiter en milieu réducteur à forte concentration
saline. La turbidité de la solution est proportionnelle à la quantité d’Hb S.

- Electrophorèse de l’hémoglobine: en acétate de cellulose à pH alcalin ou citrate agar en pH acide,


ou isoelectrofocalisation (gradient de concentration, migration en fonction du point isoélectrique,
qui facilite l'identification des variants qui migrent au même niveau que l’HbS), ou HPLC
(Chromatographie liquide a haute performance).

Drépanocytose hétérozygote HbS = 30 à 45% HbA = 55 à 70%

2. Drépanocytose homozygote
-Hémogramme: anémie : Hb= 7 - 9 g/dl, normochrome (CCMH > 31%), normocytaire : VGM
normal, régénérative: réticulocytes 200 - 600 G/L

hyperleucocytose à PNN sans infection (15 à 20G/l)

Plaquettes : 300 – 500 G/L

- frottis sanguin périphérique: présence constante de quelques drépanocytes et de quelques corps


de Jolly (témoins de la faible fonctionnalité de la rate, dès 3 – 4 ans), hématies en cible,
anisopoikilocytose et érythroblastose.

-Test de solubilité d'ITANO: positif, atteste de la faible solubilité de l'HbS à l'état désoxygéné.

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-Electrophorèse de l’hémoglobine :

HbS = 80 – 95 % Absence d'HbA HbF = 1 à 10% HbA2 = 2 à 4%

NB: Il existe des formes hétérozygotes avec d’autres hémoglobines:

HbS et persistance héréditaire de l’Hb foetale.

Hémoglobinose S/β thalassémie.

Hémoglobinoses S/α thalassémie.

Hémoglobinose S/C.

IV. Traitement
* Prévention :

- vaccinations à jour (pneumocoque, haemophilus...)

- bonne hydratation -éviter fatigue, variation importante de température ou d'altitude

* En cas de crise drépanocytaire bénigne: repos au chaud + antalgique

* En cas de crise drépanocytaire plus importante: hospitalisation, repos, hyperhydratation,


antalgiques, traiter la cause déclenchante: infection,hypoxémie, stress.

Traiter la déglobulisation aiguë (concentrés érythrocytaires), les accidents vaso-occlusifs graves


(échanges transfusionnels), les complications chroniques.

* traitements basés sur l’induction de synthèse d’HbF: L’Hb F présente dans les GR, même à faible
concentration inhibe la cristallisation de l’HbS (Hydrea).

La greffe de moelle pour des cas très précis

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Hémoglobinose C
L’HbC est un mutant de la chaîne β où l’acide glutamique en position 6 est remplacé par une lysine.

S’observe essentiellement dans la race noire (Afrique de l’Ouest ; Ghana).

1. Hémoglobinose C hétérozygote (trait Hb AC)

Clinique: maladie inapparente

Hémogramme: Hémoglobine normale(12-15 g/dl)

Leucocytes et plaquettes = N

Réticulocytes = nombre normal

Electrophorèse de l’Hb : Hb C = 25 – 45 % Hb A2 = 1 – 4 %

les Hb C, E et A2 migrent au même niveau à pH alacalin (séparation possible par chromatographie)

2. Hémoglobinose C homozygote (Hb CC)

Clinique: splénomégalie modérée et lithiase biliaire fréquentse

Hémogramme: anémie modérée : hémoglobine 10-12 g/dl

Microcytose (65 – 70 fl)

Réticulocytes = 100 – 200 G/L

FSP: Hématies en cible = 50 – 90 %, avec quelquefois des sphérocytes .

Electrophorèse de l’Hb : Hb C > 90 % Hb A = absente Hb F = 3 – 8 %

Hémoglobinose D
Appelée également Hb Los Angeles ou Punjab. mutant de la chaîne β où l’acide glutamique en
position 121 est remplacé par une glutamine. Surtout retrouvée au nord de l’Inde.

Chez l’hétérozygote AD : Absence d’anomalies cliniques . presence nombreuses hématies en cible)

Seule l’électrophorèse de l’Hb est anormale: 25 -40 % d’HbD qui migre comme l’Hb S en milieu alcalin
(différence en milieu acide) pas d’anomalie du test de falciformation

Chez l’homozygote DD : Discrète splénomégalie. Parfois discrète anémie microcytaire (réticulocytes


= 100 – 200 G/L) .Nombreuses hématies en cible. Electrophorèse de l’Hb: > 95 % d’Hb D.

Hémoglobinose E
L’HbE est un mutant de la chaîne β où l’acide glutamique en position 26 est remplacé par une lysine.

C’est sans doute la plus fréquente des Hb anormales. Surtout : Asie du sud est (Thaïlande, Cambodge,
Laos ; jusqu’à 35% de la population est porteuse) : 30 à 50 millions d’individus porteurs.

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Microcytose sans anémie ou anémie très modére, avec nombreuses hématies en cible.

Hemoglobine E migre au niveau de l’A2.

Chez E heterozygote Hb E = 30 – 40 % HbA = 60 – 70 %

Chez E homozygote Hb E > 70 % Hb F = 20- 30%

HbO-Arab
L’HbO-Arab est un mutant de la chaîne β où l’acide glutamique en position 121 est remplacé par une
lysine.

On le retrouve en Europe orientale, mais également en Afrique et dans le Moyen-Orient.

Ce variant n’entraîne aucune anomalie chez les hétérozygotes et les homozygotes. C’est l’association
HbO-Arab/HbS qui est grave, puisqu’elle conduit à un syndrome drépanocytaire majeur avec anémie
hémolytique et crises vasoocclusives.

Il comigre avec les HbC et E lors de l’électrophorèse sur acétate de cellulose à pH alcalin, mais peut
facilement en être différencié par électrophorèse sur gel d’agar, en focalisation isoélectrique ou en
CLHP sur échangeur de cations.

Les techniques de biologie moléculaire sont essentiellement utilisées dans le cadre du conseil
génétique et du diagnostic anténatal. Elles sont destinées à identifier les couples à risque et à
mesurer le risque éventuel pour l’enfant.

Le diagnostic anténatal est possible par PCR. Le prélèvement de villosités chorioniques permet un
diagnostic anténatal à 10 – 12 semaines.

La stratégie la plus efficace par rapport à son coût pour réduire la fréquence des hémoglobinopathies
consiste à compléter la prise en charge par des programmes de prévention. Des tests sanguins fiables
et peu coûteux permettent de déterminer si un couple risque de donner naissance à des enfants
malades.

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