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revue

Endocardites à hémocultures
négatives : un défi diagnostique

Les endocardites à hémocultures négatives (EHN) représen-


tent environ 5% de toutes les endocardites. Leur diagnostic et
le début du traitement peuvent être retardés, avec des consé-
quences néfastes sur le pronostic. La cause principale d’EHN
est l’antibiothérapie introduite avant le prélèvement des hé-
mocultures. Les autres causes fréquentes comprennent les
germes fastidieux, à croissance lente, et les micro-organismes
non cultivables. L’identification d’un agent étiologique est cru-
Rev Med Suisse 2005 ; 1 : 2346-50
ciale dans la prise en charge des EHN ; les techniques molé-
culaires développées récemment, telles que l’amplification par
F.Wälli PCR à large spectre du gène de l’ARNr 16S suivi du séquen-
çage direct, ainsi que la PCR spécifique à un pathogène sem-
C. Chuard blent prometteuses. Certains auteurs ont proposé d’inclure
C. Regamey ces techniques parmi les critères majeurs de Duke pour le
diagnostic de l’endocardite infectieuse.
Drs Fabienne Wälli
et Christian Chuard
Pr Claude Regamey
Clinique de médecine
Hôpital cantonal INTRODUCTION
1708 Fribourg
waellif@hopcantfr.ch Puisque l’endocardite infectieuse est toujours responsable
chuardc@hopcantfr.ch d’une bactériémie (ou d’une fongémie) prolongée, un diagnostic
regameyc@hopcantfr.ch
étiologique est généralement aisé grâce aux hémocultures.
Cependant, l’identification du micro-organisme responsable
échoue dans 2,5 à 31% des cas en raison de la négativité des
hémocultures.1,2
Blood culture negative endocarditis : Les hémocultures sont le plus souvent stériles quand une antibiothérapie a été
a diagnostic challenge
administrée durant la semaine précédant le prélèvement, mais aussi chez les pa-
Blood culture negative endocarditis (BCNE)

Bartonella sp, Coxiella burnetii, Brucella sp, Legionella sp et Mycoplasma sp, et parfois
account for about 5% of all cases of endocar-
tients atteints d’une endocardite causée par des organismes fastidieux tels que
ditis. Diagnosis and initiation of antimicrobial
therapy may be delayed, with a negative lors d’une endocardite droite subaiguë ou d’une endocardite murale (sonde de
impact on clinical outcome. The most com- pacemaker).3,4
mon cause of BCNE is antimicrobial drug the- L’identification des agents à croissance difficile requiert des méthodes spéci-
rapy before blood sampling. Other common fiques principalement basées sur la sérologie, et l’amplification et le séquençage
causes include slow growing and non culti-
du DNA bactérien présent dans le sang ou extrait du tissu valvulaire.
vable organisms. Identification of the etiologic
agent is critical in the management of BCNE Cette revue a pour but de fournir une approche pratique dans la prise en
and molecular tools such as broad range charge des endocardites à hémocultures négatives (EHN) basée sur l’interpréta-
16SrRNA PCR technique followed by direct tion des données épidémiologiques, cliniques et du laboratoire. Le traitement,
automated sequencing and microorganism- souvent complexe et mal défini, ne sera pas discuté dans le détail.
specific PCR are promising. Some authors
have proposed to include these techniques
among major Duke’s criteria for the diagnosis VIGNETTE CLINIQUE
of BCNE.
Un homme de 75 ans domicilié dans le canton de Fribourg est adressé par
son médecin traitant en raison d’une fatigue croissante et d’une anémie. Dans
ses antécédents, on note un rhumatisme articulaire aigu dans l’enfance avec
une valvulopathie mitrale consécutive et une hospitalisation en 2003 pour
insuffisance rénale aiguë, fièvre d’origine indéterminée et hémorragie céré-
brale. Le patient possède deux jeunes chats avec lesquels il dort régulière-
ment. L’examen clinique révèle une température à 38°C, une pâleur et des

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négative dans le sang. Une PCR spécifique pour B. henselae
souffles cardiaques systoliques 3/6 aux foyers aortique 16S bactérien par PCR eubactérienne faite à Zürich est
et mitral.
Les examens de laboratoire montrent un syndrome est positive et nous permet ainsi de confirmer le diag-
inflammatoire (vitesse de sédimentation 126 mm/h, CRP nostic étiologique de l’endocardite. Après six semaines

µmol/l et un facteur rhumatoïde élevé. Dix paires d’hé-


43 mg/l), une hémoglobine à 76 g/l, une créatinine à 139 de traitement combiné de ceftriaxone et de gentamicine,
le patient rentre à domicile avec un traitement de doxy-
mocultures prélevées sur dix jours restent stériles après cycline pendant six mois.
un temps d’incubation de quatre semaines. L’échocar-
diographie transoesophagienne montre une insuffisance DÉFINITION ET DIAGNOSTIC
aortique sévère associée à des images typiques de vé-
gétations sur le feuillet coronarien droit. On note égale- On définit les EHN comme des endocardites infectieuses
ment la présence d’une maladie mitrale à prédominance certaines dans lesquelles trois paires d’hémocultures aérobes
d’insuffisance avec des végétations sur les feuillets an- et anaérobes sur 24 à 48 heures restent stériles.5
térieurs et postérieurs. Une antibiothérapie combinée Les EHN représentent 2,5 à 31% de toutes les endocar-
par ceftriaxone et ofloxacine est introduite. Un aminosi- dites.1,2 Après exclusion des situations avec antibiothérapie
précédant les prélèvements, ce chiffre tombe à 5% des cas.6,7,8
corps élevé pour Bartonella quintana et henselae (IgG 1 :
de est ajouté quand la sérologie montre un titre d’anti-
Des travaux ont montré que 45 à 70% des cas d’endocardites
4096). L’amplification à large spectre du gène de l’ARNr sans diagnostic microbiologique ont bénéficié d’une antibio-

Tableau 1. Critères de Duke modifiés pour le diagnostic d’endocardite infectieuse


* HACEK : Haemophilus aphrophilus, Haemophilus paraphrophilus, Haemophilus parainfluenzae, Actinobacillus actinomycetemcomitans, Cardiobacterium hominis,
Eikenella corrodens, Kingella kingae.

Endocardite certaine Endocardite possible


• Evidence histologique et/ou microbiologique d’infection lors • 1 critère majeur et 1-2 critère(s) mineur(s)
d’une chirurgie ou à l’autopsie • 3-4 critères mineurs
• 2 critères majeurs
• 1 critère majeur et 3 critères mineurs
• 5 critères mineurs

Endocardite exclue
• Pas d’arguments en faveur d’une endocardite lors d’une chirurgie ou à l’autopsie chez un patient ayant reçu une antibiothérapie pendant 4 jours
• Diagnostic alternatif confirmé
• Résolution de la maladie avec une antibiothérapie pendant 울4 jours
• Ne répond pas aux critères d’une endocardite possible

Critères majeurs
Hémocultures positives pour une endocardite
• Microorganismes typiques pour une endocardite, isolés de 2 hémocultures séparées, comme suit :
– Streptocoques viridans, Streptococcus bovis, Staphylococcus aureus, groupe HACEK*
– Entérocoques acquis dans la communauté en l’absence d’un foyer infectieux primaire
• Micro-organismes compatibles avec une endocardite, isolés à partir d’hémocultures positives aux conditions suivantes :
– Au moins 2 hémocultures positives obtenues 욷12 h d’intervalle
– Plus de 4 hémocultures positives, dont le premier et dernier prélèvement obtenus à 욷 1 h d’intervalle
• 1 seule hémoculture positive pour Coxiella burnetii ou un titre d’anticorps IgG élevé à 쏜 1: 800

Evidence d’une atteinte de l’endocarde


• Echocardiographie positive pour une endocardite, définie comme :
– Masse intracardiaque oscillant sur la valve ou les structures adjacentes sur le trajet d’un flux turbulent, régurgitant ou sur du matériel
implanté en l’absence d’explication anatomique alternative
– Abcès
– Déhiscence partielle nouvelle sur une valve prothétique
• Régurgitation valvulaire nouvelle (un souffle préexistant, s’aggravant ou changeant n’est pas suffisant)

Critères mineurs
• Cardiopathie prédisposante ou toxicomanie intraveineuse
• Température 쏜 38°
• Phénomènes vasculaires : embolie artérielle majeure, infarctus pulmonaire septique, anévrisme mycotique, pétéchies, hémorragie intra-
crânienne ou conjonctivale, lésions de Janeway
• Phénomènes immunologiques : glomérulonéphrite, nodules d’Osler, lésions de Roth, facteur rhumatoïde
• Evidence microbiologique : hémoculture positive ne remplissant pas les critères majeurs ou évidence sérologique d’une infection active
par un organisme responsable d’endocardite

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thérapie avant les prélèvements.4,8 Les critères de Duke modi- transmise par les poux du corps humain. B. quintana était
fiés (tableau 1) constituent actuellement la base du diagnos- responsable de la fièvre des tranchées durant la première
tic de l’endocardite.9 Les critères de Duke originaux citaient
Cliniquement, les Bartonella sp causent des endocardites
guerre mondiale.
uniquement les hémocultures comme méthode microbiolo-
gique. On a depuis reconnu un large spectre de germes fasti- subaiguës dont le diagnostic est souvent tardif. Les valves

dont l’inclusion de la sérologie positive de C. burnetii comme


dieux à l’origine des endocardites et certaines modifications, aortiques sont plus fréquemment atteintes que les valves
mitrales. L’échocardiographie est très performante pour
critère majeur, ont été apportées aux critères initiaux.9,10 mettre en évidence les végétations qui sont de grande taille.
Les hémocultures sont généralement négatives et c’est la

titre d’anticorps IgG de 1: 800 contre B. henselae ou B. quin-


sérologie qui établit préférentiellement le diagnostic. Un
ÉTIOLOGIE
tana a une valeur prédictive positive de 95%.13 Une réacti-
vité croisée entre les Bartonella sp empêche de poser un
Les causes d’EHN figurent dans le tableau 2. Comme
mentionné précédemment, la cause la plus fréquente en
est l’antibiothérapie introduite avant le prélèvement des diagnostic d’espèce sur la base de la sérologie.13 Des réac-
hémocultures lors d’une infection systémique sans diag-
nostic établi.4,8 Le tableau 3 présente les agents infec- Tableau 3. Agents infectieux des endocardites
tieux fastidieux responsables d’EHN. à hémocultures négatives
Organismes Facteurs de risque, Diagnostic
Tableau 2. Causes d’endocardites à hémocultures prédisposition
négatives
Bartonella Valvulopathie Sérologie
• Antibiothérapie préalable
henselae préexistante, (IgG 쏜 1: 800),
griffure/ morsure PCR,
• Organismes difficiles à isoler par les méthodes microbiologi-
de chats et leurs immunohistochimie,
ques standard
puces (culture prolongée)
• Sites de végétations pouvant être associés avec des bactérié-
Bartonella Conditions socio- Sérologie,
mies de basse intensité
quintana économiques et hygiène (culture prolongée)
– Paroi du cœur (sonde de pacemaker)
de vie précaires
– Valve prothétique
(Pediculus humanus)
• Causes non infectieuses
Coxiella burnetii Valvulopathie Sérologie
– Collagénoses (lupus érythémateux disséminé, syndrome
(fièvre Q) préexistante, (IgG 쏜 1: 800),
anti-phospholipides)
prothèse valvulaire, PCR,
– Néoplasies
contact avec bétail immunohistochimie
– Urémie
(surtout professionnel),
Immunosuppression
C. burnetii (fièvre Q), B. henselae (maladie des griffes du
chat), Chlamydia sp, Legionella sp et Mycoplasma sp sont res-
Brucella sp Produits laitiers Sérologie,
contaminés, culture
ponsables de 24% des cas d’EHN.4 Certains germes, comme contact avec bétail

du groupe HACEK (Haemophilus aphrophilus, Haemophilus para-


les variants nutritionnels de streptocoque et les bactéries (pas en Suisse)

phrophilus, Haemophilus parainfluenzae, Actinobacillus actinomyce-


temcomitans, Cardiobacterium hominis, Eikenella corrodens, Kingella
Mycoplasma sp Valvulopathie Sérologie, PCR

kingae) faisaient fréquemment partie des agents étiologi-


préexistante,
prothèse valvulaire,
ques des EHN dans le passé, mais sont isolés plus facile- Immunosuppression
ment avec les systèmes d’hémocultures modernes.11,14
Parmi les étiologies fréquentes d’EHN, on doit men- Chlamydia sp – Sérologie, PCR,
culture,
tionner :
immunohistochimie
Bartonella sp12
B. henselae et B. quintana sont responsables de 9 à 10% des
Tropheryma _ PCR, histologie
whipelii

tieuses.4,8,11 B. henselae est transmise par morsure de chats


cas d’EHN et de 1 à 3% de toutes les endocardites infec-
Legionnella sp Infection nosocomiale Antigène urinaire,
(surtout les chats de moins de 6 mois) et par leurs puces. culture, sérologie,
Les chats sont chroniquement bactériémiques et asymp- PCR
tomatiques. La maladie concerne typiquement des hom-
Champignons Cathéter veineux Culture,
l’illustre notre présentation de cas. B. quintana touche pré-
mes âgés qui ont une valvulopathie préexistante, comme
(surtout central, antibiothérapie histologie
Candida sp) prolongée,
férentiellement des patients de tout âge vivant dans des
toxicomanie i.v.
conditions précaires (sans domicile fixe, notamment) et est

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tions croisées se produisent aussi avec Chlamydia pneumo-
niae et C. burnetii.14 L’alternative diagnostique est la PCR,
Les endocardites fungiques, essentiellement dues aux
levures, touchent surtout les patients immunosupprimés
comme l’illustre notre cas clinique.14 Le traitement recom- et porteurs de valves prothétiques. Les autres facteurs de
mandé est la combinaison d’un aminoside15 et de tétracy- risque sont l’antibiothérapie prolongée, la nutrition paren-
cline ou de ceftriaxone pendant une période prolongée. térale totale et l’injection de drogue par voie intraveineu-
se.18 La mortalité de ces endocardites est élevée.
Coxiella burnetii
La fièvre Q, causée par C. burnetii, est une zoonose ré-
DIAGNOSTIC
une maladie aiguë ou chronique. C. burnetii est responsable
pandue dans le monde entier qui peut se présenter comme
La clé dans l’orientation diagnostique des EHN réside
de 3 à 5% de tous les cas d’endocardites infectieuses.16 dans l’anamnèse et l’examen clinique qui permettent d’iden-
Les animaux de ferme (moutons, chèvres, bovins) sont le tifier les facteurs de risques et parfois les symptômes et
réservoir primaire, mais la bactérie a aussi été isolée chez signes cliniques évocateurs de germes spécifiques.
les animaux domestiques. Les germes sont transmis lors Comme mentionné dans la section précédente, la séro-
d’exposition professionnelle ou de contact avec ces animaux logie est un outil diagnostic précieux dans le diagnostic des
et par les produits laitiers contaminés. Les facteurs de risque EHN. Cependant, l’interprétation des tests sérologiques est
sont les valvulopathies préexistantes et l’immunosuppres- parfois difficile. Un titre d’anticorps élevé reflète une ex-
sion. La fièvre et l’insuffisance cardiaque aiguë sont les position à l’organisme, sans pouvoir la dater, et n’indique
signes les plus fréquents d’endocardite sur fièvre Q. Le pas qu’il y a une relation entre le microorganisme et l’en-

de Bartonella, et entre C. burnetii, Chlamydia sp et Bartonella


diagnostic est souvent tardif car les signes précoces sont docardite. De plus, les réactions croisées entre les espèces
peu spécifiques (perte de poids, fatigue, état subfébrile) et
les végétations sont rarement détectées par l’échocardio- sp sont particulièrement fréquentes.17
graphie transthoracique en raison de leur petite taille.11 L’histologie des valves réséquées est avantageuse dans
On observe des complexes immuns circulants chez 89% la mesure où elle peut confirmer le diagnostic d’endocar-
des patients16 et une thrombocytopénie dans la moitié des dite infectieuse en démontrant des changements tissulaires

logie est l’outil diagnostic principal de l’infection à C. bur-


cas. Tout comme pour l’endocardite à Bartonella, la séro- caractéristiques. De plus, la visualisation directe des orga-

netii.11 Un titre d’anticorps IgG de 1 : 800 a une valeur pré-


nismes est un élément important pour le diagnostic. Des

sées avec succès dans la détection de C. burnetii, Bartonella


colorations spéciales et l’immunohistochimie ont été utili-
dictive positive de 98%.16
sp et T. whippelii.14
Brucella sp
Les Brucella sp sont responsables de 1 à 4% des endo-
Des techniques de cultures sophistiquées sur milieu

cellulaires obligatoires tels que C. burnetii, T whippelii et, C.


tissulaire sont nécessaires pour identifier les germes intra-
cardites.11 Leur distribution est répandue largement dans
le monde, cependant la bactérie a été éliminée de la plu- psittaci.14 La mise en culture des valves excisées peut faci-
part des pays industrialisés. Les abcès myocardiques sont liter le diagnostic étiologique d’endocardite décapitée à
fréquents. On recommande une incubation prolongée pour germes banals car elles contiennent un grand nombre de
les hémocultures, mais les systèmes d’hémocultures mo- bactéries.
dernes permettent dans la grande majorité des cas une Les techniques moléculaires basées sur l’amplification
croissance durant la première semaine.11 Le diagnostic peut génomique suivie du séquençage direct du DNA bacté-

croisées avec Yersinia sp.2 germes fastidieux.19 En utilisant des primers universels qui
aussi se faire par sérologie et on observe des réactions rien rendent de précieux services pour l’identification des

reconnaissent des loci comme le gène codant de l’ARNr 16S


Chlamydia sp
Les Chlamydia sp sont des organismes intracellulaires
bactérien (PCR à large spectre ou eubactérienne), on peut
amplifier des séquences communes à toutes les bactéries

acellulaire. Le diagnostic d’endocardite à Chlamydia se fait


obligatoires qui ne poussent pas en milieu d’hémoculture et identifier l’organisme duquel le DNA dérivé a été ampli-

par sérologie. C’est essentiellement Chlamydia psittaci qui est technique s’est révélée utile dans l’identification de B. hen-
fié au moyen d’une base de données de référence. Cette

impliqué.11 Des réactivités croisées avec Bartonella sp peu- selae, B. quintana, C. burnetii et T. whippelii sur des biopsies
vent poser problème.17 de valves,14 mais a une sensibilité insuffisante dans le sang.

utile si on suspecte un germe en particulier. Des primers sont


La PCR spécifique à un pathogène est une technique
Autres agents infectieux
Tropheryma whippelii est une cause rare mais probable- disponibles pour tous les germes mentionnés précédem-
ment sous-estimée d’EHN. Les patients atteints de la ma- ment.14 La sensibilité de la PCR spécifique est supérieure
ladie de Whipple se présentent souvent avec des symp- à celle de la PCR eubactérienne et le problème des faux

le diagnostic d’endocardite est rarement évoqué. Mycoplasma


tômes cardiaques. Les signes systémiques sont pauvres et positifs par contamination lors du prélèvement ou au labo-
ratoire est moins préoccupant.
sp n’a été mis en relation avec une endocardite que deux Les cas d’EHN résultant d’une antibiothérapie préalable

mée.11 Les Legionella sp causent uniquement des endocar-


fois, mais l’association pourrait également être sous-esti- représentent une excellente indication à une recherche par
PCR, puisque les germes n’ont pas besoins d’être vivants
dites nosocomiales. pour être détectés.

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Millar et coll.7 ont suggéré que ces méthodes soient logies spécifiques des germes non cultivables sont très
inclues comme nouveau critère de Duke étant donné leur utiles.
efficacité dans le diagnostic des EHN. Les valves excisées, les végétations et tout autre matériel
pertinent devrait être analysé par microscopie, culture, his-

cas rare. La PCR spécifique du germe B. henselae était posi-


topathologie et PCR. Le patient que nous présentons est un
TRAITEMENT
Etant donné que les germes fastidieux responsables des tive dans le sang périphérique et non sur la valve excisée.
EHN causent des endocardites subaiguës à chroniques, on Les critères de Duke modifiés devraient tenir compte des
peut parfois se permettre de retarder l’antibiothérapie de techniques moléculaires récentes et de la sérologie.
quelques jours, jusqu’à établissement d’un diagnostic étiolo-
gique. La thérapie empirique, si elle ne peut être évitée, doit
comprendre un antibiotique actif contre la paroi cellulaire
Implications pratiques
reconnaissance croissante du rôle étiologique de Bartonella sp
(ceftriaxone ou vancomycine) et un aminoside. Etant donné la

et de C. burnetii, l’addition de doxycycline est suggérée quand


> La clé dans l’orientation diagnostique des EHN réside dans
l’anamnèse et l’examen clinique qui permettent d’identifier les
des indices épidémiologiques sont présents.11,15 facteurs de risques et éventuellement les signes cliniques évo-
Une discussion du traitement spécifique des germes pas- cateurs de germes spécifiques
sés en revue, souvent mal défini, dépasse le cadre de cet
article. > Il faut penser essentiellement aux germes banals décapités
par une antibiothérapie préalable, à Bartonella sp, Coxiella
burnetii, Brucella sp, Chlamydia sp et à Tropheryma whippelii
CONCLUSIONS
> La sérologie et les tests moléculaires (PCR) sont des outils
L’endocardite infectieuse est une maladie potentielle- diagnostics précieux dans le diagnostic des EHN
ment mortelle. Puisque le traitement doit être adapté au
pathogène impliqué, l’identification rapide de l’agent étio- > Etant donné que les germes fastidieux responsables des EHN
causent des endocardites subaiguës à chroniques, on peut
logique est critique dans la prise en charge de chaque pa- parfois se permettre de retarder l’antibiothérapie de quel-

Bartonella sp et C. burnetii jouent un rôle majeur. Les séro-


tient. Parmi les agents étiologiques fastidieux des EHN, ques jours jusqu’à établissement d’un diagnostic étiologique

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