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Douleur
Soins palliatifs
et accompagnement
5e édition actualisée
R2C
Introduction......................................................................................................................................... 7
Partie 1 : Douleur
Chapitre 37 : Sédation pour détresse en phase terminale et dans des situations spécifiques
et complexes en fin de vie...........................................................................................................375
Item 141-2
Chapitre 38 : Les derniers moments de la vie : phase terminale, phase agonique........................... 393
Item 139-5
partie 1:Douleur 12
Douleurs neuropathiques 54
Céphalée 216
Migraine 222
La Fibromyalgie 270
La FibromyalgieIl a été diffusé exclusivement sur la libairie SM-librairiepdf.com le forum © SBA-MEDECINE , 270
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a 1. Description de la maladie 272
Réalisé par le Collège des Enseignants de Médecine de la Douleur (CEMD), le Collège National des
Enseignants pour la Formation Universitaire en Soins Palliatifs (CNEFUSP) et avec la participation de
la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR) cette nouvelle édition du cours Référentiel
en Douleur, Soins palliatifs et Accompagnement adopte le nouveau programme de connaissances de la
« Réforme du second cycle des études médicales » (R2C), paru au Journal Officiel du 2 septembre 2020,
qui a fait l’objet d’une suppression des unités d’enseignement (UE), d’une nouvelle numérotation et d’une
hiérarchisation des objectifs de connaissances en rang A (connaissances indispensables pour tout futur
médecin) et rang B (à maîtriser par l’ensemble des futurs internes d’un DES donné, au 1erjour de la phase
socle).
II est réalisé par des équipes universitaires impliquées dans l’enseignement de la Douleur et des Soins
palliatifs, deux disciplines transversales.
Ce Référentiel témoigne :
Pour chacun des items du programme de connaissances abordés, les objectifs hiérarchisés en rang A et
rang B sont listés dans un tableau au début de chaque chapitre. L’ouvrage prend en compte les situations
de départ, en lien avec la validation des acquis de compétences en 2ème cycle et la hiérarchisation des
items de connaissances. Elles peuvent être appelées dans le texte et sont toujours synthétisées et listées
à la fin de chaque chapitre dans un tableau récapitulatif.
Nous espérons que cet ouvrage répondra à vos attentes et vous guidera au mieux dans votre préparation.
Pr Donatien MALLET,
PA-PH, Service de Soins Palliatifs, CH U et Université de Tours
Dr Amandine MATHÉ,
CCA, Service de Soins Palliatifs, CHU et Université de
Bordeaux
Pr Stéphane MOREAU,
PA-PH, Service de Soins Palliatifs, CHU et Université de
Limoges
Chapitre
u Définition et bases
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
r neurophysiologiques de la douleur
PLAN
• La douleur est toujours une expérience personnelle, influencée à des degrés divers par des facteurs
biologiques, psychologiques et sociaux.
• La douleur et la nociception sont des phénomènes différents. La douleur ne peut être seulement liée à
l’activité des neurones sensoriels.
• Les individus appréhendent le concept de la douleur à travers leurs expériences de vie.
• Le rapport qu’une personne fait de son expérience de la douleur doit être respecté.
• Bien que la douleur joue généralement un rôle adaptatif, elle peut avoir des effets négatifs sur la
fonction et le bien-être social et psychologique.
• La douleur est donc une expérience s’articulant autour de quatre composantes fondamentales : (1) sensori-
discriminative ; (2) affective et émotionnelle ; (3) cognitive et (4) comportementale.
• La douleur : une expérience à communiquer
Si l’on comprend que la douleur est une expérience, on en déduira la difficulté qui s’attache à sa prise en compte.
La personne qui a mal doit faire la preuve de son expérience douloureuse, en donner l’intensité, les caractéris
tiques cliniques et son retentissement. Cela implique de développer des moyens pour rendre visible l’expérience, la
rendre évaluable par les autres et notamment les soignants. Cela implique aussi d’envisager ce symptôme comme
un symptôme à part, reconnu même sans preuve ni biomarqueur, notamment par les soignants.
Un biomarqueur de la douleur?
• Les conséquences physiologiques (accélération du rythme cardiaque par exemple), activation d’aires
cérébrales en imagerie fonctionnelle, ne sont que partiellement corrélées à l’expérience.
• On ne doit pas chercher à objectiver la douleur pour la confirmer, comme on ne cherchera pas à
confirmer un autre type d’expérience.
• La nociception :
La nociception est le processus sensoriel à l’origine du message nerveux qui provoque la sensation de douleur.
• La douleur aiguë : signal d’alarme
La douleur aiguë nous renseigne et nous apprend à éviter les situations dangereuses. C’est au départ un signal
d’alarme qui met en jeu des réflexes de protection nous permettant :
- de nous soustraire aux stimuli nocifs ;
- de soulager les parties de notre corps soumises à de trop fortes tensions.
On appelle ce stimulus sensoriel initial, le stimulus nociceptif périphérique.
• La douleur chronique : une douleur où le stimulus nociceptif peut avoir disparu
La douleur chronique doit être envisagée comme une situation où le signal d’alarme continue à fonctionner, alors
que le danger a disparu. Un ensemble de phénomènes périphériques mais surtout centraux se sont enclenchés de
façon autonome et vont se pérenniser, même si les phénomènes de nociception régressent.
La douleur et la souffrance
La douleur est souvent confondue avec la souffrance, il n’est pas toujours évident de distinguer ces expériences.
La douleur comporte des dimensions psychologiques, notamment lorsqu’elle est chronique, mais est différenciée
de la souffrance, notamment dans les approches philosophiques ou religieuses. La souffrance renvoie à une expé
rience plus globale, existentielle, qui peut être ou non associée à une douleur ressentie dans le corps.
La cascade d’événements conduisant à l’intégration des informations douloureuses met en jeu des
récepteurs (nocicepteurs périphériques), des voies médullaires ascendantes, des relais dans l’encéphale
intégrant ces informations douloureuses (principalement au niveau thalamique) et enfin des sites de
projection corticaux (cortex somesthésiques primaire et secondaire, mais aussi insulaire, cingulaire et
pré-frontal).
Ces molécules constituent la « soupe inflammatoire »: kinines, cytokines pro-inflammatoires (TNFa, ILi,
IL6) mais aussi anti-inflammatoires (H4, IL10,1L13 et ILi-ra), prostaglandines, neuropeptides (substance
P et CGRP principalement), histamine, neurotrophines (le Nerve Growth Factor, NGF, et le Brain Derived
Neurotrophic Factor, BDNF), amines biogènes (sérotonine et noradrénaline), etc.
2.2.1. Le NGF
• Le Nerve Growth Factor (NGF) est un facteur de croissance au stade fœtal. Après la naissance, ce n’est plus un
facteur de croissance, c’est un facteur de synthèse de neuromédiateurs, notamment la substance P et le CGRP, qui
sont des médiateurs de la douleur présents dans les neurones périphériques.
• Le NGF va aussi activer la synthèse de récepteurs pour des peptides qui sensibilisent à la douleur, notamment les
récepteurs à la bradykinine, les récepteurs de type « canal ionique » sensibles à l’acidose inflammatoire ou à la
chaleur, comme les récepteurs vanilloïdes TRPV1, et les canaux sodiques.
• Il est important de connaître le NGF, car de nouveaux antalgiques, anticorps monoclonaux anti-NGF sont
développés et pourraient représenter une nouvelle classe de médicaments de la douleur prévue pour 2022.
2.2.3. Le BDNF
• Une autre molécule de la famille des neurotrophines, le BDNF (Brain Derived Neurotrophic Factor) est égale
ment activée par le NGF.
Le phénomène de convergence: pourquoi a-t-on mal dans le bras gauche quand on a un infarctus du
myocarde ?
Un même neurone reçoit des afférences de territoires aussi bien cutanés que viscéraux, musculaires
ou articulaires, ce qui permet par l’intermédiaire de cette convergence d’expliquer le phénomène de
douleur rapportée (une lésion viscérale, cardiaque par exemple, est rapportée comme ressentie
douloureusement dans un territoire cutané, le bras gauche). Ils reçoivent des afférences de fibres
sensorielles non nociceptives (fibres Aa, (3), et nociceptives (fibres Aô, C). Ces neurones jouent un rôle
fondamental dans la modulation de l’information nociceptive (contrôles segmentaires spinaux, cf. ci-
dessous).
Cortex
cingulaire Cortex
antérieur somatosensoriel
primaire (S1J
Aire motrice
supplémentaire Cortex
moteur Dimension sensorielle
primaire de la douleur
! Dimension affective
Cortex somatosensoriel
; de la douleur
secondaire (S2)
Cortex
pariétal
postérieur
Insula
Cortex
ingulaire
postérieur
Cortex préfronta
Substance
grise
périaqueducale
Hypothalamus
4.1.3. L'hypothalamus
• L’hypothalamus reçoit des terminaisons axonales soit directes du faisceau spino-hypothalamique, soit indirectes
du faisceau spino-parabrachio-hypothalamique ; il intervient dans le contrôle des réactions végétatives de la dou
leur, mais aussi dans la libération d’hormones intervenant dans le contrôle du stress.
Contrôle supraspinal
Inhibiteur descendant
Contrôle segmentaire
Inhibition par grosses fibres myélinisées et interneurones
Fibre Aa,p — — — — — ■*»
Interneurone inhibiteur
Fibre C
Ce modèle repose sur une balance entre deux types d’activités exercées sur les neurones nociceptifs non
spécifiques spinaux, à l’origine des faisceaux ascendants spino-thalamiques et spino-réticulaires :
- les unes sont activatrices d’origine segmentaire périphériques (véhiculées par les fibres nociceptives
AÔ et C) ;
- les autres sont inhibitrices d’origine à la fois segmentaire périphérique (véhiculées par les fibres non
nociceptives Ap) et supraspinales (cf. ci-dessous).
• Ainsi la douleur n’est ressentie que lorsque les neurones nociceptifs non spécifiques sont activés, lorsque la balance
penche en faveur des activités excitatrices, soit par un excès de l’activité des fibres nociceptives, soit par un déficit
des contrôles inhibiteurs.
• Dans le modèle de la théorie du portillon, l’activation des fibres de la sensibilité tactile légère Ap inhibe les
réponses de ces neurones nociceptifs non spécifiques à des stimulations nociceptives. Cette inhibition s’exerce par
l’intermédiaire de l’activation d’interneurones inhibiteurs segmentaires localisés dans la couche II (Substance
Gélatineuse).
• Excitation
• Inhibition
Petite fibre
• Lorsque l’on se blesse, un réflexe pour soulager les douleurs localement est de se frotter la zone douloureuse.
• En faisant cela, on active des fibres de la sensibilité tactile légère Ap, qui vont augmenter l’activité des interneu
rones inhibiteurs, fermer le portillon et bloquer la transmission de l’information nociceptive véhiculée par les
fibres C et ainsi bloquer le message douloureux partant vers les structures supraspinales.
• Cette technique de contrôle segmentaire de la douleur est utilisée dans la physiothérapie : toute application
d’agent physique, tout massage local, active les fibres non nociceptives, et bloque ainsi le message venant des fibres
nociceptives.
Sites de transports
des
Neurotransmetteurs
Ceci permet d’expliquer les propriétés analgésiques des agonistes a2-noradrénergiques (par exemple la
clonidine) ou des antidépresseurs mixtes (tricycliques et IRSNA).
Système
inhibiteur
descendant
En conclusion, l’équilibre entre les deux systèmes descendants concurrents que nous venons de décrire,
l’un inhibiteur descendant (partie 5.2) et l’autre excitateur descendant (partie 5.3), déterminerait in fine
le degré global d’excitabilité du réseau de neurones dans la corne postérieure de la moelle, degré qui à
son tour modulerait la transmission de l’information douloureuse vers les structures nerveuses centrales
supraspinales (modulation de l’activité des neurones nociceptifs non spécifiques du modèle de la théorie
du portillon - cf. ci-dessus - mais dans ce cadre par l’intermédiaire de contrôles d’origine supra-spinale ;
ces contrôles figuraient d’ailleurs dans le schéma initial du modèle du portillon).
• Les neurotrophines se fixent spécifiquement sur des récepteurs à haute affinité de la famille des TrK. Ces récep
teurs possèdent un domaine intracellulaire au sein duquel on distingue des résidus « Tyrosine » susceptibles d’être
phosphorylés par une activité enzymatique « tyrosine-kinase » lorsque la neurotrophine se lie à son récepteur
spécifique : le NGF se lie à son récepteur TrkA et le BDNF, à TrkB.
• Cette phosphorylation du récepteur déclenche l’activation du système de transduction intra-cellulaire du signal,
à l’origine de la réponse biologique de la cellule, qui passe par une cascade de phosphorylations intra-cellulaires.
De nombreux arguments plaident en faveur de l’intervention de ces neurotrophines dans le fonctionnement du
système nerveux de la nociception.
• Ces observations ouvrent la voie à de nouvelles approches thérapeutiques ciblant les récepteurs de ces deux neu
rotrophines comme site d’action possible d’une pharmacologie antalgique. Des anticorps monoclonaux anti-
NGF, comme le tanézumab, sont en cours de développement.
PLAN
1. Définitions
2. Différentes composantes de la douleur
3. Quatre grands cadres de douleurs
4. Différenciation : douleur aiguë et douleur chronique
5. Évaluer la douleur
6. Échelles d’évaluation de la douleur
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
a i. Définitions_______________________________________
1.1. Douleur
• La douleur, de manière générale, est un phénomène subjectif complexe de mécanismes multiples avec des diffé
rences interindividuelles, des profils évolutifs variables, et une absence de parallélisme anatomo-clinique strict.
C’est-à-dire qu’il n’y a pas de corrélation parfaite entre l’intensité de la douleur et la gravité des lésions causales.
• La douleur est néanmoins évaluable par des méthodes standardisées.
1.3. Souffrance
• Toute douleur somatique est donc une souffrance par elle-même et pas simplement une sensation corporelle. Il
est important de la considérer comme telle, sachant que la composante émotionnelle est existante dès la genèse
de la douleur.
• On parle de « souffrance morale » lorsque seule « l’âme » souffre en cas de dépression sans (ou avec très peu de)
symptômes somatiques.
a 5. Évaluer la douleur________________________________
Recommandations sur l’évaluation et le suivi de la douleur chronique chez l’adulte en médecine ambulatoire (HAS
1999):
1) L’évaluation initiale du malade douloureux chronique demande du temps. Elle peut se répartir sur plusieurs
consultations.
2) L’évaluation du malade douloureux chronique implique un bilan étiologique avec un entretien, un examen
clinique et si besoin des examens complémentaires.
3) Les éléments cliniques essentiels sur lesquels se fonde l’entretien avec le malade douloureux chronique sont
indiqués dans la grille d’entretien semi-structuré (cf tableau ci-après).
• Ancienneté de la douleur
- Mode de début
- Intensité
- Situation sociale
- Procédures
• Facteurs cognitifs
- Représentation de la maladie (peur d’une maladie évolutive...)
Ces 3 échelles n’étant pas superposables, il est nécessaire d’utiliser toujours la même échelle au cours
d’un suivi chez un patient donné.
• Elles s’adressent aux patients dits « non communiquants ». On entend par ce terme : patients incapables de
comprendre les questions posées (barrière de langue, certaines aphasies, démence, confusion,...) ou incapables
de communiquer leur niveau de douleur (aphasie, coma, mutisme...). Les questionnaires spécifiques à la pédia
trie sont indiqués dans le chapitre correspondant.
• L’échelle DOLOPLUS 2 (cf. Annexe)
« Échelle d’évaluation comportementale de la douleur chez les personnes âgées présentant des troubles de la
communication verbale ». C’est une échelle d’évaluation du niveau de douleur chronique validée chez le patient
âgé. Elle se décompose en 10 éléments cotés chacun de 0 à 3 et répartis en 3 sous-groupes. Un score supérieur ou
égal à 5/30 évoque une douleur chez le patient. Elle présente un intérêt dans le suivi douloureux.
• L’échelle ALGOPLUS (cf. Annexe)
« Échelle d’évaluation comportementale de la douleur aiguë chez la personne âgée présentant des troubles de la
communication verbale ». Version synthétique de la précédente et adaptée à la douleur aiguë, elle est particuliè
rement adaptée à la détection de la douleur chez le patient non-communiquant au cours d’une affection aiguë,
de soins potentiellement douloureux (douleur iatrogène) ou d’accès douloureux transitoires. Cinq catégories
d’éléments sont étudiées. Chaque réponse positive (oui) compte pour 1 point. Un score supérieur ou égal à 2/5
signe la présence d’une douleur.
• L’échelle ECPA
Également validée chez le sujet âgé, cette échelle a l’avantage d’étudier à la fois la composante au repos de la dou
leur (4 premiers éléments) et sa composante au moment des soins (4 derniers éléments). Chaque élément est coté
de 0 à 4 donnant un total sur 32 points. Elle permet un suivi régulier du niveau de douleur du patient.
Comme les échelles utilisées chez le patient dit communiquant, ces 3 dernières échelles ne sont pas
équivalentes entre elles. Il convient donc de choisir la même échelle en début d’évaluation et pour le
suivi du patient.
• L’évaluation de l’intensité de la douleur se fait le plus simplement par une échelle numérique en
11 points, de 0 à 10. C’est cette échelle que l’on doit utiliser en pratique courante. L’EVA est surtout
utile en recherche clinique.
ANNEXES
Question 2 : la douleur est-elle associée dans la même région à un ou plusieurs des symptômes
suivants ?
Oui Non
4. Fourmillements E1
5. Picotements 0 □
6. Engourdissements 1 1 □
7- Démangeaisons □ □
Lorsque le praticien suspecte une douleur neuropathique, le questionnaire DN4 est utile
comme outil de diagnostic.
Ce questionnaire se répartit en 4 questions représentant 10 items à cocher :
/ Le praticien interroge lui-même le patient et remplit le questionnaire
/ À chaque item, il doit apporter une réponse « oui » ou « non »
/ À la fin du questionnaire, le praticien comptabilise les réponses, 1 pour chaque « oui » et o
pour chaque « non »
/ La somme obtenue donne le Score du Patient, noté sur 10
Si le score du patient est égal ou supérieur à 4/10, le test est positif (sensibilité à 82,9 % ;
spécificité à 89,9 %)
Prénom :
NOM:
DATES
Service :
Observation comportementale
RETENTISSEMENT SOMATIQUE
1 • Plaintes • pas de plainte............................................................................................................................................................. 0 0 0 0
somatiques • plaintes uniquement à la sollicitation ....................................................................................................................... 1 1 1 1
• plaintes spontanées occasionnelles........................................................................................................................... 2 2 2 2
• plaintes spontanées continues .................................................................................................................................. 3 3 3 3
2 • Positions • pas de position antalgique......................................................................................................................................... 0 0 0 0
antalgiques • [e sujet évite certaines positions de façon occasionnelle........................................................................................... 1 1 1 1
au repos . position antalgique permanente et efficace................................................................................................................ 2 2 2 2
• position antalgique permanente inefficace................................................................................................................. 3 3 3 3
3 • Protection • pas de protection....................................................................................................................................................... 0 0 0 0
de zones • protection à la sollicitation n’empêchant pas la poursuite de l’examen ou des soins ................................................ 1 1 1 1
douloureuses • protection à la sollicitation empêchant tout examen ou soins ................................................................................... 2 2 2 2
• protection au repos, en l’absence de toute sollicitation ........................................................................................... 3 3 3 3
4 • Mimique • mimique habituelle ................................................................................................................................................ 0 0 0 0
• mimique semblant exprimer la douleur à la sollicitation............................................................................................. 1 1 1 1
• mimique semblant exprimer la douleur en l’absence de toute sollicitation................................................................ 2 2 2 2
• mimique inexpressive en permanence et de manière inhabituelle (atone, figée, regard vide) ................................... 3 3 3 3
5 • Sommeil • sommeil habituel ................................................................................................................................................... rv n
w VJ
n nVJ
• difficultés d’endormissement..................................................................................................................................... 1 1 1 1
• réveils fréquents (agitation motrice).......................................................................................................................... 2 2 2 2
• insomnie avec retentissement sur les phases d’éveil .............................................................................................. 3 3 3 3
RETENTISSEMENT PSYCHOMOTEUR
6 • Toilette • possibilités habituelles inchangées ........................................................................................................................... 0 0 0 0
et/ou • possibilités habituelles peu diminuées (précautionneux mais complet) ................................................................... 1 1 1 1
habillage . possibilités habituelles très diminuées, toilettes et/ou habillage étant difficiles et partiels...................................... 2 2 2 2
• toilette et/ou habillage impossible, le malade exprimant son opposition à toute tentative ...................................... 3 3 3 3
7 • Mouvements • possibilités habituelles inchangées .......................................................................................................................... 0 0 0 0
• possibilités habituelles actives limitées (le malade évite certains mouvements, diminue son périmètre de marche) - • 1 1 1 1
• possibilités habituelles actives et passives limitées (même aidé, le malade diminue ses mouvements).................... 2 2 2 2
• mouvement impossible, toute mobilisation entraînant une opposition .................................................................... 3 3 3 3
RETENTISSEMENT PSYCHOSOCIAL
Q • CArtimimiflAn
• uuin m un icatiun •a inrhonrrûû
incndrigcc ................................... ........................... ................... .................................................................................... ..............................................
0 ............................................................................................................................................................................ 0 0 0 0
• intensifiée (la personne attire l’attention de manière inhabituelle)............................................................................ 1 1 1 1
w Himimioo V
• UlllllllUcu fia norcnnno □
e* puloUllllt: c’loUlcJ
icnlpl .................................................................................................................................................................................................................
......................................................................................................................................................... 9
Z 9
Z
9
Z
9
Z
• absence ou refus de toute communication .............................................................................................................. 3 3 3 3
9 • Vie sociale • participation habituelle aux différentes activités (repas, animations, ateliers thérapeutiques...) ............................. 0 0 0 0
• participation aux différentes activités uniquement à la sollicitation .......................................................................... 1 1 1 1
• refus partiel de participation aux différentes activités................................................................................................ 2 2 2 2
• refus de toute vie sociale............................................................................................................................................ 3 3 3 3
10 • Troubles du • comportement habituel.............................................................................................................................................. 0 0 0 0
comportement • troubles du comportement à la sollicitation et itératif................................................................................................ 1 1 1 1
• troubles du comportement à la sollicitation et permanent......................................................................................... 2 2 2 2
• troubles du comportement permanent (en dehors de toute sollicitation)................................................................... 3 3 3 3
SCORE
Copyright
tcMe comportementale
cfe fa dodecr aigue chez fa personne âgée
présentant des- irouHm
cfe fa commwwoafiœ verbale
CO NON OUI NON OUI NON OUI NON OUI NON QUI | NON
1 • V»«oge
Francomanl des jourcik grimaças, criipahaci
I mâchoires sacrées, déoge Rgé.
2 • Regard
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et évaluer une douleur aiguë et chro niq ue chez
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! 4 • Carpe I
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Item 134-2
MJ
Échelle HADS Anxiété Dépression
H.A.D.S.
Hospital and anxiety dépréssion scale (Zigmond A.S & Snait R.P.)
Traduction française : J.P. Lépine
Les médecins savent que les émotions jouent un rôle important dans la plupart des maladies. Si votre médecin
est au courant des émotions que vous éprouvez, il pourra mieux vous aider.
Ce questionnaire a été conçu de façon à permettre à votre médecin de se familiariser avec ce que vous éprouvez vous-
même sur le plan émotif. Ne faites pas attention aux chiffres ni aux lettres imprimés à la gauche du questionnaire.
Lisez chaque série de questions et soulignez la réponse qui exprime le mieux ce que vous avez éprouvé au cours de
la semaine qui vient de s’écouler.
Ne vous attardez pas sur la réponse à faire : votre réaction immédiate à chaque question fournira probablement
une meilleure indication de ce que vous éprouvez, qu’une réponse longuement méditée.
3 la plupart du temps
2 souvent
1 de temps en temps
0 jamais
3 Presque plus
J’ai une sensation de peur comme si quelque chose d’horrible allait m’arriver
3 Plus du tout
Je me fais du souci :
3 Très souvent
2 Assez souvent
1 Occasionnellement
0 Très occasionnellement
3 Jamais
2 Rarement
1 Assez souvent
0 La plupart du temps
3 Jamais
3 Presque toujours
2 Très souvent
1 Parfois
0 Jamais
3 Très souvent
3 Plus du tout
2 Je n’y accorde plus autant d’attention que je le devrais
1 ll se peut que je n’y fasse plus autant attention
0 J’y prête autant d’attention que par le passé
3 Presque jamais
Pour chacune des questions suivantes indiquez le chiffre qui correspond le mieux à la gêne occasionnée par votre
douleur la semaine précédente :
A/ Activité générale
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ne gêne pas Gêne complètement
B/ Humeur
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ne gêne pas Gêne complètement
C/ Capacité à marcher
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ne gêne pas Gêne complètement
0123456789 10
Ne gêne pas Gêne complètement
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ne gêne pas Gêne complètement
F/ Sommeil
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ne gêne pas Gêne complètement
G/ Goût de vivre
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ne gêne pas Gêne complètement
72. Douleur du rachis (cervical, dorsal ou • Ces douleurs sont liées à une perturbation du fonctionnement de
lombaire) la douleur, sans activation des nocicepteurs ni lésion neurologique.
Il y a hypersensibilité centrale et perte de l’inhibition descendante.
73. Douleur, brûlure, crampes et paresthésies
Les comorbidités psychiatriques sont fréquentes (troubles anxieux,
99. Douleur pelvienne dépression) mais il ne s’agit pas de l’expression somatique d’un
116. Anxiété trouble psychiatrique. Dans ce groupe de symptômes, on inclut les
céphalées de tension, le syndrome du côlon irritable, les cystalgies
118. Céphalée
à urines claires (cystites interstitielles), les douleurs pelviennes,
161. Douleur thoracique les vulvodynies, les coccygodynies, les glossodynies, les douleurs
de l’articulation temporo-mandibulaire, la fibromyalgie...
En lien avec le diagnostic paraclinique de la douleur
En lien avec la démarche étiologique de la douleur
259. Évaluation et prise en charge de la douleur 4.1. Douleur aiguë
aiguë • Une douleur d’installation récente est une douleur aiguë,
présente depuis moins de 3 mois : c’est avant tout un symptôme
260. Évaluation et prise en charge de la douleur signal d’alarme qui vise à protéger l’individu, notamment en
chronique révélant une affection, et qui, dans de nombreux cas agit comme
une : « sentinelle rapprochée qui protège notre corps ». Elle pourra
être guérie par un traitement curatif adapté. Il est important de
noter que l’emploi du terme « aigu » fait référence à la notion de
durée de la douleur (moins de 3 mois) et non pas à son intensité.
4.2. Douleur chronique
• Selon la HAS, la douleur chronique est définie comme une
douleur évoluant depuis plus de 3 mois, susceptible d’affecter de
façon péjorative le comportement ou le bien-être du patient, et qui
persiste malgré un traitement étiologique bien conduit (HAS 1999
et HAS 2008).
En lien avec la complication de la douleur
316. Identifier les conséquences d’une • L’échelle du retentissement de la douleur sur le comportement
pathologie/situation sur le maintien d’un quotidien (cf. Annexe - Questionnaire Concis de la Douleur)
emploi Questionnaire Concis de la Douleur. Le patient évalue pour
345. Situation de handicap chaque élément de 0 à 10 (à la manière d’une EVA), le niveau de
gêne occasionné par sa douleur sur son activité en général, son
humeur, sa capacité à marcher, son aptitude au travail habituel,
ses relations avec les autres, son sommeil et son goût de vivre.
Chapitre
Les douleurs par excès
de nociception
PLAN
A • Le terme de nociception a été introduit pour désigner le système qui permet de détecter les stimulations mena
çant l’intégrité de l’organisme, stimulations dites nociceptives. La finalité de la nociception est un signal d’alarme
utile. On le réserve souvent à ce que l’on observe chez l’animal, le terme de douleur étant appliqué à l’expérience
humaine.
• Les douleurs par excès de nociception sont liées à une activation du système nocicepteur périphérique, lors d’une
lésion ou agression tissulaire aiguë. Ces douleurs nociceptives se rencontrent essentiellement lors d’états inflam
matoires et post-traumatiques et sont, en général, aiguës. Ce sont des douleurs de mécanisme périphérique et
probablement les douleurs les plus accessibles à un traitement médicamenteux. En réalité, les douleurs nocicep
tives sont souvent associées à des phénomènes neuropathiques, pour former les douleurs dites mixtes, les plus
fréquentes.
- Post-traumatique
- Péri et post-opératoire
- Inflammation aiguë: arthrite, colique néphrétique
- Induite par les gestes et les soins
- Douleurs du cancer (qui sont souvent mixtes)
- Douleur induite par le mouvement
• L’essentiel à comprendre :
Les douleurs nociceptives ou par excès de nociception sont liées à l’activation des récepteurs nociceptifs péri
phériques tissulaires présents dans la plupart des tissus, sauf le cartilage qui n’est ni innervé ni vascularisé.
Ces phénomènes concernent donc surtout la phase de transduction.
La sensibilisation des nocicepteurs périphériques est due à l’action de substances libérées lors de
l’inflammation (prostaglandines, leucotriènes, histamine) ou par les terminaisons nerveuses.
• Dans tous les cas, le message douloureux va ensuite être conduit vers la moelle épinière, et toutes les structures
centrales de la douleur, pour être modulé et donner naissance à la sensation douloureuse.
• La physiopathologie de ces douleurs est décrite de façon approfondie dans le chapitre « physiopathologie de la
douleur ».
3.1. Clinique
• Les douleurs nociceptives sont en général aiguës et plutôt intenses. Habituellement, le vocabulaire utilisé par les
patients est limité, peu métaphorique, au contraire des douleurs neuropathiques.
• Dans les douleurs nociceptives, on observera surtout une hyperalgésie.
- Le traitement de la cause de la douleur nociceptive permet souvent de réduire les douleurs : traiter
l’inflammation, traiter le cancer, la lésion traumatique...
- Chercher à prévenir les douleurs, à les anticiper: douleurs du cancer, douleurs induites par les soins,
douleurs post-opératoires, douleur induite par la rééducation, la mobilisation...
- Réduire l’anxiété des patients, en les informant, en préopératoire, avant un soin, avant une
mobilisation...
- Utiliser essentiellement les médicaments antalgiques des 3 paliers, et notamment les morphiniques,
en les associant éventuellement à des techniques locales : anesthésiques locaux, radiothérapie locale,
ou générale: MEOPA, relaxation...
- Préférer la gestion des douleurs par le patient lui-même, par voie orale.
- La gestion des douleurs nociceptives permet une récupération plus rapide, et moins de séquelles
douloureuses.
- Dans le cas de douleurs nociceptives prévisibles, comme dans le cancer (accès douloureux
paroxystique), prévoir un traitement adapté systématiquement.
- Ne pas se référer aux paliers de l’OMS pour les douleurs non cancéreuses ; les paliers de l’OMS sont
validés dans les douleurs du cancer.
- Les traitements modulateurs de la douleur, à action centrale, tels que les antidépresseurs ou
antiépileptiques sont peu efficaces ici et n’ont pas d’indication.
Conclusion
• Les douleurs nociceptives sont fréquentes, et encore insuffisamment traitées. Leur mécanisme est simple, ainsi
que leur évaluation, et nécessite si possible de traiter la cause, l’inflammation étant souvent au premier plan. Si
les progrès majeurs de l’anesthésie ont permis d’améliorer de façon notable les douleurs péri-opératoires, il reste
encore des progrès importants à faire dans la prise en charge des douleurs induites ou encore, des douleurs du
cancer.
► BIBLIOGRAPHIE
- Viel E., Gâche A., de La Coussaye J-E. L’analgésie pour douleur traumatique de l’adulte, in : DEQUAD URGENCES, Douleurs aiguës
en situation d’urgence: des techniques à la démarche qualité, G. Bleichner, F. Brunet, M. Chauvin, J.-L. Ducassé, B. Mangola,
P. Ravaud, A. Ricard Hibon, É. Viel, C. Wood eds, Arnette : Paris, 2004 :148-156.
- Fletcher D., Chauvin M. Douleurs aiguës, Collection Références en douleur et analgésie, L. Brasseur, D. Bouhassira et M. Chauvin
eds, Paris: Arnette, 2006.
i. Savoir que les douleurs par excès de nociception sont fréquentes en aigu et dans l’inflammation,
beaucoup moins fréquentes en chronique.
2. La douleur par excès de nociception ne doit plus être considérée comme une douleur utile. Il faut la
traiter dans tous les cas.
3. Il n’existe pas de questionnaire spécifique des douleurs par excès de nociception, au contraire des
douleurs neuropathiques.
4. Les douleurs par excès de nociception, ou nociceptives, sont traitées avant tout par des médicaments,
et en général avec efficacité.
Différencier :
• l’anesthésie : blocage complet des sensations par voie locale ou
générale, pour permettre un geste, une chirurgie ;
• et l’analgésie : modulation du message douloureux pour
soulager la douleur.
En lien avec la prise en charge aiguë et chronique
249. Prescrire des anti-inflammatoires non- Les AINS sont les antalgiques de choix de la douleur aiguë et
stéroïdiens (AINS) nociceptive.
250. Prescrire des antalgiques
258 Prévention de la douleur liée aux soins
K Douleurs neuropathiques
Chapitre rfy---------------------------------------
~ Situations cliniques particulières,
description clinique, étiologies
a 1. Définitions_______________________________________
Douleurs neuropathiques... 55 ◄
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b 2. Epidémiologie____________________________________
• Les douleurs neuropathiques ont longtemps été sous-estimées, mais en réalité ne sont pas rares. Ainsi, environ
7 % de la population générale (après 18 ans) présente des douleurs neuropathiques, soit l’équivalent d’un quart de
la population souffrant de douleur chronique.
a 3» Étiologies_______________________________________
• Il existe une grande diversité des contextes cliniques et de lésions nerveuses en cause dans les douleurs neuropa
thiques. Ces lésions ne correspondent pas nécessairement à des maladies neurologiques, et peuvent être méca
niques, infectieuses, toxiques ou métaboliques. Les douleurs neuropathiques n’apparaissent donc pas seulement
dans un contexte neurologique et concernent toutes les spécialités médicales (Tableau 1).
• Étiologies périphériques
- Radiculopathies (hernie discale, canal lombaire étroit, radiculopathie après chirurgie du rachis...) :
les plus fréquentes en population générale ;
- Lésions nerveuses post-opératoires ou post-traumatiques (exemple : douleurs post-thoracotomie, post
mastectomie, douleurs après chirurgie inguinale, après prothèse totale du genou...).
- Syndromes canalaires (canal carpien notamment).
- Neuropathies diabétiques et non diabétiques (chimio induite notamment sels de platine, sida, alcool,
maladie de système, métabolique, génétique, toxique, idiopathique, à petites fibres...)
- Douleurs post-zostériennes.
- Plexite radique (notamment après radiothérapie pour cancer du sein).
- Douleurs neuropathiques associées au cancer (par compression ou envahissement nerveux).
• Étiologies centrales
• Accident vasculaire cérébral
- Lésions médullaires traumatiques ;
- Sclérose en plaques ;
- Syringomyélie ;
- Traumatisme crânien grave.
4.1.1. Le contexte
• L’interrogatoire recherche un contexte de lésion ou de maladie du système nerveux. Un intervalle libre entre
la lésion et l’apparition de la douleur est possible mais pas constant. La chronicité est établie par la persistance de
la douleur depuis plus de trois mois.
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Item 134-4
Prévalence 25 % 7%
en population (15 % pour les douleurs modérées à (5 % pour les douleurs modérées à
générale sévères) sévères)
Douleurs neuropathiques... 57 ◄
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4.2. Examen clinique
4.2.1. Topographie
» L’examen neurologique retrouve des signes évocateurs d’une atteinte dans un territoire neuro-anatomique com-
patible avec une atteinte du système nerveux. L’atteinte d’une zone sensitive limitée et systématisée à un territoire
nerveux évoque une atteinte nerveuse ou tronculaire, l’atteinte d’un dermatome évoque plutôt une lésion au
niveau d’une racine, la latéralisation sur hémicorps une atteinte du système nerveux central supérieur et enfin une
lésion médullaire est suspectée en cas d’atteinte bilatérale, en particulier de la partie inférieure du corps. Cepen
dant la topographie douloureuse peut être trompeuse, et non parfaitement superposable au territoire nerveux
concerné par la lésion.
► 5® Douleurs neuropathiques...
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Item 134-4
g
i- i Questionnaire DN4
INTERROGATOIRE DU PATIENT
OUI NON
1 - Brûlure
2 - Sensation de froid douloureux
3 - Décharges électriques
OUI NON
4 - Fourmillements
5 - Picotements
6 - Engourdissement
7 - Démangeaisons
EXAMEN DU PATIENT
OUI NON
8 - Hypoesthésie au tact
9 - Hypoesthésie à la piqûre
OUI NON
10 - Le frottement
Douleurs neuropathiques... 59 ◄
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► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Moisset X, Bouhassira D, Avez Couturier J, Alchaar H, Conradi S, Delmotte MH, Lanteri-Minet M, Lefaucheur JP, Mick G, Piano
V, Pickering G, Piquet E, Regis C, Salvat E, Attal N. Pharmacological and non-pharmacological treatments for neuropathie pain:
Systematic review and French recommendations. Rev Neurol (Paris). 2020.
• Pour aller plus loin
- Bouhassira D., Attal N. « Douleurs neuropathiques », 2nde édition, in : Brasseur L., Bouhassira D., Chauvin M., editors, « Référence
en douleur et analgésie », Paris, Éditions Arnette, 2011.
- Colloca L, Ludman T, Bouhassira D, et al. Neuropathie pain. Nat Rev Dis Primers 2oi/;3:i/oo2.
1. Une lésion ou une maladie du système nerveux est à l’origine de la douleur neuropathique.
2. La douleur neuropathique peut être isolée ou associée à une douleur nociceptive.
3. Le diagnostic de douleur neuropathique est avant tout clinique.
4. Douleur et sensations anormales non douloureuses (paresthésies, dysesthésies) coexistent dans un
même territoire.
5. Les descripteurs les plus souvent utilisés pour décrire la douleur neuropathique sont la brûlure, les
décharges électriques, le froid douloureux.
6. Les sensations anormales les plus souvent rapportées sont les fourmillements, les picotements, les
engourdissements, les démangeaisons.
7. L’examen clinique retrouve des signes positifs et négatifs dans un territoire compatible avec une
systématisation neuro-anatomique.
8. Les signes négatifs les plus souvent retrouvés sont le déficit sensitif à la piqûre et au toucher.
9. Le signe positif le plus souvent rapporté est l’allodynie au frottement.
10. L’allodynie correspond à une douleur provoquée par une stimulation non douloureuse.
Le piège à éviter :
• L’étiologie ne doit pas orienter votre diagnostic de douleur. Des pathologies neurologiques
peuvent ne pas être douloureuses, alors que la douleur neuropathique peut être présente dans
des contextes non neurologiques (par exemple : la douleur neuropathique post-chirurgicale).
Ne pas oublier :
• Les douleurs neuropathiques coexistent souvent avec des douleurs nociceptives, réalisant alors
des tableaux de douleurs mixtes (par exemple : lombo-radiculalgie).
► 60 Douleurs neuropathiques...
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Principales situations de départ en lien avec l’item 134-4 :
« Douleurs neuropathiques »
Douleurs neuropathiques... 61 «
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1 178. Demande/prescription raisonnée et choix d’un Aucun examen complémentaire n’est nécessaire pour
examen diagnostique reconnaître le caractère neuropathique de la douleur et
débuter un traitement analgésique adapté. Des examens
complémentaires sont souvent nécessaires, dans le
cadre d’une enquête sur la pathologie en cause (EMG si
périphérique, IRM si centrale).
62 Douleurs neuropathiques...
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Item 134-5
Chapitre
Douleurs du cancer :_____
Mécanismes et traitement
Dr Julien Guérin, Dr Sinja Meyer
PH, Centre d’Évaluation et de traitement de la Douleur,
Hôpital Saint-Antoine, Paris
2. Mécanismes des douleurs chez les cancéreux Reconnaître et évaluer une douleur aiguë et une douleur
3. Classification des douleurs cancéreuses chronique (douleurs nociceptives, neuropathiques et
4. Objectifs et principes thérapeutiques des douleurs dysfonctionnelles), chez l’adulte et la personne âgée /
peu communicante.
du cancer
5. Mettre en œuvre la stratégie thérapeutique
6. Gérer les effets secondaires des opioïdes
7. Utiliser les autres analgésiques co-analgésiques
Douleur
de fond
Si la douleur de fond n’est pas bien contrôlée, il ne s’agit pas d’ADP. Les accès douloureux de fin de dose
ne sont pas des ADP et inciteront à réévaluer le traitement de fond : augmentation de dose notamment.
(Accord professionnel)
• Avant d’envisager toute forme de traitement un bilan sérieux doit donc être effectué, et dans la mesure
du possible, des traitements étiologiques doivent être proposés.
• ll faut chercher à prévenir la douleur plutôt qu’à calmer les symptômes une fois qu’ils se manifestent.
Pour y arriver, il faut administrer, régulièrement des doses optimales d’un antalgique approprié, sans
attendre que le malade ne le demande.
• Cette attitude, qui atténue la crainte du malade devant la survenue d’une nouvelle crise, permet
souvent de diminuer à terme la dose d’antalgique nécessaire.
• ll faut traiter le malade en préservant une lucidité suffisante pour qu’il puisse communiquer avec ses
proches, et qu’il reste aussi autonome que possible.
• ll faut traiter également les autres symptômes (nausées, vomissements, incontinence, constipation,
diarrhée, faiblesse, insomnie, dyspnée...) et en particulier les facteurs psychologiques susceptibles
d’aggraver la douleur : anxiété, dépression, fatigue.
• ll ne faut jamais utiliser de procédés qui risqueraient d’altérer la confiance du malade en son médecin.
Palier III
Palier II
Antalgiques
opioïdes forts
Antalgiques
Palier I opioïdes faibles
Opioïdes forts
Antalgiques Tramadol
• Morphine
non opioïdes • Oxycodone
Codéine • Fentanyl
Aspirine
• Hydromorphone
Paracétamol
Poudre
Néfopam d’opium
AINS
5.2.1. La codéine
• Agoniste opioïde naturel de faible puissance. La codéine se transforme en morphine dans une faible proportion
après biotransformation par le cytochrome CYP 2D6. Toutefois 5 à 10 % de la population caucasienne ne possède
pas de CYP 2D6 fonctionnel (codéine inactive après son administration).
• La codéine est disponible soit en association avec le paracétamol (Dafalgan codéiné, Codoliprane,...) ou seule
sous forme de sirop en pédiatrie (Codenfan) ou sous forme LP de dihydrocodéine (Dicodin, posologie de 60 mg
deux fois par jour).
• En association, la dose de paracétamol varie de 300 à 600 mg par unité. La dose de codéine varie elle aussi de 20
à 50 mg par unité.
5.2.2. Le tramadol
• Le tramadol est un opioïde synthétique d’action centrale mixte. Le tramadol et son principal métabolite se lie aux
récepteurs opioïdes de type p (agoniste partiel) et inhibe la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine : il
possède ainsi une action intéressante dans le cadre des douleurs neuropathiques.
• Le tramadol existe seul sous forme à libération prolongée (LP 12 h ou 24 h) ou sous forme à libération immédiate
(1 prise toutes les 4 à 6 h). Il existe également sous forme associée au paracétamol (37,5 mg de tramadol + 325 mg
de paracétamol) à prendre toutes les 4 à 6 h.
• La dose maximale de tramadol per os est de 400 mg/j. et 600 mg/j. en IV (usage hospitalier).
Sulfate de morphine Skénan® LP Gélules 10, 30, 60,100 et 200 mg Toutes les 12 heures
à libération prolongée Comprimés 10, 30, 60,100 et 200 mg
_____________ Moscontin® LP Toutes les 12 heures
Chlorhydrate Sophidone® LP Gélules 4,8,16 et 24 mg Toutes les 12 heures
d’hydromorphone
Fentanyl transcutané Durogésic® LP Patches 12, 25, 50, 75,100 pg/h Toutes les 72 heures
(libération prolongée)
• Passage du fentanyl transdermique à la forme orale (morphine LP ou oxycodone LP) : première administration
orale à libération prolongée 12 heures après le retrait du patch fentanyl transdermique.
6.1. Principes
• À l’exception de la constipation, qui doit être systématiquement prévenue, les autres sont moins fréquents et
tendent à disparaître dans les premiers jours du traitement.
Conclusion
• Les douleurs du cancer relèvent de causes très variées qui nécessitent chacune des traitements spécifiques.
• Les douleurs du cancer restent encore sous-évaluées et sous traitées, même si les freins à l’utilisation des opioïdes
ont été levés et si d’autres approches ont été développées.
• Les méthodes thérapeutiques permettent actuellement une meilleure qualité de vie et un retour du malade à son
domicile grâce à une collaboration étroite entre le médecin référent, les correspondants de ville et l’hospitalisation
à domicile.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Recommandations pour la pratique clinique : Standards, Options et Recommandations pour l’évaluation de la douleur chez
l’adulte et l’enfant atteints d’un cancer. Mise à jour 2003 et 2013.
- http://www.sfetd-douleur.org/douleur/cancer/article.phtml?id = rc%2forg%2fsfetd%2fhtm%2fArticle%2f2oii%
2f2onoi22-i8o5O9-395)
1 . II faut évaluer et réévaluer périodiquement non seulement l’intensité mais aussi le mécanisme
physiopathologique qui peut évoluer dans le temps : généralement au début par excès de nociception,
puis mixte et qui peut avoir, par la suite, une composante neuropathique majeure (évolution tumorale
naturelle ou traitement chimio/radio...) et/ou nociplastique. C’est cette analyse qui va conditionner les
thérapeutiques choisies.
2 . Pour chaque proposition thérapeutique il faut évaluer la balance bénéfices-risques.
• Ne pas oublier :
- d’évaluer et réévaluer non seulement l’intensité mais penser aussi au mécanisme physiopatholo
gique (déterminant dans le choix des traitements).
- expliquer la prescription (la morphine est en général considérée comme « le médicament de fin de
vie »), prendre des exemples (opioïdes chez le patient brûlé, post-opératoire...).
• Très important :
- prescrire un antalgique en fonction de l’intensité, ne pas hésiter à proposer un palier 3 d’emblée
si l’intensité de la douleur est à 6. Possibilité d’associer un antalgique de palier 1 à un antalgique
de palier 3 ;
- prendre en compte systématiquement les accès douloureux, les analyser et prescrire des inter
doses.
249. Prescrire des anti-inflammatoires non-stéroïdiens 5.1. Connaître les antalgiques de palier i
(AINS)____________________________________________ • Le paracétamol
250. Prescrire des antalgiques • Les Al NS
251. Prescrire des corticoïdes par voie générale ou 5.2. Connaître les antalgiques de palier 2
locale 5.2.1. La codéine
254. Prescrire des soins associés à l'initiation d'une 5.2.2. Le tramadol
chimiothérapie 5.2.3. La poudre d’opium
258. Prévention de la douleur liée aux soins 5.3. Connaître les antalgiques de palier 3
259. Évaluation et prise en charge de la douleur aiguë 5.3.2. Indications des opioïdes dans les douleurs cancéreuses
260. Évaluation et prise en charge de la douleur 5.3.2.1. Douleur de fond : formes à Libération Prolongée (LP)
chronique • Morphine, oxycodone en première intention
264. Adaptation des traitements sur un terrain • Douleurs chroniques d’origine cancéreuse, stables, =
particulier insuffisant rénal, insuffisant hépatique, intenses ou rebelles aux autres antalgiques (adulte) :
grossesse, personne âgée...) Fentanyl transdermique en patch.
297. Consultation du suivi en cancérologie 5.3.2.2. Accès Douloureux « classiques » :
• Sulfate de morphine Ll,
• Oxycodone Ll,
5.3.2.3. ADP : formes transmuqueuses de fentanyl
5.3.2.5. Rotation ou relais entre forme orale et transdermique
En lien avec les situations diverses
337. Identification, prise en soin et suivi d'un patient ll faut :
en situation palliative • chercher à prévenir la douleur plutôt qu’à calmer les
348. Suspicion d'un effet indésirable des médicaments symptômes ;
ou d'un soin • traiter le malade en préservant une lucidité suffisante pour
352. Expliquer un traitement au patient (adulte/ qu’il puisse communiquer avec ses proches, et qu’il reste
enfant/adolescent) ________ ___ aussi autonome que possible ;
354. Évaluation de l'observance thérapeutique • traiter également les autres symptômes et les facteurs
psychologiques susceptibles d’aggraver la douleur.
évaluer et traiter
Pr Gisèle Pickering
PU-PH, Laboratoire de Pharmacologie Fondamentale et
clinique de la Douleur
Inserm Neurodol 1107, Faculté de Médecine,
Service de Pharmacologie Clinique/ Inserm CIC 1405,
Centre Hospitalier Universitaire, Clermont-Ferrand
OBJECTIFS : n°134-6 : Bases neurophysiologiques ,
A 1. Définition
• La douleur est l’un des motifs les plus importants de consultation en gériatrie.
• Elle est le signe essentiel d’appel d’un grand nombre de maladies aiguës et chroniques.
• La prise en charge est capitale chez le sujet âgé et peut être complexe en particulier chez le sujet fragile.
• La douleur demeure sous-estimée et sous-traitée chez la personne âgée en particulier lorsque des troubles de la
communication verbale et/ou de la cognition sont présents.
a 3. Étiologies_______________________________________
• Types de douleur chez le sujet âgé :
- douleur aiguë : les pathologies aiguës habituellement douloureuses peuvent avoir une symptomatologie
atypique et silencieuse (infarctus du myocarde, pathologie chirurgicale) ;
- douleurs chroniques : très fréquentes, avec un retentissement sur l’état général, le psychisme, la vie socio-
familiale du sujet, un isolement :
> chez les sujets valides : douleurs musculo-squelettiques (arthrose, polyarthrite, ostéoporose...), neurolo
giques (douleurs post-zostériennes, névralgies faciales post-chirurgie, post-diabète), algodystrophies, dou
leurs viscérales, cancers évolués ;
> chez les sujets alités : douleurs de décubitus, intriquées, ostéoarticulaires, attitudes vicieuses et rétractions
tendineuses, douleurs d’appui et d’ischémie tissulaire, douleurs neurologiques (AVC, Parkinson évolué),
douleurs de fin de vie.
- Douleurs neuropathiques fréquentes >10 % de la population générale.
• En général, chez le sujet âgé, l’inefficacité de certains antalgiques est rarement imputable à une altération de
l’absorption, sauf pour la voie transdermique (fentanyl, lidocaïne) avec des variations de perfusion de la peau
avec l’âge.
• La distribution des médicaments peut quant à elle être affectée par les modifications des liaisons aux protéines
plasmatiques, les changements de composition corporelle (augmentation de masse grasse, diminution de masse
maigre) et de vascularisation. Il en résulte des variations du volume de distribution des antalgiques, par exemple
le fentanyl, liposoluble, qui traversera plus facilement les membranes biologiques, avec un risque potentiel de
toxicité.
• Le métabolisme hépatique est diminué surtout au cours de la phase I (phase d’oxydation, réduction et d’action du
cytochrome CYP450), alors que la phase II (conjugaison) est peu modifiée.
• L’excrétion rénale des antalgiques est certainement l’étape la plus affectée par l’âge. La clairance rénale des
antalgiques et de leurs métabolites est diminuée et doit être surveillée.
a 6. Évaluer_________________________________________
7.1.1.2. Opiacés
• Pour les douleurs d’intensité modérée, la codéine, le tramadol et la poudre d’opium (produits opiacés de palier
2) sont donnés seuls ou en association avec le palier 1.
• Quand les douleurs sont sévères, les opiacés forts sont utilisés avec, outre le risque de tolérance, de dépendance
physique ou de dépression respiratoire, des effets indésirables très handicapants pour la personne âgée : constipa
tion, nausées, vomissements, rétention d’urine, somnolence, confusion, risque de chutes et de fractures, d’autant
plus que l’association opiacés/psychotropes augmente avec l’âge. Toutefois, un bon nombre de ces effets indési
rables peuvent être anticipés, et leur risque d’occurrence ne doit pas être un frein à l’utilisation de la morphine.
La morphine n’est pas le médicament de la fin de vie. Il convient de titrer avec des formes à libération immédiate
en débutant à de faibles posologies (2,5 mg/4 h) et en augmentant lentement en fonction de l’intensité de la dou
leur qui détermine la dose efficace, avec des inter-doses si elles sont nécessaires de 1/ 10e à l/6e de la dose par 24
heures. La prise par voie orale doit toujours être préférée à la pompe à morphine, que le sujet âgé sait mal utiliser
même lorsque ses fonctions cognitives sont intactes. Les formes transmuqueuses buccales sont utiles lors d’accès
douloureux paroxystiques chez le sujet non naïf en morphiniques, en respectant les précautions d’emploi.
doses minimes et de titrer lentement jusqu’au soulagement ou jusqu’à l’apparition des effets indésirables, et de les
contre-indiquer chez les patients avec une pathologie cardio-vasculaire, ce qui est fréquent après 65 ans. Les effets
anticholinergiques périphériques : sécheresse buccale, constipation, rétention urinaire, mydriase, vision trouble
et tachycardie, et centraux sont observés à posologie thérapeutique, ce qui les contre-indique de principe chez
les patients atteints de pathologie démentielle et traités par des anticholinestérasiques, non seulement de par leur
association illogique, mais également du fait de la susceptibilité de ces patients aux anticholinergiques. De plus,
les TCA sont contre-indiqués chez les patients porteurs d’un glaucome ou d’une hypertrophie de la prostate ; ils
entraînent également des troubles de l’équilibre, une altération des performances cognitives, et majorent le risque
de confusion. Les ISRS et les ISRN semblent en général mieux tolérés que les TCA. Les opiacés sont utilisés en
seconde ligne du traitement.
• Le patch de lidocaïne 5 % (et de capsaïcine, mais avec moins de données chez le sujet âgé) est utile pour les neu
ropathies périphériques localisées (neuropathie post-zostérienne) ; toutefois, les patchs doivent être évités chez
les patients recevant des antiarythmiques de classe I (mexilétine) et chez les insuffisants hépatiques, en raison du
risque de surdosage.
• L’échec thérapeutique est fréquent dans la douleur neuropathique, avec des retentissements délétères sur l’acti
vité physique, l’autonomie, la qualité de vie, et avec un arrêt précoce du traitement prescrit. Enfin, les règles
d’administration des médicaments doivent être bien respectées, en particulier pour les médicaments à libération
prolongée qui ne doivent pas être ouverts ou écrasés, au risque de modifier la cinétique et le rapport bénéfice/
risque du médicament.
• En plus de la maximisation du ratio bénéfice/risque, il est important de faire de l’éducation thérapeutique auprès
du patient, et d’expliquer le traitement de manière empathique afin de favoriser l’effet placebo.
► BIBLIOGRAPHIE
• Les références à retenir
- Capriz F, Chapiro S, David L, Floccia M, Guillaumé C, Morel V, Berlemont C, Gautier JM, Hérisson B, de Montgazon G, Poulain P,
Pickering G. Consensus multidisciplinaire d’experts en douleur et gériatrie : utilisation des antalgiques dans la prise en charge
de la douleur de la personne âgée (hors anesthésie). Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement 2017.18, 234-247.
- Recommandations de l’HAS. Évaluation et prise en charge de la douleur chez les personnes âgées, www.has-sante.fr
Utile :
• Les interactions entre douleur, dépression et démence font qu’il est essentiel d’évaluer et de
prendre en charge ces trois domaines chez la personne âgée.
Ne pas oublier :
• La douleur est sous-estimée et sous-traitée. Les effets indésirables des antalgiques peuvent se
présenter de manière atypique chez la personne âgée.
Préjugés à éviter :
1. Le patient ne se plaint pas, donc il n’a pas mal.
2. La douleur de la personne âgée est « normale » avec le vieillissement.
3. Les patients déments ont une moindre perception de la douleur.
34. Douleur abdominale La douleur est l’un des motifs les plus importants de
consultation en gériatrie.
35. Douleur chronique
Elle est le signe essentiel d’appel d’un grand nombre de
36. Douleur de la région lombaire maladies aiguës ou chroniques.
67. Douleurs articulaires La douleur demeure sous-estimée et sous-traitée chez la
personne âgée en particulier lorsque des troubles de la
72. Douleur du rachis (cervical, dorsal, lombaire)
communication verbale et/ou de la cognition sont présents.
77. Myalgies
86. Escarres
99. Douleurs pelviennes
En lien avec l’épidémiologie
258. Prévention de la douleur liée aux soins Rechercher de manière pro-active les situations
potentiellement douloureuses.
259. Évaluation et Prise en charge de la douleur aiguë Échelle numérique ou verbale simple, et en cas
d’échec, ou chez le sujet non communicant, une échelle
260. Évaluation et Prise en charge de la douleur
d’hétéroévaluation.
chronique
Les médicaments antalgiques utilisés sont les mêmes
264. Adaptation des traitements chez la personne âgée que chez l’adulte plus jeune, mais les effets indésirables
et les contre-indications sont plus nombreux à cause des
250. Prescrire des antalgiques comorbidités et de la polymédication.
Effets indésirables peuvent être anticipés.
II est recommandé d’associer des techniques non-
pharmacologiques aux antalgiques.
Chapitre
Douleur chez l’enfant : évaluation
et traitements antalgiques
Dr Sophie Dugué, Dr Élisabeth Fournier Charrière OBJECTIFS N° 137. Douleur chez l’enfant :
ÉVALUATION ET TRAITEMENTS ANTALGIQUES
PH, Centre de la douleur et de la migraine de l’enfant,
Hôpital Trousseau, AP-HP, Paris Savoir évaluer la douleur de l’enfant par les outils
d’évaluation adaptés.
Repérer, prévenir et traiter les manifestations
douloureuses pouvant accompagner les pathologies
PLAN de l’enfant.
-> Connaître les médicaments utilisables chez l’enfant
1. Pour bien comprendre la douleur de l’enfant selon l’âge, avec les modes d’administration, indications
2. Prise en charge des manifestations douloureuses et contre-indications.
3. Prévenir et traiter la douleur Connaître les moyens non médicamenteux utilisables
chez l’enfant.
thique, prostré : c’est l’atonie ou inertie psychomotrice, plus ou moins intense, allant d’un retrait minime à la
prostration majeure. L’attention doit être attirée par ces enfants « trop calmes » dont la douleur peut être mécon
nue. Le terme de douleur prolongée ou installée est à retenir (plutôt que celui de douleur chronique).
• Douleurs récurrentes : accès répétés de douleur aiguë, avec parfois des douleurs intercritiques plus ou moins
prolongées ou chroniques ; par exemple : douleurs abdominales récurrentes, crises vaso-occlusives des enfants
drépanocytaires, migraines.
• Douleur chronique : plus de 15 jours par mois, plus de 3 mois, mais peut aussi être reconnue dès que sa durée
dépasse l’évolution attendue (douleur persistante, par exemple, en postopératoire). Des facteurs psychologiques
interviennent dans l’aggravation, le maintien ou la genèse de ces douleurs chroniques (événements de vie ou
changements dans l’environnement de l’enfant, soucis familiaux, émotions de type anxiodépressives, situations
de violence).
Il s’agit :
- soit (le plus souvent) de douleurs sans cause reconnue (ou suivant un événement somatique mineur et disparu) :
céphalées chroniques, douleurs musculo-squelettiques chroniques localisées ou diffuses (lombalgies, syndrome
douloureux régional complexe, douleurs plus ou moins généralisées), douleurs abdominales récurrentes ;
- soit de douleurs liées à une maladie somatique chronique (handicap, cancer, drépanocytose, hémophilie,
rhumatisme...), souvent amplifiées par les facteurs psycho-sociaux.
Stade de
Caractéristiques Proposition de ressources pour les soignants
développement
2-7 ans : - Jusqu’à 4 ans environ, l’enfant vit dans l’instant - Favoriser la présence permanente des
le petit enfant présent (ICI et MAINTENANT) sans bien distin parents qui sont comme le garant de son
guer monde imaginaire et monde réel, percep sentiment de sécurité ;
tions à l’intérieur et à l’extérieur de lui. - Informer avec des mots simples ou par
- Raisonnement magique : il pense que l’adulte le jeu, la veille ou le jour même ;
sait ce qu’il ressent et il fait peu le lien entre le - Rassurer, affirmer que « ce n’est pas de
traitement et le soulagement. sa faute » ;
-Association méchanceté et douleur : maladie et - Distraire et faire accéder au monde
douleur sont souvent vécues comme une puni imaginaire.
tion.
- Point de vue égocentrique: il ne peut pas
comprendre qu’il faut lui faire parfois du mal
(examens, piqûres) pour qu’il aille mieux. Il tient
l’autre pour responsable de sa douleur, accuse
les soignants et peut dire à l’infirmière qu’elle est
méchante si elle lui fait mal, et se montre parfois
agressif envers ses parents.
7-11 ans : - L’enfant commence à comprendre et analyser de - Expliquer, informer sans mentir ni
le grand façon autonome ; ses émotions sont comme en dramatiser,
enfant veilleuse, son raisonnement progresse, il acquiert - Développer avec les parents (dont la
beaucoup de connaissances. présence peut ne plus être permanente)
- Perception de la douleur comme une expérience les moyens de participer, de faire face
physique du corps, mais le rôle de chaque organe (coping, courage).
reste confus. - Distraire et/ou accompagner par l’hyp
- Stress, peur : il a facilement des peurs, des nose.
phobies ; la peur de la mort et d’une lésion de
son corps peut l’envahir si la douleur forte se
prolonge.
- II comprend de mieux en mieux les causes et les
conséquences, aime les explications, est capable
d’adhérer aux soins et devient un partenaire
fiable pour adapter le traitement.
Après il ans : - II appréhende le monde en terme plus abstraits. - Informer clairement, négocier souvent
l’adolescent - La maladie et la douleur peuvent être comprises, pour obtenir alliance et compliance au
attribuées à des causes physiologiques et/ou traitement proposé.
psychologiques, au mauvais fonctionnement d’un - Etablir parfois comme un contrat de
organe ou à de l’anxiété. soins.
-Autonomisation et modifications corporelles dans - Favoriser l’autonomie par rapport aux
le contexte de puberté s’accompagnent de fortes parents (tout en maintenant leur place)
émotions (vulnérabilité). Maladie et douleur et la présence des amis.
interrompent sa trajectoire et coupent les liens - Proposer des moyens non pharmaco
avec les amis. logiques variés Importance des écrans
- L’adhésion aux soins est perturbée par des dont l’utilisation ne doit pas être attri
phases d’opposition voire de révolte (refus de buée à une absence de douleur (intérêt
traitement plus ou moins clair) et/ou des phases pour le maintien du lien, coping).
dépressives et de perte de confiance (apparente
immaturité, régression, par exemple dépendance
à la mère lors des soins).
Consigne : elle a été définie précisément par les auteurs : « Ces visages montrent combien on peut avoir mal.
Ce visage (montrer celui de gauche) montre quelqu’un qui n’a pas mal du tout. Ces visages (les montrer un à un
de gauche à droite) montrent quelqu’un qui a de plus en plus mal, jusqu’à celui-ci (montrer celui de droite), qui
montre quelqu’un qui a très très mal. Montre-moi le visage qui montre combien tu as mal en ce moment. » Les
scores sont de gauche à droite : o, 2, 4, 6, 8, 10.
Échefte viiuelt*
analogique
adaptée à l'enfant
de 5 à 10 an*.
PréMftMw l'écMîé
verticalement
®t demander
à l'enfant de placer
da amur
*»
au haut
cjw ta dtxibeti»
* grande.
es
â
:>r I i>wx.k)»«xi 3
Consigne de passation : La réglette est à présenter à l’enfant de façon verticale du côté du curseur. II est nécessaire
d’expliquer à l’enfant, l’extrémité basse «Pas mal du tout» (« pas de douleur » ou « pas mal du tout »), et
l’extrémité haute « Très, très mal » (« douleur très forte » ou « très très mal ») de l’échelle et de s’assurer qu’il
comprend bien comment positionner le curseur aussi haut que sa douleur est grande. Au verso, la position du
curseur permet au soignant de lire, de coter l’intensité de la douleur, par un chiffre de 0 à 10 (ou de 0 à 100). La
tendance est de noter sur 10 et non plus sur 100. Le seuil de traitement est fixé à 3.
Evaluation
Enfant de 0 à 7 ans
Douleur
Signe
Notez tout ce que vous observez. Signe
Signe moyen
Signe fort
Évaluez toujours î au repos et à la mobilisation faible ou environ
absent ou quasi
avant et après l'antalgique. ou passager la moitié
permanent
du temps
IMimique
I Mouvements
I Positions
a une attitude inhabituelle et/ou antalgique et/ou se protège et/ou reste immobile
Consignes de passation : Notez tout ce que vous observez même si vous pensez que les signes ne sont pas dus
à la douleur, mais à la peur, à l’inconfort, à la fatigue ou à la gravité de la maladie. Évaluez toujours au repos
au calme (observez l’enfant avant tout soin ou examen, dans les meilleures conditions possibles de confort
et de confiance, par exemple à distance, avec ses parents, quand il joue...), et à l’examen ou la mobilisation
(examen clinique ou mobilisation ou palpation de la zone douloureuse par l’infirmière ou le médecin). Réévaluez
régulièrement en particulier après antalgique, au moment du pic d’action : après 30 à 45 minutes si oral, 5 à
20 minutes si IV. EVENDOL est élaborée et validée de la douleur aiguë (cris, protestation), à la douleur installée
prolongée (immobilité, prostration, jusqu’à l’atonie psycho-motrice), pour les urgences (des simples consultations,
suivies ou non d’hospitalisation, jusqu’à l’intervention SAMU), en post-opératoire, dès la naissance (à la maternité
ou en néonatologie), et jusqu’à l’âge où l’enfant peut s’évaluer lui-même. Plus d’infos sur pediadol.org. © 2011 -
Groupe EVENDOL.
• Différentes échelles d’autoévaluation ou d’hétéroévaluation de la douleur sont disponibles selon les situations
(Tableaux 1 et 2). Ces listes sont données à titre informatif et leur contenu n’est pas à mémoriser pour la R2C.
Retenir principalement pour la pratique courante : EVENDOL, EVA pédiatrique et échelle de visage FPS.
Tableau 1. ÉCHELLES RECOMMANDÉES SELON L’ÂGE ET LA SITUATION POUR UNE DOULEUR LIÉE À LA MALADIE
OU À LA CHIRURGIE
Âge Échelle Seuil de traitement
Hétéro-évaluation EDIN *
435/15
Nouveau-né à terme EVENDOL (nouveau-né à terme en néonatologie ou **
4/15
ou prématuré maternité)
Hétéro-évaluation EVENDOL (pour toute douleur, aiguë ou prolongée **
4/15
0-7 ans avec atonie, 0-7 ans)
• Le schéma du bonhomme permet de mieux connaître la ou les différentes localisations des douleurs. L’enfant
colorie ses zones douloureuses en utilisant 4 couleurs différentes de son choix selon leur intensité.
• Le DN4, score spécifique de dépistage des douleurs neuropathiques développé et validé chez l’adulte, peut être
employé ; une version pédiatrique constituée d’images et de métaphores explicitant les items existe.
• Pour les douleurs persistantes ou chroniques, une évaluation selon le modèle biopsychosocial est nécessaire.
La description de la douleur est variable, riche ou au contraire pauvre, vague, et variant dans le temps ; l’intensité
est souvent décrite élevée, alors que le comportement de douleur n’est pas flagrant ; l’impact fonctionnel et psy
chique peut être majeur (impotence fonctionnelle nécessitant parfois un appareillage de type béquilles, attelles ou
fauteuil roulant, limitation des activités physiques, familiales et sociales, absentéisme scolaire voire déscolarisa
tion, anxiété, dépression, idées suicidaires, scarifications, troubles du sommeil ou du comportement alimentaire).
L’évaluation des retentissements des douleurs au quotidien est indispensable, de même qu’analyser le contexte
(peurs, conflits, soucis, tristesses, pertes...), penser en particulier aux situations de violences verbales, physiques
ou sexuelles, intrafamiliales ou scolaires. Différente de celle des douleurs aiguës, la prise en charge des douleurs
chroniques est très orientée vers la situation psycho-sociale, familiale, avec des méthodes non pharmacologiques
au premier plan.
La douleur liée aux soins est vécue par les petits enfants comme une agression incompréhensible,
sans rationnel, d’où détresse et protestations vite majeures même pour un soin banal pour l’adulte
(vaccination, prise de sang). La plupart des soins génèrent douleur et peur ; une phobie des soins peut
s’installer rapidement.
Prévention de la douleur et de la peur doivent être systématiques, dès le 1er soin, en collaboration avec
les parents, avec des méthodes non pharmacologiques toujours, et des moyens pharmacologiques
souvent.
3.2.1. Principes
antispasmodiques *
phloroglucinol
tramadol
nalbuphine
Palier 3 morphine
*
fentanyl patch
*
Prégabaline (hors AMM)
Anesthésique local *
Versatis® patch (hors AMM)
Modulateur Néfopam
* (hors AMM)
(anti hyperalgésie) *
Kétamine
Intensité EVAou EN
Activités de l’enfant Antalgique
de la douleur (0 à 10)
Légère 1à3 normales ou subnormales Abstention ou
paracétamol
Modérée 3à5 diminuées paracétamol
prévoir si insuffisant :
+ AINS et/ou palier 2
Intense 5à7 très pauvres paracétamol + palier 2
+ si indiqués AINS
prévoir si insuffisant palier 3
Très intense 7 à 10 arrêtées paracétamol + palier 3
+ si indiqués AINS
infections
bactériennes
sévères (ORL,
pleuropulmonaire,
cutanée ou des
tissus mous).
PO, A partir de 12 3 mg/kg/jour de Constipation, Crise d’asthme en
Cp associant codéine ans, après échec codéine en 4 ou 6 nausées, cours,
et paracétamol paracétamol et/ou prises somnolence, insuffisance
Codéine
Remarque :
• Le tramadol a un double mécanisme d’action : à la fois opioïde (fixation sur les récepteurs p) et mono
aminergique (inhibiteur de la recapture de la sérotonine). Cette molécule est donc intéressante en cas
de douleur en partie neuropathique.
• Attention à l’effet plafond de la nalbuphine : inefficace pour les douleurs sévères ; inutile d’augmenter
la dose, il faut passer rapidement à la morphine en titration !
• Pour la morphine, les principes de prescriptions de la morphine orale sont comme chez l’adulte :
titration initiale puis répartir la dose journalière de morphine orale Ll nécessaire pendant les 24 à
48èmes heures en deux prises LP (matin et soir) et associer une prescription d’interdoses de morphine
Ll si pic de douleur (i/6ème à i/ioème de la dose journalière de morphine LP).
• D’autres opioïdes sont utilisables chez l’enfant exceptionnellement, principalement pour les douleurs
du cancer : buprénorphine, fentanyl patch, hydromorphone, oxycodone.
3.2.3.1. Antispasmodiques
• Efficacité modeste et peu documentée, à associer à un autre antalgique.
• Indications : douleurs viscérales.
• Voie orale : phloroglucinol, trimébutine, tiémonium.
• Voie injectable : phloroglucinol.
► BIBLIOGRAPHIE
• Fournier-Charrière, E., Marec-Berard, P., Schmitt, C., et al., 2011. Prise en charge des douleurs neuropathiques chez l’enfant :
recommandations de bonne pratique clinique. Arch. Pediatr. 18,905-913.
Prise en charge médicamenteuse de la douleur chez l’enfant : alternatives à la codéine. Fiche Mémo. HAS, 2016.
http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2o16-o2/prise_en_charge_medicamenteuse_
de_la_douleur_chez_lenfant_alternatives_a_la_codeine_-_fiche_memo.pdf
Médicaments à base de tétrazépam, d’almitrine, de rénalate de strontium et de codéine (chez l’enfant) : avis et
recommandations du PRAC. ANSM, 2013.
http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/a8691b2745368aa4o73132f117ba1efc.pdf
Site Pédiadol. Echelles d’évaluation. Protocoles (sucre, MEOPA, morphine...). Maniement des antalgiques.
Conseils et recommandations selon les situations. Bibliographie.
www.pediadol.org
Livrets d’information à destination des enfants, des parents et des soignants et nombreux conseils pour les
parents, les enfants et les soignants : site de bassociation Sparadrap.
www.sparadrap.org
• Prise en charge médicamenteuse de la douleur chez l’enfant : alternatives à la codéine. Fiche Mémo. 2016. HAS. http://www.
has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2o16-o2/prise_en_charge_medicamenteuse_de_la_douleur_chez_lenfant_
alternatives_a_la_codeine_-_fiche_memo.pdf.
• Médicaments à base de tétrazépam, d’almitrine, de rénalate de strontium et de codéine (chez l’enfant) : avis et recommandations du
PRAC. 2013. ANSM. http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/a8691b2745368aa4o73132f117ba1efc.pdf.
• Site Pédiadol. Echelles d’évaluation, protocoles (sucre, MEOPA, morphine...) et recommandations www.pediadol.org.
• Livrets d’information à destination des enfants, des parents et des soignants : site de l’association Sparadrap, www.sparadrap.org.
• Fournier-Charrière E., Tourniaire B, et le groupe Pédiadol. Douleur de l’enfant, l’essentiel. Edition Pédiadol 2015,80 p. téléchargeable
sur le site Pédiadol.
• Recommandations de Pratiques Cliniques (RPC) de la Société Française d’ORLet de Chirurgie Cervico-Faciale. AINS et infections ORL
pédiatriques. 2017. https://www.sforl.org/wp-content/uploads/2020/02/AINS-et-infections-ORL-pediatriques.pdf
Fournier-Charrière E., Tourniaire B., et le groupe Pédiadol. Douleur de l'enfant, l'essentiel. Édition
Pédiadol 2015,80 p. Téléchargeable sur le site Pédiadol.
https://pediadol.org/wp-content/uploads/2019/02/guide_essentiel_interactif.pdf
Livrets d'information à destination des enfants, des parents et des soignants : site de l'association
Sparadrap.
www.sparadrap.org
114. Agitation
116. Anxiété
117. Apathie
153. Otalgie
159. Bradycardie
166. Tachycardie
178. Demandes/prescription raisonnée et choix d’un En fonction de l’anamnèse et de l’examen clinique, les douleurs
examen diagnostic aigues peuvent être explorées par des examens appropriés
afin de rechercher le mécanisme lésionnel sous-jacent.
Après initiation d’un traitement antalgique approprié, une
augmentation des doses et/ou un changement de palier
médicamenteux doivent faire rechercher une complication de
l’affection causale ou un événement intercurrent.
Le bilan paraclinique peut être normal sans remettre en cause
l’existence de la douleur exprimée par le patient, c’est le cas
des douleurs médicalement inexpliquées qui sont désormais
appelées douleurs nociplastiques.
250. Prescrire des antalgiques Les douleurs liées à une maladie ou traumatiques ou
postopératoires nécessitent un traitement médicamenteux,
toujours associé à un traitement non médicamenteux (au
minimum soutien relationnel, distraction).
Pour les situations de douleur aiguë ou liées au soin,
l’évaluation de l’intensité douloureuse et l’analyse du
mécanisme lésionnel permettent de choisir le ou les
antalgiques adaptés.
La prescription antalgique doit être systématique, à horaires
réguliers (selon la demi-vie de la molécule), pour la durée
prévisible de la douleur.
L’objectif est d’obtenir une analgésie rapide, c’est-à-dire
de ramener LEVA à une valeur < 3 ou 4/10, ou < à la valeur
équivalente du score comportemental choisi (par exemple,
EVENDOL < 4 ou 5/15), et d’obtenir la reprise des activités de
base de l’enfant (bouger, jouer, dormir, manger, parler).
Une surveillance étroite adaptée aux enfants traités par
morphine est indispensable.
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258. Prévention de la douleur liée aux soins La douleur liée aux soins est vécue par les petits enfants
comme une agression incompréhensible, sans rationnel, d’où
détresse et protestation vite majeures même pour un soin
banal pour l’adulte (vaccination, prise de sang). La plupart des
soins génèrent douleur et peur ; une phobie des soins peut
s’installer rapidement. La prévention de la douleur et de la
peur doit être systématique, en collaboration avec les parents,
avec des méthodes non pharmacologiques toujours, et des
moyens pharmacologiques souvent. Le choix des méthodes
d’analgésie se fait de manière anticipée et selon le niveau
attendu de douleur du soin et l’état de l’enfant.
Au décours du soin, il est important d’évaluer l’intensité des
douleurs ressenties au cours du soin.
260. Évaluation et prise en charge de la douleur Les douleurs chroniques nécessitent une prise en charge
chronique globale, selon le modèle biopsychosocial.
321. Suspicion maltraitance et enfance en danger Les douleurs médicalement inexpliquées (abdominales,
musculo-squelettiques...) relèvent surtout de méthodes
324. Modification thérapeutique du mode de vie non médicamenteuses, psychocorporelles. Elles peuvent
(sommeil, activité physique, alimentation...) témoigner de situation de maltraitance, de violences ou de
334. Demande de traitement et investigation harcèlement scolaire.
inappropriés
Chapitre
. Douleur chez la personne vulnérable :
* bases psychopathologiques
Pr Éric Serra1, Dr Françoise Radat2, Mr Jérémy
Fonseca das Neves3, Mme Christel Elies4
1. PA-PH, Psychiatre et Médecin de la Douleur,
CETD et DISSPO, CHU Amiens Picardie
2. PH, Psychiatre et Médecin de la Douleur, Bordeaux OBJECTIFS : N° 138-1. Douleur chez la personne
VULNÉRABLE.
3. Psychologue, CHU Amiens Picardie
4. Psychologue EHPAD, Amiens Repérer, prévenir et traiter les manifestations
douloureuses chez le patient psychiatrique, la personne
atteinte de troubles envahissants du développement et la
personne dyscommunicante.
PLAN
1. Généralités
2. Conséquences et facteurs psychologiques
ou relationnels de la douleur. Leurs traitements
B Diagnostic positif Diagnostiquer une douleur chez un Connaître les modalités d’expression clinique
patient souffrant d’un trouble de des douleurs associées aux principaux
personnalité troubles de personnalité
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
1.2. Composantes
• On distingue 4 composantes :
- la composante sensorielle correspond aux mécanismes neurophysiologiques qui définissent la qualité,
l’intensité, la localisation du stimulus douloureux.
- la composante affective traduit la tonalité désagréable du stimulus douloureux. L’anxiété accompagne et
peut aggraver la douleur aiguë. La douleur chronique entraîne un retentissement émotionnel d’anxiété ou de
dépression.
- la composante cognitive attribue une signification à la douleur. Cette composante englobe ce que la personne
peut dire ou croire au sujet de sa douleur.
- la composante comportementale correspond aux manifestations verbales ou motrices. Elle constitue une
réaction directe à la douleur, mais également une manière pour la personne de manifester sa douleur à son
entourage.
• La douleur ou au contraire la bonne santé peuvent être créées ou entretenues par des apprentissages qui concernent
les composantes affectives, cognitives et comportementales.
B 2.1. La personnalité
• Il n’existe pas de personnalité typique du patient douloureux chronique. Toutefois, les patients les plus anxieux
rapportent davantage de symptômes somatiques, dont la douleur. Les patients les plus dépendants peuvent expri
mer leur demande d’aide à travers les plaintes somatiques. C’est le cas des patients à personnalité histrionique.
• Une maladie chronique comme la douleur chronique, modifie le profil psychologique du patient : altération du
caractère, pessimisme, préoccupation de santé.
• L’anxiété accroît la perception et la gêne occasionnée par la douleur. Elle accroît la tension musculaire, facteur de
douleur. Ainsi, un des facteurs prédictifs de la douleur post-opératoire est-il le niveau d’anxiété pré-opératoire.
• Dans la douleur chronique, par exemple la lombalgie chronique, la peur de la douleur entraîne des comporte
ments d’évitement de l’activité physique, voire de tout mouvement. La peur du mouvement ou kinésiophobie
entraîne une restriction d’activités, désignée comme comportement maladie. Se dessine alors un cercle vicieux de
la douleur avec un déconditionnement à l’activité qui favorise, à son tour, l’apparition de douleurs en raison de
l’affaiblissement musculaire et de l’enraidissement articulaire.
Le traitement consiste à remettre le patient en activité physique adaptée, progressivement, selon un programme
personnalisé précis. Cela constitue l’apprentissage d’un comportement de bonne santé.
La douleur chronique entraîne une dépression caractérisée chez 20 % des patients douloureux
chroniques en population générale et jusqu’à 60 % en Structure Douleur Chronique.
2.3.3. Somatisation
• La somatisation est un processus de santé marqué par des symptômes somatiques, dont l’origine organique n’est
pas avérée, qui s’accompagne d’une grande consommation de soins. Ces préoccupations de santé sont associées
à des niveaux élevés d’anxiété-trait. Elles sont au cœur du diagnostic du trouble somatoforme ou trouble à symp
tomatologie somatique (item 72).
• Le traitement est celui des troubles à symptomatologie somatique.
• Les individus qui se montrent hypervigilants concernant leurs sensations douloureuses endurent une augmentation
de la douleur. Chez certains sujets douloureux chroniques, comme des fibromyalgiques, l’hypervigilance
somatique aggrave le handicap. L’hypervigilance ou la difficulté de désengagement est un facteur prédictif de la
douleur chronique après une intervention chirurgicale. Les patients présentant une hypervigilance à la douleur
ont plus tendance que les autres à présenter des symptômes médicalement inexpliqués, des somatisations et à
rechercher des soins médicaux de façon inappropriée.
2.4. Comportement
2.4.1. Évitement
• Le comportement d’évitement, tant des activités physiques que des activités sociales, familiales, professionnelles,
entraîne un déconditionnement à l’activité et à l’effort. Dans la douleur lombaire, il est pris en charge dès que
possible, voire prévenu, en prescrivant de la kinésithérapie active et des activités physiques adaptées.
2.4.2. Hyperactivité
• Certains patients, considérés comme très actifs avant leurs problèmes de santé, demeurent hyperactifs. C’est une
forme d’évitement émotionnel. L’ergomanie désigne les patients qui s’adonnent au travail, parfois sans limite.
L’hyperactivité peut entretenir une lésion sous-jacente ou, la douleur et la fatigue. Elle est combattue en invitant
le patient à diminuer ses activités ou à les fractionner.
2.5. Cognitions
• Le traitement cognitif apprend au patient à critiquer ses croyances erronées : concernant les
traitements, la douleur et le trouble d’origine, le pronostic de la douleur ou de la maladie.
• Cette démarche thérapeutique permet au patient douloureux chronique d’adhérer à un objectif
thérapeutique réaliste.
• Insatisfaction au travail.
• Éviction sociale due à la douleur.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- SFETD, Référentiel. La prise en considération de la dimension psychologique des patients douloureux, Les Cahiers de la SFETD,
n° i, 2013.
• Pour aller plus loin
- Cathebras P., « Trouble psychosomatique », La Revue du Praticien, vol. 62, novembre 2012,1299-1304.
- Laroche F., Roussel P., Douleur chronique et thérapies comportementales et cognitives, Éditions In Press, Paris 2012.
- Monestes J.-L, Serra E., « Modèles cognitifs et comportementaux dans la compréhension du phénomène de douleur chronique »,
Douleurs, 2005, 6 :122-129.
- Radat F., Koleck M., « Douleur et dépression : les médiateurs cognitifs et comportementaux d’une association très fréquente »,
L’Encéphale 2011, 37 :172-179.
- Serra E., « Douleur en santé mentale. Partie 1. Les bases psychologiques de la douleur », La Revue du Praticien, vol. 63,
octobre 2013.
- Fonseca das Neves J., Süle N., Serra E., « L’émotion-douleur : de l’intérêt de considérer la douleur comme une émotion »,
L’Encéphale, 2017, dx.d0i.0rg/10.1016/j.encep.2017.02.002.
- la composante cognitive comporte des croyances et des attentes positives ou négatives qui favorisent ou
empêchent l’ajustement à la douleur chronique ;
- la composante comportementale repose sur des apprentissages amenant le patient à s’adapter par des
comportements de bonne santé ou à se chroniciser par des évitements ou une hyperactivité.
2. Toute douleur s’accompagne de symptômes psychologiques. Quand leur importance est grande, ils
aggravent la douleur. Ils peuvent aboutir à un trouble psychiatrique anxieux ou dépressif.
3. Le traitement de la dimension psychologique améliore le patient douloureux. II est le plus souvent du
ressort du médecin.
118. Céphalée
34. Douleur post-opératoire L’anxiété et la dépression favorisent la douleur post
opératoire.
En lien avec la prise en charge thérapeutique
260. Évaluation et prise en charge de la douleur Prise en charge multimodale des dimensions et des
chronique mécanismes de la douleur.
277. Suivi lombalgie
250. Prescrire antalgiques
334. Demande traitement investigation inappropriés
288. Dépression L’anxiété et la dépression peuvent nécessiter une prise en
309. Risque suicidaire prévention charge.
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
Chez les patients suivis en psychiatrie et chez les personnes atteintes de troubles envahissants du
développement, existent une surmorbidité et une surmortalité d’origines organiques.
Des explications sont avancées : troubles de communication du patient, négligence sanitaire du
patient, désocialisation du patient souvent précaire et isolé, patient seulement suivi par des équipes
psychiatriques spécialisées dans les troubles mentaux, insuffisance de la prise en charge médicale
somatique des patients psychiatriques.
• Patients psychiatriques et personnes atteintes de troubles neuro-développementaux dont les troubles du spectre
de l’autisme font partie de populations vulnérables qui imposent une attention particulière de la médecine. La
douleur, expérience sensorielle et émotionnelle, est à la fois subjective et pluridimensionnelle. Elle est plus difficile
à repérer, à évaluer, à diagnostiquer, à prévenir, à traiter, chez ces patients. Elle peut être le signe de comorbidités
organiques, de polymorbidité toujours à rechercher.
• Les dimensions psychologiques : affectives, cognitives et comportementales sont importantes, ainsi que les fac
teurs et les mécanismes psychologiques.
Parmi les explications des plus grandes morbidité et mortalité, on note des comportements de santé
à risque : sédentarité, tabagisme, troubles alimentaires, altération de l’hygiène, isolement. Une des
conséquences est la prévalence importante du syndrome métabolique imposant un bilan clinique et
paraclinique raisonné.
Attention : Il ne faut pas croire que plus les dimensions psychologiques de la douleur sont présentes,
moins probable serait la cause organique. « Plus c’est psy et moins c’est organique » est une affirmation
fausse et dangereuse.
Toute douleur aiguë est accompagnée d’une émotion à type d’inquiétude, voire d’anxiété. Le niveau
perçu de la douleur est proportionnel à cette anxiété. C’est le cas en douleur post-opératoire.
• Des douleurs sont retrouvées chez 77 % des patients en population déprimée ambulatoire.
La douleur y est chronique dans 24,5 % des cas.
• Chez les patients déprimés ou hospitalisés, la douleur s’élève à 92 %.
• Les douleurs rencontrées sont : douleurs musculaires, cervicalgies, céphalées, lombalgies, douleurs
articulaires, douleurs thoraciques ou abdominales.
• Attention, la douleur morale est un symptôme de dépression sévère. Il s’agit d’un symptôme psychique. La
douleur morale n’est pas le versant psychologique de la douleur physique.
• Le syndrome douloureux chronique associe : tristesse, troubles du caractère, perte des intérêts, fatigabilité,
troubles de l’attention, insomnie.
• La dépression est habituelle dans la douleur chronique. Chez les patients douloureux chroniques
suivis en population générale, 20 % présentent une dépression.
• Le pourcentage de dépression chez les patients reçus en consultation de la douleur chronique s’élève
à 31,5% de trouble dépressif caractérisé et jusqu’à 64% lorsqu’on y associe le trouble dépressif
persistant ou dysthymie.
Les personnes autistes se blessent deux fois plus que les autres. L’automutilation est fréquente. Elle doit faire
rechercher une douleur préalable et sa cause.
Cette crainte est surestimée. Elle est un des facteurs de l’insuffisance d’utilisation des opioïdes forts
dans la douleur. Les opioïdes faibles ne sont pas moins addictogènes.
Cette crainte est toutefois en partie fondée. Le mésusage des médicaments opioïdes est retrouvé chez
n à 14 % des patients douloureux chroniques. La fréquence des addictions aux antalgiques est estimée
à 3 % des patients. Elle se réduit à 0,19 % pour les patients mieux sélectionnés, mieux surveillés.
Le risque addictif doit être dépisté avant la mise en route des traitements antalgiques par opioïdes forts.
FACTEURS DE RISQUE DE DÉPENDANCE OU DE MÉSUSAGE (Moisset X. et col. SFETD, Presse Méd, 2016)
• Âge jeune ;
• Sexe masculin ;
• Maladie psychiatrique présente au moment de la prescription ;
• Problèmes légaux et comportementaux chez les hommes ;
• Antécédent de mésusage de substance ;
• Antécédent d’addiction à l’alcool ;
• Tabagisme actif ;
• Consommation de produits illicites ;
• Prescription d’opioïdes faibles > i DDD/j avant opioïdes forts.
DDD : defined doily dose correspond à la posologie quotidienne indiquée définie par l’OMS (http://www.whocc.no/ddd). Par
exemple pour le Tramadol le DDD est de 300 mg/j.
• Chez un patient toxicomane, les doses antalgiques peuvent être plus importantes que celles utilisées en popula
tion générale.
• Lorsqu’un patient bénéficie de la prescription d’opioïdes forts, une éventuelle addiction débutante doit être repérée.
Le POMI (Prescription Opioïde Misuse Index) est un bref questionnaire de 6 questions spécifiques des patients sous
opioïdes (un point par réponse oui ; mésusage si score > à 2).
• Vous arrive-t-il de prendre plus de médicaments (c’est-à-dire une dose plus importante) que ce qui vous est
prescrit ?
• Vous arrive-t-il de prendre plus souvent vos médicaments (c’est-à-dire de raccourcir le temps entre deux prises)
que ce qui vous est prescrit ?
• Vous arrive-t-il de faire renouveler votre traitement contre la douleur plus tôt que prévu ?
• Vous arrive-t-il de vous sentir bien ou euphorique après avoir pris votre médicament antalgique ?
• Vous arrive-t-il de prendre votre médicament antalgique pour vous aider à faire face ou à surmonter des problèmes
autres que la douleur?
• Vous est-il arrivé de consulter plusieurs médecins, y compris les services d’urgence, pour obtenir vos médicaments
antalgiques?
b 3. Traitements de la douleur_____________________
En dehors de la recherche, l’utilisation d’un placebo n’est pas plus justifiée en psychiatrie que dans les
autres domaines de la médecine.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence principale
- Marchand, S., Saravane, D., Gaumont, I., Santé mentale et douleur, Springer-Verlag France, Paris, 2013.
• Pour aller plus loin
- Incayawar M., Maldonado-Bouchard S., Clark R. Overlapping Pain and Psychiatrie Syndromes’ Global Perspectives. Oxford
University Press, New-York, 2020.
- Moisset X., Trouvin A.P., Tran V.T et al. Utilisation des opioïdes forts dans la douleur chronique non cancéreuse chez l’adulte.
Recommandations françaises de bonne pratique clinique par consensus formalisé (SFETD). Presse Med. 2016 ; 45 : 447-462.
- Radat F., Koleck M., Douleur et dépression : les médiateurs cognitifs et comportementaux d’une association très fréquente,
L’Encéphale 2011,37 :172-179.
- Serra É., Les outils de repérage d’un risque d’addiction chez les patients douloureux traités par opioïdes, Douleur et Analgésie,
2012, 25 :67-71.
- Serra É., Douleur en santé mentale. Partie 2. Diagnostic et traitement, La Revue du Praticien, volume 63, octobre 2013.
- Serra E. « Du bistouri au taï chi. Les traitements non médicamenteux de la douleur. », Douleurs, 2017,18:265-268.
• Utiliser en priorité les traitements communs des comorbidités, dans le respect des AMM des
médicaments, et en associant les traitements non médicamenteux disponibles en Santé mentale.
• Traiter efficacement la douleur y compris en toxicomanie : le toxicomane aussi a droit à un
soulagement de ses douleurs.
Antalgiques de palier I
AINS et néfopam
Pr Philippe Bertin1, Pr Pascale Vergne-Salle1
1. PU-PH, Service de Rhumatologie et Centre de la
Douleur, CHU Dupuytren, Limoges
OBJECTIFS :N° 135-1.
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
a 1. Le paracétamol___________________________________
• Toutes les recommandations, qu’elles soient émises par des sociétés rhumatologiques ou gériatriques font du
paracétamol un antalgique de première intention dans la douleur aiguë et dans la douleur chronique, du fait de
son bon rapport efficacité/tolérance (1). Néanmoins de plus en plus de questions sont soulevées concernant son
efficacité et sa tolérance.
1.2. Efficacité
• Le paracétamol a une efficacité supérieure au placébo dans la prise en charge de la douleur post-opératoire ou de
la douleur arthrosique. Le paracétamol est prescrit seul pour les douleurs faibles à modérées, ou en association
avec des opioïdes pour les douleurs plus intenses.
1.3. Tolérance
• La plupart des études concluent que le paracétamol est « d’une excellente tolérance clinique et biologique », ce qui
explique d’ailleurs sa très large utilisation dans le monde entier.
• Il n’en reste pas moins que le paracétamol peut être hépatotoxique, cause de réactions d’hypersensibilité, d’une
augmentation de la tension artérielle, et pourrait interagir avec l’hémostase.
1.3.4. Hypertension
• À l’inverse, le risque d’hypertension artérielle sous paracétamol pris au long court, est confirmé dans une étude
publiée en 2010. Il est donc nécessaire de surveiller la tension artérielle sous paracétamol notamment chez les
patients hypertendus ou coronariens.
Complications ulcéreuses 3 = 8%
0.8 % 2% 30-40 %
graves : %/an 4 = 18 %
• La tolérance rénale des coxibs semble comparable à celle des autres AINS. En effet, il existe une COX-2 rénale
physiologique.
a 3. Le néfopam______________________________________
• Le néfopam (ACUPAN®) est un antalgique central non morphinique, utilisé pour le traitement des douleurs
d’intensité modérée à sévère, essentiellement en milieu hospitalier. Il est intégré dans le palier 1 de l’OMS, même
si ses effets antalgiques et indésirables sont plus proches des paliers 2. Il n’a aucune action anti-inflammatoire ou
antipyrétique.
• En conclusion, l’utilisation du néfopam doit être de très courte durée, par voie injectable chez des
patients informés des effets indésirables.
• L’utilisation en chronique n’est pas justifiée.
► BIBLIOGRAPHIE
1. Report of the American College of Rheumatology Pain Management Task Force, American College of Rheumatology Pain
Management Task Force, Arthritis Care & Research, 2010,62,590-599.
2. http://ansm.sante.fr. Rappel des règles de bon usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens, juillet 2013.
i. Le paracétamol
• Le paracétamol est proposé comme antalgique de première intention du fait de son excellent rapport
efficacité-tolérance, pour lutter contre les douleurs faibles à modérées.
• Chez l’adulte il est prescrit à la posologie de i gramme, 3 à 4 fois par jour, avec un espacement minimum
de 4 heures entre deux prises.
• Chez l’enfant la dose recommandée est de 60 mg/kg/24 h en 4 prises espacées au minimum de 4
heures, habituellement de 6 heures.
• Quelle que soit la voie d’administration (forme orale, rectale, injectable, pour adulte et pour enfant ou
nourrisson), le délai d’action est environ de 30 mn et la durée d’action, de 4 à 6 heures.
• Sur les terrains à risques (insuffisance rénale, insuffisance hépatique, sujet âgé, sujet dénutri, sujet
alcoolique), la posologie doit être réduite et/ou les prises espacées et la surveillance clinique et biolo
gique doit être rapprochée.
• Même si la tolérance clinique du paracétamol est consacrée par la littérature et l’usage, le paracétamol
expose à des effets secondaires potentiels :
- en cas d’intoxication aiguë par mésusage, il est responsable d’une hépatotoxicité potentiellement
mortelle ;
- en situation normale de prescription, le paracétamol peut être hépatotoxique, cause de réactions
d’hypersensibilité, d’une augmentation de la tension artérielle, et pourrait interagir avec l’hémos
tase. Néanmoins il reste l’antalgique le mieux toléré de tous les antalgiques.
2.LesAINS
• Les AINS ont des propriétés anti-inflammatoires et antalgiques leur conférant une efficacité importante
dans la prise en charge des douleurs nociceptives inflammatoires ou mécaniques ; médicales, trauma
tiques ou post-opératoires ; d’origine bénigne ou néoplasique.
• Les indications des AINS sont donc très variées et leur prescription très fréquente mais il ne faut pas
oublier que, chaque AINS a ses propres indications libellées par l’AMM, que les AINS sont pourvoyeurs
de nombreux effets indésirables et qu’ainsi leur prescription doit toujours tenir compte du rapport bé
néfice-risque attendu.
• Avant de prescrire un AINS il faut évaluer le risque digestif, cardio-vasculaire et global du patient (no
tamment les co-prescriptions).
• La prescription d’un AINS doit toujours se faire à la dose minimale nécessaire au soulagement et à la
durée la plus courte possible en fonction de l’évolution clinique du patient.
3. Le néfopam
• L’utilisation du néfopam doit être de très courte durée, par voie injectable chez des patients informés
des effets indésirables.
• L’utilisation en chronique n’est pas justifiée.
Antalgiques de palier II
Chapitre
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
a 1. Les indications___________________________________
• Les antalgiques de palier II regroupent les opioïdes faibles dont l’effet antalgique passe par les récepteurs opioïdes
pour lesquels ils ont une faible affinité. Il s’agit de la codéine, du tramadol et de la poudre d’opium.
• Leur puissance antalgique comparée à la morphine est donnée dans le tableau suivant :
2.1. La codéine
• La codéine est un agoniste opioïde naturel de faible puissance. Elle est dépourvue d’activité analgésique intrin
sèque. Il s’agit d’un de ses métabolites, la morphine, qui confère à la codéine ses propriétés analgésiques. La
codéine se transforme en morphine dans une faible proportion après biotransformation par le cytochrome CYP
2D6. Il existe une grande variabilité pharmacologique inter-individuelle avec des métaboliseurs lents et ultra-
rapides pouvant aboutir respectivement à une inefficacité de la codéine ou une hypersensibilité aux effets indési
rables notamment chez l’enfant. C’est pourquoi la codéine est contre indiquée chez l’enfant.
• La codéine est disponible soit en association avec le paracétamol (Efferalgan codéiné, Codoliprane®, Klipal®,...)
ou sous forme de dihydrocodéine.
• Pour les associations, la dose de paracétamol varie de 300 à 600 mg par unité. La dose de codéine varie elle aussi
de 20 à 50 mg par unité. Pour la plupart des spécialités, il est recommandé de prescrire 1 à 2 comprimés toutes
les 6 à 8 heures, ce qui permet d’obtenir 150 à 180 mg de codéine par jour et jusqu’à 3 g par jour de paracétamol.
• Des posologies faibles peuvent ainsi être choisies en initiation de traitement par exemple chez la personne âgée.
• La dihydrocodéine est commercialisée sous le nom de Dicodin® à libération prolongée (posologie : 60 mg toutes
les 12 h).
2.2. Le tramadol
• Le tramadol est un opioïde synthétique d’action centrale mixte. En effet, cet agent et son principal métabolite
(O-desméthyl-tramadol ou composé Ml) se lie aux récepteurs opioïdes de type p (agoniste partiel). D’autre part,
la molécule mère inhibe la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine. Ainsi les propriétés analgésiques du
tramadol ne sont que partiellement liées au système opioïde puisque uniquement 30 % de son effet analgésique est
renversé par la naloxone (antagoniste opioïde).
• Le métabolisme du tramadol est effectué à 80 % par le CYP 2D6. Chez les patients qui présentent une déficience
génétique du CYP 2D6 ou en cas d’interaction d’une autre molécule plus affine pour ce cytochrome, l’effet anal
gésique global est amoindri.
• Le tramadol existe seul sous forme à libération prolongée (LP) (durée d’action de 12 heures = 2 prises/j ou
24 heures = 1 prise/j) ou sous forme à libération immédiate (Ll) (1 prise toutes les 4 à 6 heures). Il existe également
sous forme d’association avec le paracétamol (37,5 mg de tramadol à Ll + 300 mg de paracétamol par comprimé)
à prendre toutes les 4 à 6 heures.
• La dose maximale de tramadol est de 400 mg/j.
• Il est possible de prescrire une forme LP toutes les 12 ou 24 heures et d’y associer des interdoses de forme à Ll en
fonction des accès douloureux paroxystiques à condition de ne pas dépasser au total 400 mg/j.
• La voie intraveineuse lente est réservée à l’usage hospitalier.
• Du fait des risques de mésusage et dépendance la prescription est limitée à 3 mois par ordonnance.
2.3. L’opium
• La poudre d’opium est disponible en association avec du paracétamol (Izalgi® : 500 mg de paracétamol + 25 mg
d’opium, Lamaline® : 300 mg de paracétamol + 10 mg d’opium + 30 mg de caféine).
• AMM : douleurs aiguës modérées.
• La posologie : les prises doivent être espacées d’au moins 4 heures et la dose totale journalière de paracétamol ne
doit pas dépasser 4 g chez l’adulte sain ou 3 g chez le sujet âgé ou en insuffisance rénale ou hépatique.
a 3. Les contre-indications_____________________________
• Insuffisance respiratoire, asthme grave.
• Insuffisance hépato-cellulaire sévère.
• Il est recommandé de ne pas utiliser la codéine et le tramadol en dessous de 12 ans et pour la codéine en dessous
de 18 ans après amygdalectomie ou adénoïdectomie.
• Allaitement.
• Épilepsie non contrôlée pour le tramadol.
• Association aux agonistes - antagonistes morphiniques (nalbuphine, buprénorphine, pentazocine).
• Association aux inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) pour le tramadol.
• Celles liées au paracétamol quand il est associé.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Site ansm.sante.fr : Mise au point - Prise en charge des douleurs de l’adulte modérées à intenses.
• Pour aller plus loin
- Beaulieu P., « La Douleur-Guide pharmacologique et thérapeutique », Éd Maloine 2013, Les opioïdes : p. 75-99.
Divers
348. Suspicion d’un effet indésirable des médicaments ou Environ 7 % de la population générale (après 18
d’un soin ans) présenterait des douleurs de caractéristique
342. Rédaction d’une ordonnance/d’un courrier médical neuropathique.
354. Évaluation de l’observance thérapeutique
PLAN
1. Les différentes formes d’opioïdes forts
2. Les contre-indications des opioïdes forts
3. Les effets indésirables des opioïdes forts
4. Le surdosage en opioïdes
5. Les indications des opioïdes forts
6. Équianalgésie et rotation des opioïdes
7. Les aspects réglementaires de la prescription
8. Éducation thérapeutique
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
• Parmi les opioïdes forts, la morphine, alcaloïde du pavot purifié en 1806 par Sertuner, reste le produit de référence.
Les opiacés sont les substances naturelles dérivées de l’opium, les opioïdes rassemblent toutes les
substances, naturelles et synthétiques.
• Les opioïdes sont caractérisés par leur action pharmacologique sur les différents types de récepteurs opioïdes :
récepteur mu (p) responsable de la majorité des effets antalgiques, récepteur delta (ô), récepteur kappa (k) et
récepteurs ORL1 (opioid receptor like 1). Ils sont classés en fonction de leur affinité pour les récepteurs p en
4 groupes.
Les récepteurs opioïdes sont localisés à des endroits stratégiques pour exercer un contrôle central et
périphérique des voies de la douleur. Les opioïdes agissent à 3 niveaux différents : au niveau cérébral,
au niveau médullaire et en périphérie.
• Dans les douleurs non cancéreuses : morphine, oxycodone et fentanyl transdermique patch. Délivrance
limitée à 14 jours pour le fentanyl transdermique.
• Dans les douleurs cancéreuses : morphine, oxycodone, fentanyl transdermique patch, fentanyl
transmuqueux, hydromorphone. Délivrance limitée à 14 jours pour le fentanyl transdermique, délivrance
limitée à 7 jours pour le fentanyl transmuqueux.
• Traitements de substitution : la méthadone a l’AMM en France uniquement en traitement de substitution.
Prescription initiale semestrielle par un médecin de centre de traitement de toxicomanie. Durée de
prescription 14 jours, délivrance 7 jours. La buprénorphine : faibles doses utilisées comme antalgique,
fortes doses utilisées comme traitement de substitution. N’est pas classé comme stupéfiant, prescription
par tout médecin, mais limitée à 28 jours, délivrance 7 jours pour substitution.
Tableau i. AFFINITÉ DES DIFFÉRENTS OPIOÏDES FORTS POUR LES RÉCEPTEURS OPIOÏDES
Morphine +++ + +
Oxycodone +++ + +
Hydromorphone +++ + +
Fentanyl +++ + -
- *
Buprénorphine (+++)
Pentazocine
* + ++
Nalbuphine * + (++)
*** * **
Naloxone
+ : agoniste ( ) : agoniste partiel * : antagoniste
VOIES DURÉE
DURÉE
DCI SPÉCIALITÉS D’ADMINIS AMM MAXIMALE DE
D’ACTION
TRATION PRESCRIPTION
Fentanyl Durogesic, Matrifen 12, 25, Transdermique 72 h Douleurs sévères 28 jours mais
50, 75 et 100 pg/heure cancéreuses et délivrance
non cancéreuses fractionnée
de 14 jours
Actiq 200, 400, 600, 800, Applicateur 1-2 h Traitement 28 jours mais
1200,1600 pg buccal des accès délivrance
- le chlorhydrate de morphine commercialisé sous forme injectable (sous-cutanée, IM, IV, péridurale,
intrathécale) (Tableau 2) ;
- le sulfate de morphine pour une utilisation par voie orale avec des formes à libération prolongée
autorisant une ou deux prises quotidiennes adaptées au traitement de fond et des formes à libération
immédiate d’efficacité limitée à 4 heures, adaptées à l’initiation d’un traitement, à l’urgence, aux
accès douloureux et douleurs iatrogènes (Tableau 2).
1.1.2. L'hydromorphone
• Le chlorhydrate d’hydromorphone (Sophidone®) est un opioïde agoniste (dérivé semi-synthétique) dont le rap
port d’équianalgésie avec la morphine est de 7,5 (Tableau 2).
• Son délai d’action est de 2 heures et la durée d’action de 12 heures. Il est utilisé dans les douleurs cancéreuses en
2e intention en cas de résistance ou intolérance à la morphine.
1.1.3. L’oxycodone
• L’oxycodone est un agoniste semi-synthétique. Elle est 1,5 à 2 fois plus puissante que la morphine après admi
nistration orale. Elle existe sous forme orale et intraveineuse (Tableau 2). L’oxycodone est l’opioïde fort le plus
adapté, avec le fentanyl, en cas d’insuffisance rénale en raison d’une moindre accumulation de métabolites com
paré à la morphine.
• Les formes orales sont soit à libération prolongée avec une durée d’action de 12 heures, soit à libération immédiate
avec une durée d’action de 4 heures. Le passage de la forme orale d’oxycodone à la forme intraveineuse nécessite
de diviser les doses par 2.
1.1.4. Le fentanyl
• Le fentanyl, dérivé de synthèse, est 50 à 150 fois plus puissant que la morphine.
• Il se caractérise par une liposolubilité très élevée, ce qui permet son utilisation par voie transdermique et transmu
queuse.
• Voie transdermique :
- Il s’agit du fentanyl patch (Tableau 2). Le délai d’action est de 12 à 18 heures et la durée d’action est de 72 heures.
Le patch est changé toutes les 72 heures et collé sur une peau indemne de toute lésion, plane et glabre. Cette
forme galénique n’est donc pas adaptée pour l’initiation d’un traitement. Il est donc préférable de le prescrire
en relais d’un traitement opioïde fort dans une douleur stable. Il a pour avantage de diminuer les prises
médicamenteuses orales. Le délai d’action relativement long fait qu’en relais le patch sera posé immédiatement
après la dernière prise d’opioïde fort à LP par voie orale, en prévoyant la possibilité d’interdose à libération
immédiate.
- Inversement, à l’arrêt du fentanyl transdermique, le relais sera pris par un opioïde fort 12 h après l’ablation du
patch.
• Voie transmuqueuse :
- La voie transmuqueuse permet un passage très rapide dans la circulation sanguine et évite le premier passage
hépatique. Plusieurs formes galéniques existent : comprimé sublingual, comprimé avec applicateur buccal,
comprimé gingival et pulvérisateur nasal. Le délai d’action est court, de 10 à 15 minutes et la durée d’action, de
1 à 2 heures. Ces formes sont donc tout à fait adaptées aux accès douloureux paroxystiques chez des patients
ayant déjà un traitement de fond par opioïde fort pour des douleurs cancéreuses, sans dépasser plus de 4 doses
par jour. Si le patient a besoin de plus de 4 doses/j, il est nécessaire d’augmenter la posologie du traitement
opioïde de fond.
1.1.5. La méthadone
• En France, la méthadone est un opioïde dévolu au traitement substitutif des pharmacodépendances aux opiacés.
3.1. La constipation
• La fréquence de la constipation est élevée et cet effet indésirable persiste tout au long du traitement (pas de phé
nomène de tolérance). Elle est liée à une diminution des sécrétions digestives et à un ralentissement du transit
intestinal.
3.3. La somnolence
• Après titration, une somnolence peut s’observer et s’estomper en quelques jours.
• Vertiges et risque de chute chez les personnes âgées.
• Attention à ne pas méconnaître un surdosage en opioïde nécessitant l’injection de naloxone.
• Penser à rechercher : une cause métabolique, une cause iatrogène (potentialisation par l’association de traitements
psychotropes), une prise anarchique du traitement opioïde.
• Conduite à tenir : diminuer les doses d’opioïde ou faire une rotation des opioïdes.
3.7. Prurit
• Le prurit est lié à l’effet histaminolibérateur des opioïdes. Il peut être amélioré par la prise d’antihistaminiques et
la rotation des opioïdes.
• La tolérance (ou accoutumance) est une augmentation de la dose nécessaire pour obtenir le même
effet pharmacologique. Elle peut affecter tous les effets pharmacologiques des opioïdes en dehors de
la constipation.
Par contre, elle est probablement plus fréquente dans les douleurs chroniques non cancéreuses,
mais peut être limitée en évitant de prescrire des opioïdes chez les personnes à risque : patients
aux antécédents d’abus (alcool, psychotropes, substances illicites, opioïdes...), patients atteints de
troubles psychiatriques, contexte psychosocial instable.
• La dépendance physique, phénomène purement pharmacologique, se traduit par la survenue d’un
syndrome de sevrage à l’arrêt brutal des opioïdes (sueurs, crampes musculaires, céphalées, asthénie,
anxiété, agitation, insomnie, troubles digestifs, tachycardie, HTA, hyperthermie, déshydratation,
mydriase). Sa prévention repose sur une diminution progressive des doses.
• Des signes de dépendance et mésusage doivent être régulièrement recherchés lors du suivi d’une prescription au
long cours : rapide augmentation des doses sans explications cliniques, le non-respect de la prescription, le refus
systématique d'envisager d'autres traitements en invoquant divers prétextes, le recours à plusieurs prescripteurs.
Il est possible de s’aider d’un outil le Prescription Opioid Misuse Index (POMI) (Tableau 3).
Oui Non
1. Vous arrive-t-il de prendre votre traitement à des doses plus importantes que celles qui vous
sont prescrites ?
2. Vous arrive-t-il de prendre votre traitement plus souvent que ce qui vous est prescrit ?
4. Vous arrive-t-il de ressentir un effet de « shoot » après la prise de votre traitement antalgique
5. Vous arrive-t-il de prendre votre traitement parce que vous êtes énervé(e), ou bien pour vous
soulager de problèmes sans lien direct avec la douleur ?
6. Vous êtes-vous déjà rendu chez des médecins différents, et notamment aux urgences, à la
recherche de prescriptions supplémentaires de traitements antalgiques ?
a 4. Le surdosage en opioïdes__________________________
• Le surdosage se traduit par une somnolence, une dyspnée (respiration irrégulière) et une diminution de la fré
quence respiratoire (FR) <10/ min.
• La conduite à tenir repose sur des mesures de réanimation et l’injection d’antagoniste : la naloxone. La surveil
lance et les mesures à prendre en fonction sont reprises ci-dessous ; en fonction de l’échelle de sédation (EDS) et
de la respiration (R) :
• Narcan® (naloxone) : 0,4 mg (1 ampoule) dilué dans - EDS =1 : Patient somnolent, facilement éveillable
10 ml de sérum physiologique - EDS =2 : Très somnolent, éveillable par stimula
• Titration par administration IV : tion verbale
1 ml (0,04 mg) / 2 minutes, jusqu’à Ri ou Ro - EDS =3 : Très somnolent, éveillable par stimula
Si FR < 4 mn ou arrêt respiratoire : tion tactile
injecter 5 ml (0,2 mg)/ 2 min • Échelle de qualité de la respiration (EQR) :
• Puis perfusion de naloxone sur 4 h de la dose titrée
- Ro: Respiration normale, régulière et FR > 10/mn
(en mg) dilué dans 250 ml de sérum physiologique
- Ri: Ronflements et FR > 10/mn
• Surveillance toutes les heures pendant le temps
- R2: Respiration irrégulière et/ou FR < 10/mn
correspondant à l’élimination de l’opioïde à l’origine
du surdosage - R3: Pauses ou apnée
• Les opioïdes forts ont montré une efficacité modérée dans le soulagement des DCNC dans les étiologies
suivantes : les douleurs arthrosiques des membres inférieurs, les lombalgies chroniques réfractaires ; les
douleurs neuropathiques périphériques ou centrales.
• Il est recommandé d’introduire les opioïdes forts après :
- échec des traitements médicamenteux recommandés en première intention donnés aux doses
maximum efficaces tolérées ;
- prise en charge globale du patient comprenant au minimum une prise en charge psychologique
chez les patients présentant une comorbidité dépressive ou anxieuse, une prise en charge sociale,
professionnelle et rééducative pour les douleurs arthrosiques et les lombalgies chroniques ;
- décision et objectifs partagés avec le patient qui est informé des bénéfices attendus et des évènements
indésirables encourus devant s’intégrer dans un contrat de soin entre le médecin prescripteur et le
patient.
• Il est recommandé de ne pas utiliser d’opioïdes forts dans le traitement des maladies dites dysfonctionnelles
et notamment dans la fibromyalgie, dans le traitement des céphalées primaires et notamment de la migraine.
►►►
Antalgiques de palier III - Opioïdes forts 149 ◄
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• Il n’est pas recommandé de poursuivre un opioïde fort au-delà de 3 mois en l’absence de bénéfice sur au
moins un des aspects suivants : soulagement de la douleur, amélioration de la fonction ou amélioration de
la qualité de vie.
• Il est recommandé de ne pas dépasser 150 mg d’équivalent morphine/j. Un avis spécialisé est recommandé
au-delà de 150 mg.
• Tous les opioïdes forts semblent similaires en terme d’efficacité, quelle que soit l’indication. À ce jour, il
n’est pas recommandé d’utiliser un opioïde fort plus qu’un autre.
• Il est fortement recommandé de prévenir les effets indésirables les plus fréquents (constipation, nausées,
vomissements) par un traitement symptomatique anticipé, systématiquement proposé sur l’ordonnance.
• Il est fortement recommandé de rechercher des facteurs de risque de mésusage des opioïdes avant toute
prescription d’opioïdes forts. Les facteurs de risque de mésusage sont connus. L’outil « Opioid Risk Tool »
est un outil de dépistage simple et rapide qui permet de dépister le risque potentiel d’addiction. L’existence
de facteurs de risque n’interdit pas la prescription mais justifie une attention et un suivi renforcés.
• Lors du suivi d’un patient sous traitement opioïde fort au long cours, il est recommandé de rechercher un
mésusage lors de chaque renouvellement d’ordonnance.
• Face à une addiction ou mésusage probables d’un opioïde fort, il est recommandé de demander un avis
spécialisé. À titre indicatif, il peut s’agir d’un addictologue, d’un centre d’évaluation et de traitement de la
douleur ou d’un psychiatre.
• Chez les patients traités par opioïdes forts pour une DCNC, il est recommandé de prendre un avis spécialisé
dans les situations suivantes :
- Avant la prescription :
- Pendant la prescription :
> Face à une douleur qui persiste malgré une augmentation de la consommation d’opioïde ;
> Au-delà de 3 mois de traitement ;
> Au-delà de 150 mg d’équivalent morphine.
• Il est recommandé de privilégier les formes à libération prolongée dans les DCNC. Les petites doses à
libération immédiate sont indiquées en phase de titration, notamment chez les personnes âgées ou en cas
d’insuffisance rénale ou respiratoire.
• Il est recommandé de ne pas utiliser les formes de fentanyl transmuqueux (libération rapide) dans la prise
en charge des DCNC.
• Il est recommandé d’évaluer à chaque renouvellement d’ordonnance les bénéfices et les risques de la
poursuite du traitement par opioïdes forts. Cette évaluation conditionnera la poursuite du traitement. Cela
a été spécifié au patient lors de l’initiation du traitement par opioïdes forts.
b 8. Éducation thérapeutique___________________________
• Les objectifs de l’éducation thérapeutique sont d’expliquer au patient son traitement pour obtenir son adhésion,
améliorer l’efficacité et dépister les effets indésirables. Les principales informations à délivrer au patient sont :
- mécanismes d’action, durée d’action, intérêt du traitement de fond et du traitement des accès douloureux
paroxystiques ;
- effets indésirables des opioïdes forts, et notamment le risque de dépendance pour les prescriptions au long
cours ;
- fixer les objectifs du traitement par opioïdes forts et les critères qui conduiraient à l’arrêt dans les douleurs
chroniques non cancéreuses ;
- la place des opioïdes forts dans la stratégie thérapeutique ;
- échange sur les craintes, les représentations ;
- l’importance de l’observance (principale cause d’échec).
► BIBLIOGRAPHIE
- Livre : La Douleur-Guide pharmacologique et thérapeutique, P. Beaulieu, Éd. Maloine, 2013, Les opioïdes : p. 75-99.
- Site ansm.sante.fr : Mise au point sur le bon usage des opioïdes forts dans les douleurs chroniques non cancéreuses.
- Standards, Options et Recommandations 2002 pour les traitements antalgiques médicamenteux des douleurs cancéreuses par
excès de nociception, Bulletin du cancer, 2002 ; 89 :1067-74.
- DeQuad Urgences, douleurs aiguës en situations d’urgence : des techniques à la démarche qualité. Ducassé, et al., Paris,
Arnette éd., 2004.
- Table pratique d’équiantalgie des opioïdes forts dans la douleur cancéreuse par excès de nociception (version 5 - janvier 2010),
www.sfetd-douleur. org
- www.sfap.org : La constipation sous opioïde.
- Utilisation des opioïdes forts dans la douleur chronique non cancéreuse chez l’adulte. Recommandations de la Société Française
d1 Etude et de Traitement de la Douleur. Moisset X, Trouvin AP, Tran VT et al. Presse Med. 2016; 45:447-462.
1. En antalgie, utilisation des opioïdes forts agonistes purs des récepteurs p : morphine, oxycodone,
hydromorphone et fentanyl.
2. Seuls la morphine, l’oxycodone et le fentanyl transdermique ont des AMM dans les douleurs non
cancéreuses.
3. Douleurs aiguës :
- indications : douleurs traumatiques, rhumatologiques, dentaires, viscérales, post-opératoires, accès
douloureux paroxystiques, douleurs induites par les soins ;
- à utiliser d’emblée si douleur intense ou après échec des autres antalgiques si douleur modérée ;
- nécessité d’une titration par voie orale ou par voie intraveineuse en fonction de l’évaluation de la dou
leur, de la cause, du degré d’urgence et du contexte ;
- surveillance de l’efficacité et des effets indésirables potentiels des opioïdes forts de façon rapprochée.
4. Douleurs chroniques :
- douleurs cancéreuses : formes LP en traitement de fond et formes Ll pour les accès douloureux paroxys
tiques ;
- douleurs non cancéreuses plus rarement, après échec des prises en charge thérapeutiques étiolo
giques et recommandées, en privilégiant les cures courtes, après information du patient et accord
sur les objectifs, avec surveillance rapprochée du rapport bénéfice/risque, des effets indésirables et
des signes de dépendance psychologique. À éviter chez les patients avec antécédents d’addiction et
troubles psychiatriques.
5. Surveillance :
- effets indésirables principaux : constipation, vomissements, somnolence, troubles confusionnels, ré
tention d’urine, plus rarement dépression respiratoire ;
- tenir compte du terrain : effets indésirables plus fréquents chez les personnes âgées et les insuffisants
rénaux - diminution des doses ;
2. TITRATION DE LA MORPHINE PAR VOIE INTRAVEINEUSE, RÉALISÉE LE PLUS SOUVENT AUX URGENCES
• Présentation
- ampoule de chlorhydrate de morphine : 1 ml = 10 mg de morphine ;
- ramener une ampoule (10 mg) à 10 ml avec de l’eau pour préparation injectable ;
- on obtient : 1 ml = 1 mg.
• Posologie
- la dose maximale recommandée pour la période de titration est de 0,05 mg/kgà 0,15 mg/kg.
• Conseils d’utilisation
- injecter en intraveineuse directe 2 à 4 *mg de morphine toutes les 5 à 10 minutes jusqu’à sédation
de la douleur ;
- oxygénothérapie à 3 l/min au minimum ;
- surveillance : score de sédation, fréquence respiratoire et cardiaque, pression artérielle, Sa02 ;
- toujours disposer de naloxone en cas de surdosage ;
- prévoir un relais par opioïde par voie orale à Ll à la demande ou par autoadministration intravei
neuse contrôlée par le patient (PCA).
- évaluer score de sédation et de somnolence.
• Chez la personne âgée ou en cas d’insuffisance rénale ou respiratoire
- calcul de la clairance de la créatinine et réduction des doses de moitié.
34. Douleur aiguë post-opératoire Les opioïdes sont les antalgiques de référence de la
douleur aiguë, notamment péri et post-opératoire. Les
stratégies actuelles visent à réduire leur utilisation,
associée à plus de morbidités, plus de chronicité, et une
______ réduction de l’autonomie.
1 Constipation Ces symptômes et signes cliniques sont en lien avec les
12. Nausées effets indésirables liés aux opioïdes.
13. Vomissement
27. Chute de la personne âgée
28. Coma et troubles de la conscience
64. Vertige et sensation vertigineuse
88. Prurit
97. Rétention aiguë d’urines
130. Troubles de l’équilibre
131. Troubles de mémoire/déclin cognitif
162. Dyspnée
En lien avec la prise en charge aiguë et chronique
250. Prescrire des antalgiques Les opioïdes de palier 3 sont des antalgiques classés
comme stupéfiants, associés à des risques d’addiction et
de mésusage.
259. Évaluation et prise en charge de la douleur aiguë Les paliers de l’OMS ne sont valables que dans le cancer
260. Évaluation et prise en charge de la douleur chronique et ne reflètent pas la puissance antalgique des différentes
classes antalgiques.
261. Évaluation et prise en charge de la douleur de l’enfant
La prescription des opioïdes, associée au dépistage du
et du nourrisson
risque de mésusage, se fait dans des conditions strictes,
264. Adaptation des traitements sur un terrain particulier en terme de rédaction d’ordonnance et de suivi.
(insuffisant rénal, insuffisant hépatique, grossesse, L’évaluation de la tolérance et de l’observance est
personne âgée...) essentielle.
279. Consultation de suivi d’une pathologie chronique
342. Rédaction d’une ordonnance
352. Expliquer au patient un traitement
354. Évaluation de l’observance thérapeutique
Antidépresseurs à action
Chapitre
antalgique
Dr Marie Besson1, Pr Jules Desmeules2
1. Médecin adjoint agrégée responsable unité
de psychopharmacologie clinique, Service de Pharmacologie OBJECTIFS : N° 135-4.
et toxicologie cliniques, centre multidisciplinaire d'évaluation -> N°i35-4. Thérapeutiques antalgiques,
et de traitement de la douleur, Faculté de Médecine, Genève, MÉDICAMENTEUSES
Suisse -> N°330. Prescription et surveillance des classes de
MÉDICAMENTS LES PLUS COURANTES CHEZ L'ADULTE ET
2. Professeur, médecin chef de Service,
CHEZ L'ENFANT.
Service de pharmacologie et toxicologie cliniques, centre
multidisciplinaire d'évaluation et de traitement de la douleur,
Faculté de Médecine Université de Genève, Suisse
PLAN
1. Généralités
2. Classes d’antidépresseurs et efficacité antalgique
3. Données de Médecine factuelle
4. Pour la pratique
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
L’effet antalgique des antidépresseurs est indépendant de leur effet sur l’humeur encore que ce dernier
ainsi que les propriétés sédatives de certains d’entre eux soient des avantages supplémentaires selon le
contexte clinique.
► BIBLIOGRAPHIE
- Besson, M., et al., Expert. Rev. Clin. Pharmacol., 2008 ; 1(5) : 683-93.
- Hauser, W., et al., Cochrane Datobase Syst. Rev., 2013.
1. Les antidépresseurs ont un effet antalgique propre, dans la douleur chronique indépendamment de
leurs propriétés thymorégulatrices.
2. Ils ont été testés dans bon nombre de pathologies douloureuses chroniques avec une efficacité
appréciable, soulignée par la médecine factuelle et comparable cliniquement, hormis les ISRS dont
l’efficacité est moindre comparée aux antidépresseurs tricycliques et aux IRSNa.
3. Les principales indications antalgiques des antidépresseurs sont les douleurs neuropathiques, les
lombalgies chroniques, les céphalées, la fibromyalgie.
4. C’est en principe le profil d’efficacité, d’effets indésirables, les comorbidités et les co-médications qui
guident le choix de l’antidépresseur.
5. La règle est de commencer à faible dose et d’augmenter progressivement selon la réponse.
6. L’effet est à évaluer 2 à 4 semaines après l’initiation.
• À éviter : associer un antidépresseur avec du tramadol ou le tapentadol qui ont une action mono
aminergique qui mettent à risque de syndrome sérotoninergique.
• Attention aux interactions pharmacocinétiques avec les ISRS qui sont des inhibiteurs de plusieurs
cytochromes P450.
• À évoquer : évaluation de la fonction des cytochromes P450 (phenotypage/genotypage) en cas d’ef
fets indésirables marqués ou de résistance thérapeutique inhabituelle.
60 mg/j
Diverses
10-150 mg/j NNT (95% Cl) :
75-225 mg/j molécules et
Douleur NNT (95 % Cl) : 3,1 5,2 (3,8-83)
NNT (95% Cl) : NA doses
neuropathique (2,5-4.2) 2 x 60 mg/j
3,1 (2,2-5,1) NNT (95% Cl) :
1er CHOIX NNT (95 % Cl):
6,8 (3,4-4.41)
4.9 (3.6-7,6)
Tricycliques
Lombalgies
globalement > placebo ISRS = placebo
chroniques
1er CHOIX
NA NA
30-150 mg/j
Migraines : Migraines/
NNT (95% Cl) :
Céphalées venlafaxine NA NA céphalées de
3,2 (2,5-4,3)
tension ;
1er CHOIX
amitriptyline ISRS = placebo
60-120 mg
Tricycliques 200 mg/j
Amélioration
globalement sur 12 semaines Fluoxetine :
> 130 % chez
Fibromyalgie 25-50 mg/j Amélioration 45 mg en moy.
> 150 % des
N NT (95% Cl) : significative > placebo
patients
4 (2,9-6,3) iER CHOIX
1er CHOIX
b 4. Pour la pratique__________________________________
• L’efficacité des antidépresseurs étant souvent comparable en clinique, hormis les ISRS qui ont un effet moins
marqué que les tricycliques, ce sont les effets indésirables et les co-morbidités qui doivent orienter le choix du trai
tement. Dans ce sens la venlafaxine et la duloxétine sont souvent privilégiés en raison de leur profil de tolérance.
• Il est également important de tenir compte des co-médications afin d’anticiper et/ou d’éviter les interactions
médicamenteuses pharmacocinétiques ou pharmacodynamiques.
POSOLOGIES
Amitriptyline Venlafaxine Duloxetine Milnacipran ISRS
Dose initiale Initier à 10-25 mg/j Initier à 37,5 mg/j Initier à 30 mg/j Initier à 25 mg/j Administrer en
puis augmenter puis augmenter puis augmenter puis augmenter une dose le matin.
progressivement progressivement progressivement progressivement.
administrer en une administrer en une administrer en une
dose le soir. dose le matin. dose le soir.
2.2.1. Venlafaxine
• La venlafaxine est utilisée en clinique dans plusieurs types de douleurs chroniques, particulièrement lorsque l’on
recherche un effet plus incisif que sédatif, toutefois son efficacité n’a été formellement démontrée que dans les
douleurs chroniques d’origine neuropathiques - polyneuropathies diabétiques, polyneuropathies douloureuses et
douleurs neuropathiques associées au cancer du sein - ainsi que dans la prophylaxie de la migraine.
• L’effet indésirable le plus rapporté sous venlafaxine lors des essais cliniques est la nausée. Par ailleurs, la venla
faxine peut entraîner une hypertension artérielle, particulièrement chez patients hypertendus. À haute dose elle
a également un effet pro-arythmogène.
2.2.2. Duloxêtine
• Son efficacité a essentiellement été démontrée dans la polyneuropathie diabétique et dans la fibromyalgie. Son
effet antalgique se manifeste plus rapidement qu’avec les antidépresseurs tricycliques, après deux semaines de
traitement en moyenne.
• Le principal effet indésirable est la nausée.
2.2.3. Milnacipran
• Le milnacipran a essentiellement été testée dans la fibromyalgie où, dès deux semaines de traitement, les premières
études démontrent un effet sur la douleur, et les items de qualité de vie indépendamment du statut émotionnel des
patientes avec un effet toutefois moins marqué sur le sommeil.
• Le principal effet indésirable du milnacipran qui amène à un arrêt de traitement est la nausée.
Chapitre
j. Les traitements antiépileptiques
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Ig • Les traitements antiépileptiques de la douleur neuropathique sont destinés à soulager les divers symptômes dou
loureux de la douleur neuropathique. Outre leur efficacité antalgique, selon leurs propriétés pharmacologiques,
ces médicaments initialement antiépileptiques peuvent également être prescrits afin de prendre en charge cer
taines comorbidités fréquemment associées à la douleur neuropathique, dont l’anxiété et les troubles du som
meil. Les médicaments utilisés en pratique quotidienne sont avant tout des molécules délivrées par voie orale,
aujourd’hui largement utilisées par tout praticien. Certaines molécules relèvent d’une prescription spécialisée du
fait d’une expérience thérapeutique encore insuffisante, ou à l’usage hospitalier du fait d’un suivi spécifique lié à
leurs effets secondaires potentiels.
• Les données fournies dans ce chapitre ne concernent que les traitements utilisables chez l’adulte. En effet, bien que
les traitements médicamenteux de la douleur neuropathique employés chez les enfants et les adolescents soient
similaires à ceux de l’adulte, les conditions réglementaires (absence d’AMM en-dessous de 18 ans), les adapta
tions posologiques, et certains aspects spécifiques de la douleur chronique à ces âges, imposent une prescription
spécialisée par un Centre d’Évaluation et de Prise en charge de la Douleur de l’Enfant, sur la base de recomman
dations professionnelles spécifiques à l’enfant. Par ailleurs, le traitement de la névralgie du trijumeau, syndrome
douloureux particulier dont la prise en charge est très spécifique, sera traité dans un autre chapitre de cet ouvrage.
1.1. Carbamazépine
• La carbamazépine (TégrétoP ou génériques en DCI) est un antiépileptique bloqueur des canaux sodiques membra
naires dont la mise en jeu de façon excessive au niveau des fibres nerveuses et neurones sous-tend pour une part la
survenue de divers symptômes de la douleur neuropathique (brûlure continue, décharges électriques). Traitement
de référence de la névralgie trigéminale essentielle pour laquelle elle possède une AMM, cette molécule est moins
efficace dans les douleurs neuropathiques mais a obtenu une extension d’AMM dans l’indication « douleurs neu
ropathiques » en 1999. Aux posologies d’usage entre 600 à 1 200 mg/j, la fréquence et l’importance des effets secon
daires, ainsi que les précautions d’emploi vis-à-vis des associations médicamenteuses, expliquent que cette molécule
n’est pas placée en première ni seconde intention depuis l’avénément d’autres médicaments.
1.2. Clonazépam
• Le clonazépam (RivotriP), benzodiazépine très largement utilisée en pratique courante dans la douleur neuropa
thique ne dispose pas d’une AMM dans la douleur neuropathique. Il n’existe par ailleurs aucune preuve scien
tifique d’efficacité de cette molécule dans cette indication. Les risques importants de sédation, de dépendance
physique et de mésusage ont restreint la prescription de ce traitement : l’usage en est aujourd’hui limité régle
mentairement à l’épilepsie avec prescription initiale par un neurologue sur ordonnance sécurisée, son intérêt
restant cependant d’actualité pour les douleurs spontanées paroxystiques réfractaires.
- Les effets secondaires les plus fréquents sont la sédation, les sensations vertigineuses, et l’ataxie locomotrice,
assez souvent transitoires et réduits grâce à une augmentation très progressive de la posologie à l’initiation du
traitement. La gabapentine possède également une action hypnotique modeste et permet l’amélioration de la
qualité de sommeil chez certains patients. En outre, l’absence d’interaction médicamenteuse et d’induction
enzymatique, ainsi que la démonstration d’un maintien d’efficacité et d’une bonne sécurité d’emploi à long
terme (1 an), en font un traitement bénéficiant d’une bonne sécurité d’emploi. Il s’agit d’un traitement de
première intention et de référence de la douleur neuropathique.
• Prégabaline :
- Introduite sur le marché français après 2005, au mode d’action identique à celui de la gabapentine, hprégabaline
(Lyrica® ou DCI), dans le domaine public en 2014) bénéficie d’une AMM dans les douleurs neuropathiques
périphériques et centrales à des posologies entre 150 et 600 mg/j en 2 prises. Elle peut être efficace sur les
composantes douloureuses spontanées (continue et paroxystique), parfois sur les phénomènes allodyniques.
- Les effets secondaires les plus fréquents sont la sédation, l’ataxie locomotrice, et la prise de poids. Malgré
la précaution d’adaptation de la posologie en fonction de la clairance de la créatinine chez le sujet âgé ou
diabétique, l’absence d’interaction médicamenteuse et d’induction enzymatique garantissent une sécurité
d’emploi satisfaisante. Des propriétés anxiolytiques démontrées aux mêmes posologies que celles employées
pour la douleur neuropathique (AMM dans le trouble anxieux généralisé) peuvent s’avérer utiles chez certains
patients. Le risque de mésusage chez le sujet jeune à des fins non médicales (recherche d’euphorie) a conduit à
limiter sa prescription à 6 mois sur ordonnance sécurisée.
- Cette molécule est celle pour laquelle le maintien de l’efficacité, à une posologie moyenne d’environ 400 mg/j,
et la sécurité d’emploi, ont été les mieux étudiés à long terme (18 mois) parmi tous les traitements de la douleur
neuropathique. Il s’agit cependant d’un traitement de seconde intention de la douleur neuropathique,
la majorité des études de bonne qualité réalisées récemment étant négatives, avec en outre des effets
indésirables plus fréquents que pour la gabapentine.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Moisset Xavier1-2, Bouhassira Didier3, Avez Couturier Justine4, Alchaar Haie!5, Conradi Severine6, Delmotte Marie-Hélène7, Lanteri-
minet Michel1’8, Lefaucheur Jean-Pascal9, Mick Gérard10, Piano Virginie11, Pickering Gisèle1’12, Piquet Emilie8, Regis Caterina13,
Salvat Eric14, Attal Nadine3. Traitements pharmacologiques et non pharmacologiques de la douleur neuropathique : une
synthèse des recommandations françaises. Douleur et Analgésie, 2020.
• Pour aller plus loin
- Dworkin R.H., O’ConnorA.B., Audette J., Baron R., Gourlay G.K., Haanpâà M.L., Kent J.L., Krane EJ., Lebel A.A., Levy R.M., Mackey
S.C., Mayer J., Miaskowski C., Raja S.N., Rice A.S., Schmader K.E., Stacey B., Stanos S., Treede R.D., Turk D.C., Walco G.A., Wells
C.D., « Recommendations for the pharmacological management of neuropathie pain : an overview and literature update », Mayo
Clin Proc., 2010 ; 85 : S3-14.
- Attal N., Cruccu G., Baron R., Haanpâà M., Hansson P., Jensen T.S., Nurmikko T., « EFNS guidelines on the pharmacological
treatment of neuropathie pain : 2010 révision », European Fédération of Neurological Societies, EurJ. Neurol., 2010 ; 17:1113-88.
- Attal N., « Traitement pharmacologique des douleurs neuropathiques en soins de premiers recours », Rev Prat., 2013 ; 63 : 795-
802.
- Finnerup NB, Attal N, Haroutounian S, et al (2015) Pharmacotherapy for neuropathie pain in adults: a systematic review and
meta-analysis. Lancet Neurol 14:162-173. https://doi.org/io.ioi6/Si474-4422(i4)7O25i-o
Situation de départ
260. Évaluation et prise en charge de la douleur chronique
Chapitre
Autres médicaments à action
antalgique
Pr André Muller1, Dr Daniel Timbolschi2
1. Pr émérite - attaché, Centre d’Évaluation et de
OBJECTIFS N° 135-6. Thérapeutiques antalgiques,
Traitement de la Douleur, CHRU, Strasbourg
MÉDICAMENTEUSES.
2. PH, Centre d’Évaluation et de Traitement de la Douleur,
CHRU, Strasbourg
PLAN
1. Anesthésiques locaux
2. Capsaïcine
3. Corticoïdes
4. Kétamine
5. Bisphosphonates
6. Biothérapies
7. Cannabinoïdes
8. Naltrexone et inhibiteurs de l’activiation gliale
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
a i. Anesthésiques locaux_____________________________
1.1. Généralités
• Les anesthésiques locaux ont tous une structure commune faite de trois éléments : un pôle lipophile de type aro
matique qui intervient dans la diffusion et la fixation ; une chaîne intermédiaire dont la longueur conditionne la
puissance et la toxicité ; un pôle hydrophile, dérivé amine, qui conditionne la répartition sanguine et les capacités
d’ionisation.
• La liaison entre le pôle aromatique et la chaîne intermédiaire différencie les anesthésiques locaux du type ester
(procaïne, tétracaïne) et ceux du type amide et anilines (lidocaïne, prilocaïne, mépivacaïne, bupivacaïne, ropiva-
caïne).
• Ce sont des bases faibles, avec un pKa allant de 7,6 pour la mépivacaïne à 8,9 pour la procaïne, ce qui, au pH
ambiant détermine la proportion de forme non ionisée (diffusible) et de ionisée (active). Les anesthésiques locaux
se fixent dans les globules rouges et aux protéines plasmatiques. Il existe des solutions adrénalinées au 1/200 000e,
l’intérêt étant de retarder la réabsorption à partir du site d’injection, et, lors de l’injection périmédullaire, de pro
fiter de l’analgésie noradrénergique.
• Les anesthésiques locaux, sous forme ionisée, diminuent la perméabilité des membranes nerveuses (site d’action
souhaité dans les blocs) aux ions sodium, d’autant plus que les influx sont fréquents, et atténuent les potentiels
d’action sans affecter le potentiel de repos. Ils affectent aussi, à de très faibles concentrations, l’activité électrique
anormale générée par les fibres C soumises à des algogènes, ou présentes au sein d’un névrome. Cependant, les
anesthésiques locaux agissent sur toutes les cellules excitables (cœur, muscles, neurones) et ont aussi d’autres
mécanismes d’action : inhibition d’enzymes (adénylate cyclase, phospholipases, ATPase, tyrosine kinase) ; inhibi
tion des canaux ASIC ; effet anti-inflammatoire (par action sur les leucotriènes, les radicaux libres) ; perturbation
de plusieurs jours des transports axonaux ; effets anti-arythmiques (classe Ib de Vaughan-Williams), aggravation
des blocs de conduction, la bupivacaïne étant pro-arythmogène ; effet pro-épiletogène.
• Classiquement, les fibres fines (à savoir les fibres sympathiques éfférentes et les fibres afférentes C) sont affectées
dès les plus faibles concentrations (par exemple 0,25 % pour la lidocaïne), et les fibres myélinisées (fibres nocicep
tives Aô, fibres proprioceptives A[3, fibres motrices Aa) nécessitent à la fois une concentration plus importante et
un volume plus important (le bloc n’étant effectif qu’aux nœuds de Ranvier).
• La réabsorption à partir du site d’injection dépend de l’affinité du produit pour son site d’action, de la quantité de
graisse, de la vascularisation locale, dilatée par l’anesthésique : ainsi après un bloc à la lidocaïne non adrénalinée,
celle-ci apparaît dans le plasma en quelques minutes, avec un pic à la 30-45e minute. La demi-vie d’élimination de
la lidocaïne est de 100 minutes.
• Après une administration intraveineuse, les anesthésiques locaux se distribuent vers le cerveau, le cœur, les pou
mons, le foie et les reins. Les esters subissent un clivage par des estérases plasmatiques. Les amides sont métabo
lisés par le foie.
L’EMLA peut être utilisé avant toutes les ponctions, veineuses, artérielles, lombaires, et en dermatologie
avant usage du laser. II peut être appliqué sur des plaies (ulcères variqueux...) dans l’optique de soins
indolores.
• Techniques de blocs : elles constituent le domaine de prédilection de l’anesthésie locorégionale, pour l’analgésie
per et postopératoire. Vu la relative brièveté de durée d’action des anesthésiques au regard de la douleur provo
quée par un dégât tissulaire, la mise en place d’un cathéter au contact de la structure nerveuse (plexus brachial,
nerf fémoral, espace péridural...), est souvent nécessaire.
b 2. Capsaïcine______________________________________
• La capsaïcine est la substance responsable des effets du piment. C’est un agoniste des canaux TRPV1 (canaux
impliqués dans la nociception au chaud, aux protons... et largement concernés par la sensibilisation des nocicep
teurs). Aux effets excitateurs initiaux de l’application de capsaïcine fait suite, lors des applications répétées, une
désensibilisation des nocicepteurs portés par les fibres fines.
• En application topique répétée, telle qu’elle est pratiquée dans les douleurs chroniques, l’effet de désensibilisation
dépend des concentrations : à 0,025 %, l’effet est modeste (bénéfice relatif de 1,5 et NNT de 8).
• Aux concentrations élevées, allant de 2 jusqu’à 8 %, une seule application d’une heure peut être efficace pour plu
sieurs semaines. Il s’agit d’une action « toxique » sur les fibres C dysfonctionnelles. Aux concentrations les plus
élevées, l’application est douloureuse et nécessite soit une sédation, soit le plus souvent l’application préalable
d’EMLA®.
• Les principales indications retrouvées en clinique concernent les douleurs neuropathiques de topographie limi
tée.
En résumé :
b 3. Corticoïdes______________________________________
3.1. Généralités
• Les corticoïdes ont peu d’action antalgique propre. Ils agissent surtout par leur action anti-inflammatoire, mais
possèdent aussi des effets stabilisants de membrane. Leur action antalgique centrale relève à la fois d’un effet sur
les neurones et sur les cellules gliales dont ils atténuent l’activation, atténuant de la sorte la sensibilisation cen
trale. Dans certains modèles animaux, trois jours d’administration intrathécale de méthylprednisolone peuvent
prévenir les douleurs liées à une lésion nerveuse expérimentale.
b 4. Kétamine________________________________________
4.1. Généralités
• La kétamine est un dérivé de la phencyclidine, utilisé comme anesthésique général (présenté en France sous
forme d’un mélange racémique, la forme dextrogyre S(+) étant deux fois plus active que la forme lévogyre). C’est,
parmi les hypnotiques utilisés en anesthésie, le seul qui maintienne les réflexes respiratoires et cardiocirculatoires,
et de plus il possède des propriétés analgésiantes, ou, pour être plus précis, antihyperalgésiantes, c’est-à-dire qu’il
prévient et réverse la sensibilisation des voies nociceptives, et ce, de la périphérie jusqu’aux relais centraux des
voies nociceptives. La kétamine possède par ailleurs des propriétés antidépressives. L’effet antihyperalgésiant
comme l’effet antidépresseur perdurent pour plusieurs jours, voire semaines, après une administration de courte
durée, ce post-effet est probablement dû à une plasticité synaptique.
• L’action antihyperalgésiante, qui existe aux faibles doses non anesthésiques, relève pour l’essentiel des propriétés
de blocage des récepteurs ionotropiques NMDA au glutamate. Ce blocage n’est possible que si une dépolarisation
préalable a permis de lever le bloc magnésien de ces récepteurs. Les récepteurs NMDA laissent entrer du sodium
(responsable de l’excitabilité) et du calcium (qui favorise entre autres l’expression de gènes et la plasticité) dans les
b 5. Bisphosphonates_________________________________
• Les bisphosphonates, sont des analogues du pyrophosphate inorganique qui résistent à la destruction enzyma
tique et qui sont de fait des inhibiteurs de la réabsorption osseuse.
• Une action antalgique, indépendante des effets osseux, a été mise en évidence sur les modèles animaux de dou
leurs inflammatoires, que le bisphosphonate soit administré par voie IV, intrapéritonéale, ou dans le LCR. Les
bisphosphonates inhibent la libération des cytokines pro-inflammatoires, la production de prostaglandines.
• Dans le cadre des traitements antalgiques, il y a deux indications possibles :
- la première concerne les pathologies cancéreuses avec douleurs osseuses et /ou hypercalcémie, à savoir le
myélome, les métastases des cancers ostéophiles, sein et prostate en particulier. Dans ces cas l’administration
intraveineuse lente d’une dose totale de 15 à 60 mg de pamidronate, par exemple, permet de normaliser la
calcémie en 2 à 3 jours, un relais par voie orale de clodronate pouvant être envisagé, ce qui permet d’atténuer
les douleurs osseuses ;
- la seconde indication évoquée concerne les algodystrophies pour lesquelles manquent encore des études
valables et qui est hors AMM. Une étude italienne conforte son efficacité dans cette indication.
b 6. Biothérapies_____________________________________
Les biothérapies sont des traitements issus de tissus vivants. Nous ne mentionnerons ici que deux catégories qui ont
un intérêt dans le traitement des douleurs : les anticorps monoclonaux et les dérivés sanguins enrichis en plaquettes.
8.1. La naltrexone
• La naltrexone est un antagoniste des récepteurs aux opioïdes absorbé par voie orale, son AMM la réservant au
maintien du sevrage à une posologie quotidienne de 100 à 200 mg. À de faibles posologies (de 1 à 3 mg le soir au
coucher), elle est préconisée dans de nombreuses indications (syndrome douloureux régional complexe, fibro
myalgie, douleurs neuropathiques,...), toutes n’ayant pas été validées. L’un des isomères bloque pour quelques
heures les récepteurs p, entraînant un rebond de sécrétion d’opioïdes endogènes ; l’autre isomère inhibe par un
mécanisme non opioïdergique l’activation des cellules microgliales.
► BIBLIOGRAPHIE
- Gauthier-Lafaye P., Muller A., Gaertner E., Anesthésie locorégionale et traitement de la douleur, 4e édition, Masson, Paris, 2009,
685 pages.
- Baylot D., Navez M.L., Place des blocs analgésiques dans la prévention de la douleur chronique postopératoire, Douleur et
Analgésie, 2009,22 : 26-29.
- Anand P., Bley K., Topical capsaicin for pain management : therapeutic potential and mechanisms of action of the new high-
concentration capsaicin 8 % patch, British Journal ofAnaesthesia, 2011,4 :490-502.
- Blonk M.I., Koder B.G., Van den Bent P., Hygur F., Use oforal ketamine in chronic pain management : a review, European Journal
ofPain, 2010,14 :466-472.
- Aggravai S.K., Cannabinergic pain medicine, Clinical Journal of Pain, 2013, 29 :132-171.
- Muller A., Schwetta M., Walter C., Metzger C. Soins infirmiers et douleurs, 5ème édition, Paris, Elsevier 2020..
2. La capsaïcine :
- la capsaïcine à faible concentration (en gel), en application locale pour une action antalgique immédiate
sur les douleurs musculaires, d’arthose, neuropathiques ;
- et la capsaïcine à très forte concentration (8 %) en patch. Une application locale pendant 30 à 60
minutes va détruire les libres C dysfonctionnelles ; c’est une action neurotoxique qui va induire un effet
antalgique pendant 3 mois sur les douleurs neuropathiques.
3. Les corticoïdes, outre leur action anti-inflammatoire, ont de par leurs effets membranaires, une action
sur les foyers d’électrogenèse ectopique observés dans les douleurs neuropathiques.
Ils sont utilisés, en association avec des anesthésiques locaux, dans les douleurs de lésion/irritation de nerf.
Situation de départ
En lien avec la prise en charge
251. Corticoïdes par voie générale ou locale
259. Évaluation et prise en charge des douleurs aiguës
260. Évaluation et prise en charge des douleurs chroniques
PLAN
• Technique simple, portative, que le patient peut utiliser seul après un temps d’éducation thérapeutique.
• Les douleurs neuropathiques en constituent l’indication de choix.
• Location de 6 mois, remboursée par la sécurité sociale, prise en charge à l’achat dans la limite maximum
de 112 €.
2.1.1. Technique
• La neurostimulation transcutanée est une technique de neuromodulation du signal douloureux par stimulation
électrique.
• Les appareils de TENS sont des dispositifs médicaux qui délivrent une stimulation électrique par l’intermédiaire
d’électrodes adhésives appliquées sur la peau.
• Les appareils disposent de programmes prédéfinis variés en fonction des indications.
• Il existe deux principaux modes d’action selon la fréquence utilisée :
2.1.1.2. Le mode de stimulation discontinue ou « burst » dite acupuncture-like de basse fréquence (AL TENS,
ou morphinomimétique)
À RETENIR
• Le courant électrique provoque de faibles secousses musculaires.
• Il permet le relargage de substances opioïdes endogènes (endomorphines).
• La stimulation d’un territoire non douloureux (souvent entre le pouce et l’index) procure une analgésie rapide
qui persiste après l’arrêt de celle-ci (post-effet, parfois de plusieurs heures).
• Insuffisance et/ou inadéquation des traitements médicamenteux (risque plus important que bénéfice ; intolérance
ou refus médicamenteux ; terrain fragile).
• Présence d’un nombre suffisant de fibres myélinisées à stimuler et patient répondeur à un essai de stimulation.
• Motivation, capacité d’observance et de compréhension du patient.
Résultats : malgré le faible niveau de preuve des données cliniques, la stimulation TENS bénéficie
d’arguments en faveur de son utilisation :
- c’est une option complémentaire au traitement médicamenteux ;
- son efficacité peut être importante, mais est patient-dépendante ;
- son coût est faible.
2.1.3. Contre-indications
• Thrombose veineuse/artérielle, pacemaker. L’application des électrodes est exclue selon l’HAS sur peau lésée et
dans la région cervicale antérieure (proximité du sinus carotidien). Selon les données du CRAT de mars 2020, le
TENS est envisageable quel que soit le terme de la grossesse sauf sur l’abdomen.
Donc, sauf contre-indication, la TENS mérite d’être systématiquement essayée en cas de douleurs
neuropathiques.
2.2.1. Technique
• La rTMS est modulée selon différents paramètres de réglage :
- La fréquence utilisée : on distingue les stimulations dites à basse fréquence ( 1 Hz), « inhibitrices », car entraînant
plutôt une diminution à long terme des transmissions synaptiques ; et les stimulations à haute fréquence
(10 à 20 Hz), « excitatrices », qui entraînent plutôt une potentialisation des transmissions synaptiques et sont
utilisées dans les protocoles de traitement des douleurs chroniques rebelles pour réactiver des structures
cérébrales de contrôle de la transmission des informations nociceptives.
- Le ciblage de la stimulation peut s’effectuer sur différentes aires corticales : un système de repérage à partir de
l’imagerie du patient (neuronavigation), permet de mieux cibler les zones à traiter : la stimulation du cortex
moteur primaire (dans l’hémisphère controlatéral au territoire douloureux à traiter) est le plus souvent utilisée
en cas de douleur réfractaire. La stimulation du cortex préfrontal (cible utilisée préférentiellement pour le
traitement de la dépression) peut être également utilisée, notamment dans le cas de la fibromyalgie.
2.2.4. i-es effets indésirables sont rares, essentiellement des céphalées transitoires.
2.3.1. Technique
• La stimulation repose sur l’application d’un courant continu de faible amplitude (de 1 à 2 mA) au niveau du
scalp, généralement délivré au moyen d’un montage bipolaire utilisant deux larges électrodes, une anode et une
cathode, montées sur un casque souple.
• La stimulation anodique aura plutôt tendance à induire une dépolarisation axonale (augmentant ainsi son excita
bilité) alors que la stimulation cathodique fera l’inverse (hyperpolarisation inhibitrice). Cependant, en réalité, les
effets sont plus complexes et dépendent de la localisation respective des deux électrodes et de l’orientation des
axones dans le champ électrique.
• Comme pour la rTMS, les principales cibles corticales de la tDCS sont le cortex moteur primaire (surtout pour la
douleur) et le cortex préfrontal dorsolatéral (surtout pour la dépression).
• Pour le traitement des douleurs chroniques, il est usuel de placer l’anode en regard du cortex moteur primaire
(dans l’hémisphère controlatéral au territoire douloureux à traiter) et la cathode (électrode de « retour ») en posi
tion supra-orbitaire, du côté opposé à l’anode.
• Les séances de stimulation durent généralement 20 minutes et s’effectuent à une intensité de 2 mA. Le rythme
des séances est variable, mais peut s’envisager comme pour la rTMS, à raison de séances rapprochées en phase
d’induction, puis de séances plus espacées en phase d’entretien.
• L’intérêt majeur de la tDCS par rapport à la rTMS est le moindre coût et le moindre encombrement des appareils
de stimulation, ce qui rend possible la réalisation de séances à domicile par les patients.
2.3.3. Contre-indications
• Il n’existe pas de contre-indications, en dehors de l’existence de lésions cutanées au niveau des zones de position
nement des électrodes sur le scalp.
La stimulation médullaire
• Les douleurs neuropathiques rebelles des membres inférieurs en constituent l’indication de choix
(lomboradiculagies postopératoires, syndrome douloureux régional complexe notamment).
• Elle doit être précédée d’un essai des TENS, dont l’efficacité est prédictive de celle de la stimulation
médullaire. Mais elle peut être efficace même en cas d’inefficacité préalable des TENS.
• Bon rapport bénéfice (environ 70 % bons résultats si indication bien posée)/risques relativement
mineurs, chez douloureux chroniques rebelles au traitement médical.
• Elle doit toujours s’inscrire dans une stratégie de soins pluridisciplinaire.
3.1.1. Technique
• Cette technique mise au point dans les années 1980, s’est progressivement améliorée et miniaturisée, permettant
de stimuler de façon optimale les structures cibles.
• Il existe 2 types d’électrodes, toutes deux positionnées directement dans l’espace épidural à l’aplomb des cordons
postérieurs de la moelle : les électrodes tubulaires, présentant 4, 8 voire 16 contacts, introduites par voie percuta
née, et les électrodes introduites par voie chirurgicale (même nombre de contacts), après une laminectomie, plus
larges que les précédentes, et plus stables, avec un risque moindre de déplacement secondaire des électrodes.
• Pour le traitement de douleurs des membres inférieurs, le positionnement idéal de l’extrémité de la sonde corres
pond aux neuvième et dixième vertèbres dorsales.
• L’électrode est positionnée à l’aplomb du cordon postérieur homolatéral au côté de la douleur. Elle est correc
tement positionnée si la stimulation (utilisant une fréquence d’environ 40 Hz) induit des paresthésies qui
recouvrent le territoire douloureux. C’est la stimulation conventionnelle ou tonique. Il existe d’autres modes
de stimulation, notamment la stimulation Burst ou haute fréquence (stimulation sous seuil, sans prothèses), qui
impliquent les contrôles inhibiteurs descendants, et dont les résultats sont prometteurs sur des études randomi
sées contrôlées.
• L’efficacité est appréciée pendant au moins 10 jours, avec si possible un retour à domicile, et le test est considéré
comme positif si le niveau des douleurs diminue de plus de 50 %. Le stimulateur définitif peut alors être implanté
en sous-cutané, généralement dans la région abdominale. Le patient gère lui-même l’intensité et la durée de la
stimulation. La stimulation à haute fréquence entraîne une réduction importante de la durée de vie des batteries
des stimulateurs. C’est l’intérêt d’utiliser des stimulateurs rechargeables dont la durée de vie est plus longue. Les
progrès technologiques ont également permis de mettre au point des stimulateurs et électrodes IRM compatibles
utilisés maintenant de façon courante.
3.1.3. Contre-indications
• Comorbidités psychiatriques déséquilibrées (dépression grave, psychose active, hypochondrie), Coagulopathies
et immunodéficience sévères ; pronostic vital < 6 mois.
3.2.1. Technique
• L’intervention est relativement peu agressive, et généralement effectuée sous anesthésie générale. Elle consiste à
placer dans l’espace extradural une ou deux électrodes plates par une craniotomie d’environ 4 cm de diamètre.
La position précise des électrodes est déterminée sur l’imagerie et confirmée par l’électrophysiologie peropéra
toire.
3.2.3. Contre-indications
• Les contre-indications sont les mêmes que pour la stimulation médullaire.
3.2.4. Complications
• La technique est sûre, et les complications sont rares : les plus fréquentes sont les infections sur le site d’implan
tation du générateur. Contrairement à la DBS (ci-dessous), il n’y pas de risque d’hémorragie intracérébrale. Le
risque d’hématome extradural sera évité par une hémostase soigneuse.
3.3.1. Technique
• La stimulation du thalamus est une intervention stéréotaxique, consistant à implanter dans les noyaux sensitifs du
thalamus controlatéraux à la région douloureuse, une électrode reliée à un neurostimulateur. On peut y associer
la stimulation de la substance grise périaqueducale/péri-ventriculaire (PAG, PVG), dont l’effet antalgique est
probablement médié par l’élévation de la sécrétion d’opioïdes endogènes.
3.3.3. Complications
• Infection ; risque d’hémorragie intracrânienne (2 à 4 % des patients), qui peut causer malheureusement un déficit
neurologique permanent, voire le décès.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Haute Autorité de Santé, Appareils de neurostimulation électrique transcutanée (TENS), Avis sur les dispositifs médicaux
et autres produits de santé, https://www.has-sante.fr/jcms/p_31o6o43/fr/appareils-de-neurostimulation-electrique-
transcutanee-tens, mis en ligne le 18 septembre 2019.
• Penser aux TENS et à la physiothérapie (chaud, froid) chez le douloureux chronique, car impliquent le
patient dans sa prise en charge.
• jamais de technique seule, sans réflexion en équipe pluridisciplinaire (RCP).
1 Technique
Tableau 2. RÉCAPITULATIF DES TECHNIQUES DE NEUROSTIMULATION DANS LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR
Stimulation médullaire • Stimulation des voies sensitives de • Douleur neuropathique des • Lésions médullaires
la moelle épinière membres inférieurs • Rachis instable
1 IBS^ - ^B&^IB • Électrodes dans l’espace épidural • SDRC >6 mois
m ? MB • À hauteur de Thç-io • Douleur de désafférentation
• Implantation percutanée ou traumatique ou chirurgicale
chirurgicale • AOMI
s JliiK *' * BBBl ^^Bs®
• Électrodes et neurostimulateur
implantés
m ■ «3»
■ implantés
- Algies vasculaires de la face
Stimulation cérébrale • Stimulation des noyaux sensitifs du • Échec des autres techniques • Comorbidités
profonde thalamus de neurostimulation psychiatriques
• Noyaux thalamiques controlatéraux • Douleurs d’origine centrale
à la région douloureuse (post AVC)
• Intervention stéréotaxique • Algies de la face
• Électrodes et neurostimulateur
implantés
Stemo _______
implantés
cfchdo 9U|
mastoïdien Trwpè»
2c
Situation de départ
En lien avec les symptômes et signes cliniques
35. Douleur chronique
36. Douleur de la région lombaire
71. Douleur d’un membre (supérieur ou inférieur)
72. Douleur du rachis (cervical, dorsal ou lombaire)
73. Douleur, brûlure, crampes et paresthésies
Chapitre
u Anesthésie générale,
——---------------------------------------------------------------------------------
r loco-régionale et locale
Dr Hakim Harkouk1, Pr Dominique Fletcher2
1. PH, Département d’anesthésie, CHU Ambroise-Paré,
Boulogne-Billancourt
2. PU-PH, Département d’anesthésie, CHU OBJECTIFS N° 136. Anesthésie locale,
Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt
LOCORÉGIONALE ET GÉNÉRALE
a 2. Prise en charge__________________________________
• Les principales molécules utilisées sont les suivantes : la lidocaïne (Xylocaïne®), la ropivacaïne (Naropéine®), la
bupivacaïne (Marcaïne®), la lévobupivacaine (Chirocaine®).
• Leur durée d’action de plusieurs heures les réserve aux gestes prolongés mais le délai d’installation du bloc, plus
long qu’avec la lidocaïne, devra être anticipé au moment de la réalisation de l’ALR.
1. L’anesthésie permet d’obtenir la suppression des sensations de tout (anesthésie générale) ou d’une
partie (anesthésie locale ou loco-régionale) de l’organisme afin de pratiquer des actes douloureux.
2. L’anesthésie générale est obtenue par l’association d’un hypnotique pour la perte de conscience,
d’un morphinique pour l’analgésie et éventuellement d’un curare qui permet le relâchement musculaire.
Elle entraîne un retentissement important sur la fonction cardio-vasculaire et respiratoire. L’anesthésie
loco-régionale entraîne un blocage nerveux transitoire entre le site opératoire et le système nerveux
central. Elle peut être médullaire (anesthésie péridurale ou rachianesthésie) ou périphérique (plexique
ou tronculaire). L’ALR évite certains risques liés à l’AG et offre une analgésie postopératoire de qualité.
L’anesthésie locale est destinée à des actes simples peu douloureux.
3. La réalisation d’une anesthésie sera suivie dans tous les cas d’un passage en salle de surveillance
post-interventionelle afin de surveiller les grandes fonctions vitales, la stabilité hémodynamique et de
traiter les douleurs postopératoires.
4. L’analgésie postopératoire doit être précoce (débutée avant le réveil du patient) et multimodate
(associant plusieurs techniques ou agents analgésiques). La morphine est le produit de référence pour
l’analgésie postopératoire mais ses effets secondaires impliquent une surveillance rapprochée.
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
• Évaluer un traitement antalgique médicamenteux, ajusté à l’état du patient (âge, capacités métaboliques, diffé
rences pharmacogénétiques, d’où la nécessité d’une titration), c’est vérifier son efficacité, rechercher et si possible
prévenir les effets secondaires, en temps voulu par la pharmacocinétique, et assurer une surveillance si le traite
ment doit être poursuivi. En d’autres termes, c’est favoriser l’observance en informant et en impliquant le patient.
• Il est des techniques non pharmacologiques (hypnose, stimulation électrique, acupuncture...) de traitement des
douleurs aiguës ou chroniques qui nécessitent des explications plus détaillées et/ou une période d’apprentissage,
c’est-à-dire une attention plus poussée du personnel soignant, laquelle a un effet thérapeutique.
• La situation diffère selon qu’il s’agit de traiter une douleur aiguë ou une douleur chronique. Dans le premier
cas, il s’agit de diminuer assez rapidement l’intensité douloureuse à un niveau acceptable, dans l’attente d’un
retour espéré à l’état antérieur. Dans le second cas, il s’agit souvent plus d’arriver à un état que le patient considère
comme supportable pour la vie au quotidien.
*est-ce
1.1. Qu qu'un traitement efficace ?
• Dans les essais thérapeutiques médicamenteux, l’efficacité antalgique est atteinte pour une réduction de 30 %
à 50 % de l’intensité initiale de la douleur. Ainsi le NNT (number needed to treat), ou nombre nécessaire de patients
à traiter pour en soulager un, est en général envisagé pour une réduction de 50 % de l’intensité de la douleur.
• L’effet placebo, que les études randomisées contrôlées essayent de cerner au mieux pour affirmer la part d’effi
cacité de la substance évaluée, est dans la pratique quotidienne un levier sur lequel il faut s’appuyer, non pour
« tricher » avec le patient, mais parce qu’il fait de toute façon partie intégrante de la relation thérapeutique.
• Les profils de répondeurs : il est des traitements peu efficaces du point de vue de la pharmacologie, mais qui
avec certains thérapeutes donnent de bons résultats. Il est des traitements non pharmacologiques pour lesquels la
pratique d’essais contrôlés est quasi impossible (par exemple les psychothérapies) et dont certains patients tirent
un bénéfice apprécié et durable. La recherche actuelle s’attache à trouver les profils de patients répondeurs, pour
individualiser le traitement.
• Rechercher la suppression totale de la douleur : objectif zéro douleur. Pas facile en pratique. Les enquêtes
pratiquées dans les hôpitaux révèlent que la satisfaction des patients dépend au moins autant de l’attention qui est
portée à leur douleur par le personnel soignant que de la diminution effective de l’intensité de la douleur.
• Rechercher une réduction importante de l’intensité de douleur initiale : rechercher une réduction de 30 voire 50 %.
Pas forcément pertinent : une réduction de 30 % d’une intensité de douleur 90 mm/100 amène à une intensité de 60
mm, toujours importante, donc insuffisante.
• Évaluer le soulagement : au moins 30 à 50 %. Il n’y a pas forcément de corrélation avec la réduction de l’intensité
initiale. Le soulagement intègre aussi des notions qualitatives, pas seulement quantitatives. Le soulagement est
aussi une notion plus positive qu’une intensité absolue.
• Chercher le seuil de douleur acceptable : en général, amener le patient à une intensité en dessous de 4/10 en aigu
est considéré comme un état acceptable.
• Évaluer la réduction du recours aux antalgiques de secours prescrits à la demande, par exemple réduction de la
morphine en PCA (pompe auto-administrée) ou réduction des doses de secours.
• Évaluer, selon le moment : au repos, à la mobilisation. Un traitement efficace au repos peut être insuffisant à la
mobilisation, d’ou l’intérêt d’interdoses anticipées.
• Dans la douleur chronique, l’objectif de la prise en charge doit être fixé au départ de façon
raisonnable avec le patient, en tempérant les attentes irréalistes, et en fonction de l’évaluation qui
aura été préalablement faite. L’efficacité d’un traitement pourra être mesurée par une évaluation
globale par le patient (PGIC- Patient Global Impression of Change), qui cherche à mettre en évidence
une amélioration globale pertinente pour le patient, en termes d’intensité de douleur mais aussi de
retentissement, notamment sur la qualité de vie et le handicap.
• Le patient pourra selon les cas se satisfaire d’une baisse globale de l’intensité douloureuse moyenne, ou d’une
fréquence des accès douloureux, ou d’une amélioration du handicap physique qu’inflige la douleur.
• Quels que soient les outils utilisés au départ (questionnaires QDSA, échelle HAD, DOLOPLUS, échelle de reten
tissement de la douleur...), et s’il est utile de les réutiliser après traitement, c’est in fine l’appréciation globale du
patient lui-même de l’atténuation de sa douleur, et de la réduction du handicap qu’elle lui inflige qui sera le meil
leur indicateur de l’efficacité du traitement.
• Qu’il s’agisse de traiter une douleur installée ou de prévenir une douleur à venir, en particulier dans les douleurs
induites par les soins, il est, après une administration unique, une période où l’analgésie obtenue est au maxi
mum (Tableau 1).
Contramal® 100 mg PO
Tramadol . ....... .... . ..
Contramal® 100 mg IV
Morphine® 10 mg SC
Opioide fort
Actiskénan® 10 mg PO
L’efficacité est maximale durant les périodes figurées en gris clair, et il est visible qu’à l’exception du kétoprofène IV, la
meilleure période se situe entre la ireet la 2e heure d’administration. PO : per os ; IV : intraveineux ; SC : sous-cutané.
Figure 1. Cinétique d’un produit lors d’administrations répétées d’une forme à libération immédiate
Tableau 2. ÉQUIVALENCE DES OPIOÏDES FORTS LES PLUS USITÉS, EN POSOLGIES QUOTIDIENNES
Conclusion
• L’efficacité d’une prise en charge antalgique relève de la seule appréciation du patient, du moins s’il est commu
nicant. Celle-ci est à pondérer par le rapport efficacité/effets secondaires. C’est ainsi que malgré une efficacité
prouvée sur les douleurs neuropathiques, les antidépresseurs sont fréquemment abandonnés par les patients, du
fait des effets secondaires gênants, même s’ils sont considérés comme « mineurs ».
• La prise d’un traitement antalgique, en particulier au long cours, est complexe, et se solde souvent par un arrêt
prématuré, ou par une mauvaise observance ; l’éducation thérapeutique du patient, qui prend en compte ses
objectifs, ses croyances et ses priorités, est une des approches qui permet d’améliorer l’efficacité des traitements
multidimensionnels et complexes, suivis par les patients douloureux chroniques.
1. L’efficacité attendue d’un traitement antalgique dépend du type de douleur, aiguë ou chronique.
- Dans le premier cas, il s’agit de diminuer l’intensité de la douleur, évaluée par des échelles unidimen
sionnelles, dans l’attente d’un retour à l’état antérieur.
- Dans le second cas, la douleur relève de facteurs multiples, et le traitement antalgique vise plus à la
restauration d’une douleur acceptable, avec une qualité de vie optimale.
2. L’évaluation d’un traitement antalgique médicamenteux, faite à un moment compatible avec
la pharmacocinétique comporte : la mesure de l’intensité perçue, laquelle peut conduire à réajuster
la posologie ; la prévention et le traitement des effets secondaires. Dans les situations de douleur
chronique, la réévaluation doit être régulière, en particulier avec les opioïdes, du fait de la possible
accoutumance.
• L’évaluation d’un traitement repose sur l’évaluation de 3 éléments (il est fréquent de la réduire au
seul premier élément) :
- efficacité ;
- tolérance ;
- observance.
Traitements de la douleur
neuropathique
Pr Xavier Moisset1, Pr Valeria Martinez2,
Pr Nadine Attal2
1. PU-PH, Service de Neurologie, CHU Gabriel Montpied,
Clermont-Ferrand
2. PU-PH, Centre d’Évaluation et de Traitement de la
Douleur, Hôpital Ambroise Paré, Boulogne
OBJECTIFS : N°135-9. Thérapeutiques
ANTALGIQUES, MÉDICAMENTEUSES ET NON
PLAN
MÉDICAMENTEUSES.
B Prise en charge Antiépileptiques à visée antalgique Prescrire et expliquer l’intérêt d’un anti-épileptique
à visée antalgique
A Prise en charge Anesthésiques par voie locale et Être capable de prescrire et mettre en place un patch
locorégionale pour prévenir la douleur procédurale
B Prise en charge Anesthésiques par voie locale et Énumérer les principales indications d’analgésie
locorégionale par anesthésiques locaux : patch pour douleur
neuropathique, analgésie locorégionale
a 1. Stratégie thérapeutique_______________________
• Le traitement de première intention doit reposer sur une monothérapie (Figure 1).
• En première intention, on peut proposer : un antidépresseur tricyclique, un antidépresseur inhibiteur de recap
ture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA), un antiépileptique (gabapentine), ou un traitement topique
par emplâtres de lidocaïne (AMM douleur post-zostérienne).
TENS: transcutaneous electrical nerve stimulation ; IRSNA: antidépresseur inhibiteur de recapture de la sérotonine
et de la noradrénaline; rTMS: répétitive transcranial magneticstimulation ; FBSS : failed-back surgery syndrome.
• Le choix entre ces molécules repose sur le meilleur rapport bénéfice/sécurité d’emploi et l’éventuelle action
conjointe sur les comorbidités (anxiété, dépression, troubles du sommeil) (Tableau 1). Il dépendra donc du profil
du malade (âge, antécédents).
• En cas d’inefficacité (< 30 %) ou d’effets indésirables d’un médicament de première intention, il est légitime de le
remplacer par un traitement de classe thérapeutique différente d’efficacité démontrée.
• En cas d’efficacité partielle (30 -50 % d’efficacité sur la douleur) d’un traitement de première intention, une
association médicamenteuse peut être proposée entre médicaments de première intention.
Lors de l’utilisation d’associations, on associera des classes thérapeutiques distinctes ou des traitements
de mécanismes d’action complémentaires.
sulfate de morphine et une durée de prescription de plus de trois mois doivent conduire à une réévaluation dans
un centre de lutte contre la douleur.
• Les techniques de neurostimulation périphérique ou centrale ont leur place en première intention pour la stimu
lation électrique transcutanée (TENS), et en troisième intention pour la stimulation magnétique transcrânienne
répétitive (rTMS) et la stimulation médullaire.
b 2. Information du patient_____________________________
• L’information du patient sur les mécanismes de la douleur neuropathique et les objectifs des traitements entrepris
fait partie de la prise en charge thérapeutique. Ils doivent être expliqués en termes simples et clairs pour le patient.
Les points à aborder sont les suivants :
- expliquer que les antalgiques usuels (paracétamol, AINS, dextropropoxyphène) ne sont pas efficaces dans ce
type de douleur ;
- dire que les molécules prescrites (antidépresseurs, antiépileptiques) sont utilisées dans d’autres indications
mais ont une activité analgésique propre ;
- prévenir qu’il faut s’attendre à un soulagement partiel sur la douleur et que les médicaments n’ont aucun effet
sur l’évolution de la pathologie en cause ;
- expliquer que le délai d’action peut être retardé (plusieurs jours à plusieurs semaines) ;
- dire que les traitements sont à prendre de façon systématique pendant plusieurs mois ;
- informer des effets secondaires les plus fréquents et/ou les plus graves ;
- informer que l’arrêt doit se faire de façon progressive pour éviter un risque de sevrage brutal à l’arrêt.
4.1. La psychothérapie
• La psychothérapie, en particulier la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et la psychothérapie de pleine
conscience, peut être proposée dans la prise en charge de la douleur neuropathique en cas de comorbidité anxieuse
notamment.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Moisset X, Bouhassira D, Avez Couturier J, et al. Pharmacological and non-pharmacological treatments for neuropathie pain:
Systematic review and French recommendations. Rev Neurol (Paris). 20205176(5)325-352
- Moisset X, Bouhassira D, Avez Couturier J, et al. Traitements pharmacologiques et non pharmacologiques de la douleur
neuropathique : une synthèse des recommandations françaises. Douleur analg. 2020 ; 33:101-112
1. L’efficacité analgésique des différentes molécules reste dans l’ensemble modérée et rarement
complète, c’est pourquoi une évaluation précise avant/ après traitement est indispensable pour mesurer
l’efficacité du traitement.
2. Une bonne information du patient est le gage d’une bonne adhésion au traitement.
• Contrairement à une idée reçue, les antidépresseurs tricycliques et mixtes et les antiépileptiques
(gabapentine, prégabaline) sont efficaces à la fois sur les douleurs continues (brûlures) et paroxys
tiques (décharges électriques).
Amélioration de la
30 à 60 mg 60-120 mg/j, Nausées/vomissements, constipation,
Duloxétine Insuffisance hépatique dépression et de l’anxiété
Paliers de 30 à 60 mg 1-2 fois/j anorexie
généralisée
Somnolence, asthénie, impression Adapté selon la clairance de la
300 mg le soir
vertigineuse créatinine.
(100 mg sujet âgé) 1 200-3 600 mg, Amélioration des troubles
Gabapentine Nausées, anorexie, sécheresse de la bouche Réduire les doses chez la
Paliers de 100 mg (sujet 3 fois/j du sommeil
Céphalées, œdèmes périphériques personne âgée . Risque de
âgé) à 300 mg
Prise de poids mésusage et d’addiction.
Somnolence, asthénie, impression
Adapté selon la clairance de la
75-150 mg paliers de 75 vertigineuse Amélioration des troubles
300-600 mg, 2 fois/j en créatinine. Réduire
Prégabaline mg Nausées, anorexie, sécheresse de la bouche du sommeil et de l’anxiété
deux ou trois prises les doses chez la personne
(25 mg sujet âgé) Céphalées, œdèmes périphériques généralisée
âgée
Prise de poids
T raitem en ts
Item 135-9
par un personnel formé.
les trois mois
21Zf
99 Douleurs pelviennes
260 Évaluation et prise en charge de la douleur • Expliquer que les antalgiques usuels ne sont pas efficaces dans
chronique ce type de douleur.
• Dire que les molécules prescrites (antidépresseurs, antiépilep
tiques) sont utilisées dans d’autres indications.
• Prévenir qu’il faut s’attendre à un soulagement partiel sur la
douleur et que les médicaments n’ont aucun effet sur l’évolution
de la pathologie en cause.
• Expliquer que le délai d’action peut être retardé.
• Dire que les traitements sont à prendre de façon systématique
pendant plusieurs mois.
• Informer des effets secondaires.
• Informer que l’arrêt doit se faire de façon progressive.
35 Douleur chronique Une titration est nécessaire en raison d’une grande variabilité
interindividuelle dans l’efficacité et la tolérance : elle consiste à
36 Douleur de la région lombaire
commencer par de faibles doses et à augmenter progressivement
71 Douleur d’un membre (supérieur ou inférieur) par paliers en fonction de l’efficacité et de la tolérance.
72 Douleur du rachis (cervical, dorsal, lombaire) La titration doit se poursuivre, si la tolérance le permet, jusqu’aux
doses maximales reconnues comme efficaces avant de parler
73 Douleur, brûlure, crampes et paresthésies
d’échec du traitement.
99 Douleurs pelviennes Un traitement ainsi débuté et efficace doit être poursuivi pendant
plusieurs mois (6 au minimum),
En lien avec (es anesthésiques locaux
35 Douleur chronique Les emplâtres de lidocaïne (1-3 patches par jour pendant 12
heures) sont indiqués en première intention pour les douleurs
36 Douleur de la région lombaire
neuropathiques périphériques localisées (AMM douleurs post-
71 Douleur d’un membre (supérieur ou inférieur) zostériennes).
72 Douleur du rachis (cervical, dorsal, lombaire)
73 Douleur, brûlure, crampes et paresthésies La neurostimulation médullaire peut être proposée après
échec des traitements médicamenteux bien conduits dans les
99 Douleurs pelviennes lomboradiculalgies chroniques post-opératoires et dans la
neuropathie douloureuse diabétique.
Chapitre
Céphalée
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
Céphalée 217 ◄
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• La céphalée, qui est un terme générique pour désigner toute douleur du segment céphalique, est un des motifs les
plus fréquents de consultation chez le médecin généraliste, chez le neurologue ou en structure d’accueil d’urgence
et elle représente également un motif fréquent du recours en structure de prise en charge de la douleur chronique.
• La céphalée peut être primaire, mais elle peut être également secondaire et être alors le symptôme d’une patho
logie grave, pouvant même engager le pronostic vital.
Éliminer une céphalée secondaire est donc le principe sur lequel est construite la démarche diagnostique
face à une céphalée.
Symptômes d’interrogatoire
- caractère orthostatique.
• Présence de signes généraux associés :
- myalgies, arthralgies.
• Présence de signes neurologiques associés :
- somnolence, obnubilation ;
- troubles cognitifs ;
- troubles visuels ;
Signes d’examen
• Fièvre.
• Raideur de nuque.
• Troubles moteurs ou sensitifs focalisés.
• Asymétrie des réflexes ostéo-tendineux, signe de Babinski.
• Syndrome cérébelleux.
• Œdème papillaire.
• Asymétrie pupillaire.
• Amputation du champ visuel.
• Artère temporale indurée et douloureuse.
► 218 Céphalée
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Item 100-1
• Ces différents types de céphalées n’imposent pas toutes la même vigilance diagnostique (Figure 1).
Céphalée 219 ◄
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A 2.1. Céphalée paroxystique inaugurale
• Cette situation correspond à une céphalée d’apparition brutale chez un patient n’ayant jamais présenté de cépha
lée similaire.
• Dans cette situation, c’est l’apparition brutale (parfois en « coup de tonnerre »), beaucoup plus que son intensité
(cette dernière pouvant être modérée) qui doit faire considérer ce type de céphalée comme une céphalée secon
daire jusqu’à preuve du contraire.
• Il s’agit d’une véritable urgence, même si la céphalée a disparu au moment où le patient consulte.
• En effet, elle peut être le témoin d’une hémorragie méningée ou d’un syndrome de vasoconstriction réversible
et elle doit donc conduire à une hospitalisation du patient, et à la réalisation en urgence d’un examen tomoden
sitométrique sans injection de produit de contraste, couplé à un angioscanner cérébral afin de visualiser les axes
artériels et veineux, et, si ce dernier est normal, d’une ponction lombaire.
► 220 CÉPHALÉE
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Item 100-1
• Cette analyse du profil temporel permet ainsi de structurer la démarche diagnostique face à une céphalée, notam
ment lorsqu’elle est isolée, et d’envisager une prescription rationnelle des explorations complémentaires.
Cette démarche doit être également appliquée devant toute céphalée nouvelle survenant chez un
sujet préalablement céphalalgique notamment migraineux.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Géraud G., Orientation diagnostique devant une céphalée, La Revue du Praticien, 2008 ; 58: 598-606.
♦ Pour aller plus loin
- Moisset X, Mawet J, Guegan-Massardier E, Bozzolo E, Gilard V,Tollard E, Feraud T, Noëlle B, Rondet C, Donnet A. French Guidelines
For the Emergency Management of Headaches. Rev Neurol (Paris). 2016 J un-J ul;i/2 (6-7) :35o-6o.
- Headache Classification Committee of the International Headache Society, The International Classification of Headache
Disorders, 3rd édition. Cephalalgia 2018,1,1-211.
• La céphalée paroxystique récurrente et la céphalée chronique quotidienne sont le plus souvent des
céphalées primaires.
Céphalée 221 ◄
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Situations de départ en rapport avec l’item 100-1 :
«CÉPHALÉE INHABITUELLE AIGUË ET CHRONIQUE CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT»
121. Déficit neurologique et/ou moteur Le tableau de céphalée en coup de tonnerre est une urgence
médicale. La céphalée paroxystique récurrente et la céphalée
chronique quotidienne sont le plus souvent des céphalées
primaires.
En lien avec l’imagerie
231. Demande d’un examen d’imagerie Une céphalée en coup de tonnerre doit être explorée par un
226 Découverte d'une anomalie du cerveau à l'examen scanner avec des temps artériels et veineux et une PL.
d'imagerie médicale Les autres explorations (FO, VS...) seront réalisées en fonction
du contexte clinique et de l’interrogatoire.
183 Anomalie du liquide cérébro-spinal
► 222 Céphalée
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Item 99-1
Chapitre
Migraine
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
B • La migraine est une céphalée primaire qui affecte plus de 10 % de la population générale, touchant à lage adulte
trois fois plus de femmes que d’hommes. Sa prévalence est maximale entre 30 et 50 ans ce qui explique que cette
céphalée primaire est classée par l’OMS parmi les vingt maladies les plus invalidantes sociétalement.
• Elle se traduit cliniquement par des crises dont la répétition repose sur une prédisposition génétique rendant
les migraineux plus vulnérables à de nombreux facteurs déclenchants (facteurs émotionnels, variation d’activité
physique, variation du volume du sommeil, période menstruelle chez les femmes, facteurs environnementaux...)
dont le dénominateur commun est un changement d’état.
Migraine 223 ◄
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• Les mécanismes par lesquels cette prédisposition génétique diminue le seuil de déclenchement des crises restent
imprécis sachant qu’ils impliquent des générateurs situés au niveau du tronc cérébral et du diencéphale ainsi que
la dépression corticale envahissante qui est actuellement unanimement reconnue comme étant le substrat de
l’aura migraineuse.
• Les mécanismes de la crise migraineuse elle-même sont mieux connus, notamment la douleur migraineuse qui est
due à une activation du système trigémino-vasculaire induisant une inflammation neurogène et une dilatation au
niveau des vaisseaux de la dure-mère très riche en nocicepteurs.
a 2. Reconnaissance de la migraine_____________________
• La reconnaissance de la migraine se pose différemment selon que le migraineux présente des crises sans aura ou
des crises avec aura, sachant que les deux types de crises peuvent coexister chez un même sujet.
► 224 Migraine
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Item 99-1
- unilatéralité ;
- pulsatilité ;
- phonophobie et photophobie.
E. Pas d’autre cause.
• Face à une céphalée paroxystique récurrente, il convient de différencier une crise de migraine d’un épisode de
céphalée de tension épisodique ce qui est le plus souvent facile tant les deux entités s’opposent (Tableau 2).
• Néanmoins, certains migraineux souffrent d’une céphalée de tension dont les épisodes peuvent s’intercaler entre
leurs crises migraineuses. Cette association entre migraine et céphalée de tension épisodique est importante à
rechercher (cf 3. Évaluation du migraineux) car elle peut favoriser l’abus médicamenteux chez le migraineux
dans l’incapacité de différencier une crise migraineuse d’un épisode de céphalée de tension en début de céphalée
faisant qu’il utilise systématiquement un traitement de crise dans le doute. Ce risque de prise anticipatoire existe
d’autant plus que le migraineux présente une comorbidité anxieuse qui est un autre élément important à prendre
en compte (c/ 3. Évaluation du migraineux).
Tableau 2. DIFFÉRENCES SÉMIOLOGIQUES ENTRE UNE CRISE MIGRAINEUSE SANS AURA ET UN ÉPISODE DE CÉPHALÉE DE TENSION
Migraine 225 ◄
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Tableau 3. CRITÈRES DIAGNOSTIQUES DE L’AURA TYPIQUE
a 3. Évaluation du migraineux_____________________
• Le migraineux doit être évalué en termes de retentissement fonctionnel, de retentissement émotionnel et de
consommation médicamenteuse. Cette évaluation peut également concerner la prévention du risque vasculaire
notamment chez les migraineuses présentant une migraine avec aura.
226 Migraine
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Item 99-1
a 4. Traitement de la migraine______________________
• Le traitement de la migraine repose sur des conseils, le traitement de crise et le traitement prophylactique.
4.1. Conseils
• Quand cela est possible, un des éléments du traitement de la migraine est d’identifier et d’évincer les facteurs
déclenchant les crises. Ces facteurs correspondent à tous les changements d’état (facteurs émotionnels, variation
d’activité physique, variation du volume du sommeil, période menstruelle chez les femmes, facteurs environne
mentaux. ..). Certains sont néanmoins difficiles à supprimer et il convient de ne pas trop insister sur leur éviction
car cela peut parfois majorer les conduites d’évitement.
• Les conseils à donner au migraineux portent également sur l’hygiène de vie avec la pratique d’une activité phy
sique régulière, la perte de poids si nécessaire, le maintien d’un volume de sommeil suffisant, la limitation des
consommations d’alcool.
Migraine 227 ◄
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• Le traitement de crise doit être prise le plus tôt possible (dans l’heure qui suit son début) sauf chez les patients avec
prise anticipatoire anxieuse qui sont à risque d’abus médicamenteux
• Idéalement, le traitement de crise ne doit pas être utilisé plus de 2 jours par semaine
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Donnet A., Céphalées primaires, La Revue du Praticien, 2008 ; 58: 608-615.
• Pour aller plus loin
- Haute Autorité de Santé, Recommandations pour la pratique clinique - Prise en charge diagnostique et thérapeutique de la
migraine chez l’adulte et l’enfant : aspects cliniques et économiques, Octobre 2002, www.has-sante.fr
- Classification Committee of the International Headache Society (IHS). The International Classification of Headache Disorders,
3rd Edition. Cepahalalgia 2018; 38:1-211.
- Lanteri-Minet M., Valade D., Géraud G., Lucas C., Donnet A., Recommandations pour le diagnostic et le traitement de la migraine
chez l’adulte et chez l’enfant, Rev. Neurol., 2013 ; 169 :14-29.
► 228 Migraine
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Item 99-1
• Chez tous les migraineux, l’évaluation concerne le retentissement fonctionnel, le retentissement émo
tionnel et la consommation médicamenteuse.
• Chez les migraineuses souffrant de migraine avec aura, l’évaluation concerne la prévention du risque
neuro-vasculaire.
Migraine 229 ◄
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Principales situations de départ en lien avec l’item 99-1 :
«Migraine »
12. Nausées La migraine sans aura se traduit par une céphalée s’associant
à des signes d’accompagnement (hyperesthésie sensorielle et
13. Vomissement
troubles digestifs) évoluant par crises.
118. Céphalée La migraine avec aura se caractérise par des signes neurologiques
121. Déficit neurologique sensitif et/ou moteur transitoires qui dans la forme typique peuvent être des troubles de
la vision, un déficit sensitif et/ou des troubles du langage.
134. Troubles du langage et/ou phonation
Le diagnostic de ces deux formes cliniques repose sur les critères
138. Anomalie de la vision diagnostiques de la classification internationale des céphalées.
231. Demande d’un examen d’imagerie Quand ces critères sont présents et que l’examen clinique est
normal la demande d’un examen d’imagerie est inutile
51. Obésité et surpoids Les conseils au migraineux sont essentiels avec l’éviction des
facteurs déclenchants (si elle est possible et sans trop insister) et
57. Prise de poids
le rappel d’hygiène de vie dont la réduction pondérale s’il existe
249. Prescrire des AINS un surpoids.
250. Prescrire des antalgiques Le traitement de crise repose essentiellement sur les AINS et les
triptans dont l’indication est fonction de la sévérité de la crise. Si
348. Suspicion d’un effet indésirable des
le paracétamol peut être utilisé pour les crises d’intensité légère
médicaments ou d’un soin
à modérée, les antalgiques opioïdes sont à proscrire du fait du
352. Expliquer un traitement au patient risque d’abus médicamenteux. Il convient systématiquement de
354. Évaluation de l’observance thérapeutique rappeler au patient le seuil de 2 jours par semaine avec traitement
de crise à ne pas dépasser.
Le traitement prophylactique est indiqué en cas d’altération de
la qualité de vie et de risque d’abus médicamenteux. Il repose
en première intention sur les bêtabloquants. Dans tous les cas, il
convient de veiller de limiter les effets indésirables (prise de poids
notamment) et rappeler la nécessaire bonne observance.
► 230 Migraine
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Item 99-2
Chapitre
Algie vasculaire de la face
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
A • L’algie vasculaire de la face (dénommée cluster headache par les anglophones) est la principale des céphalées
trigémino-autonomiques qui constituent le troisième groupe de céphalées primaires au sein de la classification
internationale des céphalées.
B • De prévalence précise inconnue, elle fait néanmoins partie des maladies orphelines qui sont définies par une
prévalence a priori inférieure à 1/2000.
• Ses autres caractéristiques épidémiologiques sont : sa très nette prédominance masculine, le fait quelle débute
le plus souvent entre 20 et 40 ans et son association fréquente à un tabagisme. En dépit de sa rareté, l’algie vas
culaire de la face doit être reconnue, car c’est une des affections les plus douloureuses qui existent, l’intensité
douloureuse pouvant être quasiment suicidaire.
- oedème palpébral ;
• Agitation motrice.
D. Fréquence des crises variant d’une crise un jour sur deux à huit crises par jour dans plus de la moitié du temps
quand la période est active.
• Ces critères diagnostiques résument parfaitement la présentation d’une crise d’algie vasculaire de la face. Il s’agit
d’une crise douloureuse strictement unilatérale, à prédominance orbitaire, d’une extrême sévérité, et que le
patient va décrire avec un Verbatim très imagé : « ... C’est comme si on m’arrachait l’œil...;... C’est comme si on
m’enfonçait un pieu dans l’œil... ».
• Le début est très rapide ou même brutal, la crise durant ensuite entre 1/4 d’heure et 3 heures (la durée moyenne
étant de 45 à 60 minutes).
• La crise s’associe à une dysautonomie focale homolatérale, se traduisant donc uniquement par des signes au
niveau de l’hémiface douloureuse. Cette dysautonomie témoigne avant tout d’une hyperactivité parasympa
thique, ce qui explique que les signes les plus fréquents sont le larmoiement, l’injection conjonctivale et les
modifications narinaires (obstruction nasale ou rhinorrhée).
• Plus rarement, elle peut traduire un hypofonctionnement sympathique, qui s’exprime notamment par un syn
drome de Claude Bernard Horner partiel (chute de la paupière supérieure et myosis).
• Les signes dysautonomiques ne sont présents que pendant la crise sauf le syndrome de Claude Bernard Horner
qui peut persister entre les crises.
• Enfin, au cours de la crise, le comportement du patient est caractéristique, avec une agitation motrice, qui peut
être majeure pouvant le conduire à des gestes auto et/ou hétéro-agressifs.
B
De fait, devant un premier épisode douloureux évoquant une algie vasculaire il convient d’explorer
les vaisseaux du cou par bilan ultrasonographique et résonnance magnétique et d’explorer les sinus
profonds par tomodensitométrie et résonnance magnétique.
Ratio Ç/(î
3/1 (20-40 ans) 1/5 (20-40 ans) 2/1 (> 60 ans)
(âge de début habituel)
circannuelle et
Périodicité partielle absente
circadienne
Durée des crises 4-72 heures 15-180 minutes salves de quelques minutes
Intensité des crises modérée à sévère sévère à très sévère sévère à très sévère
possible si crise
Dysautonomie majeure parfois en fin de crise
intense
alcool et situations
Facteurs déclenchant les crises multiples et variés stimulation zones gâchettes
d’hypoxie
• Ces autres céphalées trigémino-autonomiques sont Yhémicrânie paroxystique chronique (qui se différencie de
l’algie vasculaire de la face par des crises plus courtes - 3 à 30 minutes - mais plus fréquentes - souvent plus de
10 par jour - et une réponse spectaculaire à l’indométacine), Yhemicrania continua (qui se différencie de l’algie
vasculaire de la face par la présence d’un fond douloureux hémifacial constant d’intensité modérée sur lequel se
greffent des accès douloureux paroxystiques d’intensité plus importante associés à des signes dysautonomiques -
et une réponse spectaculaire à l’indométacine), le syndrome SUNA et le syndrome SUNCT (qui se différencient de
l’algie vasculaire de la face par des crises encore plus courtes - de 1 - 600 secondes - et plus fréquentes - parfois
jusqu’à 200 par jour - ainsi que par la tonalité très neuropathique de la douleur).
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Donnet A, Demarquay G, Ducros A, Geraud G, Giraud P, Guegan-Massardier E, Lucas C, Navez M, Valade D, Lanteri-Minet M;
French Headache Society. French guidelines for diagnosis and treatment of cluster headache (French Headache Society. Rev
Neurol (Paris). 2014 Nov;i7o(n):653-/o.
• Pour aller plus loin
- Fabre N., Algie vasculaire de la face et céphalées trigémino-dysautonomiques, in: G. Géraud, N. Fabre, M. Lantéri-Minet et D.
Valade (eds), Elsevier Masson SAS, Paris, 2009, pp. 155-163.
- Headache Classification Committee of the International Headache Society, The International Classification of Headache
Disorders, 3rd édition. Cephalalgia 2018,1,1-211.
1. L’algie vasculaire de ta face est considérée comme une maladie orpheline bien que sa prévalence
exacte soit inconnue.
2. L’algie vasculaire de la face est la plus douloureuse des céphalées primaires et une des affections les
plus douloureuses qui existent.
3. L’algie vasculaire de ta face est la principale des céphalées trigémino-autonomiques qui se sont
supportées par une activation trigémino-vasculaire et parasympathique couplée.
4. L’algie vasculaire de la face se traduit par des crises douloureuses péri-orbitaires strictement
latéralisées, d’intensité majeure, durant de 15 à 180 minutes et s’associant à des signes d’hyperactivité
sympathique sur l’hémiface douloureuse (injection conjonctivale, larmoiement, modifications narinaires)
et à une agitation motrice.
5. La forme clinique la plus fréquente (80 % des cas) est épisodique, se caractérisant par une double
périodicité circannuelle et circadienne.
Névralgie faciale
Chapitre
ET ALGIES DE LA FACE.
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
A • La névralgie faciale se traduit par une douleur névralgique faciale, se répétant en brèves salves et traduisent des
décharges ectopiques au niveau du nerf trijumeau.
B • La névralgie faciale (ou du trijumeau) est une entité dont la prévalence précise est inconnue. C’est une entité
pathologique rare, mais qui doit être reconnue tant l’intensité douloureuse qui la caractérise est sévère, et justifie
un traitement adapté. La démarche qui supporte son diagnostic doit également être rigoureuse, afin d’éliminer
toute névralgie faciale secondaire qui pourrait témoigner d’un processus lésionnel ou d’une maladie neurolo
gique.
A • On distingue la névralgie du trijumeau dite « classique », qui se développe sans cause apparente autre qu’une
compression neurovasculaire, la névralgie du trijumeau secondaire causée par une affection sous-jacente, et enfin
la névralgie du trijumeau idiopathique, sans anomalies significatives aux tests électrophysiologiques ni à l’IRM.
• Les étiologies de névralgie faciale secondaire les plus fréquentes étant les processus pathologiques (notamment
tumoraux) de l’angle ponto-cérébelleux et la sclérose en plaques, l’examen complémentaire de première intention
est alors l’imagerie cérébrale par résonnance magnétique.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Lantéri-Minet M., « Névralgie faciale », La Revue du Praticien, 2008, 58: 607.
• Pour aller plus loin
- Donnet A, Simon E, Cuny E, Demarquay G, Ducros A, De Gaalon S, Giraud P, Massardier EG, Lanteri-Minet M, Leclercq D, Lucas
C, Navez M, Roos C, Valade D, Mertens P. French guidelines for diagnosis and treatment of classical trigeminal neuralgia (French
Headache Society and French Neurosurgical Society. Rev Neurol (Paris). 2017 Mar;i73(3):i3i-i5i.
- Headache Classification Committee of the International Headache Society, The International Classification of Headache
Disorders, 3rd édition. Cephalalgia 2018,1,1-211.
2. La névralgie faciale est une des affections les plus douloureuses qui existent.
3. La névralgie faciale est en fait le plus souvent secondaire à un conflit vasculo-nerveux à l’émergence
du V au niveau du tronc cérébral.
4. La névralgie faciale a une présentation caractéristique du fait de sa topographie dans les territoires V2
et V3, de sa tonalité, de son profil temporel et de l’existence de zones gâchettes.
5. Il existe des névralgies faciales secondaires (tumeurs de l’angle ponto-cérébelleux, sclérose en plaques)
qui doivent être éliminées par la réalisation d’une imagerie cérébrale par résonnance magnétique devant
certains signes d’alarme.
salves de quelques
Durée des crises 4-72 heures 15-180 minutes
minutes
Intensité des crises modérée à sévère sévère à très sévère sévère à très sévère
mandibulaire et
Topographie des crises hémicrânienne orbitaire
maxillaire
possible si crise
Dysautonomie majeure parfois en fin de crise
intense
contracture faciale
Comportement repli agitation motrice
(tic)
17. Amaigrissement
En lien avec le traitement
250. Prescrire des antalgiques Le traitement médical de la névralgie trigéminale repose sur
348. Suspicion d’un effet indésirable des médicaments des antiépileptiques, et en particulier la carbamazépine, la
ou d’un soin réponse à ce traitement au début de la maladie constituant
un argument diagnostique
352. Expliquer un traitement au patient
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
Définition : La céphalée chronique quotidienne (CCQ) est définie comme une céphalée présente au
moins 15 jours par mois depuis plus de 3 mois.
a i. Diagnostic de la CCQ______________________________
• Le diagnostic de la CCQ est contenu dans sa définition, à savoir la présence de plus de 15 jours avec céphalée
par mois depuis plus de 3 mois. Le diagnostic repose donc essentiellement sur les données de l’interrogatoire.
Les données de l’interrogatoire peuvent être néanmoins biaisées, certains patients ayant tendance à surestimer
le nombre de jours avec céphalées qu’ils présentent dans le mois ou au contraire à le sous-estimer. De fait, le
diagnostic d’une CCQ repose idéalement sur les données d’un agenda des céphalées tenu prospectivement par
le patient. Parfois, les données de l’interrogatoire sont tellement imprécises, qu’il est nécessaire de demander au
patient de tenir cet agenda et de le revoir un à 3 mois après pour confirmer la réalité de la CCQ. Une telle attitude
n’est bien évidemment envisageable que si l’on a au préalable écarté toute CCQ secondaire.
A. Céphalée (migraineuse ou tensive) au moins 15 jours/mois depuis plus de 3 mois, et répondant aux
critères B et C.
B. Survenant chez un patient ayant eu au moins cinq crises répondant aux critères de la migraine sans
aura et/ou de la migraine avec aura.
C. Au moins 8 jours/mois depuis plus de 3 mois, la céphalée répond à l’un des éléments suivants :
1. critères C et D de la migraine sans aura ;
2. critères B et C de la migraine avec aura ;
3. considérée à son début par le patient comme étant une migraine et soulagée par un triptan ou un
dérivé ergoté.
D. Pas d’autre cause.
A. Céphalée survenant au moins 15 jours par mois en moyenne depuis plus de 3 mois (> 180 jours/an),
et répondant aux critères B-D.
B. Durant des heures, des jours ou non rémittente.
C. Au moins deux des quatre caractéristiques suivantes :
1. localisation bilatérale ;
2. à type de pression ou de serrement (non pulsatile) ;
3. intensité légère ou modérée ;
4. absence d’aggravation par les activités physiques de routine comme marcher ou monter des
escaliers.
D. Présence des deux éléments suivants :
1. pas plus d’un de ces signes associés : photophobie, phonophobie ou nausée légère ;
2. ni nausées ni vomissements modérés ou sévères.
E. Pas d’autre cause.
L’abus médicamenteux est défini par des seuils de consommation mensuelle qui sont bien établis par
la classification internationale des céphalées : au moins 15 jours par mois pour les antalgiques simples
comme le paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens dont l’aspirine et au moins 10 jours
par mois pour les triptans, les dérives de l’ergot de seigle, les opioïdes, les associations de principes
actifs antalgiques et les combinaisons de plusieurs médicaments.
• Au-delà de l’abus médicamenteux, il existe d’autres facteurs d’entretien qu’il convient de rechercher. Parmi ces
derniers, les plus importants sont la présence d’une anxiété et/ou d’une dépression et l’existence de contractures
au niveau cervico-scapulaire et facial. Ces éléments peuvent bien évidemment conduire à un traitement spécifique
dans le cadre de la prise en charge thérapeutique d’une CCQ.
a 5. Traitement de la CCQ_____________________________
• Le traitement de la CCQ repose en premier lieu sur le traitement prophylactique de la céphalée primaire sous-
jacente (migraineuse ou tensive).
• Lorsqu’il y a abus médicamenteux, des conseils de bon usage des traitements de crise avec respect du seuil de
2 jours par semaine de consommation à ne pas dépasser doivent être donnés au patient. Un sevrage médicamen
teux à proprement parler peut-être envisagé (parfois en milieu hospitalier) notamment en cas d’abus d’opioïdes,
de conduites addictives et de iatrogénie.
• Une anxiété et/ou une humeur triste (dépression) ainsi que des contractures au niveau cervico-scapulaire et
facial peuvent justifier d’un traitement spécifique dans le cadre de la prise en charge thérapeutique d’une CCQ.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Haute Autorité de Santé, Recommandations pour la pratique clinique - CCQ (Céphalées chroniques quotidiennes) : diagnostic,
Rôle de l’abus médicamenteux, Prise en charge, Septembre 2004, www.has-sante.fr
• Pour aller plus loin
- Lantéri-Minet M., Céphalées chroniques quotidiennes primaires, In : G. Géraud, N. Fabre, M. Lantéri-Minet et D. Valade (eds),
Elsevier Masson SAS, Paris, 2009. pp. 145-154.
- Lanteri-Minet M., Céphalées par abus médicamenteux, In : G. Géraud, N. Fabre, M. Lantéri-Minet et D. Valade (eds), Elsevier
Masson SAS, Paris, 2009, pp. 277-289.
- Classification Committee of the International Headache Society (IHS). The International Classification of Headache Disorders,
3rd Edition. Cepahalalgia 2018; 38:1-211.
i. La céphalée chronique quotidienne (CCQ) est définie par la présence d’une céphalée au moins 15 jours
par mois depuis plus de 3 mois.
2. Récente (moins d’un an) elle doit toujours faire écarter une céphalée secondaire.
3. Elle résulte le plus souvent de la transformation d’une céphalée primaire, notamment une migraine,
d’un phénotype épisodique en un phénotype chronique.
4. Elle doit systématiquement faire rechercher un abus médicamenteux.
5. Elle doit également faire rechercher une composante anxio-dépressive et des facteurs musculaires
d’entretien.
116. Anxiété L’évaluation d’une CCQ primaire passe avant tout par la
123. Humeur triste/douleur morale recherche d’un abus médicamenteux.
Elle doit également rechercher un trouble anxiodépressif et
354. Évaluation de l’observance thérapeutique
des contractures cervico-scapulaires.
En lien avec le traitement
249. Prescrire des AINS Le traitement de la CCQ primaire repose sur le traitement
250. Prescrire des antalgiques prophylactique de la céphalée primaire sous-jacente et le
bon usage des traitements de crises (conseils visant à ne pas
348. Suspicion d’un effet indésirable des médicaments
dépasser 2 jours par semaine de consommation ou sevrage).
ou d’un soin
Quand ces éléments ont été identifiés par l’évaluation, il
352. Expliquer un traitement au patient doit également comprendre la prise en charge d’un trouble
anxio-dépressif et des contractures musculaires cervico-
scapulaires.
k. Syndrome douloureux
Chapitre ---------—-------------------------------------------------------------------------------------
PLAN
1. Définitions et terminologie
2. Prévalence et physiopathologie du SDRC
3. Connaître les facteurs favorisants
4. Connaître la démarche diagnostique devant une suspicion de SDRC
5. Connaître les différentes formes cliniques
6. Connaître les examens d’imagerie à demander devant une suspicion de SDRC
7. Connaître les principes de la prise en charge d’un SDRC
| Rang
Rubrique Intitulé Descriptif
A Définition Terminologie et définition Définitions
B Prévalence, Prévalence et physiolopathologie du Quelques chiffres concernant la prévalence
épidémiologie SDRC duSDRC
A Principales Connaître les facteurs favorisants
étiologies
A Diagnostic positif Connaître la démarche diagnostique Diagnostic clinique
devant une suspicion de SDRC
B Diagnostic positif Connaître les différentes formes Grandes formes cliniques (froide et chaude)
cliniques
B Examens Connaître les examens d’imagerie à Radiographies (en iere intention, obliga
complémentaires demander devant une suspicion de toires) ; IRM et scintigraphie osseuse sont
SDRC les examens de référence après les radio
graphies
B Prise en charge Connaître les principes de prise en Principes et traitements de première
charge d’un SDRC intention
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
2.1. Prévalence
• L’incidence est mal connue : 26,2/100 000 aux Pays-Bas et 5,46/100 000 aux États-Unis.
• Prévalence : 20,5/100000 habitants (USA)
• Le ratio femme /homme est 3/1.
• Si 10 % des SDRC sont idiopathiques, 8 % à 40 % des SDRC surviendraient après un événement fracturaire.
• Le membre supérieur est atteint deux fois plus que le membre inférieur.
• Il existe une prédisposition génétique probable associée aux facteurs environnementaux (HLA DR13, DQ8, DR6,
B62) aggravant le risque de survenue de SDRC.
2.2. Physiopathologie
• La physiopathologie reste inconnue. Au cours du SDRC, on observe des altérations des systèmes somesthésiques,
sympathiques et somatomoteurs.
• Accompagnant un traumatisme, il peut exister une réaction inflammatoire disproportionnée et une augmenta
tion de l’extravasation sympathique (libération de tryptase, d’IL6, de TNF). Cela entraine une sensibilisation des
nocicepteurs périphériques, et la survenue d’une véritable inflammation neurogène (extension de la sensibilisa
tion en tache d’huile), conduisant à la libération de neuropeptides excitateurs au niveau de la corne postérieure
de la moelle (substance P, CGRP) et à une libération périphérique de neuropeptides excitateurs. Il survient une
sensibilisation fonctionnelle centrale et périphérique.
• Les modifications vasomotrices marquent la dysfonction du système sympathique, sans que celle-ci soit prépon
dérante. Le couplage entre efférences sympathiques et afférences primaires est supposé.
• Une modification fonctionnelle des structures cérébrales responsables du contrôle de la douleur est observée. Il
existe une réorganisation de la représentation corticale du membre concerné contribuant à la chronicisation de
la douleur.
*
Tableau 1. CRITÈRES DIAGNOSTIQUES DE BUDAPEST OUI NON
4.1. La douleur
• La douleur est permanente, en particulier au début de l’évolution. Elle est continue, superficielle ou profonde,
aggravée par l’orthostatisme, disproportionnée souvent. La qualité de la douleur doit être définie : lancements,
brûlures, picotements, fourmillements, etc. Elle peut être augmentée par des facteurs somatosensoriels.
• La guérison radiologique peut s’accompagner d’une restitution ad intégra mais il peut persister des anomalies de
type pseudo-dystrophique à distance de la guérison.
I Situation de départ
Descriptif
En lien avec les définitions et la terminologie
67. Douleur articulaire Le syndrome douloureux régional complexe, SDRC, est défini
71. Douleur d’un membre supérieur ou inférieur par des douleurs articulaires et périarticulaires associée
à des troubles de la sensibilité, des troubles vasomoteurs,
121. Déficit neurologique sensitif ou moteur sudoromoteurs, musculaires et trophiques.
En lien avec la connaissance des facteurs favorisants
173. Traumatisme de membre Certains facteurs peuvent favoriser la survenue d’un SDRC :
les facteurs traumatiques, des affections neurologiques,
tumorales, viscérales ou métaboliques.
En lien avec la démarche diagnostique devant une suspicion de SDRC
71. Douleur d’un membre supérieur ou inférieur On utilise les critères de Budapest pour poser le diagnostic
Les douleurs sont permanentes, souvent disproportionnées et
73. Douleur, brûlures, crampes et paresthésies
plurifactorielles.
67. Douleur articulaire On recherchera des troubles sensoriels de type, modification
de la sensibilité, allodynie (douleurs provoquées) ; une
121. Déficit neurologique sensitif ou moteur
hypersudation ou un œdème.
15. Anomalies de couleur des extrémités On recherchera une faiblesse musculaire, un tremblement fin,
81. Anomalie des ongles des troubles trophiques (ongles, peau, articulaire).
128. Tremblements
Connaître les différentes formes cliniques On décrit des formes localisées comme le Syndrome épaule
main, mais aussi des formes parcellaires, plurifocales ou
extensives.
En fonction du temps d’évolution on décrit les formes froides
ou chaudes.
En lien avec les examens d’imagerie à demander devant une suspicion de SDRC
178. Demande/prescription raisonnée et choix d’un Le diagnostic des SDRC est clinique. Il n’existe pas d’examens
examen diagnostique complémentaires pathognomonique des SDRC.
Les examens complémentaires sont réalisés si besoin pour
éliminer les diagnostics différentiels.
Les radiographies comme la scintigraphie, normales,
n’éliminent pas le diagnostic.
Lombalgies______________
et radiculalgies chroniques
Pr Serge Perrot
PU-PH, Centre d’Évaluation et de Traitement de la
Douleur, Hôpital Cochin, Université de Paris, Paris
OBJECTIFS
94. Rachialgie.
95. Radiculalgie et syndrome canalaire.
PLAN
134-7. Bases neurophysiologiques, mécanismes
1. Épidémiologie et facteurs de risque
physiopathologiques d’une douleur aiguë et
2. La clinique : symptômes et évaluation
d’une douleur chronique.
3. Les étiologies des lombalgies
4. Lesexamenscomplémentaires
5. Prise en charge thérapeutique
I ITEM:94: RACHIALGIE
| Rang Rubrique Intitulé Descriptif
A Définition Connaître les définitions des rachialgies : Rachialgies : cervicalgie, dorsalgie,
cervicalgie, dorsalgie, lombalgie lombalgie
B Prévalence, Connaître les prévalences des rachial Rachialgies : cervicalgie, dorsalgie,
épidémiologie gies : cervicalgie, dorsalgie, lombalgie lombalgie
A Diagnostic positif Savoir interroger un patient et l’examiner Descriptif des signes recueillis à
devant une rachialgie l’interrogatoire et à l’examen clinique
B Éléments Connaître les principaux mécanismes à Description des différentes étiologies
physiopathologiques l’origine d’une rachialgie commune d’une rachialgie commune. Arguments
en faveur d’une origine discale ou
interapophysaire
B Prévalence, Connaître les facteurs de risque de Liste des facteurs de risque à rechercher
épidémiologie rachialgie
A Examens Savoir demander à bon escient une Signes cliniques lésionnels et sous-
complémentaires imagerie devant une rachialgie lésionnels, avec exemples d’imagerie
(item 93)
A Identifier une Connaître les arguments en faveur d’une Liste des drapeaux rouges et conduite à
urgence rachialgie secondaire conduisant à la tenir
pratique d’examens complémentaires /
IRM
B Suivi et/ou pronostic Connaître les facteurs favorisants Liste des facteurs pronostiques / dra
d’une évolution vers la chronicité d’une peaux jaunes et noirs
rachialgie
A Étiologies Connaître les principales étiologies d’une
rachialgie secondaire
B Étiologies Connaître les autres étiologies d’une Descriptif et liste des étiologies
rachialgie secondaire
B Examens Connaître la sémiologie IRM d’une hernie Débord discal venant au contact du
complémentaires discale sac durai souvent latéralisée du côté
symptomatique, pouvant exercer un effet
de masse sur une ou plusieurs racines
A • La lombalgie est une pathologie très fréquente, à l’origine d’un retentissement important sur la qualité de vie,
notamment dans le monde du travail, avec un coût social important. La population la plus concernée par la lom
balgie est la population adulte en âge de travailler.
• Nous aborderons ici le cadre du patient atteint de lombalgie commune, opéré ou non, amené à consulter auprès
d’un médecin de la douleur, donc a priori non symptomatique d’une pathologie inflammatoire, néoplasique ou
infectieuse.
• Il faut considérer la lombalgie et la lombosciatique comme une même pathologie, dans un continuum clinique et
thérapeutique.
• Des recommandations récentes permettent de prendre en charge de façon validée, les lombalgies communes.
Haute Autorité de Santé. Prise en charge du patient présentant une lombalgie commune. Saint-Denis La Plaine :
HAS; 2019.
Termes à connaître
• Première étape : drapeaux rouges pour différencier lombalgie commune et lombalgie symptomatique.
Rechercher les signes qui orientent vers une lomboradiculalgie symptomatique d’une atteinte grave
sous jacente : fièvre, altération de l’état général, déficit neurologique évolutif pluriradiculaire ou
central, âge supérieur à 70 ans...
• Deuxième étape : si lombalgie commune, drapeaux jaunes pour rechercher les facteurs de risque de
chronicité d’une lombalgie commune.
Il importe de dépister les facteurs de risque le plus précocement, pour tenter d’empêcher le passage à
la chronicité. La période la plus cruciale est la période de lombalgie subaiguë, entre 6 et 12 semaines,
où il est indispensable d’agir.
• Troisième étape : si lombalgie chronique, drapeaux bleus et noirs pour mettre en place des approches
spécifiques socio-professionnelles.
Tableau 1. LES 9 PRINCIPAUX FACTEURS DE RISQUE DE LOMBALGIE CHRONIQUE IDENTIFIÉS (DRAPEAUX JAUNES)
• Facteurs liés à la pathologie : présence d’une sciatique persistante, incapacité fonctionnelle importante.
• Facteurs du domaine personnel : âge supérieur à 45 ans, mauvais état de santé perçu, stress psychosocial, coping
(stratégie pour faire face) inadapté.
• Facteurs du domaine professionnel : mauvaises relations interpersonnelles au travail, charge physique élevée au
travail, allocations pour accident du travail.
Dans la lombalgie chronique, l’activité est perçue comme dangereuse, et le patient va développer une
véritable phobie, qui va l’entraîner dans un cercle vicieux délétère (théorie de J. Vlaeyen). La prise en
charge cognitivo-comportementale vise à traiter la lombalgie chronique comme une véritable phobie.
*Rozenberg S, Feltz V, Fautrel B. Stratégie thérapeutique devant une lombalgie chronique. Rev Rhum 2012 79(Suppl 1) :A2/-A3i.
- les signes associés : anxiété, dépression, troubles du sommeil, sont fréquents comme dans toutes les douleurs
chroniques ;
- l’incapacité est importante, s’agissant d’un trouble locomoteur, touchant des personnes en âge de travailler ;
- symptômes neuropathiques : dans la région lombaire et dans l’irradiation, d’autant plus présent qu’il y a
radiculopathie, irradation.
- Radiculagies :
> irradiation d’une douleur radiculaire au rachis cervical : C6, C7, C7-D1 ;
> au rachis lombaire :L3,L4,L5 ou SI ;
> Associées selon les cas à une abolition du réflexe ostéo-tendineux, ce qui n’est pas un signe de gravité mais
signe simplement le niveau de l’atteinte.
Radiculalgie sur canal lombaire étroit/ou rétréci en particulier par l’atteinte articulaire postérieure :
Les niveaux d’évaluation sont ceux de la classification internationale du fonctionnement (IGF), qui comprend 4 niveaux
d’évaluation :
• Déficience : douleur (évaluer l’intensité), atrophie musculaire, questionnaire DN4 si on suspecte une atteinte
neuropathique, signe de Lasègue pour dépister une atteinte disco-vertébrale ;
• Incapacité : trouble de la marche, questionnaire Roland-Morris ou Oswestry pour la lombalgie, questionnaire
Québec pour la lomboradiculalgie ;
• Handicap : désavantage social, professionnel, questionnaire de handicap prioritaire, retour au travail ;
• Qualité de vie : questionnaire spécifique Dallas, générique SF36.
Les lombalgies communes se différencient des lombalgies dites symptomatiques où la douleur est le témoin
d’une lésion évolutive.
• Dans les lombalgies communes, il est difficile d’incriminer une structure anatomique en cause de la douleur. Il
existe des phénomènes mixtes : nociceptifs et neuropathiques.
Tableau 3. LES STRUCTURES ANATOMIQUES IMPLIQUÉES DANS LA DOULEUR LOMBAIRE AIGUË SONT :
• Les études récentes en IRM fonctionnelle ont montré des modifications cérébrales importantes au cours de la
lombalgie chronique, comme pour la plupart des douleurs chroniques.
• Il est important de préciser que si les phénomènes sont centraux, cérébraux, cela ne signifie pas qu’il s’agit de
troubles psychologiques.
Une fibrose est toujours observée en post-opératoire du rachis, dans la zone opérée. Cette fibrose n’est
en aucun cas responsable des douleurs post-opératoire : c’est un tissu cicatriciel banal, présent qu’il y ait
ou non des douleurs. Les douleurs post-opératoires sont essentiellement des douleurs neuropathiques
dans un contexte psycho-social difficile.
• Il n’y a pas d’indication à réaliser une imagerie rachidienne en présence d’une lombalgie ou
lomboradiculalgie aiguës en l’absence de drapeaux rouges.
• Il est recommandé d’expliquer au patient pourquoi une imagerie n’est pas prescrite.
• Il est recommandé d’envisager de réaliser une imagerie rachidienne en cas de lombalgie commune
persistante et invalidante malgré une prise en charge non-invasive optimale incluant une prise en
charge rééducative, et uniquement si cette imagerie est susceptible de modifier la prise en charge.
• Si un geste invasif (infiltration épidurale voire chirurgie rachidienne) est envisagé, une imagerie
rachidienne en coupe doit être prescrite.
• En cas d’indication d’imagerie rachidienne et en absence de contre-indication, une IRM est
recommandée. Il n’y a pas d’indication à réaliser des radiographies isolées en dehors de la recherche
d’instabilité rachidienne ou de trouble statique.
• Il n’y a pas d’indication à renouveler l’imagerie en l’absence de modification de symptômes.
• Il est important d’expliquer au patient l’absence de corrélation systématique entre les symptômes et
les signes radiologiques. Il est recommandé d’expliquer et de dédramatiser les termes médicaux et
techniques des comptes rendus d’imagerie.
Recommandations françaises récentes : Haute Autorité de Santé. Prise en charge du patient présentant une
lombalgie commune. Saint-Denis La Plaine : HAS; 2019.
• Lombalgie aiguë : traitement antalgique médicamenteux et reprise le plus rapidement des activités.
Prise en compte des facteurs de risque pour éviter le passage à la chronicité.
• Lombalgie chronique :
Les traitements médicamenteux ne sont pas très efficaces et ne doivent pas résumer le traitement.
- Prise en charge physique.
- Prise en charge psychologique.
- Prise en charge du contexte professionnel.
• Le kinésithérapeute participe à l’éducation du patient (réassurance, lutte contre les peurs et croyances,
bienfaits de l’activité physique) dans le cadre d’une prise en charge bio-psycho-sociale.
• L’exercice physique est le traitement principal permettant une évolution favorable de la lombalgie.
• La réalisation d’exercices thérapeutiques adaptés à la situation clinique est enseignée par un
kinésithérapeute, poursuivie à domicile et recommandée chez les patients présentant une lombalgie
chronique ou à risque de chronicité.
• La réalisation de kinésithérapie doit faire appel à la participation active du patient.
• Les thérapies passives ne doivent pas être utilisées isolément car elles n’ont aucune efficacité sur
l’évolution de la lombalgie.
• Les ultrasons et les tractions lombaires ne sont pas recommandées.
• Analgésiques de niveau I.
• Myorelaxants peu efficaces.
• Anti-inflammatoires : en aigu, ils peuvent théoriquement avoir un intérêt en cas de phénomène inflammatoire
clinique (douleurs nocturnes, dérouillage matinal) ou radiologique (discopathies dégénératives avec diffusion
inflammatoire dans le corps vertébral (stades MODIC 1).
• Antidépresseur tricyclique ou antiépileptiques : intérêt sur la composante neuropathique de la douleur.
• Infiltration : articulaire postérieure ou épidurale, peu utile en chronique. Interdiction par ANSM des infiltrations
radioguidées, notamment en post-opératoire.
• Rééducation avec renforcement de l’activité physique, étirements, renforcement musculaire de la ceinture lombo-
pelvienne, semble avoir une certaine efficacité dans les lombalgies chroniques, intérêt du réentraînement à l’effort.
• Médecines non conventionnelles : l’ostéopathie, la chiropratique et l’acupuncture peuvent avoir une certaine
action sur la douleur et la contracture musculaire, mais de manière transitoire, manipulation vertébrale : elles ne
font pas l’objet de consensus, certains vont même jusqu’à réfuter leur utilité ; pourrait être utile en aigu.
• Traitement psycho-social : c’est le temps le plus important, l’évaluation du stress ainsi que de l’insatisfaction au
travail ou personnelle pouvant déboucher sur des changements d’orientation.
• Plus la douleur est chronique, moins les traitements médicamenteux sont importants et efficaces.
178. Demande, prescription raisonnée et choix d’un Connaître les drapeaux rouges et les indications
examen diagnostic d’imagerie.
247. Prescription d'une rééducation Les stratégies de prise en charge sont médicamenteuses
et non médicamenteuses.
249. Prescrire des anti-inflammatoires non-stéroïdiens
(AINS)
Divers
353. Identifier une situation de déconditionnement à Le reconditionnement à l’effort, à l’activité physique est
l’effort fondamental dans la prise en charge des lombalgies.
Chapitre
La Fibromyalgie
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A Prise en charge Connaître les principes géné Attitude à adopter avec le patient
raux de la prise en charge Savoir limiter l’usage des examens complémentaires et
la multiplication des avis médicaux
Coordination des soins
B Prise en charge Spécificités chez le sujet Éducation de l’enfant et de son entourage
jeune
B Prise en charge Connaître les indications
d’une évaluation psychia
trique
B Prise en charge Connaître les indications des TCC - Exercice physique
thérapeutiques non médica
menteuses
B Prise en charge Connaître les indications et
non-indications des médica
ments psychotropes
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
A • La fibromyalgie fait partie des douleurs nociplastiques, liées à une perturbation des voies de la douleur.
B • La fibromyalgie est une des pathologies douloureuses chroniques diffuses les plus fréquentes. Elle toucherait
1,6 % de la population adulte. Sa prévalence est plus fréquente chez les femmes (3,5 % versus 0,5 %), mais dépend
des critères diagnostiques utilisés. Elle est intégrée dans le cadre des douleurs nociplastiques, c’est-à-dire sans
lésion somatique identifiée, comme par exemple les colopathies fonctionnelles.
A • C’est une maladie dont l’étiologie est controversée mais bien réelle. Les comorbidités habituelles sont les troubles
anxieux, la dépression, l’hypervigilance, le névrosisme (tendance à exprimer des émotions négatives), le senti
ment d’injustice, les stratégies d’ajustement peu flexibles et le catastrophisme. Le fait de nommer cette atteinte
permet de réduire l’inquiétude des patients, leur nomadisme médical, et permet surtout de construire un projet
thérapeutique. L’OMS a défini la FM comme une pathologie en 1990, l’Académie Nationale de Médecine a publié
la synthèse d’un groupe de travail sur le FM en 2007, l’HAS a rédigé des recommandations professionnelles en
2008 puis un rapport d’orientation en 2010, l’Assemblée Nationale a émis un rapport de commission d’enquête et
l’INSERM a publié une expertise collective exhaustive en octobre 2020.
• Il est certain que cette maladie, comme la plupart des atteintes dysfonctionnelles, bouscule les visions carté
siennes de maladie liée à une cause, et aussi de séparation du corps et de l’esprit. Il ne s’agit pas de : simula
tion, trouble factice, obsession d’une dysmorphie corporelle, facteurs psychologiques affectant d’autres affections
médicales.
• Fibromyalgie.
• Syndrome de l’intestin irritable (troubles fonctionnels intestinaux).
• Cystalgie à urines claires (impériosités mictionnelles).
• Syndrome de Tietze (douleurs précordiales).
• Syndrome de l’articulé temporo-mandibulaire.
• Céphalées de tension.
► 272 La Fibromyalgie
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Item 72
a 1. Description de la maladie______________________
QUESTIONNAIRE FIRST
Vous souffrez de douleurs articulaires, musculaires ou tendineuses depuis au moins 3 mois. Merci de répondre à ce
questionnaire, pour aider votre médecin à mieux analyser votre douleur et vos symptômes.
Complétez ce questionnaire en répondant par oui ou par non (1 seule réponse OUI ou NON) à chacune des questions
suivantes : mettez une croix dans la case correspondant à votre réponse.
OUI NON
Mes douleurs sont comme des brûlures, des décharges électriques ou des crampes
Mes douleurs ont un retentissement important dans ma vie : en particulier, sur mon
sommeil, ma capacité à me concentrer avec une impression de fonctionner au ralenti
La Fibromyalgs 273 ◄
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DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS DE LA FIBROMYALGIE
• Rhumatologie-Maladies de système
- Hépatite C
• Pathologie tumorale
• Médicaments
- Statines douleurs musculaires
- Opioïdes Hyperalgésie
- Chimiothérapies -> Douleurs neuropathiques
- Anti-aromatases arthralgies et douleurs diffuses
- Bisphosphonates douleurs osseuses
► 274 La Fibromyalgie
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Item 72
- lombalgies, arthrose ;
- céphalées.
• Pathologies auto-immunes et inflammatoires :
- lupus ;
- spondyloarthrite.
• Pathologies infectieuses :
- maladie de Lyme ;
Il est important d’identifier et de traiter ces pathologies car leur association à la fibromyalgie peut
aggraver les symptômes.
b 2. Physiopathologie_________________________________
• De nombreuses hypothèses sont évoquées mais les données des neurosciences (imagerie fonctionnelle du cer
veau et évaluation sensorielle quantitative), permettent de mieux comprendre les symptômes (allodynie, douleurs
après effort, troubles du sommeil et fatigue). On parle de sensibilisation centrale.
La Fibromyalgs 275 ◄
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• Anomalies psychologiques : la fibromyalgie serait la conséquence d’un stress psychologique, d’un
traumatisme parfois ancien. Dans certains cas, on retrouve un antécédent d’abus sexuel dans l’enfance. On
trouve ici souvent une anxiété et des éléments dépressifs, comme dans la plupart des douleurs chroniques,
d’autant qu’elles sont dites « inexpliquées ».
• Carence : des carences en vitamine D, magnésium, acides aminés, hormones thyroïdiennes, hormone de
croissance (GH), estrogènes... peuvent induire des états de douleurs diffuses proches de la fibromyalgie.
• Iatrogènes : liées aux traitements par anti-aromatases, statines, béta-bloquants...
• Troubles de l’adaptation, de la flexibilité : il s’agit ici de théories empruntées aux approches cognitivo-
comportementales. Le trouble observé serait ici une difficulté à faire face (coping) ou une dramatisation
excessive (catastrophisme). Et une impossibilité à adapter ses stratégies pour faire face à ces douleurs
chroniques.
► 276 La Fibromyalgie
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Item 72
La Fibromyalgs 277 ◄
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3-3-2. Approches multidisciplinaires
• Les approches multidisciplinaires sont indispensables dans ce tableau avec de multiples symptômes. Les pro
grammes associent des exercices physiques aérobies, doux, progressifs, de l’éducation et des thérapies cognitives
et comportementales (TCC).
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir
- Laroche F. La fibromyalgie : diagnostic positif, diagnostics différentiels et diagnostics associés. Revue du rhumatisme
monographies 2018 ; 85 : 287-294.
• Pour aller plus loin
- Nicholas M, Vlaeyen J, Rief W et al. The IASP classification of chronic pain for ICD -11. Chronic primary pain. Pain 2019; 160:28-37.
- Arnold L. Bennett R, Crofford L et al. AAPT Diagnostic criteria for fibromyalgia. J Pain 2019 ; 20 : 611-628.
- Perrot S, Bouhassira D, Fermanian J. Cercle d’étude de la douleur en rhumatologie. Development and validation of the
Fibromyalgia Rapid Screening Tool (FiRST). Pain 2010;150:250-6.
- Wolfe F, Clauw DJ, Fitzcharles MA, et al. 2016 Révisions to the 2oio/2onfibromyalgia diagnostic criteria. Semin Arthritis Rheum
2016;46:319-2.
- Hauser W., Thieme K., Turck D., Guidelines on the management of fibromyalgia syndrome - A systematic review, Eur. J. Pain
2010 ; 14 : 5-1.
- Macfarlane G. Kronisch C, Atzeni F et al. EULAR recommendations for management of fibromyalgia. Annals of the Rheumatic
Diseases 2017;76:318-328.
- Thieme K, Mathys M,Turk D. Evidenced-Based Guidelines on the Treatment of Fibromyalgia Patients: Are They Consistent and If
Not,Why Not? Hâve Effective PsychologicalTreatments Been Overlooked? J Pain 2017 ; 18:747-56.
- Expertise Collective INSERM ; Fibromyalgie, oct 2020.
278 La Fibromyalgie
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Principales situations de départ en lien avec avec l’item 72 :
« Fibromyalgie »
345- Situation de handicap Les comorbidités habituelles sont les troubles anxieux, la
dépression, l’hypervigilance, le névrosisme (tendance à
exprimer des émotions négatives), le sentiment d’injustice,
les stratégies d’ajustement peu flexibles et le catastro
phisme.
La Fibromyalgs 279 ◄
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î
Soins palliatifs
ET ACCOMPAGNEMENT
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
1.1. Évolution
• La médecine technoscientifique a permis de nombreux progrès au cours des 70 dernières années permettant
notamment :
- la prévention et l’éradication de certaines maladies infectieuses ;
- la lutte contre certaines maladies jusqu’à la guérison selon un processus thérapeutique reposant sur des niveaux
de preuve scientifique ;
- l’augmentation significative de la durée de vie des personnes grâce à la stabilisation de certaines maladies
chroniques ;
- l'organisation d'un système de soins selon des axes essentiellement technoscientifiques, curatifs et performants.
► BIBLIOGRAPHIE
• Recommandations :
- « L’essentiel de la démarche palliative », HAS, décembre 2016 : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2o16-
i2/mc_247_lessentiel_demarche_palliative_coi_2oi6_i2_o7_vo.pdf[consulté le 18 janvier 2021]
- « Comment améliorer la sortie de l’hôpital et favoriser le maintien à domicile des patients adultes relevant de soins palliatifs ? »
HAS, Juin 2016 : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2o16-o7/note_methodologique_soins-palliatifs_web .
pdf, [consulté le 18 janvier 2021]
- LOI no 2016-87 du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie : https://www.
legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=XE8PBLlDm87oKidSqvZlOQlgj8aUOviMZCfiHPdWY3S [consulté le 18 janvier 2021]
• Pour aller plus loin :
- Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs : http://www.sfap.org/, [consulté le 18 janvier 2021]
- « Manuel de soins palliatifs » sous la coordination de Rozenn Leberre, Paris, Ed Dunod sème édition 2020.
- « Fin de vie, éthique et société » sous la coordination d’Emmanuel Hirsch, Paris, Ères, 2016.
- Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, Atlas des soins palliatifs et de la fin de vie en France - 2e édition : https://
www.parlons-fin-de-vie.fr/qui-sommes-nous/atlas-des-soins-palliatifs-et-de-la-fin-de-vie/ [consulté le 18 janvier 2021]
1. Quelle que soit sa spécialité, tout professionnel de santé aura à prendre soin des patients en phase
avancée ou terminale d’une maladie grave, chronique ou létale.
2. Les soins palliatifs relèvent de la responsabilité de chaque soignant.
3. Les soins palliatifs comprennent :
• L’amélioration du confort et de la qualité de vie du patient,
• Une approche globale de la personne,
• Une rencontre avec une attention au vécu psychique et à la vie relationnelle de la personne,
• La promotion de la capacité d’autodétermination du patient,
• Une discussion progressive avec le patient, son entourage et les équipes soignantes à propos
de ta proportionnalité des traitements,
• L’anticipation des complications et des situations de crise,
• La construction de projets de vie adaptés au patient, à ses volontés, au contexte, à la situation
et à l’environnement (proches, professionnels, structures mobilisables) et à la temporalité,
• L’accompagnement des proches,
• Un travail en équipe et en interdisciplinarité.
Situation de départ
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
a 1. Situations palliatives________________________
1.1. Généralités
• La situation palliative (aussi appelée « période » ou « phase » palliative) est définie par le caractère non gué
rissable (incurable) d’une maladie chronique, grave, évolutive et potentiellement létale, dans les limites des
connaissances scientifiques actuelles.
• Cette situation palliative peut se rencontrer dans différentes maladies telles que les cancers, les insuffisances d’or
gane, les pathologies neurodégénératives...
• Lors de l’identification, la prise en soin et le suivi d’un patient en situation palliative, il convient de ne pas faire
d’amalgame parmi les termes utilisés. En effet, bien qu’une situation (palliative) relève de « pratiques de soins
palliatifs », il n’est pas obligatoire qu’elle relève de structures spécialisées de soins palliatifs. Les vignettes sui
vantes illustrent différentes situations.
VIGNETTE 2:
Mr B. 85 ans présente une insuffisance respiratoire terminale sur BPCO post-tabagique. Il est
oxygénodépendant et réalise des séances de VNI pluriquotidiennes. Sa dyspnée est bien soulagée par
de petites doses d’opioïdes. Il vit à domicile avec son épouse, ne souhaite pas être hospitalisé y compris
si dégradation de son état. Son médecin traitant a établi des prescriptions anticipées qui ont été remises
aux infirmiers libéraux.
VIGNETTE 3:
Mme C. 62 ans est atteinte d’un mélanome évoluant depuis 5 ans, actuellement plurimétastatique
(cérébrale, hépatique et ganglionnaire). Mme C. est asthénique, amaigrie et dénutrie, présentant des
douleurs abdominales chroniques mal soulagées, une constipation réfractaire au traitement laxatif et
une souffrance psycho-existentielle intense. Le maintien à domicile est difficile en raison de sa perte
d’autonomie progressive et de l’épuisement de son époux.
Ces 3 situations sont donc palliatives, mais leurs différents niveaux de complexité et les besoins identifiés des
patients nécessiteront des traitements, des soins et un accompagnement différents. Ainsi, la situation de Mme C.
paraît nécessiter le recours à des structures spécialisées de soins palliatifs (EMSP, hospitalisation en LISP ou en USP)
en raison de la pluralité des symptômes (dont l’évaluation et prise en charge de la douleur), des besoins d’accom
pagnement global de l’aidant et des difficultés de maintien au domicile. Pour les vignettes 1 et 2, les soins palliatifs
non spécialisés délivrés par l’équipe soignante à domicile semblent suffire.
3. L’accompagnement
• L’accompagnement est un processus dynamique de relation d’aide qui engage différents partenaires
dans un projet cohérent, centré autour et au service de la personne, soucieux de son intimité et de
ses valeurs propres mais également à l’attention de ses proches..
• Différentes phases peuvent être identifiées selon l’évolution de la maladie et les objectifs de la démarche de
soins (Figure 2) :
- La phase curative concerne les patients dont l’objectif de soin est la guérison. La prise en charge globale de ces
patients comprend des soins de support pluridisciplinaires (psychologique, nutritionnel...).
- La phase palliative débute lorsque la guérison n’est pas un objectif atteignable en l’état actuel des
connaissances. En situation d’incurabilité, il est important d’identifier pour chaque patient un objectif de soin
réaliste.
> L’objectif des soins s’adapte à l’évolution de la maladie. Dans les suites du diagnostic de maladie non
guérissable, les soins visent souvent un objectif de gain en survie. Les soins palliatifs sont intégrés précocement
en fonction des besoins du patient et en coexistence avec les traitements spécifiques. En cas d’arrêt des
traitements spécifiques (non efficaces, mal tolérés ou refusés par le patient... selon la balance bénéfice-risque
et la volonté du patient), les soins visent alors un objectif d’amélioration du confort et de la qualité de vie
exclusivement. Le patient peut néanmoins ponctuellement bénéficier de certaines thérapeutiques spécifiques
peu invasives visant l’amélioration de son confort (radiothérapie à visée antalgique ou hémostatique par
exemple).
> La phase palliative exclusive vise à améliorer la qualité de vie ; elle est définie par l’arrêt des traitements
spécifiques motivée par une analyse du rapport bénéfice-risque. La phase terminale vise à améliorer le confort
du patient. Elle est caractérisée par la survenue probable d’une défaillance évolutive d’une ou plusieurs
fonctions vitales (cardiovasculaire, respiratoire...) dans les heures ou jours à venir. Lors de cette phase,
les traitements étiologiques et de suppléances de fonctions vitales ne sont plus indiqués et les traitements
symptomatiques sont essentiels.
Figure 2. Phases et objectifs des soins lors de l’évolution d’une pathologie grave évolutive
(adapté de Lynn et Adamson(5))
Traitements spécifiques
B APARTÉ :
• La distinction entre ces différentes phases peut être délicate, en particulier en cas de déclin graduel
ou lent et nécessite toujours un raisonnement clinique et une délibération interdisciplinaire sur les
objectifs des traitements.
• Qu’ils soient énoncés ou non, différents « temps d’annonces » liés à l’évolution de la maladie sont
possibles au cours de la maladie (incurabilité, arrêt des traitements spécifiques, risque vital...). Les
répercussions psychologiques et existentielles de ces annonces sont majeures. Bien que, souvent,
ces temps se succèdent, une annonce d’incurabilité voire d’abstention de traitement spécifique peut
être faite dès le diagnostic. Le cumul de ces différents temps est important à identifier, sous-entendant
souvent l’évolutivité rapide d’une maladie et la temporalité réduite laissée au patient et à ses proches
pour s’y adapter.
• L’arrêt des traitements spécifiques et de suppléance ne signifie pas un arrêt des soins. Les traitements
à visée symptomatique, ainsi que l’accompagnement du patient et de sa famille sont primordiaux.
• La pratique clinique se confronte à la difficulté d’évaluer l’ensemble des dimensions de la souffrance globale dans
un temps de consultation. Une collaboration étroite entre équipes référentes et équipes de soins palliatifs est
nécessaire.
► BIBLIOGRAPHIE
• Recommandation s, articles et ouvrages
1. Murray SA, Kendall M, Boyd K, Sheikh A. Illness trajectories and palliative care. BMJ. 2005; 330(7498):ioo/-ion.
2. « Fin de vie des personnes âgées », Observatoire National de la fin de vie, rapport 2013.
3. « Modalités de prise en charge de l'adulte nécessitant des soins palliatifs », HAS, 12/03/02.
4. « L'essentiel de la démarche palliative », HAS, décembre 2016.
5. Lynn J, Adamson DM. Living Well at the End of Life: Adapting Health Care to Serious Chronic Illness in Old Age. RAND White
Papers. 2003.
6. Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins, Direction générale de la santé. Circulaire DHOS/02/DGS/SD 5
D n°2002-98 du 19 février 2002 relative à l’organisation des soins palliatifs et de l’accompagnement, en application de la loi
n°99’477 du 9 juin 1999, visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs. 2002.
7. Ferrell BR, Temel JS, Temin S, Alesi ER, Balboni TA, Basch EM, et al. Intégration of Palliative Care Into Standard Oncology Care:
American Society of Clinical Oncology Clinical Practice Guideline Update. J Clin Oncol. 2017535(i):96-n
1. Les soins palliatifs ne se limitent pas à la phase terminale. Ils peuvent être associés précocement aux
thérapeutiques spécifiques lors d’une pathologie grave et incurable, plus particulièrement si celle-ci
est évolutive ou si des éléments de complexité sont identifiés. Le projet de soin vise au mieux à intégrer
dans une approche globale et de manière continue les soins « curatifs » et les soins « palliatifs ».
2. Plusieurs types de trajectoire de vie pour les patients atteints de maladies incurables sont décrites : «
déclin rapide » (pathologies cancéreuses), « déclin progressif » (pathologies par défaillance d’organe),
« déclin lent » (pathologies neurodégénératives).
3. Différentes phases sont identifiables lors de la maladie, correspondant à des objectifs de soins
différents : la phase curative (objectif de guérison) et la phase palliative (où la guérison n’est pas un
objectif atteignable en l’état actuel des connaissances scientifiques).
Situation de départ
i. Constipation
17. Amaigrissement
21. Asthénie
30. Dénutrition
31. Perte d’autonomie progressive
35. Douleur chronique
260. Évaluation et prise en charge de la douleur
330. Accompagnement global d’un aidant
A Prise en charge Connaître les traitements des symptômes les plus fréquemment
rencontrés en phase palliative des maladies graves, chroniques ou
létales : respiratoires, digestifs, neurologiques, psychiatriques, ORL.
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
A • La prise en charge des symptômes des patients relevant de soins palliatifs vise à améliorer leur qualité de vie. La
prise en compte des attentes du patient et le respect du principe de proportionalité dans la démarche diagnostique
et thérapeutique guident la pratique.
• Les symptômes :
- correspondent à une expérience subjective ressentie par le patient ;
- dont la fréquence augmente avec l’avancée dans la maladie ;
- retentissent sur la qualité de vie ;
- sont souvent multiples et associés, nécessitant une prise en charge pluri-disciplinaire.
• Les symptômes et leurs traitements (indication, efficacité et tolérance) doivent être évalués et réévalués fréquem
ment, de manière reproductible. L’auto-évaluation par le patient de ses symptômes doit être privilégiée à travers
des échelles génériques (Echelle Numérique-EN, Echelle Visuelle Analogique-EVA ...) ou spécifiques de symp
tômes.
1.1. Dyspnée
• Expérience subjective d’inconfort respiratoire (respiration difficile et pénible), de qualité et d’intensité variable :
- sensation de « soif d’air » ou d’étouffement ;
- associée ou non à une polypnée (ventilation superficielle et rapide, fréquence > 20/min) ;
- associée ou non à une détresse respiratoire ;
- souvent accompagnée et majorée par une anxiété ou une agitation.
• La saturation en oxygène :
- n’est pas corrélée à l’intensité de l’inconfort respiratoire ;
- n’est donc pas une mesure d’évaluation de la dyspnée.
• La prise en charge initiale va d’abord consister en la recherche d’une cause curable (Figure 1), en associant dans
le même temps des mesures symptomatiques ayant pour objectif de soulager le patient.
DYSPNÉE
Traitement symptomatique
Si le traitement étiologique
Traitement médicamenteux :
n’apporte pas d’amélioration
morphine
rapide, démarrer
± anticholinergique
sans attendre le traitement symptomatique
± oxygène
(± Décision collégiale selon le contexte)
± benzodiazépine
296 Approches
Ilcliniques des grands syndromes en soins palliatifs
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Item 139-3
1.1.1. Évaluation
• L’évaluation de ce symptôme subjectif repose sur une auto-évaluation (cf. supra) .
• Le retentissement fonctionnel peut être évalué par des échelles spécifiques (NYHA, MRC).
• Les examens paracliniques seront demandés en fonction du contexte et du projet de soins.
1.1.2.1. La morphine
• Diminue la sensation de manque d’air, en agissant sur les centres respiratoires, en diminuant le seuil de réponse à
l’hypercapnie et par son action bradypnéisante.
• Peut être utilisée en cas de dyspnée, même en l’absence de douleur et naïf de morphine.
• Peut-être utilisée chez des patients avec une insuffisance respiratoire sévère avec une titration attentive
lorsque les patients sont hypercapniques.
• Est privilégiée dans le cas où la dyspnée est associée à une polypnée (accord d’expert).
1.1.2.3. L’oxygénothérapie
• N’est pas un traitement systématique de la dyspnée.
• Est à discuter selon le bénéfice ressenti par le patient.
• Peut entraîner un assèchement des muqueuses.
• N’est pas soumise à un objectif de saturation en Oxygène.
Traitement symptomatique
• Médicamenteux:
- Anticholinergiques (qui diminuent la production des secrétions salivaires et trachéobronchiques) :
Scopolamine.
- Diminution voire arrêt des apports hydriques.
• Non médicamenteux :
- Installation en position demi assise ou semi-latérale
- Soins de bouche fréquents
• Éviter le plus possible les aspirations trachéobronchiques : agressives, les proscrire en toute fin
de vie.
• L’évaluation :
- repose sur une approche sémiologique et étiologique ;
- guide la stratégie thérapeutique (Tableau 1).
Stimulation des voies Mécanique : distension Médié parla sérotonine Neuroleptiques stimulants
périphériques : tractus gastrique, occlusion digestive et dopamine la motricité gastro
digestif et urinaire, Gastroparésie intestinale (antagoniste de la
sphère ORL, voies Lésions de la muqueuse dopamine) : métoclopramide,
respiratoires. gastro-intestinale métopimazine, dompéridone
(cancer, candidose, Stimulateurs de la vidange
reflux, radiothérapie, gastrique : érythromycine IV.
chimiothérapie, infections).
Inflammations péritonéales
Toux, encombrement
• Corticoïdes :
- sont largement utilisés dans le traitement des nausées et vomissements ;
- le mécanisme d'action incertain et probablement multifactoriel (anti-oedemateux, anti-inflammatoire, action
directe centrale...).
• Mesures non médicamenteuses :
- accompagnent toujours les mesures médicamenteuses ;
- alimentation fractionnée, plaisir, froide, légère, sans odeurs ;
- soins de bouche ;
- électrostimulation du nerf vague ;
- approches complémentaires : acupuncture...
• Absence de selles depuis plus de 3 jours (le toucher rectal éliminera un fécalome)
• Météorisme abdominal
ÉTAPE 1 : J1 à J3
ÉTAPE 2 : Réévaluation à J4
• Si levée de l’occlusion :
• Diminution jusqu’à dose minimale efficace (voire même arrêt) des corticoïdes et anti-cholinergique
• Réévaluation des traitements symptomatiques
• Si absence de levée de l’occlusion et persistance des vomissements :
• Introduction d’un analogue de la somatostatine :
• Autres traitements médicaux à poursuivre en association selon la tolérance et l’efficacité clinique
• Si analogue utilisé d’emblée : passer à l’étape 3
ÉTAPE 3 : Réévaluation à J7
2.3. Constipation
• Symptôme fréquent en soins palliatifs, d’origine multifactorielle.
• Chez les patients sous opioïdes, elle est :
- systématique;
- principalement due à la diminution du péristaltisme.
Secondaire • alimentation
Pathologie • diabète
intercurrente • hypothyroïdie
• anomalies métaboliques
• insuffisance rénale chronique
• maladies chroniques du système digestif
D’après : Recommandations de la SFAP pour la prévention et le traitement de la constipation induite par les
opioïdes chez le patient relevant de soins palliatifs. Med. Pal. 2009 ; supp 1: 51-529.
Il a été diffusé exclusivement Approches cliniques des grands syndromes en soins palliatifs
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303
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a 3, Les symptômes de [a sphère buccale_________________
• Les symptômes de la sphère buccale peuvent avoir des conséquences majeures sur la qualité de vie des patients en
soins palliatifs : alimentation, nausées, vomissements, communication, image corporelle ...
• Les soins de bouche sont primordiaux, y compris en prévention.
pas d’oxygénothérapie
fois/j • Traitement
4.1. Confusion
• Présente chez 85 % des patients dans les dernières semaines de vie, de diagnostic difficile (surtout dans sa forme
ralentie), la confusion en soins palliatifs est un facteur de gravité sur le plan pronostic.
• Cause de souffrance importante pour le patient, l’entourage et l’équipe soignante.
4.1.1. Définition
• La confusion est un trouble mental, d’origine organique marqué par une triade clinique :
4.1.2. Étiologie
• Précoce
• Éviter les contentions physiques est la règle
Médicamenteux :
• Les neuroleptiques :
- Réduisent l’agitation, les troubles perceptifs et l’angoisse
- Sont prescrits à faible posologie
- Sont adaptés aux fonctions rénale et hépatique
• Éviter les benzodiazépines (confusiogène) sauf situation particulière : délirium tremens...
• Assurer une hydratation et une nutrition correctes et cohérentes avec le projet de soins
Environnemental :
4.2.1. Définition
• C’est un sentiment pénible d’attente d’un danger imprécis, une crainte floue. Elle n’est pas toujours verbalisée, et
dans tous les cas, se manifeste par des symptômes psychiques et physiques qui sont liés.
• Elle peut être :
- adaptative, transitoire et « gérable » par le patient ou ;
- devenir pathologique en fonction de l’intensité, de la durée et de l’impact social et familial.
• L’évaluation se fait par :
- auto-évaluation;
- concomittante avec les autres symptômes, en particulier la douleur et la dyspnée.
Tableau 6. MANIFESTATIONS SOMATIQUES ET PSYCHIQUES DE L’ANXIÉTÉ
• Syndrome dépressif
• Trouble obsessionnel compulsif : idées obsessionnelles, rituels.
• Psychose chronique ou aiguë.
• Éthylisme chronique
• Dans ce cas, le traitement de l’anxiété passera par le traitement de la pathologie psychiatrique. Un avis spécialisé
peut être nécessaire.
a 5. Autres___________________________________________
5.2. Asthénie
• Symptôme de forte prévalence en soins palliatifs, souvent multi-factoriel.
• Sensation subjective de fatigue anormale généralement chronique, non améliorée par le repos, et cliniquement
significative.
• Rechercher une étiologie intecurrente, de manière proportionnée et adaptée au contexte clinique. Exemples :
décompensation d’insuffisance d’organe, troubles métaboliques, anémie, dépression,...
• Traitement de la cause si possible.
• Le traitement symptomatique repose sur des techniques non-médicamenteuses (psychothérapie, APA Activité
Physique Adaptée, etc ...). Aucun traitement médicamenteux ne dispose d’Autorisation de Mise sur le Marché
(AMM) dans cette indication.
a 6. Cas clinique______________________________________
• Mme. D., 56 ans, est suivie pour un carcinome mammaire métastatique au niveau pulmonaire, osseux et hépatique.
Elle est en phase terminale de sa pathologie, la chimiothérapie a été suspendue devant une évolution de la maladie
et une altération de Vétat général. Elle est hospitalisée pour une inversion du rythme nyctéméral, un ralentissement
idéo-moteur et des hallucinations visuelles. Elle semble bien soulagée au niveau des douleurs par son traitement
opioide.
• Devant cette confusion, quelles étiologies devez vous évoquer pour cette patiente ?
- Fécalome/retention aigue d’urine
- Iatrogénie : surdosage opioide
- Métastases cérébrales ou atteinte méningée
- Troubles ioniques/métaboliques : hypercalcémie, hyperamoniémie, hypoxémie, hypercapnie en particulier
- Syndrome infectieux
• Quelle prise en charge proposez-vous ?
- aménagement de l’environnement (sécurité et calme)
- traitement étiologique en priorité
- traitement médicamenteux symptomatique si besoin : neuroleptique
- prise en charge psychologique en dehors de la phase aigue
- maintien de l’hydratation
- explication à l’entourage
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir :
- Rozeen Le Berre. Manuel de soins palliatifs. 5e édition. Paris : Dunod, 2020.
• Pour aller plus loin :
- Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Soins palliatifs : spécificité d’utilisation des médicaments courants
hors antalgiques. Med Pal 2003; 2 : 72-90.
- Haute autorité de santé. Modalité de prise en charge de l’adulte nécessitant des soins palliatifs. Med Pal 2003; 2 :119-35.
- Recommandations de la SFAP pour la prévention et le traitement de la constipation induite par les opioïdes chez le patient
relevant de soins palliatifs. Med Pall 2009 ; suppl. 1: 51-529.
- Watson M., Campbell R., Oxford handbook of palliative care. 3e ed. Oxford : Oxford University Press, 2019.
- Revnic J., Soulié 0., Reich M. Quelle prise en charge de la confusion mentale en soins palliatifs ? Med Pal 2011 ; 2 :4-13.
- Groupe de travail pluri-professionnel et membres de différentes sociétés savantes, septembre 2012. Traitement symptomatique
de l’occlusion intestinale sur carcinose péritonéale : Recommandations de bonnes pratiques cliniques. Med Pal 2012 ; 11 : S5-
S24.
- Collèges des acteurs en soins infirmiers de la SFAP. Recommandations sur la toilette buccale. 2015. http://www.sfap.org/
system/files/toilette-buccale-2oi5.pdf.
- Hong CHL, Gueiros LA, Fulton JS, Cheng KKF, Kandwal A, Galiti D, et al. Systematic review of basic oral care for the management
of oral mucositis in cancer patients and clinical practice guidelines. Support Care Cancer. 2019 Oct i;2/(io):3949-67.
- National Cancer Comprehesive network : fatigue ; disponible sur : https://www.nccn.org/patients/resources/life_with_cancer/
managing-Symptoms/fatigue.aspx
- Gamblin DV. Physiopathologie des nausées/vomissements - traitements pharmacologiques, https://palli-science.com/sites/
default/files/miseencommun/nv_vg_sfap_2oi3.pdf
• En toute fin de vie, l’unique objectif est le confort : les examens biologiques ou d’imagerie et la sur
veillance des constantes sont le plus souvent inutiles. Pensez à prescrire les soins de bouche plutôt
que la surveillance de la tension artérielle !!
• Start low and go slow : les traitements médicamenteux devront être débutés à faibles doses, en
augmentant très progressivement la posologie chez des patients fragiles.
• Penser à une cause iatrogène et chercher une modification récente du traitement devant l’apparition
d’un nouveau symptôme.
Situation de départ
200. Dyscalcémie
251. Prescrire des corticoïdes par voie générale ou locale
114. Agitation
119. Confusion Mentale/désorientation
256. Prescrire un hypnotique ou anxiolytique
17. Amaigrissement
21. Asthénie
31. Perte d’autonomie progressive
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
en soins palliatifs
1.1.1. Définition
• Les lits identifiés de soins palliatifs (LISP) se situent dans des services concernés par l’accomplissement d’une
démarche palliative quand elle est requise. En effet ces services sont confrontés à des fins de vie ou à des décès fré
quents, mais leur activité n’est pas exclusivement consacrée aux soins palliatifs. L’individualisation de LISP au sein
d’un service ou d’une unité de soins permet d’optimiser son organisation pour apporter une réponse plus adaptée
à des patients qui relèvent de soins palliatifs et d’un accompagnement, comme à leurs proches.
1.1.2. Missions
• Les LISP ont des missions de soins et d’accompagnement des proches.
• Ces missions concernent l’ensemble des professionnels du service et se déclinent de la manière suivante :
- la prise en charge de malades relevant de la spécialité du service ; cette prise en charge intègre la démarche
palliative ;
- l’accueil de malades relevant de soins palliatifs, extérieurs au service, dans le cadre de la collaboration avec les
équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP) ou les réseaux de soins palliatifs par exemple ;
- l’écoute et l’accompagnement des proches ;
- le soutien des proches avant, pendant et après le décès (respect des rites mortuaires, aide aux démarches
administratives, accompagnement des personnes endeuillées...).
• Les LISP permettent d’assurer aux patients une prise en charge dans un service hospitalier au plus près de chez
eux. Les soins sont prodigués, le cas échéant, par les mêmes équipes ayant pris en charge la maladie sous-jacente
et grave des patients assurant ainsi la continuité entre ces différentes formes de prise en charge.
• Les LISP sont constitués d’équipes médicales et paramédicales formées à la prise en charge des situations pal
liatives non complexes et mettent en œuvre, dans un cadre adapté, les recommandations de bonne pratique en
matière de soins palliatifs.
• Les LISP doivent pouvoir bénéficier de l’intervention intra ou inter-hospitalière d’une équipe mobile de soins
palliatifs.
1.2.1. Définition
• L’équipe mobile de soins palliatifs (EMSP) est une équipe multidisciplinaire et pluri professionnelle rattachée à
un établissement de santé qui se déplace au lit du malade et auprès des soignants, à la demande des professionnels
de l’établissement de santé.
• Ses membres ne pratiquent en principe pas directement d’actes de soins, la responsabilité de ceux-ci incombant au
médecin qui a en charge la personne malade dans le service ou qui a fait appel à l’équipe mobile.
1.2.2. Missions
• Les équipes mobiles assurent une triple mission de soins, de formation et de recherche.
• Elles ont pour but de faciliter la mise en place de la démarche palliative et d’accompagnement dans les services
d’hospitalisation, qu’ils disposent ou non de LISP.
1.4.1. Définition
• Les unités de soins palliatifs (USP) sont des unités spécialisées qui ont une activité spécifique et exclusive en soins
palliatifs.
1.4.2. Missions
• Les USP assurent une triple mission de soins, de formation et de recherche.
• Les USP prennent en charge les personnes présentant les situations les plus complexes qui ne peuvent plus être
suivies à domicile, en établissement médico-social, ou dans leur service hospitalier d’origine.
• Elles assurent :
- l’évaluation et le traitement des symptômes complexes ou réfractaires, pouvant nécessiter une compétence ou
une technicité spécifiques ou le recours à un plateau technique ;
- la gestion des situations dans lesquelles des questions complexes relevant de l’éthique se posent ;
- l’accompagnement des personnes malades et/ou de leur entourage présentant des souffrances morales et socio-
familiales complexes.
2.2.1. À l’hôpital
• L’offre de soins est graduée pour répondre aux besoins du patient en fonction de la gravité, de la complexité, de
l’évolution et de la stabilité de son état :
- premier niveau : accompagnement dans un service hospitalier lorsque la situation ne présente pas de difficultés
cliniques, sociales ou éthiques particulières ;
- deuxième niveau : lits identifiés de soins palliatifs (LISP) lorsque le service est confronté à des fins de vie ou des
décès fréquents ;
- troisième niveau : unités de soins palliatifs (USP) qui prennent en charge les situations les plus complexes et/
ou instables ;
- équipes mobiles de soins palliatifs : elles interviennent à la demande des professionnels ; plus particulièrement
en soutien des premier et deuxième niveaux.
Service hospitalier
NIVEAU 1 SANS lit identifié de soins palliatifs (LISP)
NB: les EMSP peuvent être soit intra, soit extra, soit intra et extra hospitalières
NB : Les EMSP peuvent être soit intra, soit extra, soit intra et extrahospitalières.
• L’identification des patients relevant de soins palliatifsdoit être précoce chez toute personne
hospitalisée atteinte d’une maladie grave, évolutive, en phase avancée ou terminale, quels que
soient son âge, le diagnostic (cancer ou non) ou le contexte de soins (traitements agissant sur la
maladie ou non).
• Lorsqu’un patient relevant de soins palliatifs peut et souhaite retourner dans son lieu de vie habituel :
- l’avis, l’accord et la disponibilité des professionnels de soins primaires, le repérage de l’aidant principal et de la
personne de confiance si elle a été désignée, sont indispensables ;
- l’évaluation de l’environnement soignant à domicile et de la situation médicale stable ou instable du patient
doit être réalisée ;
- les risques prévisibles (douleur, hémorragie, dyspnée, angoisse, etc.) ainsi que le type de recours en cas de
détresse sont identifiés.
• Les objectifs de soins en cas de situation d’urgence et les moyens à mettre en œuvre seront au
mieux précisés. L’anticipation des situations d’urgence repose sur les prescriptions anticipées
personnalisées et la mise à jour régulière d’une fiche de liaison avec le 15 ou autre service de
permanence des soins. En fonction des objectifs de soins, le recours au service d’urgence sera évalué
versus une optimisation des ressources à domicile.
• L’information et l’éducation du patient et des aidants permettent d’anticiper les complications et de prévenir
une obstination déraisonnable.
• Il est utile de débuter une discussion sur les préférences de la personne en cas d’aggravation ou de dégradation
de l’état clinique et de la qualité de vie, si ce dialogue est possible. Cette discussion appelée planification des soins
futurs selon l’HAS et « advance care planning » en anglais, pourra aboutir à la désignation d’une personne de
confiance ou à la rédaction de directives anticipées (dispositifs définis dans le chapitre 33).
• Les besoins et les préférences du patient sont réévalués régulièrement par l’ensemble des intervenants du domi
cile pour ajuster la prise en charge.
• L’évaluation de l’état de santé du patient, du niveau d’épuisement et de stress des aidants doit être continue.
• La proposition de solutions permettant de prévenir ou d’apaiser un épuisement identifié peut nécessiter le
recours à des professionnels spécialisés en soins palliatifs, à l’organisation d’un temps et de solutions de relais ou
de répit.
• L’appui des spécialistes en soins palliatifs [réseau, équipe mobile de soins palliatifs (EMSP)] est recommandé et
indispensable dans les situations complexes.
• Si l’hospitalisation est nécessaire, elle doit être anticipée et si possible programmée pour éviter le transfert en
urgence et/ou le passage par le service des urgences et pour respecter au mieux les préférences du patient (temps
pour prévenir les proches, organiser la logistique...).
Le projet d’hospitalisation sera clairement défini : objectifs des traitements et investigations, séjour de répit ou
sécurisation liée à l’hospitalisation.
La priorité est donnée au confort et à la qualité de vie du patient, au respect de sa volonté et à l’information et
l’accompagnement du patient et des proches.
► BIBLIOGRAPHIE
• Recommandations
- « Comment améliorer la sortie de l’hôpital et favoriser le maintien à domicile des patients adultes relevant de soins palliatifs ? »
HAS, Juin 2016: https://www.has-sante.fr/jcms/c_2655o88/fr/comment-ameliorer-la-sortie-de-l-hopital-et-favoriser-le-
maintien-a-domicile-des-patients-adultes-relevant-de-soins-palliatifs, consulté le 18 janvier 2021
- « L’essentiel de la démarche palliative », HAS, décembre 2016: https://www.has-sante.fr/jcms/c_2730546/fr/l-essentiel-de-la-
demarche-palliative, consulté le 18 janvier 2021
• Pour aller plus loin
- Circulaire N°DHOS/O2/2oo8/99 du 25 mars 2008 relative à l’organisation des soins palliatifs : https://solidarites-sante.gouv.fr/
IMG/pdf/circulaire_099_250308.pdf, consulté le 18 janvier 2021.
- Circulaire DHOS/O 2/DGS/SD 5 D n° 2002-98 du 19 février 2002 relative à l’organisation des soins palliatifs et de
l’accompagnement, en application de la loi n° 99-477 du 9 juin 1999, visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs :
https://solidarites-sante.gouv.fr/fichiers/bo/2oo2/o2-12/ao121o73.htm, consulté le 18 janvier 2021
- Atlas des soins palliatifs et de la fin de vie en France - 2e édition : https://www.parlons-fin-de-vie.fr/qui-sommes-nous/atlas-
des-soins-palliatifs-et-de-la-fin-de-vie/ , consulté le 18 janvier 2021
L’organisation
Il a été diffusé exclusivement sur lades soins palliatifs et le recours aux équipes ressources
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FICHE DE SYNTHÈSE : L’ORGANISATION DES SOINS PALLIATIFS ET LE RECOURS AUX
ÉQUIPES RESSOURCES
i. La visée de l’organisation des soins palliatifs est de permettre à toute personne malade de recevoir
des soins palliatifs adaptés à son état quel que soit sa pathologie, son âge, son lieu de vie ou
d’hospitalisation.
2. Il existe en France une gradation de l’offre de soins palliatifs selon les besoins et la complexité de
prise en charge du patient. Le principe général est que chaque professionnel de santé délivre des soins
palliatifs de base et puisse recourir à des équipes spécialisées le cas échéant.
3. Trois niveaux de l’offre de soins existent en établissements de soin :
- une activité de soins palliatifs de base dans un service hospitalier sans lit identifié de soins pallia
tifs (LISP) pour les situations ne présentant pas de difficultés cliniques, sociales, psychologiques ou
éthiques particulières ;
- au sein de services disposant de lits identifiés de soins palliatifs (LISP) au regard des situations de fins
de vie ou des décès fréquents auxquels ils sont confrontés, avec une organisation adaptée et une forma
tion des équipes ;
- les unités de soins palliatifs (USP) accueillant les situations palliatives les plus complexes.
4. Plusieurs types d’équipes ressources en soins palliatifs sont proposés pour répondre aux différentes
situations : les équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP) pour les établissements de soins et les EMSP
extra-hospitalières/les réseaux de soins palliatifs à domicile.
5. À domicile ou en structures médico-sociales, la prise en charge d’un patient relevant de soins palliatifs
repose sur les médecins généralistes, les infirmiers libéraux et les autres professionnels ainsi que l’HAD.
322 L’organisation
Il a des
été soins palliatifs
diffusé et le recours
exclusivement sur laaux équipes
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Item 140-1
Communication et accompagnement
> des personnes gravement malades
et leurs proches
Axelle Van Lander \ Jérome Alric2,
PrVirginieGuastella3
1 MCU, Psychologue clinicienne (PhD), Service de Soins Objectifs : N°140-l. Soins palliatifs
Palliatifs, CHU et Université de Clermont-Ferrand PLURIDISCIPLINAIRES CHEZ UN MALADE EN PHASE
2. Psychologue clinicien (PhD), Service de Soins Palliatifs, PALLIATIVE OU TERMINALE D’UNE MALADIE GRAVE,
CHU et Université de Montpellier. CHRONIQUE OU LÉTALE (2). ACCOMPAGNEMENT
3. PA-PH, Service de Soins Palliatifs, CHU et Université DE LA PERSONNE MALADE ET DE SON ENTOURAGE.
de Clermont-Ferrand. Principaux repères éthiques
• L’accompagnement de personnes gravement malades est une clinique difficile de par les émotions qu’elle implique,
tant du côté du patient et de ses proches que du côté du praticien. Connaître les mécanismes psycho-adaptatifs,
savoir communiquer avec un patient atteint d’une maladie grave et disposer de repères pour se situer dans la
relation conditionnent le bon accompagnement du patient et de son entourage.
Il a été Cdiffusé
ommunication et accompagnement des personnes gravement malades et leurs proches
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a i. Les mécanismes psycho-adaptatifs du patient atteint
de maladie grave
• Les mécanismes psycho-adaptatifs correspondent à tout ce qui permet d’élaborer et d’intégrer les conséquences
de la maladie au niveau de l’identité. Ils permettent ainsi de limiter la détresse psychique au moyen de stratégies
d’ajustement et de mécanismes de défense. Les stratégies d’ajustement sont des mécanismes psycho-adaptatifs
conscients qui permettent à la personne malade de maîtriser volontairement l’impact de la maladie. Les méca
nismes de défense sont des mécanismes psycho-adaptatifs inconscients qui permettent de se protéger de la réalité
intolérable de la maladie et de la rendre supportable.
Cas clinique i
Mme G, âgée de 44 ans, est en prise en charge palliative d'un cancer de l'utérus. Elle questionne le
médecin du service sur son pronostic et sur les traitements possibles. Elle lui signifie qu'elle ne voudrait
pas devenir un « légume ». Questionnée sur ce que signifie ce terme, elle complète par le fait de ne
plus pouvoir se lever et subvenir à ses soins. La semaine suivante, n'étant plus en capacité de se lever,
elle expérimente la toilette au lit, réalisée par l'équipe soignante. Avant de s'y résigner, elle se sent
très vulnérable, diminuée et d'une grande tristesse. Le médecin lui renvoie dans l'après-midi qu'il est
impressionné par sa capacité à s'adapter et qu'il voit bien, en outre, qu'elle est très valorisante pour
l'équipe et ses proches, en leur permettant de l'aider. En entretien avec la psychologue, elle évoque le
sentiment de fierté qu'elle a alors éprouvé. Elle est certes limitée dans ses actions, mais pour autant pas
dans ce qu'elle est. Elle est toujours mère, intelligente, dynamique...
• La perspective de la mort avec l’angoisse qu’elle génère ainsi que l’altération de l’identité induite par la maladie
peuvent générer une détresse intense mais fluctuante. L’accompagnement palliatif vise à soutenir le patient dans
la résilience de ses pertes identitaires pour rester ou se retrouver soi avec la maladie.
• La régression : c’est le recours à un état de bien-être hors tension. Le patient est en demande de
tranquillité et d’efforts minimums, au regard également d’un état de fatigue potentiellement important.
En fin de vie, certains auteurs l’évoquent comme un espace de liberté, « la pause vitale du mourant »
qui est à respecter. Les soignants proposent alors des soins contenants (toucher-massage...). Le patient
peut, suite à cette pause, reprendre un quotidien plus rythmé.
Cas clinique 2
Monsieur F. est peintre. Hospitalisé depuis une semaine, en phase terminale de son cancer du poumon,
il refuse un matin de se lever pour sa toilette. Il trouve plus confortable de se faire « coocooner» au lit à
l’aide de massages, d’attentions de l’équipe sans qu’il ait besoin d’efforts importants. L’équipe s’ajuste
à ce besoin de régression. Il se laisse « bercer» avec un sentiment de bien-être à rester au lit avec tous
autour de soi. Un matin, il demande à son épouse de lui ramener une toile et des pinceaux pour peindre.
Après cette pause revigorante, l’envie d’action est de retour.
• La dénégation : Il est à noter que le déni est très rare en situation palliative puisque le patient a
progressivement intégré une représentation de sa pathologie et des traitements au cours de sa
maladie. Le déni est un mécanisme psychotique qui consiste en un blocage psychique complet vis-à-
vis de la réalité. Celle-ci ne peut être entendue et intégrée. Le déni diffère de la dénégation qui consiste
à énoncer des désirs, des pensées, des sentiments tout en ne les reconnaissant pas. Une partie de la
réalité est entendue mais le patient continue à s’en défendre. La dénégation correspond à un refus
partiel de la réalité.
• La dissociation : le patient est capable d’être dans la pulsion de vie, les projets et en même temps
la réalité mortifère de sa maladie et ses conséquences. La réalité du patient est faite de ces deux
contraires : il est en vie et en même temps avec la mort en soi. Ce mécanisme lui permet donc d’en vivre
les deux aspects.
Cas clinique 3
Madame G aborde avec ses enfants l’organisation prochaine de ses obsèques. Elle choisit les chansons
avec sa petite fille de 8 ans. Cette dernière réoriente sur Noël et dit qu’elle voudrait le sous-marin de
Pat’patrouille. Madame C. lui répond qu’elles vont regarder sur internet les cadeaux. Après avoir organisé
les obsèques, elles se projettent sur l’organisation de Noël qui arrive le mois prochain : la logistique du
repas, les cadeaux...
• La projection : la colère permet d’évacuer l’angoisse en la projetant à l’extérieur de soi sur un autre
objet et un autre motif.
Cas clinique 4
Monsieur T. n’évoque jamais sa pathologie très avancée et son pronostic réservé. Il exprime à la
psychologue le fait qu’il est très en colère contre les médecins qui sont tous des incompétents. Il projette
ainsi sur les médecins ce qu’il ressent en fait de sa maladie et de son caractère inguérissable. Le motif de
l’incompétence n’est qu’un prétexte pour pouvoir évacuer son ressenti.
• La sublimation : il permet de créer et de partager quelque chose d’agréable à partir d’une expérience
difficile.
Cas clinique 5
Monsieur B., 44 ans, est atteint d’une SLA à un stade très évolué. En permanence sous ventilation non
invasive, il communique à l’aide d’une tablette et prend plaisir à écrire des poèmes pour l’équipe et les
enfants dont il était instituteur. Il souhaite faire partager ce qui l’a enrichi dans son expérience : « Je me
sens moi, digne, avec mon libre arbitre. Je rencontre des gens extraordinaires. Je sens que mes écrits sur
mon expérience de la maladie aident les autres à mieux vivre leur propre vie ».
• L’humour : il est un des mécanismes les plus évolués qui permet de transformer « un pire désert en
terrain de jeu ».
Cas clinique 6
Monsieur B. répond à la psychologue qu’il comprend qu’elle prenne autant de plaisir à venir voir un si
beau jeune homme et que si, en plus, elle pouvait entendre sa voix... Il est un grand sportif: en souriant
il lui dit que c’est comme un marathon son parcours de la maladie...
Cas clinique 7
« J’évite de penser à ma maladie, c’est plus facile » ; « Je préfère ne pas employer le mot cancer » ;
« J’évite d’être triste, il faut rester positif» ; « Je ne veux être entouré que de personnes qui me font du
bien... » ; « Je prends des compléments alimentaires et ça me fait du bien moralement même si je sais que
physiquement ils n’ont pas d’efficacité ».
• L’objectif dans l’accompagnement est d’aider le patient à assouplir ses stratégies d’ajustement lorsqu’elles ne sont
plus tenables. Un patient qui s’était posé pour objectif de rester absolument optimiste peut se reprocher sa tristesse
avec un sentiment de faiblesse. Le médecin peut rassurer sur le fait que la tristesse et même les pleurs sont l’expres
sion naturelle d’émotions, ne sont pas le reflet systématique d’une pathologie et d’une fragilité.
a 2. Communiquer___________________________
• Savoir communiquer avec les personnes malades et leurs proches lorsque la visée principale des traitements
devient palliative est une compétence essentielle. Cela nécessite de maîtriser les outils simples de la communi
cation mais également de savoir annoncer les mauvaises nouvelles. Nombre de patients rapportent le fait de ne
pas avoir été informés de la gravité de la situation et l’expliquent par les difficultés que cela pose à leur médecin.
Adapter son vocabulaire Trouver la distance physique qui convient au patient dans une
proximité suffisante
Chercher à comprendre et à être compris
Faire preuve de politesse et d’humilité
Promouvoir la sécurité du patient
Éviter les pronostics chiffrés
Respecter la temporalité du patient
Étape i : le contexte
Recueil des représentations du patient, étape essentielle pour les étapes suivantes.
• Quel est son vécu à partir de ces représentations ? Quelle est l’histoire qu’il a construite de sa maladie (le
« roman de la maladie », Marzano, M. 2006) ?
• Quelles sont ses compréhensions et incompréhensions de son état de santé ?
• À partir de quelles explications ?
• Est-il préoccupé par sa maladie ? Lui paraît-elle grave?
• Repérer où en est le malade dans sa demande d’informations : l’objectif sera d’annoncer pour répondre à « ce »
besoin d’information supplémentaire.
• Veut-il recevoir directement et ouvertement les informations le concernant ? Quel niveau d’informations souhaite
obtenir le patient ?
«À propos de votre maladie, si vous le souhaitez, je suis prêt à répondre à toutes les questions qui vous préoccupent ».
En dépit des émotions qui peuvent être générées, cette étape permet de poursuivre l’entretien avec davantage
d’authenticité.
• Fragmenter l’information en bouts digérables et la déplier dans l’accompagnement : ce n’est pas un « one-shot ».
• Partir des représentations du patient (étape 2) et de sa volonté de savoir (étape 3) pour apporter progressivement
les informations en lien avec la réalité bio-médicale.
• Avoir le souci de ne pas déstabiliser trop fortement la représentation de la réalité, vérité subjective du malade.
• Traduire les termes techniques en un langage plus familier au patient.
• Contrôler fréquemment la compréhension : « Qu’avez-vous compris de mes propos ? »
• Prendre en compte les soucis du patient et leur hiérarchie.
• Les proches sont à valoriser : leurs expériences antérieures et connaissances sont nécessaires aux
professionnels.
• La qualité de proches est octroyée par le patient : il donne son autorisation pour les informer et les
impliquer dans la prise en soin.
• Avec l’accord du patient, les proches doivent être associés aux entretiens médicaux.
• Les entretiens avec plusieurs interlocuteurs sont une pratique délicate. Cela nécessite d’être
suffisamment à l’aise pour adapter les informations à chacun et à leurs relations réciproques. On
vérifie au fur et à mesure leurs questions et compréhensions avec attention et finesse pour ne pas les
mettre en difficulté les uns par rapport aux autres.
Reconnaître les moments • Identifier les manifestations cliniques d’un état émotionnel chez le patient.
d’émotion • S’y arrêter lorsque celui-ci semble marquant.
Demander au patient de • Inviter le patient à évoquer son vécu émotionnel en l’encourageant à s’exprimer.
partager son vécu • Passer de la dimension émotionnelle à la dimension cognitive.
• Passer du sentiment d’être isolé à la confiance qui naît d’un état partagé.
• Offrir au patient une confirmation sociale du bien-fondé de ce qu’il éprouve.
Nommer l’émotion • Nommer l’émotion permet d’ajuster le niveau cognitif à la réaction face aux
événements : « Vous me semblez en colère ».
• Respecter le choix possible du patient de ne pas parler de ses émotions.
• Ne pas confondre ses propres émotions avec celles du patient.
• Le travail ici s’apparente à une co-construction de sens. Lorsque c’est nécessaire
il s’agit d’aider le patient à mettre en mot.
Mr G, âgé de 43 ans, est atteint d’une SLA d’évolution rapide. Il rencontre à sa demande le médecin
de l’unité de soins palliatifs pour rédiger ses directives anticipées. Quatre rencontres sont nécessaires
avec ensuite la mise en place de consultations hebdomadaires. Il aborde avec elle tous les petits signes
survenus dans la semaine : l’impossibilité à dévisser les bouteilles, la nécessité d’avaler d’une certaine
façon pour ne pas s’étouffer, la fatigue plus importante, le fait de mixer ses repas... Il a besoin de vérifier
avec le médecin ce qui est de l’ordre du bénin, du banal, et ce qui est de l’ordre de la maladie. Cette lecture
médicale lui permet de comprendre ce qu’il vit. Il comprendra ainsi pourquoi il s’étouffe très souvent en
buvant de l’eau et choisira de s’orienter plutôt sur des boissons gazeuses. Les repères proposés par le
médecin lui permettent également d’anticiper et de la questionner sur l’intérêt possible de dispositifs de
suppléance vitale tels que la gastrostomie et la Ventilation Non Invasive. Cette anticipation est anxiogène
et, dans le même temps, rassurante parle fait qu’il dispose d’un interlocuteur pour l’accompagner.
• Le mensonge est volontiers un mécanisme d’urgence, une opération défensive radicale qui annihile
tout dialogue
• La banalisation est le mécanisme par lequel le soignant se met à distance de la souffrance du patient en
refusant de reconnaître son intensité
• L'esquive consiste à refuser d’aborder ou de faire face à la situation vécue par le patient en détournant
systématiquement la discussion et en faisant la « sourde oreille »
• La fausse réassurance permet au soignant d’échapper à la réalité subjective du patient en la colmatant
immédiatement par des propos trop optimistes
• La rationalisation consiste à tenir un discours incompréhensible, riche en termes techniques empêchant
tout véritable dialogue et n’apportant aucune réponse aux questions embarrassantes du patient
• L'évitement est le mécanisme par lequel le soignant fuit tout contact avec le patient, que ce soit
physiquement en ne lui rendant pas visite ou psychologiquement en ne lui prêtant aucune attention
• La dérision est un comportement de fuite qui vise à banaliser la souffrance du patient sans la reconnaître
• La fuite en avant est le résultat d’une tension excessive chez le soignant qui se décharge d’une vérité
trop lourde à porter en la livrant brutalement et dans sa globalité au patient
• L'identification projective consiste à supprimer toute distance entre patient et soignant en se
substituant au malade et en transférant sur lui ces propres pensées, émotions et réactions ; il s’agit
d’une dépersonnalisation du soignant qui s’immerge dans la souffrance du patient pour mieux s’en
affranchir et l’annuler.
• La réponse médicale n’inclue pas toujours un traitement mais nécessairement une écoute de cette véritable
épreuve qui évite au patient d’être isolé dans ce vécu. Partager sa détresse, c’est alléger son intensité, l’apprivoiser
et la rendre supportable (Van Lander A., 2015).
• Elle génère par contre, en miroir, chez les professionnels, un sentiment d’impuissance : se sentir insuffisamment
formé, incompétent dans la relation et insuffisant pour trouver les bons mots. Ce sentiment est légitime sans pour
autant refléter la réalité. Tout professionnel, en empathie avec son patient, l’éprouvera et devra y résister. Pour
compenser, le médecin doit éviter de répondre par des actions déraisonnables.
- Exemple : répondre par un nouveau protocole même si on en connaît l’inutilité, mettre en place une
chimiothérapie dite compassionnelle, vouloir à tout prix renutrir le patient...
• Le travail en situation palliative nécessite une attention à ses ressentis et un apprentissage de sa vie émotionnelle.
Cela est facilité par une élaboration interdisciplinaire qui aide à penser les situations. À domicile, les liens avec les
infirmiers, pharmaciens (...) sont essentiels mais également avec les référents de soins palliatifs.
Cas clinique 9
Madame G évoque au médecin le fait que sa vie n'a plus de sens depuis qu'elle ne peut plus faire sa
toilette et subvenir seule à ses besoins.« Je ne veux pas dépendre des autres. Je ne suis plus qu'un légume
depuis que je suis arrivée chez vous. Je n'en peux plus. Ce n'est pas normal à 37 ans de vivre ce que je
vis. Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous m'imposez. Votre morphine me soulage mais je ne
fais que dormir. Je n'ai même pas vu mon fils quand il est venu me voir avec son père. Faites-moi quelque
chose, vous ne pouvez pas me laissez devenir ce que je suis...» Le médecin répond calmement qu'elles
vont réussir ensemble et avec l'équipe à ce que ce soit plus vivable et qu'elle entend bien qu'elle est
complètement désespérée. /À sa sortie de la chambre le médecin est bouleversée et se questionne sur
une sédation profonde et continue jusqu'au décès. Dans l'après-midi en entretien avec la psychologue,
Madame C. lui raconte ses moments de désespoir où elle est complètement envahie, et que ça lui fait du
bien, de se sentir comprise par le médecin et l'équipe. Elle a apprécié que le médecin n'essaye pas de
banaliser: « elle m'a compris ». Au moment de l'entretien elle se sent beaucoup mieux. Elle explique à la
psychologue que la relation à l'équipe rend même agréable ce qu'elle avait imaginé comme impossible
c'est-à-dire l'aide à la toilette. « On ne s'imagine pas ce qu'on est en fait capable de vivre. Parfois je me
sens désespérée, submergée puis j'ai l'impression d'apprivoiser ce qui était inconcevable ». En réunion
d'équipe, le médecin reconnaît que son propre sentiment d'impuissance lui donne envie de couper la
vigilance de cette patiente. Peu avant son décès, cette dernière la remerciera de tout ce qu'elle aura
supporté à cause d'elle.
Mme F. exprime à son médecin le fait qu'elle espère qu'un nouveau protocole lui soit proposé. Son
médecin vient pourtant de lui signifierqu'elle est récusée pourl'ensemble des protocoles actuels. L'espoir
signifie la part d'improbabilité. Le médecin répond comprendre et espérer aussi qu'un traitement soit
possible, même si actuellement ce n'est pas le cas. Elles se regardent tristement mais ensemble. Mme
F. décédera une semaine plus tard. Elle aura remercié juste avant son médecin de l'avoir aidée jusqu'au
bout et d'avoir aidé ses filles à comprendre.
• Les perspectives imaginées sont une façon de continuer à se projeter dans l’avenir, même si la maladie les rendra
sans doute non réalisables. De la même façon, une patiente expliquait son plaisir à imaginer les cadeaux de Noël
pour ses proches même si elle n’avait pas de certitude sur le fait d’être encore vivante à cette période. En réaction,
le médecin éprouvait beaucoup de tristesse, envahi par l’idée qu’elle ne serait plus là pour les donner à ses enfants.
Elle le rassura en lui expliquant que ce n’était pas sa faute et qu’en même temps on n’était jamais sûr de rien. Elle
apprenait à vivre avec l’incertitude.
► BIBLIOGRAPHIE
- Van Lander A. (2015). Apports de la psychologie clinique aux soins palliatifs Toulouse, Erès.
- Alric J, & Benezech J.P. (2011). « La mort ne s’affronte pas... ! ». Montpellier, Sauramps Médical.
1. Objectifs de l’accompagnement :
- Respecter la personne malade, ses représentations de la réalité
• Accompagner des personnes en fin de vie peut être une épreuve pour le soignant. Voici quelques
suggestions pour éviter l’épuisement professionnel et prendre soin des autres sans oublier de
prendre soin de soi :
- sachez douter de vos certitudes. C’est ce qui vous permet d’écouter les autres membres d’une
équipe pour prendre des avis ;
- assumez vos incertitudes dans la relation aux patients et aux équipes : l’avenir en fait partie.
Vous pouvez anticiper des scénarii, ils ne sont que des scénarii ;
- n’ayez pas d’attentes excessives, soyez conscient de vos limites et des limites de la médecine ;
- face à certains problèmes posés par un patient, vous n’aurez pas de solution. Les écouter est
déjà une réponse.
Situation de départ
A • L’éthique clinique est un questionnement des professionnels de santé confrontés dans leur pratique clinique à des
situations complexes et singulières qui suscitent des questions sans réponse évidente. L’éthique est une réflexion
individuelle et collective dont l’objectif est de contribuer à des prises de décisions les plus rigoureuses et les plus
justes possibles.
Savoir aborder les questions éthiques et participer à un processus décisionnel délibératif 337 ◄
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a i. Les questions éthiques, légales et sociétales posées
lors des phases palliatives
• Lors des phases palliatives ou terminales, les situations posant la question de la limite et de la proportionnalité des
traitements sont nombreuses et diverses. Elles interpellent les soignants mais également notre société.
► 338 Savoir aborder les questions éthiques et participer à un processus décisionnel délibératif
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Item 140-2
3. À quoi servent-elles ?
• Elles expriment la volonté de la personne relative à sa fin de vie en ce qui concerne les conditions de
la poursuite, de la limitation, de l’arrêt ou du refus de traitements ou d’acte médicaux.
• En leur absence, il recueille le témoignage de la personne de confiance ou, à défaut, tout autre
témoignage de la famille ou des proches.
Savoir aborder les questions éthiques et participer à un processus décisionnel délibératif 339 ◄
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LA PERSONNE DE CONFIANCE
Qui peut être désigné ?____________________ _________________ _____________ ____
Les missions
• Le médecin doit s’assurer que le patient est informé de la possibilité de désigner une personne de
confiance.
• Sa désignation est faite par écrit et cosignée par la personne désignée.
• Le patient peut révoquer sa personne de confiance à tout moment et en choisir une autre.
• La personne de confiance peut également décider de ne plus assumer ce rôle.
• Le secret médical est levé vis-à-vis de la personne de confiance. Si le patient le souhaite, la personne de
confiance peut en effet être présente lors des démarches et entretiens médicaux. La confiance impose par
contre que les informations médicales ne soient pas divulguées par la PC.
• La personne de confiance n’a pas d’accès direct au dossier du malade sur sa propre demande.
► 340 Savoir aborder les questions éthiques et participer à un processus décisionnel délibératif
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Item 140-2
1. Si le patient est hors d’état d’exprimer sa volonté, la décision de limiter ou d’arrêter les traitements
dispensés ne peut être prise qu’après mise en œuvre d'une procédure collégiale.
- La procédure collégiale est engagée par le médecin de sa propre initiative ou à la demande de la
personne de confiance, de la famille ou, à défaut, de l’un des proches.
- La décision est prise par le médecin en charge du patient, après concertation avec l’équipe de soins
si elle existe et sur l’avis motivé d’au moins un médecin consultant n’ayant pas de lien hiérarchique
avec le médecin en charge du patient. L’avis motivé d’un deuxième consultant est demandé par ces
médecins si l’un d’eux l’estime utile.
2. Lorsque le pronostic vital du patient est engagé à court terme — c’est-à-dire de quelques heures à
quelques jours— et qu’il fait une demande de sédation, la loi prévoit que cette sédation fasse l’objet
d’un contrôle a priori, par le biais d’une procédure collégiale chargée de vérifier que les conditions
d’application prévues par la loi sont bien remplies (cf. chapitre 37).
3. La décision de refus d’application des directives anticipées, jugées par le médecin manifestement
inappropriées ou non conformes à la situation médicale du patient, est prise à l’issue d’une procédure
collégiale et est inscrite dans le dossier médical. Elle est portée à la connaissance de la personne de
confiance désignée par le patient ou, à défaut, de la famille ou des proches.
2. Étape de réflexion individuelle : construction d’une argumentation par chaque acteur associé au
processus décisionnel, sur la base de données concernant la personne malade et la maladie.
3. Étape de délibération collective : échanges et débats entre les différents acteurs - le malade, les
proches et les acteurs de santé -, permettant des regards croisés et complémentaires.
Savoir aborder les questions éthiques et participer à un processus décisionnel délibératif 341 ◄
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• La question peut concerner :
- la pertinence de la mise en oeuvre ou de la poursuite, ou à l’inverse celle de la limitation ou de l’arrêt d’un
traitement susceptible d’avoir un impact sur la survie et la qualité de la vie de la personne malade ;
- le sens d’une plainte ou d’une demande (plainte douloureuse, demande de soulagement de la douleur, demande
d’accélération de la fin de vie..
► 342 Savoir aborder les questions éthiques et participer à un processus décisionnel délibératif
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Item 140-2
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence indispensable
- Guide sur le processus décisionnel relatif au traitement médical dans les situations de fin de vie. Comité des droits de l’Homme
et de la bioéthique - comité directeur des droits de l’homme (CDDH) - comité des ministres - Conseil de l’Europe ; 2013. [consulté
le 8/03/2021]. Disponible sur : www.coe.int > Bioethics > Thèmes > Fin de vie
• Pour aller plus loin
- Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir, Avis 121 du CCNE. 1er juillet 2013. www.ccne-ethique.fr/.../fin-de-vie-
autonomie-de-la-personne-volonté-de-mourir.
- Jürgen Habermas. De l’éthique de la discussion. Titre original : Erlâuterungen zur Diskursethik (1991), Paris, Flammarion, 1999.
1. Le patient, lorsqu’il est apte à exprimer sa volonté est au centre du processus décisionnel. Au sein
d’un dialogue entre le médecin et le patient, la décision prise respectera la volonté du patient (principe
d’autonomie) tout en respectant le principe de non obstination déraisonnable et les référentiels de
bonne pratique.
2. Lorsque la personne malade ne veut pas ou n’est pas ou plus capable de prendre de décision, celle-
ci sera prise par le médecin, au terme d’un processus comportant une réflexion personnelle et une
délibération collective conduite avec les acteurs concernés par la situation.
Savoir aborder les questions éthiques et participer à un processus décisionnel délibératif 343 ◄
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Principales situations de départ en lien avec l'item 140-2 :
« Savoir aborder les questions éthiques et participer à un processus
DÉCISIONNEL DÉLIBÉRATIF »
Situation de départ
178. Demande/prescription raisonnée et choix d’un examen diagnostique
334. Demande de traitement et investigation inappropriés
337. Identification, prise en soin et suivi d’un patient en situation palliative
343. Refus de traitement et de prise en charge recommandés
► 344 Savoir aborder les questions éthiques et participer à un processus décisionnel délibératif
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Item 140-3
Proportionnalité
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1.2. Repères cliniques sur l'hydratation artificielle
• Un patient hydraté par voie parentérale peut ressentir une sensation de soif favorisée dans les cas suivants :
- anémie, hypoxie, respiration bouche ouverte...
- médicaments : oxygénothérapie, opiacés, atropiniques, neuroleptiques, antidépresseurs tricycliques...
- mauvaise hygiène buccale, infections buccales candidosiques...
• Le plus souvent, les patients en fin de vie sans hydratation artificielle ne ressentent pas de sensation de soif si des
soins de bouche réguliers sont réalisés de manière pluri quotidienne.
• En fin de vie, une déshydratation relative peut présenter un certain nombre d’avantages pour le patient :
- diminution de la diurèse donc des mobilisations potentiellement douloureuses ;
- diminution des secrétions digestives, pulmonaires, des œdèmes et des ascites ;
- diminution de la conscience et possible effet antalgique naturel (sécrétion d’endorphines endogènes).
• En fin de vie une hydratation excessive peut majorer un certain nombre de symptômes d’inconfort :
- en particulier les œdèmes, l’ascite, l’encombrement bronchique.
• En fin de vie, une hydratation par voie parentérale n’est donc pas systématique. Si une hydratation artificielle est
conservée, un apport de 500 cc par jour est souvent suffisant. La voie sous cutanée peut être utilisée.
Cas clinique :
Madame A. est atteinte d’une fibrose pulmonaire. Madame A. a été informée de ia gravité de sa maladie
et de l’absence de thérapeutique spécifique. Elle semble être résignée : «Je sais que je vais mourir. Ce
que je veux, c’est rester chez moi et y mourir. Je ne veux pas souffrir. Je ne veux pas être prolongé si ça
s’aggrave... ». Elle vit avec son époux. Elle est aidée par des infirmières qui passent 2 fois par jour pour
une aide à la toilette, un kinésithérapeute qui la mobilise et lui fait des massages ainsi que par son
médecin traitant.
Depuis 15 jours, l’état clinique de Madame A. s’est considérablement aggravé. Elle somnole quasiment
en permanence et l’on ne peut plus communiquer oralement avec elle. Elle ne se lève plus. Elle ne
semble pas inconfortable. Elle ne boit plus. Des rougeurs apparaissent sur les talons. Sa cavité buccale
est propre. Son mari dit au médecin traitant : « Elle m’a dit hier qu’elle en avait marre... Elle va mourir
de soif, faut la perfuser ! ».
Une discussion ouverte a lieu entre l’époux et le médecin traitant. Il l’informe sur la possibilité de
ne pas ressentir de soif si des soins de bouche réguliers sont faits. Il évoque la possibilité de poser
une hydratation artificielle entraînant une possible prolongation de la vie de son épouse avec un
amaigrissement évolutif et l’apparition de lésions cutanées. Il rappelle la volonté de Madame A. de n’être
pas prolongée. Le mari pleure puis dit : « Ce n’est pas ce qu’elle voudrait... C’est moi qui veut la garder...
faut la laisser partir ». Le médecin contacte les infirmières et le kinésithérapeute. Ils sont d’accord
avec une décision d’abstention d’hydratation artificielle. Ils s’engagent à passer régulièrement et à
faire des soins de bouche. Le médecin informe l’époux de la décision prise. Il lui conseille d’humidifier
régulièrement les lèvres de son épouse avec une compresse. Il s’engage à passer le lendemain.
Madame A. entre progressivement dans un coma. Elle ne semble pas inconfortable. Les soins de bouche
sont faits 4 fois par jour et son mari lui humidifie les lèvres. Elle décède 3 jours plus tard.
Proportionnalité
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• Dans ce contexte, toute délibération sur la nutrition artificielle nécessite des entretiens répétés avec la personne
concernée, si cela est possible, son entourage et les équipes soignantes en tenant compte de la place de chacun et
de son vécu personnel (émotions, significations, convictions...).
Cas clinique :
Monsieur G. est atteint d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA) entraînant une paraplégie. Il est
combatif et est aidé par son épouse à la retraite.
Compte tenu d’un amaigrissement et de l’apparition de fausses routes, le médecin s’entretient avec
Monsieur G. sur ses souhaits de vie. Monsieur G. semble s’être adapté à son handicap. «je veux vivre...
Pour l’instant, ça vaut encore le coup, et puis ma fille attend un enfant... ». Le médecin propose la pose
d’une gastrostomie avec l’instauration d’une nutrition artificielle. Monsieur G. tolère bien la nutrition. Il
demeure à son domicile entouré par sa famille, des infirmières et un kinésithérapeute.
Un an après, la situation s’est aggravée. Monsieur G. ne tient plus dans son fauteuil roulant et ne
parvient plus à bouger ses bras. Il commence à être gêné pour respirer. Il dit qu’« il n’en peut plus de
lutter tous les jours » et « qu’il voudrait que cela s’arrête ». Le médecin lui propose d’être hospitalisé
dans une USP pour « faire le point ». Lors de son hospitalisation, Monsieur G. confirme sa lassitude de
vivre. Il accepte de rencontrer un psychiatre qui ne retrouve pas de dépression. Madame G. est triste
mais comprend son époux. Elle souhaite qu’ « on respecte sa volonté ». Les médecins évoquent un
possible arrêt de la nutrition. Monsieur G. les interroge sur les conséquences, notamment en termes
de confort. Monsieur G. souhaite retourner à son domicile pour réfléchir. Les soignants de l’USP et du
domicile sont informés de tous les échanges.
Deux mois après, Monsieur G. signifie à son médecin qu’il veut que l’on arrête sa nutrition artificielle.
Il ne veut pas mourir à la maison pour « ne pas imposer cela à ma femme ». Il veut « aller à l’USP ».
Monsieur G. est hospitalisé et confirme sa demande. Sa famille est rencontrée à nouveau. L’équipe
soignante est d’accord pour accompagner Monsieur G. dans la mise en œuvre de sa décision.
La nutrition artificielle est arrêtée. Aucune hydratation artificielle n’est débutée. Monsieur G. est calme.
Il devient de plus en plus somnolent. Un traitement antalgique est instauré en raison de douleur à la
mobilisation. Il décède en présence de sa femme 12 jours après l’arrêt de la nutrition.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence à retenir :
- Manuel de soins palliatifs. Sous la coordination de Rozenn Le Berre, sème édition. Paris : Dunod, 2020.
• Pour aller plus loin :
- McCann RM, Hall WJ, Groth-Juncker A. Comfort care for terminally ill patients: the appropriate use of nutrition and hydratation.
JAMA 1994 ; 272(16)‘.1263-1266
- Burge Fl. Dehydratation symptoms of palliative care cancer patients. J Pain Sympt Manag 1993 ; 8(/):454-464.
- Oriot D., Lassaunière JM. Physiopathologie et sémiologie de l’arrêt de la nutrition et de l’hydratation. Med Palliative 2008 ; 7 :
310-14
- Phillips PA, Rolls BJ, Ledingham JGG et al. Reduced thirst after water deprivation in healthy elderly men. N Engl J Med 1984 ;
311753-759-
- Miller M Water. Metabolism in the elderly in health disease aging changes affecting risk for hypernatremia and hyponatremia.
Hydratation and aging. Serdi Publisher 1998 ; 59-81.
- Winter SM. Terminal Nutrition : Framing the debate for the Withdrawal of nutritional support in terminally ill Patients. Am J Med
2000 ; 109: 723-6.
- AFSSOS, SFNEP, Nutrition artificielle chez le patient adulte atteint de cancer, 2013.
- Farge D, Frere C, Connors JM, Ay C, Khorana AA, Munoz A, Brenner B, Kakkar A, Rafii H, Solymoss S, Brilhante D, Monreal
M, Bounameaux H, Pabinger I, Douketis J. 2019 International Clinical Practice Guidelines (ITAC-CPGs) for the Treatment and
Prophylaxis of Venous Thromboembolism in Patients with Cancer. Lancet Oncol. 2019 Oct;2o(io):e566-e58i.
Situation de départ
178. Demande/ prescription raisonnée et choix d’un examen diagnostique
264. Adaptation des traitements sur un terrain particulier
334. Demande de traitement et investigation inappropriée
343. Refus de traitement et de prise en charge recommandée
348. Suspicion d’un effet indésirable des médicaments ou d’un soin
4. Repères éthiques
Le refus de traitement d’un patient atteint d’une maladie grave confronte le médecin et les équipes
soignantes à des situations complexes et déstabilisantes. Une évaluation globale de la situation
clinique prenant en compte les dimensions relationnelles, éthiques et légales est nécessaire. Cette
évaluation qui s’inscrit dans une temporalité permettra d’élaborer des objectifs de soins et une relation
d’accompagnement en accord avec les préférences du patient.
a 1. Repères légaux___________________________
« Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et des
préconisations qu’il lui fournit, tes décisions concernant sa santé.
Toute personne a le droit de refuser ou de ne pas recevoir un traitement. Le suivi du malade reste
cependant assuré par le médecin, notamment son accompagnement palliatif.
Le médecin a l’obligation de respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des conséquences
de ses choix et de leur gravité. Si, par sa volonté de refuser ou d’interrompre tout traitement, la personne
met sa vie en danger, elle doit réitérer sa décision dans un délai raisonnable. Elle peut faire appel à un
autre membre du corps médical.
L’ensemble de la procédure est inscrite dans le dossier médical du patient. Le médecin sauvegarde la
dignité du mourant et assure la qualité de sa fin de vie en dispensant les soins palliatifs mentionnés à
l’article L. 1110-10.
Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de
la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment.
a 2. Repères relationnels_____________________________
• Le refus de traitement a un impact émotionnel sur la relation de soin, tant du côté du médecin que du patient. Cela
peut altérer la qualité de la relation de confiance :
- le médecin peut percevoir le refus du patient comme une non reconnaissance de sa compétence technique. Il
peut se sentir agressé dans ses valeurs professionnelles et humaines ;
- pour le patient, le refus de traitement peut être associé à un appel à être reconnu dans son identité, sa spécificité,
sa complexité. En effet, bien que fragilisé par la maladie, il prend le risque de ne pas être compris dans sa
demande et que l’attention du médecin et de l’équipe soignante diminue.
a 3. Repères cliniques_________________________________
M. A. est un jeune homme de 22 ans, récemment diagnostiqué d'un sarcome du genou, métastatique au niveau
pulmonaire. Il a été traité par de la chimiothérapie première mais a progressé d'emblée localement avec une énorme
masse qui entraîne des douleurs mal contrôlées, un syndrome inflammatoire majeur et une impotence totale. Une
amputation est proposée au patient à visée de quantité de vie et de qualité de vie. Le patient refuse catégoriquement.
L'équipe aidée par une psychologue comprend que le patient est dans un état de sidération psychique et que chercher
à lui donner plus d'information est inutile, voir nocif. Seul un temps de récupération psychique après cette proposi
tion de soin permettra de reprendre, une semaine plus tard, le dialogue avec ce patient qui acceptera l'amputation.
a 4. Repères éthiques_________________________
• Les obligations légales ne suffisent pas à guider le médecin dans la singularité des situations rencontrées et posent
de nombreuses questions éthiques comme :
- la personne a-t-elle réellement compris les conséquences de son choix ?
- la décision que la personne prend va-t-elle lui nuire ?
- que faire quand la personne exprime des avis différents selon les interlocuteurs ? S’agit-il d’une mauvaise
compréhension, s’agit-il d’une ambivalence du patient ?
- l’information a-t-elle été compréhensible pour la personne compte tenu de sa culture, de ses repères de vie, de
ses croyances ?
- la relation de soin est-elle altérée ? Quelles qu’en soient les raisons, cette rupture de confiance a peut-être
influencé la décision du patient.
• Si le patient n’est pas en phase avancée de maladie grave, il peut persister un dilemme éthique pour le médecin,
entre d’une part le respect de la volonté exprimée du patient et le devoir d’assistance du médecin lorsqu’il estime
que ne pas donner les traitements est de nature à faire perdre des chances à la personne ou est contraire au prin
cipe de bienfaisance.
• La bienveillance, le non jugement des choix du patient, le principe de non abandon du patient
quels que soient ses choix sont au cœur de la démarche soignante auprès d’un patient qui refuse
un traitement. Ces repères éthiques sont d’autant plus importants que sur le plan émotionnel, la
relation de soin est parfois mise à mal.
• Le patient même en cas d’altération partielle de ses capacités doit être considéré comme une
personne à part entière et l’ensemble de ses réactions et préférences doivent être prises en compte
au sein d’un processus décisionnel délibératif visant à prendre la décision la plus conforme aux
préférences du patient.
► BIBLIOGRAPHIE
• La référence indispensable
- Guide sur le processus décisionnel relatif aux traitements médicaux dans les situations de fin de vie. Comité de bioéthique (DH-
BIO) du conseil de l’Europe de 2014 disponible en téléchargement gratuit sur https://edoc.coe.int/fr/bioethique/6o92-guide-
sur-le-processus-dcisionnel-relatif-aux-traitements-mdicaux-dans-les-situations-de-fin-de-vie.html
• Pour aller plus loin
- S. Dauchy et al. Le refus de soins chez un patient adulte atteint de cancer : recommandations de prise en charge de l’AFSOS et
de la SFPO. Bull Cancer. 2018 Mars;iO5(3):234-244.
- Loi n° 2016-87 du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie - Article 14.
La loi inscrit le respect de la volonté du patient vis-à-vis de l’ensemble des décisions à prendre avec
l’article L.1111-4 qui stipule : « Le médecin a l’obligation de respecter la volonté de la personne après l’avoir
informée des conséquences de ses choix et de leur gravité. Si, par sa volonté de refuser ou d’interrompre
tout traitement, la personne met sa vie en danger, elle doit réitérer sa décision dans un délai raisonnable ».
1. Les obligations légales sont : une information honnête, une réévaluation dans un délai que le médecin
apprécie pour chaque situation, une traçabilité de l’ensemble de la démarche dans le dossier médical,
l’organisation du suivi régulier de son patient avec l’accès aux soins palliatifs. Cet article ne s’applique pas
aux situations d’urgence sauf si le patient a précédemment exprimé sa volonté de refus.
2. L’instauration d’une communication de qualité est essentielle pour permettre d’évaluer ta situation, de
s’assurer que le refus du patient est éclairé et qu’une information adaptée à la personne a été donnée et
comprise. La recherche des motivations de la personne permet de mettre en place un projet de soin adapté
au patient.
3. La recherche de facteurs pouvant altérer la capacité de décision est nécessaire en particulier des troubles
cognitifs et psychiatriques ou une souffrance. La programmation d’une réévaluation permet de voir si le
patient réitère ou évolue dans ses choix. Ce délai de réflexion est important et peut être mis à profit pour
proposer au patient de recourir à des avis spécialisés.
4. La bienveillance avec une recherche de communication adaptée à la personne, le non jugement vis-à-vis
des positions du patient ainsi que le principe de non abandon du patient quels que soient ses choix sont
les repères éthiques qui guident le médecin.
5. Le partage pluridisciplinaire est une aide utile sur le plan clinique et éthique.
6. Un refus de traitement ne doit jamais être interprété comme un refus de soins.
• Toujours prendre en compte ce qu’exprime verbalement ou non verbalement une personne malade.
Situation de départ
123. Humeur triste/douleur morale
343. Refus de traitement et de prise en charge recommandés
Chapitre
k Repères cliniques, relationnels
--------------------------------------------------------------- ----------------------------------------------------------------
et légaux lorsqu’un patient exprime un souhait de mourir,
une demande d’euthanasie ou de suicide assisté
PLAN
I. Distinguer l’euthanasie des pratiques médicales qui peuvent influer potentiellement la durée de vie
i. L’euthanasie et le suicide assisté : pratiques interdites en France
2. Les pratiques médicales autorisées et encadrées par la loi Claeys-Leonetti
II. Repères relationnels vis-à-vis de l’expression d’un souhait de mourir
i. Entendre la demande de mort
2. Établir une communication adaptée
3. Adopter une approche pluridisciplinaire
III. Repères cliniques
i. Analyser la demande
2. Rechercher des facteurs associés potentiellement réversibles
3. Comprendre la demande pour pouvoir proposer des réponses
La présence chez des patients atteints de cancer en situation d’incurabilité d’un désir de mort, c’est-
à-dire d’un souhait que la mort vienne plus rapidement, n’est pas exceptionnelle (10 à 20 % selon les
études). L’émergence d’une demande de suicide assisté ou d’euthanasie est plus rare (entre 1 et 4 %).
Ces deux pratiques interdites en France sur le plan législatif sont autorisées dans plusieurs pays riches
du monde. Une demande de mort est une question complexe relevant de plusieurs registres : clinique,
éthique, juridique, qui nécessite une approche rigoureuse et pluridisciplinaire.
Tableau 1. LES DIFFÉRENTES PRATIQUES MÉDICALES POUVANT AVOIR UN IMPACT SUR LE MOMENT DU DÉCÈS D’UN PATIENT
LAT
chez un patient Mise en jeu
Euthanasie Suicide assisté ne pouvant potentielle du Sédation
exprimer sa double effet
volonté
Intention du Arrêter la vie du Donner les moyens Ne pas prolonger Soulager une Diminuer la perception
médecin patient au patient d’arrêter artificiellement la souffrance d’une souffrance
sa vie vie d’un patient réfractaire réfractaire
s’il en résulte
une obstination
déraisonnable
Cadre légal Interdit Interdit Loi Claeys-Leonetti Loi Claeys- Autorisée avec respect
français Procédure Leonetti des :
collégiale visant Autorisée avec • Recommandations
à respecter la encadrement de la HAS
volonté du patient (information • Loi Claeys-Leonetti
du patient, pour la sédation
des proches et profonde et
traçabilité) continue maintenue
jusqu’au décès
• Cas clinique : M. S, 68 ans, a des antécédents de maladie de Hodgkin. Il est suivi pour un sarcome axillaire radio-
induit avec plusieurs récidives locales, reprises chirurgicalement puis traitées par chimiothérapie adjuvante. Il a
par ailleurs une insuffisance cardiaque sévère d'origine étiologique multifactorielle (chimiothérapie cardio-toxique,
ischémie) pour laquelle des hospitalisations en réanimation pour choc cardiogénique ont été nécessaires. Lors d'un
nouvel épisode d'aggravation cardiaque dans un contexte de grande altération de l'état général, une décision de LAT
est prise pour un nouveau passage en réanimation et l'utilisation d'amines vaso-actives, la greffe cardiaque est non
• Cas clinique : M.P, 58 ans, a un cancer colique très agressif et chimio-résistant avec métastases osseuses et envahis
sement hépatique métastatique avec une insuffisance hépato-cellulaire. Son pronostic lié à l'insuffisance hépatique
est engagé alors que le patient fait des projets à moyens termes. La persistance de douleurs osseuses nécessite d'aug
menter les posologies d'opiacés, ce qui peut majorer l'encéphalopathie hépatique et va peut-être accélérer le décès
de quelques jours. Sa famille est informée de ce risque possible. Concernant le patient, l'information requise dans la
loi, doit être adaptée à la situation réelle d'un patient vulnérable présentant une souffrance réfractaire et prendre en
compte les mécanismes défensifs du patients, présents dans cette situation.
• Dans ces situations, les médicaments sédatifs et/ou antalgiques sont utilisés à la dose minimale efficace obtenue
par titration.
2.2.2. La sédation profonde et continue maintenue Jusqu'au décès (cf. chapitre 37)
• La sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès est la mise en place d’une sédation associée à des
antalgiques et un arrêt de tous les traitements de maintien en vie artificielle. Elle vise à supprimer la perception
d’une situation vécue comme insupportable.
d'une progression tumorale et de l'absence de traitement possible. Le patient dit alors : « puisqu'il n'y a plus d'espoir,
je préfère en finir tout de suite, cela n'a plus de sens pour moi ». Le médecin, face à cette demande énoncée avec une
grande fermeté, propose très rapidement l'arrêt de la nutrition artificielle dans ce contexte et est très surpris de la
réponse du patient : « Ah non ! Comment vais-je me nourrir ? »
• Adopter une attitude d’acceptation et d’ouverture vis-à-vis de cette discussion : « J’ai bien entendu
ce que vous avez dit et il est important que nous en parlions sérieusement ».
• Ne pas se retrancher derrière le cadre légal ou le détourner : en balayant la demande car l’euthanasie
et le suicide assisté sont interdits en France ou en proposant une sédation profonde et continue comme
alternative sans exploration approfondie.
• Mettre en place une écoute empathique : il s’agit d’écouter le patient sans l’interrompre, si ce n’est
pour l’encourager à approfondir ou à préciser certains aspects.
• Apporter au patient les compétences nécessaires en matière de soins palliatifs et de fin de vie (tant
techniques que communicationnelles).
1. Analyser la demande
Il s’agit de différencier :
- une posture existentielle ancienne pouvant précéder la maladie ;
- une pensée qui a fait irruption au moment du diagnostic ;
- une pensée qui survient au cours de l’évolution de la maladie et souvent en phase avancée ;
- un souhait très récent qui peut faire évoquer l’existence d’un facteur déclenchant à rechercher.
• Les demandes peuvent s’appliquer à l’instant présent ou bien le patient peut envisager la solution de l’euthanasie
en cas d’aggravation de son état. Le patient, dans ces demandes préventives souvent formulées peu clairement,
peut chercher à obtenir un engagement du médecin : « Dans ce cas, le patient a surtout besoin d’être réassuré sur
la continuité des soins en cas d’aggravation avec l’engagement des professionnels à le suivre et à lui prodiguer les
soins adaptés pour soulager sa souffrance et répondre à ses besoins.
• Le degré d’intégration de l’information du patient au sujet de sa maladie et de son évolution et des traitements
proposés est à recueillir. Il s’agit de rechercher des cognitions erronées alors qu’il existe des possibilités d’actions
ou de traitements, vis-à-vis de la maladie ou des symptômes, ou au contraire une situation clinique évoquant un
excès dans les traitements (obstination déraisonnable) : « Je ne supporterai pas cette nouvelle chimio, je préfère en
finir... »
• Cas clinique : Mme C., 78 ans, en bon état général, vient d’ètre diagnostiquée d’un cancer pulmonaire inopérable.
Lors de la consultation avec l’oncologue, elle dit avoir toujours voulu d’une mort sans phase de dégradation comme
elle l’a vue chez son mari mort des suites d’une maladie de Parkinson. Elle indique vouloir partir rapidement en
Suisse tant quelle le peut pour un suicide assisté. L’oncologue lui explique quelle pourrait bénéficier d’une thérapie
ciblée pouvant améliorer sa quantité de vie mais qu’il entend sa préférence. À l’issue d’une évaluation avec l’équipe
de soins palliatifs, la patiente opte pour un essai avec cette thérapie dès lors quelle est rassurée sur le fait quelle sera
informée en cas d’aggravation pour pouvoir prendre des décisions qui lui paraîtront adaptées.
• Faire préciser les antécédents personnels, en particulier psychiatriques (dépression, idées suicidaires, troubles
de la personnalité...), émotionnels (deuils, traumatismes...), toxicomanie, dépendances
• Évaluation de la douleur et des symptômes d’inconfort
• Existence de difficultés d’ordre social, en particulier un isolement total, ou des difficultés financières
• Existence d’une souffrance existentielle (perte de sens de la vie, réactivation de deuils anciens, d’expériences
traumatisantes...)
- un souhait d’arrêt ou de limitation de traitements motivé par : une perte de sens, une impression
d’acharnement thérapeutique, des traitements, soins ou investigations trop difficiles à supporter ;
- une demande anticipée par peur (d’étouffer, d’avoir mal, d’être une charge pour son entourage) ;
Après l'entretien, il apparaît plusieurs aspects : sa qualité de vie est très dégradée, il existe des moments
où elle étouffe malgré la VNI, « Qu'est-ce qui va se passer si cela s'aggrave et que je ne supporte même
plus la VNI ?» Elle ne souhaite pas mourir tout de suite car ses enfants et son mari ne le supporteraient
pas.
1. Le souhait que la mort vienne plus rapidement n’est pas exceptionnel chez les patients atteints de
cancer. Une demande d’euthanasie ou de suicide assisté est plus rare.
2. L’euthanasie est l’injection à un patient par un médecin de drogues mortelles qui vont entraîner la mort
très rapidement.
3. Le suicide assisté est la prescription par un médecin de drogues mortelles. Le patient s’auto-administre
par voie orale les drogues et celles-ci entraînent la mort du patient très rapidement.
4. Ces pratiques interdites en France sont à distinguer des actes encadrés par la loi Claeys-Leonetti qui
peuvent potentiellement influer la durée de vie du patient : les limitations et arrêts de traitements (LAT), les
situations mettant en jeu le double effet et la mise en place d’une sédation profonde et continue maintenue
jusqu’au décès.
5. La démarche clinique face à un souhait de mort exprimé doit être structurée. Les différents éléments de
la démarche sont les suivants :
- écoute de la demande et de ses motifs ;
- mise en place d’une approche et d’une réflexion pluridisciplinaire ;
- recherche de facteurs associés potentiellement réversibles : douleur et symptômes d’inconfort,
dépression, perte d’espoir, troubles cognitifs.
7. La demande de mort doit être avant tout considérée comme un état de souffrance nécessitant une écoute
et une analyse pour pouvoir formuler des propositions de soins adaptés qui doivent être réévaluées avec
des objectifs si possible identifiés. Différents domaines doivent être considérés : l’amélioration du confort
et de la qualité de vie, le traitement de facteurs associés comme une dépression, d’éventuelles limitations
et arrêt de traitement, l’information du patient sur les options en fin de vie, un soutien psychologique.
Recevoir une demande d’euthanasie est une situation difficile pour le médecin. Quelques conseils
utiles :
• Ne restez pas seul(e) avec une demande d’euthanasie, parlez-en à l’équipe paramédicale, aux col
lègues, à la psychologue, à un psychiatre, à l’équipe mobile de soins palliatifs...
• Accueillez et écoutez la demande avec compassion... mais sans vous laisser envahir pour pouvoir
analyser avec recul la situation et ainsi pouvoir formuler dans un second temps des propositions
de soin.
• Prêter attention à ce qui se passe en vous, en l’identifiant vous diminuez le risque que vos émotions
ne prennent le dessus.
Ne pas oublier
Situation de départ
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
i.i. Définitions
• « La sédation est la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller
jusqu’à la perte de conscience. Son but est de diminuer ou de faire disparaître la perception d’une situation vécue
comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui
être proposés et/ou mis en oeuvre sans permettre d’obtenir le soulagement escompté » (SFAP, HAS 2018).
• Le terme « sédation » recouvre plusieurs typologies de « pratiques sédatives » qu’il importe de distinguer car elles
différent dans leurs objectifs, leurs indications et leurs mises en œuvre :
- Sédation proportionnée : l’objectif est de soulager un patient afin que la perception de sa souffrance soit
atténuée, mais la personne malade peut garder une vie relationnelle avec des interactions avec son entourage :
> Ex : sédation proportionnée d’un patient atteint de fibrose pulmonaire avec une dyspnée continue
s’aggravant progressivement.
- Sédation profonde : l’objectif est que le patient ne ressente plus aucune sensation de souffrance. Dans ce cas, il
n’existe plus d’interaction consciente avec l’entourage ;
> Ex : sédation d’un patient atteint d’une SLA avant retrait, à sa demande, de la VNI administrée 24 h sur 24.
- Sédation transitoire : la durée de la sédation est brève :
> Ex : sédation d’un patient en cours de traitement spécifique pour un cancer pulmonaire ayant une dyspnée
aiguë insuffisamment soulagée par d’autres approches thérapeutiques.
- Sédation intermittente : la durée de la sédation est limitée dans le temps et faite régulièrement :
> Ex : sédation chaque nuit d’un patient présentant régulièrement une angoisse avec des terreurs nocturnes.
- Sédation continue : la sédation est poursuivie jusqu’au décès :
> Ex : patient atteint d’un cancer métastasé aux poumons en phase terminale présentant une dyspnée continue
résistant aux différentes approches soignantes ou médicamenteuses et exprimant son épuisement de vivre
ou un souhait de rester endormi jusqu’à sa mort.
- un médecin, après discussion avec une équipe soignante, peut décider d’instaurer une sédation chez un patient
incompétent, notamment lorsque ce dernier présente une souffrance qui ne peut être soulagée par d’autres
moyens.
• La demande d’une famille ou d’une équipe soignante ne justifient pas en elles-mêmes l’instauration d’une
sédation.
Sédation Euthanasie
Intention Soulager en faisant perdre conscience Arrêter la vie
Moyen Diminuer la vigilance par un médicament Provoquer la mort
• Ex : patient en phase terminale de sa vie avec souffrance globale associant douleurs multiples, dyspnée,
angoisse résistante aux différentes approches soignantes ou médicamenteuses et demandant qu’« on
Vendorme avant de mourir ».
> « Lorsque la décision du patient atteint d’une affection grave et incurable d’arrêter un traitement engage son
pronostic à court terme et est susceptible d’entraîner une souffrance insupportable ».
• Ex : patient ayant décidé, après réflexion et discussion, d’arrêter sa VNI instaurée 24 h sur 24 avec survenue
immédiate d’une dyspnée lors de l’arrêt de la ventilation. « Je ne veux plus être prolongé mais je ne veux pas
mourir étouffé ». Le patient bénéficie d’une sédation profonde et continue, puis la VNI est arrêtée.
- Ce peut être lorsque le patient est juridiquement incompétent avec une impossibilité d’exprimer sa volonté :
> « Lorsque le patient ne peut pas exprimer sa volonté et, au titre du refus de l’obstination déraisonnable...
dans le cas où le médecin arrête un traitement de maintien en vie ».
• Ex : patient âgé, ayant fait une hémorragie cérébrale majeure entraînant un important handicap moteur
et cognitif, pour lequel il est décidé de ne plus prolonger son existence par une nutrition artificielle. La
sédation est faite, au bénéfice du doute, afin que le patient ne ressente pas une éventuelle souffrance que
les soignants ne percevraient pas.
- La sédation profonde et continue mise en œuvre dans le cadre de la loi Claeys-Leonetti doit être associée à
une analgésie et à l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie (arrêt de l’hydratation et/ou de la
nutrition artificielles).
- Dans tous les cas, une procédure collégiale est mise en œuvre pour vérifier préalablement que les conditions
d’application de la loi sont remplies. L’ensemble de la procédure est inscrit dans le dossier médical.
3/ S’ASSURER QUE LES OBJECTIFS VISÉS PAR LA SÉDATION SONT COMPRIS PAR L’ÉQUIPE OUI NON IMPOSSIBLE
1
• Les objectifs de la sédation ont-ils été clairement énoncés ?
• La demi-plasmatique est de 2 à 3 heures. Elle est augmentée chez les sujets âgés, insuffisants hépatiques ou rénaux.
La durée d’action est de 15 minutes à plusieurs heures.
• Le midazolam est utilisable chez l’enfant, l’adulte, le sujet âgé, en institution et à domicile (via une rétrocession par
une pharmacie hospitalière ou un service d’HAD).
• En pratique, il existe une grande variabilité des effets induits selon les patients. D’où l’importance d’une gradua
tion dans son utilisation. En cas d’escalades des doses (augmentation importante et/ou rapide des doses), il est
nécessaire de faire appel à un médecin expérimenté en soins palliatifs pour réévaluer la situation.
• Son utilisation, surtout si la graduation des doses n’est pas respectée, peut induire une dépression respiratoire.
L’antidote est le Flumazenil (anexate
*
).
-1 Somnolent Non complètement éveillé mais reste éveillé avec contact Stimulation verbale
visuel à l’appel pendant plus de 10 secondes
■2 Diminution légère de la Ne reste éveillé que brièvement avec contact visuel à
vigilance l’appel inférieur à 10 secondes
• La loi du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveurs des malades et des personnes en fin de vie introduit
la possibilité pour une personne atteinte d’une affection grave et incurable de bénéficier d’une sédation profonde
et continue maintenue jusqu’au décès (SPCMD), dans trois situations :
- à sa demande s’il présente une souffrance réfractaire et que le pronostic vital est engagé à court terme ;
- à sa demande s’il décide d’arrêter un traitement et que cette décision engage son pronostic à court terme et est
susceptible d’entraîner une souffrance insupportable ;
- sans sa demande, s’il ne peut exprimer sa volonté, dans les situations d’arrêt de traitement de maintien en vie
sauf si le patient s’y est opposé dans ses directives anticipées.
• Le cadre légal s’impose au médecin et encadre la prise de décision. Selon la loi, l’enjeu est de respecter la volonté
du patient et de vérifier par une procédure collégiale que :
- les conditions prévues par la loi sont réunies ;
- le patient a les capacités de discernement nécessaires ;
- sa demande est libre suite à une information loyale, claire et appropriée.
• La sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès (SPCMD) doit être systématiquement associée à une
analgésie et à l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie, hydratation artificielle comprise. Tous les
traitements susceptibles de prolonger l’existence sont arrêtés.
• En pratique, chaque situation est souvent complexe ; elle demande une évaluation attentive, approfondie, plu
ridisciplinaire avec le recours à une procédure collégiale et la sollicitation de professionnels de santé externes à
l’équipe de soins (équipe de soins palliatifs, psychologue, psychiatre, médecin de la douleur...).
• Il importe d’anticiper avec le patient, les proches, les soignants les conséquences de la sédation profonde et conti
nue avec notamment 1 évocation de la fin de la vie, parfois breve, parfois prolongée, souvent éprouvante à vivre,
où il n’y aura plus de communication consciente avec le patient.
4.2. Vérifier que les conditions prévues par la loi sont réunies
• Le diagnostic d’une souffrance réfractaire repose sur une démarche partagée entre le médecin,
l’équipe de soins et le patient. Mais le patient est le seul à pouvoir apprécier le caractère insupportable
de sa souffrance, des effets indésirables ou du délai d’action du traitement.
• L’équipe soignante doit vérifier que tous les moyens ont été mis en œuvre ou proposés pour
soulager le patient (écoute, prise en charge psychologique, soutien social ou spirituel, traitements
médicamenteux...). On peut faire appel à des compétences externes pour s’assurer que toutes
les options thérapeutiques ont été envisagées. Mais le patient peut refuser les alternatives
thérapeutiques proposées sans que cela compromette son droit à la sédation.
• Les évaluations des approches thérapeutiques sont régulièrement faites. Mais, l’essai de nouvelles
options thérapeutiques ne doit pas retarder la mise en œuvre d’une sédation si la demande et la
souffrance persistent.
• La demande de sédation du patient peut être associée à un souhait d’accélérer la mort qui doit être
entendu comme faisant intégralement partie de la souffrance. Le souhait de mourir ne justifie pas en
lui-même la sédation, mais ne la contre-indique pas pour autant.
• La procédure collégiale évalue les critères ci-dessus et n’a pas à porter de jugement de valeur sur la
demande du patient.
• En cas de souffrance psychique et/ou existentielle isolée et persistante, une sédation peut être
discutée avec des modalités appropriées à la situation (proportionnée, profonde, transitoire...).
• Le pronostic engagé à court terme est défini par la probable survenue du décès dans les quelques
heures ou quelques jours.
• L’évaluation pronostique est pluriprofessionnelle et basée sur :
- l’étendue de la maladie et sa vitesse de progression ;
- la rapidité du déclin fonctionnel ;
- la présence de défaillance d’une fonction vitale.
• La surveillance de la personne permet d’identifier des changements qui peuvent suggérer qu’elle
entre dans ses derniers jours de vie :
- anorexie-cachexie, dysphagie, œdème, dyspnée ;
- oligo-anurie, anurie ;
- asthénie intense avec somnolence ;
-altération des signes vitaux (baisse de tension artérielle, pouls faible, respiration irrégulière,
désaturation, extrémités froides ou marbrées).
• Si le décès est attendu dans un délai supérieur à quelques jours et que les symptômes sont réfractaires,
une sédation peut cependant être discutée avec le patient et l’équipe de soins en précisant la durée
(réversible, continue) et la profondeur (proportionnée, profonde).
Cas clinique :
Monsieur A. est atteint d’un carcinome épidermoïde du poumon métastasé au foie et à la plèvre
actuellement en arrêt de traitement spécifique. Il présente une dyspnée se majorant malgré des mesures
et thérapeutiques adaptées (ouverture de la fenêtre, présence régulière des soignants, corticoïdes à
fortes doses, anxiolytiques et opiacés, oxygénothérapie à forte dose). Il fait régulièrement des épisodes
de dyspnée aiguë qui nécessitent des bolus de midazolam pour une sédation transitoire.
Depuis deux jours, Monsieur A. exprime une lassitude de vivre et demande « à être endormi ». Il est
grabataire, cyanosé et ne se nourrit plus. Il est polypnéique à 30 /mn et sa saturation est à 80 %. Les
soignants disent que « son corps se dégrade très vite » et qu’« il commence à avoir une escarre ». Son
épouse et ses enfants ont conscience de la gravité de la situation. Ils souffrent de « le voir partir » mais
« respectent sa demande » et demandent qu’« on le soulage ».
L’équipe se réunit et constate que la souffrance est réfractaire aux divers traitements et que le pronostic
vital est engagé à court terme. Un pneumologue consulté confirme ces éléments.
Le patient est informé de la possibilité de débuter une sédation profonde et continue maintenue jusqu’au
décès. Il souhaite voir sa famille et être après « endormi ». Son épouse et ses enfants viennent le rencontrer,
puis le patient est sédaté avec un score de Richmond à -4. Ses proches se relaient à ses côtés. Il décède
deux jours plus tard en présence d’un soignant.
Deux jours après, un debriefing d’équipe est fait. Une infirmière dit : « Ce n'était pas facile à faire et à vivre
mais j'ai l'impression que l'on a bien fait notre boulot ».
Situations cliniques :
• Demande d’arrêt de ventilation assistée : les arrêts de ventilation sont souvent précédés d’une
SPCMD. Cependant, certains patients, moins dépendants de l’appareil de ventilation, préfèrent
rester quelques temps, sans machine et avec leurs proches, avant que ne survienne une dyspnée
importante justifiant alors une SPCMD.
• Les patients qui ont une maladie dont l’arrêt des traitements engage leur pronostic vital avec une
incertitude sur le terme (nutrition artificielle, dialyse sur insuffisance rénale à diurèse conservée...)
ou une incertitude sur le risque d’entraîner une souffrance insupportable doivent bénéficier d’une
délibération approfondie.
• Compte tenu de la complexité de la demande et des enjeux, il est nécessaire de se donner du temps,
de dialoguer avec le patient en lui laissant la possibilité de changer d’avis, de réévaluer la situation,
de formuler les possibilités thérapeutiques en incluant une éventuelle sédation proportionnée.
• Il importe d’expliquer la situation aux proches et aux aidants, dans le respect du secret médical, en
évoquant avec eux la fin de vie avec un patient sédaté.
Une procédure collégiale doit être menée afin de répondre à deux questions :
• L’arrêt du traitement demandé par le patient engage-t-il le pronostic vital à court terme ?
• L’arrêt du traitement est-il susceptible d’entraîner une souffrance insupportable pour le patient ?
Trois semaines après, son médecin traitant contacte l’USP. « // n'en peut plus et a pris clairement sa
décision d'arrêter la VNI ». Monsieur B. est hospitalisé. Il est épuisé et énonce « son souhait d'arrêter la
machine... mais je ne veux pas mourir en étouffant ». Sa famille comprend sa décision et souhaite être
présente pour sa fin de vie.
Rapidement, l’équipe se réunit et vérifie que le patient est compétent pour demander l’arrêt de la VNI,
que le pronostic vital sans VNI est engagé à court terme et que l’arrêt de la VNI engendrera une souffrance
insupportable. Un médecin externe au service confirme ses éléments.
Le patient est informé de la possibilité de bénéficier d’une sédation profonde, puis d’un arrêt de la VNI
avec la poursuite de la sédation jusqu’à son décès. Il souhaite que ce soit fait le lendemain et que sa
famille soit à ses côtés lorsqu’il sera profondément « endormi ».
Le lendemain matin, Monsieur B. confirme sa décision. Il bénéficie d’une sédation profonde avec un score
de Richmond à -5. Puis la VNI est arrêtée et ôtée de la chambre. Son épouse vient à son chevet et il
décède 30 minutes après en sa présence.
Lors du debriefing d’équipe, les soignants expriment leur « fatigue... C’était dur de le voir comme cela
avec son masque en permanence... C’est bien que sa femme ait pu rester à ses côtés... C’était important
pour eux».
ÉVALUATION COLLÉGIALE EN CAS D’ARRÊT DES TRAITEMENTS DE MAINTIEN EN VIE CHEZ UN PATIENT QUI
NE PEUT EXPRIMER SA VOLONTÉ
Situations cliniques :
• Patient ne pouvant exprimer sa volonté et décision après une procédure collégiale d’arrêter des
traitements de maintien en vie. À titre d’exemples :
- Arrêt d’une nutrition et d’une hydratation artificielles chez une personne âgée ayant fait un AVC
majeur et récidivant ;
- Arrêt d’une nutrition et d’une hydratation artificielles chez une personne avec un handicap majeur
présentant une altération et une rétraction évolutive douloureuse de son corps ;
- Arrêt d’une ventilation artificielle chez un patient ayant une SLA évolutive entraînant des troubles
des fonctions supérieures et une altération de sa vigilance.
Objectif de la sédation :
• La SPCMD a pour objectif de supprimer une éventuelle souffrance que le patient ressentirait à la fin
de sa vie sans pouvoir l’exprimer.
• L’arrêt d’une nutrition et d’une hydratation artificielles peut être suivie d’une fin de vie prolongée
pendant une à trois semaines. Ce temps est complexe à vivre d’autant qu’il s’associe à une altération
du corps. Il nécessite un accompagnement des proches et des soignants.
► BIBLIOGRAPHIE
- Recommandations SFAP validées par l’HAS : Sédation pour détresse en phase terminale et dans des situations spécifiques et
complexes (2009).
- Guide d’aide à la décision dans la mise en œuvre d’une sédation pour détresse en phase terminale (SFAP, 2014).
- Comment mettre en œuvre une sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès ? (HAS, 2020).
Définition de la sédation
Diminuer la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience.
Objectif
Diminuer la perception par une personne d'une souffrance qu’elle qualifie comme insupportable
Indications
En phase terminale En dehors de la phase terminale
• Hémorragies cataclysmiques • Pansements ou mobilisations douloureuses
• Asphyxies aiguës • Dyspnée, arrêt de VNI, confusion mal tolérée
• Symptômes réfractaires • Souffrance psychologique réfractaire (sédation plutôt transitoire)
• Demande du patient (sédation plutôt transitoire)
La sédation profonde jusqu'au décès :
• À la demande du patient, pronostic vital engagé à court terme avec souffrance réfractaire ;
• À la demande du patient d’arrêt d’un traitement qui engage son pronostic vital à court terme et est susceptible
d’entraîner une souffrance insupportable ;
• Pour des patients non compétents lors d'une décision d’arrêt de traitement de maintien en vie.
Délibération
• Recueil du consentement si possible. Sinon, recherche de directives anticipées ou du témoignage de la
personne de confiance
• Concertation pluridisciplinaire avec l’équipe de soins (fortement recommandée dans tous les cas, obligatoire
siSPCMD)
• Sollicitation d’un médecin externe en tant que consultant (obligatoire si SPCMD)
• Sollicitation d’une équipe de soins palliatifs si situation complexe ou manque d’expérience de l’équipe
soignante
• Discussion sur le type de sédation (proportionnée, profonde, transitoire, intermittente, continue) et sa visée
• Discuter la proportionnalité des traitements et la visée des soins
• Décision par médecin référent
• Argumentation et décision inscrites dans le dossier
Mise en œuvre
• Questionnement préalable :
- Information : patient, famille, équipe ?
- Faisabilité, disponibilité, compétences ?
- Possibilité de suivi ?
• Titration par midazolam mg/mg
• Évaluation par le score de Richmond
Poursuite du soin et de l’accompagnement
• Évaluer régulièrement le degré et l’efficacité de la sédation avec adaptation des doses si nécessaire
• Poursuivre les soins de confort
• Accompagner les proches
• Faire des réunions régulières avec l’équipe de soins
• Relire à distance le processus décisionnel pour en tirer de l’expérience
Questions éthiques
• Clarifier explicitement l’intentionnalité de la sédation : soulagement #= euthanasie
• Chercher à analyser en pluridisciplinarité la souffrance du patient mais respecter ses propos, son vécu et
l’insupportable exprimé
• Interroger la proportionnalité du traitement et définir la visée des orientations des traitements
• Rechercher la « moins mauvaise » solution (sédation profonde ? sédation proportionnée ? sédation transitoire ?
sédation continue ?) (éthique du moindre mal)
• Écouter les paroles, les souhaits de l’entourage familial ou des soignants sans réduire pour autant la décision
médicale à l’application de leur demande
• Chercher à maintenir dans le temps une dimension de soins et d’accompagnement du patient et de ses proches
Situation de départ
10. Méléna/rectorragie,
14. Émission de sang par la bouche
60. Hémorragie aiguë
114. Agitation
116. Anxiété
119. Confusion mentale/désorientation
123. Humeur triste/douleur morale
124. Idées délirantes
125. Idées ou conduites suicidaires
160. Détresse respiratoire aiguë
162. Dyspnée
256. Prescrire un hypnotique/anxiolytique
258. Prévention de la douleur liée aux soins
259. Évaluation et prise en charge de la douleur aiguë
260. Évaluation et prise en charge de la douleur chronique
264. Adaptation des traitements sur un terrain particulier (insuffisant rénal, insuffisant hépatique, personne âgée)
330. Accompagnement global d’un aidant
343. Refus de traitement et de prise en charge recommandée
348. Suspicion d’un effet indésirable des médicaments ou d’un soin
Les situations de départ sont indiquées en violet et gras et listées à la fin du chapitre.
• Soins de nursing : visent l’hygiène corporelle et le confort. On retrouve dans ces soins : la réalisation de la
toilette, les soins de bouche, le positionnement du patient (le décubitus latéral oblique à 30°, dit « position
% » est à privilégier chez les patients douloureux et/ou présentant des troubles de la vigilance)...
• Soutien psycho-existentiel du patient et de la famille
• Art-thérapie, musicothérapie si encore possibles
• Aromathérapie, aromacologie
• Hypnose...
A • Les thérapeutiques médicamenteuses mises en place en phase terminale doivent être délivrées au patient sous
la forme galénique la plus adaptée :
- la voie per os est malheureusement souvent limitée en raison des troubles de vigilance et de déglutition du
patient, et impossible en phase agonique ;
- la voie intra-veineuse permet une délivrance rapide de la plupart des thérapeutiques. Cependant la précarité
de l’état veineux des patients dans cette phase ultime associée aux phénomènes de bas débit rendent parfois
difficile le maintien de cette voie d’abord. Si des dispositifs d’abord veineux de « longue » durée de vie pré
existent chez le patient (piccline, midline, chambre implantable...), leur utilisation doit être favorisée ;
- la voie sous-cutanée est une bonne alternative à la voie intra-veineuse, permettant la délivrance des
thérapeutiques essentielles (sous réserve des recommandations de bonne pratique relative aux différentes
molécules injectables via cette voie) et de l’hydratation artificielle si celle-ci est indiquée et en tout cas de faible
volume. Un risque de mauvaise absorption existe notamment en cas d’hypotension périphérique.
• Certaines thérapeutiques de suppléance n’ont plus d’utilité en phase terminale, voire peuvent être délétères.
La nutrition artificielle et l’hydratation artificielle (considérées comme des thérapeutiques médicamenteuses)
peuvent à ce titre être interrompues. L’information du patient et de ses proches est importante.
- le maintien d’une nutrition artificielle (entérale ou parentérale) n’apporte pas de bénéfice au patient en phase
terminale et peut être même à l’origine d’effets indésirables (encombrement, troubles digestifs, infections et
surinfections...) ;
- l’hydratation artificielle peut provoquer également de nombreux effets indésirables (oedèmes, encombrement
bronchique...). Elle est souvent réduite au maximum, voire interrompue en phase agonique. La sensation
de soif, si elle est ressentie, est souvent polyfactorielle en fin de vie (iatrogénie, oxygénothérapie, mycose
buccale...) et doit être soulagée par la réalisation de soins de bouche réguliers.
Tableau 2. CONDITIONS FAVORABLES POUR LA PRISE EN SOINS TERMINALE D’UN MALADE À DOMICILE
- Disponibilité du médecin généraliste +/- soutenu par une équipe de soins palliatifs (EMSP extra
hospitalières ou du Réseaux de soins palliatifs) ; Coordination et disponibilité (24h/24h) des intervenants
au domicile : IDE, hospitalisation à domicile (HAD)...
- Rédaction de prescriptions anticipées personnalisées, régulièrement réévaluées
- Anticipation d’une demande possible d’hospitalisation : identification de lits de « repli », sans passer
par les urgences
- Réévaluation régulière des besoins (matériels et humains) du patient et de ses proches
• Accompagnement du patient et des proches :
- Psychologue (de l’HAD ou de l’EMSP extra hospitalière ou du Réseau de soins palliatifs), association de
bénévoles à domicile...
► BIBLIOGRAPHIE
• Pour aller plus loin
- www.sfap.org
- Véronique Blanchet, « L’agonie : physiologie, connaissance, compétence et accompagnement » in Manuel de soins palliatifs,
coord. Rozenn Le Berre, sème édition entièrement revue et augmentée, Paris, Ed Dunod, 2020, p. 842 sq.
Situation de départ
et spécificités en périnatalogie
Dr Guillaume Robert1, Dr Martine Gabolde2,
Dr Matthias Schell3
1 PHU, Équipes régionales ressources en soins palliatifs
pédiatriques (ERRSPP) Bretagne, Service de Soins
Palliatifs, CHU et Université de Rennes
2 PH, Équipes régionales ressources en soins palliatifs
OBJECTIFS : N° 142. Connaître les aspects
pédiatriques (ERRSPP) Ile de France, Université de Paris
SPÉCIFIQUES DES SOINS PALLIATIFS EN PÉDIATRIE.
3 PH, Équipes régionales ressources en soins palliatifs
pédiatriques (ERRSPP) Rhône-Alpes, Université de Lyon Connaître les spécificités des soins palliatifs associés
aux situations de maternité, périnatalité, réanimation
néonatale.
PLAN
Connaître les caractéristiques du deuil périnatal.
1. Définitions
2. Organisation
3. Repères de la démarche palliative pédiatrique
4. Approche des symptômes
5. Spécificités périnatales
6. Deuil périnatal
b 1. Définitions[1>21____________________________
Les soins palliatifs pédiatriques concernent tous les enfants atteints d’une maladie grave engageant le
pronostic vital, que leur vie soit limitée (pas d’espoir de guérison, mort précoce habituelle) ou menacée
(traitement curatif possible mais risque élevé de mort prématurée).
• Cette population est hétérogène : toutes les tranches d’âge - de la période anténatale à l’adolescence et au jeune
adulte - et toutes les sur-spécialités pédiatriques sont concernées.
• Les soins palliatifs pédiatriques s’étendent sur des durées très variables, de quelques heures à plusieurs dizaines
d’années.
• Une classification des enfants relevant d’une démarche palliative est proposée (2) :
- Groupe 1 : Enfants présentant des pathologies pour lesquelles un traitement curatif existe mais l’échec
est possible. Les soins palliatifs peuvent être nécessaires pendant des périodes d’incertitude ou quand les
traitements curatifs sont inefficaces. Ex. : cancer, atteinte rénale ou cardiaque.
Les soins palliatifs sont mis en œuvre de façon précoce, concomitamment d’éventuels soins curatifs.
Cette démarche intégrée fait prévaloir la complémentarité de ces deux expertises au lieu de les articuler
de façon séquentielle.
• La démarche palliative pédiatrique intégrée s’oppose à une conception des soins palliatifs qui ne seraient mis en
œuvre qu’en phase terminale, après l’échec des traitements curatifs, lorsque la mort est certaine, c’est-à-dire trop
tard. Les possibilités techniques sont de plus en plus nombreuses et sophistiquées. On décrit une augmentation
significative du nombre d’enfants atteints de pathologies complexes, chroniques, requérant un haut niveau de
médicalisation. Dans ce contexte, la démarche palliative pédiatrique prend en compte, dès le diagnostic, les
dimensions d’incertitude et de vulnérabilité.
b 2. Organisation_____________________________________
• La mise en œuvre des soins palliatifs pédiatriques relève en première instance des équipes prenant soin de
l’enfant : équipe de surspécialité, de pédiatrie de proximité, des soins de suite et réadaptation (SSR), d’Hospitali-
sation à Domicile (HAD), de l’établissement médicosocial, des professionnels libéraux intervenant au domicile...
• Ces équipes restent du début à la fin de la prise en charge les référentes de l’enfant et de sa famille.
• Les ERRSPP ne se substituent pas aux équipes référentes de première ligne. Elles exercent auprès d’elles, un rôle
de conseil et de soutien, afin d’améliorer la prise en charge et l’accompagnement des nouveau-nés, enfants et ado
lescents et de leurs proches et ce, dans tous les lieux de vie et de prise en charge de l’enfant - de l’hôpital jusqu’au
domicile et à l’école :
- Elles apportent leur expertise clinique spécifique, exercent un rôle de tiers dans la prise en charge, en suscitant
une réflexion sur le niveau de traitements et une éventuelle obstination déraisonnable, en assumant le rôle
de consultant lors des réunions collégiales, ou encore en intervenant dans les situations de désaccord ou de
conflits, etc.
- Les ERRSPP et EMSPP ont un rôle de soutien des équipes pédiatriques de première ligne grâce à des échanges
informels, des réunions de concertation, des temps de soutien institutionnels.
- Elles ont également un rôle de coordination de la prise en charge de l’enfant avec les différents intervenants,
dans ses différents lieux de vie. L’enfant est a priori mieux dans son environnement habituel, à la maison, au
sein de sa famille : la collaboration intra- et extra-hospitalière est donc essentielle pour organiser les soins à
domicile et pour anticiper l’éventuel besoin de répit, en cas d’épuisement familial en particulier.
- Les ERRSPP s’assurent de la prise en charge de l’entourage des patients.
- Outre une mission d’acculturation des équipes pédiatriques à la démarche palliative, les ERRSPP sensibilisent
les équipes de soins palliatifs (EMSP, USP, LISP, HAD) aux spécificités des soins palliatifs pédiatriques. Il
n’existe pas d’USP pédiatrique en France.
- Les ERRSPP mettent en œuvre des actions de formation, et contribuent à la recherche clinique.
• Les équipes pédiatriques peuvent également s’appuyer sur les EMSP et les réseaux de soins palliatifs.
Il s’agit d’éviter tout dogmatisme et de s’adapter en permanence dans le dialogue avec l’enfant, en
évitant deux écueils : forcer le dialogue ou l’interdire.
4.1. Anamnèse
• Elle s’appuie autant que possible sur l’enfant. Ses parents, souvent plus précis quant au début, à la durée et à
l’intensité de la plainte, sont une aide parfois incontournable.
4.2. Évaluation
• L’auto-évaluation des symptômes par l’enfant est privilégiée. Elle est généralement la règle à partir de 6 ans. Des
échelles connues de l’enfant et adaptées à sa situation sont utilisées.
• Quand l’autoévaluation n’est pas possible, l’hétéro-évaluation s’appuie sur les parents, dont le regard est complé
mentaire de celui des soignants. Les parents :
- savent souvent mieux faire la différence entre manifestations émotionnelles et douleurs ;
- repèrent bien les liens de concomitance ou de causalité. Ex : prise médicamenteuse et nausées.
• L’utilisation d’échelles d’hétéro-évaluation permet de minimiser la subjectivité de l’évaluation et de partager l’éva
luation entre soignants et avec les parents. Il revient aux soignants d’écouter, d’entendre, puis de vérifier, valider
ou invalider les hypothèses des parents.
• L’utilité des examens paracliniques à visée étiologique est à discuter au cas par cas.
4.3. Traitements
• Une approche non médicamenteuse (distraction, relaxation... ) peut prendre une place importante dans la gestion
des symptômes. Elle est complémentaire de l’approche médicamenteuse.
• Les enfants sont de véritables éponges émotionnelles : prendre en charge la détresse parentale et travailler le
savoir-être des soignants font partie intégrante de l’approche thérapeutique.
• Les traitements médicamenteux sont globalement les mêmes que chez l’adulte. Les posologies sont adaptées au
poids et l’état de l’enfant.
• La galénique est à adapter à l’état de l’enfant et à ses préférences. Selon sa maturité, l’enfant ne fait pas force
ment le lien entre piqûre et soulagement. De ce fait, les voies veineuses périphériques et sous-cutanées sont moins
utilisées que chez l’adulte. Les voies orale, entérale (sonde nasogastrique ou gastrostomie), transdermique, trans
muqueuse, ou parentérale centrale sont généralement privilégiées.
• En cas de situation vécue comme insupportable par l’enfant malgré un traitement symptomatique optimisé, une
sédation proportionnée doit être envisagée, discutée et pouvoir être mise en place. Ceci nécessite une compétence
pédiatrique, de médecine palliative, pharmacologique et éthique.
• Depuis la loi du 2 février 2016, un enfant ou un adolescent peut demander la mise en place d’une sédation pro
fonde et continue, maintenue jusqu’au décès. Les modalités de mise en oeuvre de cette sédation doivent, comme
chez l’adulte, répondre aux exigences de la loi.
Seul un enfant suffisamment soulagé et une famille suffisamment en confiance peuvent se projeter dans
un projet de vie. Ex : retour ou maintien à domicile, l’école, un voyage, des vacances, etc.
• La prise en charge de symptômes doit être adaptée.
• L’organisation des soins doit être ajustée.
• L’accompagnement de la famille doit être intégré.
b 5. Spécificités périnatales[1>3>4>5]_______________________
5.1. Repères
• La périnatalité correspondant à la période de vie comprise entre la 22e SA et la fin du 7e jour suivant la naissance.
• Le champ des soins palliatifs en périnatalité concerne au sens strict trois types de situations :
• En anténatal:
- l’extrême prématurité aux limites de la viabilité :
La plupart des équipes françaises ne réaniment pas les nouveau-nés de moins de 24 SA et/ou 500 g et considèrent
au cas par cas la possibilité de prise en charge à visée curative des nouveau-nés entre 24 et 26 SA, pour lesquels
le risque de mortalité et de morbidité à court et long terme, notamment sur le plan neurologique, est élevé. La
volonté des parents, informés de la sévérité du pronostic, est dans ces derniers cas un élément important de la
décision. En cas de prise en charge palliative à la naissance, le décès du nouveau-né survient inéluctablement
en quelques minutes ou quelques heures.
La naissance avant 22 SA d’un nouveau-né dit non viable mais né vivant, est assimilée à ce premier groupe des
extrêmes prématurés et relève elle aussi d’une démarche palliative. Le fait que ce nouveau-né soit dépourvu
du statut de personne juridique ne dispense pas les soignants de l’obligation éthique d’une prise en charge
palliative attentive et respectueuse, tant du nouveau-né que de ses parents.
- les maladies génétiques et malformations incurables et d’une particulière gravité :
Il s’agit des situations ayant fait l’objet d’un diagnostic anténatal, face auquel les parents souhaitent la poursuite
de la grossesse et ne demandent pas d’interruption médicale de grossesse (IMG). L’incertitude est souvent
maximale dans ces situations, qui exposent à la possibilité de mort foetale in utero, de décès à la naissance, ou
d’une vie de durée imprévisible, très brève ou prolongée durant des mois ou années avec un handicap sévère.
L’accompagnement des parents doit tenir compte de la violence psychique à laquelle les confronte le fait de
devoir penser dans le même temps tous ces possibles. Les parents seront informés du fait qu’il faudra à la
naissance prendre le temps de confirmer ou non le diagnostic et la situation de soins palliatifs périnatals ; dans
le doute une prise en charge intensive des défaillances d’organes sera débutée. Le diagnostic de malformation
sévère ou de pathologie engageant le pronostic vital est parfois fait de façon inopinée à la naissance, imposant
une concertation collégiale dans l’urgence, et requérant parfois une prise en charge intensive dans l’attente de
cette concertation.
• En post-natal :
- les situations de réanimation néonatale dans lesquelles se pose la question d’une décision de limitation
ou d’un arrêt des traitements, lorsque l’état du nouveau-né, qui a initialement bénéficié d’un projet de soins
curatifs, évolue vers une impasse thérapeutique, ou lorsque sont diagnostiquées des lésions neurologiques
d’une particulière gravité, en rapport généralement avec une grande prématurité ou une asphyxie périnatale
sévère.
• L’éventuelle décision de limitation ou d’arrêt de traitements répond pour ces nouveau-nés aux mêmes exigences
que celles mentionnées hors situation périnatale.
• La démarche palliative périnatale se décline donc dans tout type de maternité (niveau I, II ou III), dans les services
de néonatalogie, en suites de couches, en réanimation néonatale, ainsi qu’au domicile (dans le cas d’un accouche
ment à domicile ou d’un retour au domicile après la naissance).
En cas de décès d’un nouveau-né viable (22S A; poids > 500 g) et vivant, il existe un certificat spécifique
de décès néonatal (J0-J28).
En cas de naissance non viable ou mort in utero, après 14 SA, le fœtus n’a pas de statut juridique mais une
inscription sur le livret de famille et des obsèques sont possibles selon le souhait des parents.
b 6. Deuil périnatal[1]__________________________________
• Les différentes circonstances de deuil périnatal (fausse-couche, IVG, IMG, accouchement extrêmement préma
turé, mort foetale in utero, pathologie à potentiel létal, complication per ou postnatale) s’accompagnent de vécus
émotionnels différents :
- les fausses-couches et décès inopinés pendant la grossesse ou juste après la naissance ne permettent aucun
temps de préparation psychique ; à l’inverse les décès un peu plus tardifs peuvent autoriser le sentiment d’avoir
partagé avec l’enfant une vie courte mais pleine, intime ;
- les IVG et IMG exposent à un sentiment d’ambivalence intense, entre soulagement et culpabilité, à la peur
d’être jugés, peuvent susciter des conflits dans le couple ou avec l’entourage ;
- le décès d’un fœtus ou nouveau-né jumeau fait coexister des sentiments contradictoires de joie et de tristesse,
d’élan de vie et de mort.
Le deuil d’un enfant peut retentir sur la vie de ceux qui ne sont pas encore nés : il peut avoir une incidence
sur l’attachement aux enfants à venir. L’accompagnement de ces deuils a donc des enjeux à court et long
terme.
1. Les soins palliatifs pédiatriques débutent dès le diagnostic d’une maladie grave engageant le
pronostic vital, que la vie soit menacée ou limitée.
4. Il s’agit de reconnaître la compétence des parents, sans les mettre dans un rôle de soignant et sans
oublier leur vulnérabilité propre.
6. La décision de limitation et d’arrêt de traitement repose sur une réflexion anticipée, le recueil de
l’avis des parents et une concertation collégiale.
8. Le deuil périnatal est un deuil à part entière avec une temporalité singulière à chacun. C’est un deuil
à risque nécessitant un accompagnement spécialisé.
9. Les Équipes Ressources Régionales de Soins Palliatifs Pédiatriques et Équipes Mobiles de Soins
Palliatifs Pédiatriques conseillent et soutiennent les équipes de iere ligne.
• Ne pas négliger que l’enfant en soins palliatifs reste dans un processus de croissance, de dévelop
pement et d’autonomisation. Processus qu’il faut soutenir le plus possible et le plus longtemps
possible.
Situation de départ
38. État de mort apparente
39. Examen du nouveau-né à terme
160. Détresse respiratoire aiguë
178. Demande/prescription raisonnée et choix d'un examen diagnostique
250. Prescrire des antalgiques
256. Prescrire un hypnotique/anxiolytique
258. Prévention de la douleur liée aux soins
261. Évaluation et prise en charge de la douleur de l'enfant et du nourrisson
264. Adaptation des traitements sur un terrain particulier insuffisant rénal, insuffisant hépatique, grossesse,
personne âgée...)
327. Annonce d'un diagnostic de maladie grave au patient et/ou à sa famille
330- Accompagnement global d'un aidant
334. Demande de traitement et investigation inappropriés
337- Identification, prise en soin et suivi d'un patient en situation palliative
343- Refus de traitement et de prise en charge recommandés
352. Expliquer un traitement au patient (adulte/enfant/adolescent)
355- Organisation de la sortie d'hospitalisation
2. PA-PH, Service de Soins Palliatifs, CHU et Université PLURIDISCIPLINAIRES CHEZ UN MALADE EN PHASE
• Selon le profil évolutif des pathologies, les trajectoires de fin de vie peuvent être totalement différentes, ainsi trois
orientations distinctes ont été modélisées par Murray (Figure 1) :
- la trajectoire dite de « déclin rapide » : le cancer
Elle est marquée par une évolution progressive et par une phase terminale relativement identifiable et
rapide. Le déclin dure souvent quelques années mais la phase terminale est généralement limitée à quelques
mois. En 2016, parmi l’ensemble des personnes décédées qui auraient été susceptibles de bénéficier d’une prise
en charge palliative, 47 % ont présenté cette trajectoire de fin de vie (36 % dans la population des personnes
âgées de plus de 75 ans) ;
- la trajectoire dite de « déclin graduel » : les situations de défaillance d’organe (insuffisance cardiaque/
respiratoire/rénale, maladies métaboliques...) ;
Elle est marquée par des épisodes successifs de complications aiguës avec des temps de récupération. Lors
d’un épisode aigu de détérioration, le décès peut survenir de manière soudaine et inattendue. Le déclin dure
entre 2 et 5 ans mais la mort est généralement soudaine. En 2016, parmi l’ensemble des personnes décédées
qui auraient été susceptibles de bénéficier d’une prise en charge palliative, 37 % ont présenté cette trajectoire de
fin de vie (43 % dans la population des personnes âgées de plus de 75 ans).
quelques mois
Temps
Temps -►
Temps +
Institut National De Santé Publique Du Québec. Soins palliatifs de fin de vie au Québec : définition et
mesure d’indicateurs. 03/2006, 184. D’après Murray SA et al. Illness trajectories and palliative care. BMJ,
2005, vol. 330, n°7498, p. 1007-11.
L’entourage du patient atteint de pathologie neurodégénérative est lui aussi impacté par la maladie. Les
conjoints sont souvent âgés, parfois eux-mêmes malades ou dépendants. L’accompagnement est particulière
ment éprouvant du fait des atteintes cognitivo-comportementales en lien avec la maladie et de la dépendance
croissante à autrui, avec un risque élevé d’épuisement. Les difficultés de communication affectent également
fortement les proches. Pour eux, le deuil d’une relation anticipe parfois le deuil effectif de la fin de vie. La prise en
charge palliative doit donc également se tourner vers les proches et les aidants du patient.
Dans le cadre des pathologies du spectre de la sclérose latérale amyotrophique, les recommandations de bonnes
pratiques invitent à ouvrir la discussion sur les supplémentations techniques vitales précocement avec le patient.
Celui-ci doit pouvoir être accompagné dans des décisions éclairées sur ses choix vis-à-vis de la prolongation de sa
vie par une gastrostomie mais aussi par une ventilation mécanique non invasive et invasive (VNI puis/ou trachéo
tomie). Le risque de décompensation respiratoire est brutal et parfois imprévisible. L’objectif de l’anticipation
est qu’un éventuel acte médical réalisé en urgence soit toujours conforme à la volonté du patient, notamment
s’il existe un refus de prolonger la vie par des manœuvres invasives. La question du caractère raisonnable de
la réanimation respiratoire et de la ventilation mécanique est complexe tant la maladie évolue vite vers un
handicap très sévère et engage la qualité de vie du patient.
Lorsqu’un patient ne souhaite pas ou plus être maintenu en vie artificiellement par une hydratation/nutrition arti
ficielle ou par une ventilation mécanique, les équipes spécialisées en soins palliatifs accompagnent le patient, les
proches et les professionnels de santé dans cette décision et cette prise en charge toujours complexes. Les bonnes
pratiques concernant la prise en charge palliative symptomatique doivent s’appliquer, notamment le recours si
nécessaire aux pratiques sédatives en fin de vie. Les médecins doivent notamment expliquer à tous et toutes ce
qui relève ou non des indications de sédation profonde et continue jusqu’au décès dans le cadre de la loi Claeys-
Leonetti, et les mettre en œuvre si le patient le souhaite.
A contrario, un patient atteint de SLA peut souhaiter prolonger sa vie à l’aide d’une nutrition entérale par gastros
tomie et d’un appareillage respiratoire pouvant aller jusqu’à la trachéotomie et la ventilation mécanique continue.
Une des limites peut être l’impossibilité à communiquer avec le patient ; ainsi toute évaluation du vécu et de
la souffrance potentielle du patient devient complexe voire irréalisable. Les situations hautement complexes et
incertaines doivent être discutées, réfléchies et prises en charge de manière pluridisciplinaire et collégiale.
Difficulté de communication et troubles cognitifs : Anticiper les souhaits du patient pour sa fin de vie
difficulté à recueillir le consentement de la personne Expliquer le cadre légal en amont
malade Utiliser les outils tels que la personne de confiance,
les directives anticipées
Symptômes pénibles complexes et évolutifs, risque Prendre en charge les symptômes douloureux
de souffrance globale nécessitant une approche complexes, la souffrance globale
interdisciplinaire
Atteinte progressive des fonctions vitales (respirer, Garantir la proportionnalité des soins :
s’alimenter, tousser, boire) et complications aiguës - anticiper les situations d’urgence, la mise en œuvre
intercurrentes possiblement réversibles (infections ou non des manœuvres de réanimation
respiratoires...) -discuter l’introduction ou non d’une
supplémentation technique (gastrostomie,
appareillage respiratoire)
Lutter contre l’obstination déraisonnable
Eviter les hospitalisations réitératives
Accompagner et répondre aux demandes de sédation
en fin de vie dans le cadre de la loi Claeys-Leonetti
Cas clinique
Mme A., 74 ans, n’a aucun autre antécédent qu’une maladie d’Alzheimer à début précoce, très évoluée.
Elle ne prend plus aucun traitement au long cours. Elle a une fille, très présente et très dévouée qui s’est
occupée le plus longtemps possible de sa maman au domicile mais avait dû se résoudre à l’institutionnaliser
9 mois auparavant du fait de l’aggravation de ses troubles du comportement. La communication verbale
est absente mais l’équipe de l’EHPAD et sa fille arrivent à interpréter ses mimiques et ses cris. Elle
nécessite une aide pour l’alimentation. Elle est incontinente urinaire et fécale. Elle passe toute sa journée
au lit ou au fauteuil et aime écouter de la musique d’opéra.
Mme A. vient de sortir de presque 2 semaines d’hospitalisation motivée par une chute de son lit avec
station au sol prolongée, rhabdomyolyse et insuffisance rénale aiguë. Le bilan scanographique ne mettait
pas en évidence de complication fracturaire à cette chute. Devant une escarre d’aggravation rapide, son
niveau de dénutrition et les difficultés à l’alimenter, l’équipe soignante a tenté à trois reprises de poser
une sonde naso-gastrique pour une nutrition entérale nocturne, mais la patiente l’a systématiquement
arrachée. Elle a secondairement été traitée par antibiotiques pour une pneumopathie d’inhalation. La
patiente était en chien de fusil dans son lit, criait dès qu’on s’approchait d’elle (pour faire sa toilette,
prendre sa tension par exemple), refusait de boire et de manger. Il a alors été décidé en accord avec
l’équipe de l’EHPAD et la fille de la patiente de tenter un retour dans son institution avec des perfusions
SC, des compléments alimentaires et des soins locaux.
Malheureusement, bien qu’elle ait retrouvé sa chambre et son équipe soignante habituelle, la situation
de Mme A. ne fait qu’empirer. Elle est apathique dans son lit, refuse de boire et de manger, est agressive
envers l’équipe et sa fille dès que l’on essaye de rentrer en communication avec elle. Par ailleurs, l’équipe
a l’impression d’être « maltraitante » en suivant le protocole de pansement pour l’escarre puisque tes
soins semblent très douloureux. La fille de la patiente est terrorisée à l’idée que sa mère puisse mourir
de soif ou de faim et aimerait que soit reposée une sonde naso-gastrique. Le médecin coordonnateur de
l’EHPAD et le médecin traitant sollicitent l’équipe de soins palliatifs pour la suite de la prise en charge.
Les objectifs de ce recours sont : optimisation des soins de confort, prise en charge de la douleur et de
la douleur liée aux soins, collégialité dans la prise de décision vis-à-vis de la proportionnalité des soins,
rédaction d’un plan de soins anticipé pour la prise en charge de confort d’un nouvel épisode aigu, soutien
aux soignants, accompagnement des proches...
► BIBLIOGRAPHIE
- Danel-Brunaud V, Touzet L, Chevalier L et al « Ethical considérations and palliative care in patients with amyotrophie latéral
sclerosis : A review. » Rev Neurol, Paris, 2017 May, 173(5), P- 300-307.
- Kluger B.M., Fox S., Timmons S. et al « Palliative care and Parkinson’s disease: Meeting summary and recommandations for
clinical research” Parkinsonism Relat Disord., 2017 Apr, 37, p. 19-26.
- Van der Steen JT, Radbruch L, Hertogh CM et al “European Association for Palliative Care (EAPC). White paper defining optimal
palliative care in older people with dementia: a Delphi study and recommendations from the European Association for Palliative
Care. Palliat Med. 2014 Mar 528(3) :197-2O9.
- Oliver D.J, Borasio G.D, Caraceni A et al. «A consensus review on the development of palliative care for patients with chronic and
progressive neurological disease.” EurJ Neurol., 2016 jan, 23(1), p.30-38.
Deux outils peuvent aider au repérage et permettre d’engager précocement la réflexion palliative :
• la question dite de la surprise : « Serais-je surpris si mon patient décédait dans l’année ? », validée
ainsi, cela incite le médecin, le cas échéant, à essayer d’entamer un dialogue sur l’aggravation ;
• l’outil d’indicateurs de soins palliatifs et de soins de support : SPICT-FR ™9 est aussi un outil
intéressant pour identifier les personnes dont la santé se détériore, évaluer leurs besoins en
termes de soins palliatifs et planifier leurs soins. http://aspm-reseauwouspel.fr/docprof/Outil-
d%E2%8o%99indicateurs-de-soins-palliatifs-et-de-support-SPICT-FR_6-avril-2oi6.pdf
► ZflS Il a été
Soins palliatifs diffusé exclusivement
et pathologies sur
oncologiques... la libairie SM-librairiepdf.com le forum © SBA-MEDECINE ,
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Item 139-6
2.3. Conduire avec le patient une réflexion anticipée sur la place des
traitements de suppléance vitale
• La réflexion autour de la mise en œuvre, de la poursuite, ou de la suspension des traitements de suppléance
vitale tels que la dialyse, la ventilation non invasive, l’oxygénothérapie, les défibrillateurs implantables est parti
culièrement présente dans la prise en charge de ces patients. La discussion sur l’arrêt possible de ces traitements
actifs dont la conséquence peut entraîner un décès rapide doit être anticipée et nécessite des temps dédiés. Au-
delà d’une discussion sur le principe même de l’arrêt ou non de ces traitements, il est nécessaire d’aborder avec le
patient les modalités de mise en œuvre des décisions. Il s’agira aussi d’anticiper des symptômes qui peuvent alors
survenir et en particulier le risque de dyspnée voire de détresse respiratoire. Au-delà des explications qui seront
données sur la prise en charge symptomatique de ces symptômes, il sera aussi nécessaire d’évoquer avec le patient
les différentes modalités de pratique sédatives et en particulier la sédation profonde et continue jusqu’au décès.
Une moindre représentation de la maladie mortelle Travailler sur la représentation que chacun a de la
à la fois par les patients et les soignants (grande maladie et de ses conséquences
différence avec la cancérologie) Discuter avec le patient et ses proches sur ses valeurs,
Une méconnaissance par les professionnels de santé ses craintes, ses souhaits et engager avec lui une «
de l’intérêt et de l’efficacité d’une intégration précoce planification des soins futurs » (advanced care planning)
des soins palliatifs Favoriser la collaboration entre les spécialistes d’organe
et les équipe ressources de soins palliatifs (soutien par
les équipes mobiles de soins palliatifs)
Des comorbidités très importantes Avoir une approche holistique dans la prise en charge
en prenant en compte toutes les complications liées à la
défaillance d’organe, en particulier chez les insuffisants
rénaux (diabète-comorbidités cardio-vasculaires...)
La réflexion autour des traitements de suppléance Anticiper avec le patient les discussions sur la pertinence
vitale (dialyse, ventilation non invasive, défibrillateur des traitements de suppléance vitale, la possibilité
implantable) et des limitations de traitements actifs de suspendre ces traitements. Importance de la
dont l’arrêt peut entraîner un décès rapide planification des soins futurs
Des symptômes difficiles en fin de vie avec en Prise en charge de deux symptômes importants : la
particulier le risque d’une détresse respiratoire dyspnée et l’anxiété
Anticiper la discussion sur les pratiques sédatives et en
particulier sur la sédation profonde et continue jusqu’au
décès
► 420 Il a été
sOINS PALLIATIFS diffusé exclusivement
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• Cette réflexion anticipée doit justement permettre d’intégrer précocement la démarche palliative dans le par
cours de soins. Cette démarche palliative permettra en particulier d’avoir :
- une vision globale de la prise en charge s’attachant à prévenir et gérer les symptômes d’inconfort liés aux
thérapeutiques spécifiques ou à l’évolution du cancer ;
- une continuité dans la prise en charge tout au long de la maladie ;
- une compétence dans l’interdisciplinarité et dans la délibération ;
- la prévention des situations de crise et la sécurisation du parcours de soin ;
- une aide à la réflexion sur les limitations et l’arrêt des thérapeutiques spécifiques.
• Prévenir les souffrances psychologiques des patients, des proches et des soignants est un autre enjeu impor
tant de la prise en charge.
- Si l’information du patient reste un élément central de la relation avec les soignants, l’annonce de la mauvaise
nouvelle doit respecter la temporalité du patient, accompagner l’ambivalence, reconnaître les mécanismes
psycho-adaptatifs tout en recherchant les volontés du patient par l’échange avec lui et à défaut par les directives
anticipées ou la personne de confiance.
- L’écoute et le soutien de l’aidant est un incontournable à la stabilité de la prise en charge du patient. Il s’agit de
rompre l’isolement de l'aidant en favorisant le réseau relationnel et associatif, en prévenant la souffrance par
l’organisation des structures de répit en hospitalisation de jour ou en unité de soins palliatifs, en étant vigilant
à une prise en charge médicale, psychologique adaptée de l’aidant.
- Pour les soignants, il est question de travailler avec l’incertitude de l’évolution de la maladie et l’ambivalence
du patient. Le soutien des équipes passe par la reconnaissance de la place de chacun dans la pluridisciplinarité
et des mécanismes psycho-adaptatifs des soignants. Favoriser l’expression des émotions des soignants participe
au soutien des équipes.
► BIBLIOGRAPHIE
- Ferrell BR, Temel JS, Temin S, Smith TJ. Intégration of Palliative Care Into Standard Oncology Care: ASCO Clinical Practice Guideline
Update Summary. J Oncol Pract. 2017 Feb;i3(2):ii9-i2i.
- Rietjens JAC, Sudore RL, Connolly M, van Delden JJ, Drickamer MA, Droger M, van der Heide A, Heyland DK, Houttekier D, Janssen
DJA, Orsi L, Payne S, Seymour J, Jox RJ, Korfage IJ; European Association for Palliative Care. Définition and recommendations for
advance care planning: an international consensus supported by the European Association for Palliative Care. Lancet Oncol.
2017 Sep 18(9) :e543-e55i
- El-Jawahri A, Nelson AM, Gray TF, Lee SJ, LeBlanc TW. Palliative and End-of-Life Care for Patients With Hématologie Malignancies.
J Clin Oncol. 2020 Mar 2O;38(9) 1944-953
i. L’idée générale :
• Favoriser l’autonomie de la personne malade en lui permettant d’exprimer ses choix et ses préférences
en matière de traitements et de soins.
2. La mise en œuvre :
• Élaborer un processus volontaire de réflexion et de discussion entre la personne malade, éventuelle
ment ses proches et les soignants sur les objectifs futurs de prise en charge en matière de traitements
et de soins.
3. Les objectifs :
• Pour la personne malade :
- Réfléchir aux significations et aux conséquences de scénario de maladie grave ;
- Identifier ses propres valeurs ;
- Définir ses objectifs et ses préférences tant dans les domaines physique, psychologique, social ou
spirituel, en matière de soins et de traitements médicaux et d’éventuelles limitations ;
- Échanger et partager avec les acteurs de santé et ses proches ;
- Permettre la mise en œuvre de ses préférences en particulier en cas d’impossibilité ultérieure de
pouvoir les exprimer par la rédaction de directives anticipées et la désignation de la personne de
confiance.
• Pour les équipes soignantes :
- Permettre un alignement des décisions de traitements et de soin sur les priorités exprimées par
la personne malade ;
- Obtenir une meilleure adhésion de la personne malade au projet de soin ;
- Faciliter les processus décisionnels en situation de crise.
4. Les acteurs :
- La personne malade avec une capacité décisionnelle préservée, quelle que soit sa pathologie ;
- La personne de confiance et les proches en fonction des souhaits de la personne malade ;
- L’équipe soignante de proximité (médecin traitant...) ;
- L’équipe référente de spécialité (gériatre, oncologue, hématologue, neurologue, néphrologue et
autre spécialité d’insuffisance d’organe) ;
- L’équipe mobile de soins palliatifs peut être sollicitée en qualité de tiers extérieur pouvant appor
ter une expertise et faciliter la discussion.
5. Les bénéfices attendus :
- Répondre aux interrogations et inquiétudes de la personne malade quant à l’évolution de la patho
logie et au projet de soin ;
- Permettre une cohérence entre les souhaits exprimés et la prise en charge prodiguée par la mise
en œuvre des décisions partagées ;
- Anticiper les décisions de limitation de traitements ;
- Réduire la détresse émotionnelle de la personne malade et des proches, particulièrement si la
personne n’est plus en capacité de s’exprimer ;
- Favoriser la relation de confiance avec les équipes soignantes ;
- Faciliter la collaboration entre les différentes équipes soignantes autour de la personne malade
par la construction d’un projet de soin planifié et cohérent.
Situation de départ
i. Constipation
17. Amaigrissement
21. Asthénie
22. Diminution de la diurèse
30. Dénutrition/malnutrition
31. Perte d’autonomie progressive
44. Hyperthermie/fièvre
86. Escarres
88. Prurit
144. Agitation
116. Anxiété
118. Céphalées
119. Confusion
160. Détresse respiratoire aiguë
162. Dyspnée
165. Palpitation
166. Tachycardie
167. Toux
178. Demande/prescription raisonnée et choix d’un examen diagnostique
217. Baisse de l’hémoglobine
223. Interprétation de l’hémogramme
259. Douleur aiguë
260. Douleur chronique
272. Prescrire et réaliser une transfusion sanguine
276. Prise en charge d’un patient en décubitus prolongé
279. Consultation de suivi d’une pathologie chronique
286. Consultation de suivi et éducation thérapeutique d’un patient BPCO
287. Consultation de suivi et éducation thérapeutique d’un patient insuffisant cardiaque
290. Suivi d’un patient en insuffisance rénale chronique
297. Consultation du suivi en cancérologie
309. Patient à risque suicidaire
324. Troubles du sommeil
327. Annonce d’un diagnostic de maladie grave au patient et/ou à sa famille
328. Annonce d’une maladie chronique
330. Accompagnement global d’un aidant
334. Demande de traitement et investigation inappropriée
337. Identification, prise en soin et suivi d’un patient en situation palliative
341. Réaction à un événement potentiellement traumatique
355- Organisation de la sortie d’hospitalisation
C H A p 1T R E
. Aspects
J—
spécifiques
—------------------ -
--------------------
des soins
•------------- •------------------------
K palliatifs en réanimation
Dr Thomas Perrin1, Pr Eric Noll2,
Pr Julien Pottecher3
1. CCU-AH, Service d’Anesthésie-Réanimation & Médecine
Péri-Opératoire, Hôpital de Hautepierre, Hôpitaux
OBJECTIFS : N°i43. Connaître les aspects
Universitaires de Strasbourg, Université de Strasbourg
SPÉCIFIQUES DES SOINS PALLIATIFS EN RÉANIMATION
2. PU-PH, Service d’Anesthésie-Réanimation & Médecine
-> Décrire la procédure collégiale et la décision médicale
Péri-Opératoire, Hôpital de Hautepierre, Hôpitaux
relative à l’introduction, la limitation et l’arrêt des
Universitaires de Strasbourg, Université de Strasbourg
thérapeutiques.
3. PU-PH et Chef du Service d’Anesthésie-Réanimation
& Médecine Péri-Opératoire, Hôpital de Hautepierre,
Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Université de
Strasbourg
PLAN
1. Introduction
2. Reconnaître les situations d’obstination déraisonnable dans le cadre de la réanimation
3. Description du processus de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques en réanimation
4. Hors programme
5. Conclusions
• En cas de doute sur le bien-fondé d’une prise en charge en réanimation et lorsque la collégialité n’est pas possible
dans des délais courts, il est probablement préférable d’opter pour l’alternative la plus réversible, d’admettre le
patient en réanimation et de rediscuter ensuite du projet thérapeutique avec l’ensemble des intervenants.
• Une telle limitation peut intervenir devant une défaillance de novo, elle peut aussi être anticipée en prenant
connaissance du terrain du patient et de l’évolution naturelle de sa maladie.
• Les progrès techniques de la réanimation et de la chirurgie permettent actuellement de suppléer à quasiment
toutes les fonctions vitales (respiratoires, cardiaque, rénales, hépatiques, métabolique). Il paraît donc nécessaire
de fixer une limite dans le niveau de prise en charge en fonction de l’état de santé du patient, de sa volonté et de
l’évolution de sa maladie. La limitation des traitements définit ainsi avec le plus de précision possible le niveau
d’intensivité qui paraît raisonnable devant une situation donnée.
4. Hors programme
5. Conclusions
• L’ensemble des éléments présentés dans ce chapitre définissent les limites qui permettent d’encadrer des décisions
complexes. La procédure collégiale permet de décider du niveau de soins adapté au patient en prenant en compte
l’ensemble des données médicales, la volonté du patient et l’avis des équipes. L’objectif est d’apporter le juste
niveau de soin pour un patient donné, à un moment donné.
• Puisqu’il s’agit de décisions complexes, elles ne peuvent par définition pas appeler de réponse simple qui s’appa
renterait à une approche dogmatique. Seul le principe de collégialité peut ainsi faire entendre d’autres voix et
permettre de pondérer un dogme qui voudrait imposer une décision comme évidente.
• Il est important de rappeler que si la temporalité de la réanimation impose parfois un tempo rapide, il reste fon
damental que les décisions puissent être prises à plusieurs, autour de la volonté du patient. En cas de doute sur la
légitimité d’une conduite il est probablement préférable d’opter pour l’alternative la plus réversible.
► BIBLIOGRAPHIE
• Haute Autorité de santé. Recommandations : Comment mettre en œuvre une sédation profonde et continue maintenue
jusqu’au décès (Synthèse du guide parcours de soins). 2018.
• Code de la santé publique.
• Code de déontologie médicale.
• Référentiel d’Anesthésie Réanimation & Médecine Peropératoire 2020.
Décrire le processus de limitation ou • La procédure collégiale peut être sollicitée dans trois situations
d’arrêt thérapeutique en réanimation et se déroule en trois étapes pour aboutir à une décision de
limitation ou d’arrêt de tout ou d'une partie des traitements du
patient. C’est la procédure à prendre pour les patients inaptes à
consentir.
• Si le patient est apte à consentir le principe d’autonomie veut
que la décision se range derrière la volonté du patient. S’il
demande une LAT, cette demande correspond à un refus de
traitement encadré par la loi (cf. chapitre spécifique).
• La procédure de LAT peut être sollicitée par le patient, le médecin,
les proches ou dans le cadre d’une démarche systématique.
• Le devoir d’accompagnement impose au médecin de garantir le
confort du patient, qui peut passer par le recours à la sédation.
Reconnaître les situations d’obstination • L’obstination déraisonnable se définit par les gestes qui
déraisonnable dans le cadre de la apparaissent inutiles, disproportionnés ou qui n’ont d’autre
réanimation/ effet que le seul maintien artificiel de la vie.
• Les situations d’échec thérapeutique ou de pronostic défavorable
peuvent exposer le patient à une obstination déraisonnable.
Connaître les principes généraux • La non admission d’un patient en réanimation peut être décidée
justifiant d’une non-admission en après évaluation clinique de son l’état de santé au moment où la
réanimation décision doit être prise.
• Quelle que soit la situation la prise de décision s’articule autour
de la volonté du patient.
• Si celui-ci n’est pas apte à consentir, sa volonté est interrogée
par le recueil dans l’ordre des directives anticipées, puis de la
personne de confiance et à défaut des proches ou de la famille.
Situation de départ