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CHAPITRE

5
Positionnement du patient
au bloc opératoire
Serge Molliex, Jean Pascal

Sommaire
Abréviations INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
ASA : American Society of Anesthesiology PRÉVENTION DES LÉSIONS NERVEUSES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
CRF : capacité résiduelle fonctionnelle PROTECTION CUTANÉOMUQUEUSE ET MUSCULAIRE . . . . . . . . . . . 7
DLD : décubitus latéral droit PROTECTION OSTÉO-ARTICULAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
FIO2 : fraction inspirée d’oxygène
PROTECTION OCULAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
PAM : pression artérielle moyenne
PRÉVENTION DES MODIFICATIONS
VCI : veine cave inférieure HÉMODYNAMIQUES POSTURALES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
VCS : veine cave supérieure
PRÉVENTION DES MODIFICATIONS POSTURALES
DE LA FONCTION RESPIRATOIRE ET DE LEURS CONSÉQUENCES 14
CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
© Groupe Liaisons SA, février 2001. La photocopie non autorisée est un délit.

Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire 1


5 III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité

Introduction
L’installation d’un patient sur la table opératoire est un compromis entre les impératifs chirurgicaux et la tolérance anatomique ou physio-
logique du patient. Elle doit faciliter l’acte chirurgical, interférer au minimum avec les principales fonctions vitales et ne pas générer de
complications spécifiques. Elle engage la responsabilité solidaire ou conjointe de l’équipe chirurgien-anesthésiste.
Une complication posturale résulte de l’intrication de plusieurs facteurs étiologiques dépendant du terrain du patient, de la chirurgie et de
l’anesthésie. L’anesthésie perturbe ou supprime les mécanismes de régulation physiologique et autorise certaines postures qui seraient
rapidement intolérables chez le sujet éveillé. Une mauvaise installation est susceptible d’entraîner d’une part des séquelles plus ou moins
invalidantes, d’autre part des atteintes transitoires, douloureuses et donc inconfortables en postopératoire immédiat.
Nous décrirons ici le positionnement du patient à partir des circonstances de survenue et des moyens de prévention des principales compli-
cations posturales.

Prévention des lésions nerveuses Lésions nerveuses périphériques


• Les lésions nerveuses périphériques postopératoires ont une
LÉSIONS NERVEUSES PÉRIPHÉRIQUES origine posturale dans 30 % des cas.
L’analyse des dossiers médicolégaux de l’ASA Closed Claims Study • Étirement et compression sont les mécanismes à l’origine de ces
(groupe d’experts de la société américaine d’anesthésie chargés lésions.
d’étudier les dossiers médicolégaux transmis par les compagnies • Une ischémie nerveuse de 30 minutes suffit à provoquer une
paralysie définitive.

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d’assurances) montre que les neuropathies périphériques repré-
sentent aux États-Unis la deuxième cause de plaintes, avec 16 % du • Un électromyogramme bilatéral précoce permet de préciser
total des actions intentées (soit 670 neuropathies périphériques sur l’existence d’une atteinte préalable, les signes de dénervation
4 183 plaintes étudiées entre 1985-1999) [1]. n’étant complets qu’au bout de 3 semaines.
Les lésions nerveuses relèvent de deux mécanismes : le nerf peut
être étiré lorsqu’il chemine superficiellement entre deux points de fixa- ■ Installation du membre supérieur
tion éloignés ou comprimé lorsqu’il est en rapport étroit avec les reliefs Au membre supérieur, les atteintes les plus fréquentes sont celles du
osseux. L’ischémie nerveuse résultant de la réduction du débit sanguin nerf ulnaire (cubital) et du plexus brachial, représentant respectivement
dans les vasa nervorum peut, quand elle dépasse 30 min, générer une 28 et 20 % des lésions ayant fait l’objet d’une suite médicolégale [1].
paralysie. Chez le sujet éveillé, les positions potentiellement domma-
geables font apparaître des douleurs et des paresthésies poussant le ● Installation des membres supérieurs et prévention des

sujet à changer de position. Il faut différencier ces lésions nerveuses lésions du plexus brachial
de celles décrites après utilisation d’un garrot pneumatique qui sur- Le plexus brachial est particulièrement exposé aux traumatismes
viennent pour des durées de compression plus longues (> 3 h) et sont pendant une anesthésie générale, en raison de son trajet superficiel
le plus souvent de nature traumatique [2]. dans le creux axillaire et de son attache entre deux points fixes, le
La découverte d’une neuropathie postopératoire doit faire réaliser fascia paravertébral et le fascia axillaire (Figure 1). La proximité de
rapidement un électromyogramme bilatéral, que l’on répétera après structures mobiles (clavicule, première côte, apophyse coracoïde, tête
3 semaines car les signes de dénervation ne sont complets qu’après humérale) augmente le risque de compression lorsque le tonus mus-
ce délai. La comparaison des deux examens permet généralement de culaire diminue du fait de l’anesthésie [5]. Les lésions prédominent au
rapporter les lésions au traumatisme peropératoire [3]. niveau des racines supérieures C5 et C6, et le nerf le plus souvent
Ainsi donc, le positionnement des membres revêt une importance concerné est le nerf musculocutané [6].
primordiale, même si on ne retrouve une origine posturale que dans En décubitus dorsal, quand les membres supérieurs sont mainte-
30 % des cas [1] et même si une installation correcte ne met pas nus le long du corps, le risque de lésion du plexus est minime si la
complètement à l’abri d’une lésion [4]. tête reste droite, sans hyperextension du cou [5, 7]. Les membres

2 Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire


III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité 5

Compression

Étirement
Abduction forcée

Compression

● Figure 1 Physiopathologie des lésions du plexus brachial


Le plexus peut être étiré entre ses deux points fixes paravertébral et axillaire.
Il peut être comprimé par des structures osseuses mobiles (clavicule, première
côte, apophyse coracoïde, tête humérale).
Source : d’après Cooper et coll. Clinical Orthopaedics and related research,
1988;228:33-41

supérieurs doivent être solidarisés à la table d’opération en les


enroulant dans des draps ou en utilisant des gouttières plastiques, Abduction + rétropulsion + rotation tête
afin d’éviter leur chute. En aucun cas, ils ne seront fixés par les
poignets si le patient doit être placé en position déclive pendant ● Figure 2 Mécanismes des lésions du plexus brachial en décubitus dorsal
l’intervention, du fait du risque d’étirement [5]. Pour la même raison, et latéral
l’abduction des bras ne doit jamais dépasser un angle de 90° [5, 6], et Source : d’après Cooper et coll. Clinical Orthopaedics and related research,
1988;228:33-41
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les appui-bras doivent être fixés afin d’éviter tout déplacement posté-
rieur (rétropulsion) (Figure 2). Une rotation externe des épaules lors
une abolition du pouls radial lors de l’extension des bras, l’impossibi-
de la mise en supination des avant-bras peut directement comprimer
lité de maintenir les mains derrière la nuque pendant 1 min ou les
le plexus, ce qui a poussé certains auteurs à recommander de placer
bras au-dessus de la tête sans qu’apparaisse de douleur [10, 11]. Si les
les avant-bras en pronation lorsque les bras sont en abduction [6].
bras sont écartés, il faut les faire reposer en pronation sur des appuis
Toutefois, il est préférable d’installer les avant-bras en position neutre
placés au-dessous du niveau du thorax pour éviter un étirement. Les
qu’en pronation, car on court alors le risque de compression du nerf
coudes seront protégés et placés sous un angle inférieur à 90° pour
ulnaire au niveau du coude [8, 9].
minimiser le risque de compression du nerf cubital.
En position de Trendelenburg, les épaulières permettant de caler le
Dans tous les cas, que les membres supérieurs soient installés le
patient doivent être positionnées au niveau de la jonction acromio-
long du corps ou en abduction, il est important de prévenir une rota-
claviculaire afin d’éviter une compression directe des racines du
tion ou une inclinaison latérale de la tête pour éviter un étirement du
plexus [5]. Les bras doivent autant que possible être placés le long du
plexus brachial au niveau de l’épaule controlatérale [7].
corps, car une abduction forcée est fréquente en position déclive, du
fait de la pesanteur ou d’un appui chirurgical exagéré. Un positionne-
ment trop externe, bras en abduction, peut étirer le plexus brachial en Positions des bras favorisant les lésions
l’appuyant sur la tête humérale [5]. du plexus brachial
En décubitus latéral, le plexus peut être étiré en cas d’abduction
• Abduction > 90° avec rétropulsion en décubitus dorsal.
forcée de l’épaule supérieure lors de la fixation de l’avant-bras à un
• Défaut de dégagement antérieur de l’épaule déclive ou abduc-
arceau (Figure 2). Un défaut de dégagement antérieur de l’épaule
tion forcée de l’épaule supérieure en décubitus latéral.
expose à une compression, de même qu’un billot mal positionné.
• Compression directe par des épaulières en position de Trende-
En décubitus ventral, les bras seront obligatoirement installés le
lenburg.
long du corps si le patient présente un syndrome de la pince costo-
• Hyperextension et rotation latérale de la tête, quelle que soit la
claviculaire ou des symptômes qui peuvent le faire évoquer, tels que
posture.
des douleurs ou des paresthésies dans le territoire ulnaire (C8-T1),

Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire 3


5 III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité

● Faut-il toujours mettre les avant-bras en supination ? de celles mesurées en adduction) si l’avant-bras est en supination. En
revanche, elles diminuent avec le degré d’abduction lorsque l’avant-
La paralysie du nerf ulnaire est la neuropathie périphérique post-
bras est en position neutre et deviennent égales à celles mesurées en
opératoire la plus fréquente. Son incidence est élevée (1/200) si on la
supination pour une abduction de 90° [8]. Si l’avant-bras est en pro-
recherche quotidiennement par une évaluation neurologique pros-
nation, il n’existe aucune diminution de la contrainte selon l’angulation
pective après l’intervention [12].
de l’abduction.
Le rôle de la posture dans les atteintes ulnaires est suggéré par les
Deux différences anatomiques entre hommes et femmes explique-
rapports anatomiques du nerf au niveau du coude (Figure 3). C’est par-
raient la prédominance masculine de cette pathologie [12, 14]. Chez
ticulièrement exposé lorsque l’avant-bras est en pronation chez un
l’homme, l’apophyse coronoïde est plus large, ce qui diminue le dia-
sujet en décubitus dorsal, car il est alors directement en contact avec
mètre de la gouttière épitrochléenne et la protection interne du nerf
la surface d’appui au niveau de la gouttière épitrochléenne. À l’inverse,
ulnaire par les tissus graisseux sous-cutanés [15]. La cachexie et
en supination, le contact s’effectue au niveau de l’olécrâne, et aucune
l’obésité sont des facteurs de risque reconnus. Le nerf ulnaire est plus
compression ne s’exerce sur la gouttière ni le nerf [3, 9, 13]. Une flexion
exposé chez le cachectique et plus difficile à protéger chez l’obèse.
du coude supérieure à 90 % réduit le calibre de la gouttière et majore
Enfin, l’incidence de la neuropathie ulnaire est de 1/500 chez les
le risque de compression nerveuse [9]. Chez des volontaires sains
patients hospitalisés dans un service de médecine [16]. Cette atteinte
conscients, une étude récente a confirmé ces notions en mesurant la
prédomine chez les hommes alités, chez qui la pronation de l’avant-
pression moyenne au niveau de la gouttière épitrochléenne, les bras
bras est la position naturelle de repos [16].
étant le long du corps ; celle-ci était de 2 mmHg en supination, de
Les symptômes apparaissent souvent à distance de l’anesthésie
69 mmHg en position neutre et de 95 mmHg en pronation [8].
(2-7e j) [12], alors même que l’on pensait avoir assuré une protection
L’abduction du bras ne modifie pas les pressions (elles restent voisines
locale efficace [1]. La paralysie ulnaire peut être facilitée par une
neuropathie préexistante sensibilisant le nerf à l’ischémie locale par
compression. En effet, malgré une contrainte posturale ne portant que
sur un seul côté, on a rapporté une atteinte clinique bilatérale dans 9 %
des cas [14]. Dans une autre série, on a constaté une atteinte électro-
myographique du nerf controlatéral dans 85 % des lésions ulnaires
postopératoires [17]. En chirurgie cardiaque, l’atteinte ulnaire serait plus
95 mmHg 2 mmHg
fréquente (2 à 20 %) et pourrait être liée à une atteinte du plexus brachial
par un écartement trop important au niveau du champ opératoire [9, 18].
L’installation des avant-bras en supination ou, à défaut, en position
neutre et en abduction, reste justifiée même s’il est illusoire d’obtenir
ainsi une prévention totale d’une neuropathie cubitale. Faut-il assurer
une protection supplémentaire au niveau de la gouttière épitro-

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chléenne ? Rien actuellement ne valide une telle attitude [13] mais, si
on décide de recourir à cette protection supplémentaire, il faut impé-
rativement éviter qu’elle ne recrée une zone de contact que la mise en
supination de l’avant-bras a pour objet de prévenir.

Position des avant-bras


• Les avant-bras doivent être placés en supination pour limiter la
pression s’exerçant sur le nerf cubital au niveau de la gouttière
épitrochléenne.
• À défaut, il faut préférer une position neutre à la pronation.
• Pour des raisons anatomiques, les neuropathies ulnaires post-
opératoires sont plus fréquentes chez l’homme de plus de
50 ans ; ces lésions s’intègrent dans un cadre général de
Pronation Supination « maladie ulnaire » dont le traumatisme postural peropératoire
n’est qu’un facteur favorisant.
● Figure 3 Pressions exercées sur le nerf cubital selon la position
de l’avant-bras ● Prévention des autres lésions nerveuses
L’avant-bras en pronation, le nerf est directement en contact avec la surface du membre supérieur
d’appui au niveau de la gouttière épitrochléenne. À l’inverse, en supination, le Lors du positionnement du patient en décubitus latéral ou ventral,
contact s’effectue au niveau de l’olécrâne, et aucun appui ne s’exerce sur la le corps doit être retourné sans traction du bras, la circumduction
gouttière et le nerf. pouvant étirer le nerf sus-scapulaire, avec apparition de douleurs
Source : d’après Stoetling et coll. Anesth Analg 1993;76:7-9 postopératoires de l’épaule. Une compression directe du nerf par

4 Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire


III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité 5
glissement externe de l’épaule est aussi possible en décubitus ventral ment d’une flexion des genoux, afin d’éviter un étirement du nerf scia-
[19]. Si on utilise un arceau rigide, il faut vérifier qu’il ne soit pas au tique à la fesse [23]. Ce nerf peut aussi être comprimé par le muscle
contact de la face postérolatérale de l’humérus (risque de compres- piriforme contre la tête du fémur en position assise ou gynécologique,
sion du nerf radial). Des lésions ischémiques du nerf médian ont été lorsqu’il quitte le pelvis au niveau de la grande échancrure sacroscia-
rapportées par compression directe de l’artère interosseuse à la tique [24]. Il peut également l’être en décubitus latéral oblique, entre la
partie antérieure de l’avant-bras par un lien trop serré. tubérosité ischiatique et la table d’opération. Une traction trop impor-
tante sur une table orthopédique avec un support pelvien expose à
■ Installation du membre inférieur des lésions des nerfs pudendaux (honteux) internes et à des troubles
Pour l’installation des membres inférieurs, il faut tenir compte de sexuels graves par déficits sensitifs périnéaux et génitaux [25].
deux points principaux : la position de lithotomie est à l’origine de la Quels sont les impératifs de l’installation ? Il faut systématiquement
majorité des lésions neurologiques [20] et les atteintes nerveuses, vérifier qu’il n’y a pas de compression directe du nerf fibulaire
rares, prédominent pour le nerf fibulaire (péronier) commun [1]. Ainsi, commun au niveau du col de la fibula par une genouillère d’immobi-
dans une étude rétrospective portant sur près de 200 000 interven- lisation ou un support d’étrier, ni du nerf saphène au niveau du creux
tions réalisées en position de lithotomie entre 1957 et 1991 à la Mayo poplité. On peut employer une protection particulière, mais elle ne
Clinic, l’incidence des neuropathies a été de 1/3 600, portant dans doit pas générer un facteur de compression supplémentaire. La pré-
80 % des cas sur le nerf fibulaire commun (43/55) [21]. sence d’un pouls périphérique, d’une recoloration cutanée ou d’une
Le nerf fibulaire commun est particulièrement exposé à une onde pulsée à l’oxymètre de pouls ne permet pas de préjuger du
compression directe en regard du col de la fibula (péroné) contre risque nerveux, comme en atteste le monitorage des potentiels
lequel il est maintenu par une aponévrose inextensible (Figure 4). En évoqués somesthésiques [26].
position de lithotomie, une abduction extrême du fémur avec rotation
externe de la hanche ou une flexion prolongée des cuisses sur l’abdo- Positionnement des membres inférieurs
men sont aussi susceptibles d’entraîner une paralysie du nerf fémoral,
• Lors du positionnement des membres inférieurs, il faut éviter
surtout chez le sujet obèse [22]. À l’inverse, la maigreur (< 20 kg/m2)
toute compression directe du nerf fibulaire commun sur la table
est également un facteur risque de neuropathie dans cette posture
opératoire en décubitus latéral ou par le montant d’un étrier en
[21]. Le nerf cutané latéral de la cuisse (fémorocutané) peut être direc-
position de lithotomie.
tement comprimé au niveau de la cuisse par les montants des étriers
• En position de lithotomie, il faut éviter l’abduction et la rotation
de contention. La flexion des hanches doit s’accompagner obligatoire-
externe excessives de la hanche pour ne pas léser le nerf fémoral, et
les genoux doivent être fléchis pour ne pas étirer le nerf sciatique.

■ Installation de la tête
Elle doit être minutieuse en décubitus ventral car des atteintes par
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compression des nerfs facial, buccal et lingual ont été rapportées, de


même que des lésions du plexus cervical par rotation forcée, hyper-
extension ou latéralisation excessive de la tête [27].

LÉSIONS NERVEUSES CENTRALES


■ Prévention des infarctus cérébraux
Une compression ou une lésion des vaisseaux cervicaux peut pro-
voquer des infarctus cérébraux [28, 29]. Les atteintes prédominent
dans le territoire vertébrobasilaire car les artères vertébrales, qui che-
minent dans un canal osseux formé par les apophyses vertébrales
transverses, peuvent être étirées ou comprimées lors des mouve-
ments de la tête. Des lésions artérielles (athérome, dysplasie) ou de
cervicarthrose pourraient en être des facteurs favorisants.
Des hémiplégies par dissection de la carotide interne ont été
décrites après hyperextension et rotation axiale de la tête au cours
d’une anesthésie générale [28]. La perte de la protection exercée par
le tonus des muscles cervicaux pourrait expliquer la genèse de ces
lésions. La diminution du retour veineux cérébral liée à la position de
la tête est responsable d’un engorgement veineux cérébral, dont le
● Figure 4 Compression du nerf fibulaire commun en position de lithotomie rôle favorisant dans l’apparition de déficits neurologiques est discuté
Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third edi- [30]. La prévention de ces lésions repose donc, chez les sujets à
tion, WB Saunders Company, page 64 risque, sur la limitation de la flexion et de la rotation de la tête.

Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire 5


5 III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité

■ Prévention des lésions médullaires Pour Cucchiara et Faust, il convient de déterminer le degré maximal
de flexion cervicale chez le patient éveillé, par la capacité de maintenir
Les lésions médullaires posturales sont responsables de quadri-
la posture pendant une minute au minimum. En l’absence d’intolé-
plégies qui ont été décrites en position assise [31], ventrale [32] mais
rance posturale, ces auteurs recommandent de respecter une dis-
aussi en décubitus dorsal. Ces lésions pourraient, lors de l’hyper-
tance menton-sternum de deux travers de doigts [33] (Figure 5). En
flexion de la tête, être dues soit à une perte de l’autorégulation du
chirurgie cervicale, un billot placé sous les épaules permet de bien
débit sanguin médullaire par étirement des vaisseaux spinaux [31, 32],
exposer la face antérieure du cou. Afin de prévenir tout risque de
soit à une compression médullaire liée au déplacement antérieur de
lésion médullaire ou des racines cervicales, il faut ici limiter l’hyperex-
la moelle par mise en tension de la dure-mère [32].
tension cervicale par un support occipital (Figure 6).
En décubitus dorsal, une installation prolongée en hyperlordose a
été incriminée dans plusieurs paraplégies [34, 35]. Leur mécanisme
associerait une réduction de la taille du canal lombaire à une ischémie
médullaire par gêne du retour veineux cave inférieur. Le monitorage
des potentiels évoqués somesthésiques a été préconisé pour détecter
précocement les souffrances médullaires posturales [30], mais sa sen-
sibilité reste discutée. Une limitation de l’hyperlordose et de sa durée
est une mesure classiquement recommandée, mais son efficacité est
empirique en l’absence d’évaluation des contraintes médullaires.

Précautions au niveau du rachis cervical


• Il faut, chez le sujet éveillé, notamment en cas de cervicarthrose
ou de lésions dysplasiques ou athéromateuses des vaisseaux cer-
vicaux, déterminer l’amplitude et la tolérance des mouvements
d’extension, de flexion et de rotation axiale du rachis cervical.
• L’installation en hyperlordose lombaire est risquée en cas de
canal lombaire étroit et ne doit pas être trop prolongée.

© Groupe Liaisons SA, février 2001. La photocopie non autorisée est un délit.

● Figure 5 Flexion cervicale maximale


La tolérance de la flexion doit être testée chez le sujet éveillé. À défaut, la pos-
ture devra conserver une distance minimale menton-sternum de deux travers
de doigts. ● Figure 6 Limitation de l’hyperextension cervicale par un support occipital
Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third edi- Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third edi-
tion, WB Saunders Company, page 229 tion, WB Saunders Company, page 228

6 Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire


III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité 5

Protection cutanéomuqueuse d’un cisaillement par des forces parallèles mais de direction opposée
(« shear stress ») [39]. Ce risque existe surtout en positions déclive et
et musculaire proclive qui créent des forces de friction s’opposant au glissement du
corps lié à la pesanteur.
PHYSIOPATHOLOGIE Au niveau musculaire, l’augmentation de pression génère une
ischémie par hypoperfusion et une libération de différents média-
Tous les opérés courent le risque de lésions cutanéomuqueuses teurs vasodilatateurs et qui augmentent la perméabilité endothéliale.
car, quelle que soit la posture chirurgicale, le corps repose sur le plan Il y a alors extravasation liquidienne avec œdème local responsable
dur de la table opératoire seulement au niveau de quelques reliefs d’une majoration de la pression intracompartimentale et de l’aggra-
osseux [36, 37]. Cette mauvaise répartition du poids corporel vation des lésions ischémiques (Figure 7). Ce phénomène d’auto-
comprime directement les téguments mais surtout les tissus sous- aggravation différencie la souffrance musculaire isolée du syndrome
cutanés dans lesquels cheminent les structures vasculaires. Une pres- des loges, qui réalise une véritable tamponnade intracompartimen-
sion supérieure à la pression capillaire moyenne (35 mmHg environ) tale. La libération de myoglobine et sa dissociation en milieu acide en
est susceptible d’entraîner une atteinte ischémique [38]. Une distor- globine et en un dérivé directement toxique sur l’épithélium tubulaire
sion des tissus compromettant la vascularisation peut aussi résulter rénal peuvent induire une insuffisance rénale aiguë. L’hypoperfusion
et l’ischémie musculaire sont probablement consécutives à une obs-
truction veineuse. En effet, l’augmentation de la pression tissulaire
Compression externe
dépasse rapidement la pression veineuse, entraînant un collapsus
veineux, une réduction du gradient de pression artérioveineux et, de
Augmentation de ce fait, une réduction de la perfusion tissulaire. La séquence des évé-
la pression tissulaire nements se déroulant au niveau de la microcirculation musculaire, il
est fréquent que les pouls périphériques persistent et que la recolora-
tion cutanée ou unguéale soit normale, en dépit de l’évolution sous-
Posture Obstruction veineuse
jacente du syndrome compartimental [40].
Différents facteurs associés aux forces de contrainte favorisent le
Diminution de la pression risque de lésions cutanées. Ils sont liés soit à l’intervention (hypo-
de perfusion tissulaire thermie, hypotension ou utilisation de vasoconstricteurs) [33], soit au
terrain et recoupent alors les facteurs de risques intrinsèques
d’escarre (âge, index de masse corporelle, état nutritionnel, troubles
Ischémie musculaire vasculaires ou neurologiques…) [41]. Les facteurs favorisants de la
rhabdomyolyse sont principalement le maintien prolongé de la pos-
Rhabdomyolyse Œdème ture (> 3 h) et la défaillance hémodynamique [40, 42-46]. Récemment,
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dans plusieurs observations, on a incriminé la qualité de la table opé-


● Figure 7 Physiopathologie du syndrome compartimental postural ratoire [47]. Il s’agissait de tables de nouvelle génération disposant
La diminution de la pression de perfusion tissulaire et l’augmentation de la pres- d’un plateau muni de matelas thermomoulés monoblocs induisant
sion intersticielle sont les deux déterminants principaux du syndrome compar- des pressions d’appui importantes.
timental. L’œdème secondaire à l’ischémie est responsable d’une auto-
aggravation en augmentant les pressions dans un compartiment inextensible Risques de compression tissulaire
• Une pression tissulaire excessive par compression directe peut
provoquer des lésions cutanées et musculaires.
• Les atteintes cutanées sont plus fréquentes au niveau des reliefs
osseux proéminents.
• Une gêne au retour veineux, une mauvaise hémodynamique
limitent la pression de perfusion tissulaire et majorent le risque de
syndrome compartimental.
• Dans tous les cas, le maintien prolongé de la posture (> 3 h) est
un facteur de risque important.
● Figure 8 Installation en hyperlordose
Utilisée pour la chirurgie de l’aire pelvienne et de l’aorte abdominale, l’hyper- INSTALLATIONS À RISQUE
lordose peut générer une compression des muscles lombaires et un syndrome
compartimental. Les limitations de l’inclinaison ou de la hauteur du billot, de la ■ Décubitus dorsal
durée de la posture sont les principales mesures préventives. En décubitus dorsal, environ 10 % de la surface du corps est exposée
Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third edi- à des pressions dépassant la pression capillaire moyenne. L’occiput et
tion. WB Saunders Company, page 228 les talons (calcanéums) sont les parties le plus souvent concernées

Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire 7


5 III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité

[48, 49], la pression à ce niveau pouvant dépasser 100 mmHg. Au Le poids du membre est réparti sur une surface plus ou moins
niveau occipital, le traumatisme se révèle fréquemment par une alo- grande, et plus la surface d’appui est petite, plus la pression locale est
pécie d’apparition différée et généralement transitoire [50, 51]. Les sca- importante.
pulas (omoplates), les olécrânes et le sacrum sont les autres territoires Toute altération hémodynamique systémique en rapport avec
à risque dans cette position [52]. l’anesthésie ou un syndrome hémorragique risque de majorer l’hypo-
Une installation en hyperlordose (Figure 8), pour faciliter l’exposi- perfusion distale, une ischémie compartimentale devenant possible
tion chirurgicale de l’aorte abdominale par exemple, augmente la pour une augmentation modérée de la pression locale [42, 44]. L’obé-
pression au niveau des muscles lombaires, et peut être à l’origine sité est un facteur aggravant, par action mécanique directe [44].
d’une rhabdomyolyse dont les symptômes cliniques sont des dou-
leurs locales intenses dans 4 % des cas [53, 54]. ■ Décubitus ventral
Les crêtes iliaques et les genoux doivent être plus particulièrement
■ Positions de lithotomie protégés en décubitus ventral (Figure 10). Les pointes de pieds doi-
Ces positions font courir le risque de rhabdomyolyse, en associant vent être surélevées à l’aide d’un coussin placé au niveau des che-
diminution de la pression de perfusion tissulaire et augmentation de villes, pour éviter un contact entre la table et les orteils et une
la pression interstitielle (Figure 9). La majorité des complications hyperextension de la cheville. Des rouleaux transversaux et/ou longi-
apparaissent lorsque cette posture est prolongée (> 4-5 h) [42, tudinaux permettent de répartir le poids du corps sur une surface
44-46, 55, 56]. d’appui maximale et d’éviter une compression abdominale [58, 59].
La pression de perfusion tissulaire est d’autant plus basse que les Chez la femme, l’utilisation d’appuis longitudinaux doit tenir
membres inférieurs sont surélevés [57]. Elle est minimale en position compte de la taille des seins, une disposition trop externe des seins
de « lithotomie exagérée » qui associe une élévation à la verticale des par rapport aux appuis pouvant être responsable de douleurs au
membres inférieurs à une position de Trendelenburg (abaissement de réveil. Chez l’homme, la position de l’appareil génital externe sera sys-
la tête de 15°). La flexion des jambes à 90° sur les cuisses diminue tématiquement vérifiée. La présence d’une stomie digestive impose
aussi le retour veineux local, favorise l’apparition d’un œdème de une protection particulière. Plus anecdotique, il faut, en cas d’antécé-
stase et contribue ainsi à l’augmentation de la pression dans les loges dent de pontage coronarien, préférer des appuis longitudinaux à un
de la jambe. appui transversal thoracique en raison du risque d’ischémie par
Selon le type de support utilisé pour soutenir les membres infé- compression du pontage [60].
rieurs, la position gynécologique expose à la compression de l’extré-
mité postérieure et distale de la cuisse, du creux poplité et du mollet. ■ Positions genupectorales
Les différentes positions genupectorales décrites et utilisées dans
la chirurgie du rachis risquent d’entraîner une compression muscu-
Gêne au retour veineux laire, soit directe par flexion de la cuisse sur le mollet, soit par l’inter-
médiaire d’un billot placé à ce niveau pour éviter le glissement en

© Groupe Liaisons SA, février 2001. La photocopie non autorisée est un délit.
arrière du malade (Figure 11). Chez le volontaire sain éveillé, les pres-
sions intramusculaires au niveau de la loge antérieure de la jambe en
Diminution PAM < 40 position genupectorale varient de 100 à 240 mmHg, alors que la
pression de pression de repos n’est que de 4 mmHg environ [61].
perfusion

PAM = 90 Pression

● Figure 10 Positionnement en décubitus ventral


● Figure 9 Positions de lithotomie et facteurs de risque d’un syndrome Des protections sont mises en place au niveau des genoux et des crêtes ilia-
compartimental ques. L’hyperextension des chevilles est prévenue par une surélévation sur un
Les objectifs de l’installation sont de limiter et de répartir la pression s’exerçant coussin. Des rouleaux longitudinaux ou transversaux ont pour objectif de limi-
au niveau des loges musculaires de la jambe et de la cuisse (protections en sili- ter la pression s’exerçant au niveau abdominal. L’installation céphalique pré-
cone), de maintenir une pression de perfusion tissulaire en limitant la flexion de viendra toute plicature ou contrainte sur le pavillon de l’oreille. Les bras sont
la cuisse et le degré d’élévation des membres inférieurs. Une limitation de la positionnés le long du corps ou en abduction et légère antépulsion associée à
durée de la posture est un élément de prévention indispensable (< 3 h). une flexion du coude et une protection cubitale.
Source : Cucchiara et Faust. Patient Positioning, Miller 4e edition, Churchill Liv- Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third edi-
ingstone, p 1059 tion, WB Saunders Company, page 156

8 Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire


III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité 5
La séquestration sanguine dans le compartiment veineux déclive ■ Décubitus latéral
majore l’augmentation de pression interstitielle et facilite l’apparition En décubitus latéral, le risque concerne les zones déclives. Des syn-
d’un syndrome compartimental si la posture est longtemps mainte- dromes compartimentaux par compression externe directe peuvent
nue (> 3 h) [40, 62, 63]. Une contention veineuse élastique pourrait s’observer au niveau de la cuisse et de la jambe [64] et au niveau des
limiter la séquestration sanguine mais augmenter aussi directement muscles fessiers [65, 66]. Dans ce dernier cas, l’augmentation de la
la pression interstitielle. pression locale est rapportée à l’utilisation d’un billot lombaire ou à
une flexion de la table opératoire. La mise en place d’un coussin entre
les deux membres inférieurs permet de réduire la compression
s’exerçant sur le membre dépendant (Figure 12). Il faut souvent pro-
téger le grand trochanter, en particulier chez le sujet maigre [67]. L’uti-
lisation d’un billot axillaire trop petit ou mal positionné, en libérant
insuffisamment l’épaule inférieure, peut générer une compression et
une lyse des muscles deltoïde et paravertébraux [68]. L’avant-bras
supérieur doit être positionné et fixé sans traction ni compression ;
plusieurs observations de syndromes compartimentaux ont été
décrites en antépulsion et adduction forcée [69].

■ Position assise
L’installation de la tête, en position assise, doit éviter toute flexion
cervicale exagérée qui risque, chez un malade intubé par voie orale, de
provoquer un œdème responsable de macroglossies par blocage de
la circulation veineuse et lymphatique. L’œdème, en s’étendant à
l’ensemble de la face et du cou nécessite parfois une réintubation, voire
une trachéotomie en urgence pour détresse respiratoire aiguë [70, 71].

Points de pression et syndromes


compartimentaux
● Figure 11 Position genupectorale • On peut observer des lésions cutanées :
Cette position peut provoquer une compression musculaire directe par flexion - en décubitus dorsal, au niveau des talons, de l’occiput, de
de la cuisse sur le mollet ou par le dispositif évitant le glissement déclive du l’omoplate et du sacrum ;
patient. Une protection des chevilles, des genoux, des avant-bras et des - en décubitus ventral, au niveau des crêtes iliaques, des genoux,
© Groupe Liaisons SA, février 2001. La photocopie non autorisée est un délit.

pavillons auriculaires est nécessaire. La séquestration sanguine dans le des organes génitaux externes et du pavillon de l’oreille ;
compartiment veineux déclive majore la pression intersticielle. - en décubitus latéral, au niveau du grand trochanter.
Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third edi- • Un syndrome compartimental peut survenir :
tion, WB Saunders Company, pages 160-1 - au niveau lombaire en décubitus dorsal ;
- au niveau des cuisses et du mollet en position de lithotomie ou
genupectorale ;
- au niveau de l’épaule en décubitus latéral.

MOYENS DE PROTECTION ET DE PRÉVENTION


La durée de la compression ou de l’étirement étant probablement
le principal facteur de développement des lésions cutanées, il est
recommandé de repositionner le plus souvent possible les zones à
risque au cours des interventions prolongées [37]. De même, la lutte
contre l’hypothermie, l’hypovolémie et l’hypotension artérielle est une
● Figure 12 Positionnement en décubitus latéral mesure préventive ou thérapeutique indispensable.
L’axe rachidien est conservé au niveau cervical par l’utilisation d’un support La mise en place de protections supplémentaires sous forme de
approprié. L’épaule inférieure est dégagée par un soutien thoracique. La pres- matelas mousse ou gonflés d’air et de coussins, en augmentant les
sion s’exerçant sur la jambe dépendante est limitée par l’utilisation de cous- zones de contact entre le corps et la table d’opération, répartit la
sins. Une protection supplémentaire sous forme de gels de silicone peut être pression sur une surface corporelle plus étendue [48]. Elle ne garantit
utilisée au niveau du grand trochanter et du genou déclives. cependant pas une sécurité absolue [1]. Récemment, plusieurs gels de
Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third edi- silicone permettant une meilleure distribution des contraintes et une
tion, WB Saunders Company, page 127 réduction importante de la pression tissulaire (données des fabri-

Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire 9


5 III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité

cants) ont été développés. Différentes formes sont commercialisées Les plaintes fonctionnelles les plus fréquentes concernent l’axe
pour une large protection des points sensibles, quelle que soit la rachidien au niveau dorsolombaire et cervical. Les traumatismes sont
posture. L’efficacité de ces dispositifs n’ayant été que très rarement favorisés par l’existence d’une pathologie dégénérative vertébrale. La
évaluée dans la littérature [47, 72], on ne peut actuellement les relaxation musculaire liée à l’anesthésie fait disparaître la lordose
recommander que sur des données physiopathologiques. physiologique, avec risque de lombalgies postopératoires. Celles-ci
Les mesures préventives des syndromes des loges doivent être sont d’autant plus fréquentes que la posture est prolongée ; elles
entreprises parallèlement à la limitation de la durée des positions à semblent indépendantes du type d’anesthésie (générale ou locoré-
haut risque. Elles comprennent, outre le contrôle des zones de gionale) [76]. Leur incidence est comparable en position de lithotomie
compression, le maintien de la pression de perfusion. Pour ce faire, il et en décubitus dorsal [77]. Elles sont favorisées, en cas d’hyper-
faut corriger toute hypovolémie relative ou vraie et, en position de trophie fessière, par l’hyperextension des genoux qui attire le bassin
lithotomie, abaisser et masser les jambes à intervalles réguliers, con- et exerce des mouvements de traction sur les ligaments interverté-
trôler la gêne au retour veineux secondaire à la flexion des cuisses et, braux [78]. Cette hyperextension des genoux est accentuée par les
enfin, proscrire toute contention élastique. Il faut répéter les examens protections cutanées qui surélèvent les chevilles [47].
cutanés et vasculaires, la présence des pouls périphériques étant La mise en place d’une compensation adaptée sous les lombes
faussement rassurante puisqu’un syndrome compartimental peut se (coussin gonflable) réduit significativement l’incidence des lombalgies
constituer même quand la vascularisation artérielle est efficace [44]. postopératoires [79]. On peut la doubler d’une légère flexion des
L’installation des patients au cours d’une anesthésie ou d’une anal- genoux sur un support adapté. La position dite de « la chaise
gésie locorégionale doit être particulièrement minutieuse et la sur- longue » permet, en décubitus dorsal, de répartir l’appui sur toute la
veillance clinique répétée, en raison du risque de retard diagnostique, face dorsale du corps par une flexion des hanches et des genoux de
même si ce risque demeure discuté dans la littérature [73-75]. Un 15 à 20°, minimisant ainsi le risque de lombalgies postopératoires
érythème accompagné de douleurs mal systématisées ou de véri- [78]. Une installation en hyperlordose, parfois nécessaire pour la
tables myalgies doit faire évoquer un mauvais positionnement per- chirurgie pelvienne, peut provoquer des douleurs postopératoires.
opératoire si on le constate chez plusieurs patients successifs [47]. Lors de l’installation en position de lithotomie, il est important
d’élever simultanément les deux jambes, pour éviter une mise en ten-
sion des ligaments interlombaires et lombosacrés, source de lombal-
Mesures de prévention gies au réveil. L’installation vigile et le contrôle de la tolérance et du
• La prévention des lésions cutanées et musculaires comprend confort avant l’anesthésie sont un moyen simple de définir la position
l’utilisation de coussins en mousse ou de gels de silicone permet- optimale pour un patient donné.
tant une diminution des pressions locales en agrandissant les L’extrême mobilité du rachis cervical dans les différents axes
surfaces où elles s’exercent. (flexion, extension, flexion latérale et rotation) oblige à une grande
• Il faut repositionner les zones à risques dans les interventions prudence lors de l’installation préopératoire. L’hyperextension du cou
prolongées et maintenir une pression de perfusion tissulaire en décubitus dorsal est souvent responsable de cervicalgies postopé-

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adaptée, en corrigeant rapidement toute hypotension artérielle et ratoires par mise en tension des muscles paravertébraux et du liga-
toute hypovolémie. ment intervertébral antérieur. La tête doit reposer sur un appui
• Limiter la durée des postures est une mesure d’accompagne- limitant l’extension cervicale, notamment si on utilise un billot placé
ment indispensable. sous les épaules, celui-ci amplifiant les mouvements céphaliques.

Protection ostéoarticulaire
Protection ostéo-articulaire • Quelle que soit la posture, les sujets âgés et/ou présentant des
lésions arthrosiques sont plus exposés aux traumatismes ostéo-
Il est impossible de définir une position qui soit à la fois optimale
articulaires posturaux.
pour chaque articulation et utilisable pour toutes les interventions. En
• L’installation des membres doit reprendre la position de repos
alternative, il faut respecter autant que possible la position « de repos
physiologique, garante d’une sollicitation articulaire minimale ;
physiologique » de l’articulation concernée, c’est-à-dire celle où la cap-
mais cela n’est généralement possible qu’au niveau des membres
sule articulaire est la plus lâche [37]. Cela vaut surtout pour le membre
inférieurs et seulement dans certaines postures, en raison des
inférieur, la fréquence de l’arthrose augmentant le risque de trauma-
contraintes anatomiques et chirurgicales.
tisme et d’algies postopératoires. La position de repos de la hanche
• La position de repos des membres inférieurs est la flexion
est la flexion et l’abduction à 30°, avec légère rotation externe ; pour
modérée des hanches et des genoux (25° environ).
le genou, elle consiste en une flexion à 25° et, pour la cheville, en une
• La préservation des courbures rachidiennes physiologiques
flexion plantaire de 10° [37]. La position gynécologique (ou de litho-
minimise le risque d’algies postopératoires.
tomie), qui est la plus éloignée de la posture de référence, fait courir
• La perte de la lordose lombaire naturelle peut être compensée
un gros risque de traumatisme de la hanche, notamment chez les per-
par un dispositif adapté.
sonnes âgées. Au niveau du membre supérieur, les positions de repos
• La tolérance des positions de flexion, hyperextension et rotation
des différentes articulations sont antagonistes entre elles ou le plus
cervicales doit être testée en préopératoire, chez le sujet éveillé.
souvent incompatibles avec les contraintes chirurgicales.

10 Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire


III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité 5
Une flexion cervicale exagérée peut également se traduire au réveil à une hyperpression oculaire, de même que les compresses utilisées
par des douleurs. S’il existe des ostéophytes, les symptômes appa- pour parachever l’occlusion. Dans les deux cas, il faut que l’occlusion
raissent pour un degré de flexion inférieur à celui du sujet normal. palpébrale soit parfaite sous les dispositifs, car toute surveillance per-
Lors d’une installation en décubitus latéral, la priorité est la préserva- opératoire est alors impossible.
tion de l’axe tête-cou-thorax, depuis la mobilisation jusqu’à la pos-
ture finale, une flexion latérale pouvant être à l’origine de cervicalgies. Protection oculaire
En position ventrale, la colonne cervicale doit aussi rester rectiligne,
sans hyperextension, la tête étant tournée sur le côté et reposant sur • Lors d’une anesthésie générale, l’occlusion palpébrale doit être
un coussin. On peut également installer la tête sans rotation sur un effective dès la perte du réflexe ciliaire, afin de compenser l’abo-
appui en fer à cheval ou à l’aide d’une têtière à prise osseuse pour la lition des réflexes cornéens et la diminution des sécrétions
chirurgie de la colonne cervicale. Dans tous les cas, et à défaut d’une lacrymales.
installation vigile, l’amplitude des mouvements cervicaux autorisée • Les pommades ophtalmologiques restent usitées en chirurgie
tiendra compte de la mobilité cervicale initiale. céphalique ou de longue durée, mais elles n’ont pas fait la preuve
de leur supériorité par rapport à l’occlusion simple.
• Une compression consécutive à une mobilisation secondaire de
Protection oculaire la tête :
- est responsable de la majorité des lésions ophtalmiques graves ;
- peut survenir malgré l’emploi de coques rigides qui peuvent
Au cours de l’anesthésie générale, l’abolition des réflexes cornéens toujours se déplacer ;
de protection et la diminution des sécrétions lacrymales exposent au - impose une vérification peropératoire itérative de l’absence de
risque de conjonctivites et d’ulcérations cornéennes. Leur incidence compression, notamment en décubitus ventral et latéral.
est diversement appréciée dans la littérature selon les moyens dia-
gnostiques utilisés. Dans une étude rétrospective récente portant sur
plus de 60 000 patients de chirurgie non ophtalmologique, on a rap-
porté une incidence de complications oculaires de 1 % [80]. Un test à Prévention des modifications
la fluorescéine diagnostiquerait une lésion cornéenne chez 44 % des
patients opérés en chirurgie digestive, alors que seuls 3 % d’entre eux hémodynamiques posturales
sont symptomatiques [81].
L’occlusion palpébrale doit être effective dès la perte du réflexe PHYSIOPATHOLOGIE
ciliaire lors de l’induction [82]. Pour la chirurgie céphalique, la chirurgie En dehors des compressions vasculaires directes, c’est en modi-
réalisée en position ventrale ou la chirurgie de longue durée [80], on fiant la répartition de la masse sanguine sous l’effet des variations de
préconise une prévention des lésions par une pommade ophtalmique pressions hydrostatiques que les postures contribuent à déséquili-
© Groupe Liaisons SA, février 2001. La photocopie non autorisée est un délit.

associée à l’occlusion des yeux, mais cette mesure n’est pas forcément brer l’hémodynamique chez un patient anesthésié. Le système artériel
plus efficace que l’occlusion simple [82]. En décubitus latéral et ventral, est un système à haute pression, faible compliance et capacitance
il faut régulièrement vérifier l’occlusion palpébrale et l’absence de limitée, donc résistant aux variations posturales, la pression hydro-
compression oculaire, en raison de la fréquence des mobilisations statique variant d’environ 2 mmHg tous les 2,5 cm en orthostatisme
secondaires de la tête. [86]. Le système veineux, quant à lui, est très sensible aux perturba-
Un déplacement céphalique peropératoire, plus qu’une mauvaise tions hémodynamiques engendrées par la pesanteur car c’est un sys-
installation initiale, est souvent à l’origine de complications rares mais tème à basse pression et forte capacitance. L’accumulation de sang
dramatiques comme les cécités monoculaires définitives [83, 84]. On dans le secteur veineux des zones déclives diminue le retour veineux,
admet généralement que, chez le sujet normotendu, la pression arté- déterminant essentiel du débit cardiaque.
rielle ophtalmique est égale à la moitié de la pression artérielle systé- Chez le sujet éveillé, toute diminution du retour veineux s’accom-
mique. Une compression trop intense du globe oculaire risque donc pagne d’une stimulation immédiate du système baroréflexe, qui dimi-
de provoquer une neuropathie optique ischémique par atteinte pré- nue l’activité parasympathique et renforce l’action sympathique, avec
dominante de la vascularisation de la tête du nerf optique (artères augmentation de l’activité adrénergique. Il en résulte une accélération
ciliaires courtes postérieures) ou par oblitération de l’artère centrale de de la fréquence cardiaque, une élévation des résistances artérielles
la rétine. La pâleur papillaire, témoin de la compression des artères systémiques mais aussi une veinoconstriction, avec amélioration du
ciliaires courtes postérieures peut précéder l’oblitération de l’artère retour veineux [86].
centrale de la rétine et s’accompagner d’une diminution de l’acuité Chez le patient anesthésié, les anesthésiques perturbent les méca-
visuelle [85]. L’hypotension peropératoire majore le risque d’ischémie nismes d’adaptation physiologique compensant une diminution du
rétinienne par compression, car l’hypoperfusion diminue la pression retour veineux. De plus, leur action directe sur le cœur et les vaisseaux
nécessaire à l’interruption circulatoire. L’anoxie par arrêt circulatoire majore les effets de la ventilation mécanique en pression positive.
complet peut entraîner en quelques minutes la perte de la vision. Cette Ainsi, devant une modification hémodynamique lors du positionne-
complication a principalement été décrite en position ventrale ou ment du patient, il est généralement impossible de déterminer la part
assise (tête maintenue sur un support), mais aussi sur l’œil déclive en de responsabilité revenant à la posture, car les modifications
décubitus latéral. Les coques rigides exposent, si elles sont déplacées, observées relèvent de mécanismes multiples et interactifs [7].

Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire 11


5 III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité

En position de lithotomie, la diminution de la pression de perfusion


Risque hémodynamique postural des membres inférieurs dépend du degré de surélévation et peut
• Un déséquilibre hémodynamique postural peut survenir par devenir inférieure à 20 mmHg en position extrême (Figure 13). Toute
diminution du retour veineux secondaire à une compression vas- contention veineuse élastique, qui majore la réduction de la perfusion
culaire directe ou une séquestration sanguine dans un secteur distale, doit être proscrite dans ces circonstances. Une ischémie aiguë
veineux déclive. est possible pour des angulations plus limitées en présence d’une arté-
• L’anesthésie intervient en limitant les mécanismes de compen- riopathie. Les perturbations hémodynamiques peuvent être impor-
sation physiologique (anesthésie générale) ou en majorant la tantes lors du repositionnement des membres inférieurs à
baisse de la précharge par un bloc sympathique (anesthésie loco- l’horizontale, avec risque de collapsus par séquestration sanguine [93].
régionale médullaire). Selon l’étendue du bloc sympathique, les anesthésies locorégionales
rachidiennes exposent au même risque, pour des inclinaisons
moindres [94]. Les changements de position doivent donc être pro-
gressifs. L’utilisation d’une contention veineuse élastique simple en fin
INSTALLATIONS À RISQUE ET MESURES d’intervention minimise l’effet du changement de posture [95, 96].
DE PRÉVENTION SPÉCIFIQUES
■ Décubitus ventral
■ Décubitus dorsal Lors du positionnement en décubitus ventral, il faut limiter la
La stabilité hémodynamique est rarement compromise en décubitus pression abdominale et la compression de la veine cave inférieure.
dorsal car la pression hydrostatique s’exerçant sur les axes vasculaires L’utilisation de billots placés transversalement sous le thorax (sus-
est approximativement la même aux différents points de l’organisme mamelonnaires) et les crêtes iliaques permet de surélever la cage tho-
et n’affecte ni la distribution artérielle ni le retour veineux. Toutefois, si racique et le bassin, et d’atténuer la contrainte abdominale (Figure 10).
on utilise un billot en chirurgie hépatobiliaire, il faudra veiller à ne pas Des billots placés longitudinalement entre clavicule et aile iliaque
étirer la veine cave inférieure dans sa traversée diaphragmatique, ce peuvent avoir le même effet. Ce positionnement est particulièrement
qui générerait une chute dramatique du débit cardiaque [87]. Le syn- important en chirurgie rachidienne, car toute augmentation de la
drome utérocave consécutif à la compression de la veine cave par pression abdominale détourne le sang du système cave vers le sys-
l’utérus gravide après le 7e mois de grossesse, peut entraîner un choc tème vertébral avalvulaire et compliant, ce qui majore le risque
postural et un bas débit cardiaque maternel et surtout fœtal. Pour pré- hémorragique lors de l’effraction des plexus veineux.
venir ce syndrome, il faut mobiliser l’utérus vers la gauche en suréle- Chez le sujet obèse, il est difficile de prévenir la compression abdo-
vant la hanche droite ou, pour certains auteurs, en plaçant la patiente minale, et on préconise les positions genupectorales qui permettent
en décubitus latéral. Plusieurs travaux ont montré qu’une inclinaison de répartir les appuis au niveau du thorax et des membres inférieurs
inférieure à 30° était insuffisante pour lever la compression aorto-cave, et de dégager l’abdomen. Il en existe plusieurs types, dont le point
notamment lors des contractions [88]. commun est la position déclive des membres inférieurs (Figure 11). La

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déclivité extrême correspond à l’agenouillement du patient, la table
■ Positions déclives et de lithotomie opératoire étant cassée à 90°. Le principal avantage de cette dernière
Les effets hémodynamiques d’une mise en position déclive ou de
lithotomie sont essentiellement une augmentation du débit cardiaque
consécutive à un accroissement du volume sanguin thoracique, par PAM = 18 mmHg
redistribution aux dépens des secteurs splanchniques et des membres
inférieurs. En pratique, les phénomènes de redistribution interne sont 90 cm
limités à partir d’une position de décubitus [89, 90], le volume sanguin PAM = 50 mmHg
central (apprécié par une méthode isotopique) n’augmentant que de
PAM = 90 mmHg 50 cm
1,8 % (soit 100 mL) après mise en position de Trendelenburg à 15° [89]. PAM = 70 mmHg
Pour des inclinaisons supérieures à 20°, l’engorgement des vaisseaux
25 cm
thoraciques et le poids des viscères sur le diaphragme, en augmentant
la pression intrathoracique, réduisent l’efficacité du gradient de rem-
plissage entre la veine cave inférieure (VCI) et l’oreillette droite, et pour-
raient ainsi diminuer le débit cardiaque. Il faudra donc faire preuve de
prudence lors de l’installation en position déclive d’un patient présen-
tant une réserve cardiaque limitée, pour des angulations supérieures ● Figure 13 Pression de perfusion distale moyenne lors de la surélévation
à 15°. Les positions déclives augmentent la pression veineuse dans le des membres inférieurs en position de lithotomie
territoire de la veine cave supérieure (VCS), avec gêne mécanique au La pression artérielle moyenne (PAM) diminue d’environ 2 mmHg tous les
drainage veineux cérébral risquant de compromettre la pression de 2,5 cm à partir d’une pression moyenne au niveau du cœur en décubitus dor-
perfusion cérébrale [91]. Son rôle dans la survenue d’accidents neuro- sal strict évaluée à 90 mmHg.
logiques est discuté chez le sujet sain mais contre-indique cette pos- Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third
ture en cas d’hypertension intracrânienne [92]. edition, WB Saunders Company, page 58

12 Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire


III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité 5
position est de procurer un champ opératoire exsangue en limitant la ■ Positions proclives et assises
variation de pression abdominale, mais elle fait courir des risques Le retentissement hémodynamique de ces postures dépend du
hémodynamiques importants, la séquestration sanguine déclive pou- degré d’inclinaison. Il est d’autant plus conséquent que l’angle que
vant atteindre 500 à 700 mL chez le sujet anesthésié. L’installation fait le tronc avec l’horizontale est plus important. Le passage du
doit être progressive et on peut utiliser une contention veineuse élas- décubitus dorsal à la position assise s’accompagne d’une diminution
tique des membres inférieurs. Il est important d’éviter toute accentua- du volume sanguin intrathoracique (14 %) [99] et, chez le sujet anes-
tion de la lordose lombaire pouvant plaquer la veine cave inférieure thésié, d’une diminution du débit cardiaque et d’une augmentation
contre les corps vertébraux et diminuer d’autant le retour veineux. Il des résistances vasculaires périphériques. L’amplitude des variations
faut discuter le repositionnement du patient devant une hypotension varie selon les études, sans doute en raison de protocoles anesthé-
et une tachycardie persistantes malgré un remplissage, en raison du siques différents (effet propre des divers anesthésiques sur la régula-
risque de désamorçage cardiaque [97]. tion baroréflexe ou profondeur de l’anesthésie) [100, 101], mais aussi
probablement de la nature et de l’importance du remplissage vas-
culaire réalisé avant le changement postural [99].
■ Décubitus latéral Si la position assise est bien tolérée chez le sujet normal, elle peut
L’installation en position de néphrectomie, qui associe décubitus générer des chocs quand la réserve cardiaque est limitée [102]. Avant
latéral et flexion du corps sur un billot, peut avoir un retentissement de placer un patient en position proclive, il faut donc prévenir la
hémodynamique sévère [98]. Le billot doit être positionné au niveau séquestration sanguine déclive par une contention élastique des
de l’aile iliaque afin de ne pas comprimer directement la veine cave membres inférieurs et un remplissage vasculaire adapté. L’installation
inférieure (Figure 14). Le corps doit être fléchi progressivement, sera prudente chez tout patient présentant des antécédents cardio-
notamment en décubitus latéral droit, car la gêne au retour veineux vasculaires. Ainsi, une chute excessive de la pression artérielle systé-
qui en résulte est majorée par le foie, facteur de compression supplé- mique expose au risque d’accident ischémique, en particulier en
mentaire [93]. De plus, la mise en position déclive des membres présence de sténoses de l’arbre carotidien [102].
inférieurs et de la moitié supérieure du corps aggrave le risque
hémodynamique en réduisant le retour veineux. Il est important de
bien caler le patient au niveau thoracique, une rotation latérale de ● Tableau 1 Positionnement et risque hémodynamique
l’hémicorps supérieur pouvant aggraver la diminution du retour vei- DLD : décubitus latéral droit ; VCI : veine cave inférieure
neux et précipiter la précarité de l’hémodynamique.
Posture Risque Mécanisme Étiologie

Décubitus dorsal ↓ débit cardiaque étirement billot sous-


de la VCI hépatique
compression utérus gravide
de la VCI
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Séquestration Positions ↓ débit cardiaque ↓ gradient de déclivité > 20°


sanguine
déclive déclives ↓ perfusion remplissage
Séquestration cérébrale ↓ drainage
sanguine veineux
déclive céphalique
Foie
Positions ischémie aiguë ↓ de la pression élévation
de lithotomie des membres de perfusion excessive
inférieurs distale
↓ débit cardiaque séquestration reposition-
sanguine déclive nement
Décubitus ↓ débit cardiaque compression compression
Billot
ventral de la VCI abdominale
Positions ↓ débit cardiaque séquestration déclivité
genupectorales sanguine déclive
● Figure 14 Risque hémodynamique lors de l’installation en position
de néphrectomie Décubitus latéral ↓ débit cardiaque compression de billot
Le positionnement du billot doit être réalisé au niveau de l’aile iliaque afin de (néphrectomie) la VCI + séques- sous costal
tration sanguine + foie (DLD)
ne pas comprimer directement la veine cave. En décubitus latéral droit le foie déclive + déclivité
est un facteur de pression supplémentaire. La séquestration sanguine déclive
majore le risque hémodynamique en réduisant le retour veineux. Positions ↓ débit cardiaque séquestration importance
Source : Martin et Warner. Positioning in Anesthesia and Surgery, third proclives ↓ perfusion sanguine déclive des zones
et assises cérébrale déclives
edition, WB Saunders Company, page 132

Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire 13


5 III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité

Les embolies gazeuses peuvent théoriquement survenir dans d’insufflations périodiques à la capacité vitale (insufflation à
n’importe quelle posture, dès qu’existe un gradient de pression 40 cmH2O maintenue pendant 7 à 8 s) permettrait de lever les micro-
hydrostatique entre le site opératoire et le cœur, mais elles sont atélectasies [109, 110] mais l’efficacité de cette méthode n’a pas été
plus fréquentes en position assise. Certains auteurs estiment que évaluée en cas de pathologie pulmonaire sous-jacente. L’utilisation
si lors de l’installation d’un patient en position assise, la pression d’une FIO2 élevée (> 0,4) accélérerait la reconstitution des atélectasies
capillaire pulmonaire bloquée devient inférieure à celle de après les manœuvres de recrutement [111]. En revanche, on n’a relevé
l’oreillette droite, il y a indication théorique de retour en position aucune relation entre FIO2 et incidence ou gravité des atélectasies
horizontale [103]. Les risques hémodynamiques posturaux sont postopératoires tardives, ce qui fait finalement discuter l’intérêt de
résumés dans le tableau 1. réduire les FIO2 à titre prophylactique [112].
Enfin, toute modification posturale, même limitée à l’extrémité
céphalique, impose une auscultation systématique et l’analyse du
capnogramme à la recherche d’une intubation sélective. En effet, la
Prévention des modifications flexion ou l’extension cervicale à partir d’une position neutre mobili-
sent l’extrémité de la sonde d’intubation de 1,9 cm en moyenne soit,
posturales de la fonction respiratoire entre la position de flexion et d’extension, un déplacement compris
et de leurs conséquences entre 1/4 et 1/3 de la longueur totale de la trachée adulte (12 ± 3 cm)
[113]. L’extension de la tête éloigne l’extrémité de la sonde de la
carène, la flexion et la rotation la rapprochent [114]. Lors du passage
La capacité résiduelle fonctionnelle pulmonaire (CRF) est largement
en position déclive, la carène est déplacée vers le haut et peut dépas-
modifiée par la posture. La baisse de la CRF est d’environ 1 L entre la
ser le niveau de la sonde d’intubation. Le risque d’intubation sélective
position debout et le décubitus dorsal. La position de lithotomie
ou d’extubation par mobilisation de l’extrémité de la sonde endotra-
aggrave cette amputation, de même que, pour chaque posture, la
chéale a aussi été rapporté lors de la mobilisation de la tête chez
mise en position déclive [104]. En décubitus ventral, la CRF est réduite
l’enfant [115].
mais moins qu’en décubitus dorsal si la position est supportée par
des appuis mécaniques qui diminuent la compression abdominale.
En décubitus latéral, la CRF est discrètement réduite par rapport au
décubitus dorsal. Elle augmente au niveau du poumon supérieur Risque respiratoire postural
mais diminue considérablement au niveau du poumon déclive. Les
• Le passage en décubitus s’accompagne d’un syndrome restrictif
modifications posturales de la CRF s’ajoutent à sa diminution d’envi-
pulmonaire majoré par l’anesthésie générale, les positions
ron 20 % par l’induction de l’anesthésie. Cette réduction combinée du
déclives et le décubitus latéral.
volume pulmonaire de repos peut faire apparaître des micro-atélec-
• Ce syndrome est à l’origine de micro-atélectasies prédomi-
tasies qui prédominent dans les zones pulmonaires déclives [105] ;
nantes dans les zones déclives, et s’accompagne d’un risque

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elle modifie également les rapports ventilation-perfusion avec aug-
d’hypoxémie.
mentation de la différence alvéolo-artérielle en oxygène et risque
• L’installation doit limiter le plus possible toute compression tho-
d’hypoxémie [106]. On a évoqué, mais non démontré formellement, le
racique et permettre une ampliation thoracique maximale, en par-
rôle des micro-atélectasies dans la genèse de complications pulmo-
ticulier chez le sujet âgé ou en cas de pathologie pulmonaire
naires postopératoires.
chronique.
Lors de l’installation préopératoire, il est important de ne pas
• Une ventilation avec une FIO2 de 0,4 suffit à prévenir la surve-
majorer le syndrome restrictif postural, en particulier en cas de
nue d’une hypoxémie.
pathologie pulmonaire chronique ou quand le volume de fermeture
• Des insufflations périodiques à la capacité vitale pourraient être
est augmenté, comme chez le sujet âgé. L’importance des positions
utiles dans certaines postures ou chez les sujets à risque.
déclives sera systématiquement discutée et les billots thoraciques, en
décubitus ventral, seront positionnés en limitant au maximum la
compression et en permettant une ampliation thoracique maximale.
En position de néphrectomie, la table sera fléchie au niveau de l’aile Conclusion
iliaque et non des côtes flottantes, afin de pas interférer avec les mou-
vements de l’hémidiaphragme dépendant (Figure 14). Le maintien La survenue de complications spécifiques fonctionnelles et
d’une FIO2 à 0,4 prévient l’apparition d’une hypoxémie, quelle que parfois vitales liées à la posture interdit de banaliser ou de
soit la posture [106]. On a rapporté des hypoxémies profondes per- négliger le positionnement du patient au bloc opératoire. Des
opératoires par atélectasie complète du poumon déclive, lors mesures préventives simples et une surveillance peropératoire
d’enclouages fémoraux réalisés en décubitus latéral chez des patients orientée et attentive diminuent l’incidence et la morbidité de ces
présentant des troubles ventilatoires préopératoires au niveau de ce complications, et améliorent le confort postopératoire. Il faut
champ pulmonaire [107, 108]. Il est probable que le syndrome res- toutefois, pour les mettre en œuvre, connaître les mécanismes
trictif lié à l’anesthésie et à la posture s’associe à d’autres facteurs physiopathologiques à l’origine des atteintes posturales et tenir
comme la diminution de la clairance mucociliaire dans le poumon compte du terrain et des effets de l’anesthésie sur les méca-
déclive pour générer ces troubles. Chez le sujet sain, la réalisation nismes d’adaptation physiologique.

14 Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire


III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité 5
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16 Chapitre 5 – Positionnement du patient au bloc opératoire


III – 5 – Équipement, matériel et règles de sécurité 5
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