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Une intervention chirurgicale lors d’un traitement par anti-TNF peut, théorique-
ment, conduire à une complication infectieuse. Toutefois, ce risque n’est pas
clairement évalué dans la littérature (aucune recommandation précise dans le
Résumé des Caractéristiques Produit pour ces molécules) ce qui justifie des
avis d’experts prenant en compte, en particulier, le risque septique du geste
chirurgical.
CHIRURGIE
Données pharmacocinétiques
La demi-vie des anti-TNF est variable selon les molécules comme indiqué dans le
tableau ci-dessous (1-5). Classiquement, il est recommandé de respecter la règle
des 5 demi-vies comme délai entre la dernière administration du médicament et
l’intervention chirurgicale.
Données de la littérature
• les
Le risque d’infections ou de complications post-opératoires est plus élevé chez
patients souffrant de PR que chez les patients souffrant de coxarthrose ou de
gonarthrose pour lesquels un remplacement prothétique est indiqué (6, 7). Le risque
d’infections opératoires per ou post-opératoires sous anti-TNF a été évalué à tra-
vers plusieurs études. Dans une méta-analyse publiée très récemment, le risque
d’infection péri-opératoire a été comparé d’une part chez des patients traités par
anti-TNF et des patients traités par DMARDs conventionnels, et d’autre part chez
des patients ayant interrompu ou non leur traitement avant chirurgie (8). Globale-
ment, le risque d’infection post-opératoire chez un patient traité par anti-TNF était
multiplié par 2 (RR=1,88 ; IC95% 1,32-2,66) (8). Le risque de survenue d’infec-
tion péri-opératoire était plus élevé chez les patients traités par anti-TNF que par
DMARDs conventionnels (RR=1,81 ; IC95% 1,31-2,50) (8). En revanche, le risque
• d’infection
Cependant, dans une autre méta-analyse, Clay M et al. ont comparé le risque
au niveau du site chirurgical chez des patients ayant poursuivi leur
nti-TNF par rapport à des patients ayant interrompu leur anti-TNF. Les patients
a
qui interrompaient leur anti-TNF avaient significativement moins d’infections post-
opératoires que les autres (RR=0,62 ; IC95% 0,43-0,89) (9).
• chirurgicales
Dans une étude rétrospective incluant 9 911 patients et 10 923 procédures
entre 2006 et 2015, le risque d’hospitalisation pour une infection
post-opératoire, ajusté à l’aide d’un score de propension, était de 8,16% avec
l’abatacept, de 6,87% (5,30% à 8,90%) avec l’adalimumab et de 8,90% (5,70% à
13,52%) avec le rituximab (10). La corticothérapie à plus de 10 mg/j augmentait
considérablement le risque d’hospitalisation pour une infection post-opératoire de
façon dose-dépendante (par rapport à l’absence de corticothérapie) RR=13,25%
(9,72% à 17,81%) (10).
• rican
Deux sociétés savantes américaines, l’American College of Rheumatology et l’Ame-
Association of Hip and Knee Surgeons ont publié, ensemble, des recomman-
dations pour la prise en charge des malades ayant un rhumatisme inflammatoire et
requérant une chirurgie de la hanche ou du genou (11).
Ces deux sociétés savantes recommandent les délais d’interruption suivants (11) :
Délai d'interruption
Molécules Rythme des injections
du médicament
Adalimumab 2 semaines 2 semaines
Certolizumab
- 200 mg 2 fois par mois 2 semaines
- 400 mg 1 fois par mois 1 mois
Etanercept 7 jours 7 jours
Golimumab 4 semaines 4 semaines
Infliximab IV 8 semaines 8 semaines
Infliximab SC 2 semaines 2 semaines
• Psoriasis
À partir d’opinions d’experts, l’American Academy of Dermatology et la National
Foundation ont défini des niveaux de risque selon le type de chirurgie : (13)
Molécules 3 à 4 demi-vies
Adalimumab 45 à 60 jours
Certolizumab 30 à 60 jours
Etanercept 8 à 12 jours
Golimumab 30 à 60 jours
Infliximab IV 24 à 40 jours
Infliximab SC 33 à 56 jours
• entre
La British Society for Rheumatology a émis des recommandations intermédiaires
l’American College of Rheumatology et l’American Academy of Dermatology. En
effet, la BSR recommande d’interrompre le traitement biologique au moins pour une
période de temps équivalent à la durée de l’inter-cure (14). En cas de chirurgie à haut
risque sur le plan infectieux, elle recommande de prendre une période d’interruption
de 3 à 4 demi-vies (14).
• fection
Si la poursuite du traitement par anti-TNF majore à des degrés divers, le risque d’in-
per ou post-opératoire, selon le contexte nosologique et la nature de la chirur-
gie, le risque de défaut ou de retard de cicatrisation reste peu probable. En effet,
dans une étude ouverte japonaise durant laquelle le devenir de patients opérés d’une
chirurgie orthopédique lourde (arthrodèse de cheville, prothèses de cheville, genoux,
hanches, coudes, épaules) a été comparé selon qu’ils avaient été traités par anti-TNF
(39 patients) ou non (groupe contrôle de 74 patients), le taux de défaut de cicatrisa-
tion n’a été que dans 5,1% dans le groupe anti-TNF versus 6,8% dans le groupe sans
anti-TNF (15), confortant les données d’une autre série japonaise (16).
En cas d’interruption, l’anti-TNF pourra être repris 1 à 2 semaines après l’intervention
chirurgicale en absence de complication post-opératoire (11, 13, 14).
Ces circonstances ainsi que l’âge des patients doivent être pris en compte pour
évaluer, au cas par cas le délai nécessaire d’arrêt des anti-TNF avant la chirurgie.
Pour les endoscopies digestives, avec ou sans biopsie, il n’est pas néces-
saire de suspendre le traitement anti-TNF.
Dans tous les cas, la reprise du traitement par anti-TNF ne sera autorisée qu’après
cicatrisation complète et en l’absence d’infection, et avec une prudence toute
particulière en cas de reprise de prothèse. Le délai entre la chirurgie et la re-
prise de l’anti-TNF est le plus souvent de 2 semaines en absence de complications
post-opératoires.
SOINS DENTAIRES
• Il est recommandé une hygiène bucco-dentaire et des soins réguliers.
• tués
En cas d’état bucco-dentaire défectueux, des soins appropriés devront être effec-
avant de débuter un traitement par anti-TNF.
Ces soins devraient concerner surtout le parodonte, et motiver donc l’avis d’un
stomatologue autant que d’un dentiste, d’autant que plusieurs études ont suggéré
que le traitement de la maladie parodontale réduit l’activité de la PR (17).
Un autre motif pour prévoir au moins une fois l’avis d’un stomatologue est que le
seul travail ayant étudié de manière prospective le statut parodontal des patients
traités par anti-TNF a conclu que les anti-TNF n’accéléraient pas l’alvéolyse, mais
majoraient l’inflammation gingivale (18).
BRÛLURES ET TRAUMATISMES
• recommandé
En cas de brûlure sévère et étendue, en raison du risque infectieux potentiel, il est
d’arrêter l’anti-TNF jusqu’à la cicatrisation.
• geste
En cas de fracture, il n’y a pas de recommandation d’arrêt de l’anti-TNF, sauf si un
chirurgical est nécessaire (fracture fermée ou ouverte).
• être
En cas de traumatisme important, notamment en cas d’effraction cutanée, il peut
proposé d’arrêter l’anti-TNF.
En pratique :
Références