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Positionnement du patient
au bloc opératoire
Serge Molliex, Jean Pascal
Sommaire
Abréviations INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
ASA : American Society of Anesthesiology PRÉVENTION DES LÉSIONS NERVEUSES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
CRF : capacité résiduelle fonctionnelle PROTECTION CUTANÉOMUQUEUSE ET MUSCULAIRE . . . . . . . . . . . 7
DLD : décubitus latéral droit PROTECTION OSTÉO-ARTICULAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
FIO2 : fraction inspirée d’oxygène
PROTECTION OCULAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
PAM : pression artérielle moyenne
PRÉVENTION DES MODIFICATIONS
VCI : veine cave inférieure HÉMODYNAMIQUES POSTURALES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
VCS : veine cave supérieure
PRÉVENTION DES MODIFICATIONS POSTURALES
DE LA FONCTION RESPIRATOIRE ET DE LEURS CONSÉQUENCES 14
CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
© Groupe Liaisons SA, février 2001. La photocopie non autorisée est un délit.
Introduction
L’installation d’un patient sur la table opératoire est un compromis entre les impératifs chirurgicaux et la tolérance anatomique ou physio-
logique du patient. Elle doit faciliter l’acte chirurgical, interférer au minimum avec les principales fonctions vitales et ne pas générer de
complications spécifiques. Elle engage la responsabilité solidaire ou conjointe de l’équipe chirurgien-anesthésiste.
Une complication posturale résulte de l’intrication de plusieurs facteurs étiologiques dépendant du terrain du patient, de la chirurgie et de
l’anesthésie. L’anesthésie perturbe ou supprime les mécanismes de régulation physiologique et autorise certaines postures qui seraient
rapidement intolérables chez le sujet éveillé. Une mauvaise installation est susceptible d’entraîner d’une part des séquelles plus ou moins
invalidantes, d’autre part des atteintes transitoires, douloureuses et donc inconfortables en postopératoire immédiat.
Nous décrirons ici le positionnement du patient à partir des circonstances de survenue et des moyens de prévention des principales compli-
cations posturales.
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d’assurances) montre que les neuropathies périphériques repré-
sentent aux États-Unis la deuxième cause de plaintes, avec 16 % du • Un électromyogramme bilatéral précoce permet de préciser
total des actions intentées (soit 670 neuropathies périphériques sur l’existence d’une atteinte préalable, les signes de dénervation
4 183 plaintes étudiées entre 1985-1999) [1]. n’étant complets qu’au bout de 3 semaines.
Les lésions nerveuses relèvent de deux mécanismes : le nerf peut
être étiré lorsqu’il chemine superficiellement entre deux points de fixa- ■ Installation du membre supérieur
tion éloignés ou comprimé lorsqu’il est en rapport étroit avec les reliefs Au membre supérieur, les atteintes les plus fréquentes sont celles du
osseux. L’ischémie nerveuse résultant de la réduction du débit sanguin nerf ulnaire (cubital) et du plexus brachial, représentant respectivement
dans les vasa nervorum peut, quand elle dépasse 30 min, générer une 28 et 20 % des lésions ayant fait l’objet d’une suite médicolégale [1].
paralysie. Chez le sujet éveillé, les positions potentiellement domma-
geables font apparaître des douleurs et des paresthésies poussant le ● Installation des membres supérieurs et prévention des
sujet à changer de position. Il faut différencier ces lésions nerveuses lésions du plexus brachial
de celles décrites après utilisation d’un garrot pneumatique qui sur- Le plexus brachial est particulièrement exposé aux traumatismes
viennent pour des durées de compression plus longues (> 3 h) et sont pendant une anesthésie générale, en raison de son trajet superficiel
le plus souvent de nature traumatique [2]. dans le creux axillaire et de son attache entre deux points fixes, le
La découverte d’une neuropathie postopératoire doit faire réaliser fascia paravertébral et le fascia axillaire (Figure 1). La proximité de
rapidement un électromyogramme bilatéral, que l’on répétera après structures mobiles (clavicule, première côte, apophyse coracoïde, tête
3 semaines car les signes de dénervation ne sont complets qu’après humérale) augmente le risque de compression lorsque le tonus mus-
ce délai. La comparaison des deux examens permet généralement de culaire diminue du fait de l’anesthésie [5]. Les lésions prédominent au
rapporter les lésions au traumatisme peropératoire [3]. niveau des racines supérieures C5 et C6, et le nerf le plus souvent
Ainsi donc, le positionnement des membres revêt une importance concerné est le nerf musculocutané [6].
primordiale, même si on ne retrouve une origine posturale que dans En décubitus dorsal, quand les membres supérieurs sont mainte-
30 % des cas [1] et même si une installation correcte ne met pas nus le long du corps, le risque de lésion du plexus est minime si la
complètement à l’abri d’une lésion [4]. tête reste droite, sans hyperextension du cou [5, 7]. Les membres
Compression
Étirement
Abduction forcée
Compression
les appui-bras doivent être fixés afin d’éviter tout déplacement posté-
rieur (rétropulsion) (Figure 2). Une rotation externe des épaules lors
une abolition du pouls radial lors de l’extension des bras, l’impossibi-
de la mise en supination des avant-bras peut directement comprimer
lité de maintenir les mains derrière la nuque pendant 1 min ou les
le plexus, ce qui a poussé certains auteurs à recommander de placer
bras au-dessus de la tête sans qu’apparaisse de douleur [10, 11]. Si les
les avant-bras en pronation lorsque les bras sont en abduction [6].
bras sont écartés, il faut les faire reposer en pronation sur des appuis
Toutefois, il est préférable d’installer les avant-bras en position neutre
placés au-dessous du niveau du thorax pour éviter un étirement. Les
qu’en pronation, car on court alors le risque de compression du nerf
coudes seront protégés et placés sous un angle inférieur à 90° pour
ulnaire au niveau du coude [8, 9].
minimiser le risque de compression du nerf cubital.
En position de Trendelenburg, les épaulières permettant de caler le
Dans tous les cas, que les membres supérieurs soient installés le
patient doivent être positionnées au niveau de la jonction acromio-
long du corps ou en abduction, il est important de prévenir une rota-
claviculaire afin d’éviter une compression directe des racines du
tion ou une inclinaison latérale de la tête pour éviter un étirement du
plexus [5]. Les bras doivent autant que possible être placés le long du
plexus brachial au niveau de l’épaule controlatérale [7].
corps, car une abduction forcée est fréquente en position déclive, du
fait de la pesanteur ou d’un appui chirurgical exagéré. Un positionne-
ment trop externe, bras en abduction, peut étirer le plexus brachial en Positions des bras favorisant les lésions
l’appuyant sur la tête humérale [5]. du plexus brachial
En décubitus latéral, le plexus peut être étiré en cas d’abduction
• Abduction > 90° avec rétropulsion en décubitus dorsal.
forcée de l’épaule supérieure lors de la fixation de l’avant-bras à un
• Défaut de dégagement antérieur de l’épaule déclive ou abduc-
arceau (Figure 2). Un défaut de dégagement antérieur de l’épaule
tion forcée de l’épaule supérieure en décubitus latéral.
expose à une compression, de même qu’un billot mal positionné.
• Compression directe par des épaulières en position de Trende-
En décubitus ventral, les bras seront obligatoirement installés le
lenburg.
long du corps si le patient présente un syndrome de la pince costo-
• Hyperextension et rotation latérale de la tête, quelle que soit la
claviculaire ou des symptômes qui peuvent le faire évoquer, tels que
posture.
des douleurs ou des paresthésies dans le territoire ulnaire (C8-T1),
● Faut-il toujours mettre les avant-bras en supination ? de celles mesurées en adduction) si l’avant-bras est en supination. En
revanche, elles diminuent avec le degré d’abduction lorsque l’avant-
La paralysie du nerf ulnaire est la neuropathie périphérique post-
bras est en position neutre et deviennent égales à celles mesurées en
opératoire la plus fréquente. Son incidence est élevée (1/200) si on la
supination pour une abduction de 90° [8]. Si l’avant-bras est en pro-
recherche quotidiennement par une évaluation neurologique pros-
nation, il n’existe aucune diminution de la contrainte selon l’angulation
pective après l’intervention [12].
de l’abduction.
Le rôle de la posture dans les atteintes ulnaires est suggéré par les
Deux différences anatomiques entre hommes et femmes explique-
rapports anatomiques du nerf au niveau du coude (Figure 3). C’est par-
raient la prédominance masculine de cette pathologie [12, 14]. Chez
ticulièrement exposé lorsque l’avant-bras est en pronation chez un
l’homme, l’apophyse coronoïde est plus large, ce qui diminue le dia-
sujet en décubitus dorsal, car il est alors directement en contact avec
mètre de la gouttière épitrochléenne et la protection interne du nerf
la surface d’appui au niveau de la gouttière épitrochléenne. À l’inverse,
ulnaire par les tissus graisseux sous-cutanés [15]. La cachexie et
en supination, le contact s’effectue au niveau de l’olécrâne, et aucune
l’obésité sont des facteurs de risque reconnus. Le nerf ulnaire est plus
compression ne s’exerce sur la gouttière ni le nerf [3, 9, 13]. Une flexion
exposé chez le cachectique et plus difficile à protéger chez l’obèse.
du coude supérieure à 90 % réduit le calibre de la gouttière et majore
Enfin, l’incidence de la neuropathie ulnaire est de 1/500 chez les
le risque de compression nerveuse [9]. Chez des volontaires sains
patients hospitalisés dans un service de médecine [16]. Cette atteinte
conscients, une étude récente a confirmé ces notions en mesurant la
prédomine chez les hommes alités, chez qui la pronation de l’avant-
pression moyenne au niveau de la gouttière épitrochléenne, les bras
bras est la position naturelle de repos [16].
étant le long du corps ; celle-ci était de 2 mmHg en supination, de
Les symptômes apparaissent souvent à distance de l’anesthésie
69 mmHg en position neutre et de 95 mmHg en pronation [8].
(2-7e j) [12], alors même que l’on pensait avoir assuré une protection
L’abduction du bras ne modifie pas les pressions (elles restent voisines
locale efficace [1]. La paralysie ulnaire peut être facilitée par une
neuropathie préexistante sensibilisant le nerf à l’ischémie locale par
compression. En effet, malgré une contrainte posturale ne portant que
sur un seul côté, on a rapporté une atteinte clinique bilatérale dans 9 %
des cas [14]. Dans une autre série, on a constaté une atteinte électro-
myographique du nerf controlatéral dans 85 % des lésions ulnaires
postopératoires [17]. En chirurgie cardiaque, l’atteinte ulnaire serait plus
95 mmHg 2 mmHg
fréquente (2 à 20 %) et pourrait être liée à une atteinte du plexus brachial
par un écartement trop important au niveau du champ opératoire [9, 18].
L’installation des avant-bras en supination ou, à défaut, en position
neutre et en abduction, reste justifiée même s’il est illusoire d’obtenir
ainsi une prévention totale d’une neuropathie cubitale. Faut-il assurer
une protection supplémentaire au niveau de la gouttière épitro-
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chléenne ? Rien actuellement ne valide une telle attitude [13] mais, si
on décide de recourir à cette protection supplémentaire, il faut impé-
rativement éviter qu’elle ne recrée une zone de contact que la mise en
supination de l’avant-bras a pour objet de prévenir.
■ Installation de la tête
Elle doit être minutieuse en décubitus ventral car des atteintes par
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■ Prévention des lésions médullaires Pour Cucchiara et Faust, il convient de déterminer le degré maximal
de flexion cervicale chez le patient éveillé, par la capacité de maintenir
Les lésions médullaires posturales sont responsables de quadri-
la posture pendant une minute au minimum. En l’absence d’intolé-
plégies qui ont été décrites en position assise [31], ventrale [32] mais
rance posturale, ces auteurs recommandent de respecter une dis-
aussi en décubitus dorsal. Ces lésions pourraient, lors de l’hyper-
tance menton-sternum de deux travers de doigts [33] (Figure 5). En
flexion de la tête, être dues soit à une perte de l’autorégulation du
chirurgie cervicale, un billot placé sous les épaules permet de bien
débit sanguin médullaire par étirement des vaisseaux spinaux [31, 32],
exposer la face antérieure du cou. Afin de prévenir tout risque de
soit à une compression médullaire liée au déplacement antérieur de
lésion médullaire ou des racines cervicales, il faut ici limiter l’hyperex-
la moelle par mise en tension de la dure-mère [32].
tension cervicale par un support occipital (Figure 6).
En décubitus dorsal, une installation prolongée en hyperlordose a
été incriminée dans plusieurs paraplégies [34, 35]. Leur mécanisme
associerait une réduction de la taille du canal lombaire à une ischémie
médullaire par gêne du retour veineux cave inférieur. Le monitorage
des potentiels évoqués somesthésiques a été préconisé pour détecter
précocement les souffrances médullaires posturales [30], mais sa sen-
sibilité reste discutée. Une limitation de l’hyperlordose et de sa durée
est une mesure classiquement recommandée, mais son efficacité est
empirique en l’absence d’évaluation des contraintes médullaires.
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Protection cutanéomuqueuse d’un cisaillement par des forces parallèles mais de direction opposée
(« shear stress ») [39]. Ce risque existe surtout en positions déclive et
et musculaire proclive qui créent des forces de friction s’opposant au glissement du
corps lié à la pesanteur.
PHYSIOPATHOLOGIE Au niveau musculaire, l’augmentation de pression génère une
ischémie par hypoperfusion et une libération de différents média-
Tous les opérés courent le risque de lésions cutanéomuqueuses teurs vasodilatateurs et qui augmentent la perméabilité endothéliale.
car, quelle que soit la posture chirurgicale, le corps repose sur le plan Il y a alors extravasation liquidienne avec œdème local responsable
dur de la table opératoire seulement au niveau de quelques reliefs d’une majoration de la pression intracompartimentale et de l’aggra-
osseux [36, 37]. Cette mauvaise répartition du poids corporel vation des lésions ischémiques (Figure 7). Ce phénomène d’auto-
comprime directement les téguments mais surtout les tissus sous- aggravation différencie la souffrance musculaire isolée du syndrome
cutanés dans lesquels cheminent les structures vasculaires. Une pres- des loges, qui réalise une véritable tamponnade intracompartimen-
sion supérieure à la pression capillaire moyenne (35 mmHg environ) tale. La libération de myoglobine et sa dissociation en milieu acide en
est susceptible d’entraîner une atteinte ischémique [38]. Une distor- globine et en un dérivé directement toxique sur l’épithélium tubulaire
sion des tissus compromettant la vascularisation peut aussi résulter rénal peuvent induire une insuffisance rénale aiguë. L’hypoperfusion
et l’ischémie musculaire sont probablement consécutives à une obs-
truction veineuse. En effet, l’augmentation de la pression tissulaire
Compression externe
dépasse rapidement la pression veineuse, entraînant un collapsus
veineux, une réduction du gradient de pression artérioveineux et, de
Augmentation de ce fait, une réduction de la perfusion tissulaire. La séquence des évé-
la pression tissulaire nements se déroulant au niveau de la microcirculation musculaire, il
est fréquent que les pouls périphériques persistent et que la recolora-
tion cutanée ou unguéale soit normale, en dépit de l’évolution sous-
Posture Obstruction veineuse
jacente du syndrome compartimental [40].
Différents facteurs associés aux forces de contrainte favorisent le
Diminution de la pression risque de lésions cutanées. Ils sont liés soit à l’intervention (hypo-
de perfusion tissulaire thermie, hypotension ou utilisation de vasoconstricteurs) [33], soit au
terrain et recoupent alors les facteurs de risques intrinsèques
d’escarre (âge, index de masse corporelle, état nutritionnel, troubles
Ischémie musculaire vasculaires ou neurologiques…) [41]. Les facteurs favorisants de la
rhabdomyolyse sont principalement le maintien prolongé de la pos-
Rhabdomyolyse Œdème ture (> 3 h) et la défaillance hémodynamique [40, 42-46]. Récemment,
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[48, 49], la pression à ce niveau pouvant dépasser 100 mmHg. Au Le poids du membre est réparti sur une surface plus ou moins
niveau occipital, le traumatisme se révèle fréquemment par une alo- grande, et plus la surface d’appui est petite, plus la pression locale est
pécie d’apparition différée et généralement transitoire [50, 51]. Les sca- importante.
pulas (omoplates), les olécrânes et le sacrum sont les autres territoires Toute altération hémodynamique systémique en rapport avec
à risque dans cette position [52]. l’anesthésie ou un syndrome hémorragique risque de majorer l’hypo-
Une installation en hyperlordose (Figure 8), pour faciliter l’exposi- perfusion distale, une ischémie compartimentale devenant possible
tion chirurgicale de l’aorte abdominale par exemple, augmente la pour une augmentation modérée de la pression locale [42, 44]. L’obé-
pression au niveau des muscles lombaires, et peut être à l’origine sité est un facteur aggravant, par action mécanique directe [44].
d’une rhabdomyolyse dont les symptômes cliniques sont des dou-
leurs locales intenses dans 4 % des cas [53, 54]. ■ Décubitus ventral
Les crêtes iliaques et les genoux doivent être plus particulièrement
■ Positions de lithotomie protégés en décubitus ventral (Figure 10). Les pointes de pieds doi-
Ces positions font courir le risque de rhabdomyolyse, en associant vent être surélevées à l’aide d’un coussin placé au niveau des che-
diminution de la pression de perfusion tissulaire et augmentation de villes, pour éviter un contact entre la table et les orteils et une
la pression interstitielle (Figure 9). La majorité des complications hyperextension de la cheville. Des rouleaux transversaux et/ou longi-
apparaissent lorsque cette posture est prolongée (> 4-5 h) [42, tudinaux permettent de répartir le poids du corps sur une surface
44-46, 55, 56]. d’appui maximale et d’éviter une compression abdominale [58, 59].
La pression de perfusion tissulaire est d’autant plus basse que les Chez la femme, l’utilisation d’appuis longitudinaux doit tenir
membres inférieurs sont surélevés [57]. Elle est minimale en position compte de la taille des seins, une disposition trop externe des seins
de « lithotomie exagérée » qui associe une élévation à la verticale des par rapport aux appuis pouvant être responsable de douleurs au
membres inférieurs à une position de Trendelenburg (abaissement de réveil. Chez l’homme, la position de l’appareil génital externe sera sys-
la tête de 15°). La flexion des jambes à 90° sur les cuisses diminue tématiquement vérifiée. La présence d’une stomie digestive impose
aussi le retour veineux local, favorise l’apparition d’un œdème de une protection particulière. Plus anecdotique, il faut, en cas d’antécé-
stase et contribue ainsi à l’augmentation de la pression dans les loges dent de pontage coronarien, préférer des appuis longitudinaux à un
de la jambe. appui transversal thoracique en raison du risque d’ischémie par
Selon le type de support utilisé pour soutenir les membres infé- compression du pontage [60].
rieurs, la position gynécologique expose à la compression de l’extré-
mité postérieure et distale de la cuisse, du creux poplité et du mollet. ■ Positions genupectorales
Les différentes positions genupectorales décrites et utilisées dans
la chirurgie du rachis risquent d’entraîner une compression muscu-
Gêne au retour veineux laire, soit directe par flexion de la cuisse sur le mollet, soit par l’inter-
médiaire d’un billot placé à ce niveau pour éviter le glissement en
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arrière du malade (Figure 11). Chez le volontaire sain éveillé, les pres-
sions intramusculaires au niveau de la loge antérieure de la jambe en
Diminution PAM < 40 position genupectorale varient de 100 à 240 mmHg, alors que la
pression de pression de repos n’est que de 4 mmHg environ [61].
perfusion
PAM = 90 Pression
■ Position assise
L’installation de la tête, en position assise, doit éviter toute flexion
cervicale exagérée qui risque, chez un malade intubé par voie orale, de
provoquer un œdème responsable de macroglossies par blocage de
la circulation veineuse et lymphatique. L’œdème, en s’étendant à
l’ensemble de la face et du cou nécessite parfois une réintubation, voire
une trachéotomie en urgence pour détresse respiratoire aiguë [70, 71].
pavillons auriculaires est nécessaire. La séquestration sanguine dans le des organes génitaux externes et du pavillon de l’oreille ;
compartiment veineux déclive majore la pression intersticielle. - en décubitus latéral, au niveau du grand trochanter.
Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third edi- • Un syndrome compartimental peut survenir :
tion, WB Saunders Company, pages 160-1 - au niveau lombaire en décubitus dorsal ;
- au niveau des cuisses et du mollet en position de lithotomie ou
genupectorale ;
- au niveau de l’épaule en décubitus latéral.
cants) ont été développés. Différentes formes sont commercialisées Les plaintes fonctionnelles les plus fréquentes concernent l’axe
pour une large protection des points sensibles, quelle que soit la rachidien au niveau dorsolombaire et cervical. Les traumatismes sont
posture. L’efficacité de ces dispositifs n’ayant été que très rarement favorisés par l’existence d’une pathologie dégénérative vertébrale. La
évaluée dans la littérature [47, 72], on ne peut actuellement les relaxation musculaire liée à l’anesthésie fait disparaître la lordose
recommander que sur des données physiopathologiques. physiologique, avec risque de lombalgies postopératoires. Celles-ci
Les mesures préventives des syndromes des loges doivent être sont d’autant plus fréquentes que la posture est prolongée ; elles
entreprises parallèlement à la limitation de la durée des positions à semblent indépendantes du type d’anesthésie (générale ou locoré-
haut risque. Elles comprennent, outre le contrôle des zones de gionale) [76]. Leur incidence est comparable en position de lithotomie
compression, le maintien de la pression de perfusion. Pour ce faire, il et en décubitus dorsal [77]. Elles sont favorisées, en cas d’hyper-
faut corriger toute hypovolémie relative ou vraie et, en position de trophie fessière, par l’hyperextension des genoux qui attire le bassin
lithotomie, abaisser et masser les jambes à intervalles réguliers, con- et exerce des mouvements de traction sur les ligaments interverté-
trôler la gêne au retour veineux secondaire à la flexion des cuisses et, braux [78]. Cette hyperextension des genoux est accentuée par les
enfin, proscrire toute contention élastique. Il faut répéter les examens protections cutanées qui surélèvent les chevilles [47].
cutanés et vasculaires, la présence des pouls périphériques étant La mise en place d’une compensation adaptée sous les lombes
faussement rassurante puisqu’un syndrome compartimental peut se (coussin gonflable) réduit significativement l’incidence des lombalgies
constituer même quand la vascularisation artérielle est efficace [44]. postopératoires [79]. On peut la doubler d’une légère flexion des
L’installation des patients au cours d’une anesthésie ou d’une anal- genoux sur un support adapté. La position dite de « la chaise
gésie locorégionale doit être particulièrement minutieuse et la sur- longue » permet, en décubitus dorsal, de répartir l’appui sur toute la
veillance clinique répétée, en raison du risque de retard diagnostique, face dorsale du corps par une flexion des hanches et des genoux de
même si ce risque demeure discuté dans la littérature [73-75]. Un 15 à 20°, minimisant ainsi le risque de lombalgies postopératoires
érythème accompagné de douleurs mal systématisées ou de véri- [78]. Une installation en hyperlordose, parfois nécessaire pour la
tables myalgies doit faire évoquer un mauvais positionnement per- chirurgie pelvienne, peut provoquer des douleurs postopératoires.
opératoire si on le constate chez plusieurs patients successifs [47]. Lors de l’installation en position de lithotomie, il est important
d’élever simultanément les deux jambes, pour éviter une mise en ten-
sion des ligaments interlombaires et lombosacrés, source de lombal-
Mesures de prévention gies au réveil. L’installation vigile et le contrôle de la tolérance et du
• La prévention des lésions cutanées et musculaires comprend confort avant l’anesthésie sont un moyen simple de définir la position
l’utilisation de coussins en mousse ou de gels de silicone permet- optimale pour un patient donné.
tant une diminution des pressions locales en agrandissant les L’extrême mobilité du rachis cervical dans les différents axes
surfaces où elles s’exercent. (flexion, extension, flexion latérale et rotation) oblige à une grande
• Il faut repositionner les zones à risques dans les interventions prudence lors de l’installation préopératoire. L’hyperextension du cou
prolongées et maintenir une pression de perfusion tissulaire en décubitus dorsal est souvent responsable de cervicalgies postopé-
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adaptée, en corrigeant rapidement toute hypotension artérielle et ratoires par mise en tension des muscles paravertébraux et du liga-
toute hypovolémie. ment intervertébral antérieur. La tête doit reposer sur un appui
• Limiter la durée des postures est une mesure d’accompagne- limitant l’extension cervicale, notamment si on utilise un billot placé
ment indispensable. sous les épaules, celui-ci amplifiant les mouvements céphaliques.
Protection ostéoarticulaire
Protection ostéo-articulaire • Quelle que soit la posture, les sujets âgés et/ou présentant des
lésions arthrosiques sont plus exposés aux traumatismes ostéo-
Il est impossible de définir une position qui soit à la fois optimale
articulaires posturaux.
pour chaque articulation et utilisable pour toutes les interventions. En
• L’installation des membres doit reprendre la position de repos
alternative, il faut respecter autant que possible la position « de repos
physiologique, garante d’une sollicitation articulaire minimale ;
physiologique » de l’articulation concernée, c’est-à-dire celle où la cap-
mais cela n’est généralement possible qu’au niveau des membres
sule articulaire est la plus lâche [37]. Cela vaut surtout pour le membre
inférieurs et seulement dans certaines postures, en raison des
inférieur, la fréquence de l’arthrose augmentant le risque de trauma-
contraintes anatomiques et chirurgicales.
tisme et d’algies postopératoires. La position de repos de la hanche
• La position de repos des membres inférieurs est la flexion
est la flexion et l’abduction à 30°, avec légère rotation externe ; pour
modérée des hanches et des genoux (25° environ).
le genou, elle consiste en une flexion à 25° et, pour la cheville, en une
• La préservation des courbures rachidiennes physiologiques
flexion plantaire de 10° [37]. La position gynécologique (ou de litho-
minimise le risque d’algies postopératoires.
tomie), qui est la plus éloignée de la posture de référence, fait courir
• La perte de la lordose lombaire naturelle peut être compensée
un gros risque de traumatisme de la hanche, notamment chez les per-
par un dispositif adapté.
sonnes âgées. Au niveau du membre supérieur, les positions de repos
• La tolérance des positions de flexion, hyperextension et rotation
des différentes articulations sont antagonistes entre elles ou le plus
cervicales doit être testée en préopératoire, chez le sujet éveillé.
souvent incompatibles avec les contraintes chirurgicales.
associée à l’occlusion des yeux, mais cette mesure n’est pas forcément brer l’hémodynamique chez un patient anesthésié. Le système artériel
plus efficace que l’occlusion simple [82]. En décubitus latéral et ventral, est un système à haute pression, faible compliance et capacitance
il faut régulièrement vérifier l’occlusion palpébrale et l’absence de limitée, donc résistant aux variations posturales, la pression hydro-
compression oculaire, en raison de la fréquence des mobilisations statique variant d’environ 2 mmHg tous les 2,5 cm en orthostatisme
secondaires de la tête. [86]. Le système veineux, quant à lui, est très sensible aux perturba-
Un déplacement céphalique peropératoire, plus qu’une mauvaise tions hémodynamiques engendrées par la pesanteur car c’est un sys-
installation initiale, est souvent à l’origine de complications rares mais tème à basse pression et forte capacitance. L’accumulation de sang
dramatiques comme les cécités monoculaires définitives [83, 84]. On dans le secteur veineux des zones déclives diminue le retour veineux,
admet généralement que, chez le sujet normotendu, la pression arté- déterminant essentiel du débit cardiaque.
rielle ophtalmique est égale à la moitié de la pression artérielle systé- Chez le sujet éveillé, toute diminution du retour veineux s’accom-
mique. Une compression trop intense du globe oculaire risque donc pagne d’une stimulation immédiate du système baroréflexe, qui dimi-
de provoquer une neuropathie optique ischémique par atteinte pré- nue l’activité parasympathique et renforce l’action sympathique, avec
dominante de la vascularisation de la tête du nerf optique (artères augmentation de l’activité adrénergique. Il en résulte une accélération
ciliaires courtes postérieures) ou par oblitération de l’artère centrale de de la fréquence cardiaque, une élévation des résistances artérielles
la rétine. La pâleur papillaire, témoin de la compression des artères systémiques mais aussi une veinoconstriction, avec amélioration du
ciliaires courtes postérieures peut précéder l’oblitération de l’artère retour veineux [86].
centrale de la rétine et s’accompagner d’une diminution de l’acuité Chez le patient anesthésié, les anesthésiques perturbent les méca-
visuelle [85]. L’hypotension peropératoire majore le risque d’ischémie nismes d’adaptation physiologique compensant une diminution du
rétinienne par compression, car l’hypoperfusion diminue la pression retour veineux. De plus, leur action directe sur le cœur et les vaisseaux
nécessaire à l’interruption circulatoire. L’anoxie par arrêt circulatoire majore les effets de la ventilation mécanique en pression positive.
complet peut entraîner en quelques minutes la perte de la vision. Cette Ainsi, devant une modification hémodynamique lors du positionne-
complication a principalement été décrite en position ventrale ou ment du patient, il est généralement impossible de déterminer la part
assise (tête maintenue sur un support), mais aussi sur l’œil déclive en de responsabilité revenant à la posture, car les modifications
décubitus latéral. Les coques rigides exposent, si elles sont déplacées, observées relèvent de mécanismes multiples et interactifs [7].
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déclivité extrême correspond à l’agenouillement du patient, la table
■ Positions déclives et de lithotomie opératoire étant cassée à 90°. Le principal avantage de cette dernière
Les effets hémodynamiques d’une mise en position déclive ou de
lithotomie sont essentiellement une augmentation du débit cardiaque
consécutive à un accroissement du volume sanguin thoracique, par PAM = 18 mmHg
redistribution aux dépens des secteurs splanchniques et des membres
inférieurs. En pratique, les phénomènes de redistribution interne sont 90 cm
limités à partir d’une position de décubitus [89, 90], le volume sanguin PAM = 50 mmHg
central (apprécié par une méthode isotopique) n’augmentant que de
PAM = 90 mmHg 50 cm
1,8 % (soit 100 mL) après mise en position de Trendelenburg à 15° [89]. PAM = 70 mmHg
Pour des inclinaisons supérieures à 20°, l’engorgement des vaisseaux
25 cm
thoraciques et le poids des viscères sur le diaphragme, en augmentant
la pression intrathoracique, réduisent l’efficacité du gradient de rem-
plissage entre la veine cave inférieure (VCI) et l’oreillette droite, et pour-
raient ainsi diminuer le débit cardiaque. Il faudra donc faire preuve de
prudence lors de l’installation en position déclive d’un patient présen-
tant une réserve cardiaque limitée, pour des angulations supérieures ● Figure 13 Pression de perfusion distale moyenne lors de la surélévation
à 15°. Les positions déclives augmentent la pression veineuse dans le des membres inférieurs en position de lithotomie
territoire de la veine cave supérieure (VCS), avec gêne mécanique au La pression artérielle moyenne (PAM) diminue d’environ 2 mmHg tous les
drainage veineux cérébral risquant de compromettre la pression de 2,5 cm à partir d’une pression moyenne au niveau du cœur en décubitus dor-
perfusion cérébrale [91]. Son rôle dans la survenue d’accidents neuro- sal strict évaluée à 90 mmHg.
logiques est discuté chez le sujet sain mais contre-indique cette pos- Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third
ture en cas d’hypertension intracrânienne [92]. edition, WB Saunders Company, page 58
Les embolies gazeuses peuvent théoriquement survenir dans d’insufflations périodiques à la capacité vitale (insufflation à
n’importe quelle posture, dès qu’existe un gradient de pression 40 cmH2O maintenue pendant 7 à 8 s) permettrait de lever les micro-
hydrostatique entre le site opératoire et le cœur, mais elles sont atélectasies [109, 110] mais l’efficacité de cette méthode n’a pas été
plus fréquentes en position assise. Certains auteurs estiment que évaluée en cas de pathologie pulmonaire sous-jacente. L’utilisation
si lors de l’installation d’un patient en position assise, la pression d’une FIO2 élevée (> 0,4) accélérerait la reconstitution des atélectasies
capillaire pulmonaire bloquée devient inférieure à celle de après les manœuvres de recrutement [111]. En revanche, on n’a relevé
l’oreillette droite, il y a indication théorique de retour en position aucune relation entre FIO2 et incidence ou gravité des atélectasies
horizontale [103]. Les risques hémodynamiques posturaux sont postopératoires tardives, ce qui fait finalement discuter l’intérêt de
résumés dans le tableau 1. réduire les FIO2 à titre prophylactique [112].
Enfin, toute modification posturale, même limitée à l’extrémité
céphalique, impose une auscultation systématique et l’analyse du
capnogramme à la recherche d’une intubation sélective. En effet, la
Prévention des modifications flexion ou l’extension cervicale à partir d’une position neutre mobili-
sent l’extrémité de la sonde d’intubation de 1,9 cm en moyenne soit,
posturales de la fonction respiratoire entre la position de flexion et d’extension, un déplacement compris
et de leurs conséquences entre 1/4 et 1/3 de la longueur totale de la trachée adulte (12 ± 3 cm)
[113]. L’extension de la tête éloigne l’extrémité de la sonde de la
carène, la flexion et la rotation la rapprochent [114]. Lors du passage
La capacité résiduelle fonctionnelle pulmonaire (CRF) est largement
en position déclive, la carène est déplacée vers le haut et peut dépas-
modifiée par la posture. La baisse de la CRF est d’environ 1 L entre la
ser le niveau de la sonde d’intubation. Le risque d’intubation sélective
position debout et le décubitus dorsal. La position de lithotomie
ou d’extubation par mobilisation de l’extrémité de la sonde endotra-
aggrave cette amputation, de même que, pour chaque posture, la
chéale a aussi été rapporté lors de la mobilisation de la tête chez
mise en position déclive [104]. En décubitus ventral, la CRF est réduite
l’enfant [115].
mais moins qu’en décubitus dorsal si la position est supportée par
des appuis mécaniques qui diminuent la compression abdominale.
En décubitus latéral, la CRF est discrètement réduite par rapport au
décubitus dorsal. Elle augmente au niveau du poumon supérieur Risque respiratoire postural
mais diminue considérablement au niveau du poumon déclive. Les
• Le passage en décubitus s’accompagne d’un syndrome restrictif
modifications posturales de la CRF s’ajoutent à sa diminution d’envi-
pulmonaire majoré par l’anesthésie générale, les positions
ron 20 % par l’induction de l’anesthésie. Cette réduction combinée du
déclives et le décubitus latéral.
volume pulmonaire de repos peut faire apparaître des micro-atélec-
• Ce syndrome est à l’origine de micro-atélectasies prédomi-
tasies qui prédominent dans les zones pulmonaires déclives [105] ;
nantes dans les zones déclives, et s’accompagne d’un risque
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elle modifie également les rapports ventilation-perfusion avec aug-
d’hypoxémie.
mentation de la différence alvéolo-artérielle en oxygène et risque
• L’installation doit limiter le plus possible toute compression tho-
d’hypoxémie [106]. On a évoqué, mais non démontré formellement, le
racique et permettre une ampliation thoracique maximale, en par-
rôle des micro-atélectasies dans la genèse de complications pulmo-
ticulier chez le sujet âgé ou en cas de pathologie pulmonaire
naires postopératoires.
chronique.
Lors de l’installation préopératoire, il est important de ne pas
• Une ventilation avec une FIO2 de 0,4 suffit à prévenir la surve-
majorer le syndrome restrictif postural, en particulier en cas de
nue d’une hypoxémie.
pathologie pulmonaire chronique ou quand le volume de fermeture
• Des insufflations périodiques à la capacité vitale pourraient être
est augmenté, comme chez le sujet âgé. L’importance des positions
utiles dans certaines postures ou chez les sujets à risque.
déclives sera systématiquement discutée et les billots thoraciques, en
décubitus ventral, seront positionnés en limitant au maximum la
compression et en permettant une ampliation thoracique maximale.
En position de néphrectomie, la table sera fléchie au niveau de l’aile Conclusion
iliaque et non des côtes flottantes, afin de pas interférer avec les mou-
vements de l’hémidiaphragme dépendant (Figure 14). Le maintien La survenue de complications spécifiques fonctionnelles et
d’une FIO2 à 0,4 prévient l’apparition d’une hypoxémie, quelle que parfois vitales liées à la posture interdit de banaliser ou de
soit la posture [106]. On a rapporté des hypoxémies profondes per- négliger le positionnement du patient au bloc opératoire. Des
opératoires par atélectasie complète du poumon déclive, lors mesures préventives simples et une surveillance peropératoire
d’enclouages fémoraux réalisés en décubitus latéral chez des patients orientée et attentive diminuent l’incidence et la morbidité de ces
présentant des troubles ventilatoires préopératoires au niveau de ce complications, et améliorent le confort postopératoire. Il faut
champ pulmonaire [107, 108]. Il est probable que le syndrome res- toutefois, pour les mettre en œuvre, connaître les mécanismes
trictif lié à l’anesthésie et à la posture s’associe à d’autres facteurs physiopathologiques à l’origine des atteintes posturales et tenir
comme la diminution de la clairance mucociliaire dans le poumon compte du terrain et des effets de l’anesthésie sur les méca-
déclive pour générer ces troubles. Chez le sujet sain, la réalisation nismes d’adaptation physiologique.
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