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Résistance
de Helicobacter pylori :
chez qui s’acharner
et comment ?
Introduction rienne observés en France. Le premier
facteur est une mauvaise application Anne
par le médecin ou par le patient des COURILLON-MALLET
Le traitement de première ligne ac-
modalités d’administration de la tri-
tuellement recommandé pour l’éradi-
thérapie. En fonction de ces modalités,
(Villeneuve Saint Georges)
cation de H. pylori est une trithérapie
le taux d’éradication peut varier de 10
de 7 jours associant un IPP double
à 15 %. Il est donc utile de rappeler
dose, amoxicilline 1 gramme deux fois
quelles sont les meilleures modalités Enfin, les différents IPP comparés deux
par jour et clarithromycine 500 mg
d’administration de la trithérapie : à deux lorsqu’ils sont associés aux
deux fois par jour avec la possibilité
– l’administration de la trithérapie en mêmes antibiotiques donnent des ré-
de remplacer l’amoxicilline par le mé-
deux prises par jour est préférable à sultats équivalents dans une méta-ana-
tronidazole 500 mg deux fois par jour
une prise unique quotidienne avec lyse regroupant 14 études [5].
en cas d’intolérance à l’amoxicilline. Ce
traitement très largement recommandé un taux d’éradication de 87 % chu- Il importe donc de respecter les mo-
et utilisé donne cependant des résul- tant à 72 % en cas de prise unique dalités d’administration les meilleures,
tats médiocres avec un taux d’éradi- dans une étude vietnamienne ré- et pour cela de les faire connaître au
cation dans les essais cliniques de 75 cente [2] ; médecin prescripteur et de les expliquer
à 90 %. Les résultats sont encore moins – les IPP font mieux que les anti H2 au patient afin d’obtenir la meilleure
bons en pratique clinique comme l’a comme l’a montré une méta-ana- compliance possible.
montré une étude du GEFH (Groupe lyse regroupant 20 études et 2 400 L’autre facteur essentiel d’échec d’éra-
d’Etude Français des Helicobacter) sujets [3] ; dication est la résistance bactérienne.
menée en 2000, auprès de 90 centres – mieux vaut donner des IPP double La résistance à l’amoxicilline reste ex-
et 1260 patients infectés [1]. Dans cette dose que simple dose avec, dans une ceptionnelle (< 1 %) malgré des années
étude, 92 % des patients ont reçu une méta-analyse regroupant 11 études, d’utilisation de l’amoxicilline. Elle n’est
trithérapie classique associant omé- un taux d’éradication de 84 % versus pas due à une beta-lactamase mais à
prazole, amoxicilline et clarithromy- 77 % pour les IPP simple dose [4] ; la mutation de protéines liant les pé-
cine et le taux d’éradication n’était que – en Europe, une trithérapie de 7 jours nicillines. En revanche, la résistance
de 70 %. est recommandée alors qu’une durée bactérienne à la clarithromycine et au
de traitement de 10 jours est pré- métronidazole est fréquente et a un
férée aux Etats-Unis. Le gain ap- important impact négatif sur le taux
Les facteurs d’échec porté par l’allongement du traite- d’éradication. Ainsi, la résistance à la
ment à 10 jours est discuté et n’est clarithromycine conduit à un échec
d’éradication d’éradication dans 60 à 90 % des cas
pas apparu suffisant pour recom-
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les mander de prolonger le traitement et la résistance au métronidazole à un
mauvais résultats d’éradication bacté- au-delà de 7 jours en Europe. échec dans 10 à 30 % des cas [6-8].
Des études récentes font état d’une
résistance primaire à la clarithromycine
Tirés à part : Anne Courillon-Mallet - Service d’Hépato-Gastroentérologie, Centre Hospitalier chez 20 % des enfants européens avec
Intercommunal, 40, allée de la Source, 94195 Villeneuve-Saint-Georges Cedex. un taux de résistance augmentant du
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nord vers le sud [9]. Chez l’adulte, le laboratoire. L’interprétation de l’anti- que dans le cas où un examen endo-
taux de résistance primaire à la clari- biogramme aux nitro-imidazoles est scopique est nécessaire soit pour le
thromycine est estimé à 14 % en donc à nuancer. contrôle évolutif endoscopique d’une
Belgique, alors qu’il n’est que de 3 % lésion gastrique soit pour le contrôle
en Allemagne [10,11]. En France, ce histologique d’une lésion suspecte.
taux est estimé à 16 %. Pour le mé- Faut-il adapter Dans ce cas, il est recommandé de faire
tronidazole, le taux de résistance deux biopsies antrales et deux biopsies
primaire oscille entre 23 et 30 % en le traitement de première fundiques, la prise d’un traitement IPP
Europe sans gradient nord sud [10, 11]. ligne à l’antibiogramme ? antérieur conduisant à une modifi-
Le taux de résistance aux imidazolés cation de la topographie de l’infection
reste assez stable dans le temps à la Adapter le traitement antibiotique aux avec une raréfaction de la bactérie dans
différence du taux de résistance pri- résultats de l’antibiogramme améliore l’antre. La pratique de deux biopsies
maire à la clarythromycine qui a aug- le taux d’éradication en le faisant antrales seules, permet un diagnostic
menté rapidement au début des années passer de 75 à 91 % dans l’étude de d’infection avec une sensibilité de 80 %
90 depuis la diffusion des macrolides S. Toracchio et al., et de 67 à 76 % alors que la pratique de biopsies an-
dans le traitement des infections res- dans l’étude de M. Neri et al. [13, 14]. trales et fundiques fait monter le taux
piratoires. Toutefois, la résistance aux Cependant, les études du coût effica- de sensibilité à 95 %. La visualisation
macrolides semble se stabiliser sur les cité en fonction de la culture ont des directe de la bactérie peut être diffi-
7 à 9 dernières années en Allemagne résultats contradictoires au point que cile et dans ce cas, on peut s’aider de
et en Belgique [10, 11]. les recommandations actuelles euro- l’évolution de l’aspect de la gastrite :
péennes établies en 2000 proposent en l’infiltrat mononucléé témoignant de
Le mécanisme de résistance aux
première intention une trithérapie stan- la chronicité de la gastrite reste présent
macrolides est actuellement bien
dard sans évaluation de la résistance plusieurs mois après l’éradication, alors
connu et est le fait d’un nombre
primaire bactérienne [15]. Selon ces que l’infiltrat polynucléaire témoin de
limité de mutations ponctuelles de
recommandations, le traitement d’éra- l’activité disparaît en quelques jours
l’ARNr 23S. Ces mutations entraî-
dication doit être d’emblée expliqué ou quelques semaines et peut donc être
nent une perte d’affinité des macro-
au patient comme un ensemble in- utilisé comme un témoin indirect d’éra-
lides pour leur cible ribosomale et
cluant : dication bactérienne [16].
confèrent à la bactérie une résis-
tance croisée pour les différents – une première ligne par une trithé- Le test respiratoire à l’urée marquée
macrolides. Cette résistance est mise rapie ; est le test de contrôle d’éradication de
en évidence par les moyens bacté- – un contrôle d’éradication à l’issue choix lorsqu’il n’y a pas d’indication
riologiques habituels sur antibio- du premier traitement ; endoscopique. Il doit être fait dans un
gramme ou par test génétique sur – et éventuellement une deuxième délai de 4 semaines minimum après la
culture bactérienne. Plus récemment, ligne. fin du traitement d’éradication et il
l’utilisation directe de la PCR sur les faut s’assurer de l’absence de prise
Le patient doit être d’emblée informé
biopsies gastriques sans passer par d’IPP ou d’antibiotiques dans les deux
du risque d’échec de 30 % du premier
la culture bactérienne a permis de semaines précédant le test pour éviter
traitement et de la possibilité d’un
faire le diagnostic d’infection et de les faux négatifs. Actuellement, un seul
deuxième traitement.
résistance aux macrolides en 2 à test est disponible en France, le test
3 heures avec une bonne sensibilité Heli-kit®. Ce test est remboursé [16].
et spécificité dans une étude portant
sur 443 patients à l’hôpital Henri Comment contrôler
Mondor [12]. l’éradication ? Le traitement de
Les résistances aux nitro-imidazoles
sont en rapport avec de nombreuses A l’issue du premier traitement, l’éra-
deuxième ligne
mutations du gène rdxA codant pour dication est contrôlée par un examen
une nitroréductase indispensable à l’ac- histologique ou par un test respiratoire Le traitement de deuxième ligne doit
tivation de l’antibiotique dans le cy- à l’urée marquée. La sérologie n’est pas être annoncé au patient dès le traite-
toplasme bactérien. D’autres mutations utilisable en pratique individuelle. La ment de première ligne. Le choix entre
sur d’autres gènes (frxA et fdxB) sont diminution du taux d’anticorps, té- un traitement adapté à l’antibio-
également impliquées dans les résis- moin de l’éradication, n’est observée gramme et un traitement probabiliste
tances aux nitro-imidazoles. Ces ré- qu’après plusieurs mois et cela sup- doit être discuté. La résistance secon-
sistances sont détectées par antibio- pose d’avoir 2 prélèvements, un pré- daire à la clarithromycine après un
gramme mais on note ici une grande thérapeutique et un prélèvement 6 mois premier traitement par celle-ci est de
variabilité et une reproductibilité mé- après [16]. La recherche d’antigène 60 à 90 %. La résistance secondaire
diocre des résultats des tests de sensi- dans les selles est peu utilisée en au métronidazole est de 60 à 70 %.
bilité au métronidazole d’un labora- France, non remboursée actuellement. Connaissant l’impact négatif de la
toire à l’autre et au sein du même L’examen histologique n’est proposé résistance de la clarithromycine sur le
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19. Bock H, Koop H, Lehn N, Heep M. 23. Gisbert JP, Bujanda L, Calvet X, Gisbert of Helicobacter pylori eradication with
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96: 58-62. 30. Uemura N, Okamoto S, Yamamoto S,
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• La résistance secondaire à la
• Mutations diverses du gène rdxA codant
clarithromycine est de 60 à 90 %
pour une nitro réductase
• Détection par antibiogramme, mais très
• La résistance secondaire au
grande variabilité des résultats et
métronidazole est de 60 à 70 %
mauvaise reproductibilité.
contradictoires
*Toracchio S. 2000 Aliment Pharmacol Ther **Neri M. 2003 Aliment Pharmacol Ther Lamouliatte H. Aliment Pharmacol Ther 2003
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Éradication 88 % (ITT)
ANTIBIOGRAMME
Clari S ou Métro S Clari R et Métro R
Culture impossible
Quadrithérapie
• IPP double dose
• Citrate de Bismuth 120 mg X 4
• Metronidazole 500mg X 3
• Tetracycline 500mg X 4
3 ème ligne
• IPP double dose 7 à 14
• Amoxicilline 1gr X2 jours
• Rifabutine 150 mg X2
Bock H 25 7 72
J Clin Gastroenterol 2000
Gisbert JP 14 14 79
Helicobacter 2003
Perri F 45 10 86
Am J Gastroenterol 2001
Miehlke S 72 7 75
A1102 Helicobacter 2004
Gisbert JP 37 14 73
A1109 Helicobacter 2004
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Rifabutine
Watanabe Y 33 7 70
Digestive Liver Dis 2003 • Etudes sérologiques cas - témoins
Gatta L 132 10 85 • Suivis endoscopiques de Sujets Hp+ / Hp-
A 1106 Helicobacter 2004
• Etudes d’intervention
3ème ligne
échec n =1 ou 2
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