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Institut National de Formation Supérieur Paramédicale Constantine

Module : Virologie / Option : laborantin de 3ème année /Année : 2021-2022/ Enseignante : Dr.I.KHALKHAL

Virus de la rubéole
1- Introduction :

La rubéole est une maladie éruptive d'origine virale généralement bénigne sauf lorsque elle
atteint une femme enceinte. La gravité de l’affection est due à la tératogénicité du virus : si
l’infection survient chez la femme enceinte (surtout lors du 1er trimestre de la grossesse), elle
peut être responsable d’un syndrome polymalformatif chez le foetus.

2- Structure ;

Le virus de la rubéole appartient à la famille des Togaviridae, genre Rubivirus, son diamètre
est de 60 à 70 nm et de symétrie icosaédrique. Le génome est un ARN monocaténaire de
polarité positive, il porte sur ses 2 /3 du coté 5’ les gènes codant pour des polypeptides non
structuraux et sur son 1/3 du coté 3’ ceux qui codent pour des polypeptides structuraux.
L'enveloppe virale porte des spicules à sa surface El et E2 (E1à une activité hémagglutinante).
Le virus est génétiquement stable et ne comporte qu'un seul serotype.

3- Multiplication virale:

a- Attachement : Le virus se fixe à la surface des cellules cibles par les glycopeptides
d'enveloppe.

b- Pénétration: il entre dans la cellule par endocytose et relargue sa nucléocapside dans le


cytoplasme.

c- Traduction : Apres décapsidation, les 2/3 de l’extremité 5' d’ARN sont traduites en un
précurseur, qui sera clivé par une protéase virale en deux protéines qui constituent la réplicase
virale.

d- Réplication : la réplicase utilise l'ARN génomique comme matrice pour la transcription


d'un ARN complémentaire, de polarité (-) qui servira à son tour comme matrice pour 2 types
d ARN à polarité positive : l’ARN génomique et un ARN subgénomique qui contient la
séquence 3' terminale de l’ARN génomique. ARN subgénomique fonctionne comme ARN
messager pour la synthèse d'un polypeptide dont le clivage en cours de synthèse donne la
protéine de capside (C) non glycosylée et les deux protéines El et E2 qui seront ultérieurement
glycosylés .

e- Assemblage et libération: la capside C et l’ARN génomique s’assemblent pour former la


nucléocapside .Le virus quitte la cellule par bourgeonnement en portant avec lui une
membrane cellulaire comme enveloppe.

4- Epidémiologie :

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Le réservoir de virus est exclusivement humain.
La transmission est directe :

 Par voie aérienne (rubéole acquise)


 Par voie transplacentaire (rubéole congénitale)

La période de contagiosité s'étend approximativement de 7 jours avant à 7 jours après le


début de l'éruption.

La rubéole évolue sous forme de cas sporadiques avec, en fin d’hiver et surtout au printemps,
des poussées épidémiques d’importance variable.

L'incidence de la rubéole a considérablement diminué dans les pays développés (bonne


couverture vaccinale) mais le virus circule toujours dans les pays en voie de développement.

5- Pouvoir pathogène chez l’homme :

5-1- Primo-infection :

Apres inhalation, le virus de la rubéole se multiplie dans la muqueuse respiratoire, puis les
ganglions cervicaux d'où il gagne la circulation générale. Il est présent dans l'oropharynx (7
jours avant et 7 jours après le début de l'éruption) et dans le sang (la semaine qui précède
l'éruption). L'éruption est présente une fois sur deux, elle fait suite à une période d'incubation
de 13 à 20 jours (en moyenne 16 jours). Typiquement, c'est une éruption discrète, faite de
petites macules rose pale, commençant au visage et s'étendant rapidement au tronc et aux
membres. Elle dure rarement plus de trois jours.

5-2- Réinfection :

La primo-infection laisse une immunité durable, sans toutefois empêcher des réinfections qui
sont asymptomatiques et sans risque pour le fœtus et qui s'accompagnent d’une ascension du
titre des anticorps.

5-3- Rubéole congénitale :

L'atteinte virale au cours de l'embryogenèse se traduit par des malformations touchant


essentiellement l'œil (cataracte, microphtalmie, rétinopathie), le cœur, l'oreille interne (surdité
uni ou bilatérale).
Lorsque l'infection maternelle survient au premier trimestre, ces malformation sont souvent
associés, entre la 12e et la 18e SA, le principal risque est celui d'une surdité.

 Transmission materno-foetal :

Le risque d'infection fœtale varie selon l'âge gestationnel lors de la primo-infection


maternelle. Selon l'étude, la fréquence de l'infection fœtale est très élevée (90%) si l'infection
de la mère a lieu avant la 11eme semaine d'aménorrhée (SA), puis décroit jusqu'à 25% entre la
23 et la 26eme SA et augmente à nouveau au troisième trimestre pour atteindre 100% en fin de
grossesse.

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 Fréquence des malformations congénitales :

La survenue d'une primo-infection avant la 11ème semaine d'aménorrhée serait responsable de


70 à 90% de malformations. Entre la 11eme SA et la 18eme SA, leur fréquence varie selon les
auteurs (entre 15 et 80%). Apres la 18emeSA, les risques de malformations sont nuls.

6- Diagnostic au laboratoire :

Le diagnostic de la rubéole repose essentiellement sur la sérologie .la recherche direct du


virus étant réservé pour des cas particuliers (avortement prophylactique et caractérisation du
virus pour prouver l'infection du fœtus).

6-1- Titrage des anticorps :

Il repose sur la mise en évidence d’une séroconversion ou d’une élévation significative du


titre des anticorps entre deux prélèvements effectués à 15 jours d’intervalle : le 1er sérum
(sérum " précoce ") doit être prélevé le plus tôt possible, le second (sérum " tardif ") 10 à 15
jours après l’éruption. Les deux sérums doivent être examinés simultanément.

Les techniques les plus couramment utilisées pour titrer les anticorps sont la technique
d’inhibition d’hémagglutination ou IHA (le virus possède une hémagglutinine inhibée par les
anticorps antirubéoleux) et surtout les techniques immunoenzymatiques (ELISA). On peut
également rechercher la présence des anticorps par une technique d’agglutination de
particules de latex sensibilisées à l’antigène rubéoleux.

Dans la primo-infection, les anticorps apparaissent avec l’éruption et s’élèvent rapidement


jusqu’à un titre maximal, mais il existe une grande variabilité individuelle de ces paramètres :
délai entre l’apparition et le titre maximal des anticorps (3 jours à 3 semaines), titre maximal
du plateau, titre résiduel des années plus tard.

6-2- IgM spécifiques :

La détection d’IgM anti-rubéoliques signe la primo-infection.


La recherche peut se faire en IHA ou chromatographie mais on préfère actuellement utiliser
une technique d'immunocapture E.L.I.S.A (plus simple, plus rapide, plus sensible).
Cet examen a des indications limitées : Chez une femme enceinte :

 La distinction entre primo-infection, dangereuse pour le fœtus, et réinfection, en


principe sans danger (pas de virémie, donc pas de passage trans-placentaire).
 Le retard à l’examen en cas d’éruption ou de contage suspect en présence d’un titre
d’anticorps notable et en plateau.
 Le diagnostic d’infection congénitale chez le nouveau-né où les IgM rubéoliques
persistent plusieurs semaines.

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6-3- Diagnostic de l'infection congénitale :

 Diagnostic prénatal de l'infection fœtale : repose sur La recherche des IgM


rubeoliques dans le sang fœtal prélevé par ponction du cordon in utero. Les IgM sont
détectés de façon fiable par immunocapture, à partir de la 22 eme SA. on peut
également rechercher le génome du virus de la rubéole par RT-PCR, à partir du liquide
amniotique, prélevé par amniocentèse sous contrôle échographique, au minimum six
semaines après la séroconversion et delà de la 18ème semaine.
 Diagnostic post-natal de l'infection congénitale : repose sur la mise en évidence des
IgM rubeoliques par immunocapture.

7- Traitement-Prévention :

Son but est d’éviter la rubéole congénitale et ses conséquences (malformations, retard
psychomoteur).

Il n'existe pas d'antiviral actif sur le virus de la rubéole. La vaccination reste le seul moyen
efficace contre la rubéole. C'est un vaccin vivant atténué, contre indiqué chez la femme
enceinte, il confère une immunité durable (10 ans) chez 95% des sujets séronégatif.

La stratégie vaccinale dans les pays développés vise à la fois à empêcher la circulation du
virus en immunisant les enfants des deux sexes (réservoir du virus) et à protéger les jeunes

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femmes en âge de procréer en vaccinant celles qui seraient séronégatives.
Il est donc recommander de vacciner;

 Les enfants des deux sexes au cours de leur deuxième année en une injection par le
ROR.
 Toutes les femmes en âge de procréer et séronégatives ou ignorant leur statut
immunitaire.

En Algérie : selon le calendrier vaccinal algérien : vaccination des nourrissons avec le vaccin
ROR à 11 mois et une seconde dose à 18 mois.

EN RESUME : conduite à tenir pour prévenir une rubéole congénitale

A- Avant la grossesse : Rechercher la séroprotection et vacciner les filles avant la puberté


(actuellement, on propose la vaccination ROR - rougeole, Oreillons, Rubéole - à tous les
nourrissons).

B- Pendant la grossesse :

B-1- Dépistage systématique :

Systématique signifie sans notion d'éruption ni de contage. Ce dépistage s'effectue dans le


cadre de la grossesse .Un seul examen est à faire au cours de grossesse chez toute femme
séronégative ou ignorant son statut immunitaire, en cas de séronégativité, une deuxième
sérologie vers la 20eme SA est recommandée, pour vérifier qu'il n'y a pas eu de
séroconversion à une période critique de la grossesse

B-2- Dépistage effectué dans un contexte clinique évocateur :

Il peut s'agir d'une suspicion de contage récent ou ancien; de la présence de signes cliniques
évocateurs (fièvre et éruption), ou encore d'anomalies échographiques.

 En cas de contage récent, de moins 15 jours, une recherche d’anticorps permet soit
de rassurer la patiente, si la sérologie est positive, soit de recommander une
surveillance sérologique en effectuant un deuxième prélèvement (le deuxième sérum
doit être fait 3 à 4 semaines après le contage).

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 En cas de contage ancien c'est à dire remontant à plus de 15 jours, ou des signes
cliniques évocateurs (éruption) : Une recherche des IgM et des IgG est effectuée .Si
les IgM rubéoliques sont absentes (durant la période ou l'on peut compter les trouver
4à 8 semaines après le début de l'éruption ,6 à 10 semaines après le contage), la primo-
infection peut être exclue. Si les IgM et les IgG sont présentes, il s'agit d'une primo-
infection résultat qui sera compléter éventuellement par la mesure de l'avidité des IgG
rubéoliques.

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IgG (-) IgM
IgG (-) IgM (-) IgG (+) IgM (-)
(+)
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