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Neisseria gonorrhoeae

Epidémiologie, antibiogramme et
mécanismes de résistance aux antibiotiques

Dr André NAGALO,
Prof Abdoul-Salam OUEDRAOGO
Service de Bactériologie-Virologie
CHU Souro Sanou
LNR-RAM Burkina Faso
INTRODUCTION
Définition

•Neisseria gonorrhoeae = gonocoque


• Diplocoques à Gram négatif
• Agent d’une Infection sexuellement transmise (IST):
‘’Gonococcie’’ ‘’Gonorrhée’’
‘’Blennorragie’’ ‘’Chaude pisse’’
Intérêt

•Prévalence en augmentation
•Augmentation prévalence autres IST (co-infection
VIH)
•Résistance aux antibiotiques
Caractères bactériologiques

q Cocci Gram négatif en diplocoques


''en grains de café'‘

q Bactéries exigeantes et fragiles

q Bactéries aérobies strictes

q Oxydase +

q Pili: fimbrae virulence et diversité antigénique


Pouvoir pathogène
- Chez l'homme - Chez la femme
. urétrite aiguë+++ .Infections asymptomatique++
. Infection asymptomatique ---- . urétrite, cervicite, …
Complications: rétrécissement urétral Complications : salpingite (risque
extension/ organes génitaux de stérilité), pelvi-péritonite

Localisations extra-génitales: pharyngées, anales, oculaires, bactériémies,


arthrites

- Chez le nouveau né: ophtalmie purulente cécité


- Chez l’enfant: Abus sexuel+++
Diagnostic
EPIDEMIOLOGIE
Epidémiologie
- Bactérie strictement humaine, Bactérie pathogène spécifique
- Muqueuses génitales, rectales, pharyngées,…
- Transmission sexuelle+++
.♂ ♀: 50 à 70 %
.♀ ♂: 20 %
- Facteurs favorisants la dissémination:
• promiscuité
• formes asymptomatiques …
Epidémiologie

• Deuxième cause d’IST derrière les infections à Chlamydia


trachomatis

• OMS: 357 millions de personnes contractent l’une des 4 IST


trichomonase (143 millions), chlamydiose (131 millions), gonorrhée (78
millions), syphilis (5,6 millions)

• Sous surveillance: réseaux dans plusieurs pays


• Déclaration obligatoire dans certains pays (USA, Canada…).
Epidémiologie
• Incidence en augmentation dans plusieurs pays
2014

2013

2012

2011

2010

2009

2008

2007

2006

2005

Ka et coll, 2014, Sénégal


Epidémiologie
• Incidence en augmentation dans plusieurs pays

Données RENAGO, 2009, France


Epidémiologie
• Incidence en augmentation dans plusieurs pays
Epidémiologie
• Incidence en augmentation dans plusieurs pays

Saidou M, 2006, Niger


Epidémiologie
• Incidence en augmentation dans plusieurs pays
Epidémiologie
• GLASS, 2021
Epidémiologie
Congo et al.,2022
Epidémiologie
• Infections à Neisseria gonorrhoeae posent toujours un problème de santé
publique
o Cause majeure d’inflammation pelvienne et de stérilité
o Forte augmentation du risque de contamination par le VIH et de
transmission du VIH,
o Augmentation dans les groupes spécifiques (HSM, 50/52 au BFA)
o Ophtalmie purulente cécité: 30 à 50% des enfants mis au
monde par des femmes infectées
Epidémiologie
• Infections à Neisseria gonorrhoeae posent toujours un problème de
santé publique
o Résistance aux antibiotiques: menace majeure pour la
réduction de l’impact des IST dans le monde
- pénicillines, sulfonamides, tétracyclines, quinolones et
macrolides
- apparition perte de sensibilité face à l’option thérapeutique
de dernière intention (C3G): bactérie multirésistante
ANTIBIOGRAMME
• Systématique vu l’émergence de souches de gonocoque
résistantes
o antibiogramme complet ++
o recherche de la β-lactamase par test chromogénique à la céfinase
ou par la galerie api NH®

• Gélose chocolat PolyVitex ou IsoVitalex


• Méthode de diffusion en gélose
Liste des antibiotiques à tester (EUCAST/CASFM 2017)

liste standard liste complémentaire


- orientation thérapeutique - souches multirésistantes
- détection mécanismes de - surveillance épidémiologique
résistance acquis
o pénicilline G, o ciprofloxacine (ou ofloxacine),
o ceftriaxone, o azithromycine
o cefixime, o chloramphénicol
o spectinomycine,
o tétracycline
o acide nalidixique
Technique
Culture jeune sur GC Polyvitex

Lecture des diamètres d’inhibition Suspension dans du tampon


autour des disques phosphate (pH à 7,2)

18 à 24h sous CO2 à 37°C


18 à 24h à 37°C

Dépôt des disques d’antibiotiques à une distance


de 60 mm, centre à centre, afin d’éviter Inoculum à un standard McFarland 0,5
le chevauchement des zones d’inhibition (environ 108 UFC/mL)

Ensemencement des géloses


écouvillonnage ou inondation
Résistance naturelle

• Glycopeptides
molécules sont trop grosses pour pouvoir
• Lincosamides traverser la membrane externe du gonocoque

• Triméthoprime suppléments antibiotiques utilisés dans les


milieux sélectifs gélose chocolat VCAT ou VCN
• Polymyxines
Sensibilité naturelle

• Bactérie naturellement sensible à de nombreux antibiotiques


• Bêta-lactamines, fluoroquinolones, cyclines, macrolides…

Caractérisée aussi par sa grande capacité à


développer des mécanismes de résistances acquises,
de support plasmidique ou chromosomique
Gonocoque : antibiotiques / Souches sauvages

Antibiotique CMI50 CMI90


Pénicilline G 0,6 0,125
Amoxicilline 0,06 0,125
Céfixime 0,008 0,03
Ceftriaxone 0,002 0,008
Spectinomycine 16 32
Ac.nalidixique 1 2
Ciprofloxacine 0,002 0,008
Tétracycline 0,125 0,25
Chloramphénicol 0,005 1
Erythromycine 0,25 1
Résistance acquise
• Importance variable en fonction des continents et des pays mais
diffuse progressivement au niveau mondial
• Surveillée à travers le monde grâce à différents programmes, comme
l’Euro-GASP (European Gonococcal Antimicrobial Surveillance
Programme) en Europe de l’Ouest, programmes nationaux
• Décrite pour toutes les familles d’ATB utilisées en thérapeutique
• Mécanismes: accumulation de mutations chromosomiques ou
transferts génétiques
Résistance aux ẞ-lactamines
• Pénicilline G: longtemps utilisée en première intention dans le
traitement des gonococcies

• émergence de souches de gonocoques résistantes à la


pénicilline G au milieu des années 1980 arrêt utilisation

• Deux mécanismes: mutations chromosomiques


acquisition d’une pénicillinase plasmidique
1. Par mutations chromosomiques

• Près de 75 % des souches de Neisseria gonorrhoeae


• Résistance transmise verticalement
• Détection par détermination de la CMI de la pénicilline G

-bas niveau de résistance à la pénicilline G


-croisée pour toutes les β-lactamines (tous les antibiotiques de la
famille sont touchés, y compris les inhibiteurs de β -lactamase) mais à
des degrés variables mesure de la CMI
1. Par mutations chromosomiques
1. Par mutations chromosomiques

• Multiples mécanismes souvent associés:


Altération de PLP Hyperexpression du
essentielles de Modification porine PI système d’efflux
Neisseria gonorrhoeae MtrCDE

• PLP1 (gène ponA) et PLP2 • gène penB • mutations du gène mtrR


ou de son promoteur
(gène penA) • résistance croisée avec
• création PLP2 mosaïque d’autres familles • résistance croisée avec
d’antibiotiques d’autres familles
(tétracyclines et d’antibiotiques
quinolones) (macrolides, tétracyclines
et quinolones)
1. Par mutations chromosomiques
2. Par acquisition d’une pénicillinase plasmidique

• Souches NGPP (N. gonorrhoeae Producteurs de Pénicillinase)


q Apparition en 1976 dans 2 foyers : Afrique, Asie
q Résistance de haut niveau (2 mg/l à 128 mg/l)
q Bêta-lactamase de type TEM-1
q Fréquence variable en fonction des pays
Asie : de 30 à 70%
Afrique : de 30 à 70%
Europe : de 10 à 20%
2. Par acquisition d’une pénicillinase plasmidique

• Souches de Neisseria gonorrhoeae producteur de pénicillinase (NGPP)


• dissémination très rapide
• fréquence géographique variable : 30 à 70 % en Asie et en Afrique et 11,2 % en France (2006)
• recherche systématique dès l’isolement: céfinase ou api NH®

• Conséquences:
o résistance aux amino-, carboxy- et uréido-pénicillines
o sensibilité restaurée partiellement lors de l’association avec IBL
o mais sensibilité insuffisante en clinique
o céphalosporines actives
En résumé / Gono et Betalactamines
En résumé / Gono et Betalactamines
Résistance aux autres antibiotiques
Résistance aux cyclines
• Tétracycline réponse pour doxycycline et minocycline
• Apparition de résistance: souches de Neisseria gonorrhoeae résistantes aux tétracyclines
(NGRT) 44 % en France en 2008, 96% au BFA, 2022

qRésistance plasmidique qRésistance chomosomique


- résistance de haut niveau - plus fréquente
- transfert à partir de souches de - résistance à bas niveau
streptocoques, du gène tetM codant pour la
- généralement croisées avec les résistances
protéine TetM qui protège la cible ribosomale
chromosomiques aux β-lactamines (altération
de l’action des cyclines
porine PI et hyperexpression pompe à efflux)
Résistance aux fluoroquinolones

• Traitement de première intention des gonococcies suite à la résistance


des β-lactamines et cyclines
• Émergence de souches résistantes: Asie: 80 % des souches isolées sont ciprofloxacine R
RENAGO: de 2001 à 2003 = 9,7 % 2006 = 43,2 %; 94% au BFA

• Mutations: gènes codant pour les topo-isomérases, cible quinolones

Dépistage: disque d’acide nalidixique (30 µg)


- Si diamètre d’inhibition > 25 mm: fluoroquinolones aussi sensibles
- Si diamètre d’inhibition < 25 mm: CMI des fluoroquinolones
En Résumé / N. gonorrhoeae : cyclines et quinolones
Résistance aux macrolides

• Azithromycine+++ CMI
• Résistances apparues en 2003 en Espagne et au Royaume-Uni,
3,8% au BFA
o résistances acquises de bas niveau: hyperexpression du système d’efflux
MtrCDE
o résistances acquises de haut niveau: production de méthylases
diminuent l’affinité des macrolides et apparentés pour la cible
ribosomale
Résistance aux autres antibiotiques
• Spectinomycine: 0% de R au BFA en 2022
o aminoside réservée au traitement de la gonococcie
o utilisée en cas d’allergie aux céphalosporines chez l’adulte de plus de 15 ans
o Mécanismes: mutations altérant la sous-unité 30S du ribosome bactérien
une seule mutation haut niveau de résistance

• Thiamphénicol:
o en dose unique, longtemps utilisé avec succès
o souches de sensibilité diminuée au chloramphénicol
o forte corrélation entre la résistance chromosomique aux β-lactamines et la
diminution de la sensibilité aux phénicolés
Synthèse:Résistance aux antibiotiques de N. gonorrhoeae
Antibiotiques concernés Détection Conséquences
Céfinase
R aux pénicillines
β-lactamines Api NH
S aux IBL et aux C3G
Résistance (Pénicillinases)
plasmidique Cyclines Tétracycline R doxycycline et minocycline
CMI ≥ 16mg/l
Macrolides Azithromycine R à Azithromycine
β-lactamines CMI Péni-G CMI pour les C3G
Tétracycline R aux cyclines
Cyclines
CMI entre 2-8mg/l Croisée avec R aux βL
Résistance
chromosomique Fluoroquinolones Ac nalidixique CMI Ofloxacine et Ciprofloxacine

Macrolides Azithromycine R à Azithromycine


Spectinomycine Spectinomycine R à Spectinomycine
Conclusion
• Augmentation de l’incidence des gonococcies dans un contexte de
recrudescence générale des IST
• Augmentation des résistances préoccupante vigilance !!
• Gonocoque: Prise en charge adéquate
• Importance des tests de sensibilité aux antibiotiques:
- antibiothérapie efficace et adaptée
- baisse de la diffusion des souches résistantes

• Prévention +++
Conclusion

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