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FACULTE DE MEDECINE IBN EL JAZZAR


DE SOUSSE
Année universitaire 2022-2023
Troisième année Médecine (DCEM1)

ENDOCARDITES INFECTIEUSES

Enseignants :
Pr Amel Letaïef
Pr Wissem Hachfi
Pr Foued Bellazreg
Pr Ag Nadia Ben Lasfar
Dr Maha Abid
Dr Sana Rouis
Dr Mariem Ben Ticha
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Objectifs :
1- définir l’endocardite infectieuse
2- décrire les lésions anatomopathologiques observées dans l’endocardite infectieuse et
leurs conséquences cliniques
3- décrire les facteurs favorisant la survenue d’une endocardite infectieuse
4- énumérer les principaux agents infectieux responsables des endocardites infectieuses
en fonction du terrain et de la porte d’entrée
5- établir le diagnostic d’une endocardite infectieuse à partir des données de l’examen
clinique et paraclinique
6- identifier les différentes formes cliniques des endocardites infectieuses selon le germe,
le terrain et la porte d’entrée
7- reconnaître à partir des données cliniques et paracliniques les complications d’une
endocardite infectieuse
8- planifier le traitement curatif et préventif de l’endocardite infectieuse
9- identifier les facteurs pronostics d’une endocardite infectieuse

Pré requis :
Thème 33 :
- cours de Microbiologie : « Streptocoques », « Staphylocoques »
- cours de Maladies Infectieuses : «Antibiotiques »

Plan :
Pré-test
I- Introduction
II- Epidémiologie
III- Physiopathologie
IV- Microbiologie
V- Etude clinique
VI- Examens complémentaires
VII- Evolution - Complications
VIII- Formes cliniques
IX- Pronostic
X- Traitement
Pour en savoir plus (Référence)
Post-test
3

Pré-test

1- Physiopathologie de l’endocardite infectieuse :


A- les emboles septiques se détachent des végétations
B- la lésion endothéliale favorise la formation d‘un thrombus stérile
C- le thrombus s’infecte suite à une bactériémie
D- une valvulopathie préexistante est constamment retrouvée
E- la végétation correspond au thrombus infecté

2- Les situations à haut risque d’endocardite infectieuse sont :


A- antécédents d’endocardite infectieuse
B- cardiopathies congénitales cyanogènes non opérées
C- insuffisance aortique
D- insuffisance mitrale
E- prothèses valvulaires

3- Parmi les portes d’entrée de l’endocardite infectieuse, lesquelles sont les plus fréquentes ?
A- buccodentaire
B- cutanée
C- digestive
D- respiratoire
E- urinaire

4- Les streptocoques suivants sont non groupables :


A- Streptococcus agalactiae
B- Streptococcus mitis
C- Streptococcus pyogenes
D- Streptococcus salivarius
E- Streptococcus sanguis

5- Staphylococcus aureus est responsable d’endocardites :


A- aigues
B- à porte d’entrée souvent cutanée
C- droites chez les toxicomanes
D- graves
E- sur prothèses précoces

6- En cas de suspicion d’endocardite infectieuse, la pratique d’hémocultures obéit aux règles suivantes :
A- après le début de l’antibiothérapie
B- au mieux au moment des pics fébriles
C- chaque série sur un seul flacon aéro-anaérobie
D- informer le microbiologiste de la suspicion d’endocardite infectieuse
E- six séries espacées d’au moins une heure
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7- Les anomalies immunologiques suivantes peuvent être observées dans l’endocardite infectieuse :
A- complexes immuns circulants
B- cryoglobulinémie
C- facteur rhumatoïde
D- hypercomplémentémie
E- protéinurie

8- Le diagnostic d’endocardite infectieuse est certain devant la présence de (critères de Duke) :


A- 2 critères majeurs
B- 1 critère majeur et 2 critères mineurs
C- 1 critère majeur et 3 critères mineurs
D- 3 critères mineurs
E- 5 critères mineurs

9- Les endocardites sur cœur droit :


A- se compliquent fréquemment d’AVC
B- sont de mauvais pronostic
C- sont plus fréquentes que les endocardites sur cœur gauche
D- sont plus graves que les endocardites sur cœur gauche
E- surviennent souvent chez des toxicomanes

10- L’antibiothérapie d’une endocardite infectieuse doit être :


A- bactéricide
B- intrahospitalière
C- débutée avant les hémocultures
D- à forte dose
E- par voie intraveineuse

11- Les antibiotiques à prescrire en 1ère intention chez un patient ayant une endocardite
infectieuse sont :
A- ampicilline
B- céfotaxime
C- gentamicine
D- oxacilline
E- vancomycine

12- Un traitement chirurgical d’une endocardite infectieuse est indiqué dans les situations suivantes :
A- choc cardiogénique
B- choc septique
C- désinsertion de prothèse
D- fièvre persistante
E- végétation de 15 mm
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I- Introduction :
❖ Les endocardites infectieuses (EI), peu fréquentes mais graves sont des infections d’une ou
de plusieurs valves cardiaques, natives ou prothétiques, plus rarement de l’endocarde pariétal,
par une bactérie le plus souvent, plus rarement par un champignon. Elles réalisent une
septicémie à point de départ endocarditique, particulière par ses conséquences :
- locales : atteintes valvulaires, abcès cardiaques
- générales : emboles systémiques, phénomènes immunologiques
❖ on distingue :
- les EI sur valves natives : subaiguës dites E. d’Osler (cardiopathie préexistante++) et les EI
aiguës (souvent sur cœur antérieur sain).
• Les EI sur prothèse valvulaire qui peuvent être précoces (< 12 mois après le remplacement
valvulaire) avec un tableau d’EI aiguë, ou tardives (> 12 mois) EI subaiguë.
Ces formes se distinguent par leurs aspects cliniques, microbiologiques et thérapeutiques.
En dépit des progrès de l’antibiothérapie et de la chirurgie cardiaque les EI demeurent graves
d’où l’intérêt primordial de leur prévention.

II- Epidémiologie :
- Le profil épidémiologique de l’EI s’est considérablement modifié au cours de ces dernières
années. L’EI touche maintenant des patients plus âgés dont une proportion significative (50%
≈) n’a pas de valvulopathie préexistante.
- dans les séries internationales récentes, les staphylocoques ont supplanté les streptocoques
oraux et occupent la première place dans la répartition des micro-organismes responsables.

III- Physiopathologie :
Cardiopathie sous jacente (Turbulence)

Lésion de l’endocarde valvulaire

Thrombus stérile
Bactériémie

Thrombus infecté

Septicémie Végétation
Phénomènes immunologiques

Lésions valvulaires Infarctus viscéraux

i
Anévrysmes mycotiques

Figure 1. Physiopathologie de l’endocardite infectieuse

❖ Cardiopathies à haut risque d’EI :


- antécédents d’endocardite infectieuse
- prothèse valvulaire
- cardiopathies congénitales cyanogènes non opérées
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IV- Microbiologie :
1. Microorganismes en cause :
a. Streptocoques (40%) :
- non groupables (viridans, α hémolytiques) : S. mitis, mutans, sanguis, salivarius,
intermedius, constellatus…
- autres : S. bovis/gallolyticus ; streptocoques A, B ; streptocoques déficients… rarement
responsables d’EI
b. Staphylocoques (40%) :
- S. aureus +++ :
. portes d’entrée (PE) : cutanée (furoncles, plaies) et vasculaire (cathéters veineux, toxicomanie)
. endocardites aiguës, mutilantes
- S. epidermidis (et autres staphylocoques à coagulase négative) :
. endocardites sur prothèse (précoces)
c. Entérocoques :
- E. faecalis et E. faecium
- portes d’entrée : digestive ou urinaire
c. Bacilles Gram négatif :
- bactéries du groupe HACEK : PE buccodentaire, croissance lente
- entérobactéries (E. coli, Klebsiella…)… : portes d’entrée digestive ou urinaire
d. Bactéries intracellulaires : Brucella, Bartonella, Coxiella
e. Champignons :
- Candida, plus rarement Aspergillus
- immunodéprimés (neutropénie), toxicomanie IV
- graves, nécessitant souvent la chirurgie
f. hémocultures négatives (10 à 50%) :
- antibiothérapie avant la pratique des hémocultures
- bactéries à croissance lente : streptocoques déficients, HACEK, intracellulaires
2. Portes d’entrée : oriente vers le microorganisme en cause
a. dentaire (caries, soins dentaires/extraction, détartrage) : streptocoques (oraux)
b. cutanée (plaie infectée, furoncle…) : staphylocoque
c. vasculaire (cathéters veineux, toxicomanie) : staphylocoque, Candida
d. autres PE :
- digestive : S. bovis (rechercher systématiquement une tumeur colique), entérocoques, BGN
- urinaire, gynécologique : entérocoques, BGN

V- Etude clinique : Type de description : endocardite subaiguë d’Osler sur valve native.
début souvent progressif sur plusieurs semaines
A. signes fonctionnels :
❖ non spécifiques :
- fièvre : signe le plus constant
- asthénie, anorexie, amaigrissement ; arthralgies, myalgies
❖ en rapport avec une complication :
- hémiplégie : AVC
- dyspnée : insuffisance cardiaque
- douleur abdominale : infarctus splénique ou hépatique
B. signes physiques :
❖ souffle cardiaque +++ : signe le plus constant
→ L’association d’une fièvre et d’un souffle cardiaque est une endocardite infectieuse jusqu’à
preuve du contraire
❖ Autres signes : rares, parfois inauguraux
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- neurologiques : accidents emboliques ou hémorragiques (rupture d’anévrismes)


. méningite (purulente ou puriforme aseptique), abcès du cerveau, empyème
. AVC ischémique ou hémorragique
. hémorragie méningée
- cutanés (vascularite) :
. purpura : pétéchial (membres, conjonctives, muqueuse buccale)
. faux panaris d’osler : nodules érythémateux douloureux (pulpes des doigts et des orteils)
. érythème de Janeway : placard érythémateux palmo-plantaire.
- articulaires : spondylodiscite, arthrite septique
- rénaux : protéinurie/hématurie, insuffisance rénale
- oculaires : hémorragies rétiniennes (tâches de Roth) au fond d’œil
- splénomégalie

VI. Examens complémentaires :


Les deux examens clés à réaliser en cas de suspicion d’EI sont les hémocultures et
l’échographie cardiaque
1. Examens microbiologiques :
a. Hémocultures +++ : examen fondamental permettant d’isoler le germe dans 80-90% des
cas. Il faut réaliser 3 hémocultures à 1 heure d’intervalle, avant toute antibiothérapie
préalable, dans des conditions d’asepsie rigoureuse, sur des milieux de culture aérobies et
anaérobies, de préférence au moment des pics fébriles. Les HC permettent non seulement
l’isolement du germe et son identification mais aussi la détermination de sa sensibilité aux
antibiotiques (antibiogramme).
b. Autres examens microbiologiques :
- en cas de négativité des hémocultures, le germe peut être isolé par prélèvement au niveau de
la porte d’entrée, d’un foyer septique métastatique ou de culture d’embole septique de
végétation.
- en cas d’intervention chirurgicale, la culture des valves est indispensable
- la sérologie a un intérêt dans les EI à germes intracellulaires (Brucella, Bartonella, Coxiella
burnetii)
2. Echographie cardiaque :
❖ examen non invasif et important pour le diagnostic des EI en permettant :
- la mise en évidence de la végétation
- de découvrir la valvulopathie sous jacente
- de préciser le degré de mutilation valvulaire et le retentissement sur la fonction myocardique
- de suivre l’évolution sous traitement ou l’apparition tardive de végétation.
➢ L’échographie transthoracique (ETT) est la plus utilisée, l’échographie transoesophagienne
(ETO) permet de mieux détecter les petites végétations et les abcès de l’anneau valvulaire.
Elle doit obligatoirement etre réalisée en cas d’endocardite sur prothèse.
3. autres examens :
- apprécier le retentissement cardiaque :
. ECG (troubles du rythme ou de la conduction…)
. Rx thorax : cardiomégalie…
- signes biologiques d’orientation :
. NFS : hyperleucocytose à PNN, anémie (inflammatoire), thrombopénie ; CRP, VS
. bilan rénal : bandelette urinaire (hématurie, protéinurie) ; créatinine : insuffisance rénale
. bilan immunologique : facteur rhumatoïde,  complément (C3 et C4),
présence de complexes immuns circulants (CIC), cryoglobulinémie
→ témoignent de l’atteinte immunologique retrouvée surtout dans les EI subaiguës.
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➢ vu la multitude des manifestations cliniques et paracliniques (dont la plupart sont non


spécifiques) et la gravité de l’EI, des critères diagnostiques sont utilisés pour aider le clinicien
à la prise en charge des patients : critères de Duke modifiés.

Tableau 1. critères de DUKE modifiés

Ces critères diagnostiques permettent de classer la probabilité d’endocardite en 3 niveaux :


• endocardite certaine :
- examen anatomopathologique retrouvant un aspect d’endocardite ou culture de valve positive.
- 2 critères majeurs.
- 1 critère majeur + 3 critères mineurs.
- 5 critères mineurs.
• endocardite possible :
- 1 critère majeur + 1 critère mineur.
- 3 critères mineurs.
• endocardite non retenue :
diagnostic alternatif certain ou résolution des signes cliniques avec une antibiothérapie < 4
jours ou absence de preuve anatomopathologique (autopsie, chirurgie) ou ne remplit pas les
critères d’une El possible.

VII- Evolution - Complications :


Infection grave, notamment dans les formes aiguës, responsable d’une mortalité élevée.
A. éléments de surveillance :
1. clinique :
- température
- examen cardio-vasculaire, examen neurologique…
2.biologique
- NFS
- BU, créat
- dosage sérique de certains antibiotiques : vancomycine, gentamicine
- hémocultures
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3. cardiaque
- ECG, échographie cardiaque
- Radio thorax
B. évolution favorable :
- sur le plan infectieux : apyrexie obtenue en quelques jours et maintenue, régression du
syndrome inflammatoire biologique, hémocultures négatives
. atteintes cardiaques : mineures ou stables.
- Il n’existe aucun critère formel de guérison : seul le recul du temps permet d’affirmer la
guérison après une surveillance prolongée clinique et paraclinique.
C. Complications :
- leur fréquence augmente avec le retard diagnostique et l’allure évolutive de l’endocardite
(fréquence des mutilations valvulaires et des complications emboliques en cas d’endocardite aiguë).
- elles peuvent être révélatrices ou sont détectées par la surveillance étroite de tout patient
ayant une endocardite.
1. persistance de la fièvre : peut être liée à :
- infection non contrôlée : grosses végétations, abcès cardiaques
- foyer infectieux secondaire d’origine embolique : abcès cérébral, méningite, abcès splénique,
spondylodiscite...
- infection liée au cathéter de perfusion (veinite)
- thrombophlébite des membres inférieurs (alitement, infection grave)
- antibiothérapie non adaptée : molécules, doses (intérêt des dosages sériques)
2. rechutes : parfois tardives, conséquences d’une antibiothérapie insuffisante ou de la
persistance du germe au niveau de la valve ou d’une porte d’entrée.
3. complications cardiaques : les plus fréquentes et les plus graves, responsables de la
plupart des décès
a. insuffisance cardiaque par atteinte valvulaire :
peut révéler l’EI (à évoquer devant toute insuffisance cardiaque fébrile) ou survenir en cours
d’évolution. peut compliquer une insuffisance aortique ou une insuffisance mitrale aigues (par
mutilations valvulaires importantes ou rupture de cordages) :
- insuffisance cardiaque gauche (œdème aigu du poumon) : dyspnée/orthopnée, crépitants, voire
état de choc cardiogénique
- insuffisance cardiaque droite : par d’insuffisance tricuspidienne massive liée à une
endocardite aiguë (souvent à staphylocoque aureus). se rencontre surtout chez le toxicomane
et se complique d’embolies pulmonaires septiques multiples.
b. autres lésions cardiaques :
- embolies coronariennes → infarctus du myocarde, abcès myocardiques
- abcès annulaires (surtout aortiques) → troubles de la conduction
- abcès septal → troubles de la conduction, perforation du septum interventriculaire
- péricardite, myocardite : mécanisme souvent immunologique
4. Complications vasculaires :
a. Embolies :
- complication extracardiaque la plus fréquente (≈50%), parfois asymptomatique.
- secondaires aux emboles septiques à partir des végétations.
- peuvent toucher tous les viscères (cerveau +++, rate ++, rein, mésentère) ainsi que les
articulations (arthrites septiques, à différencier des lésions immunologiques) et sont
responsables de localisations infectieuses secondaires pouvant entraîner des pyélonéphrites,
des spondylodiscites, des méningites, des abcès spléniques avec risque de rupture...
- plus fréquentes au début de l’évolution de l’endocardite avec comme facteurs de risque :
végétation > 10 mm, mobile, mitrale; endocardite à staphylocoque aureus. Le risque
embolique décroît rapidement après la mise en œuvre d’une antibiothérapie efficace.
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- le traitement anticoagulant est sans efficacité sur ces embolies septiques.


b. Anévrismes artériels mycotiques :
- surtout endocardites à streptocoques.
- mécanisme plurifactoriel : dépôts de complexes immuns dans la paroi artérielle, embolies
des vasa-vasorum ou atteinte septique directe de la paroi.
- siègent souvent sur les vaisseaux de moyen et de grand calibre : cerveau, aorte abdominale
et ses branches, artères pulmonaires.
- diagnostiqués par la TDM et l’IRM (et au mieux par l’angiographie)
5. complications neurologiques :
- tout accident vasculaire cérébral (AVC) fébrile doit faire évoquer une EI
- au cours de la surveillance d’une endocardite traitée, toute manifestation neurologique
(hémiplégie, amaurose transitoire, convulsions, somnolence, coma, céphalées persistantes)
doit conduire à la réalisation d’un scanner cérébral afin de préciser la nature de la
complication :
. AVC ischémique (embole septique)
. hémorragie (cérébrale, méningée ou cérébro-méningée) par rupture d’anévrisme mycotique
. autres localisations septiques : méningites purulentes (staphylocoque+++), méningo-
Encéphalites, abcès cérébraux ; abcès médullaires.
6. complications rénales :
a. néphropathie glomérulaire (dépôts de complexes immuns circulants) : hématurie, protéinurie
b. infarctus rénal (embolie) : douleur lombaire, hématurie. peut évoluer vers un abcès.
c. insuffisance rénale fonctionnelle (bas débit cardiaque) : peut évoluer vers l’insuffisance
rénale organique (nécrose tubulaire aiguë, néphrotoxicité des antibiotiques, des diurétiques…)
7. complications articulaires
- spondylodiscite infectieuse
- arthrite (genou, hanche…) : septique ou inflammatoire

VIII- Formes cliniques :


1- Endocardite sur cœur droit :
- fréquence est en augmentation (5-10% des El), touchent souvent la valve tricuspide
- toxicomanie IV +++
- microorganismes les plus fréquents : Staph. aureus +++, Pseudomonas, Candida.
- symptômes habituels : fièvre et signes en rapport avec les embolies pulmonaires septiques :
toux, dyspnée, douleur thoracique, hémoptysie.... Le souffle d’insuffisance tricuspide est
rarement présent.
- imagerie (Rx Thorax, TDM thoracique) : infarctus pulmonaires, abcès, pleurésie purulente...
- indications opératoires limitées :
. insuffisance cardiaque droite sévère
. végétation > 20 mm responsable d’EP à répétition
- pas d’indication à une anti coagulation curative en cas d’EP septiques.
2- Endocardite sur prothèse valvulaire :
- diagnostic difficile, ETO obligatoire
- 2 types (délai de survenue par rapport à la chirurgie) :
➢ précoces :
- < 1 an après l’implantation de la valve (contamination péri-opératoire)
- staphylocoque (epidermidis ou aureus), BGN…
➢ tardives :
- > 1 an après la chirurgie
- microorganismes (idem EI sur valve native) : streptocoques, Staph. aureus, entérocoques
- principales complications :
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. désinsertion et thrombose de la prothèse


. abcès annulaire
. embolies systémiques
- traitement : chirurgie très souvent nécessaire

IX- Pronostic :
- L’endocardite infectieuse est une infection grave avec les taux de mortalité suivants :
. EI sur cœur gauche / valve native : 20%
. EI sur cœur droit : 10%
. EI sur prothèse : 40%
- cause du décès
. très souvent liée à une complication cardiaque ou extracardiaque
. rarement liée à une infection non contrôlée.

X- Traitement :
- deux buts :
. traitement de l’infection
. traitement de la valvulopathie.
- comporte toujours une antibiothérapie, associé e souvent (≈50%) à une chirurgie de
remplacement valvulaire.
A- Principes thérapeutiques :
- Antibiothérapie : bactéricide, précoce (juste après les hémocultures), à forte dose, par voie
IV, de durée prolongée.
- adaptée à l’antibiogramme de la bactérie isolée
B- Traitement médical :
1. Antibiothérapie :
- l’antibiothérapie initiale des EI est très souvent probabiliste. Elle dépend essentiellement de
3 paramètres : EI sur valve native ou sur prothèse, communautaire ou nosocomiale, et
présence ou non d’une allergie à la pénicilline.
- une adaptation de l’antibiothérapie initiale (molécules, posologies) s’impose après
documentation de l’infection : isolement de la bactérie responsable avec antibiogramme
(streptocoques, staphylocoque, entérocoques…) ou sérologie positive (brucellose, fièvre Q,
bartonellose). Les schémas thérapeutiques recommandés (simplifiés) sont résumés ci-dessous :
Tableau 1. Antibiothérapie probabiliste des EI
Antibiotique posologie durée (sem) commentaire
EI sur valve native communautaire, ou sur prothèse ≥ 12 mois*
ampicilline 12 g/j -
+ oxacilline 12 g/j
+ gentamicine 3 mg/kg/j
allergie aux β lactamines
vancomycine 30 à 60 mg/kg/j -
+ gentamicine 3 mg/kg/j
EI sur valve native nosocomiale ou associée aux soins, ou sur prothèse < 12 mois
vancomycine 30 à 60 mg/kg/j -
+ gentamicine 3 mg/kg/j
+ rifampicine 900 à 1200 mg/j
* : antibiothérapie active sur les streptocoques, les entérocoques, et staph. méti-S

❖ Antibiothérapie après documentation bactériologique :


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➢ EI à streptocoques :
- ampicilline 200 mg/kg/j IV x 4 semaines (6 semaines si prothèse)
+ gentamicine 3 mg/kg/j IV x 2 semaines
- en cas d’allergie à la pénicilline : vancomycine 30 mg/kg/j x 4 semaines (6 semaines si prothèse)
+ gentamicine 3mg/kg/j (2 semaines)
➢ EI à entérocoque :
- ampicilline 200 mg/kg/j IV x 4 semaines (6 semaines si prothèse)
+ gentamicine 3 mg/kg/j IV x 2 semaines
- en cas d’allergie à la pénicilline : vancomycine 30 mg/kg/j x 6 semaines
+ gentamicine 3 mg/kg/j (2 semaines)
➢ EI à staphylocoque :
- EI sur valve native :
. Staph. méti-S : oxacilline 12 g/j IV x 4 à 6 semaines (monothérapie)
. Staph. méti-R ou allergie aux β lactamines : vancomycine 30 à 60 mg/kg/j (monothérapie)
- EI sur prothèse :
. Staph. méti-S : oxacilline (≥ 6 semaines) . Staph. méti-R : vancomycine (≥ 6 semaines)
+ gentamicine (≥ 2 semaines) + gentamicine (≥ 2 semaines)
+ rifampicine (≥ 6 semaines) + rifampicine (≥ 6 semaines)
➢ EI à autres microorganismes :
- Brucella : doxycycline + rifampicine + gentamicine + cotrimoxazole
- Coxiella burnetii (fièvre Q) : doxycycline + hydroxychloroquine
- Candida : amphotéricine B
- Aspergillus : voriconazole
2. Chirurgie : Les indications (parfois associées) peuvent être :
a. hémodynamiques : les plus fréquentes
- insuffisance cardiaque réfractaire
- insuffisance aortique
- insuffisance mitrale avec rupture de cordage
- abcès annulaire, myocardique ou septal
- désinsertion ou thrombose de prothèse valvulaire
b. emboliques : embolies récidivantes ou embolie avec végétation > 10 mm
c. infectieuses (rares) :
- persistance de la fièvre (avec hémocultures positives) à J7 d’antibiothérapie appropriée
- virulence de certains microorganismes : staphylocoque, BGN ; champignons.
→ Les valves opérées doivent être systématiquement adressés aux laboratoires de
Microbiologie et d’Anatomopathologie (et de Mycologie en cas de suspicion d’endocardite
fongique)
3. Traitements associés :
- traitement de la porte d’entrée et des localisations secondaires
- traitement de l’insuffisance cardiaque
4. Prévention des EI :
a. Antibioprophylaxie : l’objectif est de prévenir la greffe bactérienne sur l’endocarde lors
des bactériémies survenant suite à des procédures invasives
❖ Indications : restreintes aux situations à haut risque de bactériémie chez les malades ayant
une cardiopathie à haut risque. En effet :
- le risque d’EI serait plus important lors de bactériémies transitoires répétées (mauvais état
bucco-dentaire ; brossage des dents, chewing-gum …) que lors de bactériémies plus
importantes mais isolées des soins dentaires.
. l’usage fréquent des antibiotiques expose aux risques d’anaphylaxie et de résistance.
➢ cardiopathies à haut risque :
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- antécédents d’endocardite
- prothèse valvulaire
- cardiopathies congénitales cyanogènes non opérées
→ antibiotiques actifs sur les streptocoques oraux :
. amoxicilline 2 g PO, 1 heure avant l’acte
. si allergie à la pénicilline : clindamycine 600 mg PO ou IV, 1 heure avant l’acte,
➢ situations à haut risque : uniquement les soins dentaires avec manipulation gingivale ou
péri apicale, ou perforation de la muqueuse buccale
4- Mesures de prévention non spécifiques +++ :
primordiales vu la recrudescence des endocardites à staphylocoques et des endocardites
associées aux soins (PE non dentaire)
- hygiène cutanée et dentaire
- désinfection des plaies
- éviter les tatouages et piercings
- traitement antibiotique des infections bactériennes.

Pour en savoir plus : Recommandations de la Société Européenne de Cardiologie (ESC)


pour la prise en charge des endocardites infectieuses (2015).
Lien : http://www.marfan.fr/wp-content/uploads/2015/11/eurheartj.ehv319.full_.pdf
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Post-test

1- Physiopathologie de l’endocardite infectieuse :


A- les emboles septiques se détachent des végétations
B- la lésion endothéliale favorise la formation d’un thrombus stérile
C- le thrombus s’infecte suite à une bactériémie
D- une valvulopathie préexistante est constamment retrouvée
E- la végétation correspond au thrombus infecté

2- Les situations à haut risque d’endocardite infectieuse sont :


A- antécédents d’endocardite infectieuse
B- cardiopathies congénitales cyanogènes non opérées
C- insuffisance aortique
D- insuffisance mitrale
E- prothèses valvulaires

3- Parmi les portes d’entrée de l’endocardite infectieuse, lesquelles sont les plus fréquentes ?
A- buccodentaire
B- cutanée
C- digestive
D- respiratoire
E- urinaire

4- Les streptocoques suivants sont non groupables :


A- Streptococcus agalactiae
B- Streptococcus mitis
C- Streptococcus pyogenes
D- Streptococcus salivarius
E- Streptococcus sanguis

5- En cas de suspicion d’endocardite infectieuse, la pratique d’hémocultures obéit aux règles suivantes :
A- après le début de l’antibiothérapie
B- au mieux au moment des pics fébriles
C- chaque série sur un seul flacon aéro-anaérobie
D- informer le microbiologiste de la suspicion d’endocardite infectieuse
E- six séries espacées d’au moins une heure

6- Les anomalies immunologiques suivantes peuvent être observées dans l’endocardite infectieuse :
A- complexes immuns circulants
B- cryoglobulinémie
C- facteur rhumatoïde
D- hypercomplémentémie
E- protéinurie
15

7- Le diagnostic d’endocardite infectieuse est certain devant la présence de (critères de Duke) :


A- 2 critères majeurs
B- 1 critère majeur et 2 critères mineurs
C- 1 critère majeur et 3 critères mineurs
D- 3 critères mineurs
E- 5 critères mineurs

8- Les endocardites sur cœur droit :


A- se compliquent fréquemment d’AVC
B- sont de mauvais pronostic
C- sont plus fréquentes que les endocardites sur cœur gauche
D- sont plus graves que les endocardites sur cœur gauche
E- surviennent souvent chez des toxicomanes

9- L’antibiothérapie d’une endocardite infectieuse doit être :


A- bactéricide
B- intrahospitalière
C- débutée avant les hémocultures
D- à forte dose
E- par voie intraveineuse

10- Les antibiotiques à prescrire en 1ère intention chez un patient ayant une endocardite
infectieuse sont :
A- ampicilline
B- céfotaxime
C- gentamicine
D- oxacilline
E- vancomycine
16

Réponses au pré-test / post-test

1- A, B, C, E
2- A, B, E
3- A, B
4- B, D, E
5- B, D
6- A, B, C, E
7- A, C, E
8- E
9- A, B, D, E
10- A, C, D

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