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Virologie systématique_Papillomavirus 1/6

PAPILLOMAVIRUS

OBJECTIFS

INTRODUCTION
-Définition
Virus ubiquistes à ADN bicaténaire circulaire de la famille des Papillomaviridae qui infectent de
nombreux vertébrés, mails sont spécifiques d’hôte. Ils sont à tropisme épithélial de l’homme et
d’autres vertébrés. Le portage génital est très fréquent chez la jeune femme avant 30ans (30-
80%). Il existe plus de 100 génotypes de papillomavirus humains qui sont responsables de lésions
généralement bénignes de la peau et des muqueuses ; mais certains génotypes sont impliqués
dans des cancers de la peau et des muqueuses dont le cancer du col de l’utérus. La détection
précoce de l’infection facilite sa prise en charge thérapeutique. Récemment un vaccin efficace a
été mis au point.

-Intérêts
-Epidémiologique : fréquence élevées des cancers du col utérin.
-Prévention : mise au point d’un vaccin efficace, quoique ne couvrant pas tous les génotypes
impliqués dans les cancers du col utérin.

1-CARACTÈRES DU VIRUS
1.1-Classification/Taxonomie
-Famille : Papillomaviridae
-Genre : Papillomavirus
-Espèce : papillomavirus humain (HPV; PVH)
-Genotypes : >120, selon leur homologie de séquence nucléotidique.

1.2-Morphologie et Structure

Figure 1 A : Morphologie du VPH (HPV) Figure 1 B : Structure du génome de VPH (HPV)

Petits virus nu à capside icosaédrique et à ADN bicaténaire. Un seul des 2 brins d’ADN est
codant : il comprend 3 régions :
-1 région précoce E (Early) qui code des protéines non structurales E1 à E7 (HPV) et E1 à E8 (PV
bovins),
-1 région tardive L (Late) qui code les protéines structurales L1, L2 qui constituent la capside
virale.
-1 région de contrôle appelée LCR (Long Control Region) ou URR (Upstream Regulatory Region).
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Tableau _ : Fonctions des gènes de régulation et de synthèse des protéines virales


Région/Cadre de Fonctions
lecture
URR/LCR Amplificateur (enhancer) transcriptionnel constitutif, cible de facteurs de
transcription cellulaires ou viraux (ex : E2). Contient l’origine de réplication.
E1 Réplication virale
E2 Transactivateur ou répresseur transcriptionnel (E6/E7). Rôle auxiliaire dans
la réplication virale.
E4 Maturation et relarguage des particules virales.
E5 Localisation dans les endomembranes cellulaires. Liaison avec la sous-unité
de 16 kDa de l’ATPase H+ vacuolaire et avec le récepteur du facteur de
croissance PDGF β (Platelet Derived Growth Factor β). Rôle oncogène
potentiel.
E6 Rôle dans la transformation cellulaire; Liaison à p53 et ciblage vers la
dégradation (protéasome).
E7 Rôle dans la transformation cellulaire; Liaison à pRB et d’autres
protéines du cycle cellulaire.
L1 Protéine majeure de capside; Liaison au récepteur.
L2 Protéine mineure de capside.

1.3-Caractères antigéniques
Les protéines de capside L1 et L2 portent les déterminants antigéniques spécifiques du genre et
de types.

1.4-Réplication du virus
Les papillomavirus ont une spécificité étroite d’hôte. In vivo, les HPV infectent les cellules
germinales de la couche basale des épithéliums malpighiens. L’interaction entre les papillomavirus
et ces cellules peut être productive ou latente. Toutefois dans l’infection productive, la libération
des virions n’a lieu qu’au niveau des couches superficielles, au niveau des cellules bien
différenciées.

1.4.1-Infection productive
-A la faveur d’une brèche dans l’épithélium, l’infection s’installe dans les cellules de la couche
basale. L’ADN viral ne se multiplie que lors des mitoses des cellules hôtes et seuls les gènes
précoces sont exprimés : il en résulte une expansion (prolifération) clonale des cellules infectées.
Cette prolifération est bénigne et caractéristique du papillome.
-La phase tardive de la réplication virale (synthèse des protéines de capsides et formation des
virions) commence avec la kératinisation des couches cellulaires superficielles et les particules
virales sont libérées par les kératinocytes morts. Elle s’accompagne de formation de koïlocytes
(effet cytopathique caractéristique).
La production virale est importante dans les verrues plantaires, plus réduites dans les condylomes
génitaux et absente dans les lésions dysplasiques et néoplasiques, en général.
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Figure 2 : Différenciation de l’épiderme et cycle des papillomavirus Figure 3 : Réplication des HPV

1.4.2-Infection latente
Après l’infection l’ADN viral peut rester latent sous forme épisomale. Mais à la faveur de facteurs
favorisants endogènes ou exogènes (immunodépression,…) peut devenir productif. Le génome
viral peut aussi persister sous forme intégrée au génome des cellules dans les lésions
précancéreuses ou cancéreuses. Dans ces cas, le génome viral est généralement délété au
niveau de E2, alors que les gènes E6 et E7 impliqués dans la transformation cellulaire restent
intacts.

2-ÉPIDÉMIOLOGIE
2.1-Réservoirs de virus
Le sujet infecté producteur de virions. Virus très résistants dans le milieu extérieur.

2.2-Modes de transmission
-Transmission directe :
•sexuelle surtout (HPV à localisation génitale);
•salivaire (?);
•parfois de la mère infectée à son enfant (papillomes laryngés de l’enfant) lors de
l’accouchement par voie basse.
-Transmission indirecte (rare): linges contaminés, sols des piscines (verrues plantaires).

2.3-Prévalence et Répartition géographique


-Selon l’âge :
•verrues plantaires plus fréquentes chez l’enfant et l’adolescent.
•infection du col utérin plus fréquente chez les femmes de 20-30ans, puis diminuerait avec
l’âge.
-Selon les régions géographiques, les populations étudiées, la technique de dépistage/diagnostic
utilisée.

2.4-Génotypes au Burkina Faso


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(source : Ouédraogo CMR et al.,-Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la


Reproduction 2011; 40: 633-638)

2.5-Facteurs favorisants l’apparition de l’infection ou la récidive


-Facteurs favorisant les IST.
-Immunodépression (Sida, traitement anti-rejet de greffe,…).
-Tabac.
-Grossesse
-Génotypes : certains sont plus fréquemment associés aux cancers cutanés ou muqueux.

3-POUVOIR PATHOGÈNE CHEZ L’HOMME

-Verrues palmaires vulgaires, verrues plantaires (HPV); épidermo-dysplasie verruciforme (HPV).

-Condylomes acuminés vénériens ou «crêtes de coq» (HPV), papillomes laryngés de l’enfant


(HPV)

-Dysplasies et cancers cutanés ou génitaux : cancer du col utérin (présence systématique de HPV
à haut risque tels HPV-16, 18, 31 et 33), cancer de l’anus, maladie de Bowen (peau et muqueuse
du pénis), cancer du larynx,...

4-DIAGNOSTIC AU LABORATOIRE
Diagnostic clinique en général (verrues) et cyto-histologique (condylomes).

4.1-Diagnostic direct
-Microscopie électronique et techniques immunohistochimiques
•Détection des particules virales et des Ag de structures du VPH dans les couches
épithéliales superficielles.
•Intérêt limité

-Examen cytologique et anatomopathologique


Recherche de grandes cellules anormales caractéristiques, les koïlocytes, sur frottis cervico-
vaginal. Confirmation possible par hybridation in situ.
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Figure 4: Cellules superficielles dE frottis cervico-utérin Figure5: Koïlocytes dans un frottis cervico-utérin

-Recherche du génome viral : par PCR, capture d’hybrides, génotypage par hybridation ou
séquençage.

4.2-Diagnostic indirect
Détection des anticorps anti-VPH possible, mais peu pratiquée et de peu d’intérêt actuellement.

5-MESURES DE PROPHYLAXIE ET ÉLÉMENTS DE THÉRAPEUTIQUE


5.1-Prévention
5.1.1-Mesures générales
-Mesures classiques de prévention des IST.
-Dépistage systématique du cancer du col utérin par frottis cervico-vaginal tous les 3ans à partir de
40 ans.
-Lutte contre les co-facteurs du cancer du col utérin (tabac,…).

5.1.2-Vaccination
Immunisation active de jeunes femmes n’ayant pas de rapport sexuel avec des vaccins
spécifiques contre les génotypes 16 et 18 impliqués dans les cancers et contre les génotypes 6 et
11 rencontrés dans la majorité des papillomatoses bénignes. Deux (2) vaccins disponibles
actuellement :

CARACTERISTIQUES Gardasil* (Merck, APMSD) Cervarix* (GSK)


Antigènes •HPV6 VLP L1 •HPV16 VLP L1
•HPV11 VLP L1 •HPV18 VLP L1
•HPV16 VLP L1
•HPV18 VLP L1
Schéma vaccinal (3 0-2-6 mois 0-1-6 mois
inj.)
Efficacité •88% de prévention des infections •94% de prévention des infections
à HPV16 et 18. à HPV 16 et 18.
•100% de prévention des •100% de préventions des
infections à HPV6 et 11. infections persistantes à HPV16 et
•100% de prévention des 18.
infections persistantes à HPV6, 11, •100% de prévention des CIN
16 et 18.
•100% de prévention des CIN.
Effets indésirables
VLP: virus like particles (pseudoparticules virales); L1: protéine majeure de capside; CIN :

5.2-Traitement curatif
-Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique.
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•Utilisation de l’ IFN-α ou INF-β par voie générale (papillome laryngé récidivante en


association avec la chirurgie) ou par voie intra-lésionnelle (condylome génital réfractaire au
traitement classique).
•Le cidofovir est en cours d’évaluation.

-Traitement symptomatique des lésions par des topiques (podophylline, acide salicylique ou
trichloroacétique, 5-fluoro-uracile, etc.), la cryothérapie (azote liquide), l’électrocoagulation, la
vaporisation laser ou l’exérèse chirurgicale.

CONCLUSION
Maladies virales en pleine expansion (?) dans le monde. Se manifestent sous plusieurs formes
dont le cancer du col utérin. Le traitement antiviral reste limité ; mais des vaccins assez efficaces
sont disponibles désormais. Toutefois, la diversité génotypique selon la géographie et les groupes
de populations impose des adaptations selon l’épidémiologie moléculaire des VPH en circulation.

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