Vous êtes sur la page 1sur 7

IV.

7 – Infections et grossesse

En résumé
- Rubéole : sérologie obligatoire, risque fœtal si < 18SA, prévention par vaccination +++, pas de
TT/IMG possible
- Fièvre + grossesse = listériose jusqu’à preuve du contraire. DO, traitement par amoxicilline,
mesures d’hygiène +++
- SGB : dépistage à 34 – 38 SA par PV, +  amoxicilline IV per partum
- CMV : attention aux récurrences, contage, enfants bas âge, risque handicap neurosensoriel,
pas de TT/IMG possible
- Infection génital à HSV : traitement +/- prophylaxie +/- césarienne
- Syphilis : risque fœtal après 4ème mois, TPHA-VDRL obligatoire en début de grossesse, TT =
pénicilline G retard
- VHB : contamination périnatale, mère Ag HBs +  sérovaccination du nouveau-né

LISTERIOSE

- Maladie due à Listeria monocytogenes, transmissible à l’homme par ingestion d’aliments


contaminés (transmission indirecte la plus fréquente). Maladie à DO.
- L. monocytogenes : bactérie ubiquitaire, seule espèce du genre Listeria pathogène pour l’H,
saprophyte, se multipliant bien à +4°C
- FE est particulièrement sensible à l’infection par Listeria du fait de la diminution des défenses
immunitaires au cours de la grossesse.

Symptomatologie maternelle
- Période d’incubation : qq jours à + de 2 mois
- Toute fièvre nue (=sans autre signe clinique) chez une FE est une listériose jusqu’à preuve
du contraire
- Clinique pauvre : syndrome pseudo-grippal avec fièvre, myalgies, céphalées…

Risques fœtaux
- Contamination in utero par voie hématogène transplacentaire (bactériémie)
- Conséquences graves (en fonction du terme de la grossesse)
o Chorioamniotite avec, en fonction du terme de la grossesse,
o Avortement spontané fébrile, pour infections survenues au 1er et 2ème trimestre
o Accouchement prématuré fébrile
o MFIU dans 20 – 30% des cas
o Listériose nénonatale avec risque de méningo-encéphalite et de septicémie

DB
- Tableau clinique non spécifique  Diagnostic repose sur hémocultures avec recherche de
Listeria
- Sérologie inutile (Se-, Sp-)
- Au moment accouchement
o Examen anathomopathologie du placenta recherchant abcès listériens
o Examens bactériologiques placenta
- Chez NN : hémoculture, LCR, liquide gastrique, méconium… avec analyse bactériologique
recherchant spécifiquement L. monocytogenes
- Culture : gélose nutritive au sang. ATBG : méthode de diffusion en gélose de Mueller-Hinton
au sang.
Traitement
- Amoxicilline p.o. pendant 3 semaines parfois continue jusqu’à accouchement + aminoside
(gentamicine) en IV pendant 5 jours
- Si allergie amoxicilline : triméthoprime-sulfamethoxazole

Prévention
- Eviter aliments à risque : produits de charcuterie crus ou consommés en l’état, certains
produits crus  Eviter produits achetés à la coupe et privilégier les aliments pasteurisés
- Soigner préparation aliments : se laver les mains, nettoyer ustensiles cuisines, laver ++
légumes crus, herbes aromatiques, bien cuire aliments
- Conservation aliments : réfrigérer rapidement aliments nécessitant une conservation au
froid, nettoyage fréquent eau savonneuse ou eau de Javel

STREPTOCOQUE DU GROUPE B (SGB)

- Prévalence du portage asymptomatique : 10% FE


- Conséquences potentielles : chorioamniotite, infection néonatales, endométrites post-
partum  Efficacité +++ antibioprophylaxie per-partum
- Agent : streptocoque beta-hémolytique du groupe B = Streptococcus agalactiae

Dépistage maternelle
- Dépistage systématique recommandé en fin de grossesse  Prélèvement réalisé à
l’écouvillon de l’ensemble de la cavité vaginale entre 34 et 38 SA.
- On ne dépiste pas F ayant un ATCD d’IMF à SGB ou ayant présenté au cours de la grossesse
une bactériurie à SGB  Antiobioprophylaxie per partum systématique
- En cas d’infection néo-natale : hémoculture, LCR, liquide gastrique, méconium… et analyse
bactériologique
- Culture : gélose nutritive au sang (à l’acide nalidixique et colistine) ou gélose Granada ; puis
ATBG

Traitement
- Portage SGB ne comporte aucun risque pour fœtus tant que membranes sont intactes 
Traitement unique en per partum ou si rupture prématuré des membranes ou si absence de
dépistage de fin de grossesse
- Traitement débuté le plus précocement possible au cours du travail ou en cas de rupture
prématuré des membranes, car son efficacité n’est optimale qu’à partir de la 2ème injection
par
o Amoxicilline IV : 2g puis 1g toutes les 4h tout au long du travail
o En cas d’allergie et si germe S : macrolides ou clindamycine utilisables. Sinon
vancomycine IV.

En clair : Antiobioprophylaxie per-partum de l’infection à SGB recommandé


- En cas de diagnostic de portage au cours de la grossesse
- En cas de bactériurie à SGB au cours de la grossesse
- En cas d’ATCD d’infection néonatale à SGB
- En cas d’absence de prélèvement vaginal de dépistage, si un des FdR suivants est présent :
o Accouchement < 37 SA
o Durée de rupture des membranes > 12h
o T° maternelle > 38°C au cours du travail
RUBEOLE

- Infection virale à transmission respiratoire ou transplacentaire, incubation de 14 à 20 jours,


suivie d’une phase éruptive inconstance (50%) ; devenue rare de nos jours
- La PI au cours des premiers mois de grossesse peut être responsable d’une embryopathie
grave : la rubéole congénitale. Risque pour infant quasi nul si infection > 18 SA
- Prévention par la vaccination généralisée et sérologie obligatoire en début de grossesse.
Selon OMS
o Si une preuve de sérologie + (IgG +) un jour  Pas de contrôle lors des grossesses
ultérieures
o Si preuve de 2 doses de vaccin  pas de revaccination ni de sérologie à faire
- Agent causal : virus à ARN, famille Togaviridae (genre Rubivirus), 70nm, capside icosaédrique
enveloppée, réplication dans le cytoplasme de nombreux types cellulaires ; strictement
humain

Clinique
- Asymptomatique dans 30% des cas. Eruption (= exanthème) démarrant au visage,
s’étendant au tronc et aux extrémités, disparaissant en 3 jours sans laisser de cicatrice +
adénopathies fréquentes, fièvre inconstante et modérée en général
- Guérison spontanée en quelques jours ; les complications sont exceptionnelles

Diagnostic
- Repose sur sérologie maternelle (Ac apparaissent 15 jours après le contage)
- Séronconversion rubéolique si : présence IgM et augmentation du taux d’IgG entre 2
prélèvements à 15 jours d’intervalle.

En clair : circonstances imposant réalisation d’une sérologie rubéoleuse


- Bilan pré-conceptionnel et vaccination en cas de sérologie négative
- Systématique en début de grossesse
- En cas d’éruption maternelle évocatrice (sérologie dans les 48h)
- En cas de contage avec un enfant présentant une éruption suspecte d’être une rubéole 
sérologie à réaliser précocement

Risques fœtaux
- Risque d’infection fœtale in utero par passage transplacentaire  Risque de rubéole
congénitale = tableau d’embryofoetopathie très sévère, avec RCIU, cardiopathies, anomalies
cérébrales (calcifications intracrâniennes), anomales ophtalmologiques (cataracte…), surdité
- IMG peut parfois être proposée
Rubéole maternelle Risque malformatif
Avant 12 SA MAJEUR
Entre 12 – 18 SA Risque de surdité
Après 18 SA Aucun risque malformatif

Interprétation sérologie
Patiente - Contrôle de la sérologie vers 18 – 20 SA dans le même laboratoire
séronégative - Vaccination de la patiente dans le post-partum
- Immunité ou vaccination ?
Sérologie positive - Possibilité d’une PI ? (contage/signes cliniques ?), si oui  contrôler
(IgG) la sérologie avec recherche IgM (sérologie routine = que IgG) et
mesure avidité IgG (faible, < 50%, évoque une infection récente, <
1 mois)
Prise en charge d’une PI de la FE
Diagnostic d’une - Par amniocentèse (après 18 SA et > 5 semaines après la
infection fœtale séroconversion maternelle)  Recherche du génome viral par RT-PCR
in utero - Ou, prélèvement de sang fœtal (après 22 SA)  RT-PCR pour
rechercher le génome virale et détection d’IgM anti-rubéoliques
Surveillance - Mensuelle pendant toute la grossesse
échographique - Recherche anomalies évocatrices d’une rubéole congénitale (RCIU,
atteintes cardiaques, cérébrales….)

Remarques
- La recherche du virus par culture est possible mais délicate (mise en évidence d’un
phénomène d’interférence avec un entérovirus par hémadsorption)  Pas de réalisation
courante
- La demande d’IMG est discutable d’emblée en cas de PI maternelle avant 12SA

Prévention
- Vaccination généralisée des jeunes filles en âge de procréer (recommandée)
- Vaccination dans le post-partum immédiat pour les F séronégatives

INFECTION A CMV CHEZ LA FE

- Infection congénitale la + fréquente au cours de la grossesse (1% des NN excrètent le virus


dans leurs urines)
- Transmission materno-fœtale par voie hématogène transplacentaire, augmentant avec le
terme de la grossesse (15 – 20% au T1, jusqu’à 60 – 70% au T3)
- Formes graves pour le fœtus surtout liés à une infection < 20 SA
- CMV = 2ème cause de troubles auditifs chez les enfants (après causes génétiques).
- Actuellement impossible d’en faire le dépistage par la sérologie

Eléments cliniques
- PI chez FE souvent asymptomatique ou de type syndrome pseudo-grippal. Récurrences
possibles.
- Infection asymptomatique dans 90% des cas à la naissance. Dans ce cas, la séquelle
essentielle est la perte d’audition (5 – 10% des cas)
- Chez les NN symptomatiques, atteintes sévères dans 50% des cas : maladies des inclusions
cytomégaliques (prématurité, microcéphalie, choriorétinite, calcifications intracérébrales,
anémie, thrombopénie…)  30% de décès, 60 – 70% de séquelles neurologiques sévres

Fréquence Risque de transmission Risque de séquelles neuro-


materno-fœtale sensorielles
PI maternelle 1 – 2% 35% en moyenne NN symptomatique : 60% +
30% de décès
NN asymptomatique : 5 – 10%
des cas
Récurrence 1% 2% 1 à 5% (surdité partielle)
maternelle
Eléments du DB
- Chez la mère, de façon inconstante et non spécifique, syndrome mononucléosique à
l’hémogramme + frottis sanguin, cytolyse hépatique (ALAT > ASAT)
- Concernant la sérologie, absence de traitement spécifique fait qu’elle n’est pas
recommandée systématiquement au cours de la grossesse. Souvent réalisée
o Devant un tableau clinique évocateur d’une infection virale
o Devant des signes d’appel échographiques

PROFILS INTERPRETATION
IgG-/IgM- Patiente non immune ; informations sur les mesures d’hygiène à adopter
IgG+/IgM- Patiente immunisée (attention au risque de récurrence/infection)  Rappel sur
mesures d’hygiènes à adopter
IgG+/IgM+ Soit infection récente soit IgM non spécifiques  Sérologie sur un éventuel sérum
conservé +/- test avidité des IgG pour dater l’infection
IgG-/IgM+ Soit infection débutante soit IgM non spécifiques  Contrôle de la sérologie 3
semaines plus tard
Si IgG+ sur la 2ème sérologie  Séroconversion. PEC par expert

- Si séroconversion  amniocentèse avec recherche du CMV par PCR (après 20 SA et 6


semaines après la séroconversion). Une amniocentèse positive affirme l’infection du fœtus
(non synonyme de lésion fœtal).

Conduite à tenir et prévention


- Si séroconversion  surveillance échographique renforcée (voire IRM fœtale). Mise en
évidence de lésions (cérébrales notamment) peut justifier une IMG.
- Dans tous les cas, à la naissance, recherche CMV par PCR dans les urines. En cas de
positivité : surveillance annuelle de l’audition jusqu’à 6 ans.
- Pas de traitement  rôle majeur de la prévention avec des mesures d’hygiène simples et
efficaces
o Eviter les contacts avec les sécrétions d’enfants en bas âge, 1/3 d’entre eux étant
porteur du virus = ne pas utiliser les mêmes couverts, ne pas boire dans le même
verre, ne pas embrasser sur la bouche…
o Lavage des mains régulier ++

INFECTION GENITALE A HSV CHEZ LA FE (Notions clés)

- Epidémiologie/agents causaux (cf chapitre IST)


- Rares cas de transmission in utero décrits  embryo-foetapathies sévères
- Au moment de l’accouchement, herpès génital  risque infection néonatale
- Rare mais grave, infection se fait lors de la traversée de la filière génitale
- Après l’accouchement, infection peu se faire par contact avec des lésions d’herpès labial
(chez la mère ou l’entourage)
- Herpès néonatal s’associe à un risque majeur de décès par septicémie avec défaillance multi-
viscérale ou par méningo-encéphalite
- CAT
o Lésions génitales herpétiques au moment de l’accouchement  césarienne de
protection fœtale
o PI dans le dernier mois de grossesse  IDEM
o Si récurrence pendant la grossesse  Traiter la crise par valaciclovir + traitement
prophylactique le dernier mois de grossesse

SYPHILIS CHEZ LA FE

- Dépistage sérologique (TPHA-VRDL) obligatoire en début de grossesse


- Epidémiologie/agent causal/méthodes diagnostiques (cf chapitres IST). Clinique chez la F
n’est pas modifiée en cas de grossesse.
- Transmission materno-fœtale par voie hématogène transplacentaire

Risques fœtaux
- Contamination avant le 4ème mois (18 SA) : classiquement pas d’infection fœtale. Le
traitement prescrit avant le 4ème mois évite tout risque d’atteinte fœtale).
- Contamination après : sans traitement, risque de transmission materno-fœtale est de 50%.
Risques :
o Avortement spontané tardif, MFIU, accouchement prématuré
o Syphilis congénitale : association de lésions cutanéo-muqueuses, osseuses, voire
poly-viscérales (hépatique, cérébrale…) et d’une anasarque.

Dépistage sérologique
TPHA VDRL INTERPRETATIONS
- + Patiente non atteinte sauf si contamination récente.
Doute ?  FTA-abs avec recherche d’IgM ou contrôle à 3 semaines
+ + Patiente atteinte de syphilis
+ - Plusieurs possibilités
- Syphilis débutante ( FTA-abs précoce permet la confirmation)
- Cicatrice sérologique (syphilis guérie/autre réponématose)
- Exceptionnel FP du TPHA

- Bilan IST complet (à la recherche d’une co-infection) + dépistage avec traitement du ou des
partenaire(s), DO

Prévention de la syphilis congénitale


- Dépistage maternel obligatoire (TPHA-VDRL) pour toute FE en début de grossesse. A
renouveler en cours de grossesse si clinique évocatrice ou patient à risque.
- Traitement maternel en cas de syphilis prouvée : pénicilline G retard (benzathine
benzylpénicilline) IM, renouvelé à 1 semaine. (Si allergie : induction de tolérance par
protocole de désensibilisation par VO)
- Rappel des mesures de prévention des IST
- PEC du NN de mère syphilitique : examen clinique complet, examen bactériologique du
placenta et d’éventuelles lésions cutanées, sérologies fœtales sur prélèvement de sang de
cordon (FTA-abs + recherche IgM).
 Si syphilis congénitale, traitement antibiotique adapté (sur avis d’expert).
VHB ET GROSSESSE (Notions clés)

- Epidémiologie/agent causal/clinique/biologie (cf chapitres hépatites virales)


- En France, 1,5% des FE sont Ag HbS +
- Pas d’embryo-foetopathie liée au VHB  Risque lié à une contamination péri-natale du NN
(sang, sécrétions génitales)
- Dépistage obligatoire au 6ème mois de grossesse = recherche Ag HbS
- Si Ag HbS +  Bilan hépatique complet, sérologie VHB complète avec recherche marqueurs
de réplication (Ag HbE et ADN viral), bilan des co-infections
- Permet de différentier : infection maternelle chronique (95% des cas, dont le risque de
transmission dépend de la CV)/Infection aigue (5% des cas, asymptomatique souvent, mais
risque de transmission péri-natal+++)
- CAT si NN mère Ag HbS +
o Pas de césarienne prophylactique ; allaitement non CI ( ??, à confirmer)*
o Séro-vaccination du NN (Ig anti-HbS + vaccination dans 2 sites différents) dans les
premières heures de vie
- Prévention +++ (cf chapitres hépatites virales)

ANTIBIOTIQUES ET GROSSESSE : Antibiotiques utilisables chez la FE

1er T 2ème T 3ème T


Beta-lactamines Oui Oui Oui
Macrolides/Synergistines Oui Oui Oui
Quinolones Non* Non* Non*
Fosfomycine Oui Oui Oui
Rifampicine** Oui Oui Oui
Tétracycline Non Non Non
Glycopeptides Oui Oui Oui
Cotrimoxazole Non *** Oui Oui
Imidazolés Oui Oui Oui

* Sauf nécessité thérapeutique (en privilégiant la ciprofloxacine)


**Si poursuivie jusqu’à l’accouchement : vitamine K1 à la mère en fin de grossesse et au NN
***Eviter avant 10SA. Si nécessité : ajouter acide folique (5mg/j) + surveillance échographique
renforcée

Vous aimerez peut-être aussi