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La maladie
L'urétrite est une inflammation de l'urètre d'origine le plus souvent infectieuse. C'est une infection sexuellement transmissible (IST).
Physiopathologie
L'infection de l'urètre est fréquente et récidivante. Elle n'entraîne pas d'immunisation, ce qui facilite la survenue de récidives.
Epidémiologie
Neisseria gonorrhoeae est une infection à déclaration obligatoire (50 000 cas par an). Le risque de co-infection par Chlamydiae trachomatis (20 à
30 % des cas), justifie la coprescription d'un traitement antichlamydien systématique. La co-infection par le VIH est fréquente. D'autres germes
peuvent être en cause : Trichomonas vaginalis, Ureaplasma urealyticum, Mycoplasma genitallium. Le taux de résistance des gonocoques s'est
stabilisé : taux < 40 % pour les quinolones, de 12 % pour la pénicilline, et de 18 % pour les cyclines. A noter : 7 % de résistance au céfixime et rares
souches résistantes à la ceftriaxone.
Complications
Neisseria gonorrhoeae peut être à l'origine d'une prostatite aiguë, d'une orchiépididymite aiguë, d'une bactériémie subaiguë fébrile avec des
localisations secondaires. Chlamydiae trachomatis est la 1re cause d'orchiépididymite de l'homme jeune, de cervicite et de salpingite (> 50 % des
cas) chez la partenaire. Elle peut aussi être responsable de douleurs pelviennes chroniques, d'une grossesse extra-utérine ou d'une stérilité.
Diagnostic
L'urétrite masculine est caractérisée par un écoulement urétral purulent, mucopurulent ou séreux. Les signes fonctionnels sont peu spécifiques et
inconstants : prurit canalaire, brûlures mictionnelles, dysurie, pollakiurie. Les formes non compliquées sont apyrétiques.
Le diagnostic clinique doit être confirmé par un examen bactériologique, qui nécessite un prélèvement et doit permettre de déceler une résistance aux
antibiotiques.
Prise en charge
Urétrite masculine
1 Orientation étiologique
Origine gonococcique : incubation courte (2 à 5 jours), urétrite aiguë symptomatique (98 % des cas), avec un écoulement spontané purulent
jaune verdâtre (60 % des cas), clair (30 % des cas) ou absent (10 % des cas) et des signes fonctionnels associés (la chaude-pisse).
Origine chlamydienne : incubation plus longue (10 à 15 jours), avec un écoulement clair (20 à 60 % des cas), purulent (15 à 30 % des cas) ou
absent (25 à 50 % des cas) et des signes associés (prurit endo-urétral, dysurie). L'infection isolée à Chlamydiae trachomatis n'est symptomatique
que dans 50 % des cas.
3 Diagnostic bactériologique
Neisseria gonorrhoeae : écouvillonnage d'un écoulement urétral extériorisé ou écouvillonnage endo-urétral (douloureux) en absence
d'écoulement.
Chlamydiae trachomatis : 1er jet urinaire 2 heures après la dernière miction. La recherche est basée sur l'amplification génique.
6 Échec du traitement
Une réinfection ou une mauvaise observance nécessitent un nouveau traitement après la recherche de résistances.
Cas particuliers
Urétrite du patient homosexuel
La présence d'une gonococcie pharyngée et/ou anale associée, souvent asymptomatique, doit être recherchée par des prélèvements (le portage
pharyngé de Neisseria gonorrhoeae est de 14 à 16 % chez les homosexuels). La résistance des gonocoques isolés dans le pharynx est plus
élevée que celle de ceux isolés dans le cadre des urétrites.
Traitements
Médicaments cités dans les références
Céphalosporines de 3e génération
Les céphalosporines de 3e génération sont des antibiotiques antibactériens, bactéricides, de la famille des bêtalactamines. Elles s'administrent
soit par voie parentérale (ceftriaxone), soit par voie orale (céfixime). Leur efficacité est de 98 à 100 %. Aucune souche résistante à la ceftriaxone
n'a été isolée en France. L'administration par voie injectable de ceftriaxone, souvent pratiquée en consultation, offre une meilleure garantie
d'observance, notion qui doit être prise en compte pour la population concernée. Le céfixime (par voie orale) est moins bactéricide que la
ceftriaxone. Sa biodisponibilité est variable. Des échecs thérapeutiques ont été décrits avec le céfixime pour des souches de Neisseria
gonorrhoeae nécessitant des CMI ≥ 0,5 mg/l. La sensibilité des gonocoques au céfixime doit être systématiquement vérifiée. Les céphalosporines
de 3e génération bénéficient d'une bonne tolérance, en dehors de troubles digestifs avec le céfixime (10-20 %). La ceftriaxone a une meilleure
diffusion pharyngée (angine gonococcique) que le céfixime.
céfixime
CEFIXIME 200 mg cp pellic
OROKEN 200 mg cp pellic
ceftriaxone
CEFTRIAXONE 1 g poudre p sol inj SC/IM/IV
CEFTRIAXONE 1 g/3,5 ml sol inj IM
CEFTRIAXONE 1g/10 ml sol inj IV
CEFTRIAXONE 2 g pdre p sol p perf IV
CEFTRIAXONE 500 mg/2 ml sol inj IM
CEFTRIAXONE 500 mg/5 ml sol inj IV
CEFTRIAXONE MYLAN 2 g pdre p sol inj IV
CEFTRIAXONE MYLAN 250 mg pdre p sol inj
CEFTRIAXONE MYLAN 500 mg pdre p sol inj
ROCEPHINE 1 g/10 ml pdre/solv p sol inj IV
ROCEPHINE 1 g/3,5 ml pdre/solv p sol inj IM
ROCEPHINE 500 mg/2 ml pdre/solv p sol inj IM
ROCEPHINE 500 mg/5 ml pdre/solv p sol inj IV
Spectinomycine
La spectinomycine est un antibiotique antibactérien, bactéricide, de la famille des aminoglycosides. Son efficacité est de 90 %. La résistance de
Neisseria gonorrhoeae à la spectinomycine n'a pas encore été observée en France et reste encore rare à l'étranger. Les échecs cliniques décrits
sous spectinomycine en cas de localisation pharyngée (échec dans 1 cas sur 2), ne font pas de ce médicament un traitement de 1re intention. La
spectinomycine pourra être proposée aux sujets ayant une contre-indication aux bêtalactamines. Sa présentation est adaptée à une prise unique.
spectinomycine
TROBICINE 2 g pdre/solv p sol inj IM
Fluoroquinolones
Les fluoroquinolones sont des antibiotiques de synthèse, bactéricides. Elles entraînent un risque de tendinopathie et de photosensibilisation. La
ciprofloxacine est la plus active des fluoroquinolones vis-à-vis de Neisseria gonorrhoeae, notamment en cas de localisation pharyngée.
Cependant, l'augmentation du nombre de résistances du gonocoque à la ciprofloxacine (de 30 à 40 % en France) nécessite une identification
bactériologique et un antibiogramme. Son efficacité est de 95 à 100 %.
ciprofloxacine
CIFLOX 200 mg/100 ml sol p perf IV
CIFLOX 250 mg cp pellic séc
CIFLOX 400 mg/200 ml sol p perf
CIFLOX 500 mg cp pellic séc
CIFLOX 500 mg/5 ml glé/solv p susp buv
CIFLOX 750 mg cp pellic
CIPROFLOXACINE 200 mg sol p perf
CIPROFLOXACINE 200 mg/100 ml sol p perf poche
CIPROFLOXACINE 250 mg cp pellic
CIPROFLOXACINE 400 mg sol p perf
CIPROFLOXACINE 400 mg/200 ml sol p perf poche
CIPROFLOXACINE 500 mg cp pellic séc
CIPROFLOXACINE 750 mg cp pellic
CIPROFLOXACINE QUIVER 750 mg cp pellic
UNIFLOX 500 mg cp pellic séc
Cyclines
Les cyclines sont des antibiotiques de la famille des tétracyclines. Elles constituent le traitement de référence des infections à Chlamydiae
trachomatis. Comparée à la tétracycline base, la doxycycline est une cycline semi-synthétique caractérisée par une meilleure résorption orale
(95 %), une tolérance et une diffusion supérieures, et une demi-vie d'élimination plus longue. Son utilisation doit être privilégiée. Les effets
secondaires sont dominés par le risque de photosensibilisation en cas d'exposition solaire concomitante à la prise du traitement.
doxycycline
DOXYCYCLINE 100 mg cp séc
DOXYCYCLINE HYCLATE 100 mg gél
DOXYCYCLINE PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 100 mg cp
VIBRAMYCINE N 100 mg cp séc
Macrolides
Les macrolides sont des antibiotiques bactériostatiques. Ils possèdent une bonne diffusion tissulaire et une forte pénétration intracellulaire leur
permettant une action sur Chlamydiae trachomatis et les mycoplasmes. L'azithromycine est le seul macrolide à pouvoir être utilisé en monoprise.
Des effets secondaires digestifs sont parfois décrits. La survenue d'une diarrhée doit faire évoquer la possibilité d'une colite pseudomembraneuse,
rare mais gravissime. Des manifestations cutanées allergiques et des hépatites ont également été rapportées.
azithromycine
AZITHROMYCINE 250 mg cp pellic monodose
ZITHROMAX MONODOSE 250 mg cp pellic
Nitro-5 imidazolés
Les nitro-5 imidazolés sont indiqués dans le traitement des urétrites à Trichomonas vaginalis. Certains peuvent être administrés en 1 seule prise :
ornidazole, secnidazole et tinidazole.
métronidazole
FLAGYL 250 mg cp pellic
FLAGYL 4 % susp buv
FLAGYL 500 mg cp pellic
ornidazole
TIBERAL cp
secnidazole
SECNOL 2 g glé en sachet-dose
tinidazole
FASIGYNE 500 mg cp enr
norfloxacine
NORFLOXACINE 400 mg cp pellic
ofloxacine
OFLOCET 200 mg cp pellic séc
OFLOXACINE 200 mg cp séc
OFLOXACINE 200 mg/40 ml sol inj p perf
péfloxacine
PEFLACINE 400 mg cp pellic séc
PEFLACINE 400 mg sol inj p perf IV
PEFLACINE MONODOSE 400 mg cp enr
Autres médicaments
D'autres médicaments ont une indication d'AMM dans le traitement des urétrites, gonococciques ou non, ou dans le traitement des infections
génito-urinaires.
aztréonam
AZACTAM 1 g pdre/sol p us parentér
érythromycine
EGERY gél (µgle gastrorésis)
ERY 125 mg glé p susp buv nour
ERYTHROCINE 1000 mg glé p sol buv en sachet-dose
ERYTHROCINE 500 mg cp pellic
ERYTHROCINE 500 mg glé p sol buv en sachet-dose
ERYTHROMYCINE ETHYLSUCCINATE 250 mg glé
ERYTHROMYCINE PROPIONATE 500 mg cp
josamycine
JOSACINE 1000 mg cp dispers
JOSACINE 125 mg/5 ml glé p susp buv
JOSACINE 250 mg/5 ml glé p susp buv
JOSACINE 500 mg cp pellic
JOSACINE 500 mg/5 ml glé p susp buv
lymécycline
TETRALYSAL 150 mg gél
méthylènecycline
LYSOCLINE 300 mg gél
PHYSIOMYCINE 300 mg gél
midécamycine diacétate
MOSIL 400 mg cp pellic
MOSIL 800 mg pdre p susp buv
roxithromycine
ROXITHROMYCINE 100 mg cp pellic
ROXITHROMYCINE 150 mg cp pellic
RULID 150 mg cp enr
RULID 50 mg cp séc p susp buv
spiramycine
ROVAMYCINE 1 500 000 UI cp pellic
ROVAMYCINE 3 MUI cp pellic
SPIRAMYCINE 3 MUI cp
thiamphénicol
THIOPHENICOL 250 mg cp
THIOPHENICOL 750 mg pdre/solv p sol inj
Références
« Mise au point sur le traitement antibiotique probabiliste des urétrites et cervicites non compliquées », ANSM, octobre 2008.
http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/medias/_documents/consensus/2008-ure...
« Sexually Transmitted Diseases Treatment Guidelines 2010 », Centers for Diseases Control and Prevention, Morbidity and Mortality Weekly Report
(MMWR), 2010, vol. 59, n° RR-12, 116 pages.
http://www.cdc.gov/mmwr/pdf/rr/rr5912.pdf
« Lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles en France – 10 ans de surveillance, 1996-2005 », mars 2007, Goulet V. et al.,
Institut de veille sanitaire, Gonocoques : pp. 69-72 ; Chlamydiae trachomatis, pp. 72-74.
http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=3740
« Les infections à gonoccoques et C. trachomatis en France au 31 décembre 2011 : Bulletin des réseaux de surveillance des Infections sexuellement
transmissibles », données des réseaux Rénachla, Rénago, RésIST.
http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/VIH-sida-IST...
« Response Plan to Control and Manage the Threat of Multidrug-Resistant Gonorrhoea in Europe », 2012, Special Report, European Centre for
Disease Prevention and Control, p. 1-23.
http://www.ecdc.europa.eu/en/publications/Publications/1206-ECDC-MDR-gonorrhoea-...