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Virologie Systématique 1

Herpesviridae-Généralités

HERPESVIRIDAE :
Généralités

OBJECTIFS
-Définir les Herpesviridae
-Illustrer la structure des Herpesviridae par une figure avec légende
-Préciser le site cellulaire de réplication des Herpesviridae et les 3 types de protéines détectables lors
des phases de la réplication
-Expliquer les mécanismes biologiques de régulation des relations hôtes-Herpesviridae

1-DEFINITION
Ce sont des virus à ADN bicaténaire linéaire, de grande taille, contenu dans une capside icosaédrique
enveloppée. Ils sont très répandus chez l’Homme et tous les animaux. Huit (8) espèces parmi la 100aine décrite
infectent l’Homme et sont bien caractérisés actuellement. Les Herpesviridae ont en commun la latence qui
survient au cours de leur cycle de réplication. Les infections dont ils sont responsables sont souvent
asymptomatiques, mais elles peuvent être graves lorsqu’elles surviennent sur des terrains immunodéprimés.
Ces affections peuvent être traitées par des drogues anti-herpétiques, mais les échecs thérapeutiques sont
courants

2-CLASSIFICATION
La famille des Herpesviridae humains regroupe 3 sous-familles, selon leurs propriétés biologiques (tropisme
cellulaire, siège cellulaire de latence), et aussi physico-chimiques (structure du génome, séquence
nucléotidique) : les Alpha-, Beta et Gammaherpesvirinae.

Sous-familles Genres Espèces


Alphaherpesvirinae Simplexvirus HSV-1 (HHV-1) : virus herpes simplex type 1
HSV-2 (HHV-2): virus herpes simplex type 2
Varicellovirus VZV (HHV-3) : virus varicella-zona
Betaherpesvirinae Cytomegalovirus CMVH (HHV-5) : cytomegalovirus humain
Roseolovirus HHV-6 : herpesvirus humain type 6
HHV-7 : herpesvirus humain type 7
Gammaherpesvirinae Lymphocryptovirus EBV (HHV-4) : virus d’Epstein-Barr
Rhadinovirus HHV-8 : herpesvirus humain type 8
HHV = VHH : herpesvirus humain.

3-MORPHOLOGIE ET STRUCTURE
Le virion a une taille comprise entre 120 et 200nm. Il est constitué d’un génome d’ADN, d’une capside et d’une
enveloppe (figure ___).
-Le génome viral est un ADN bicaténaire linéaire, de très grande taille (120 à 240kb), qui est enroulé autour
d’une protéine basique: l’ensemble forme le nucléoïde ou core.
-La capside est un icosaèdre de 100nm de diamètre, constitué de 162 capsomères, composés de six protéines.
-Le tégument est une structure protéique amorphe située entre la capside et l'enveloppe. Certaines protéines
du tégument interviennent dans le déclenchement du cycle réplicatif viral.
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-L'enveloppe est dérivée des membranes des cellules infectées; elle est hérissée de spicules
glycoprotéiques. Cette enveloppe confère une grande fragilité aux virus.

Figure __: Morphologie et structure des herpesvirus

4-ORGANISATION DES GENOMES


La structure du génome des différents herpesvirus humains montre des similitudes: ces génomes sont en effet
composés de deux ou plusieurs segments uniques (segments courts et longs), ces segments étant encadrés de
séquences très courtes répétées (figure __).
Le GC% varie de 42 (CMVH) à 60 (HSV-2). Le génome viral code pour 70 à 200 protéines fonctionnelles
variées: des protéines de structure constituantes du virion, des protéines enzymatiques impliquées dans la
réplication du génome viral, et des protéines régulatrices, capables d'activer ou réprimer l'expression de gènes
viraux et/ou cellulaires.
Certains gènes fortement conservés codent pour les protéines essentielles au cycle de réplication viral:
protéines enzymatiques, certaines protéines de structure, et des protéines régulatrices. D’autres sont des gènes
spécifiques à chaque virus et codent plutôt pour des protéines impliquées dans les effets pathogéniques
particuliers à chaque virus (tropisme cellulaire, latence, capacités d'échappement à la réponse immune). Cette
diversité génomique fait que les Herpesviridae n’ont pas d’antigène commun.

Figure ___ : Organisation du génome des Herpesviridae

5-MULTIPLICATION
-Fixation du virus à la cellule cible, par le biais des glycoprotéines d'enveloppe et des récepteurs cellulaires. La
liaison du virus à la cellule est spécificité et cette spécificité constitue le premier facteur déterminant le tropisme
cellulaire de l'infection virale.
-Fusion des deux membranes, libération de la nucléocapside dans le cytoplasme, dégradation de la capside par
les enzymes cellulaires, et pénétration du génome viral dans le noyau cellulaire, avec certaines protéines
du tégument.

Figure ___ : Étapes de la réplication des Herpesviridae


Protéines α : protéines régulatrices; Protéines β : enzymes (ADN polymérase, thymidine kinase, hélicase)
nécessaires à la réplication de l’ADN viral; Protéines γ : protéines de structure.
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-Transcription séquentielle finement régulée


du génome viral par l'ARN polymérase
cellulaire, en trois phases: (i)-très précoce
(expression des gènes très précoces dites
« immediate early » ou IE ou α), (ii)-
précoce (des gènes « early » ou E ou β ) et
(iii)-tardive (gènes tardifs ou « Late » ou L
ou γ). Les ARNm transcrits migrent dans le
cytoplasme où ils sont traduits en protéines
par les enzymes cellulaires. Les protéines
traduites migrent vers le noyau où elles
régulent les phases de transcription
ultérieures. La réplication de l'ADN viral est
effectuée par les enzymes codées par le
génome viral. Les protéines de capside s'autoassemblent et l'ADN viral néosynthétisé pénètre dans ces
capsides.
-Les virions bourgeonnent en arrachant leur enveloppe aux membranes nucléaire et cytoplasmique, à la surface
desquelles sont insérées les glycoprotéines.
L'interaction entre protéines cellulaires et virales est essentielle au déclenchement et au déroulement du cycle
ème
de réplication productif des Herpesvirus: c'est le 2 facteur déterminant le tropisme cellulaire de l'infection
virale. Dans certaines cellulaires permissives, ce cycle de réplication est complet. Dans d'autres cellules, ce
cycle est abortif ou incomplet.

Enfin, au cours de la latence, seule une catégorie de transcrits (dans le cas de HSV) voire de protéines très
précoces (dans le cas de VZV et EBV) est présente dans le noyau de la cellule hébergeant le génome viral
(Tableau __).

Virus Sites cellulaires de l’infection latente


HSV-1 et -2 Corps cellulaire des neurones des ganglions sensitifs ; ganglion de Gasser pour HSV-1 ; ganglions
sacrés pour HSV-2.
VZV Neurones et cellules gliales satellites des ganglions sensitifs rachidiens et des paires crâniennes.
CMV Cellules CD34 de la moelle, Monocytes/macrophages, Cellules endothéliales
EBV Lymphocytes B mémoires
HHV-6 Monocytes/Macrophages, cellules épithéliales
HHV-7 Cellules mononuclées du sang périphérique, cellules épithéliales
HHV-8 Lymphocytes B

Tableau ___ : Cellules de latence des Herpesviridae.

6-EXPRESSION CLINIQUE DES INFECTIONS A HERPESVIRIDAE


Après la primo-infection, l’infection peut devenir latente. Elle sera réactivée par divers stimuli : les virus
produits peuvent être excrétés, mais ils seront surtout à l’origine de réinfection endogène. Les manifestations
cliniques sont variables et elles sont influencées par dives facteurs liés à la nature du virus et à l’hôte (âge, état
de la défense immunitaire,…). En général, les manifestations cliniques sont plus marquées chez l’enfant et les
personnes immunodéprimées.

7-RELATIONS HOTE–HERPESVIRUS HUMAINS


Les herpèsvirus se cachent grâce à leur latence. Ils « driblent » activement le système immunitaire à différents
niveaux, inhibant la virolyse par le complément, la phagocytose, la présentation des Ag par les CMH-I et la
cytolyse par les CTL CD8+, la cytolyse par les cellules NK et l’apoptose. Par ces différents mécanismes, il
s’établit un équilibre entre le virus et l’hôte ; mais cet équilibre est remis en cause par les altérations de
l’immunité humorale et de l’immunité cellulaire en particulier. Dans certaines circonstances des gènes viraux
peuvent provoquer des processus anti-apoptotique et induire des proliférations malignes.
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HSV-1 HSV-2 VZV CMV EBV HHV-6 HHV-7 HHV-8


Primo-infection Stomatite Génitale Varicelle Syndrome MNI Roséole ?
(PI) mononucléosique
Réinfection Herpes Herpès Zona ?
(RI) labial génital
récidivant récidivant
Transmission PI>>RI Rare PI>>RI Non décrite Pathogénicité ?
materno- à explorer
foetale
Gravité pour Herpès néonatal : taux de Varicelle Maladie des Non Non Non
les nouveaux- mortalité et des séquelles congénitale inclusions
nés élevés ou néonatale cytomégaliques
Gravité pour Herpès Herpès Varicelle Opportuniste Lymphomes Encéphalite Maladie de
personnes aux progressif progressif maligne majeur du SIDA, Hépatite Kaposi
défenses Eczéma Zona des greffes, des Aplasie Maladie de
fragilisées herpétisé progressif traitements Castleman ;
anticancéreux Lymphome de
PI graves séreuses
Pathogénicité Encéphalite Pneumonie Reprise de rétinite
particulière aigue drave par du SIDA et
nécrosante varicelle de pneumonie
de l’adulte l’adulte ; interstitielle des
mûr, Algies post greffes de moelle à
souvent par zostériennes la sortie de
RI après 60ans l’immunodépression
endogène

Tableau ___ : Expression clinique des infections à herpèsvirus humains.

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