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1. DÉFINITION
-Décrite par Sir William Osler en 1855
-L’endocardite infectieuse (EI) se définit par la greffe d’un agent pathogène, bactérien ou
fongique sur l’endocarde valvulaire (parfois pariétal) ou sur une prothèse intracardiaque à
l’origine d’un tableau septicémique particulier
2. EPIDEMIOLOGIE
-incidence : 31 cas par million d’habitants.
-L’homme est 2 fois plus souvent concerne que la femme
-Stable dans le temps.
.Pourquoi alors que mesures de prévention sont utilisées? (antibioprophylaxie anti-oslerienne
des cardiopathies à risque):
- vieillissement de la population
- développement de l’échocardiographie
-La fréquence des endocardites à Staphylocoques est en augmentation constante. (les plus
graves)
-mortalité de 20 à 50% (dépend du terrain, du germe, des tares associées.
a) les végétations :
-Ce sont des amas fibrino-cruoriques constitués de fibrine, de plaquettes, de macrophages, de
polynucléaires neutrophiles, et de bactéries.
-L’embolie peut être révélatrice de l’endocardite (accident vasculaire cérébral, ischémie aigue
d’un membre) ou au contraire être totalement silencieuse(20 % des cas), découverte par
exemple lors d’un scanner systématique.
b) les lésions destructrices :
L’infection est responsable de lésions destructrices intéressant aussi bien les feuillets
valvulaires, que l’appareil sous-valvulaire, et le tissu péri valvulaire.
4. ETIOPATHOGENIE
L’endocardite infectieuse est due à la contamination bactérienne d’un endocarde le plus
Souvent antérieurement pathologique : plusieurs facteurs étiologiques expliquent la variété
Sémiologique de l’endocardite : - la cardiopathie sous-jacente,
- la porte d’entrée,
- le terrain de survenue,
- le germe responsable
a) cardiopathie sous-jacente
**Cardiopathie valvulaire:
- valvulopathie native (rhumatismale…)
Coeur gauche : IM, IAO, RAO
Coeur droit : toxicomanes, cathéters centraux, sondes de stimulation
- prothèse valvulaire
**Cardiopathies congénitales
- Shunts G-D: CIV, PCA
- Cardiopathies congénitales cyanogènes
**Les autres : CMHO…
b) porte d’entrée
Elle n’est formellement identifiée que dans 50 % des cas. On distingue :
• porte d’entrée bucco-dentaire ++ fréquente ; germe responsable : streptocoque transmis le
plus souvent lors de soins dentaires accompagnés de saignement.
• portes d’entrée urinaires (chirurgie urétérale, prostatectomie) où les germes en cause sont
le plus souvent des entérocoques ou des bacilles à Gram négatif.
• portes d’entrée digestives, fréquentes chez le sujet âgé, où le germe responsable est le
plus souvent un streptocoque bovis ou un entérocoque.
• portes d’entrée cutanées, plus rares (plaies, furoncles) en général à staphylocoque doré ou
épidermidis.
c) Le terrain de survenue :
-Diabète
-Immunodépression
-Insuffisance cardiaque
*Streptocoque (60%) :
- streptocoques oraux du groupe α-hémolytique non groupables viridans (mitis, sanguis,
mutans)
- streptocoque D
- entérocoque, pneumocoque
*Staphylocoque (20%) : epidermidis, aureus
*Autres :
-groupe HACEK (Haemophilus, Actinobacillus, Cardiobacterium hominis, Eikenella, Kingella
kingae): 3%
- Coxiella burnetti (fièvre Q)
- Chlamydia
- entérobactéries
- griffes du chat (Bartonella henselae, Bartonella quintana)
- levures (Aspergillus, Candida)
5. DIAGNOSTIC
A)Signes cliniques
**Manifestations générales
- Fièvre : constante, de tous types, d’intensité très variable : "tout patient porteur d'une
lésion cardiaque à risque présentant une fièvre inexpliquée doit être considéré comme suspect
d'endocardite’»
- Altération de l’état général : anorexie, amaigrissement, sueurs, pâleur
- Splénomégalie
**Manifestations cardiaques :
- Souffle d’apparition récente ou récemment modifié ; plutôt souffle de régurgitation (diastolique
aortique, systolique mitral)
- Manifestations d’insuffisance cardiaque dyspnée ++
**Manifestations extracardiaques :
- Signes cutanés :
*purpura pétéchial : cutané, des muqueuses (conjonctival, buccal, membres inférieurs)
*Faux panaris d’Osler : pulpe des doigts, fugace
*Placards érythémateux de Janeway
- Signes rhumatologiques : arthralgies, arthrites, spondylodiscites.
- Signes neurologiques : emboles cérébraux, hémorragie cérébrale, abcès cérébraux,
méningites
- Signes ophtalmologiques : FO tâches de Roth (hémorragies et exsudats)
-Signes respiratoires : pneumopathie dans les endocardites du cœur droit
- Signes rénaux : protéinurie, hématurie, insuffisance rénale par atteinte glomérulaire, souvent
d'origine immunologique
B)Examens complémentaires
1) Examens biologiques
- A visée diagnostique :
**Hémocultures
**Culture et anapath des valves en cas d’intervention
- A visée évolutive :
**Bilan immunologique : Immuns complexes circulants, facteurs rhumatoïdes
**Fonction rénale, hématurie, protéinurie/24 h
L’abcès
-espace clair, lavé (=pseudo anévrysme) ou non par flux
C) Classification diagnostique
**pathologie au polymorphisme clinique important
**pas possible de décrire un tableau clinique clair et unique.
**son diagnostic de certitude peut demeurer difficile. Les diagnostics par défaut ou par excès
sont courants.
**pour faciliter le diagnostic de l’endocardite, on utilise la classification de Dukes modifiee ou
Durack
--Ces critères n’ont toutefois que valeur d’orientation, et malgré leur bonne valeur
Diagnostique (sensibilité de l’ordre de 80 %, spécificité voisine de 95 %), ils peuvent être pris en
défaut, notamment dans :
- les endocardites sur prothèses valvulaires,
- les endocardites sans végétation échographique,
- et dans les endocardites à hémocultures négatives.
« Toute fièvre persistante ou inexpliquée chez un cardiaque valvulaire doit faire évoquer
le diagnostic d’endocardite jusqu’à preuve du contraire »
**Complications cardiaques
-Progression des lésions au niveau cardiaque :
-apparition d'un abcès annulaire,
-extension de l'infection à d'autres valves,
-aggravation des fuites avec mauvaise tolérance hémodynamique responsable de
-L'insuffisance cardiaque qui apparaît parfois brutalement suite à une déchirure de
l'appareil valvulaire ou sous valvulaire, ou qui évolue d'autres fois plus progressivement.
-Les troubles de la conduction : BAV, surtout dans EI aortiques, par extension de
l'infection au septum interventriculaire et atteinte du Faisceau de His
**Autres complications
- Les phénomènes emboliques présents dans environ 40% des cas, affectent le cerveau,
le poumon, les coronaires, les artères périphériques, la rate et les autres viscères. Ces embolies
sont silencieuses et détectées uniquement par un examen paraclinique systématique (scanner
cérébral ou abdominal, échographie abdominale).
-Autres manifestations neurologiques à type d'hémorragie, de méningite septique ou
aseptique
-Les anévrismes mycotiques dans 5% des EI, peuvent se localiser au niveau de l'aorte
proximale, des artères viscérales, des extrémités, et du cerveau. Risque de rupture.
**Complications rénales
a-L’infarctus rénal est fréquent dans l’endocardite ; d’origine embolique, il peut se manifester
sous la forme d’une douleur lombaire avec hématurie ou être totalement silencieux, de
découverte systématique.
b-Une glomérulonéphrite, probablement immunologique, est fréquente dans l’endocardite,
souvent marquée par la présence d’une protéinurie et/ou d’une Hématurie microscopique.
c-L’insuffisance cardiaque, par la baisse du débit de filtration glomérulaire qu’elle
provoque, participe également à l’insuffisance rénale de ces patients.
d-Les antibiotiques utilisés dans l’endocardite sont également fréquemment
néphrotoxiques.
--L’ensemble de ces éléments explique la fréquente atteinte rénale dans
l’endocardite et justifie un suivi biologique régulier de la fonction rénale de ces patients.
7. FORMES CLINIQUES
a) endocardites prothétiques
-On distingue les endocardites précoces, survenant dans les 2 mois qui suivent l’intervention,
particulièrement graves et le plus souvent d’origine staphylococcique, et les endocardites
tardives, causées par les mêmes germes que dans les endocardites sur valves natives, de
meilleur pronostic.
-Le diagnostic d’endocardite prothétique est constamment plus difficile que celui
d’endocardite sur valve native : -les végétations sont fréquemment absentes,
-les abcès périprothétiques plus fréquents.
-Les signes cliniques sont plus fréquemment trompeurs, les hémocultures souvent négatives.
L’échographie transthoracique conventionnelle est souvent mise en défaut, intérêt ETO
Néanmoins, là aussi, la valeur diagnostique de cet examen est plus faible que pour les
endocardites sur valves natives, et parfois, le seul signe d’endocardite est l’apparition d’une
nouvelle fuite périprothétique.
-Les endocardites prothétiques s’individualisent également par leur pronostic et leur
traitement : le traitement antibiotique doit être plus prolongé, le traitement chirurgical plus
fréquent, le pronostic de l’endocardite prothétique reste sévère
**dans les formes chroniques, le tableau peut être extrêmement trompeur, dominé par les
signes pulmonaires, et parfois des manifestations extracardiaques, notamment articulaires, ou
par une AEG.
-Cliniquement, le tableau clinique est trompeur, la présence d’un souffle à l’auscultation est
rare, et les signes cliniques prédominants témoignent d’une embolie pulmonaire septique.
-L’échographie reste l’examen clé pour le diagnostic d’endocardite du coeur droit, montrant très
fréquemment des végétations, parfois volumineuses. Malgré un risque embolique important, le
traitement de l’endocardite du coeur droit est le plus souvent médical, et le pronostic de la
maladie relativement bon.
8. Diagnostics différentiels
**Endocardites :
- thrombotique non bactérienne
- marastique (au cours du cancer)
- lupique (E. LIBMAN-SACHS)
**Autres :
- infection intercurrente sans rapport avec la cardiopathie
- poussée de rhumatisme articulaire aigu
- maladie thrombo-embolique veineuse
- myxome de l’oreillette gauche
9. TRAITEMENT
a) Les objectifs du traitement:
• Eradiquer le microorganisme présent dans les végétations afin d’éviter les rechutes.
• Prendre en charge les lésions cardiaques extensives et destructrices ainsi que les
complications focales extra cardiaques (cure de la porte d’entrée+++)
b) Mise en condition :
- hospitalisation en urgence en cardiologie
- arrêt et contre-indication de tout traitement anti coagulant
- voie veineuse périphérique, O2 nasal, scope cardio tensionnel, repos au lit strict
c) Antibiothérapie en urgence:
-probabiliste, secondairement adapté sans attendre le résultat des prélèvements
-bactéricide, double, synergique parentérale
*Autres :
C. Burnetti (fièvre Q)
-Doxycycline
-Rifampicine
-FQ
Jusqu’à IgG phase I<200, IgA phase I indosables
Candida albicans
-Amphotéricine B
+
-Flucytosine
-Imidazolés? ( avec chirurgie car rechutes)
**Clinique :
efficacité
• température • pouls, TA, fréquence respiratoire
• souffle cardiaque • signes congestifs
• signes de complications extracardiaques : cutanées, neurologiques, oculaires (fond d'œil)
tolérance :
• allergie cutanée
• audiogramme
**Biologique :
efficacité :
• négativation des hémocultures
• dosage des antibiotiques : pic des aminosides, pouvoir bactéricide du sérum
tolérance :
• rein (fonction rénale)
• dosage des antibiotiques (résiduel des aminosides)
1. Indications formelles
• insuffisance cardiaque persistante sous traitement médical, en rapport avec une fuite valvulaire
ou l’apparition d’une communication anormale
• persistance d’un syndrome infectieux non contrôlé malgré une antibiothérapie adaptée
• EI fongique
2. Indications admises
• lésions para-annulaires sévères ou évolutives (abcès annulaires ou septaux, lésions sous-
aortiques)
• présence d’une végétation volumineuse (> 15 mm) après un épisode embolique
(symptomatique ou non) en l’absence de contre-indication neurochirurgicale
• insuffisance cardiaque régressive sous traitement médical en rapport avec une fuite
volumineuse
3. Indications discutées
• présence d’une végétation volumineuse (> 15 mm) et mobile en l’absence d’embolie
• petit abcès, à micro-organisme sensible, sans insuffisance cardiaque, stable et d’évolution
favorable sous traitement médical
1. Indications formelles
• insuffisance cardiaque liée à une dysfonction prothétique
• persistance d’un syndrome infectieux non contrôlé malgré une antibiothérapie adaptée
2. Indications admises
• EI compliquée
- dysfonction prothétique sévère (obstruction ou fuite périprothétique)
- abcès périprothétique sévère ou fistule
- persistance d’une végétation volumineuse (> 15 mm) et/ou mobile après un épisode
embolique (symptomatique ou non) en l’absence de contre-indication neurochirurgicale
• EI à Staphylococcus aureus ou EI fongique
3. Indications discutées
• EI postopératoire non compliquée
• EI non compliquée avec végétation volumineuse (> 15 mm)
• petit abcès, à micro-organisme sensible, sans insuffisance cardiaque, stable et d’évolution
favorable sous traitement médical