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Pertes de connaissance transitoires


I. Pelieu, G. Moubarak, N. Weiss

Les syncopes et les malaises font référence à des pertes de conscience transitoires, secondaires à une
hypoperfusion cérébrale globale. Elles représentent un problème de santé publique de par leur fréquence
et leur coût. Les malaises ne correspondent pas à une entité nosologique ; les dernières recommandations
de la Haute Autorité de santé portant sur les pertes de connaissance brèves proposent ainsi d’abandonner
ce terme. Il est classique de décrire trois causes de syncopes : les syncopes réflexes, les syncopes secon-
daires à une hypotension orthostatique et les syncopes d’origine cardiaque. En comparaison des syncopes
d’origine non cardiaque, les syncopes d’origine cardiaque sont associées à une plus forte mortalité. La
démarche diagnostique consiste non seulement à rechercher la cause de la syncope mais aussi à stratifier
le risque pour le patient à partir d’une évaluation clinique initiale incluant un électrocardiogramme 12
dérivations qui peut être complétée par des examens complémentaires en fonction de l’étiologie suspec-
tée. Les principaux objectifs d’un traitement des syncopes sont de limiter le nombre de récidives et surtout
de réduire le risque de mortalité. Le traitement initial de toutes les formes de syncope réflexe comprend
une éducation du patient pour lui permettre de reconnaître puis d’éviter les facteurs déclenchants. Les
traitements des syncopes d’origine cardiaque et du syndrome du sinus carotidien sont discutés puis ins-
taurés en milieu spécialisé. Dans cette mise au point sont traitées successivement les différentes étiologies
des syncopes avec un éclairage sur leur physiopathologie. Nous abordons ensuite la démarche diagnos-
tique à adopter face à une syncope, les examens complémentaires à réaliser puis nous terminons par les
traitements qui peuvent être proposés.
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Mots-clés : Syncope ; Syncope vasovagale ; Hypotension orthostatique ; Arythmie cardiaque ; Mort subite ;
Perte de conscience transitoire

Plan ■ Traitement 6
Traitement des syncopes réflexes 6
■ Introduction 1 Traitement des hypotensions orthostatiques 6
Traitement des syncopes d’origine cardiaque 6
■ Pertes de conscience transitoires 2 Indications d’hospitalisation 7
Physiopathologie 2
■ Évaluation du pronostic et risques liés aux syncopes 7
Syncopes 2
Crises convulsives 3 Mortalité 7
Accidents ischémiques transitoires 3 Récidives 7
Pertes de conscience apparentes 3 Conduite automobile et syncopes 7
Pièges diagnostiques 3 ■ Conclusion 7
■ Évaluation initiale 3
Interrogatoire 4
Examen clinique 4
Électrocardiogramme 12 dérivations 4  Introduction
■ Examens complémentaires 5
Les syncopes et les malaises font référence à des pertes de consci-
Examens biologiques 5
ence transitoires (PCT). Alors que le terme de syncope correspond
Échocardiographie transthoracique 5
à une entité nosologique particulière, i.e. PCT par hypoperfu-
Massage du sinus carotidien 5
sion cérébrale globale (cf. infra), le terme de malaise correspond
Test d’inclinaison ou « tilt test » 5
à une plainte alléguée par le patient, sans spécificité particulière.
Holter tensionnel 5
En effet, il regroupe des situations cliniques différentes et par-
Holter électrocardiographique 5
fois mal définies. La Haute Autorité de santé (HAS) et d’autres
Exploration électrophysiologique 6
sociétés savantes ont ainsi récemment proposé d’abandonner le

EMC - Traité de Médecine Akos 1


Volume 9 > n◦ 3 > juillet 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S1634-6939(14)52287-9
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terme malaise [1, 2] . Dans la suite de cette mise au point, nous uti- parasympathique, donc une tachycardie modeste. L’intensité de
lisons ainsi le terme de PCT dont les syncopes représentent une la réponse étant proportionnelle à celle de la modification ten-
des étiologies. sionnelle, une compensation parfaite et instantanée a lieu. Lors
Les PCT dues à une syncope sont extrêmement fréquentes d’un passage en orthostatisme, il existe une séquestration du
et constituent un problème de santé publique majeur dans la volume sanguin (500 ml–1000 ml) dans les membres inférieurs
mesure où elles aboutissent fréquemment au recours au sys- et dans la circulation splanchnique. Ceci provoque une diminu-
tème de soin. Alors que certaines syncopes correspondent à des tion du retour veineux au niveau du cœur et réduit le remplissage
affections bénignes, d’autres constituent les signes avant-coureurs ventriculaire, entraînant ainsi une diminution du DC et de la pres-
d’affections potentiellement mortelles. En effet, 40 % de la popu- sion artérielle. Ces changements hémodynamiques provoquent la
lation présenteront au cours de leur vie un épisode de syncope [3] . mise en jeu du baroréflexe. En cas de défaillance de ce système
De plus, l’incidence des syncopes croît avec l’âge [4] . La moitié d’adaptation, une hypotension orthostatique et une chute de la
des patients adultes ayant présenté une syncope va consulter un pression de perfusion cérébrale surviennent.
médecin, et la syncope représente 3 % des causes d’admission dans
les services d’accueil des urgences et 1 % des causes d’admission
dans les services hospitaliers [5] . À côté des syncopes dues à des
Syncopes
affections bénignes, syncopes vasovagales, qui ne sont pas asso- Définition
ciées à une augmentation du risque de décès après 8 ans de suivi,
risque relatif (RR) de 1,17 (intervalle de confiance à 95 % [IC 95 %] : Une syncope est définie comme une PCT secondaire à une
0,95–1,44), les syncopes de causes cardiaques sont associées à un hypoperfusion cérébrale globale, de résolution rapide (durée brève
risque accru de décès, RR à 2,4 (IC 95 % : 1,78–3,26) [4] . Distin- de 20–30 s), spontanée et complète.
guer les différentes causes de syncope est souvent difficile dans la
mesure où l’épisode a été bref, mal décrit et qu’aucun enregistre- Différentes causes de syncopes
ment électrocardiographique (ECG) au moment de l’épisode n’est Syncopes réflexes ou syncopes neuromédiées
disponible. Il est ainsi souvent nécessaire d’avoir recours à des exa- Elles associent une défaillance du système sympathique avec
mens complémentaires. Le coût moyen estimé en Europe pour le une vasoplégie et une activation parasympathique marquée par
bilan diagnostique d’une syncope s’élève ainsi à 693 euros [3] . une bradycardie provoquant ainsi une hypotension et une hypo-
Nous discutons dans cette mise au point successivement perfusion globale. Elles regroupent trois principaux types de
des PCT, de l’évaluation initiale d’une PCT, des examens syncopes : la syncope vasovagale, la syncope situationnelle et la
complémentaires à proposer, du pronostic et enfin des traite- syncope par hypersensibilité du sinus carotidien.
ments. Syncope vasovagale.
Les syncopes vasovagales sont déclenchées par une station
 Pertes de conscience debout prolongée, un exercice intense dans un environnement
chaud, par la peur ou une douleur intense [8] . Ce sont les formes
transitoires les plus fréquentes des causes réflexes.
Des prodromes peuvent précéder la syncope d’une trentaine de
Les PCT sont définies comme des pertes de connaissance brèves, secondes chez un tiers des patients. Ils comportent une sensa-
non dues à un traumatisme crânien. Ce groupe contient ainsi les tion de faiblesse, un trouble visuel, une sensation de chaud–froid,
syncopes, les crises convulsives et les accidents ischémiques tran- des étourdissements, des sueurs et peuvent être associés à une
sitoires (AIT) [6] . Les syncopes sont cependant de loin les causes les pâleur du visage, des bâillements et de l’anxiété. La perte de cons-
plus fréquentes de PCT. Le diagnostic différentiel des PCT se fait cience est habituellement brève (30 s–5 min). Des tremblements
avec les pertes de connaissance apparentes. ou secousses myocloniques peuvent être constatées, elles sont
en général peu amples, asynchrones, brèves (moins de 10 s) et
peuvent toucher les membres et le visage. Une perte d’urine est
Physiopathologie possible. L’épisode peut être suivi d’une période de fatigue associée
à des céphalées.
Il est classique d’attribuer la perte de conscience secondaire
Syncope situationnelle.
à une syncope à l’hypoperfusion cérébrale et en particulier à
La syncope situationnelle survient toujours dans une cir-
l’hypoperfusion de la substance réticulée activatrice ascendante
constance bien précise. Elle est déclenchée par une toux, un
du tronc cérébral [7] . Une absence totale de perfusion cérébrale
éternuement, une défécation, une miction ou la période postpran-
durant 6 à 8 secondes ou une chute de la pression artérielle systo-
diale.
lique (PAS) en dessous de 60 mmHg peuvent être suffisantes pour
Syncope du sinus carotidien.
entraîner une perte de conscience.
La syncope du sinus carotidien est rarement spontanée, elle est
La perfusion cérébrale est directement dépendante de la pres-
en général déclenchée par un massage carotidien qu’il soit inten-
sion artérielle, déterminée par le débit cardiaque (DC) et les
tionnel ou non, e.g. rasage chez l’homme [9] . Le plus souvent elle
résistances vasculaires périphériques. Ainsi, une chute du DC ou
n’est diagnostiquée que grâce au massage sinocarotidien.
des résistances vasculaires périphériques peut être associée à la
survenue d’une syncope. Au cours des syncopes, le DC peut être Syncopes dues à une hypotension orthostatique
altéré par une cause réflexe (e.g. bradycardie), une cause cardio- Une hypotension orthostatique est définie comme une réduc-
vasculaire (e.g. arythmie, une embolie pulmonaire), ou un retour tion de la PAS de 20 mmHg ou une réduction de la pression
veineux inadéquat (e.g. hypovolémie ou séquestration du réser- artérielle diastolique de 10 mmHg par rapport aux pressions arté-
voir sanguin). Le tonus vasculaire périphérique peut être altéré par rielles en décubitus survenant dans les 3 minutes suivant le
une activité réflexe inappropriée, causant vasodilatation et brady- passage en orthostatisme.
cardie, par un réflexe cardio-inhibiteur ou par des anomalies du L’incidence de l’hypotension orthostatique augmente avec
système nerveux autonome (SNA). l’âge. En effet, le vieillissement est associé à une altération
La stabilité de la pression artérielle est maintenue par des du SNA d’où une réduction de la réponse du baroréflexe, une
mécanismes régulateurs fins impliquant le SNA ; cela constitue diminution de la compliance cardiaque et une atténuation du
le baroréflexe. Des capteurs de distensibilité artérielle, nommés réflexe vestibulosympathique [9] . Le sujet âgé est par ailleurs
« mécanorécepteurs », sont localisés au niveau des glomi caroti- souvent consommateur de différents médicaments favorisant
diens et de l’aorte thoracique. La fréquence des stimuli émis par l’hypotension orthostatique (bêtabloquants, autres antihyperten-
ces capteurs renseigne les centres vasomoteurs du tronc cérébral seurs, L-Dopa).
sur l’état d’étirement précis de l’artère. En cas de baisse de la pres- Les symptômes caractéristiques de l’hypotension orthosta-
sion artérielle, la voie efférente du baroréflexe provoque d’une tique comportent un étourdissement puis des vertiges suivis
part une activation du système sympathique, donc une vasocons- d’une chute. Ces symptômes peuvent être absents et sont
triction, et d’autre part une désactivation modérée du système non spécifiques. Les étiologies d’hypotension orthostatique à

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Tableau 1. convulsives partielles complexes sont associées à une PCT. La pré-


Cardiopathies structurelles pouvant être responsables de syncope. sentation clinique est largement déterminée par la zone corticale
Cardiomyopathie dilatée, notamment si fraction d’éjection ventriculaire touchée par cette décharge. Une perte d’urine ou des morsures de
gauche < 40 % langue sont souvent décrites mais ces signes ne sont pas spéci-
Cardiopathie ischémique avec ou sans infarctus aigu du myocarde fiques.
Dysplasie ventriculaire droite arythmogène
Cardiomyopathie hypertrophique
Cardiopathie congénitale
Accidents ischémiques transitoires
Obstacle à l’éjection ventriculaire gauche (e.g. rétrécissement aortique Un AIT est défini comme un déficit neurologique transitoire (en
serré) général de moins de 1 h, et toujours < 24 h). L’imagerie cérébrale
Tumeur cardiaque ne retrouve pas d’anomalie. Alors que la plupart des AIT ne sont
Embolie pulmonaire pas associés à une perte de conscience, les AIT vertébrobasilaires
Tamponnade
peuvent être associés à une PCT. Contrairement à la syncope, les
Dissection aortique
pertes transitoires de conscience dans les AIT associent souvent
Thrombose de prothèse valvulaire
des signes de localisation orientant le diagnostic. Les signes cli-
niques les plus fréquents sont : une faiblesse des membres, une
envisager en premier lieu sont l’hypovolémie (hémorragie, diar- démarche ataxique, une paralysie oculomotrice et des troubles de
rhée, vomissements) et les causes médicamenteuses [9] . Plus la déglutition.
rarement, l’hypotension orthostatique est secondaire à des patho-
logies altérant le SNA. Ceci est le cas dans différentes pathologies Pertes de conscience apparentes
neurologiques centrales, e.g. atrophie multisystématisée, mala-
die de Parkinson, maladie des corps de Lewy, ou périphériques, Différentes situations cliniques peuvent être prises à tort
e.g. neuropathies héréditaires (anciennement syndrome de Riley- comme des PCT.
Day), neuropathies du diabète, neuropathies amyloïdes.
Syncopes d’origine cardiaque Cataplexie
Les syncopes d’origine cardiaque sont secondaires à des troubles La cataplexie correspond à une perte brutale du tonus muscu-
du rythme ou de la conduction cardiaque ou secondaires à des laire. Elle peut être déclenchée par des émotions ou s’intégrer
causes cardiopulmonaires structurelles [10] . Leur identification au dans un syndrome de Gélineau ou narcolepsie–cataplexie [6] .
sein des autres causes de syncopes est primordiale. En effet, dif- L’interrogatoire va permettre de redresser le diagnostic.
férentes études prospectives ont démontré une surmortalité des
patients ayant présenté une syncope d’origine cardiaque par rap- Pseudosyncope psychogène
port à ceux ayant présenté une syncope d’une autre origine, ceci
précocement après l’épisode de syncope, à un an, et jusqu’à huit Des troubles somatoformes, anciennement conversifs, peuvent
ans après l’épisode [4] . se présenter comme une syncope. Cette présentation est appe-
L’arythmie est la première cause de syncope d’origine car- lée pseudosyncope. L’examen clinique puis l’interrogatoire et le
diaque. Les bradycardies peuvent être dues à une dysfonction contexte avec la mise en évidence de bénéfices secondaires vont
du nœud sinusal (particulièrement le bloc sinoatrial complet), aider au diagnostic [1] . Les patients sont en général jeunes, avec
un trouble de conduction atrioventriculaire (particulièrement une faible prévalence de cardiopathie, et présentent de fréquentes
les blocs du deuxième degré Mobitz II et les blocs du troisième récidives. Les pseudosyncopes n’entraînent généralement pas de
degré). Ces bradycardies peuvent être favorisées par certains blessures et surviennent en présence d’un témoin. Cet état dure
traitements médicamenteux (notamment les bêtabloquants y souvent plus longtemps qu’une syncope et peut par conséquent
compris sous forme de collyre, les inhibiteurs calciques brady- ressembler à un coma. Plus rarement, les pseudosyncopes peuvent
cardisants et les antiarythmiques). Les tachycardies peuvent être correspondre à des simulations.
supraventriculaires ou ventriculaires et survenir sur cœur sain Il ne faut pas méconnaître la prise de certains médicaments
ou avec cardiopathie. La syncope survient souvent au démar- à visée psychiatrique qui peuvent provoquer une hypotension
rage de la tachycardie. Ces tachycardies peuvent elles aussi être orthostatique (phénothiazines, antidépresseurs tricycliques, inhi-
secondaires à des médicaments (torsade de pointes induites par biteurs de la monoamine-oxydase et neuroleptiques) et par
les médicaments allongeant l’intervalle QT [fluoroquinolones, conséquent une véritable syncope.
neuroleptiques, quinine, halofantrine, érythromycine, cisapride],
effet proarythmique des antiarythmiques de classe Ic). Enfin, chez « Drop attacks »
un patient porteur d’un stimulateur ou d’un défibrillateur, une Initialement décrit comme des chutes soudaines sur les genoux
dysfonction de l’appareil peut être la cause de la syncope. sans perte de connaissance, « syndrome des genoux bleus », le
Différentes pathologies cardiaques structurelles (Tableau 1) terme de drop attack a progressivement été utilisé dans différentes
peuvent, plus rarement, être responsables de syncopes [2] . Ainsi, circonstances entretenant une certaine confusion. L’utilisation de
les infarctus étendus du myocarde, les obstacles à l’éjection ce terme devrait donc être évitée.
ventriculaire gauche, e.g. rétrécissement aortique serré, la cardio-
myopathie hypertrophique, les obstacles au remplissage ventri-
culaire, e.g. tamponnade, embolie pulmonaire, myxome de Pièges diagnostiques
l’oreillette, sont responsables de syncopes. Dans ces conditions,
l’origine de la syncope est multifactorielle, comprenant l’impact Le diagnostic de syncope peut être manqué chez les personnes
hémodynamique lié à la lésion spécifique ainsi que des effets dont le motif de consultation est une chute. Chez les personnes
réflexes et d’éventuels troubles du rythme. L’analyse de l’ECG et âgées de plus de 65 ans, 30 % des pertes de connaissance se pré-
de l’échocardiographie apporte souvent des arguments utiles au sentent comme des chutes. Soixante-dix pour cent des pertes de
diagnostic. connaissance dans ce groupe d’âge se déroulent en l’absence de
La présence de palpitations précédant la syncope, le déclenche- témoin [6] .
ment de la syncope durant un effort sont évocateurs de l’origine
cardiaque de la syncope.
 Évaluation initiale
Crises convulsives
Une évaluation initiale rapide reposant sur un interrogatoire,
Les crises convulsives, causées par une décharge anormale un examen clinique avec une recherche d’hypotension orthosta-
hypersynchrone de l’activité neuronale, peuvent être respon- tique et l’analyse de l’ECG 12 dérivations est nécessaire. Celle-ci a
sables de PCT. Seules les crises convulsives généralisées et les crises pour objectifs de :

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Tableau 2.
Orientation diagnostique d’après les éléments anamnestiques.
Éléments anamnestiques Diagnostics évoqués
Antécédents personnels Cardiopathie sous-jacente Syncope d’origine cardiaque
Maladie de Parkinson Dysautonomie
Diabète Hypoglycémie, neuropathie végétative Ischémie myocardique
Traumatisme crânien Épilepsie séquellaire
Antécédents familiaux Mort subite Cardiomyopathie hypertrophique
Syndrome du QT long
Syndrome de Brugada
Traitements Antihypertenseurs, neuroleptiques Hypotension orthostatique
Cardiotropes bradycardisants Bradycardie
Traitement prolongeant l’espace QT Troubles du rythme ventriculaire
Facteur déclenchant Exercice physique Syncope vasovagale ou cause cardiaque
Palpitations Arythmie
Lumière intermittente Épilepsie
Changement de position Hypotension orthostatique
Existence de prodromes Non Cause cardiaque
Oui (nausées, sueurs, vertiges, sensation de chaleur) Syncope vasovagale
Description de l’épisode Douleur thoracique, dyspnée, palpitations Arythmie
Céphalée soudaine Hémorragie sous-arachnoïdienne
Déficit neurologique après l’épisode AIT/AVC ; épilepsie
Morsure de langue, mouvements anormaux Épilepsie
Somnolence, confusion Épilepsie
Résolution rapide Syncope

AVC : accident vasculaire cérébral ; AIT : accident ischémique transitoire.

• différencier les syncopes des autres PCT ; Tableau 3.


• au sein des syncopes, d’identifier les causes cardiaques poten- Anomalies électrocardiographiques évoquant une syncope d’origine car-
tiellement graves qui nécessitent des explorations urgentes ; diaque liée à un trouble du rythme ou de la conduction (adapté des
• d’identifier les causes « bénignes » de syncope qui ne néces- recommandations de l’European Society of Cardiology, 2009).
sitent pas d’explorations complémentaires. Il est ainsi possible Bloc bifasciculaire (BBG ou BBD associé à un HBAG ou HBPG)
de stratifier le risque de récidive pour chaque patient [11] .
Autres anomalies de la conduction intraventriculaire (durée du
QRS ≥ 0,12 s)
Interrogatoire BAV du 2e degré Mobitz 1, bradycardie sinusale asymptomatique
(< 50/min), bloc sinoauriculaire
Un interrogatoire simple et structuré en cinq champs a été pro-
Arrêt sinusal > 3 s en l’absence de médicaments chronotropes négatifs
posé :
• les circonstances de survenue précisent la position du patient Préexcitation des complexes QRS (aspect de Wolff-Parkinson-White)
lors de la PCT, son activité, les facteurs déclenchants au moment Intervalle QTc prolongé (> 440 ms chez les hommes et > 450 ms chez les
de la PCT ; femmes)
• les symptômes et les signes au moment de la syncope (nausées, Intervalle QTc court (< 330 ms chez les hommes et < 340 ms chez les
sueurs, palpitations, couleur de peau) sont recherchés ; femmes)
• la description de la perte de connaissance identifie la façon de Aspect de syndrome de Brugada (BBD avec sus-décalage en dôme du
tomber, la durée de PCT, la présence de mouvements anormaux, segment ST dans les dérivations V1 à V3)
d’une morsure de langue ; Ondes T négatives dans les dérivations précordiales droites et onde
• le retour à la conscience peut s’accompagner d’une confusion epsilon évoquant une dysplasie du ventricule droit arythmogène
postcritique, d’une douleur thoracique, d’une perte d’urine, de
Ondes Q évoquant une séquelle d’infarctus du myocarde
blessures ;
• les antécédents personnels et familiaux, en particulier car- BAV : bloc atrioventriculaire ; BBG : bloc de branche gauche ; BBD : bloc de
diaques (e.g. histoire familiale de syncope ou de mort subite, branche droit ; HBAG : hémibloc antérieur gauche ; HBPG : hémibloc postérieur
existence d’une cardiopathie hypertrophique) et neurologiques gauche ; QTc : espace QT corrigé.
(e.g. épilepsie, syndrome parkinsonien) sont recherchés, ainsi
que les prises médicamenteuses. L’existence et le nombre de
récidives sont des éléments importants à recueillir. La profes-
sion du patient peut intervenir dans la stratification du risque Électrocardiogramme 12 dérivations
(risque vital possible pour le patient et son entourage).
Tout premier épisode de syncope doit bénéficier d’un ECG
12 dérivations, même si cet ECG initial est rarement contributif. Il
Examen clinique peut être normal ou montrer des anomalies non spécifiques sans
rapport direct avec la syncope [1] . Certaines anomalies retrouvées
Guidé par les données de l’interrogatoire, il comporte la à l’ECG suggèrent fortement une syncope d’origine cardiaque. Les
mesure de la pression artérielle aux deux bras, la recherche anomalies ECG devant faire évoquer une syncope d’origine car-
d’une hypotension orthostatique, l’auscultation cardiaque et diaque secondaire à un trouble du rythme ou de la conduction,
l’auscultation des troncs supra-aortiques, la recherche de signes selon les recommandations de la Société européenne de cardiolo-
neurologiques focaux, la recherche d’un syndrome extrapyrami- gie [2] , sont données dans le Tableau 3.
dal et l’évaluation de l’hydratation [12] . Le Tableau 2 propose des Au terme de cette évaluation initiale, la cause est reconnue dans
éléments anamnestiques évocateurs des différentes causes de syn- 50 % des cas et fortement suspectée dans 15 à 20 % des cas [13] . Pour
copes. les 30 % restants, il s’agit d’une syncope inexpliquée [13] .

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Orientation d'un patient après un épisode syncopal

Signes d'alerte Syncope sans signes d'alerte Syncope prolongée


Diagnostic
Douleur thoracique, histoire Syncope à l'exercie, Confusion, signes
de syncope
familiale de mort subite, signes palpitations avant la neurologiques, morsure
vasovagale
d'IC, dyspnée, anomalies ECG syncope, HO de la langue

Recours immédiat à Exploration dans un Épisode non Pas d'autres


l'hospitalisation service spécialisé syncopal investigations

Évaluation
neuroloqique

Figure 1. Arbre décisionnel. Orientation d’un patient après un épisode syncopal, au terme de l’évaluation initiale. IC : insuffisance cardiaque ; ECG :
électrocardiogramme ; HO : hypotension orthostatique.

Lorsqu’au bout de cette démarche un diagnostic certain est éta- Massage du sinus carotidien
bli, aucune autre exploration n’est nécessaire. Lorsqu’au bout de
cette démarche un diagnostic est suspecté mais non établi, des Ce test est utilisé pour révéler une hypersensibilité du sinus
examens complémentaires plus spécifiques sont nécessaires. La carotidien chez les patients souffrant de syncope. Il est prati-
Figure 1 propose une démarche diagnostique selon les données qué en décubitus dorsal. La surveillance ECG et hémodynamique
de l’évaluation initiale. est effectuée de manière continue et non invasive. L’artère
D’autres facteurs interviennent dans l’indication de réalisa- carotide interne droite est massée fermement pendant cinq à
tion d’examens plus spécifiques : connaissance ou forte suspicion dix secondes à la partie antérieure du muscle sterno-cléido-
d’anomalie cardiaque structurelle, nombre et fréquence des syn- mastoïdien au niveau du cartilage cricoïde. La réponse au
copes, histoire familiale de syncope ou de mort subite, profession massage du sinus carotidien est classée comme cardio-inhibitrice
du patient [14] . (c’est-à-dire asystolie > 3 s), vasodépressive (chute de la pression
systolique > 50 mmHg) ou mixte. En l’absence de réponse, la
manœuvre est reproduite du côté opposé.
Les principales complications du massage du sinus carotidien
 Examens complémentaires sont neurologiques, elles surviennent lors d’un massage sur 1000.
Il est ainsi recommandé de ne pas pratiquer un massage carotidien
Lorsque l’évaluation initiale n’a pas permis de préciser la cause en cas d’antécédent d’AIT ou d’accident vasculaire cérébral dans
de la syncope, des examens complémentaires sont nécessaires. les 3 derniers mois ou en présence d’un souffle carotidien [16] .
Ceux-ci sont fonction de la présentation clinique. Les recomman-
dations récentes de la Société européenne de cardiologie détaillent
les indications et les résultats attendus de ces différents exa- Test d’inclinaison ou « tilt test »
mens [2] .
Malgré la réalisation de ces examens, l’étiologie d’un certain Cet autre test dynamique est proposé chez les patients ayant
nombre de syncopes ne peut finalement être déterminée. Il est des symptômes atypiques, récurrents, dans les situations à haut
souvent utile de le préciser au patient avant de débuter ces explo- risque professionnel et quand une cause cardiaque a été exclue [2] .
rations. Les modalités du test d’inclinaison (l’angle d’inclinaison, la
durée d’inclinaison et l’utilisation de différents médicaments
facilitateurs) varient en fonction des protocoles. D’une manière
générale, les patients se trouvent en position couchée sur le dos
Examens biologiques 5 minutes avant l’inclinaison, 20 à 45 minutes en cas de pose
Un bilan biologique (hémogramme, créatininémie, iono- de voie veineuse. La pression artérielle est contrôlée par une
gramme, glycémie, troponine, recherche de toxiques) bien que méthode non invasive. L’orthostatisme est obtenu en 10 secondes.
souvent réalisé n’est qu’exceptionnellement indiqué pour préciser Les réponses positives au test d’inclinaison sont classées en quatre
l’origine d’une syncope. En effet, le rendement du dosage systéma- catégories (pour plus de détails se référer aux recommandations
tique des marqueurs de nécrose myocardique devant des adultes de l’HAS) [1] . Il est important de noter que la répétition du tilt test
se présentant dans un service d’accueil des urgences pour syncope n’a aucun intérêt dans la surveillance de l’efficacité du traitement.
est médiocre pour le diagnostic d’infarctus [15] .
Holter tensionnel
Échocardiographie transthoracique Certaines équipes proposent, après le diagnostic d’hypotension
orthostatique sévère et mal contrôlée par des mesures simples, un
Devant la suspicion d’une cardiopathie sous-jacente, par
enregistrement de la pression artérielle en ambulatoire ou Hol-
les antécédents, l’interrogatoire ou les anomalies à l’ECG,
ter tensionnel. Cela permet d’identifier les circonstances où la
l’échocardiographie transthoracique (ETT) est un examen indis-
fluctuation de la pression artérielle est la plus forte
pensable. Elle permet le diagnostic des valvulopathies, des
cardiomyopathies (ischémiques, dilatées ou hypertrophiques)
ou des tumeurs d’origine cardiaque (Tableau 1). La découverte Holter électrocardiographique
d’anomalies à l’ETT rend la cause cardiaque hautement pro-
bable. Cet examen permet par ailleurs d’obtenir des informations Le Holter ECG est proposé pour diagnostiquer les bradycardies
pronostiques sur la cardiopathie (notamment l’évaluation de la et tachycardies intermittentes. Il s’agit du meilleur examen pour
fraction d’éjection ventriculaire gauche). diagnostiquer une dysfonction sinusale. Sa réalisation est donc

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indiquée surtout en cas de suspicion de syncope rythmique et de Traitement des hypotensions orthostatiques
palpitations précédant la syncope [2] . L’imputabilité d’une aryth-
mie dans l’origine de la syncope est démontrée lorsqu’est mise en Dans le cadre des hypotensions orthostatiques, il est important
évidence la survenue d’un trouble du rythme de manière conco- d’éduquer les patients afin de leur permettre d’éviter les facteurs
mitante aux symptômes. En pratique, cependant, le Holter de aggravants comme l’alimentation riche en glucides ou le lever
24 heures a un faible rendement diagnostique du fait de la faible trop rapide. Lorsque l’hypotension orthostatique est secondaire à
probabilité de survenue d’un épisode durant la période de sur- un traitement médicamenteux, la modification de posologie de
veillance [17] . Ainsi, un Holter normal n’élimine pas une syncope celui-ci, voire son arrêt doit être discuté. Si cela est impossible,
secondaire à un trouble du rythme. il est possible de traiter médicalement l’hypotension orthosta-
Cette limite peut être résolue par une durée d’enregistrement tique. Dans les hypotensions orthostatiques secondaires à une
plus étendue (enregistreurs externes d’événements jusqu’à 30 j), maladie neurologique ou à une prise médicamenteuse ne pou-
voire par l’utilisation d’un enregistreur implantable permettant vant être arrêtée, un traitement par fludrocortisone à faible dose
un enregistrement ECG continu pendant 36 mois au maximum. est classique. Le port de bas de contention pourrait être utile [21] .
Cet appareil est placé sous la peau après une petite interven- Certaines équipes proposent l’expansion chronique du volume
tion chirurgicale sous anesthésie locale. Bien que peu utilisé en intravasculaire en encourageant une prise de sel de 8 g/j [21] . Cette
France, il est indiqué chez les patients présentant des syncopes attitude pourrait être délétère en cas de cardiopathie sous-jacente
récidivantes inexpliquées ou même après une première syncope ignorée, notamment chez le sujet âgé. En cas d’hypovolémie, il
inexpliquée chez les patients à haut risque [1] . est cependant important de restaurer un volume extracellulaire
Chez le patient porteur d’un pacemaker ou d’un défibrillateur, normal.
l’interrogation de l’appareil permet de détecter un dysfonctionne-
ment éventuel (notamment défaut de stimulation chez un patient Traitement des syncopes d’origine cardiaque
sans rythme d’échappement spontané) et de recueillir les épisodes
d’arythmies stockés par les mémoires de l’appareil [18] . Le traitement des syncopes d’origine cardiaque est avant tout
dicté par la cause sous-jacente.
Exploration électrophysiologique Cependant, avant d’envisager un traitement spécifique, il est
indispensable de rechercher une prise de médicament pouvant
L’exploration électrophysiologique est un examen invasif per- entraîner ou aggraver un trouble du rythme.
mettant de mesurer les délais de conduction de l’activité électrique Trois troubles du rythme principaux sont abordés pour envi-
intracardiaque. Elle permet de préciser le niveau du ralentisse- sager le traitement des arythmies cardiaques : la dysfonction
ment, voire du bloc de la conduction, qui est d’autant plus sinusale, l’atteinte du système de conduction auriculoventri-
pathologique qu’il est bas situé (intra- ou infrahissien). Ses indi- culaire et les tachycardies paroxystiques supraventriculaires et
cations relèvent d’un avis rythmologique spécialisé. En tout cas, ventriculaires.
elle n’est pas recommandée chez les patients ayant un ECG nor-
mal, une absence de cardiopathie et n’ayant pas présenté de Traitement de la dysfonction sinusale
palpitations. Dans certains cas, elle est couplée à une stimulation Vérifier l’arrêt des traitements bradycardisants est un élément
ventriculaire programmée dont le but est d’évaluer l’inductibilité important du traitement de la dysfonction sinusale pour prévenir
de tachycardies ventriculaires. les récidives. Une stimulation cardiaque définitive est proposée
Un avis neurologique spécialisé et une imagerie cérébrale chez les patients souffrant d’une dysfonction sinusale responsable
(tomodensitométrie ou une imagerie par résonance magnétique des épisodes syncopaux [2] .
[IRM]) ne sont demandés qu’en cas de suspicion d’atteinte neuro-
logique. Traitement des blocs auriculoventriculaires
La stimulation cardiaque est indiquée dans le traitement de
 Traitement la syncope avec bloc auriculoventriculaire du deuxième ou troi-
sième degré ou lorsque l’exploration électrophysiologique révèle
La prévention de la récidive de la syncope dépend avant tout un allongement pathologique de la conduction infranodale.
de son étiologie. Ainsi, alors que la fréquence des syncopes
réflexes est facilement diminuée grâce à des mesures préven- Traitement des tachycardies paroxystiques
tives simples, les syncopes dues à une hypotension orthostatique supraventriculaires et ventriculaires
peuvent répondre à certaines thérapeutiques médicamenteuses,
Les tachycardies supraventriculaires paroxystiques sympto-
les syncopes d’origine cardiaque nécessitent souvent une prise en
matiques peuvent, à l’heure actuelle, être traitées par des
charge étiologique.
antiarythmiques ou par une ablation par radiofréquence. Les
La rapidité de mise en route du traitement dépend de l’étiologie
tachycardies supraventriculaires sont cependant moins fré-
de la syncope. Les syncopes d’origine cardiaque sur troubles du
quemment en cause dans les syncopes que les tachycardies
rythme ou de la conduction nécessitent parfois la mise en place
ventriculaires. Pour ces dernières, l’ablation est utilisée en pre-
urgente d’un stimulateur cardiaque. Les conséquences des syn-
mière intention en cas de tachycardies ventriculaires sur cœur
copes sur la profession, les activités de la vie courante et la
sain. Le plus souvent cependant, ces tachycardies ventriculaires
conduite automobile sont à prendre en compte [1, 19] .
surviennent sur un cœur pathologique et le défibrillateur auto-
matique implantable constitue alors le traitement de première
Traitement des syncopes réflexes intention car il offre une meilleure protection que les antiaryth-
miques [22] . Le bilan d’une syncope est également l’occasion de
Le traitement initial de toutes les formes de syncope réflexe faire le point sur la prise en charge de la cardiopathie sous-jacente,
comprend des conseils afin d’éviter les facteurs déclenchants, pouvant aboutir à proposer un défibrillateur même en l’absence
de reconnaître les signes annonciateurs et d’apprendre les de troubles du rythme ventriculaire.
manœuvres pour interrompre l’épisode (recours à la position Les traitements allongeant l’espace QT sont à interrompre
couchée par exemple). Ce traitement préemptif est le seul dont lorsqu’ils causent des torsades de pointes entraînant des syncopes.
l’efficacité a été établie pour les syncopes vasovagales et situation- Des listes des traitements allongeant le QT sont disponibles.
nelles [2] . Dans le cadre des syncopes vasovagales et situationnelles,
il est souvent utile de rassurer les patients sur la nature bénigne
de la maladie.
Traitement des cardiopathies structurelles
Le traitement du syndrome du sinus carotidien est dicté par les Le traitement des syncopes déclenchées par une cardiopathie
résultats du massage du sinus carotidien. La stimulation cardiaque structurelle est celui de la cardiopathie causale, e.g. revascularisa-
double chambre peut parfois être proposée dans les formes mixtes tion en cas d’infarctus du myocarde, traitement chirurgical d’un
ou cardio-inhibitrices (cf. supra) [20] . rétrécissement aortique, d’un myxome de l’oreillette.

6 EMC - Traité de Médecine Akos

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Indications d’hospitalisation La législation française, par l’arrêté du 21 décembre 2005, fixe la


liste des affections incompatibles avec l’obtention ou le maintien
Les patients ayant des syncopes réflexes ne requièrent pas du permis de conduire.
d’hospitalisation, en l’absence d’anomalies structurelles car-
diaques, et lorsque l’ECG est normal.
L’hospitalisation est nécessaire dès lors que le diagnostic de  Conclusion
syncope d’origine cardiaque est fortement suspecté. Cela est
nécessaire tant pour le diagnostic que pour l’initiation d’un trai- Il est essentiel de différencier les syncopes d’origine cardiaque
tement. des syncopes d’autres origines en raison de la gravité potentielle de
La décision d’une hospitalisation chez les personnes ayant des l’affection sous-jacente mais également car ces syncopes relèvent
syncopes orthostatiques dépend de l’étiologie suspectée. Une hos- d’un traitement spécifique.
pitalisation courte est souvent nécessaire chez les patients âgés Un interrogatoire, un examen clinique et un ECG 12 dérivations
ou les patients atteints de maladie neurologique à l’origine de réalisés minutieusement permettent d’obtenir un diagnostic dans
l’hypotension orthostatique. Celle-ci est utile pour corriger une la moitié des cas. Ils ne doivent pas être négligés. Le traitement
hypovolémie éventuelle ou adapter les traitements médicamen- des syncopes d’origine réflexe et de l’hypotension orthosta-
teux. tique consiste en des conseils d’éviction des facteurs déclenchants
L’hospitalisation peut s’avérer nécessaire, indépendamment de et en une réassurance ; le traitement des syncopes d’origine car-
l’étiologie, pour prendre en charge les conséquences traumatiques diaque est à instaurer en milieu spécialisé.
d’une chute, ou en raison des comorbidités. Une attention particulière doit être portée aux personnes âgées
Les indications à l’hospitalisation font l’objet d’une recomman- pour lesquelles les syncopes sont souvent multifactorielles et
dation récente de l’HAS [1] . pourvoyeuses de chute entraînant un surcroît de morbidité.

 Évaluation du pronostic Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en
relation avec cet article.
et risques liés aux syncopes
Mortalité  Références
Le pronostic vital est très bon en cas de syncopes réflexes.
Cependant, dans l’étude de Framingham [4] , les patients ayant fait [1] Collège de la Haute Autorité de santé. Pertes de connaissance brèves de
une syncope, toutes causes confondues, par rapport aux patients l’adulte : prise en charge diagnostique et thérapeutique des syncopes.
n’ayant jamais fait de syncope, présentaient une augmentation du 2008.
risque de décès de 1,31 (IC 95 % : 1,14 à 1,51). Les patients souf- [2] Moya A, Sutton R, Ammirati F, Blanc JJ, Brignole M, Dahm JB,
frant de syncope d’origine cardiaque avaient le risque le plus élevé et al. Guidelines for the diagnosis and management of syncope (ver-
sion 2009). Eur Heart J 2009;30:2631–71.
de décès toutes causes confondues, RR de 2,01 (IC 95 % : 1,48 à
[3] Parry SW, Tan MP. An approach to the evaluation and management of
2,73) et d’événements cardiovasculaires RR de 2,66 (IC 95 % : 1,69
syncope in adults. Br Med J 2010;340:c880.
à 4,19). Le taux de mortalité des patients présentant une hypo-
[4] Soteriades ES, Evans JC, Larson MG, Chen MH, Chen L, Benja-
tension orthostatique dépend avant tout de l’étiologie de celle-ci. min EJ, et al. Incidence and prognosis of syncope. N Engl J Med
L’existence d’une cardiopathie est un facteur de risque important 2002;347:878–85.
de mort subite et de mortalité globale chez les patients souffrant [5] Morichetti A, Astorino G. Epidemiological and clinical findings in
de syncope [23] . 697 syncope events. Minerva Med 1998;89:211–20.
Enfin, le pronostic est également en grande partie déterminé [6] Thijs RD, Bloem BR, van Dijk JG. Falls, faints, fits and funny turns. J
par les comorbidités et les conséquences d’une chute, chez les Neurol 2009;256:155–67.
personnes âgées en particulier. [7] Weiss N. Syndrome confusionnel et coma. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), AKOS - Traité Médecine, 5-0751, 2010.
[8] Grubb BP. Clinical practice. Neurocardiogenic syncope. N Engl J Med
Récidives 2005;352:1004–10.
Près de 35 % des patients vont présenter une récidive sur une [9] Freeman R. Clinical practice. Neurogenic orthostatic hypotension. N
Engl J Med 2008;358:615–24.
période de suivi de trois ans, en sachant que 82 % des récidives
[10] Petkar S, Cooper P, Fitzpatrick AP. How to avoid a misdiagnosis in
surviennent au cours des deux premières années. Les facteurs pré-
patients presenting with transient loss of consciousness. Postgrad Med
dictifs de récidive sont l’existence d’une cardiopathie sous-jacente J 2006;82:630–41.
et l’existence de troubles psychiatriques [24] . [11] Chen LY, Benditt DG, Shen WK. Management of syncope in adults:
an update. Mayo Clin Proc 2008;83:1280–93.
Conduite automobile et syncopes [12] Arthur W, Kaye GC. Important points in the clinical evaluation of
patients with syncope. Postgrad Med J 2001;77:99–102.
Les syncopes représentent 21 % des causes d’accidents de la [13] Blanc JJ, L’Her C, Touiza A, Garo B, L’Her E, Mansourati J. Prospec-
route incluant les pertes de conscience au volant [25] . Trois pour tive evaluation and outcome of patients admitted for syncope over a
cent des patients avec un antécédent de syncope ont fait une 1 year period. Eur Heart J 2002;23:815–20.
syncope au volant et 1 % ont rapporté un accident de voiture [26] . [14] Benditt DG, Brignole M. Syncope: is a diagnosis a diagnosis? J Am
Un compte rendu du groupe de travail de la Société euro- Coll Cardiol 2003;41:791–4.
péenne de cardiologie sur la conduite en cas de cardiopathie [15] Reed MJ, Newby DE, Coull AJ, Prescott RJ, Gray AJ. Diagnostic and
publié en 1998 est devenu la norme de référence pour l’Europe. prognostic utility of troponin estimation in patients presenting with
syncope: a prospective cohort study. Emerg Med J 2010;27:272–6.
Deux groupes de conducteurs sont définis. Le groupe 1 comprend
[16] Munro NC, McIntosh S, Lawson J, Morley CA, Sutton R, Kenny RA.
les conducteurs de motocycles, voitures avec ou sans remorques
Incidence of complications after carotid sinus massage in older patients
et le groupe 2 regroupe les conducteurs de véhicules de plus de with syncope. J Am Geriatr Soc 1994;42:1248–51.
3,5 tonnes ou de plus de huit places. En ce qui concerne les [17] Farwell DJ, Sulke AN. Does the use of a syncope diagnostic pro-
conducteurs du groupe 1, il est préconisé de recommander aux tocol improve the investigation and management of syncope? Heart
patients souffrant de syncopes et de cardiopathies de suspendre 2004;90:52–8.
leur conduite temporairement. Les conducteurs du groupe 2 souf- [18] Pavlovic SU, Kocovic D, Djordjevic M, Belkic K, Kostic D, Velimi-
frant de cardiopathies sévères et de syncopes quelle qu’en soit la rovic D. The etiology of syncope in pacemaker patients. Pacing Clin
cause ne devraient pas être autorisés à conduire à titre profession- Electrophysiol 1991;14:2086–91.
nel. Des recommandations spécifiques existent chez les patients [19] Benditt DG, Nguyen JT. Syncope: therapeutic approaches. J Am Coll
porteurs de défibrillateur. Cardiol 2009;53:1741–51.

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Clin Electrophysiol 1989;12(4Pt1):582–90. 1987;83:700–8.
[21] Lahrmann H, Cortelli P, Hilz M, Mathias CJ, Struhal W, Tassinari [25] Petch MC. Driving and heart disease. Eur Heart J 1998;19:
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[22] Link MS, Costeas XF, Griffith JL, Colburn CD, Estes 3rd NA, Wang PJ. driving recommendations, and clinical reality: survey of patients. Br
High incidence of appropriate implantable cardioverter-defibrillator Med J 2003;326:21.
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1996;100:646–55. http://crediblemeds.org/everyone/composite-list-all-qtdrugs/?rf=All.

I. Pelieu, MD (ipelieu@gmail.com).
Réanimation médicale, Hôpital européen Georges-Pompidou, 15, rue Leblanc, 75015 Paris, France.
Université Paris Descartes, 12, rue de l’École-de-Médecine, 75006 Paris, France.
G. Moubarak, MD.
Service de cardiologie, Unité de rythmologie, Hôpital Saint-Joseph, 185, rue Raymond-Losserand, 75014 Paris, France.
N. Weiss, MD, PhD.
Réanimation médicale, Hôpital européen Georges-Pompidou, 15, rue Leblanc, 75015 Paris, France.
Université Paris Descartes, 12, rue de l’École-de-Médecine, 75006 Paris, France.
Unité Histopathologie humaine et modèles animaux, Institut Pasteur, 25–28, rue du Docteur-Roux, 75015 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Pelieu I, Moubarak G, Weiss N. Pertes de connaissance transitoires. EMC - Traité de Médecine Akos
2014;9(3):1-8 [Article 5-0781].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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