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ENDOCARDITES INFECTIEUSES
Enseignants :
Pr Amel Letaïef
Pr Wissem Hachfi
Pr Foued Bellazreg
Pr Ag Nadia Ben Lasfar
Dr Maha Abid
Dr Sana Rouis
Dr Mariem Ben Ticha
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Objectifs :
1- définir l’endocardite infectieuse
2- décrire les lésions anatomopathologiques observées dans l’endocardite infectieuse et
leurs conséquences cliniques
3- décrire les facteurs favorisant la survenue d’une endocardite infectieuse
4- énumérer les principaux agents infectieux responsables des endocardites infectieuses
en fonction du terrain et de la porte d’entrée
5- établir le diagnostic d’une endocardite infectieuse à partir des données de l’examen
clinique et paraclinique
6- identifier les différentes formes cliniques des endocardites infectieuses selon le germe,
le terrain et la porte d’entrée
7- reconnaître à partir des données cliniques et paracliniques les complications d’une
endocardite infectieuse
8- planifier le traitement curatif et préventif de l’endocardite infectieuse
9- identifier les facteurs pronostics d’une endocardite infectieuse
Pré requis :
Thème 33 :
- cours de Microbiologie : « Streptocoques », « Staphylocoques »
- cours de Maladies Infectieuses : «Antibiotiques »
Plan :
Pré-test
I- Introduction
II- Epidémiologie
III- Physiopathologie
IV- Microbiologie
V- Etude clinique
VI- Examens complémentaires
VII- Evolution - Complications
VIII- Formes cliniques
IX- Pronostic
X- Traitement
Pour en savoir plus (Référence)
Post-test
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Pré-test
3- Parmi les portes d’entrée de l’endocardite infectieuse, lesquelles sont les plus fréquentes ?
A- buccodentaire
B- cutanée
C- digestive
D- respiratoire
E- urinaire
6- En cas de suspicion d’endocardite infectieuse, la pratique d’hémocultures obéit aux règles suivantes :
A- après le début de l’antibiothérapie
B- au mieux au moment des pics fébriles
C- chaque série sur un seul flacon aéro-anaérobie
D- informer le microbiologiste de la suspicion d’endocardite infectieuse
E- six séries espacées d’au moins une heure
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7- Les anomalies immunologiques suivantes peuvent être observées dans l’endocardite infectieuse :
A- complexes immuns circulants
B- cryoglobulinémie
C- facteur rhumatoïde
D- hypercomplémentémie
E- protéinurie
11- Les antibiotiques à prescrire en 1ère intention chez un patient ayant une endocardite
infectieuse sont :
A- ampicilline
B- céfotaxime
C- gentamicine
D- oxacilline
E- vancomycine
12- Un traitement chirurgical d’une endocardite infectieuse est indiqué dans les situations suivantes :
A- choc cardiogénique
B- choc septique
C- désinsertion de prothèse
D- fièvre persistante
E- végétation de 15 mm
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I- Introduction :
❖ Les endocardites infectieuses (EI), peu fréquentes mais graves sont des infections d’une ou
de plusieurs valves cardiaques, natives ou prothétiques, plus rarement de l’endocarde pariétal,
par une bactérie le plus souvent, plus rarement par un champignon. Elles réalisent une
septicémie à point de départ endocarditique, particulière par ses conséquences :
- locales : atteintes valvulaires, abcès cardiaques
- générales : emboles systémiques, phénomènes immunologiques
❖ on distingue :
- les EI sur valves natives : subaiguës dites E. d’Osler (cardiopathie préexistante++) et les EI
aiguës (souvent sur cœur antérieur sain).
• Les EI sur prothèse valvulaire qui peuvent être précoces (< 12 mois après le remplacement
valvulaire) avec un tableau d’EI aiguë, ou tardives (> 12 mois) EI subaiguë.
Ces formes se distinguent par leurs aspects cliniques, microbiologiques et thérapeutiques.
En dépit des progrès de l’antibiothérapie et de la chirurgie cardiaque les EI demeurent graves
d’où l’intérêt primordial de leur prévention.
II- Epidémiologie :
- Le profil épidémiologique de l’EI s’est considérablement modifié au cours de ces dernières
années. L’EI touche maintenant des patients plus âgés dont une proportion significative (50%
≈) n’a pas de valvulopathie préexistante.
- dans les séries internationales récentes, les staphylocoques ont supplanté les streptocoques
oraux et occupent la première place dans la répartition des micro-organismes responsables.
III- Physiopathologie :
Cardiopathie sous jacente (Turbulence)
Thrombus stérile
Bactériémie
Thrombus infecté
Septicémie Végétation
Phénomènes immunologiques
i
Anévrysmes mycotiques
IV- Microbiologie :
1. Microorganismes en cause :
a. Streptocoques (40%) :
- non groupables (viridans, α hémolytiques) : S. mitis, mutans, sanguis, salivarius,
intermedius, constellatus…
- autres : S. bovis/gallolyticus ; streptocoques A, B ; streptocoques déficients… rarement
responsables d’EI
b. Staphylocoques (40%) :
- S. aureus +++ :
. portes d’entrée (PE) : cutanée (furoncles, plaies) et vasculaire (cathéters veineux, toxicomanie)
. endocardites aiguës, mutilantes
- S. epidermidis (et autres staphylocoques à coagulase négative) :
. endocardites sur prothèse (précoces)
c. Entérocoques :
- E. faecalis et E. faecium
- portes d’entrée : digestive ou urinaire
c. Bacilles Gram négatif :
- bactéries du groupe HACEK : PE buccodentaire, croissance lente
- entérobactéries (E. coli, Klebsiella…)… : portes d’entrée digestive ou urinaire
d. Bactéries intracellulaires : Brucella, Bartonella, Coxiella
e. Champignons :
- Candida, plus rarement Aspergillus
- immunodéprimés (neutropénie), toxicomanie IV
- graves, nécessitant souvent la chirurgie
f. hémocultures négatives (10 à 50%) :
- antibiothérapie avant la pratique des hémocultures
- bactéries à croissance lente : streptocoques déficients, HACEK, intracellulaires
2. Portes d’entrée : oriente vers le microorganisme en cause
a. dentaire (caries, soins dentaires/extraction, détartrage) : streptocoques (oraux)
b. cutanée (plaie infectée, furoncle…) : staphylocoque
c. vasculaire (cathéters veineux, toxicomanie) : staphylocoque, Candida
d. autres PE :
- digestive : S. bovis (rechercher systématiquement une tumeur colique), entérocoques, BGN
- urinaire, gynécologique : entérocoques, BGN
V- Etude clinique : Type de description : endocardite subaiguë d’Osler sur valve native.
début souvent progressif sur plusieurs semaines
A. signes fonctionnels :
❖ non spécifiques :
- fièvre : signe le plus constant
- asthénie, anorexie, amaigrissement ; arthralgies, myalgies
❖ en rapport avec une complication :
- hémiplégie : AVC
- dyspnée : insuffisance cardiaque
- douleur abdominale : infarctus splénique ou hépatique
B. signes physiques :
❖ souffle cardiaque +++ : signe le plus constant
→ L’association d’une fièvre et d’un souffle cardiaque est une endocardite infectieuse jusqu’à
preuve du contraire
❖ Autres signes : rares, parfois inauguraux
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3. cardiaque
- ECG, échographie cardiaque
- Radio thorax
B. évolution favorable :
- sur le plan infectieux : apyrexie obtenue en quelques jours et maintenue, régression du
syndrome inflammatoire biologique, hémocultures négatives
. atteintes cardiaques : mineures ou stables.
- Il n’existe aucun critère formel de guérison : seul le recul du temps permet d’affirmer la
guérison après une surveillance prolongée clinique et paraclinique.
C. Complications :
- leur fréquence augmente avec le retard diagnostique et l’allure évolutive de l’endocardite
(fréquence des mutilations valvulaires et des complications emboliques en cas d’endocardite aiguë).
- elles peuvent être révélatrices ou sont détectées par la surveillance étroite de tout patient
ayant une endocardite.
1. persistance de la fièvre : peut être liée à :
- infection non contrôlée : grosses végétations, abcès cardiaques
- foyer infectieux secondaire d’origine embolique : abcès cérébral, méningite, abcès splénique,
spondylodiscite...
- infection liée au cathéter de perfusion (veinite)
- thrombophlébite des membres inférieurs (alitement, infection grave)
- antibiothérapie non adaptée : molécules, doses (intérêt des dosages sériques)
2. rechutes : parfois tardives, conséquences d’une antibiothérapie insuffisante ou de la
persistance du germe au niveau de la valve ou d’une porte d’entrée.
3. complications cardiaques : les plus fréquentes et les plus graves, responsables de la
plupart des décès
a. insuffisance cardiaque par atteinte valvulaire :
peut révéler l’EI (à évoquer devant toute insuffisance cardiaque fébrile) ou survenir en cours
d’évolution. peut compliquer une insuffisance aortique ou une insuffisance mitrale aigues (par
mutilations valvulaires importantes ou rupture de cordages) :
- insuffisance cardiaque gauche (œdème aigu du poumon) : dyspnée/orthopnée, crépitants, voire
état de choc cardiogénique
- insuffisance cardiaque droite : par d’insuffisance tricuspidienne massive liée à une
endocardite aiguë (souvent à staphylocoque aureus). se rencontre surtout chez le toxicomane
et se complique d’embolies pulmonaires septiques multiples.
b. autres lésions cardiaques :
- embolies coronariennes → infarctus du myocarde, abcès myocardiques
- abcès annulaires (surtout aortiques) → troubles de la conduction
- abcès septal → troubles de la conduction, perforation du septum interventriculaire
- péricardite, myocardite : mécanisme souvent immunologique
4. Complications vasculaires :
a. Embolies :
- complication extracardiaque la plus fréquente (≈50%), parfois asymptomatique.
- secondaires aux emboles septiques à partir des végétations.
- peuvent toucher tous les viscères (cerveau +++, rate ++, rein, mésentère) ainsi que les
articulations (arthrites septiques, à différencier des lésions immunologiques) et sont
responsables de localisations infectieuses secondaires pouvant entraîner des pyélonéphrites,
des spondylodiscites, des méningites, des abcès spléniques avec risque de rupture...
- plus fréquentes au début de l’évolution de l’endocardite avec comme facteurs de risque :
végétation > 10 mm, mobile, mitrale; endocardite à staphylocoque aureus. Le risque
embolique décroît rapidement après la mise en œuvre d’une antibiothérapie efficace.
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IX- Pronostic :
- L’endocardite infectieuse est une infection grave avec les taux de mortalité suivants :
. EI sur cœur gauche / valve native : 20%
. EI sur cœur droit : 10%
. EI sur prothèse : 40%
- cause du décès
. très souvent liée à une complication cardiaque ou extracardiaque
. rarement liée à une infection non contrôlée.
X- Traitement :
- deux buts :
. traitement de l’infection
. traitement de la valvulopathie.
- comporte toujours une antibiothérapie, associé e souvent (≈50%) à une chirurgie de
remplacement valvulaire.
A- Principes thérapeutiques :
- Antibiothérapie : bactéricide, précoce (juste après les hémocultures), à forte dose, par voie
IV, de durée prolongée.
- adaptée à l’antibiogramme de la bactérie isolée
B- Traitement médical :
1. Antibiothérapie :
- l’antibiothérapie initiale des EI est très souvent probabiliste. Elle dépend essentiellement de
3 paramètres : EI sur valve native ou sur prothèse, communautaire ou nosocomiale, et
présence ou non d’une allergie à la pénicilline.
- une adaptation de l’antibiothérapie initiale (molécules, posologies) s’impose après
documentation de l’infection : isolement de la bactérie responsable avec antibiogramme
(streptocoques, staphylocoque, entérocoques…) ou sérologie positive (brucellose, fièvre Q,
bartonellose). Les schémas thérapeutiques recommandés (simplifiés) sont résumés ci-dessous :
Tableau 1. Antibiothérapie probabiliste des EI
Antibiotique posologie durée (sem) commentaire
EI sur valve native communautaire, ou sur prothèse ≥ 12 mois*
ampicilline 12 g/j -
+ oxacilline 12 g/j
+ gentamicine 3 mg/kg/j
allergie aux β lactamines
vancomycine 30 à 60 mg/kg/j -
+ gentamicine 3 mg/kg/j
EI sur valve native nosocomiale ou associée aux soins, ou sur prothèse < 12 mois
vancomycine 30 à 60 mg/kg/j -
+ gentamicine 3 mg/kg/j
+ rifampicine 900 à 1200 mg/j
* : antibiothérapie active sur les streptocoques, les entérocoques, et staph. méti-S
➢ EI à streptocoques :
- ampicilline 200 mg/kg/j IV x 4 semaines (6 semaines si prothèse)
+ gentamicine 3 mg/kg/j IV x 2 semaines
- en cas d’allergie à la pénicilline : vancomycine 30 mg/kg/j x 4 semaines (6 semaines si prothèse)
+ gentamicine 3mg/kg/j (2 semaines)
➢ EI à entérocoque :
- ampicilline 200 mg/kg/j IV x 4 semaines (6 semaines si prothèse)
+ gentamicine 3 mg/kg/j IV x 2 semaines
- en cas d’allergie à la pénicilline : vancomycine 30 mg/kg/j x 6 semaines
+ gentamicine 3 mg/kg/j (2 semaines)
➢ EI à staphylocoque :
- EI sur valve native :
. Staph. méti-S : oxacilline 12 g/j IV x 4 à 6 semaines (monothérapie)
. Staph. méti-R ou allergie aux β lactamines : vancomycine 30 à 60 mg/kg/j (monothérapie)
- EI sur prothèse :
. Staph. méti-S : oxacilline (≥ 6 semaines) . Staph. méti-R : vancomycine (≥ 6 semaines)
+ gentamicine (≥ 2 semaines) + gentamicine (≥ 2 semaines)
+ rifampicine (≥ 6 semaines) + rifampicine (≥ 6 semaines)
➢ EI à autres microorganismes :
- Brucella : doxycycline + rifampicine + gentamicine + cotrimoxazole
- Coxiella burnetii (fièvre Q) : doxycycline + hydroxychloroquine
- Candida : amphotéricine B
- Aspergillus : voriconazole
2. Chirurgie : Les indications (parfois associées) peuvent être :
a. hémodynamiques : les plus fréquentes
- insuffisance cardiaque réfractaire
- insuffisance aortique
- insuffisance mitrale avec rupture de cordage
- abcès annulaire, myocardique ou septal
- désinsertion ou thrombose de prothèse valvulaire
b. emboliques : embolies récidivantes ou embolie avec végétation > 10 mm
c. infectieuses (rares) :
- persistance de la fièvre (avec hémocultures positives) à J7 d’antibiothérapie appropriée
- virulence de certains microorganismes : staphylocoque, BGN ; champignons.
→ Les valves opérées doivent être systématiquement adressés aux laboratoires de
Microbiologie et d’Anatomopathologie (et de Mycologie en cas de suspicion d’endocardite
fongique)
3. Traitements associés :
- traitement de la porte d’entrée et des localisations secondaires
- traitement de l’insuffisance cardiaque
4. Prévention des EI :
a. Antibioprophylaxie : l’objectif est de prévenir la greffe bactérienne sur l’endocarde lors
des bactériémies survenant suite à des procédures invasives
❖ Indications : restreintes aux situations à haut risque de bactériémie chez les malades ayant
une cardiopathie à haut risque. En effet :
- le risque d’EI serait plus important lors de bactériémies transitoires répétées (mauvais état
bucco-dentaire ; brossage des dents, chewing-gum …) que lors de bactériémies plus
importantes mais isolées des soins dentaires.
. l’usage fréquent des antibiotiques expose aux risques d’anaphylaxie et de résistance.
➢ cardiopathies à haut risque :
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- antécédents d’endocardite
- prothèse valvulaire
- cardiopathies congénitales cyanogènes non opérées
→ antibiotiques actifs sur les streptocoques oraux :
. amoxicilline 2 g PO, 1 heure avant l’acte
. si allergie à la pénicilline : clindamycine 600 mg PO ou IV, 1 heure avant l’acte,
➢ situations à haut risque : uniquement les soins dentaires avec manipulation gingivale ou
péri apicale, ou perforation de la muqueuse buccale
4- Mesures de prévention non spécifiques +++ :
primordiales vu la recrudescence des endocardites à staphylocoques et des endocardites
associées aux soins (PE non dentaire)
- hygiène cutanée et dentaire
- désinfection des plaies
- éviter les tatouages et piercings
- traitement antibiotique des infections bactériennes.
Post-test
3- Parmi les portes d’entrée de l’endocardite infectieuse, lesquelles sont les plus fréquentes ?
A- buccodentaire
B- cutanée
C- digestive
D- respiratoire
E- urinaire
5- En cas de suspicion d’endocardite infectieuse, la pratique d’hémocultures obéit aux règles suivantes :
A- après le début de l’antibiothérapie
B- au mieux au moment des pics fébriles
C- chaque série sur un seul flacon aéro-anaérobie
D- informer le microbiologiste de la suspicion d’endocardite infectieuse
E- six séries espacées d’au moins une heure
6- Les anomalies immunologiques suivantes peuvent être observées dans l’endocardite infectieuse :
A- complexes immuns circulants
B- cryoglobulinémie
C- facteur rhumatoïde
D- hypercomplémentémie
E- protéinurie
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10- Les antibiotiques à prescrire en 1ère intention chez un patient ayant une endocardite
infectieuse sont :
A- ampicilline
B- céfotaxime
C- gentamicine
D- oxacilline
E- vancomycine
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1- A, B, C, E
2- A, B, E
3- A, B
4- B, D, E
5- B, D
6- A, B, C, E
7- A, C, E
8- E
9- A, B, D, E
10- A, C, D