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Paw, max
Paw cyc
Paw, p
Palv
ini
Peep, i
Peep, e' Peep, tot
Seuil décl.
0
Pes t
Effort insp.
cons
V'
0
t
VT
Ti Tp
0
t
Insufflation Pause
TI TE
Ttot
Figure 21.1. Le cycle ventilatoire est caractérisé par la fréquence (FR min–1), la période (Ttot = 60/FR), le volume courant (VT), la durée de l’inspiration ou temps
inspiratoire (TI) qui par convention inclut la durée de la pause télé-inspiratoire éventuelle (Tp), la durée de l’expiration (TE) qui par convention inclut la durée de la pause
télé-expiratoire éventuelle et les rapports TI/TE, TI/Ttot. Si TI est supérieur à TE, le mode ventilatoire est qualifié de rapport inverse. L’introduction d’une pause
télé-inspiratoire augmente TI et le rapport TI/Ttot, mais ne modifie pas le temps d’insufflation du ventilateur (Ti). Ti est la partie de TI durant laquelle le
ventilateur insuffle un débit au malade. Le mode ventilatoire est aussi caractérisé par les pressions des voies aériennes (Paw), maximale (Paw, max), moyenne
(Paw, moy), de pause télé-inspiratoire (Paw, p), et de fin d’expiration (Pee). Si Pee est positive, il s’agit d’une Peep.
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Débitmètre
Valve Commande de
inspiratoire la pression de
(servovalve) Valve de PEP
référence Pref
Valve expiratoire
Paw, i
Trigger
le principe de fonctionnement de telles valves. Dans un mode à – VT peut être augmenté par l’effort inspiratoire du malade ou
débit préréglé : diminué par un effort expiratoire prématuré;
– le réglage manuel du débit règle l’ouverture de la valve. Le réglage – quand la Crs diminue, VT diminue, quand les Raw augmentent VT
du temps d’insufflation détermine le volume insufflé (VT). VT est reste constant sauf si Ti est trop court par rapport à l’allongement de
alors lui-même indirectement préréglé mais le mode reste intrinsè- la constante de temps du système thoracopulmonaire [3, 4].
quement un mode à débit préréglé même si l’usage a consacré
l’appellation à « volume préréglé ou parfois à volume contrôlé »; REMARQUES
– le débit d’insufflation peut être constant, accélérant ou décélérant,
mais le mode reste à débit préréglé, même si un débit décélérant Il est d’usage de parler de « paramètre contrôlé », « préréglé » est
génère une pression inspratoire qui ressemble à celle d’un mode à préférablenotion de « contrôlé » évoque en effet des principes parti-
pression préréglée; culiers d’initiation de l’insufflation et du cyclage.
– le débit d’insufflation est imposé au malade, V’I (et VT si Ti est Le mode anciennement désigné par le terme « barométrique »
également imposé) est la constante. Les variables sont donc la pres- est un mode à débit préréglé où le passage de l’insufflation à l’expira-
sion des voies aériennes maximale et la pression des voies aériennes tion s’effectue quand un niveau prédéterminé de Paw, max est
au plateau qui varient respectivement avec les résistances des voies atteint. Le terme « barométrique » introduit une confusion et ne doit
aériennes (Raw) et la compliance thoracopulmonaire (Crs). plus être utilisé.
Le fait de limiter la Paw, max dans un mode à débit préréglé ne
MODE À PRESSION PRÉRÉGLÉE transforme pas ce mode en un mode à pression préréglée. Il s’agit
d’une sécurité. La limitation de la Paw est obtenue par une fermeture
Dans un mode à pression préréglée, Paw est maintenue cons- progressive de la servovalve; la pression inspiratoire peut devenir
tante par une boucle de rétrocontrôle simple qui régule l’ouverture constante, V’I devient décroissant, mais il reste uniquement dépen-
de la valve proportionnelle : dant du réglage.
– on détermine une ou plusieurs pressions de référence (Pref) inspira- Ce premier critère permet donc de distinguer uniquement deux
toires et/ou expiratoires (Peep). À chaque instant, la pression groupes principaux : les modes débit préréglé et pression préréglée.
instantanée dans les voies aériennes (Paw, i) est comparée à la Pref.
Plus la différence ΔP = Pref – Paw, i est importante, plus la valve
proportionnelle est ouverte et le débit d’insufflation élevé. Inverse- PRINCIPE PHYSIQUE DE L’INITIATION DU CYCLE
ment, plus ΔP est petit, moins la valve est ouverte et plus le débit sera ET DU CYCLAGE
faible. Le débit d’insufflation décroît donc naturellement du début à
la fin de l’insufflation. Le débit initial dépend de ΔP et la vitesse de L’initiation (ini) du cycle peut s’effectuer :
décroissance de la constante de temps du système thoracopulmonaire
(τ = R × C). VT est principalement fonction de Crs et de la différence – à un temps donné (Tini), déterminé par le réglage de FR et donc de
de pression entre la Pref et la Peep totale selon la relation : Ttot;
– à une différence de pression (Pini) déterminée entre la pression
VT = Crs × ΔP (Pref – Peeptot); préréglée de fin d’expiration (pression barométrique ou Peep) et la
Paw. Cette différence de pression est soit constante (Pini = PB (ou
– la pression d’insufflation est imposée au malade et parfois le temps Peep) – 0,5 cmH2O par exemple), soit réglable;
d’application de cette pression. Les variables sont donc V’I, VT et – à un débit inspiratoire (V’ini) déterminé et réglable de 1 à 10 l/min
parfois Ti; par exemple.
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L’initiation du cycle peut aussi s’effectuer à la fois sur P et V’ et Tableau 21.1. Classification des modes de ventilation
au premier des seuils atteint.
Le cyclage du temps inspiratoire vers le temps expiratoire peut Nom en langue Française
s’effectuer : Sigle
Nom en langue Anglaise
– à un temps donné (Tcyc) déterminé par réglage du ventilateur;
Initiation
Débit préréglé/Flow preset
Cyclage
– à un débit inspiratoire (V’cyc) prédéterminé en valeur absolue, ou
calculé en pourcentage du débit inspiratoire maximal, habituelle- + Peep + IR
ment 25 %;
– à une différence positive de pression (Pcyc) donnée entre la pres- Débit contrôlé V′C T T V′C, Peep V′C, IR
sion instantanée des voies aériennes et la pression de référence.
On peut ainsi définir chacun des modes de ventilation en fonc- Flow Control
tion des principes physiques de l’initiation de l’insufflation et du Débit assisté-contrôlé V′AC P/V′ T V′AC, Peep
cyclage (par exemple Pcons, Pini, V’cyc est un mode à pression
préréglé, initié sur la pression et cyclé sur le débit) et les classer en Flow Assist Control
quatre sous-groupes : Débit assisté-contrôlé intermittent VACI P/V′ T V′ACI, Peep
– les modes contrôlés;
– les modes assistés-contrôlés; Flow Assist Control Intermittent (pour les cycles assistés-contrôlés)
– les modes assistés; Pression préréglée/Pressure preset
– les modes spontanés.
Un mode contrôlé est un mode à débit préréglé ou à pression Pression contrôlée PC T T PC, Peep PC, IR
préréglée, dans lequel l’insufflation est initiée et le cyclage effectué à Pressure Control
un temps déterminé (Tini, Tcyc).
Dans un mode contrôlé, le malade est contraint d’adopter le Pression assistée-contrôlée PAC P/V T PAC, Peep
mode ventilatoire que lui impose le ventilateur. Le travail ventila- Pressure Assist-Control
toire est en principe, si le malade est bien adapté, totalement pris en
charge par la machine. Pression assistée-contrôlée PACI P/V′ T PACI, Peep
Un mode assisté-contrôlé est un mode Pini ou V’ini, Tcyc, dans P/V
lequel l’insufflation est déclenchée par un effort du malade. Le débit intermittente (pour les cycles assistés-contrôlés)
d’insufflation, ou la pression des voies aériennes, et TI sont contrôlés
par le ventilateur. Le malade a seulement la liberté de déterminer TE Pressure Assist Control Intermittent
et FR à la condition que FR soit supérieure à une valeur réglée sur le
ventilateur. Dans le cas contraire, le ventilateur adopte un mode à Pression assistée (aide inspiratoire) PA P/V′ V PA, Peep
débit préréglé ou à pression préréglée. Le terme « assisté » intrduit Pressure Assist (Pressure support)
une notion de synchronisation entre le début de l’effort inspiratoire
du malade et le déclenchement de l’insufflation par le ventilateur. Le Ventilation spontanée en pression aérienne positive
terme « assisté » est préférable à « auto-déclenché » qui induit une Positive Airway Pressure Spontaneous Ventilation
confusion avec « auto-déclenchement », déclenchement prématuré
de l’insufflation parfois lié aux oscillations de la pression ou à la trop Pression aérienne positive continue
grande sensibilité du système de synchronisation. Dans un mode
Continuous Positive CPAP
assisté-contrôlé, le travail inspiratoire du malade est en principe, si le Airwway Pressure
débit d’insufflation est bien choisi, limité à l’effort de déclenche-
ment de l’insufflation [5]. Pression aérienne positive intermittente
Un mode assisté est un mode Pini ou V’ini, et Pcyc ou V’cyc
dans lequel V’I, TI, Ttot, et par conséquent VT, TE et FR, ne sont pas Intermittent Positive Airwway IPAP
contrôlés par le ventilateur. Dans un mode assisté, le malade doit
Pressure ou Airway Pressure (APRV)
Release Ventilation [8]
fournir un effort d’initiation de l’insufflation puis est imposée une
seule contrainte, habituellement une pression inspiratoire positive.
VT dépend de l’effort inspiratoire du malade et de la valeur de cette
pression. Pression aérienne positive biphasique
Un mode spontané est un mode dans lequel le malade ventile Biphasic Positive Airway pressure BIPAP [9]
spontanément à un ou plusieurs niveaux de pression aérienne posi-
tive (PAP). Le malade supporte seul le travail ventilatoire au niveau
de capacité résiduelle fonctionnelle (CRF) que lui impose la PAP. pression ou le débit et cyclé sur le temps (AC), et intermittent (I). Les
Pour le malade, la contrainte imposée diminue et par consé- courbes de pression aérienne correspondant à ces différents modes
quent la sensation de confort augmente quand on évolue d’un mode sont représentées dans la figure 21.3. PA désigne une pression
contrôlé à un mode assisté-contrôlé puis assisté et spontané. Mais assistée, ce qui est préférable à « aide inspiratoire » habituellement
cette notion de confort doit être relativisée du fait que, dans le utilisé. C'est un mode à pression préréglée, initié sur la pression ou le
même temps, son travail ventilatoire augmente. débit, cyclé sur la pression ou le débit.
Le barotraumatisme est secondaire à l'effet de deux agents extrinsèque peut entraîner des effets délétères en réduisant de façon
physiques : pression et volume, liés par la compliance, qui repré- majeure le retour veineux, la précharge biventriculaire et le débit
sentent les deux moyens d’augmenter les tensions dans les parois cardiaque. Il peut augmenter la postcharge du ventricule droit par
alvéolaires et capillaires, appelés contraintes. La contrainte est le compression des vaisseaux alvéolaires, induisant ainsi une dilatation
paramètre qui permet classiquement d’évaluer la souffrance d’un des cavités droites pouvant altérer la compliance du ventricule
matériau; à l’extrême, le matériau casse quand la contrainte atteint gauche par le phénomène d’interdépendance ventriculaire et réduire
un seuil appelé contrainte de rupture. Pour une alvéole très rigide le volume des cavités ventriculaires gauches. Enfin, une augmenta-
de compliance basse et de petit volume, l'augmentation des tion majeure des volumes pulmonaires intrathoraciques peut
contraintes pariétales est due à une forte pression intra-alvéolaire, s’accompagner d’une tamponnade gazeuse.
ou plutôt transalvéolaire, car c’est la différence entre la pression
intra-alvéolaire et la pression interstitielle qui est à prendre en
compte, alors qu’une alvéole souple de compliance normale a des
EFFETS MÉTABOLIQUES
contraintes pariétales élevées liées à de hauts volumes pour une
pression transalvéolaire basse. Dans les deux cas, c’est le niveau En mettant au repos les muscles inspiratoires et expiratoires, la
maximum de la contrainte, c’est-à-dire le niveau télé-inspiratoire VC peut diminuer la consommation d’oxygène de ces muscles qui
qui semble responsable des lésions ; aussi la pression de fin de peut atteindre 50 % de la consommation totale de l’organisme chez
plateau est considérée comme un bon indicateur du risque baro- les patients en insuffisance respiratoire aiguë, alors qu’elle ne repré-
traumatique lié à la ventilation mécanique. Les variations des sente que 1 à 2 % chez les sujets sains. De même, chez les patients en
contraintes par ouverture/fermeture des zones recrutées et dérecru- état de choc où le rendement des muscles respiratoires est mauvais
tées à chaque cycle et la fréquence respiratoire pourrait également (en raison de la diminution des apports en oxygène liée à la vaso-
jouer un rôle [26] : un matériau « fatigué » par des variations conti- constriction musculaire et éventuellement à une diminution de la
nuelles casse plus facilement, la contrainte de rupture s’abaissant à PaO2 alors que le travail respiratoire est généralement augmenté),
un niveau appelé contrainte de fatigue. Un exemple trivial est même en l’absence de toute pathologie respiratoire, la mise au repos
l’obtention de la rupture d’un fil de fer obtenue en le pliant de des muscles permet de diminuer la consommation d’oxygène. La
façon répétée. diminution de la consommation d’oxygène se traduit par une
augmentation de la SvO2 et donc de la SaO2 [34, 35]. De plus, le débit
Le biotraumatisme est parfaitement établi [27-29]. Il est lié à
cardiaque diminue parallèlement en général à la consommation
l'inflammation locale et systémique créée par l'action de médiateurs
d’oxygène, provoquant une réduction du shunt intrapulmonaire,
libérés par l'appareil respiratoire au cours de la ventilation méca-
contribuant ainsi à l’amélioration de la PaO2.
nique. Le stimulus qui provoque la libération des médiateurs de
l'inflammation est actuellement discuté : plus que le niveau de
tension dans l'alvéole et les capillaires, c'est la variation de tension AUTRES EFFETS DE LA VC
générée par les successions d'ouverture/fermeture des alvéoles des
zones recrutées et dérecrutées à chaque cycle qui est actuellement Parmi les autres effets de la VC, il faut mentionner la rétention
considérée comme le principal stimulus. Les contraintes de cisaille- hydrosodée et les effets délétères majeurs de la sédation profonde et
ment entre zones atélectasiées et zones aérées pourraient également de la curarisation. Toutefois, la sédation profonde requise pour la VC
jouer un rôle. permet l’utilisation de réglages ventilatoires inapplicables chez un
Ainsi, en pathologie humaine, les lésions créées par la ventila- patient ayant une activité respiratoire spontanée. Enfin, l’adaptation
tion sont avant tout des lésions inflammatoires, la rupture – se parfaite au respirateur requise par la VC rend possible les mesures
traduisant par l'apparition d'emphysème, de pneumomédiastin, de statiques, quasi statiques et dynamiques de mécanique respiratoire
pneumothorax ou de pneumopéritoine – n’étant que le terme qui doivent être impérativement pratiquées, d’autant plus que la
ultime, mécanique, de l’agression. majorité des patients traités par ce mode ventilatoire présentent une
Le réglage de la VC peut avoir des conséquences infectieuses : la pathologie respiratoire grave.
ventilation à hauts niveaux de volume télé-inspiratoire majore le
risque de bactériémies [30].
INDICATIONS DE LA VC
TOXICITÉ DE L’OXYGÈNE
INDICATIONS PALLIATIVES
La VC étant souvent associée à une atteinte pulmonaire sévère,
de hauts niveaux de FiO2 sont souvent nécessaires dans ce type de Les indications palliatives comprennent les pathologies neuro-
ventilation. La toxicité pulmonaire de l’oxygène [31] reste largement musculaires graves où il existe un dysfonctionnnement total de
débattue. Le niveau de FiO2 et le temps d’exposition produisant des l’appareil neuromusculaire respiratoire, et les pathologies nécessitant
lésions sont mal connus chez l’homme en cas d’atteinte pulmonaire. une sédation profonde (pathologies neurologiques en particulier).
Les résultats sur la toxicité de l'oxygène reposent sur des études
animales, des observations cliniques et des études randomisées chez
le volontaire sain [32]. Elle serait majorée chez les patients traités par INDICATIONS RESPIRATOIRES
amiodarone ou bléomycine [33]. Par ailleurs, l’emploi de hauts
niveaux de FiO2 peut générer des atélectasies [14], une diminution Les indications respiratoires sont des pathologies respiratoires
du débit cardiaque et une vasoconstriction systémique. Il est parado- très sévères avec une défaillance majeure de l’appareil respiratoire
xalement possible que les zones dérecrutées soient ainsi protégées qui rend nécessaire une parfaite adaptation du patient au respirateur,
d’une éventuelle toxicité de l’oxygène. à savoir les syndromes obstructifs graves et les patients présentant
une hypoxémie majeure. Si la VC peut améliorer l’oxygénation arté-
rielle chez certains patients, peut-être chez ceux qui auraient une
EFFETS HÉMODYNAMIQUES expiration active [12], l’indication de ce mode de ventilation dans
les atteintes respiratoires sévères reste généralement guidée par des
La VC diminue le retour veineux par l’augmentation des pres-
arguments cliniques, à savoir la désadaptation majeure du patient au
sions intrathoraciques et diminue ainsi le débit cardiaque. Elle
respirateur dont les conséquences peuvent être très sévères [36].
diminue également la postcharge du ventricule gauche en compa-
Cette désadaptation est le plus souvent liée à une fréquence respira-
raison avec la ventilation spontanée en établissant un régime positif
toire spontanée élevée : le retard de réponse du respirateur et la
de pressions intrathoraciques alors que les pressions intrathoraci-
nécessité de maintenir un temps inspiratoire pour délivrer le volume
ques sont négatives, voire très négatives chez les patients non
entraînent la désadaptation dans les modes partiels. Le recours à la
ventilés en insuffisance respiratoire aiguë, particulièrement dans les
VC ne doit être entrepris qu’en ultime recours après avoir essayé de
syndromes obstructifs aigus. Elle diminue la précharge du ventricule
stabiliser le patient dans des modes ventilatoires partiels.
gauche en diminuant le volume sanguin intrathoracique. Cette
diminution de la précharge entraîne une diminution des contraintes
pariétales myocardiques qui pourrait favoriser une modification de INDICATIONS HÉMODYNAMIQUES
la géométrie du ventricule gauche expliquant une augmentation du
volume d’éjection systolique alors que la précharge diminue. Les indications hémodynamiques concernent essentiellement
À l’inverse, l’existence d’un régime de pression intrathoracique des patients en état de choc ne réagissant pas rapidement au traite-
très élevé lié en particulier à de hauts niveaux de PEP intrinsèque ou ment symptomatique et étiologique du choc.
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Dans tous les cas, les effets secondaires de la VC sont nombreux lation assistée contrôlée déguisée. Le maintien de cette touche est lié
et sévères. La VC et la sédation profonde doivent être limitées à une à des raisons commerciales, les médecins exprimant pour une raison
durée minimale. incompréhensible le souhait d’avoir une touche VC. Si la myorésolu-
tion n’est pas complète, les appels inspiratoires ou les appels
expiratoires du patient sont sources de désadaptation s'ils ne sont
OBJECTIFS DE LA VC pas pris en compte par la machine, justifiant le remplacement de la
VC pure par la ventilation assitée contrôlée. De plus, l’aspiration
La VC a des objectifs communs à l’ensemble des patients :
trachéale en circuit fermé sous VC pure crée une aspiration du
– assurer les échanges gazeux : volume pulmonaire et donc un dérecrutement [16].
– d’une part l’oxygénation artérielle, définie par la PaO2, la SaO2 D'autres mécanismes existent pour compenser les appels inspi-
et le transport artériel en O2, en maintenant une SaO2 supé- ratoires et expiratoires intempestifs. Ainsi, pour certains respirateurs
rieure à 90 %. Dans les cas extrêmes, un objectif de 85 % voire réglés en VC à débit constant et volume contrôlé, tout appel inspira-
80 % peut être choisi, en sachant qu’il importe alors d’optimiser toire du patient pendant l’insufflation génère un débit
la concentration d’hémoglobine et le débit cardiaque pour supplémentaire délivré sur un mode à pression constante, à un
maintenir le transport; niveau fixé par le constructeur, qui peut être le niveau de PEP extrin-
– d’autre part la ventilation alvéolaire, évaluée par la PaCO2 et sèque ou le niveau de pression où la détection de l'appel a été
le pH artériel, adaptée à la pathologie du patient. Expérimenta- effectuée. Le mode BIPAP est proposé comme alternative à la pres-
lement, les effets de l’hypercapnie sont largement étudiés : sion contrôlée : les pressions inspiratoires et expiratoires sont
vasodilatation cérébrale, diminution de la contractilité myocar- maintenues constantes par une ouverture permanente des valves
dique sur cœur isolé et vasodilatation systémique, hyperactivité inspiratoires et expiratoires qui compense les appels inspiratoires et
sympathique permettant de rétablir un débit cardiaque normal expiratoires du patient. Il ne s’agit plus d’un mode contrôlé pur mais
voire élevé et de maintenir la pression artérielle systémique d’un mode partiel qui fonctionne en mode contrôlé en l’absence
[37], arrythmies, vasoconstriction pulmonaire, diminution des d’appels inspiratoire et expiratoire. Ce mode utilisé en permettant
flux sanguins splanchnique et rénal, protection cellullaire les appels du patient pourrait améliorer le rapport ventilation perfu-
contre l’agression hypoxique et troubles métaboliques (hyper- sion en modifiant la cinétique diaphragmatique au cours des cycles
kaliémie et diminution de l’affinité de l’oxygène pour spontanés [43, 44].
l’hémoglobine). Toutefois, de hauts niveaux d’hypercapnie
permissive (jusqu’à 120 mmHg) ont été utilisés en pratique FORME DU SIGNAL DE DÉBIT
clinique sans effet secondaire majeur. L’hypertension intracrâ-
nienne est sans doute la seule contre-indication absolue à Une grande variété de signaux de débit a été étudiée et déve-
l’hypercapnie permissive, l’insuffisance cardiaque droite ou loppée sur les respirateurs. Les débits accélérant ont été abandonnés
gauche n’étant qu’une contre-indication relative. Chez l’asth- car la pression moyenne des voies aériennes est plus basse, le pic de
matique, plusieurs études non contrôlées ont montré que la pression plus élevé et la distribution de la ventilation plus hétéro-
mortalité était plus basse en cas d’hypercapnie permissive [38]. gène qu’avec les débits décélérants [45]. Seules persistent
Dans l’agression pulmonaire aiguë et le SDRA, plusieurs études actuellement deux formes de débits inspiratoires : le débit constant
contrôlées ont retrouvé une mortalité identique voire diminuée et le débit décéléré obtenu par asservissement du signal de pression à
dans le groupe des patients hypercapniques [2, 39-41]. L’hyper- une valeur constante. En débit constant, le volume courant est le
capnie contrôlée semble donc pouvoir être proposée en paramètre contrôlé (ventilation à débit constant et volume
pratique clinique, sous réserve que les variations soient contrôlé); en pression constante, le niveau de pression peut être fixé
progressives; par l’opérateur (ventilation à pression contrôlée) ou asservi à un
– assurer et maintenir le recrutement alvéolaire, par le réglage du niveau de volume courant (ventilation en volume contrôlé à régula-
respirateur et par des manœuvres de recrutement; tion de pression). La VC à pression constante présente plusieurs
– minimiser ses propres effets délétères. avantages théoriques par rapport à la VC à débit constant :
La VC a également des objectifs spécifiques à certaines pathologies : – diminution du pic de pression en sachant que l’indicateur de baro-
– assurer un équilibre hémodynamique en contrôlant les précharges traumatisme reconnu est plutôt la pression de fin de plateau;
ventriculaires et en diminuant la consommation d’oxygène; – homogénéisation de la répartition alvéolaire de la ventilation entre
– permettre le repos des muscles respiratoires; les unités alvéolaires de constantes de temps différentes;
– assurer le confort du patient en état de détresse respiratoire aiguë; – diminution de l’espace mort physiologique, par augmentation de
– permettre une myorelaxation complète, nécessaire dans certaines la mixique alvéolobronchique ou augmentation de la ventilation
pathologies, en postopératoire par exemple; collatérale. Ces deux derniers effets n’existent que si le temps inspi-
– contrôler la pression intracrânienne en maîtrisant la ventilation. ratoire est suffisamment long. En pratique clinique, les résultats sur
l’oxygénation et l’élimination du CO2 sont contradictoires entre les
différentes études. Le bénéfice sur la mécanique respiratoire, notam-
RÉGLAGES DE LA VC ment l’amélioration plus rapide de la compliance, reste douteux. De
La VC suppose l’abolition complète des efforts du patient. plus l’interprétation des courbes en fonction du temps pour le moni-
torage en routine de la ventilation est beaucoup plus difficile. En
l'absence d'études récentes, il n'existe pas d'argument permettant de
CIRCUIT RESPIRATOIRE recommander ce mode ventilatoire, qui reste néanmoins de mise
pour certains auteurs [46].
L’espace mort situé entre la pièce en Y et la prothèse endotra-
chéale doit être réduit au maximum chez les patients qui présentent
une hypercapnie non contrôlée en supprimant le raccord annelé et VOLUME COURANT
en remplaçant s’il y a lieu le filtre échangeur de chaleur et d’humi-
dité par un humidificateur chauffant. Le calcul du volume courant Inspiré par des études [47, 48] démontrant que les lésions trau-
effectivement délivré au patient et des paramètres mécaniques respi- matiques macroscopiques sont retrouvées pour des volumes
ratoires doit tenir compte de la compliance du circuit de ventilation courants supérieurs à 15 ml/kg et pour des pressions de fin de
et de la compression des gaz au cours de l’insufflation [42]. plateau supérieures à 40 cmH2O, son réglage est actuellement bien
précisé pour les patients présentant une agression pulmonaire aiguë
ou un SDRA depuis une étude réalisée entre 1996 et 1999 par the
LA VC « PURE » EXISTE-T-ELLE ENCORE Acute Respiratory Distress Syndrome Network [3]. Cette étude, compa-
SUR LES RESPIRATEURS ACTUELS? rant deux niveaux de volume courant (6 et 12 ml/kg) calculés en
fonction du poids idéal, a mis en évidence une réduction significa-
En VC « pure », les valves inspiratoires et expiratoires sont tota- tive de la mortalité à 28 jours (de 40 % à 31 %) dans le groupe 6 ml/
lement fermées ou ouvertes suivant les temps respiratoires, sans kg. Dans ce groupe, la fréquence respiratoire était plus élevée pour
prise en compte des appels du patient, inspiratoires comme expira- assurer une correction de la PaCO2, le rapport PaO2/FiO2 était modé-
toires. Le cycle respiratoire ne peut être interrompu que quand des rément altéré et la PaCO2 modérément augmentée. Si les
conditions d’alarme sont atteintes. La plupart des respirateurs complications barotraumatiques ne différaient pas dans les deux
comportent encore une touche VC qui n'est qu'une touche de venti- groupes, l'incidence des défaillances multiviscérales était moindre
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dans le groupe 6 ml/kg. Ce résultat, associé à celui d'études posté- sans amélioration de l’oxygénation, au prix d’une baisse du débit
rieures [28, 29], est en faveur de l'hypothèse du biotraumatisme cardiaque [56]. Aussi la ventilation avec rapport I/E inversé ne peut
généré par d'importantes variations cycliques du volume alvéolaire. actuellement être retenue.
Ce résultat a été largement discuté, notamment parce qu'il contredi-
sait les résultats d'essais préalables [39, 40, 49], puis confirmé [50] et
il est maintenant admis que le réglage du volume courant doit être
PEP EXTRINSÈQUE
de 6 ml/kg, calculé en fonction du poids idéal, sans dépasser 8 ml/
La PEP extrinsèque est le principal traitement permettant
kg. Malgré ces recommandations précises, l'observance de ce réglage
d'assurer le recrutement et donc l'oxygénation. Elle aurait également
est imparfaite [51], expliquée vraisemblablement par la réticence de
un rôle important dans la limitation du biotraumatisme en préve-
certains praticiens à accepter des niveaux de PaCO2 élevés et par une
nant les successions d'ouverture/fermeture des alvéoles des zones
sous-estimation de la gravité de l'agression pulmonaire aiguë. Par
recrutées et dérecrutées à chaque cycle [57, 58]. Toutefois, un essai
ailleurs, la pression de fin de plateau, mesure de la pression alvéo-
cherchant à démontrer un effet préventif de la PEP extrinsèque dans
laire télé-inspiratoire moyenne, dépendante du volume courant, de
le développement de l'agression pulmonaire aiguë n'a pas abouti
la compliance et de la PEP totale, ne doit pas dépasser 30 cm H2O.
[60]. Un travail comparant deux régimes de ventilation [1], haut
Chez des patients ne présentant pas de défaillance respiratoire, volume courant et bas niveau de PEP versus bas volume courant et
l'emploi de volumes courants élevés pourrait augmenter le risque haut niveau de PEP, avait démontré un effet bénéfique sur la morta-
d'agression pulmonaire aiguë [52]. Pour les patients présentant un lité, mais ce bénéfice pouvait être attribué à la réduction du volume
syndrome obstructif, la PEP intrinsèque est un facteur limitant du courant comme à l'élévation de la PEP; ce travail avait par ailleurs
volume courant. suscité un certain nombre de critiques méthodologiques. Une étude
multicentrique comparant 2 niveaux de PEP chez des patients
FRÉQUENCE RESPIRATOIRE présentant une agression pulmonaire aiguë ou un SDRA n'a pas
montré de bénéfice en terme de mortalité, de durée de ventilation
Elle permet, une fois le volume courant fixé, de régler la ventila- ou défaillance multiviscérale, bien que les patients ventilés à haut
tion alvéolaire, donc la PaCO2 et le pH artériel. Le premier paramètre niveau de PEP (14 mmHg) aient présenté une amélioration initiale
à contrôler est la PEP intrinsèque créée par la diminution du temps du rapport PaO2/FiO2 et de la compliance en comparaison avec le
expiratoire parallèlement à l’augmentation de la fréquence, notam- groupe faible niveau de PEP (8 mm Hg).
ment en cas d’existence d’un syndrome obstructif. C’est Le réglage de la PEP extrinsèque peut être guidé par le point
essentiellement pour cette raison qu’il a été recommandé d’utiliser d'inflexion inférieur sur la boucle pression volume, certains situant
des fréquences inférieures à 30. La possibilité d’une « fatigue » des le point optimal à 2 cm H2O au dessus de ce point d'inflexion ou en
structures pulmonaires liée à des fréquences élevées fragilisant le suivant les recommandations élaborées par the Acute Respiratory
tissu bronchopulmonaire a été évoquée par certains [26] plaidant Distress Syndrome Network [3]. Les effets secondaires de hauts niveaux
pour des techniques « laissant le poumon au repos », mais elle a été de PEP extrinsèque doivent être surveillés : effets hémodynamiques
contredite par l’étude multicentrique nord-américaine citée ci-dessus identiques aux effets de la ventilation décrits plus haut, mais aussi
[3], qui a montré que la fréquence respiratoire dans le groupe 6 ml/ effets mécaniques respiratoires avec distension et éventuellement
kg était significativement plus élevée que dans le groupe 12 ml/kg, création d'un effet espace mort, principalement chez les patients
alors que la mortalité était plus basse dans ce groupe à fréquence présentant un faible pourcentage de poumon recrutable [20]. Hors
respiratoire élevée. de ces schémas thérapeutiques, il n'existe pas d'arguments actuels
pour recommander de très hauts niveaux de PEP dans le traitement
PAUSE TÉLÉ-INSPIRATOIRE OU PLATEAU de l'agression pulmonaire aiguë et du SDRA.
La PEP extrinsèque chez les patients présentant un syndrome
Le plateau favorise une redistribution du volume courant entre obstructif sédatés et en ventilation contrôlée n'a jamais démontré de
unités alvéolaires de compliances différentes, encore appelée pendel- bénéfice pour les patients et ne peut donc être recommandée.
luft, et une amélioration de la mixique alvéolaire. De plus, la
composante viscoélastique pulmonaire est dissipée pendant le MANŒUVRES DE RECRUTEMENT
plateau. Il a donc été proposé comme technique
« d’homogénéisation » pulmonaire. Toutefois, les études cliniques Les manœuvres de recrutement constituent actuellement un
n’ont mis en évidence qu’une faible augmentation de l’élimination élément essentiel de la stratégie dans la VC. Certaines manœuvres
du CO2 sans augmentation réelle de l’oxygénation [53]. Les fuites comme la ventilation avec alternance de décubitus ventral et dorsal
potentielles en empêchant le maintien d’une pression stable et ne font pas appel au réglage du respirateur. Outre la PEP extrinsèque,
surtout le fait que la redistribution se fasse avec des gaz qui ont déjà les techniques de recrutement associées au respirateur sont générale-
participé aux échanges gazeux expliqueraient ce phénomène. Le ment des hyperinsufflations à pression constante, voisines de 35 cm
risque de fuite et donc de dérecrutement et l’amputation du temps H2O, maintenues pendant 30 s. Malgré des résultats préliminaires
inspiratoire et du temps expiratoire pour de faibles bénéfices ne encourageants sur l'oxygénation et la mécanique respiratoire [60],
permettent pas de recommander formellement l’emploi du plateau. cette stratégie ventilatoire n'a pas montré de bénéfices évidents dans
un groupe de patients traités par de hauts niveaux de PEP [4].
RAPPORT I/E INVERSE
FIO2
Il peut se définir par un rapport I/E supérieur à 1/1. L’allonge-
ment du temps inspiratoire permet en théorie : La toxicité pulmonaire de l’oxygène étant mal connue, les
– d’augmenter la pression alvéolaire moyenne, déterminant de recommandations actuelles sont de maintenir une FiO2 inférieure à
l’oxygénation; 0,6 [46]. En cas d'hypoxémie sévère nécessitant des FiO2 élevées, la
– de maintenir les unités alvéolaires ouvertes pendant un temps plus stratégie thérapeutique doit inclure une optimisation du réglage de
long; la PEP extrinsèque, des manœuvres de recrutement, la maîtrise de la
– d’augmenter un recrutement alvéolaire temps-dépendant; balance hydrosodée et l'utilisation éventuelle de vasodilatateurs. Si
– d’assurer une redistribution liquidienne des alvéoles vers certaines de ces stratégies n'ont pas fait la preuve de leur efficacité
l’interstitium; sur la mortalité, elles ont toutes démontré leur efficacité dans la
– d’assurer une homogénéisation pulmonaire entre les unités alvéo- correction de l'hypoxémie.
laires de compliances différentes;
– de réduire l’espace mort en augmentant la ventilation alvéolaire
collatérale et la mixique alvéolaire [54]. RÉFÉRENCES
L’efficacité sur l’oxygénation décrite dans les premières études
[1] 3e Conférence de Consensus Commune de la SRLF, de la SFAR, et de la SPLF.
[55] était essentiellement liée à l’induction d’une PEP intrinsèque « Ventilation non invasive au cours de l'insuffisance respiratoire aiguë
ignorée. De nombreuses études effectuées depuis en débit constant (nouveau-né exclu) ». Elsevier-Masson, Paris, 2006.
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(VS-PEP, le terme anglais étant continuous positive airway pressure Ainsi, la simple mesure de l’augmentation de CRF induite par la PEP
[CPAP]). n’est que peu informative quant à la distribution de ce volume
La PEP constitue un des outils thérapeutiques majeurs du réani- pulmonaire à l’intérieur du poumon. En effet, une augmentation du
mateur, en particulier pour l’amélioration de l’oxygénation. De ce volume pulmonaire peut être due au recrutement alvéolaire (réou-
fait la compréhension des effets de la PEP et de leurs mécanismes verture d’alvéoles préalablement inaccessibles à la ventilation), à
physiopathologiques a constitué pendant de nombreuses années un l’inflation de territoires normalement ouverts, ou à la surdistension
champ d’investigation privilégié des réanimateurs. À la vue des très de territoires déjà ventilés. La connaissance de ces effets respectifs
nombreuses publications sur le sujet, un lecteur « neuf » pourrait nécessite l’utilisation de techniques spécifiques basées sur l’évalua-
d’ailleurs s’y perdre totalement. En particulier, parmi les problèmes tion de la mécanique respiratoire ou l’étude tomodensitométrique
qui peuvent se poser lors d’une analyse « critique » de cette littéra- du poumon.
ture, il faut rappeler deux points. D’une part, les effets d’un niveau
de PEP donné sont très dépendants de l’état du poumon (et de la RECRUTEMENT ALVÉOLAIRE PROGRESSIF
paroi thoracique). D’autre part, la modification du niveau de PEP
(prise comme pression de fin d’expiration) modifie également les OU TEMPS-DÉPENDANT
conditions de pression lors de l’inspiration, surtout si l’on travaille à
volume courant constant. La non prise en compte de cet aspect a Les effets de la PEP sur le volume pulmonaire suivent générale-
souvent fait imputer à la PEP des effets liés en grande partie à la ment une course progressive, ainsi que l’ont montré Katz et al. [9].
distension télé-inspiratoire ainsi occasionnée. L’augmentation de volume pulmonaire observée après un change-
De nos jours, la PEP est employée communément chez des ment de PEP de 3 à 13 cmH2O nécessitait plusieurs minutes pour
patients ayant une insuffisance respiratoire aiguë (IRA) hypoxé- s’équilibrer. Cette évolution dépendante du temps, suggère que
mique. Son utilisation chez les patients atteints du syndrome de l’augmentation de PEP entraîne une augmentation immédiate du
détresse respiratoire aiguë de l’adulte (SDRA) a été suggérée par volume pulmonaire et une augmentation retardée de volume liée à
Ashbaugh et al. dès 1967 lors de la première description de tableau l’ouverture progressive, c’est-à-dire au recrutement, d’alvéoles
clinique [1]. Ils recommandèrent en effet, l’utilisation de la PEP jusque-là inaccessibles à la ventilation. Cet effet est vraisemblable-
lorsque la FiO2 était égale ou supérieure à 50 % [2]. ment lié à l’action combinée de la PEP et de la distension télé-
inspiratoire à volume courant constant.
Ce chapitre concerne l’utilisation de la PEP au cours de l’IRA
hypoxémique, et ne s’intéresse pas à d’autres aspects tels que l’utili-
sation de cette technique au cours des pathologies respiratoires INFORMATION APPORTÉE
obstructives. PAR LA COURBE PRESSION-VOLUME (PV)
Pour caractériser les effets spécifiques de la PEP sur le volume
EFFET DE LA PEP SUR LE VOLUME PULMONAIRE pulmonaire au cours de la capacité inspiratoire, la relation pression-
ET LA MÉCANIQUE RESPIRATOIRE volume statique du système respiratoire est un outil de recherche
très utile [10]. Cette courbe PV peut être obtenue chez des patients
Les patients atteints d’IRA hypoxémique présentent invariable- sédatés et paralysés en ventilation artificielle au moyen de la tech-
ment une réduction de la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF). Les nique dite de la super-seringue [11, 12] ou en utilisant la technique
premiers auteurs qui mesurèrent cette réduction de CRF furent des interruptions télé-inspiratoires à différents niveaux de volume
Ramachandran et Fairley en 1970,qui trouvèrent une valeur de CRF courant, en utilisant les capteurs du ventilateur [13]. Elle peut égale-
moyenne de 1 260 ml chez un groupe de dix patients atteints du ment être obtenue en l’absence de curarisation par une sédation
SDRA [3]. Cette réduction majeure de volume pulmonaire était attri- adaptée [14]. Quelle que soit l’approche, différents points de volume
buée à plusieurs facteurs, tels que l’existence d’atélectasie, de et de pression statique des voies aériennes depuis la CRF jusqu’à la
consolidation pulmonaire, de contusion pulmonaire, d’œdème capacité pulmonaire totale peuvent ainsi être obtenus. D’autres tech-
pulmonaire ainsi que de facteurs extrapulmonaires tels qu’épanche- niques, récemment réactualisées, évaluent cette relation lors d’une
ments pleuraux ou distension abdominale. insufflation dynamique à débit suffisamment lent pour minimiser
Cette diminution de CRF due au collapsus alvéolaire et/ou au l’influence de la pression résistive [15-18]. Ces courbes qui tiennent
remplissage alvéolaire a pour conséquence l’existence d’un shunt compte de la pression viscoélastique peuvent être légèrement diffé-
intrapulmonaire responsable de l’hypoxémie sévère présentée par rentes des courbes statiques, même après mesure et calcul de la
ces patients : c’est l’existence de zones perfusées par un sang pauvre pression résistive [16, 18]. Ces dernières techniques ont l’avantage
en oxygène mais non ventilées, qui génère l’hypoxémie artérielle. de n’utiliser qu’une seule manœuvre pour enregistrer la courbe, et de
L’absence totale de ventilation dans ces zones définit le shunt vrai et reposer sur les moyens de mesure des ventilateurs de réanimation.
explique la relative inefficacité de hautes fractions d’oxygène. Cette Elles sont aujourd’hui automatisées sur plusieurs ventilateurs.
fermeture progressive des espaces aériens et l’apparition d’un shunt À partir de la morphologie de la courbe PV (zone d’inflexion
surviennent préférentiellement lors de l’expiration, lorsque le initiale, concavité ou convexité), la réponse à la PEP en terme de
volume pulmonaire et la pression transpulmonaire sont les plus recrutement peut être prédite [10, 16, 18-20]. La PEP peut induire un
faibles. Dans ces circonstances l’application d’une PEP est ainsi recrutement, soit une augmentation du nombre d’alvéoles accessi-
devenue une pratique courante lors de la prise en charge clinique de bles à la ventilation, ce qui est une notion différente d’une simple
ces patients. augmentation de CRF.
L’application de la PEP chez ces patients entraîne en effet une La courbe PV du système respiratoire tracée sur la capacité inspi-
augmentation de CRF qui fut étudiée dès le début de la description ratoire totale présente un aspect souvent sigmoïde, avec deux
du syndrome. Kumar et al. montrèrent le bénéfice obtenu avec la changements de pente. La première partie décrit un changement de
PEP sur l’oxygénation de patients en défaillance respiratoire sévère et courbe avec une inflexion décrite sous le nom de point d’inflexion
attribuèrent les effets bénéfiques de la PEP au fait qu’elle permet inférieur. La présence d’une courbe ayant un tel aspect prédit généra-
d’éviter la fermeture expiratoire alvéolaire, augmentant la CRF et lement la possibilité de recrutement alvéolaire. La partie
diminuant ainsi le shunt intrapulmonaire [4]. Peu après, Falke et al. supérieure de la courbe se caractérise par une nouvelle inflexion (et
étudièrent l’effet de la PEP sur les échanges gazeux, l’hémodyna- un point d’inflexion dit supérieur), avec un « aplatissement » de la
mique et la mécanique pulmonaire, et démontrèrent que ces effets courbe, c’est-à-dire une baisse de compliance. Le recrutement alvéo-
sur l’oxygénation étaient fortement corrélés à l’augmentation de laire induit par la PEP est un phénomène continu au cours du
CRF, la PEP prévenant ainsi probablement la fermeture des voies volume pulmonaire où les différentes zones pulmonaires s’ouvrent
aériennes terminales [5]. progressivement en fonction de leur pression d’ouverture respective.
Si la PEP induit une augmentation de volume pulmonaire en La courbe PV totale est le reflet de la somme de chaque relation PV
prévenant le collapsus alvéolaire télé-expiratoire, il est important de régionale. Le collapsus alvéolaire, qui est contrecarré par la PEP, est
noter qu’elle peut aussi induire une surdistension d’alvéoles déjà expliqué en partie par l’existence d’une pression hydrostatique
ouvertes. Les effets de la PEP sur le volume pulmonaire vont superposée à la pression alvéolaire selon un gradient hydrostatique
dépendre de la mécanique pulmonaire régionale. L’augmentation lié au poids de l’œdème sus-jacent, souvent maximum dans les
globale de CRF induite par la PEP est directement reliée à la zones déclives du poumon, en tout cas au stade précoce du SDRA
compliance thoracopulmonaire [6-8], mais la contribution relative [21].
de la PEP au recrutement et à la surdistension dépend de l’absence Une modélisation mathématique a été utilisée par Hickling
ou de la présence de zones recrutables et du niveau de PEP choisi. pour évaluer les effets de différents niveaux de PEP en fonction de
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différentes pressions d’ouverture alvéolaire sur la courbe PV, ainsi Il est à noter que le modèle mathématique évoqué plus haut, ne
que sur les points d’inflexion inférieur et supérieur, observés lors des décrit pas le rôle de la paroi thoracique, le rôle des forces tensio-
deux changements de pente de la courbe [22]. Pour une pression actives ou le rôle de la fermeture des petites voies aériennes. De
télé-expiratoire nulle, la présence du point d’inflexion inférieur est manière intéressante, une information récente provenant d’expéri-
générée par un gradient de pression hydrostatique et l’existence des mentations chez le chien, où un œdème pulmonaire est créé par
différentes pressions d’ouverture régionales. L’aspect de la courbe PV infusion d’acide oléique, suggère que la forme de la courbe PV est
entre les points d’inflexion inférieur et supérieur est le reflet d’un liée au déplacement de l’interface air-liquide le long de l’arbre
recrutement progressif. Le point d’inflexion supérieur reflète essen- trachéo-bronchique plutôt qu’à l’ouverture d’espaces aériens réelle-
tiellement la fin du recrutement, et pas nécessairement la marque de ment collabés [26].
la surdistension comme cela avait été évoqué. Ainsi, selon la gamme Une méthode alternative pour analyser les effets de la PEP sur la
de pressions d’ouvertures critiques, le point d’inflexion supérieur mécanique pulmonaire chez les patients ventilés artificiellement,
peut être masqué si un recrutement, concomitant à une distension, consiste à analyser le profil de la courbe de pression des voies
continue au-dessus de cette pression. Cette analyse illustre bien aériennes dynamiques lors d’une ventilation à débit constant [24,
l’intérêt mais aussi les limites de cette courbe, reflet global de phéno- 27].
mènes régionaux hétérogènes. En effet, dans ces circonstances, trois comportements essentiels
peuvent être observés :
Des inhomogénéités entre les compartiments pulmonaires vont
donc profondément affecter la forme de la relation PV [23]. D’autre • une pente linéaire de la courbe pression-temps, reflétant une distri-
part, le recrutement étant dépendant du temps il ne peut pas être bution du volume courant dans la partie linéaire et la plus
décrit par une seule courbe PV. Afin de mesurer la quantité de compliante de la courbe PV;
volume recruté après l’application d’une PEP, la courbe pression- • une convexité vers le haut de la courbe pression-temps, reflétant
volume doit être répétée au nouveau niveau de PEP utilisé. Lorsque une ventilation dans la partie plate et moins compliante de la courbe
la PEP induit un recrutement alvéolaire, il y a un déplacement vers le PV et suggérant des phénomènes de surdistension prédominants;
haut de la courbe pression-volume pour les mêmes niveaux de pres- • une concavité vers le haut indiquant le recrutement d’alvéoles au
sion. On observe ainsi que pour une pression donnée identique à cours du temps et l’existence d’une zone d’inflexion dans la partie
l’intérieur du système respiratoire, le volume pulmonaire total est initiale de la courbe PV.
plus élevé après quelques minutes de ventilation en PEP [7, 8, 18]. Un « index de stress » automatisé pourrait ainsi être un jour
Cette quantité de volume pulmonaire peut être quantifiée en super- disponible sur les ventilateurs et faciliter le réglage de la PEP [27].
posant les deux courbes mesurées avec et sans PEP en les replaçant
sur le même axe de volume pulmonaire. Pour cela, il suffit de EFFETS PROTECTEURS
mesurer par un spirogramme expiré passif le niveau de volume
pulmonaire au-dessus de la CRF atteint avec un certain niveau de La PEP, au cours de certains modèles expérimentaux, a un effet
PEP, et de faire partir la courbe en PEP de ce point (fig. 21.4) [18, 20, protecteur en particulier lors des modèles de lésions liées à la ventila-
24, 25]. tion. L’application d’un faible niveau de PEP diminuait la quantité
La PEP peut entraîner une réduction de la pente de la relation d’œdème ou de lésion causée par la ventilation à haute pression et à
PV lorsqu’on compare deux courbes avec et sans PEP : la compliance haut volume [28-30], ou diminuait la dissémination de bactéries
va ainsi être réduite significativement avec la PEP [18, 22]. Lorsque le dans le sang à partir du poumon dans ces mêmes modèles [31, 32].
volume courant est maintenu constant, la réponse à la PEP est diffi- Bien que le mécanisme d’action ne soit pas clairement élucidé, il
cile à prévoir et va dépendre de la gamme de pressions d’ouverture peut s’agir au moins partiellement de modifications de pressions
critique, de la taille du volume courant et de la présence ou non hydrostatiques transmurales et d’un effet vasculaire. Cependant,
d’une compliance non linéaire au-dessus d’un certain volume l’application de la PEP n’a jamais été montrée en clinique, comme
pulmonaire. Une des conclusions est donc que la valeur de la ayant des effets préventifs sur l’apparition du SDRA chez des patients
compliance calculée sur le volume courant (ΔV/ΔP), et ses modifica- à haut risque [33].
tions sous l’effet de la PEP n’est pas un reflet fiable du recrutement. De même, un volume télé-expiratoire très faible pourrait être
également dangereux : des modèles expérimentaux sur poumon
isolé non perfusé montrent qu’une ventilation en dessous du point
d’inflexion de la courbe PV majore considérablement les lésions
alvéolaires [34, 35]. Ces données, cependant, doivent être prises avec
2 prudence, car ce modèle peut ne pas refléter ce qui existe dans des
poumons humains perfusés de SDRA à l’intérieur de la cage
thoracique.
1
Volume
recruté Les effets de la PEP sur le volume pulmonaire et le recrutement
ont été étudiés par une approche morphologique grâce à la tomo-
densitométrie (scanner thoracique) [6, 36-40]. L’analyse de la
Zéro PEP répartition des densités à l’intérieur du thorax permet une approche
morphologique et une visualisation des effets anatomiques de la PEP,
0
qui peuvent être ainsi corrélés avec ses effets physiologiques sur les
0 10 20 30 40 échanges gazeux. Il existe une hétérogénéité de distribution des
lésions. La PEP induit à la fois un recrutement de zones pulmonaires
Pression denses et l’inflation d’alvéoles déjà ouvertes. Certaines zones restent
(cmH2O) fermées malgré l’augmentation croissante de la PEP. Une relation
existant entre l’existence d’un recrutement au scanner et la présence
Figure 21.4. Exemple de courbe pression (en abscisse, mesurée à l’entrée d’une inflexion initiale sur la courbe PV a pu également être
des voies aériennes du patient) vs volume (en ordonnée, volume insufflé dans retrouvée [6].
le système respiratoire du patient), effectuée dans deux conditions Les patients atteints de SDRA, couchés en position dorsale,
ventilatoires, ici sans PEP puis avec une PEP de 10 cmH2O. ont une distribution caractéristique et hétérogène des densités
La technique utilisée est celle de l’insufflation lente, avec débit pulmonaires. Il existe, en effet, un gradient antéro-postérieur des
oscillant permettant de mesurer et de retrancher la pression résistive. zones sous-sternales vers les zones déclives paravertébrales. Les
La différence entre les deux courbes, à pression identique, représente régions les plus recrutables sont situées dans les zones déclives
le volume recruté par la PEP (ici exprimé pour 10 cmH2O dans le dorsales et les régions qui s’ouvrent le plus, proportionnellement
système). Ce volume recruté est différent de l’augmentation totale de au niveau du PEP, sont principalement dans la zone ventrale alors
volume induite par la PEP, qui est la différence entre la courbe en PEP que les zones non recrutables sont distribuées irrégulièrement dans
et le volume de départ (l’axe des x). tout le parenchyme pulmonaire. Dans le SDRA précoce, cette distri-
44200_Volume3 Page 319 Jeudi, 12. février 2009 11:34 11
bution était expliquée par un gradient hydrostatique de pression alvéolaire dans les espaces périvasculaires facilitant les échanges
vertical dans le poumon [21]. Ainsi, la PEP agirait en évitant les gazeux et la diffusion alvéolocapillaire de l’oxygène [44]. Celle-ci
atélectasies de compression produites par l’augmentation considé- peut permettre d’améliorer l’oxygénation tissulaire périphérique et
rable du poids du poumon œdémateux. La PEP est vue comme une de réduire la fraction d’oxygène inspirée.
pression permettant de « maintenir ouvert », ces résultats étant À côté du recrutement alvéolaire déjà largement évoqué,
basés sur des mesures obtenues en fin d’expiration [21, 36]. Ces permettant à plus de régions alvéolaires d’être correctement venti-
données suggéraient également que la PEP maximum à appliquer lées, et donc de normaliser les rapports ventilation-perfusion dans
chez un patient couché ne devrait pas excéder la hauteur ventro- ces zones, un second mécanisme peut expliquer une augmentation
dorsale du poumon en centimètre. de l’oxygénation artérielle, qui est la diminution du débit cardiaque
Gattinoni et al. ont pu également montrer que la distribution [45-47]. Une diminution du débit cardiaque peut entraîner par elle-
du volume courant est rendue plus homogène par l’utilisation de la même une réduction du shunt intrapulmonaire. Le mécanisme par
PEP [37], la PEP permettant de maintenir ouvertes des zones pulmo- lequel le shunt est dépendant du débit cardiaque n’est pas claire-
naires recrutées par le volume courant, et d’éviter les phénomènes ment élucidé, car une redistribution régionale du débit sanguin n’a
d’ouverture-fermeture répétés. pas pu être mise en évidence sans cependant que ne soit éliminée
Récemment, une série d’investigations réalisées par le groupe de une redistribution au niveau alvéolaire [48].
Rouby, s’est servie du scanner spiralé à haute résolution pour étudier Le clinicien doit donc se méfier qu’une réduction du shunt ne
des patients ventilés atteints d’IRA [38, 41]. Les auteurs montraient signifie pas toujours un effet bénéfique sur le parenchyme pulmo-
que la PEP entraînait une augmentation de la distribution du naire et peut s’associer à une réduction du transport artériel en
volume aéré (de 35 à 58 % pour un niveau moyen de 13 cmH2O de oxygène. L’augmentation du transport artériel en oxygène avec la
PEP) sans changer la distribution des zones faiblement aérées, en PEP lorsque le débit cardiaque est maintenu constant est à l’inverse
diminuant significativement la répartition des zones non aérées, suggestif de recrutement alvéolaire [43].
tout en augmentant faiblement les zones surdistendues. La réduc-
tion de volume pulmonaire, en l’absence de PEP, prédominait dans Au cours de ces dernières années, une stratégie clinique a été
les lobes inférieurs, et qu’en plus d’un gradient antéro-postérieur, utilisée visant à protéger les poumons du SDRA en utilisant un
existait un gradient céphalo-caudal [38]. Ce gradient est lié à la para- volume courant faible et des niveaux de PEP modérés voire élevés.
lysie diaphragmatique, à la distension abdominale, et, à gauche Cette stratégie est basée sur le réglage de la PEP au-dessus du point
essentiellement, au rôle du cœur. Le recrutement alvéolaire lié à la d’inflexion inférieur de la courbe PV alors que le volume courant est
PEP se répartit dans les lobes supérieurs et inférieurs selon un réglé pour ne pas dépasser le point d’inflexion supérieur ou une
gradient antéro-postérieur. Dans les lobes inférieurs, il était observé valeur de pression de plateau limite, par exemple autour de
également un gradient céphalo-caudal (de la tête vers le 30 cmH2O. Cette stratégie peut s’associer à une hypercapnie. Lors de
diaphragme). Les régions les plus céphaliques étaient plus recrutées. cette stratégie de protection, la PO2, la PCO2 et l’index cardiaque
Globalement, ces effets sont cependant hétérogènes et quelques augmentent. La PO2 peut augmenter, à la fois du fait du recrutement
patients étaient « recruteurs », et d’autres groupes « non recruteurs ». induit par la PEP et par une augmentation du débit cardiaque béné-
Chez les patients recruteurs, le volume des lobes inférieurs était plus fique si elle s’associe à une élévation franche de la saturation
important que celui des non recruteurs alors que le volume des lobes veineuse en oxygène [49].
supérieurs était similaire dans les deux groupes. Il a été observé dans D’un point de vue hémodynamique, la PEP augmente la pres-
cette étude que la PEP augmentait significativement l’oxygénation sion intrathoracique et ainsi, peut réduire le retour veineux, le
artérielle chez les recruteurs, mais non pas chez les non recruteurs. débit cardiaque et faire chuter la pression artérielle systémique. Les
Ces données suggèrent qu’il existe au moins deux facteurs influen- modifications de pression intrathoracique induite par un réglage
çant la perte de volume pulmonaire : l’augmentation du poids du de PEP sont liées à l’augmentation de volume pulmonaire induite
poumon et le collapsus des lobes inférieurs favorisé par le déplace- et à la compliance pariétale. Ainsi, le retour veineux peut être
ment céphalique du diaphragme, probablement sous l’influence de diminué sous l’effet de l’augmentation de la pression intrathora-
la paralysie musculaire et de l’augmentation de la pression intra- cique et de la pression pleurale, entraînant une diminution de
abdominale. précharge et une diminution du débit cardiaque [50-52]. Une dimi-
Enfin, les mêmes auteurs ont comparé la forme de la courbe nution du remplissage des deux ventricules est ainsi observée [53].
PV et la morphologie pulmonaire analysée par la même tech- Michard et al. ont montré que les variations hémodynamiques
nique à différents niveaux de PEP [40]. Les patients chez qui la induites par la PEP pouvaient être prédites par l’amplitude des
courbe PV présentait un point d’inflexion inférieur avaient préfé- variations respiratoires de la pression artérielle sanglante périphé-
rentiellement des densités diffuses, alors que les patients sans ce rique [54].
point d’inflexion avaient de manière prédominante des densités Les effets de la PEP sur la fonction ventriculaire droite sont en
dans les lobes inférieurs. Chez les premiers (avec point fait les plus importants à comprendre et résultent de deux méca-
d’inflexion inférieur), la PEP induisait un recrutement maximal nismes [55-58]. Ils sont d’autant plus prononcés qu’il existe une
même au-delà du point d’inflexion, alors que le recrutement était hypovolémie, que le niveau de PEP est élevé, que le poumon a une
déjà maximal pour un faible niveau de PEP. Une surdistension élasticité peu altérée, que les résistances vasculaires pulmonaires
liée à la PEP n’était observée que dans le groupe sans point sont augmentées et également que la fonction cardiaque de base est
d’inflexion inférieur. compromise. La PEP ne modifie pas par elle-même, la contractilité
Ces données montrent que chez les patients sans point [59]. Elle entraîne une augmentation de la postcharge ventriculaire
d’inflexion inférieur, des niveaux de PEP élevés entraînent un risque droite et du volume d’éjection systolique ventriculaire droit, essen-
majeur de surdistension, risque considérablement moindre chez les tiellement par écrasement des capillaires alvéolaires, encore plus en
patients ayant un point d’inflexion inférieur marqué sur la courbe fin d’inspiration que d’expiration. La dilatation du ventricule droit
PV. Il existe donc une valeur prédictive très forte de la réponse à la peut s’associer à une compression du ventricule gauche et un dépla-
PEP à partir de l’analyse de la courbe PV. cement septal anormal, responsable du tableau de cœur pulmonaire
Le recrutement induit par la PEP est plus lié à la morphologie aigu [59]. La réduction des pressions respiratoires, protégeant le
pulmonaire et à la forme de la courbe PV qu’à l’étiologie (pulmo- poumon, s’avère un mécanisme essentiel pour prévenir l’apparition
naire vs extrapulmonaire) de la lésion contrairement à ce qui a été du cœur pulmonaire aigu avec des conséquences bénéfiques sur la
récemment suggéré par Gattinoni et al. [42]. Plusieurs études ne survie des patients [60].
retrouvent pas de différence de recrutement entre SDRA pulmo- À l’inverse, lors de défaillance ventriculaire gauche, la fonction
naires et d’origine extrapulmonaire [38, 43]. cardiaque n’est que peu dépendante de la précharge, et de faibles
niveaux de PEP peuvent être bénéfiques pour la fonction cardiaque,
essentiellement par réduction de la postcharge ventriculaire gauche,
EFFETS DE LA PEP SUR LES ÉCHANGES GAZEUX en particulier lors de la VS-PEP [59, 61].
ET L’HÉMODYNAMIQUE
L’amélioration de l’oxygénation artérielle est l’effet attendu RÉGLAGE PHYSIOLOGIQUE DE LA PEP
prédominant de la PEP. Ces effets sur les échanges gazeux liés à
l’augmentation de la CRF et au recrutement alvéolaire ont été Un réglage individuel basé sur les risques et avantages d’une
montrés depuis de nombreuses années [4, 5]. La PEP induit générale- augmentation de la PEP est indispensable [62], mais il est très diffi-
ment une diminution du shunt et une redistribution de l’œdème cile aujourd’hui d’affirmer qu’il existe une méthode optimale.
44200_Volume3 Page 320 Jeudi, 12. février 2009 11:34 11
[51] Culver BH, Marini JJ, Butler J. Lung volume and pleural pressure effects on
ventricular function. J Appl Physiol, 1981, 50 : 630-. FONCTIONS GÉNÉRALES
[52] Wallis T, Robotham J, Compean R, Kindred M. Mechanical heart-lung inte-
raction with positive end-expiratory pressure. J Appl Physiol, 1983, 54 : 1039- Certaines fonctions étant communes à de nombreux modes
47. ventilatoires, il est intéressant de les décrire brièvement avant de
[53] Viquerat C, Righetti A, Suter P. Biventricular volumes and function in
patients with adult respiratory distress syndrome ventilated with PEEP. Chest, regarder dans le détail les différents modes.
1983, 83 : 509-14.
[54] Michard F, Chemla D, Richard C, Wysocki M, Pinsky M, Lecarpentier Y,
Teboul J. Clinical use of respiratory changes in arterial pulse pressure to SYSTÈME DE DÉCLENCHEMENT INSPIRATOIRE
monitor the hemodynamic effects of PEEP. Am J Respir Crit Care Med, 1999,
159 : 935-9. OU « TRIGGER » INSPIRATOIRE
[55] Jardin R, Farcot JC, Boisante L, Curien N, Margairaz A, Bourdarias JP.
Influence of positive end-expiratory pressure on left ventricular performance. Cet élément permet au ventilateur de reconnaître que le patient
N Eng J Med, 1981, 304 : 387-392.
[56] Dhainaut J, Bricard C, Monsallier F, Salmon O, Bons J, Fourestie V, est en train de débuter (ou a déjà débuté) son effort inspiratoire.
Schlemmer B, Carli A. Left ventricular contractility using isovolumic phase C’est donc un élément essentiel de synchronisation patient-ventila-
indices during PEEP in ARDS patients. Crit Care Med, 1982, 10 : 631-5. teur dans tous les modes dits « assistés ». Deux types de systèmes de
[57] Jardin F, Delorme G, Hardy A, Auvert B, Beauchet A, Bourdarias JP. Reevalua-
tion of hemodynamic consequences of positive pressure ventilation déclenchement sont aujourd’hui proposés [12, 13] : déclenchement
emphasis on cyclic right ventricular afterloading by mechanical lung infl a- sur le signal de pression lorsque le patient inspire contre un système
tion. Anesthesiology, 1990, 72 : 966-970.
[58] Jardin, F., and Vieillard-Baron, A. Right ventricular function and positive fermé (une valve), ou déclenchement sur le signal de débit (plus rare-
pressure ventilation in clinical practice : from hemodynamic subsets to respi- ment le volume) alors que le patient respire dans un circuit ouvert
rator settings. Intensive Care Med, 2003, 29 : 1426-34. où circule un débit continu. Dans ce dernier cas, c’est l’analyse de la
[59] Buda AJ, Pinsky MR, Ingels NB, Daughters GT, Stinson EB, Alderman EL.
Effect of intrathoracic pressure on left ventricular performance. N Engl J Med, différence entre le débit envoyé par le ventilateur et le débit recueilli
1979, 301 : 453-59. à la sortie expiratoire qui permet de détecter que le patient est en
[60] Jardin, F., Fellahi, J., Beauchet, A., Vieillard-Baron, A., Loubieres, Y., and Page, train d’effectuer un effort inspiratoire.
B. Improved prognosis of acute respiratory distress syndrome 15 years on.
Intensive Care Med, 1999, 25 : 936-41. Le système de déclenchement représente donc une période
[61] Lenique F, Habis M, Lofaso F, Dubois-Randé JL, Harf A, Brochard pendant laquelle le patient n’est pas assisté et où le patient effectue
L. Ventilatory and hemodynamic effects of continuous positive air way pres- un effort supplémentaire entraînant une surcharge de travail par
sure in left heart failure. Am J Respir Crit Care Med, 1997, 155 : 500-505.
[62] Dreyfuss D, Saumon G. Evidence-based medicine or fuzzy logic : what is best rapport à une situation non assistée. Il existe deux aspects, théori-
for ARDS management ? Intensive Care Med, 2002, 28 (3) : 230-4. quement dissociés, expliquant le retentissement clinique : d’une
[63] Suter PM, Fairley HB, Isenberg MD. Optimum end-expirator y airway pressure part la durée pendant laquelle le patient n’est pas assisté (« délai de
in patients with acute pulmonary failure. N Engl J Med, 1975, 292 : 284-289.
[64] Blanch L, Fernandez R, Benito S, Mancebo J, Net A. Effect of PEEP on the arte- déclenchement ») et d’autre part l’intensité de l’effort à fournir. En
rial minus end-tidal carbon dioxide gradient. Chest, 1987, 92 : 451-454. fait ces deux aspects sont très liés, et, en travaillant sur les nouveaux
[65] Roupie E, Dambrosio M, Servillo G, Mentec H, El Atrous S, Beydon L, Brun- systèmes de déclenchement en débit (systèmes à débit continu ou en
Buisson C, Lemaire F, Brochard L. Titration of tidal volume and induced
hypercapnia in acute respiratory distress syndrome. Am J Respir Crit Care Med, flow-by), les constructeurs ont amélioré très notablement le retentis-
1995, 152 : 121-128. sement de ces systèmes sur l’effort respiratoire du patient (fig. 21.7 et
[66] Amato MBP, Barbas CSV, Medeiros DM, Magaldi RB, Schettino GdPP, Lorenzi- 21.8) [12-14]. Les conséquences pour les patients sur les ventilateurs
Filho G, Kairalla RA, Deheinzelin D, Munoz C, Oliveira R, Takagaki TY,
Ribeiro Carvalho CR. Effect of a protective-ventilation strategy on mortality modernes de réanimation sont désormais assez minimes, et les
in the acute respiratory distress syndrome. N Engl J Med, 1998, 338 : 347-354. meilleurs systèmes de déclenchement en pression sont assez proches
[67] Network ARDS. Ventilation with lower tidal volumes as compared with tradi- des systèmes en débit, qui restent en général légèrement supérieurs.
tional tidal volumes for acute lung injury and the acute respiratoire distress
syndrome. N Engl J Med, 2000, 342 : 1301-1308. Quels sont les problèmes persistants en terme de déclenche-
[68] Borges JB, Okamoto VN, Matos GF et al. Reversibility of lung collapse and ment sur les ventilateurs?
hypoxemia in early acute respiratory distress syndrome. Am J Respir Crit Care
Med, 2006, 174 : 268-78. Autodéclenchement. Le risque d’un système trop sensible est
[69] Vieillard-Baron, A., Prin, S., Schmitt, J. M., Augarde, R., Page, B., Beauchet, A., l’autodéclenchement [15, 16]. Ceci est lié à la fois à la sensibilité de
and Jardin, F. Pressure-volume curves in acute respiratory distress syndrome : la valve, aux réglages effectués mais également à la capacité du venti-
clinical demonstration of the influence of expiratory flow limitation on the
initial slope. Am J Respir Crit Care Med, 2002 165 : 1107-12. lateur de maintenir une stabilité du signal pendant l’expiration et
[70] Brower RG, Lanken PN, MacIntyre N et al. Higher versus lower positive end- donc au contrôle de l’expiration. Il faut savoir y penser devant une
expiratory pressures in patients with the acute respiratory distress syndrome. augmentation inopinée de la fréquence respiratoire et devant une
N Engl J Med, 2004, 351 : 327-36.
[71] Stewart T, and Meade M. Lung open ventilation study. JAMA, 2008, sous alcalose hypocapnique chez un malade en ventilation contrôlée. Il
presse. faut particulièrement y songer chez les malades présentant un
[72] Mercat A, Richard JC M, Vielle B, Jaber S, Osman D, Diehl JL, Lefrant JY, Prat syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) chez qui la rigidité
G, Richecoeur J, Nieszkowska A et al. Setting Positive End-Expirator y Pressure
in Patients with Acute Lung Injury and the Acute Respiratory Distress particulière du système respiratoire peut transmettre les oscillations
Syndrome. A Randomized Controlled Trial. JAMA, 2008, sous presse. cardiaques et déclencher le ventilateur.
Qualité des ventilateurs. Si il est vrai que les ventilateurs de
réanimation modernes ont de bonnes performances, ceci n’est pas
MODES DE VENTILATION ASSISTÉE forcément vrai des ventilateurs « moyens de gamme » ou encore plus
COURANTS
p0.1 = 2 p0.1 = 4
Trigger time delay at PEEP
120
100
La ventilation assistée est un support ventilatoire délivré en 80
complément de la ventilation du patient. Elle repose sur la notion 60
Evita IV
Galileo
Bird 8400*
PB 740**
Vision**
Horus
Bear 1000*
PB 7200*
Adult Star*
Veolar*
T Bird**
Servo 300
Servo 900C*
Quantum**
Respicare**
Helia**
Achieva**
Evita II dura
St 30**
PB 840
O’Nyx**
.
V(l/s)
Paw
(cmH2O)
VT (L)
Figure 21.8. Effet des deux différents types de systèmes de déclenchement (en pression à gauche et en débit à droite), sur la pression transdiaphragmatique (Pdi), le débit
( V̇ ), la pression (Paw) et le volume courant (VT) en utilisant le 7 200 (Nellcor Puritan-Bennett) avec le même réglage.
ACV = ventilation assistée contrôlée. On observe une baisse soutenue de la Pdi avec le système en débit [d’après [12]].
Détection de l’effort respiratoire du patient. Le meilleur contrebalancer l’effort nécessaire pour déclencher l’inspiration
système basé sur une dépression ou un signal de débit devenant lorsqu’il existe un trapping gazeux responsable d’une PEP intrinsèque
inspiratoire ne pourra détecter qu’un effort réellement efficace du ou auto-PEP [21, 22]. Un niveau inférieur ou égal à 5 cmH2O est
patient. Si une large part de l’effort inspiratoire se fait pour vaincre souvent recommandé. Ce niveau devrait, au mieux, être basé sur la
une auto-PEP, il aura lieu pendant l’expiration et donc ne pourra mesure de l’auto-PEP du patient pour se situer à un niveau légère-
jamais être détecté par un système classique [21, 22]. C’est pour cela ment inférieur à celle-ci [25]. Cependant, la présence fréquente
que l’on cherche aujourd’hui soit à détecter l’effort sur les change- d’une activité des muscles expiratoires en ventilation spontanée ou
ments du signal sans attendre l’inspiration [23, 24], ou sur des assistée chez les BPCO rend la mesure exacte de ce niveau très diffi-
signaux externes tels que l’électromyogramme diaphragmatique cile ou impossible par les méthodes courantes (figure 21.9) [26, 27].
[11]. Un faible niveau de PEP est également recommandé lors de la Des erreurs importantes pouvant être faites, il est préférable d’utiliser
ventilation assistée dans les pathologies telles que les broncho-pneu- une PEP faible, sans recourir à une mesure précise de l’auto-PEP.
mopathies chroniques obstructives (BPCO), car elle permet de Enfin, la mesure de la pression d’occlusion pourrait faciliter le
Pga
(cmH2O)
Peso
(cmH2O)
Paw
(cmH2O)
EMG
.
V
(l/s)
Figure 21.9. Illustration de l’effet de l’activité des muscles expiratoires (visualisés par l’augmentation de pression gastrique ou Pga ), sur une tentative de mesure de l’auto-
PEP sur la pression des voies aériennes (Paw ) lors d’une occlusion où le débit ( V̇ ) est nul.
Après l’occlusion, l’activité inspiratoire (visualisée par la baisse de la pression œsophagienne ou Peso , et par la contraction du diaphragme ou EMG) s’effectue
initialement, puis il existe un relâchement de l’activité musculaire inspiratoire et un plateau sur la Paw qui pourrait permettre d’évaluer l’auto-PEP : en fait ce
plateau est concomitant avec la poussée des muscles abdominaux (Pga ), et surestime considérablement la vraie auto-PEP [d’après [26]].
44200_Volume3 Page 324 Jeudi, 12. février 2009 11:34 11
ESM
EDI
VT 0
Ml
500
PAW 0
cmH2O
PESO 0
cmH2O
–5
Figure 21.10. Illustration de l’effet de l’activité des muscles respiratoires (activité électrique du sterno-cléido-mastoïdien ou ESM, et du diaphragme ou EDI) sur la courbe
de pression des voies aériennes (Paw ) et la pression œsophagienne (Peso ), en ventilation contrôlée (premier cycle) et en ventilation assistée contrôlée (2e cycle) à volume
courant (VT) constant. La superposition des courbes de Paw ou de Peso permet de quantifier l’activité musculaire respiratoire La surveillance de ces courbes permet de
détecter les besoins du patient.
réglage de la PEP intrinsèque en indiquant l’effet obtenu sur le trigger, le volume courant, et souvent le plus important pour le
travail respiratoire par des modifications de la PEP externe [4]. confort du patient, le réglage du débit moyen ou du débit de pointe
[3, 30]. Lors de ce type de ventilation il est recommandé d’avoir un
débit de pointe supérieur à 45 l.min–1 et un réglage moyen de
SYSTÈME DE DÉCLENCHEMENT EXPIRATOIRE 60 l.min–1 (en débit carré) permet le plus souvent de répondre aux
OU CYCLAGE besoins du patient. Le réglage du débit peut s’aider de la courbe de
pression dans les voies aériennes. En effet, il peut être nécessaire
La fin de l’insufflation peut être déterminée par le temps (mode d’augmenter ce débit lorsque l’on observe un creusement dans la
contrôlé en volume ou en pression), par une surpression (sécurité ou courbe de pression des voies aériennes indiquant que la demande du
alarme) ou par le signal de débit en aide inspiratoire. Cet élément patient est supérieure au débit délivré par le respirateur; au
joue un rôle fondamental dans le confort du patient, en, favorisant maximum, cette pression peut alors devenir négative (fig. 21.10).
par exemple un recrutement des muscles expiratoires quand un L’augmentation du débit a cependant des effets secondaires possi-
plateau se prolonge dans l’expiration spontanée du patient, ou en bles, essentiellement au nombre de deux : tout d’abord un débit trop
favorisant des doubles déclenchements quand le patient n’a pas fini élevé peut devenir inconfortable pour le patient qui a l’impression
son effort inspiratoire à la fin de l’insufflation [10]. De plus c’est la de recevoir « trop de gaz ». D’autre part, une augmentation du débit
prolongation de l’insufflation au-delà de l’inspiration neurale du s’associe à un raccourcissement du temps inspiratoire, qui en soi est
patient [28] qui va entraîner des difficultés de déclenchement inspi- un facteur d’augmentation de la fréquence respiratoire et d’hyper-
ratoire du cycle suivant, tels que des efforts inefficaces que nous ventilation [31-34]. Cette augmentation de fréquence se faisant avec
décrirons plus bas [29]. Ce réglage (temps inspiratoire, cyclage) peut un raccourcissement de l’expiration n’entraîne pas en général
donc cliniquement avoir un rôle important. d’augmentation de l’hyperinflation.
alors très mal tolérés par les malades! La pause télé-inspiratoire est VENTILATION ASSISTÉE CONTRÔLÉE INTERMITTENTE (VACI)
parfois mal tolérée si elle gène l’expiration du patient.
• Sur d’autres ventilateurs possédant un réglage direct du débit de Cette ventilation alterne des cycles contrôlés, le plus souvent de
pointe, le réglage du I/E permet de régler le temps de pause. En effet, type volume contrôlé (mais tous les réglages de cycles contrôlés sont
débit d’insufflation et volume courant déterminent un temps possibles), avec des cycles spontanés, ceux-ci étant ou non assistés
d’insufflation, alors que I/E et fréquence déterminent un temps d’aide inspiratoire.
inspiratoire : la différence entre les deux est donc un temps de pause Cette modalité ventilatoire avait été initialement proposée
télé-inspiratoire. Là encore, sans y prendre garde on peut aboutir à comme un moyen d’augmenter la ventilation alvéolaire lors de la
de très longs temps de pause, mal tolérés, si le réglage du rapport I/E ventilation en pression positive continue à haut niveau sur un
n’est pas soigneusement effectué. circuit à débit libre. Elle a rapidement été proposée pour le sevrage et
• La fréquence devrait pouvoir être réglée suffisamment basse pour était devenue très populaire, en particulier aux États-Unis, dans les
que le patient soit totalement responsable de la fréquence machine, périodes de sevrage progressif de la ventilation artificielle [35]. On a
comme une fréquence de sécurité, indépendante du réglage des longtemps pensé qu’un certain nombre d’avantages pouvaient être
cycles. Cependant là encore sur certains ventilateurs qui proposent obtenus avec ce mode, mais les résultats de toutes les études prospec-
un réglage du I/E, le réglage de la fréquence est rendu difficile par le tives randomisées ont au contraire montré des résultats très
couplage du débit inspiratoire et du rapport I/E. Prenons un décevants [36-39], amenant à déconseiller cette modalité pour le
exemple : on règle une fréquence basse de sécurité de 10.min–1, cela sevrage de la ventilation [40].
représente des cycles de 6 s; si le rapport I/E doit être réglé, et qu’il En pratique, la ventilation assistée contrôlée intermittente (en
est à 1/2, cela correspond à un temps inspiratoire de 2 s; si le volume anglais synchronized intermittent mandatory ventilation [SIMV])
réglé est de 500 ml le débit inspiratoire moyen (ou débit de pointe présente l’inconvénient majeur d’associer les difficultés de réglage de
en ventilation à débit carré) est alors de 500 ml en 2 s, soit deux techniques (cycles contrôlés et cycles spontanés). L’association
250 ml.s–1, soit 15 l.min–1 ! Ceci entraîne le plus souvent une très de l’aide inspiratoire à la VACI permet de diminuer le niveau de
mauvaise tolérance clinique de ce réglage et fait alors attribuer à la travail global du patient, mais risque de compliquer la stratégie de
VAC une mauvaise efficacité clinique qui n’est due en fait qu’au sevrage [21, 41]. Il est nécessaire de gérer différemment les deux
réglage inadéquat du ventilateur. types de cycle, par exemple dans le rythme de diminution du
support, ce qui complique les protocoles de sevrage. L’effort du
VENTILATION EN PRESSION CONTRÔLÉE patient est difficile à apprécier à travers l’alternance de ces cycles
mécaniques et spontanés. On a longtemps pensé que cet effort était
La ventilation assistée en pression contrôlée, dont l’inconvé- globalement proportionnel au nombre de cycles spontanés, ou
nient est l’absence de maîtrise du volume, est parfois plus facile à inversement proportionnel au nombre de cycles assistés. En fait, de
régler car le débit décélérant peut permettre, à débit moyen équiva- nombreuses démonstrations cliniques et expérimentales ont montré
lent, une meilleure tolérance que la ventilation assistée contrôlée en que les choses sont beaucoup plus complexes [42]. Cet effort est
volume (fig. 21.11) [3]. C’est en effet le débit au tout début de préférentiellement déterminé par les cycles les plus « difficiles » et
l’insufflation qui a l’impact le plus important sur le confort du aucune alternance cycle à cycle n’est observée au niveau de l’activité
malade. Cela est lié au fait que le début de l’insufflation s’effectue des muscles respiratoires. Ces inconvénients expliquent vraisembla-
souvent après le début de l’effort inspiratoire, qui précède l’insuffla- blement que cette modalité a abouti aux plus mauvais résultats dans
tion, du fait parfois de phénomènes d’hyperinflation dynamique, de les évaluations prospectives multicentriques randomisées. Les indi-
la résistance expiratoire du circuit et du trigger. On retrouve cepen- cations de ce mode devraient donc être limitées pour des périodes
dant avec la ventilation assistée en pression les limites d’un mode en transitoires, et motivées par un souci de sécurité. Une autre indica-
pression contrôlée (volume non garanti) sans avoir les avantages tion proposée est de rajouter quelques cycles mécaniques (un à deux
complets de confort respiratoire d’un autre mode en pression, qui est par minute) à l’aide inspiratoire, ayant une fonction de soupir, sans
l’aide inspiratoire, où le temps inspiratoire s’adapte mieux à la que cette indication n’ait été validée.
demande du patient. Lorsque l’on passe d’une ventilation en volume
contrôlée à une ventilation en pression, on se méfiera du fait que si AIDE INSPIRATOIRE OU PRESSION ASSISTÉE
le temps inspiratoire n’est pas suffisamment long la pression des
voies aériennes ne s’équilibre pas avec la pression alvéolaire (le débit L’aide inspiratoire consiste à assister chaque cycle spontané du
reste tout le temps positif) et la pression que l’on doit régler doit être patient par un niveau de pression prédéterminé, en se basant sur le
supérieure à la pression de plateau si on veut un volume courant volume courant et la fréquence spontanée choisie par le patient avec
équivalent. Par ailleurs, les modes en pression contrôlés en volume ce niveau [1, 2]. Des niveaux avoisinant 7 à 10 cmH2O sont consi-
loin de combiner les avantages des deux modalités en combinent dérés comme suffisants pour contrecarrer l’effet du circuit du
parfois les inconvénients! Nous ne les recommanderons donc pas. ventilateur et donc constituer un test de ventilation spontanée [43].
L’intérêt de ce mode est donc d’offrir à la fois la possibilité d’assister
le patient et de le tester quant à ses capacités d’être extubé. Son
inconvénient principal est la facilité avec laquelle on peut surassister
un patient, ainsi que la non-maîtrise du volume.
EFFETS PHYSIOLOGIQUES
Ce mode tente de s’adapter aux besoins du patient cycle par
cycle d’une manière plus physiologique qu’obtenue avec les modes
décrits plus haut [44]. En effet on retrouve une adaptation du venti-
lateur au déclenchement de l’inspiration (trigger), mais aussi à la fin
de l’inspiration qui s’arrête lorsque le signal de débit chute en
dessous d’une certaine valeur (par exemple 25 % du débit de crête)
(fig. 21.12). Le réglage à effectuer est celui du niveau de pression,
administré de manière à peu près constante dans les voies aériennes
pendant l’inspiration. Cette pressurisation est responsable du
volume courant et de la quantité d’effort effectuée par le patient qui
va « s’adapter » en adoptant une certaine fréquence respiratoire. Il
s’agit donc d’un réglage de type essai et erreur, où, le niveau de pres-
sion sera adapté pour obtenir soit un certain volume courant (plus
Figure 21.11 Comparaison de la ventilation assistée contrôlée en volume proche cette fois-ci de 6 à 8 ml.kg–1) soit une fréquence respiratoire
(ACV) et en pression (APCV) à deux niveaux de volume courant : 8 ou souvent entre 25 et 30 cycles.min–1 [45]. De nombreux travaux clini-
12 ml.kg–1, sur le travail respiratoire (WOB) de patients de réanimation ques ont permis de démontrer la grande efficacité de ce mode à
intubés et ventilés artificiellement. s’adapter à la ventilation spontanée du patient et, à augmenter le
Pour un volume élevé [12], aucune différence n’est visible. Pour un volume courant spontané du patient. De l’augmentation de volume
niveau faible (8), le travail est plus élevé en ACV qu’en APCV. Cet effet s’ensuit une baisse de la fréquence respiratoire spontanée du patient
est lié à la forme du débit d’insufflation [d’après 32]. en quelques cycles [46], marqueur de l’efficacité de l’assistance et
44200_Volume3 Page 326 Jeudi, 12. février 2009 11:34 11
Paw
cmH2O
VT
ml
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AUTRES MODALITÉS DE VENTILATION
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[54] Parthasarathy, S., and Tobin, M. J. Sleep in the intensive care unit. Intensive ratoire (Te). On peut cependant étendre cette définition à
Care Med 2004 30:197-206. l’utilisation d’un Ti prolongé, que cette prolongation résulte ou non
[55] Bonmarchand, G., Chevron, V., Chopin, C., Jusserand, D., Girault, C.,
Moritz, F., Leroy, J., and Pasquis, P. Increased initial flow rate reduces inspira- en un rapport I/E supérieur à 1 [1].
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different inspiratory rise time and cycling off criteria during pressure support
ventilation in patients recovering from acute lung injur y. Crit Care Med 2003 L’IRV est proposée comme alternative à la ventilation avec I/E
31:2604-10. conventionnel, dans les formes graves de SDRA. Son intérêt théo-
[57] Tassaux, D., Gainnier, M., Battisti, A., and Jolliet, P. Impact of expiratory
trigger setting on delayed cycling and inspiratory muscle workload. Am J rique repose sur le fait que ce mode ventilatoire permet d’augmenter
Respir Crit Care Med 2005 172:1283-9. la pression alvéolaire moyenne, considérée comme un déterminant
[58] Tassaux, D., Michotte, J. B., Gainnier, M., Gratadour, P., Fonseca, S., and majeur de l’oxygénation artérielle au cours du SDRA, sans
Jolliet, P. Expiratory trigger setting in pressure support ventilation: from
mathematical model to bedside. Crit Care Med 2004 32:1844-50. augmenter la pression alvéolaire maximale et donc le risque de baro-
[59] Esteban, A., Alia, I., Gordo, F., Fernandez, R., Solsona, J. F., Rialp, G., Macias, traumatisme [1].
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MODALITÉS DE RÉALISATION
Vermesch, R., Bertrand, M., Pingat, J., Tardy, B., et al. Weaning from mecha-
nical ventilation with pressure support in patients failing a T-tube trial of Dans la plupart des publications, l’IRV est réalisée en pression
spontaneous breathing. Intensive Care Med 2006 32:165-9.
[61] Dojat, M., Brochard, L., Lemaire, F., and Harf, A. A knowledge based systems contrôlée (PC-IRV) (fig. 21.14) [2-7]. Il est cependant tout à fait
for assisted ventilation of patients in intensive care units. Int J Clin Monit possible de réaliser l’IRV en volume contrôlé (VC-IRV), il suffit pour
Comput 1992 9:239-250. cela d’utiliser un débit inspiratoire lent et/ou une pause télé-inspira-
[62] Dojat, M., Harf, A., Touchard, D., Laforest, M., Lemaire, F., and Brochard, L.
Evaluation of a knowledge-based system providing ventilator y management toire prolongée (fig. 21.14). Bien sûr, la VC-IRV et la PC-IRV diffèrent
and decision for extubation. Am J Respir Crit Care Med. 1996 153:997-1004. complètement quant aux conséquences de la survenue ou de
[63] Lellouche, F., Mancebo, J., Jolliet, P., Roeseler, J., Schortgen, F., Dojat, M., l’augmentation d’une pression expiratoire positive intrinsèque
Cabello, B., Bouadma, L., Rodriguez, P., Maggiore, S., et al. A multicenter
randomized trial of computer-driven protocolized weaning from mechanical (PEPi) qui se traduit par une augmentation des pressions inspira-
ventilation. Am J Respir Crit Care Med 2006 174:894-900. toires en VC-IRV et par une diminution du volume courant en PC-
Débit
Pression
Figure 21.14. Courbes de pression et de débit obtenues, chez un patient atteint de SDRA, en ventilation conventionnelle (volume contrôlé, I/E = 1/2), et en ventilation
avec inversion du rapport I/E (I/E = 2/1) réalisée en pression contrôlée (PC-IRV) ou en volume contrôlé (VC-IRV) à même PEP (12 cmH2O) et même volume courant
(450 ml).
44200_Volume3 Page 329 Jeudi, 12. février 2009 11:34 11
IRV. L’inconfort induit par l’IRV impose le recours à une sédation d’amélioration, voire même la dégradation de l’oxygénation arté-
profonde, éventuellement associée à une curarisation. rielle observée en IRV dans ces études pourrait être liée à
l’hétérogénéité de réparition de la PEPi entre unités à constantes de
EFFETS SUR LA MÉCANIQUE RESPIRATOIRE temps différentes. Par ailleurs, ces données remettent en cause le rôle
de la pression moyenne des voies aériennes comme déterminant
À fréquence respiratoire constante, l’inversion du rapport I/E majeur de la réduction du shunt intrapulmonaire au cours du SDRA
s’accompagne d’une réduction du Te. Cette réduction du Te peut être au profit du rôle essentiel de la pression télé-expiratoire.
responsable de l’apparition d’une PEPi dont le niveau dépend de la
durée du Te, du volume courant et des résistances expiratoires. À titre Tableau 21.2. Effets gazométriques de la ventilation avec inversion
d’exemple, dans une étude ayant évalué, chez 10 patients atteints de du rapport I/E (IRV) au cours du SDRA : résultats des études
SDRA, la PC-IRV avec un rapport I/E établi à 2/1, une fréquence respi- contrôlées ayant comparé l’IRV à la ventilation conventionnelle (VC)
ratoire de 20/min et un volume courant de 9,5 ml/kg en moyenne, à volume courant et PEPtot constants.
les valeurs de PEPi mesurées étaient de 8,4 ± 0,9 cmH2O [5].
L’IRV induit constamment une augmentation de la pression Patients PaO2 (mmHg) PaCO2 (mmHg)
moyenne des voies aériennes dont l’ampleur dépend de l’éventuelle Références (n) VC IRV VC IRV
survenue d’une PEPi, de l’importance de la prolongation du Ti et à
un moindre degré de la modalité ventilatoire utilisée. 4 1
10 76 ± 4 103 ± 13 3
38 ± 4 31 ± 23
À PEPtot (PEPtot = PEP + PEPi) et à volume courant constants, la
PC-IRV et la VC-IRV en débit lent induisent une pression de pic infé- 51 10 83 ± 6 87 ± 93 45 ± 5 39 ± 43
rieure à celle observée en ventilation conventionnelle (fig. 21.14) [2- 61 8 117 ± 12 107 ± 153 40 ± 2 39 ± 23
8]. Cette diminution de la pression de pic est uniquement liée à une
1 3
diminution de la composante résistive de cette pression et ne 7 9 109 ± 82 91 ± 7 61 ± 5 58 ± 63
témoigne donc en rien d’une diminution de la pression alvéolaire
télé-inspiratoire, et donc du risque de barotraumatisme, comme
82 8 83 ± 7 92 ± 143 55 ± 5 48 ± 33
l’atteste l’absence de diminution conjointe de la pression de plateau 141 8 98 ± 10 82 ± 103 39 ± 3 35 ± 23
([5-8].
La PEPi produite par l’IRV induit une augmentation de volume 142 8 98 ± 10 95 ± 133 39 ± 3 38 ± 23
télé-expiratoire équivalente à celle induite par un niveau égal de PEP 1 : IRV réalisée en pression contrôlée; 2 : IRV réalisée en volume contrôlé et 3 : différence
externe en ventilation conventionnelle [9]. Cependant, des considé- statistiquement significative.
rations théoriques suggèrent que la PEPi pourrait avoir des
conséquences différentes de celles de la PEP externe en termes de ÉLIMINATION DU CO2
recrutement alvéolaire. En effet, alors que la PEP externe s’applique
de façon homogène à l’ensemble du poumon, la PEPi mesurée par la De nombreuses études cliniques ont montré que la prolonga-
technique de l’occlusion télé-expiratoire correspond à une valeur tion du Ti s’accompagnait d’une diminution de l’espace mort
moyenne des PEPi « locales » des différentes unités pulmonaires à physiologique [15-17]. Les mécanismes à l’origine de cette augmen-
constantes de temps différentes [10]. Ainsi, les unités à constantes de tation de la clairance du CO2 ne sont pas parfaitement connus. Les
temps courtes peuvent être exposées à un niveau de PEPi locale deux mécanismes le plus souvent évoqués sont d’une part une
beaucoup plus bas que celui mesuré par l’occlusion télé-expiratoire amélioration de la mixique entre gaz alvéolaire et gaz bronchique et
[10]. Cette hétérogénéité de répartition de la PEPi pourrait expliquer d’autre part une meilleure synchronisation entre l’évolution de la
une moindre efficacité que la PEP externe en termes de recrutement pression alvéolaire en CO2 (PACO2) au cours du cycle respiratoire et
alvéolaire [7, 8, 10, 11]. le début de l’expiration [18]. Cette explication, développée par
Les études tomodensitométriques et de mécanique respiratoire Knelson [17] repose sur le fait qu’en l’absence de pause télé-inspira-
ont bien démontré l’existence, au cours du SDRA, d’un recrutement toire l’expiration débute alors que le PACO2 est à son niveau
alvéolaire progressif dans le volume courant, persistant lors de l’utili- minimal alors qu’en IRV, la PACO2 augmente progressivement
sation de niveaux élevés de PEP [12, 13]. Ces territoires recrutés pendant la pause télé-inspiratoire pour être proche de son niveau
pendant l’insufflation resteront ouverts d’autant plus longtemps au maximal au début de l’expiration [18].
cours du cycle que la pression inspiratoire est maintenue longtemps,
c’est-à-dire que le Ti est prolongé. Plusieurs des études ayant comparé ventilation conventionnelle
et IRV à fréquence respiratoire et volume courant constants ont
rapporté une diminution de la PaCO2 en IRV, en général d’amplitude
EFFETS SUR LES ÉCHANGES GAZEUX modeste (tableau 21.2).
OXYGÉNATION ARTÉRIELLE
LÉSIONS PULMONAIRES INDUITES PAR LA VENTILATION
Plusieurs études rétrospectives ont permis de mettre en
évidence, chez des patients atteints de SDRA, une amélioration signi- Quelques données expérimentales suggèrent qu’à PEPtot et
ficative de l’oxygénation artérielle après passage d’une ventilation volume courant constants, l’IRV puisse aggraver le risque de lésions
conventionnelle à l’IRV [2, 3]. Trois mécanismes ont été proposés pulmonaires induites par la ventilation. Ainsi, Ludwigs et coll. ont
pour expliquer cette augmentation de la PaO2 : rapporté une augmentation de la clairance pulmonaire du DTPA
– l’augmentation de la PEPtot secondaire à l’apparition d’une PEPi; (indice de perméabilité épithéliale) en IRV dans un modèle animal
– l’augmentation de la ventilation des territoires à longue constante de SDRA (injection d’acide oléique chez le lapin) [19].
de temps;
– un recrutement alvéolaire secondaire à l’augmentation de la pres-
sion moyenne des voies aériennes. CONSÉQUENCES HÉMODYNAMIQUES
Les effets à court terme (30 min à 1 h) de l’IRV ont été évalués
dans six études prospectives contrôlées [4-8, 14]. Dans ces études, En ventilation contrôlée, la pression moyenne des voies
IRV et ventilation conventionnelle étaient comparées à niveau cons- aériennes, reflet de la pression alvéolaire moyenne, constitue le
tant de PEPtot. L’IRV était réalisée soit en utilisant un rapport I/E déterminant majeur du retentissement hémodynamique de la venti-
fixe, prédéterminé (en général 2/1), associé à une adaptation du lation en pression positive [20]. Toute modification des paramètres
niveau de PEP permettant d’obtenir le même niveau de PEPtot qu’en ventilatoires à l’origine d’une augmentation de la pression alvéolaire
ventilation conventionnelle [4, 5, 7, 8], soit en adaptant le rapport I/ moyenne (augmentation de la PEP, du volume courant, de la
E pour obtenir une PEPi égale au niveau de PEP externe utilisé en fréquence respiratoire ou du Ti) est susceptible d’entraîner une dimi-
ventilation conventionnelle [6, 14]. Globalement, ces études nution du débit cardiaque. À ce titre, l’IRV peut induire une
démontrent qu’à PEPtot constante l’IRV n’induit pas d’amélioration diminution du débit cardiaque et ce, même en l’absence d’augmen-
de l’oxygénation artérielle (tableau 21.2). Ces résultats suggèrent que tation de la PEPtot [4, 5, 8]. Compte tenu de la relation liant débit
l’augmentation de PaO2 observée dans les études antérieures, au cardiaque et shunt intrapulmonaire au cours du SDRA [21], cet effet
cours desquelles la PEPi n’était pas mesurée, était très probablement de l’IRV sur le débit cardiaque doit être pris en compte dans l’inter-
due à une augmentation de PEPtot passé inaperçue. L’absence prétation d’une éventuelle augmentation de la PaO2 avec le mode.
44200_Volume3 Page 330 Jeudi, 12. février 2009 11:34 11
EFFET TEMPS-DÉPENDANT La BIPAP ne doit pas être confondue avec le terme BiPAP (Bilevel
Positive Airway Pressure), nom commercial d’un ventilateur de domi-
Quelques publications ont fait état d’une amélioration progres- cile (Respironics), parfois utilisé en milieu hospitalier pour faire de la
sive de l’oxygénation dans les heures suivant la mise en IRV de ventilation non invasive, fonctionnant principalement en mode VS-
patients atteints de SDRA [2]. L’existence de cet effet temps-dépen- AI-PEP [27].
dant de l’IRV a été remise en cause par deux études contrôlées ayant En BIPAP, les contributions respectives de l’assistance ventila-
évalué les effets de l’IRV sur 6 et 24 heures [8, 22]. Ainsi, chez un toire délivrée par la machine et de la ventilation spontanée du
patient donné, il n’apparaît pas nécessaire d’attendre plusieurs patient à la ventilation minute dépendent d’une part des réglages de
heures pour juger des effets de l’IRV. la machine (fréquence et différence entre pression haute et pression
basse) et d’autre part du nombre et de la qualité des efforts inspira-
toires réalisés par le patient.
PROLONGATION DU TI SANS INDUCTION DE PEPI Chez un patient ne présentant aucune ventilation spontanée, la
BIPAP est strictement identique à la ventilation en pression
Dans toutes les études précédemment citées, l’IRV était réalisée contrôlée. À l’opposé, chez un patient ayant une ventilation spon-
de telle manière qu’elle s’accompagnait de la survenue d’une PEPi, tanée, la BIPAP peut être assimilée à une VS-PEP avec variations
de sorte que la PEP externe devait être réduite pour maintenir la cycliques du niveau de PEP [26]. Afin d’éviter que le passage de la
PEPtot au même niveau qu’en ventilation conventionnelle. Il est pression basse à la pression haute ne survienne pendant la phase
cependant possible de titrer la prolongation du Ti de telle sorte expiratoire d’un cycle spontané (source d’inconfort), ce passage est
qu’elle n’induise pas l’apparition d’une PEPi. Une étude animale et synchronisé aux efforts inspiratoires survenant pendant les derniers
des données humaines préliminaires semblent indiquer que cette 25 % du temps de pression basse. On peut ainsi observer quatre
stratégie permet d’obtenir une amélioration modeste mais significa- types distincts de cycles respiratoires au cours de la ventilation en
tive de l’oxygénation artérielle et de l’élimination du CO2, sans BIPAP :
augmentation de la pression de plateau [23, 24].
– des cycles passifs identiques à ceux observés en pression contrôlée;
– des cycles spontanés survenant pendant le temps de pression
CONCLUSION basse;
– des cycles spontanés survenant pendant le temps de pression
L’IRV n’a pas fait la preuve de son intérêt dans la prise en charge haute;
des patients atteints de SDRA [25]. Son utilisation éventuelle néces- – des cycles assistés correspondants au déclenchement de la montée
site une évaluation précise de ses effets tant sur la mécanique de pression à l’occasion d’une inspiration spontanée survenant
respiratoire (PEPi et pression de plateau), que sur les échanges pendant le dernier quart du temps de pression basse [28].
gazeux et sur le débit cardiaque. Par ailleurs, il est possible d’adjoindre une aide inspiratoire aux
cycles spontanés survenant au cours du temps de pression basse.
BIPHASIC POSITIVE AIRWAY PRESSURE
UTILISATION
DESCRIPTION
Les partisans de la BIPAP considèrent que l’absence de synchro-
La Biphasic Positive Airway Pressure (BIPAP) est un mode d’assis- nisation entre l’assistance mécanique et cycles spontanés, inhérente
tance ventilatoire partielle au cours duquel le ventilateur applique à ce mode, permet d’éviter les phénomènes de désadaptation
aux voies aériennes deux niveaux de pression dont les valeurs et les patient-ventilateur observés dans les modes assistés et ainsi de dimi-
durées d’application sont déterminées par réglage tout en laissant, à nuer le besoin en sédatifs [29]. Les données publiées sont beaucoup
tout moment (pendant le temps de pression haute comme pendant trop limitées pour juger du bien fondé de cette opinion.
le temps de pression basse), la possibilité pour le patient d’effectuer La BIPAP peut théoriquement être utilisée dans la plupart des
des cycles spontanés (fig. 21.15) [26]. indications de la ventilation mécanique et ce, aussi bien comme
Pression
Débit
Volume
5s
Figure 21.15. Courbes de pression des voies aériennes et de débit et de volume pulmonaire obtenues chez un patient ventilé en BIPAP.
44200_Volume3 Page 331 Jeudi, 12. février 2009 11:34 11
UTILISATION
Les insuffisances respiratoires hypoxémiques constituent les De nombreuses études expérimentales et cliniques ont
indications préférentielles de l’APRV [31]. En l’absence de ventila- démontré l’efficacité de l’HFO en termes d’échanges gazeux.
tion spontanée, l’APRV est strictement identique à la PC-IRV. Dans L’intérêt de l’HFO en termes de prévention des lésions induites par la
les insuffisances respiratoires aiguës de gravité moyenne, le maintien ventilation est suggéré par des études expérimentales réalisées sur
d’une ventilation spontanée qu’autorise l’APRV permet d’améliorer des modèles de déplétion en surfactant.
significativement l’oxygénation artérielle [32]. Cet effet bénéfique Chez le nouveau-né, plusieurs essais cliniques ont montré que
pourrait être lié à un recrutement des zones postérieures et infé- l’HFO était une alternative possible à la ventilation conventionnelle
rieures du poumon, zones sujettes à l’atélectasie chez les sujets en au cours de la maladie des membranes hyalines, même si sa supério-
décubitus dorsal, placés sous ventilation mécanique. Par ailleurs, rité par rapport à une ventilation conventionnelle de type
l’APRV pourrait exercer un effet temps-dépendant défini par une « protectrice » n’est pas formellement démontrée [36]. Les données
amélioration progressive de l’oxygénation dans les heures suivant sa cliniques disponibles concernant le SDRA sont assez limitées, elles
mise en route [22]. Enfin, dans un essai randomisé portant sur des portent sur des patients considérés comme impossible à ventiler en
patients polytraumatisés, il a été suggéré que l'APRV pouvait ventilation conventionnelle et montrent essentiellement qu’il est
s'accompagner d'un moindre besoin de sédatifs et d'une meilleure possible d’utiliser l’HFO chez ces patients et qu’elle peut permettre
tolérance hémodynamique que la ventilation en pression assistée d’améliorer significativement l’oxygénation artérielle des patients les
contrôlée [33]. plus hypoxémiques, notamment quand elle est utilisée dans une
logique d’optimisation du recrutement alvéolaire au moyen d’une
pression moyenne élevée associée à des manœuvres de recrutement
VENTILATION PAR OSCILLATIONS [34, 37, 38]. En l’absence de bénéfice démontré, l’HFO doit être
considérée comme une technique en cours d’évaluation, dont l’utili-
À HAUTE FRÉQUENCE sation doit être réservée aux SDRA les plus graves et limitée à des
centres spécialisés dans le cadre d’études cliniques [39].
La ventilation par oscillations à haute fréquence consiste à
insuffler à une fréquence élevée (180 à 900/min) un volume courant
inférieur à l’espace mort anatomique [34]. Dans ce mode de ventila- INSUFFLATION TRACHÉALE DE GAZ (TGI)
tion, la pression de distension est générée par un débit continu (20 à
40 L/min) de gaz et une valve expiratoire. Le réglage de cette valve L’insufflation trachéale de gaz (TGI) consiste à injecter dans la
permet de régler la pression moyenne des voies aériennes (25 à 35 trachée, de manière continue ou pendant tout ou partie de l’expira-
cmH20, voire plus) qui est avec la FiO2 le déterminant majeur de tion, du gaz frais dans le but d’améliorer la ventilation alvéolaire
l’oxygénation artérielle. Les oscillations d’une membrane de haut- [40]. La TGI permet de diminuer le contenu en CO2 de l’espace mort
parleur (3 à 10 Hz) génèrent des variations de pression des voies anatomique et instrumental et ainsi de diminuer la concentration en
aériennes responsables de la mobilisation du volume courant CO2 du gaz propulsé vers les alvéoles lors de l’insufflation suivante.
insufflé et exsufflé. Le réglage conjoint de la fréquence et de l’ampli- Cet effet de « lavage » de l’espace mort anatomique et instrumental
tude des mouvements de la membrane permet de controler permet de diminuer l’espace mort physiologique et ainsi de dimi-
l’élimination du CO2 qui est d’autant meilleure que la fréquence est nuer la PaCO2. Ainsi, la TGI pourrait permettre soit de corriger au
« basse » et l’amplitude de la variation de pression est grande. Les moins en partie une éventuelle acidose respiratoire majeure liée à
mécanismes gouvernant les transports de gaz en HFO sont l’utilisation d’un petit volume courant, soit de réduire le volume
complexes (fig 21.16) [35]. courant et donc le risque de surdistension à PaCO2 constante [41]. La
L’intérêt théorique de l’HFO au cours du SDRA est de permettre TGI est réalisée en insérant dans la sonde d’intubation un cathéter
tout à la fois un recrutement alvéolaire maximal par le biais d’une par lequel est injecté du gaz dépourvu de CO2 soit tout au long du
pression moyenne élevée et une limitation du risque de surdisten- cycle respiratoire, soit uniquement pendant la phase expiratoire. Les
sion du fait de l’utilisation d’un volume courant très réduit. L’HFO principaux déterminants de l’efficacité de la TGI sur l’élimination du
n’est cependant pas exempte d’inconvénients : nécessité d’un venti- CO2 sont le débit de gaz (4 à 10 L/mn en général), le type d’injection
lateur spécifique, absence de monitorage de la pression alvéolaire (continu ou expiratoire), le site d’injection (distal ou proximal), la
maximale, effet hémodynamique délétère des pressions intrathoraci- direction du jet (antérograde ou rétrograde), la part de l’espace mort
ques élevées, nécessité d’une sédation profonde, nécessité d’un anatomique et instrumental dans l’espace mort total, la durée tu
apprentissage du fonctionnement et des modalités de réglage, temps expiratoire.
impossibilité de tout transport du patient, sémiologie très spécifique La TGI augmente la PEP intrinsèque du fait de l’augmentation
en cas de complication (obstruction de sonde, atélectasie, des résistances expiratoires liée à la présence du cathéter d’une part,
pneumothorax). et en raison de la contre-pression générée par le flux gazeux d’autre
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part. Cet effet est d’autant plus marqué que la TGI est continue et par voie chirurgicale ou percutanée. Le sang est drainé par une
que le débit est élevé. Il est prévenu par l’utilisation d’un cathéter pompe occlusive ou centrifuge à un débit modéré (20 % du débit
permettant l’injection rétrograde. Cet effet explique l’amélioration cardiaque) vers 2 membranes artificielles balayées par des gaz humi-
de l’oxygénation observée avec la TGI dans certaines études. En difiés et réchauffés. Le sang épuré de CO2 est réinjecté dans la veine
ventilation en volume contrôlé, il expose au risque de majoration de cave inférieure. Les principaux avantages de cette méthode par
la distension attesté par une augmentation de la pression de plateau. rapport à l’ECMO sont l’absence d’abord artériel, le débit de CEC
La manœuvre d’occlusion télé-expiratoire pour la mesure de la PEP bien inférieur, la préservation de la circulation pulmonaire et la mise
totale n’est utilisable que si l’occlusion est associée à une interrup- au repos du poumon autorisée par la ventilation quasi apnéique. Les
tion synchronisée du flux gazeux de TGI. principales complications sont d’ordre hémorragique, liées aux
Lors de l’utilisation d’un débit continu, la TGI contribue au abords vasculaires et à la nécessité d’une anticoagulation.
volume courant. En volume contrôlé, l’augmentation du VT peut Plusieurs équipes, notamment européennes, ont rapporté des
être estimée à partir du débit de gaz et de la durée du temps inspira- résultats jugés intéressants avec un taux de survivants supérieur à
toire. Une réduction équivalente du volume courant réglé permet de 40 % [50]. Cependant, le seul essai randomisé réalisé à ce jour n’a
maintenir constant le VT effectif. En pression contrôlée, la TGI pas permis de mettre en évidence un bénéfice en termes de survie
contribue à la pressurisation inspiratoire des voies aériennes et par rapport à la ventilation conventionnelle [51].
induit donc une diminution du VT délivré par la machine permet- De nombreuses déclinaisons de ces techniques extracorporelles
tant de maintenir le VT effectif constant. ont été proposées. Parmi celles-ci, on peut signaler l’ECMO veino-
Idéalement, le gaz administré en TGI devrait être chauffé et veineuse qui fait actuellement l’objet d’un vaste essai randomisé au
humidifié. Malheureusement, les humidificateurs actuellement Royaume-Uni [52]. Enfin, le système très simple d’ECCO2R artério-
disponibles ne supportent pas les hauts niveaux de pression néces- veineux sans pompe récemment proposé pourrait, s’il s’avérait effi-
saires à la génération de débits de 5 à 10 L/mn dans un cathéter. cace, constituer une alternative intéressante aux techniques
L’utilisation de sondes d’intubation spéciales pourvues de fins classiques, au moins chez les patients stables au plan
canaux au sein de leur paroi permet de réaliser la TGI sans la hémodynamique.
contrainte technique majeure que constitue le cathéter [42]. Il n’est pas exclu que ces techniques puissent permettre à
Aucune étude clinique de grande envergure n’a documenté certains patients atteints de SDRA très grave de survivre, ce d’autant
l’innocuité et l’éventuel intérêt autre que physiologique de la TGI. que les progrès technologiques ont permis d’en améliorer l’efficacité
Une autre approche visant à réduire l’espace mort a été et la tolérance. Cependant, compte-tenu des risques potentiels et des
proposée par Bjorn Jonson : elle consiste à aspirer pendant l’expira- coûts inhérents à leur mise en œuvre, elles doivent être évaluées et
tion le gaz contenu dans l’espace mort anatomique et à le remplacer comparées au traitement de référence (ventilation protectrice opti-
par du gaz frais injecté dans la branche inspiratoire du respirateur. misée) avec la même rigueur scientifique que celle avec laquelle ont
Cette technique a été validée notamment au cours du SDRA [43]. été évaluées les autres techniques proposées en cas d’hypoxémie
réfractaire (PEP élevée, NO inhalé, décubitus ventral).
La méthode la plus simple de réduction de l’espace mort [1] Marcy TW. Marini JJ. Inverse Ratio Ventilation in ARDS. Rationale and Imple-
consiste à réduire l’espace mort instrumental. L’espace mort instru- mentation. Chest 1991, 100 : 494-504.
mental correspond au volume interne de l’ensemble des conduits [2] Tharratt RS, Allen RP, Albertson TE. Pressure controlled inverse ratio ventila-
tion in severe adult respiratory failure. Chest 1988, 94 : 755-762.
séparant la pièce en Y du respirateur de la lumière trachéale. Ce [3] Abraham E, Yoshihara G. Cardiorespiratory effects of pressure controlled
volume peut atteindre plus de 220 ml lors de l’utilisation d’un filtre inverse ratio ventilation in severe respiratory failure. Chest 1989, 96 : 1356-
échangeur de chaleur et d’humidité et d’un raccord annelé. Plusieurs 1359.
[4] Chan K, Abraham E. Effects of inverse ratio ventilation on cardiorespirator y
études ont montré qu’au cours du SDRA, le remplacement du filtre parameters in severe respiratory failure. Chest 1992, 102 : 1556-1561.
échangeur de chaleur et d’humidité par un humidificateur chauffant [5] Mercat A, Graini L, Teboul JL, Lenique F, Richard C. Cardiorespiratory effects
permettait de soit de réduire significativement la PaCO2 à volume of pressure controlled ventilation with and without inverse ratio in the adult
respiratory distress syndrome. Chest 1993, 104 : 871-875.
courant et pression de plateau constants, soit de réduire le volume [6] Mancebo J, Vallverdú I, Bak E, Domínguez G, Subirana M, Benito S, Net
courant et donc la pression de plateau à PaCO2 constante [44, 45]. A. Volume-controlled ventilation and pressure-controlled inverse ratio
Dans une étude physiologique portant sur 6 patients atteints de ventilation : a comparison of their effects in ARDS patients. Monaldi Arch
SDRA, Richecœur et al. ont montré que la réduction de l’espace mort Chest Dis 1994, 49 : 201-207.
[7] Lessard MR, Guérot E, Lorino H, Lemaire F, Brochard L. Effects of pressure-
instrumental associée à une augmentation de la fréquence respira- controlled ventilation with different I : E ratios versus volume-controlled
toire permettait d’obtenir une diminution de PaCO2 équivalente à ventilation on respiratory mechanics, gas exchange, and hemodynamics in
celle induite par la TGI [46]. patients with adult respiratory distress syndrome. Anesthesiology 1994, 80 :
983-991.
[8] Mercat A, Titiriga M, Anguel N, Richard C, Teboul JL. Inverse ratio ventilation
(I/E = 2/1) in acute respiratory distress syndrome. Amer J Respir Crit Care Med
ASSISTANCE RESPIRATOIRE EXTRACORPORELLE 1997, 155 : 1637-1642.
[9] Salin J, Brunet F, Monchi M et coll. Comparaison des effets de la PEP extrin-
Les techniques d’assistance respiratoire extracorporelles visent à sèque et intrinsèque sur la CRF des malades ventilés pour SDRA. Réan Urg
1994, 3 : 679A.
suppléer tout ou partie de l’oxygénation et/ou de l’épuration du CO2 [10] Kacmarek RM, Krimse M, Nishimura M, Mang H, Kimball WR. The effect of
par le biais d’une membrane placée sur un circuit extracorporel [47]. applied vs auto-PEEP on local lung unit pressure and volume in a four-unit
Historiquement, la première technique d’assistance respiratoire lung model. Chest 1995, 108 : 1073-1079.
[11] Brandolese R, Broseghini C, Polese G, Bernasconi M, Brandi G, Milic-Emili J,
extracorporelle fut l’ECMO (extracorporeal membrane oxygenation), Rossi A. Effects of intrinsic PEEP on pulmonary gas exchange in mechani-
technique fondée sur la mise en place d’une circulation extracorpo- cally-ventilated patients. Eur Respir J 1993, 6 : 358-363.
relle veino-artérielle proche de celle utilisée en chirurgie cardiaque. [12] Gattinoni L, Pelosi P, Crotti S, Valenza F. Effects of positive end-expiratory
pressure on regional distribution of tidal volume and recruitment in adult
Cette méthode reste utilisée en réanimation néonatale en cas respiratory distress syndrome. Amer J Respir Crit Care Med 1995, 151 : 1807-
d’hypoxémie réfractaire aux traitements moins invasifs (surfactant, 1814.
NO inhalé, HFO). Elle a été quasi complètement abandonnée chez [13] Neumann P, Berglund JE, Mondéjar EF, Magnusson A, Hedenstierna G. Effect
of different pressure levels on the dynamics of lung collapse and recruitment
l’adulte, depuis la publication en 1979 d’un essai nord-américain ne in oleic acid-induced lung injury. Amer J Respir Crit Care Med 1998, 158 :
montrant pas de bénéfice de survie par rapport à la ventilation 1636-1643.
mécanique [48]. [14] Zavala E, Ferrer M, Polese G et coll. Effect of inverse I : E ratio ventilation on
pulmonary gas exchange in acute respiratory distress syndrome. Anesthesio-
L’ECMO a été supplantée chez l’adulte par une méthode dont logy 1998, 88 : 35-42.
l’objectif premier est d’assurer l’élimination du CO2, dénommée [15] Fuleihan SF, Wilson RS, Pontoppidan H. Effect of Mechanical Ventilation
pour cette raison ECCO2R pour extracorporeal CO2 removal [49]. with End-Inspiratory Pause on Blood-Gas Exchange. Anesth Analg 1976, 55 :
122-130.
L’ECCO2R est associée à une injection intratrachéale continue [16] Cole AGH, Weller SF, Sykes MK. Inverse ration ventilation compared with
d’oxygène et à une ventilation à très basse fréquence avec PEEP, PEEP in adult respiratory failure. Intens Care Med 1984, 10 : 227-232.
permettant de maintenir le poumon ouvert et d’assurer une oxygé- [17] Knelson JH, Howatt WF, De Muth GR. Effect of respiratory pattern on
nation apnéique. L’élimination du CO2 est assurée par le circuit alveolar gas exchange. J Appl Physiol 1970, 29 : 328-331.
[18] Brower RG, Fessler HE, Shanholtz C. Hypoxemic respiratory failure. Yearbook
extracorporel. Il s’agit d’un système relativement simple veino- of intensive care and emergency medicine. Vincent JL ed. Springer-Verlag,
veineux (fémoro-fémoral). Les canules (19 – 25 French) sont insérées Berlin, 1997 : 547-555.
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inspiratoire [11]. Par ailleurs, la mécanique du système respiratoire particulier la facilité de placement de la sonde œsophagienne
change au cours de la journée et des mesures régulières devraient être permettant de recueillir l’EMG diaphragmatique, la qualité et la
réalisées pour ajuster au mieux ce mode. Ces problèmes pourraient être stabilité de ce signal sur des durées prolongées de ventilation ne sont
résolus par l’amélioration apportée récemment au système (sous le pas rapportées. D’autre part, il n’est pas certain que l’amélioration de
nom de PAV +) qui permet une mesure intermittente automatisée de la synchronie patient-ventilateur se traduise par un bénéfice sur
l’élastance et de la résistance du patient [12,13]. l’évolution clinique des patients.
Malgré l’intérêt potentiel de ce mode, il n’existe pas actuelle- En dehors de l’étude descriptive princeps publiée il y a près de dix
ment de preuve que la PAV change l’évolution clinique des patients ans [5], il n’existe pas de données cliniques chez des patients ventilés
en comparaison avec l’aide inspiratoire [8]. Deux études randomi- avec la NAVA. Il existe des données évaluant le trigger neural (déclen-
sées ont comparé la PAV et l’aide inspiratoire sur des critères chement de l’inspiration sur le signal de l’EMGdi mais avec un niveau
évolutifs et n’ont pas montré de différence en particulier en terme de d’assistance fixe) chez des sujets sains [16], des données sur l’assistance
durée de ventilation mécanique, de durée de séjour aux soins inten- par la NAVA chez des sujets sains [17] ainsi que plusieurs études chez
sifs ou de mortalité [14,15]. Ces études ont été réalisées en l’animal qui montrent l’intérêt potentiel de ce mode [18,19]. La NAVA
ventilation non invasive, qui n’est probablement pas la situation reste un mode expérimental de ventilation très intéressant et promet-
clinique la plus avantageuse pour la PAV compte tenu de la présence teur mais nécessite plus d’évaluations cliniques pour connaître son
des fuites. Des études évaluant ce mode au cours du sevrage de la bénéfice réel et les éventuelles indications de ce mode.
ventilation mécanique sont souhaitables.
ADAPTATIVE SUPPORT VENTILATION (ASV)
NEURALLY ADJUSTED VENTILATORY ASSIST
L’ASV est un mode de ventilation en pression dont les cycles
(NAVA) délivrés au patient peuvent être assistés ou contrôlés. Les caractéristi-
ques des cycles délivrés reposent sur le réglage d’une ventilation/
La NAVA est un nouveau mode de ventilation assistée [5] qui n’est minute cible par le clinicien et sur des mesures automatisées de la
disponible sur le marché que depuis très récemment. Comme pour la mécanique ventilatoire du patient [6]. Les principes de fonctionne-
PAV, le niveau d’assistance ventilatoire est proportionnel à l’effort du ment de ce mode sont basés sur les travaux d’Otis et al. [20] et de
patient (fig. 21.17) et la boucle de régulation se fait à l’intérieur même Mead [21] qui suggèrent que pour un niveau donné de ventilation
du cycle. Sa principale particularité est que le signal sur lequel se base le alvéolaire existe une combinaison optimale de la fréquence respira-
ventilateur pour délivrer l’assistance n’est pas un signal de pression toire et du volume courant délivré en terme de travail respiratoire
comme pour les ventilateurs traditionnels mais l’électromyogramme du (fig. 21.18). Plusieurs équations provenant de ces travaux sont utili-
diaphragme (EMGdi) recueilli à partir d’électrodes placées sur un sées dans l’algorithme. L’ASV fonctionne en boucle fermée pour se
cathéter œso-gastrique. Contrairement aux modes « pneumatiques», rapprocher de la ventilation/minute cible et ajuste automatique-
basés sur les pressions des voies aériennes, il n’y a pas d’influence ment la pression inspiratoire, le ratio I/E, la fréquence respiratoire
possible d’une éventuelle auto-PEP sur le début du cycle, puisque l’assis- (en l’absence de cycles déclenchés par le patient) pour réaliser cet
tance débute de façon concomitante à l’effort du patient. La objectif (fig. 21.18). Le clinicien doit régler le volume/minute cible
synchronisation entre l’effort du patient et l’assistance délivrée devrait (habituellement 100 ml.kg–1.min–1), la pente de pressurisation, la
donc être meilleure avec ce mode. De même, il ne devrait pas y avoir PEEP et la FiO2. Ce mode peut en théorie être utilisé depuis l’initia-
d’influence des fuites au cours de la ventilation non invasive. tion de la ventilation mécanique chez un patient qui ne fait aucun
Le réglage de ce mode est relativement simple et ne nécessite effort respiratoire jusqu’au sevrage de la ventilation où le patient
pas de connaître la mécanique ventilatoire du patient. Seul le déclenche tous les cycles puisque ce mode peut délivrer aussi bien
« gain » qui représente l’intensité d’amplification du signal de des cycles contrôlés que des cycles assistés.
l’EMGdi est réglé. Malgré tous ces avantages potentiels, plusieurs Même si le concept est intéressant, les études cliniques n’ont
interrogations subsistent concernant son utilisation pratique. En pas encore permis de démontrer un bénéfice clinique net en compa-
raison avec les autres modes de ventilation [8]. Plusieurs études
Pression
dans les PAV, NAVA Volume
voies ASV, NéoGanesh Courant
aériennes
Aide Inspiratoire,
PAC
Ø Pinspi
Ø Ø Pinspi
FR Ø FR
VAC .
Volume Assisté Vmin cible
Vt cible
Effort du patient Ø Ø
Ø Pinspi Pinspi Courbe iso-
ventilation/minute
FR Ø FR
Figure 21.17. Pression dans les voies aériennes (délivrée par le ventilateur
lors de l’inspiration) en fonction de l’effort inspiratoire du patient avec
différents modes de ventilation. FR cible Fréquence
respiratoire
Les modes traditionnels « en pression » délivrent la même pression
quel que soit l’effort du patient (puisque c’est leur algorithme). La
pression dans les voies aériennes avec les modes « en volume » Figure 21.18. Principes de fonctionnement de l’ASV.
diminuent si l’effort du patient augmente. Avec les modes Ces principes sont dérivés des travaux d’Otis et de Mead qui
« proportionnels » (PAV et NAVA), par définition, la pression définissent pour une ventilation/minute donnée (courbe
d’assistance est proportionnelle à l’effort du patient. Par extension, les isoventilation/minute), un point optimal (Vmin cible) représenté par
modalités qui s’adaptent à la réponse ventilatoire du patient, comme une fréquence respiratoire cible et un volume courant cible. Avec ce
l’ASV et le système NéoGanesh, augmenteront le niveau d’assistance, profil respiratoire l’effort respiratoire du patient est minimum pour
avec un délai de quelques cycles pour l’ASV et de quelques minutes une ventilation alvéolaire donnée. Après que la ventilation/minute a
pour NéoGanesh, si l’effort du patient (représenté par la fréquence été réglée par le clinicien, le but de l’ASV est de maintenir le patient
respiratoire) augmente. sur la courbe isoventilation/minute et au plus proche de la fréquence
PAV : proportional assist ventilation; NAVA : neurally ajusted ventilatory respiratoire cible et du volume courant cible.
assist; ASV : adaptative support ventilation; PAC : pression assistée FR : fréquence respiratoire; Vt : volume courant; Vmin : ventilation/
contrôlée; VAC : volume assisté contrôlé minute; Pinspi : pression inspiratoire
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réalisées par le même groupe ont évalué l’ASV au cours du sevrage en • la réalisation automatisée des tests de sevrage avec un niveau
postopératoire de chirurgie cardiaque [22-24]. Seule une étude a pu d’aide inspiratoire minimum suivis d’un message à l’écran si ces tests
montrer une réduction de la durée de ventilation avec l’ASV (d’une sont positifs.
médiane de 3,2 à 4,1 h, P < 0,02) et moins de gaz du sang artériel en L’algorithme utilisé dans ce système est basé sur la fréquence
comparaison avec la ventilation assistée contrôlée intermittente respiratoire, le volume courant et le CO2 expiré du patient moyennés
(VACI) [24]. Dans une autre étude, il n’y avait pas de différence de pendant 2 min. En fonction de ces données moyennées, un
durée de ventilation entre l’ASV et un protocole basé sur la VACI et « diagnostic ventilatoire » est établi et en fonction de ce dernier, le
l’aide inspiratoire, mais une réduction du nombre de manipulation niveau d’aide inspiratoire est automatiquement ajusté (augmenté,
du ventilateur et une réduction des alarmes avait été retrouvées avec diminué ou maintenu stable) pour tenter de maintenir le patient
l’ASV [23]. Tassaux et al. ont démontré une meilleure interaction dans une « zone de confort » ventilatoire prédéfinie. Parallèlement,
patient-ventilateur avec l’ASV en comparaison avec la VACI [25]. lorsque le patient est stable, le système implémente un protocole de
Enfin, plus récemment, Arnal a montré sur une cohorte de décroissance automatisée et progressive du niveau de l’aide inspira-
243 patients de réanimation médicale que ce mode pouvait être toire, ainsi que des tests de sevrage automatisés lorsque le niveau
utilisé dans 98 % des cas, mais un sous-groupe avec ARDS, près de d’aide inspiratoire du patient est suffisamment bas [7].
20 % des patients ne pouvaient être ventilés avec ce mode [26].
Plusieurs études cliniques ont été réalisées par la même équipe
pour évaluer ce système [7, 27, 28]. Il a d’abord été montré chez dix-
NÉOGANESH (SMARTCARE) neuf patients que le système NéoGanesh réagissait conformément à
l’algorithme utilisé [7] et que les patients étaient maintenus dans la
NéoGanesh a été le nom utilisé lors des descriptions initiales [7] zone de confort dans 95 % du temps. Il a ensuite été montré chez
et SmartCare est le nom commercial du système. Il ne s’agit pas ici trente-huit patients en cours de sevrage de la ventilation que le
d’un nouveau mode puisque ce système pilote le mode de l’aide système pouvait prédire l’issue de ce sevrage par une épreuve auto-
inspiratoire. Grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle, la matisée de « ventilation spontanée ». Celle-ci réalisée en aide
boucle fermée utilisée ici introduit un degré supplémentaire de inspiratoire avec un niveau d’assistance minimal (pour compenser la
complexité en reproduisant la démarche du clinicien pour adapter le charge liée au tube endotrachéal et au circuit du ventilateur) était
niveau d’assistance ventilatoire en fonction du profil respiratoire du comparée aux méthodes usuelles (pièce en T et tests de sevrage) [27].
patient et en appliquant une stratégie de sevrage de la ventilation La valeur prédictive positive du test automatisé de sevrage était de
mécanique basée sur les recommandations de la littérature [7]. 89 % contre 77 % pour la procédure habituelle de sevrage et 81 %
Le fonctionnement de NéoGanesh/SmartCare est basé sur trois pour l’index F/Vt. Dans l’étude suivante, Dojat et al. ont étudié la
principes fondamentaux (fig. 21.19) : capacité du système à limiter les périodes de détresse respiratoire ou
de surassistance [28]. Dix patients ont été ventilés pendant deux
• le maintien du patient dans une zone de confort respiratoire en périodes successives de 24 h dans un ordre randomisé par le système
adaptant le niveau d’aide inspiratoire; NéoGanesh et par l’aide inspiratoire standard. Il a été montré dans
• la décroissance progressive du niveau d’aide inspiratoire en cas de cette étude qu’avec l’utilisation du système NéoGanesh, le patient
stabilité; était plus souvent ventilé dans la zone de confort (93 ± 8 % du
Ventilateur en AI
P attient Monitor A
« Prêt pour la Alarmes
séparation »
Réglages
Système de
Sevrage
Automatisé
Algorithme
FR, VT, EtCO2
temps) en comparaison avec une ventilation classique en aide inspi- Tous ces modes de ventilation prometteurs devront apporter la
ratoire (66 ± 24 % du temps, P < 0,05). Le temps passé avec une P0,1 preuve de leurs avantages pour convaincre les futurs utilisateurs.
supérieure à 4 cmH2O était significativement diminué lorsque le L’application des avancées technologiques dans ce domaine n’en est
système automatisé de sevrage était utilisé (11 ± 17 % vs 34 ± 35 % probablement qu’à ses balbutiements et les prochaines années
du temps, P < 0,05) suggérant une diminution du travail respiratoire. verront encore certainement l’apparition de nouvelles modalités de
Ceci était réalisé grâce à des ajustements réguliers du niveau d’aide ventilation. L’esprit critique des utilisateurs devra encore faire le tri
inspiratoire, adaptés au profil respiratoire des patients. Ces ajuste- pour limiter la diffusion de nouveaux gadgets de ventilation.
ments étaient beaucoup plus fréquemment réalisés avec le système
automatisé (56 ± 40 vs 1 ± 2 modifications de l’aide inspiratoire en
24 h) [28].
RÉFÉRENCES
La première étude multicentrique, comparant ce système de
sevrage automatisé à un sevrage usuel a été récemment publiée [29]. [1] TBrochard L, Lellouche F. Pressure Support Ventilation. In : Principles of
Cinq centres universitaires ont recruté en un an 144 patients. Les Mechanical Ventilation, second edition. Tobin MJ (ed). New York, McGraw-Hill,
2006.
patients étaient inclus dès qu’ils pouvaient tolérer la ventilation [2] Chatburn RL. Computer control of mechanical ventilation. Respir Care, 2004,
assistée en aide inspiratoire et répondaient aux critères de début de 49 (5) : 507-17.
sevrage. Soixante-quatorze patients ont été ventilés avec le système [3] Younes M. Proportional assist ventilation. In : Principles and practice of mecha-
nical ventilation (pp. 349-69). Tobin MJ (ed). New York, McGraw-Hill, 1994.
SmartCare et soixante-dix ont été ventilés avec un sevrage usuel, tel [4] Younes M, Puddy A, Roberts D, Light RB, Quesada A, Taylor K et al. Propor-
que pratiqué dans les différents services participants à l’étude, avec tional assist ventilation. Results of an initial clinical trial. Am Rev Respir Dis,
1992,145 : 121-9.
des protocoles écrits de sevrage. [5] Sinderby C, Navalesi P, Beck J, Skrobik Y, Comtois N, Friberg S et al. Neural
La durée du sevrage était réduite avec le système automatisé de control of mechanical ventilation in respiratory failure. Nat Med, 1999, 5
(12) : 1433-6.
ventilation d’une médiane de 4 à 2 jours (P = 0,02) et la durée totale [6] Laubscher TP, Heinrichs W, Weiler N, Hartmann G, Brunner JX. An adaptive
de ventilation mécanique de 12 à 7,5 jours (P = 0,003). De même, la lung ventilation controller. IEEE transactions on bio-medical engineering, 1994,
durée médiane de séjour aux soins intensifs était réduite de 15,5 à 41 (1) : 51-9.
[7] Dojat M, Brochard L, Lemaire F, Harf A. A knowledge-based system for
12 jours (P = 0,02). La proportion de patients nécessitant la ventila- assisted ventilation of patients in intensive care units. International journal of
tion non invasive après l’extubation était réduite de 37 % à 19 % clinical monitoring and computing, 1992, 9 (4) : 239-50.
(P = 0,02). La proportion des patients ventilés plus de 21 jours était [8] Branson RD, Johannigman JA. What is the evidence base for the newer venti-
lation modes? Respir Care, 2004, 49 (7) : 742-60.
de 7 % avec le système automatisé de sevrage vs 16 % (P = 0,11). [9] Ranieri VM, Giuliani R, Mascia L, Grasso S, Petruzzelli V, Puntillo N et al.
Une étude récemment publiée par Rose et al. n’a pas retrouvé de Patient-ventilator interaction during acute hypercapnia : pressure-support vs.
proportional-assist ventilation. J Appl Physiol, 1996, 81 (1) : 426-36.
différence sur la durée de ventilation mécanique entre SmartCare et [10] Bosma K, Ferreyra G, Ambrogio C, Pasero D, Mirabella L, Braghiroli A et al.
un sevrage conventionnel mené par des infirmières entraînées [30]. Patient-ventilator interaction and sleep in mechanically ventilated patients :
Cette étude monocentrique australienne où le ratio patient/infir- pressure support versus proportional assist ventilation. Crit Care Med, 2007,
35 (4) : 1048-54.
mière était de 1/1, suggérait que dans une unité ayant une forte [11] Porta R, Appendini L, Vitacca M, Bianchi L, Donner CF, Poggi R et al. Mask
densité médicale et paramédicale, le système automatisé n’était pas proportional assist vs pressure support ventilation in patients in clinically
plus efficace (ou était aussi efficace) que l’ensemble de l’équipe stable condition with chronic ventilatory failure. Chest, 2002, 122 (2) : 479-88.
[12] Younes M, Kun J, Masiowski B, Webster K, Roberts D. A method for noninva-
soignante. Par ailleurs, le niveau de PEEP élevé dans les deux groupes sive determination of inspiratory resistance during proportional assist
a probablement défavorisé le système automatisé et la quantité de ventilation. Am J Respir Crit Care Med, 2001, 163 (4) : 829-39.
sédatifs administrés après l’inclusion était plus importante dans le [13] Younes M, Webster K, Kun J, Roberts D, Masiowski B. A method for measu-
ring passive elastance during proportional assist ventilation. Am J Respir Crit
groupe SmartCare sans que la différence soit systématiquement Care Med, 2001, 164 (1) : 50-60.
significative. [14] Fernandez-Vivas M, Caturla-Such J, Gonzalez de la Rosa J, Acosta-Escribano J,
Alvarez-Sanchez B, Canovas-Robles J. Noninvasive pressure support versus
D’autres études sont actuellement en cours pour l’évaluation de proportional assist ventilation in acute respiratory failure. Intensive Care Med,
ce système. Par ailleurs, ce système « basé sur la connaissance » est 2003, 29 (7) : 1126-33.
par nature évolutif et connaîtra probablement d’autres modifica- [15] Gay PC, Hess DR, Hill NS. Noninvasive proportional assist ventilation for
acute respiratory insufficiency. Comparison with pressure support ventila-
tions. tion. Am J Respir Crit Care Med, 2001, 164 (9) : 1606-11.
[16] Spahija J, Beck J, de Marchie M, Comtois A, Sinderby C. Closed-loop control
of respiratory drive using pressure-support ventilation : target drive ventila-
CONCLUSION : VERS DES VENTILATEURS [17]
tion. Am J Respir Crit Care Med, 2005, 171 (9) : 1009-14.
Sinderby C, Beck J, Spahija J, de Marchie M, Lacroix J, Navalesi P et al. Inspi-
QUI S’ADAPTENT AUX PATIENTS ratory muscle unloading by neurally adjusted ventilatory assist during
maximal inspiratory efforts in healthy subjects. Chest, 2007, 131 (3) : 711-7.
[18] Allo JC, Beck JC, Brander L, Brunet F, Slutsky AS, Sinderby CA. Influence of
Les modes de ventilation traditionnels fonctionnent tous avec neurally adjusted ventilatory assist and positive end-expiratory pressure on
breathing pattern in rabbits with acute lung injury. Crit Care Med, 2006, 34
des boucles-fermées, mais celles-ci sont rigides, le patient doit (12) : 2997-3004.
s’adapter à leurs règles. Les pressions ou volumes délivrés avec ces [19] Beck J, Campoccia F, Allo JC, Brander L, Brunet F, Slutsky AS et al. Improved
modes sont fixes, en fonction de règles simples et bien définies synchrony and respiratory unloading by neurally adjusted ventilatory assist
(NAVA) in lung-injured rabbits. Pediatric research, 2007, 61 (3) : 289-94.
basées sur la pression et les débits dans les voies aériennes. La simpli- [20] Otis AB, Fenn WO, Rahn H. Mechanics of breathing in man. J Appl Physiol,
cité d’utilisation de ces modes est probablement l’explication de leur 1950, 2 (11) : 592-607.
succès. Les nouvelles modalités décrites ici, permettent au ventila- [21] Mead J. Control of respiratory frequency. J Appl Physiol, 1960, 15 : 325-36.
[22] Cassina T, Chiolero R, Mauri R, Revelly JP. Clinical experience with adaptive
teur, grâce aux améliorations technologiques, de mieux s’adapter au support ventilation for fast-track cardiac surgery. Journal of cardiothoracic and
patient et de délivrer une ventilation « sur-mesure ». La rapidité de vascular anesthesia, 2003, 17 (5) : 571-5.
l’adaptation se fait en fonction du type de boucle de régulation [23] Petter AH, Chiolero RL, Cassina T, Chassot PG, Muller XM, Revelly JP. Auto-
matic "respirator/weaning" with adaptive support ventilation : the effect on
utilisé. Avec la PAV et la NAVA, l’adaptation à l’effort du patient se duration of endotracheal intubation and patient management. Anesthesia
fait au cours du cycle respiratoire, la boucle de régulation étant très and analgesia, 2003, 97 (6) : 1743-50.
rapide, de l’ordre de quelques millisecondes. C’est pourquoi ces [24] Sulzer CF, Chiolero R, Chassot PG, Mueller XM, Revelly JP. Adaptive support
ventilation for fast tracheal extubation after cardiac surger y : a randomized
modes ont immédiatement été reconnus comme étant des ventila- controlled study. Anesthesiology, 2001, 95 (6) : 1339-45.
tions dites « proportionnelles » (fig. 21.17). Avec l’ASV, l’adaptation à [25] Tassaux D, Dalmas E, Gratadour P, Jolliet P. Patient-ventilator interactions
l’effort du patient se fait également, mais de cycle à cycle pour éviter during partial ventilatory support : a preliminary study comparing the effects
of adaptive support ventilation with synchronized intermittent mandator y
les ventilations de type rapid shallow breathing a grande fréquence ventilation plus inspiratory pressure support. Crit Care Med, 2002, 30 (4) :
respiratoire et petits volumes courants et les ventilations à petite 801-7.
fréquence respiratoire et grands volumes courants (fig. 21.18). En [26] Arnal JM, Wysocki M, Nafati C, Donati S, Granier I, Corno G et al. Automatic
selection of breathring pattern using adaptive support ventilation. Intensive
plus de la stratégie de sevrage inhérente au système, un des objectifs Care Med 2008; 34(1) : 75-81.
de NéoGanesh est également d’ajuster le niveau d’assistance aux [27] Dojat M, Harf A, Touchard D, Laforest M, Lemaire F, Brochard L. Evaluation
of a knowledge-based system providing ventilatory management and deci-
besoins du patient et d’éviter la sur- ou la sous-assistance (fig. 21.19). sion for extubation. Am J Respir Crit Care Med, 1996, 153 (3) : 997-1004.
La « cible » de fréquence respiratoire se situe entre 15 et 30 par [28] Dojat M, Harf A, Touchard D, Lemaire F, Brochard L. Clinical evaluation of a
minute, ce que le système va chercher à réaliser, avec une boucle de computer-controlled pressure support mode. Am J Respir Crit Care Med, 2000,
161 (4 Pt 1) : 1161-6.
régulation ayant une période de 2 min environ. La ventilation est [29] Lellouche F, Mancebo J, Jolliet P, Roeseler J, Schortgen F, Dojat M et al. A
également de type proportionnelle avec l’ASV et avec NéoGanesh multicenter randomized trial of computer-driven protocolized weaning from
(fig. 21.17), mais, surtout pour ce dernier, avec des temps de latence mechanical ventilation. Am J Respir Crit Care Med, 2006, 174 (8) : 894-900.
[30] Rose L, Presneill JJ, Johnston L, Cade JF. A randomised, controlled trial of
et d’adaptation plus longs, en lien avec le type de boucle de régula- conventional versus automated weaning from mechanical ventilation using
tion utilisé. SmartCaretrade Mark/PS. Intensive Care Med 2008, Jun 25. [Epub ahead of print].
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IRA de novo
IRA hypoxémique de l’immunodéprimé G2 +
pneumonie hypoxémiante G2– Bénéfice de la VNI à évaluer précocement
SDRA
Autres indications
Postextubation
– IRA postextubation G2– Potentiellement délétère chez le patient non BPCO
– Prévention d’une IRA postextubation G2 +
– Sevrage de la ventilation invasive G2 + Patient BPCO
Postopératoire
– Curatif G2 + Résection pulmonaire, transplantation d’organe
– Prophylactique G2 + Chirurgie abdominale et de l’aorte
Oxygénation préintubation G2 +
Endoscopie bronchique G2 +
Limitation thérapeutique G2 +
Niveau de recommandation selon le système GRADE : il faut faire (G1 +) ou il ne faut pas faire (G1-); il faut probablement faire (G2 +) ou il ne faut probablement pas faire (G2-)
BPCO : broncho-pneumopathie chronique obstructive, IRA : insuffisance respiratoire aiguë, IRC : insuffisance respiratoire chronique, OAP : œdème aigu pulmonaire, SDRA : syndrome de détresse respiratoire aiguë
de l’adulte
L’encéphalopathie hypercapnique, même sévère, n’est pas est beaucoup plus rare que celle de la BPCO. De plus, l’efficacité de la
une contre-indication à la VNI dans la décompensation de BPCO. VNI semble moins claire que dans la décompensation de BPCO [20].
Deux études randomisées ayant inclus environ 50 % de patients À titre d’exemple, la VNI améliore les échanges gazeux et pourrait
présentant une encéphalopathie sévère ont montré que la VNI prévenir l’intubation dans les IRA des patients atteints de cypho-
pouvait être une alternative à l’intubation [12, 13]. De plus, des scoliose [21] ou de maladies neuromusculaires [22, 23]. Dans ce
études cas-témoin ont montré la faisabilité et le bénéfice de la dernier cas, il convient d’apporter une attention particulière au
VNI chez ces patients, ce même en présence d’un coma [14-16]. désencombrement [24]. La VNI semble aussi bénéfique dans le traite-
La BPCO intègre donc deux exceptions aux règles régissant la ment de l’IRA des patients atteints de mucoviscidose où elle est
pratique de la VNI : le coma n’est pas une contre-indication et la associée à une moindre mortalité [25].
VNI peut être employée comme une alternative à l’intubation L’utilisation de la VNI reste controversée dans l’asthme aigu
dans cette indication. grave. Une étude observationnelle a montré que la VNI améliorait
Au-delà des essais contrôlés multicentriques, les études de les échanges gazeux et réduisait le risque d’intubation [26]. La seule
cohorte confirment le bénéfice de la VNI dans la « vraie vie ». Ainsi, étude randomisée a inclus des patients en réalité peu sévères et a
sur un centre et au cours d’une période de huit années, la constante montré une diminution du taux d’hospitalisation [27]. Une autre
augmentation de l’utilisation de la VNI chez les patients ventilés série a montré de manière plus convaincante l’intérêt de la VNI chez
pour une décompensation de BPCO ou un OAP cardiogénique était des patients s’aggravant progressivement sous traitement médical
associée à une diminution de la mortalité et de l’acquisition d’infec- adapté [28]. À la lumière de ces données, il est donc difficile de
tions nosocomiales [17]. Une autre étude monocentrique a montré recommander l’usage systématique de la VNI dans l’asthme aigu
sur une période similaire que l’augmentation de l’utilisation de la grave [29].
VNI dans les décompensations de BPCO se faisait à taux d’échec
constant, alors même que la sévérité des épisodes d’IRA se majorait ŒDÈME PULMONAIRE AIGU CARDIOGÉNIQUE
progressivement tout au long de la période étudiée [18]. Cette
description positive du bénéfice de la VNI dans les IRA des BPCO de L’œdème pulmonaire aigu cardiogénique est l’une des indica-
doit pas faire oublier que le succès de la technique n’est pas systéma- tions les plus anciennes de la VNI [30]. Cette indication repose sur
tique. Il existe notamment des patients en échec « tardif », de la VNI, des bases physiopathologiques fortes. En ventilation spontanée,
même intensive. Il s’agirait plutôt de patient porteur d’un handicap l’application d’une VS-PEP à des patients en OAP augmente l’index
sévère et leur pronostic semble plutôt mauvais [19]. cardiaque et le volume d’éjection systolique [31] en cas d’altération
En dehors de la BPCO, il existe de nombreuses pathologies préexistante de la fonction systolique et diminue le volume télédias-
respiratoires chroniques susceptibles de décompenser sur un mode tolique du ventricule gauche en cas de fonction systolique préservée
similaire : mucoviscidose, déformations thoraciques majeures, [32]. De plus, sur le plan respiratoire, la VS-PEP augmente la capacité
grandes obésités, maladies neuromusculaires… La VNI est souvent résiduelle fonctionnelle, améliore les échanges gazeux et diminue les
utilisée comme traitement des décompensations de ces pathologies. résistances bronchiques ainsi que le travail ventilatoire [33, 34].
Néanmoins, les preuves sont moins solides que dans la décompensa- L’application supplémentaire d’une aide inspiratoire (VS-AI-PEP)
tion de BPCO, entre autres parce que l’incidence de ces pathologies réduit le travail ventilatoire comparé à la VS-PEP seule [35]. L’OAP
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cardiogénique est la seule forme d’IRA dans laquelle deux modalités était associée à une mortalité considérable. Tout ce qui pouvait
d’administration de la VNI, la VS-PEP et la VS-AI-PEP, ont fait la l’éviter est donc susceptible d’avoir un bénéfice sur la survie. Il faut
preuve de leur efficacité. cependant noter que le pronostic des malades d’oncohématologie en
Chez les patients admis pour OAP cardiogénique, le bénéfice de réanimation s’est globalement amélioré [56] et un échec de la VNI
la VS-PEP quant à la réduction du taux d’intubation est démontré chez ces patients ne doit pas empêcher d’aller à l’intubation. On ne
par trois études randomisées contrôlées [36-38]. L’adjonction d’une doit donc pas proposer la VNI « à tout prix ». La sélection peut aussi
pression positive inspiratoire (VS-AI-PEP) est elle aussi associée à une porter sur la restriction des critères d’inclusion des patients dans les
diminution du taux d’intubation comparé au seul traitement études qui multiplient les critères d’exclusion, ce qui a pour avan-
médical [39]. Néanmoins, ce bénéfice semble surtout profitable au tage d’inclure une population homogène, mais pour inconvénient
sous-groupe des patients hypercapniques [40]. Dans deux travaux, la d’aboutir à une étude comparant des patients bien différents de ceux
VS-AI-PEP était associée à une plus forte incidence des syndromes que les praticiens prennent en charge dans leur activité quotidienne.
coronariens aigus ce qui a fait craindre un effet potentiellement Les résultats de la méta-analyse de Keenan et al. vont dans le
délétère de cette thérapeutique sur la perfusion coronaire des même sens [57]. Cette méta-analyse inclut les huit principaux essais
patients en OAP [41, 42]. Toutefois, ces données n’ont pas été retrou- ayant évalué le bénéfice de la VNI dans l’IRA de novo [48, 50, 53-55,
vées par les études ayant ultérieurement comparé la VS-PEP et la VS- 58-60] et montre un bénéfice de la VNI quant à la prévention de
AI-PEP dans l’OAP [43, 44]. Elles renforcent cependant l’idée que, l’intubation et quant à la mortalité. Néanmoins, lorsque l’analyse
dans l’OAP cardiogénique, la VNI ne doit venir qu’en complément exclut les études ayant inclus des patients BPCO ou ventilés pour un
d’un traitement médical optimal et ne doit en aucun cas retarder OAP cardiogénique, le bénéfice de la VNI sur la mortalité s’estompe.
l’instauration de ce traitement. Ces différents essais montrent assuré- Finalement, les données issues d’enquêtes multicentriques, très
ment un bénéfice clair de la VNI quant à la prévention de en faveur du bénéfice de la VNI dans les décompensations de BPCO
l’intubation. En revanche, en dehors du sous-groupe des patients et dans l’OAP cardiogénique sont plus mitigées quant aux patients
hypercapniques (PaCO2 > 45 mmHg) aucun de ces essais contrôlés admis pour une IRA de novo. Dans l’enquête multicentrique française
n’a individuellement montré son bénéfice sur la survie [40]. sur l’utilisation et le bénéfice de la VNI réalisée en 2002, l’IRA de novo
Enfin, plusieurs méta-analyses successives sont venues était, en analyse multivariée, un facteur prédictif indépendant
confirmer le bénéfice de la VNI dans l’IRA des OAP cardiogéniques d’échec de la VNI [3]. De plus, l’échec de la VNI était indépendam-
[45-47]. Elles mettent en évidence un bénéfice global de la VNI (VS- ment associé à une surmortalité chez les patients ventilés pour une
PEP et VS-AI-PEP) sur la mortalité des patients admis pour OAP, ce IRA de novo alors qu’il ne l’était pas chez les patients ventilés pour
bénéfice sur la mortalité étant principalement montré avec la VS-PEP une décompensation de BPCO ou un OAP cardiogénique [61]. Des
du fait sans doute du nombre de malades supérieurs que dans les données comparables avaient été retrouvées dans la première
études ayant évalué la VS-AI-PEP [46]. enquête multicentrique internationale [62]. Le but de ces propos
Il existe donc, dans l’OAP, un bénéfice de la VNI quant à la n’est surtout pas de dénigrer le bénéfice potentiel de la VNI dans
prévention de l’intubation. L’utilisation de cette thérapeutique l’IRA de novo, mais plutôt d’inviter le clinicien à la plus grande
semble de plus être associée à une réduction de la mortalité. Enfin, prudence.
l’OAP est la seule forme d’IRA dans laquelle deux modalités d’admi-
nistration de la VNI, la VS-PEP et la VS-AI-PEP, ont fait la preuve de
leur efficacité. AUTRES INDICATIONS
Au-delà des grandes indications discutées dans les trois précé-
INSUFFISANCE RESPIRATOIRE AIGUË DE NOVO : dentes sections, il existe de nombreux contextes dans lesquels la VNI
UN BÉNÉFICE CHEZ DES POPULATIONS SÉLECTIONNÉES a été évaluée avec plus ou moins de succès. Il s’agit notamment des
suites de l’extubation, du sevrage de la ventilation mécanique, des
Le bénéfice de la VNI est plus débattu chez les patients présen- suites opératoires ou encore pour entourer l’intubation ou la réalisa-
tant une IRA de novo, c’est-à-dire sur un poumon préalablement sain tion d’une endoscopie bronchique chez des patients à risque.
et en l’absence d’OAP. Cette vaste catégorie regroupe les pneumonies
infectieuses et d’inhalation, les syndromes de détresse respiratoire VNI AU DÉCOURS DE L’EXTUBATION
aiguë (SDRA), les pneumonies de l’immunodéprimée, les atélecta-
sies, les traumatismes thoraciques, des détresses respiratoires Il existe deux grandes indications de la VNI au décours de
postopératoires, etc. Les études évaluant le bénéfice de la VNI dans l’extubation : le traitement de la détresse respiratoire aiguë surve-
l’IRA de novo mélangent ainsi un nombre considérable de patholo- nant en postextubation et la prévention de la survenue d’une telle
gies en réalité bien différentes. Ces pathologies ne sont pas détresse.
comparables et les mélanger rend extrêmement difficile la lecture Le bénéfice de la VNI dans les détresses respiratoires aiguës
des résultats. À titre d’exemple, Confalonieri et al. retrouvent un postextubation est largement controversé. Deux études monocentri-
bénéfice de la VNI dans les pneumonies infectieuses communau- ques non randomisées avaient initialement montré, chez des
taires, mais ce bénéfice n’est en réalité attribuable qu’à la sous- patients BPCO présentant une détresse respiratoire aiguë postextuba-
population des patients porteurs d’une BPCO sous-jacente, c’est-à- tion, un bénéfice de la VNI, laquelle réduisait le taux d’intubation
dire ventilés pour une décompensation de BPCO [48]… À l’inverse, [63] et la durée de séjour [64]. Néanmoins, ces données n’ont pas été
Jolliet et al. retrouvent un taux d’intubation bien supérieur dans une confirmées par deux études randomisées réalisées ultérieurement,
population de pneumonies communautaires dépourvue de BPCO l’une monocentrique [58], l’autre multicentrique [65]. Toutefois, ces
[49]. On note aussi avec intérêt que plusieurs études évaluant le deux études n’étaient pas limitées à la BPCO. De plus, la seconde,
bénéfice de la VNI dans l’IRA de novo incluent des OAP cardiogéni- qui retrouvait une surmortalité dans le groupe VNI, suggérant ainsi
ques. C’est par exemple le cas des études de Ferrer et al. [50] et un retard à l’intubation, souffrait de limites méthodologiques [65]. À
d’Antonelli et al. [51, 52], qui incluent respectivement 28 % et 18 % la lumière de ces données, la VNI dans les détresses respiratoires
d’OAP cardiogéniques. Il est évidemment possible que, dans ces postextubation demande la plus grande prudence.
études, une partie du bénéfice globale de la VNI soit en réalité attri- En revanche, la VNI semble bénéfique lorsqu’elle est débutée de
buable à la population des patients ventilés pour un OAP façon prophylactique, après l’extubation, pour prévenir la survenue
cardiogénique. d’une détresse respiratoire aiguë chez des patients « à risque » d’être
Si, en général, l’utilisation de la VNI dans les IRA de novo est réintubés. Deux études ont récemment montré le bénéfice d’une
associée à une réduction du risque d’intubation, elle n’est associée à VNI appliquée de façon séquentielle (environ 8 h.j–1) au cours des
une réduction de mortalité que dans des populations de patients 24 h [66] ou 48 h [67] suivant l’extubation. Ce bénéfice résultait
hautement sélectionnés. Cette sélection peut s’opérer selon la patho- dans le groupe VNI d’une réduction du taux de réintubation [67] et
logie sous-jacente. C’est par exemple le cas des patients de détresses respiratoires [66] ainsi que d’une réduction significative
immunodéprimés, qu’il s’agisse de patients d’hématologie [53] ou [66] ou non [67] de la mortalité. Reste à déterminer ce qu’on entend
admis en postopératoire d’une greffe d’organe solide [54]. C’est aussi par patients « à risque » d’être réintubés. Raisonnablement, peuvent
le cas des patients présentant une IRA au décours d’une résection être considérés comme « à risque » les patients âgés, insuffisants
pulmonaire [55]. Dans ces populations, l’utilisation de la VNI est cardiaques ou respiratoires, hypercapniques au décours de l’extuba-
associée à une réduction du risque d’intubation et, surtout, à une tion, en échec d’au moins une épreuve de sevrage ou dont la toux est
réduction du risque de mortalité. Il est fort probable que ce bénéfice peu efficace [66, 67]. Bien qu’infirmée par une étude à la méthodo-
soit lié au fait qu’il s’agit de populations dans lesquelles l’intubation logie discutable [68], cette attitude semble recommandable [69].
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de ventilateurs : les ventilateurs lourds de réanimation, les ventila- Le réglage du niveau de PEP dépend de la pathologie. Dans la
teurs dédiés à la VNI et les ventilateurs de domicile. décompensation de BPCO, il devrait compenser la PEP intrinsèque
Les ventilateurs lourds de réanimation récents ont des perfor- mais n’est pas mesuré en routine [102]. En pratique, une PEP entre 3
mances globalement bonnes et homogènes [91]. Ils donnent accès et 5 cmH2O devrait convenir. Dans l’OAP cardiogénique, ce sont
aux réglages nécessaires à la bonne pratique de la VNI et offrent un plutôt des niveaux de PEP de l’ordre de 5 à 10 cmH2O qui diminuent
monitorage de qualité. Un autre avantage est qu’il n’est pas néces- au mieux la pré- et la postcharge ventriculaire [35]. Enfin, dans l’IRA
saire de changer de ventilateur quand on intube le patient. Leur coût de novo, 5 cmH2O de PEP semble adapté [103].
élevé est le principal inconvénient. Le niveau d’AI devrait viser un volume courant de 6 à 8 ml/kg
Les ventilateurs de domicile étaient initialement moins perfor- de poids idéal théorique. On peut alors soit débuter avec un niveau
mants [92]. Leur qualité s’est beaucoup améliorée. Il persiste d’AI de 5 cmH2O qu’on augmente progressivement, soit débuter à
néanmoins un certain degré d’hétérogénéité justifiant de bien 20 cmH2O puis diminuer progressivement. L’objectif est de fournir
connaître les caractéristiques d’un ventilateur de domicile avant de une assistance suffisante tout en évitant les pressions élevées. En
l’utiliser dans l’IRA [93]. En effet, la pressurisation est parfois moins effet, ces dernières entraînent une distension gastrique se compli-
bonne que celle des ventilateurs lourds [94], ce qui convient tout à fait quant d’effets secondaires digestifs, des fuites et une distension
à la prise charge d’une décompensation de BPCO, mais sera inadapté à thoracique se traduisant par des appels inefficaces. Dans la BPCO,
une IRA de novo. Le monitorage est réduit, les courbes ne sont générale- une AI entre 10 à 12 cmH2O convient habituellement; une AI trop
ment pas disponibles. De plus, la quantification des fuites est difficile élevée entraîne une distension thoracique et des appels inefficaces
car les circuits inspiratoire et expiratoire sont confondus, le volume [104]. Dans l’OAP, 5 à 10 cmH2O d’AI suffisent habituellement [35].
expiré ne peut donc pas être mesuré; il est en fait calculé à partir d’un Dans l’IRA de novo, un niveau d’AI de l’ordre de 15 cmH2O semble
algorithme bien souvent source d’erreur [95]. Enfin, la convivialité de adapté [103].
ces ventilateurs est très hétérogène, ce qui pose des problèmes aux utili- Le trigger inspiratoire résulte d’un compromis entre un trigger
sateurs [96]. Leur faible coût est une de leurs principales qualités. trop sensible, source d’autodéclenchements et un trigger insuffisam-
Les ventilateurs dédiés à la VNI représentent une catégorie ment sensible qui augmente le travail respiratoire. Une valeur de
intermédiaire en termes de performances, de monitorage et de coût. 5 l.min–1 semble offrir un compromis satisfaisant [105].
Toutes ces informations soulignent combien il est difficile de La pente de pressurisation est à adapter au confort du patient
donner une règle simple guidant le choix d’un ventilateur. [106].
Le trigger expiratoire, qui devrait être disponible sur tous les
CHOIX DU MODE ET RÉGLAGE DU VENTILATEUR ventilateurs, est probablement le réglage le plus complexe. Dans les
décompensation de BPCO, il devrait âtre maintenu élevé, autour de
Dans la dernière enquête française sur la VNI, 83 % des patients 70 %, afin d’éviter que l’insufflation se prolonge au-delà de l’inspira-
étaient ventilés en VS-AI-PEP, 8 % en VS-PEP et 7 % VAC [3]. La VS-AI- tion du patient et majore la distension thoracique [107]. Dans les
PEP est donc le mode de loin le plus utilisé. La VAC et la VS-AI-PEP pathologies diminuant la compliance du poumon, comme l’OAP
réduisent tous deux efficacement le travail respiratoire [97], mais la VS- cardiogénique et les pneumonies, un trigger expiratoire bas, de
AI-PEP est mieux tolérée [97, 98] avec un taux de succès de la VNI iden- l’ordre de 25 %, permet de d’éviter la fin prématurée de l’insufflation
tique pour les deux modes [98]. Néanmoins, la pression aux voies alors que le patient inspire toujours [108, 109].
aériennes semble plus élevée en VAC [99], ce qui peut majorer les fuites
et contribuer à la mauvaise tolérance de la technique [100]. La VAC est,
de nos jours, plutôt réservée aux patients neuromusculaires [69].
COMMENT GÉRER LES EFFETS INDÉSIRABLES
Les modes VNI ne sont pas à proprement parler des modes venti- DE LA VNI?
latoires. Il s’agit en réalité d’algorithmes disponibles sur de nombreux
ventilateurs et permettant une compensation des fuites, un ajustement Comme toute thérapeutique, la VNI n’est pas dépourvue
des triggers et, parfois, de la pente de pressurisation. L’objectif de ces d’effets indésirables, bien au contraire. Pour chacun de ces effets
algorithmes est de maintenir un niveau d’assistance adéquat malgré les indésirables existe une ou plusieurs mesures préventives ou curative.
fuites et de minimiser les dysharmonies patient-ventilateur liées aux Ces différentes complications figurent dans le tableau 21.6 [5].
fuites [101]. Une étude sur banc a montré que, de façon générale, les
modes VNI pouvaient corriger une large partie de ces dysharmonies. QUAND ARRÊTER LA VNI?
Néanmoins, l’efficacité de cette correction reste très variable d’une
machine à l’autre et les cliniciens doivent le savoir [101]. Il est assez simple de décider quand arrêter la VNI chez un
Enfin, la VS-PEP, réservée à l’OAP cardiogénique et à la prophy- patient qui s’améliore. En revanche, il est beaucoup plus difficile
laxie des détresses respiratoires postopératoires est administrée au d’anticiper l’échec de la VNI. Or, cette anticipation est cruciale.
moyen de dispositifs prévus à cet effet. Prédire l’échec de la VNI permet de décider l’arrêt de la technique et
Il est difficile de donner des indications strictes concernant le l’intubation du patient dans de bonnes conditions. Ceci est particu-
réglage des ventilateurs, quelques indications simples figurent dans lièrement vrai dans les IRA de novo puisque, chez ces patients, l’échec
le tableau 21.5. de la VNI est prédictif d’une surmortalité [61]. Il faut donc tout
mettre en œuvre pour éviter de s’acharner à poursuivre inutilement
Tableau 21.5.Propositions de réglages du ventilateur une VNI non bénéfique au patient qui débouchera, in fine, sur son
selon la cause de l’IRA intubation en catastrophe. Pour ces raisons, de nombreux auteurs
ont tenté d’identifier des critères permettant de prédire précocement
Paramètre Pathologie Réglage l’échec à venir de la VNI. Les principaux critères associés à un échec
accru figurent dans le tableau 21.7 et peuvent être schématiquement
Pression expiratoire BPCO 3-5 cmH2O séparés en deux groupes : les critères présent à l’admission et les
positive (PEP) critères évolutifs (réévaluation du patient).
OAP 5-10 cmH2O
Les critères d’échec présents dés l’admission sont assez peu
IRA de novo 5 cmH2O utile. En effet, en dehors d’une défaillance extrarespiratoire associée
Aide inspiratoire (AI) BPCO environ 10 à 12 cmH2O [19, 110], aucun de ces critères ne dissuadera formellement le clini-
cien d’entreprendre une VNI. Parmi les caractéristiques des patients,
OAP 5 à 10 cmH2O la présence de comorbidités à l’admission [110] et un handicap
sévère préalable [19] sont des critères d’échec de la VNI. Un score de
IRA de novo 15 cmH2O sévérité élevé est aussi un facteur de risque d’échec, mais ce facteur
Trigger inspiratoire toutes environ 5 l.min–1 est peu utilisable en pratique [3, 52, 111]. Une tachypnée majeur est
associée à l’échec de la VNI [52]. Enfin, l’IRA de novo est plus forte-
Pente de pressurisation toutes adaptée au confort du patient ment prédictive d’échec de la VNI que l’OAP cardiogénique et la
Trigger expiratoire BPCO 50 à 70 % décompensation de BPCO [3]. Dans ce dernier cas, ni la sévérité de
l’acidose ventilatoire à l’arrivée, ni la sévérité de l’hypoxémie ne
OAP, IRA de novo 25 à 30 % sont prédictives de l’échec de la VNI [10]. Au total, ces critères ne
BPCO : broncho-pneumopathie chronique obstructive, IRA : insuffisance respiratoire aiguë, sont pas utiles en pratique clinique, tout juste inciteront-ils le clini-
OAP : œdème aigu pulmonaire cien à la plus grande prudence.
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Tableau 21.6. Complications de la VNI prévaut. Néanmoins, ce la n’est pas le cas dans tous les pays. Au
(d’après la conférence de consensus commune, 2006) Canada, par exemple, une proportion importante des VNI est
réalisée en dehors des services de réanimation ou d’accueil des
Origine Mesures préventives urgences [6, 116]. L’organisation des soins varie d’un pays à l’autre et
Complication les structures ne sont pas totalement identiques. Il est donc difficile
de la complication et curatives
de comparer les pratiques. En revanche, il semble clair que la VNI ne
Interface Érythème, ulcération Protection cutanée peut – bien – se faire que dans un environnement adapté qui pour-
cutanée Serrage adapté du rait se définir de la façon suivante : personnel entraîné ayant une
harnais expérience de la VNI, densité de personnel suffisante 24 h sur 24,
Changement d’interface surveillance et monitorage adapté et, enfin, la possibilité d’entre-
Allergie cutanée Changement d’interface prendre rapidement et dans de bonnes conditions une ventilation
invasive en cas d’échec de la VNI [117].
Réinhalation de CO2 Réduction de l’espace Ces critères sont raisonnablement réunis dans les services
expiré mort, application d’une d’accueil des urgences. Plusieurs études ont montré la faisabilité et le
PEP
bénéfice de la VNI dans ces structures [118]. Il s’agit principalement
Nécrose des narines ou Changement d’interface d’études ayant montré le bénéfice de la VS-PEP et, dans une moindre
de la columelle (canules ou intubation mesure, de la VS-AI-PEP dans l’OAP cardiogénique [38, 43, 44, 119].
nasales) De plus rares travaux ont aussi montré le bénéfice de la VNI dans le
traitement de la décompensation de BPCO aux urgences [120], qui
Débit ou pressions Sécheresse des voies Humidification reste toutefois controversé [121, 122].
aériennes supérieures
En salle de pneumologie, le bénéfice de la VNI dans la décom-
Distension gastro- Réduction des pensation de BPCO est démontré par une étude multicentrique
intestinale pressions, sonde [123]. Néanmoins, cette étude a été réalisée dans un contexte de
gastrique carence majeure en lits de réanimation propre au Royaume-Uni. La
Otalgies, douleurs naso- Réduction des pressions faisabilité de la VNI en salle de pneumologie semble s’améliorer avec
sinusiennes l’expérience. Ainsi, une équipe italienne a montré que parallèlement
à une augmentation de la sévérité des décompensations de BPCO
Distension pulmonaire Optimisation des admises en unité de soins intensifs respiratoires, un nombre crois-
réglages sant de patients moins sévères était pris en charge en salle de
pneumologie [18].
Pneumothorax Drainage thoracique,
arrêt de la VNI
L’ensemble Fuites, complications Changement d’interface, CONCLUSION
conjonctivales optimisation des
réglages En une décennie, la VNI s’est affirmée comme une thérapeu-
tique majeure de l’IRA. Pour de nombreuses causes d’IRA, la VNI est
PEP : pression télé-expiratoire positive maintenant le traitement de première ligne. Elle permet ainsi de
réduire le risque d’intubation voir, dans certains cas, la mortalité et
la durée de séjour. Néanmoins, comme toute thérapeutique, la VNI
Tableau 21.7. Critères associés à un risque d’échec accru connaît un certain nombre de contre-indications qu’il convient de
(d’après la conférence de consensus commune, 2006) respecter afin de la pratiquer en toute sécurité. Enfin, la pratique de
la VNI nécessite une expérience que chacun doit acquérir et ne se
Indication À l’admission Réévaluation précoce conçoit que dans un environnement adapté.
Décompensation • pH < 7,25 À la 2e heure
de BPCO • FR > 35 cycles.min–1 • pH < 7,25
• GCS < 11 • FR > 35 cycles.min–1 RÉFÉRENCES
• Pneumonie • GCS < 11
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chronic obstructive pulmonary disease : Cochrane systematic review and
quement plus pertinents. Ainsi, la persistance d’une tachypnée sous meta-analysis. BMJ, 2003, 326 : 185.
VNI est un bon critère d’échec de la technique [112]. Chez les [10] Ram FS, Picot J, Lightowler J, Wedzicha JA. Non-invasive positive pressure
patients présentant une décompensation de BPCO, l’amélioration ventilation for treatment of respiratory failure due to exacerbations of
chronic obstructive pulmonary disease. Cochrane Database Syst Rev,
du pH à 1 h est prédictive du succès de la VNI [113], tandis que la 2004 :CD004104.
non-amélioration du pH après 2 h de VNI est prédictive de son échec [11] Keenan SP, Sinuff T, Cook DJ, Hill NS. Which patients with acute exacerba-
[114]. Dans l’IRA de novo, l’amélioration précoce (1 h) du rapport tion of chronic obstructive pulmonary disease benefit from noninvasive
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[96] Gonzalez-Bermejo J, Laplanche V, Husseini FE, Duguet A, Derenne JP, Simi-
chronique devient trop défaillante pour assurer sa survie malgré un
lowski T. Evaluation of the user-friendliness of 11 home mechanical traitement médical maximal, oxygénothérapie de longue durée
ventilators. Eur Respir J, 2006, 27 : 1236-43. comprise, on peut encore allonger cette survie, voire en améliorer la
[97] Girault C, Richard JC, Chevron V et al. Comparative physiologic effects of
noninvasive assist-control and pressure support ventilation in acute hyper- qualité, par la pratique d’une ventilation chronique, qui sera la
capnic respiratory failure. Chest, 1997, 111 : 1639-48. plupart du temps discontinue. Pratiquer la ventilation à domicile
[98] Vitacca M, Rubini F, Foglio K, Scalvini S, Nava S, Ambrosino N. Non-invasive (VAD), c’est donc mettre au service de patients fragiles des moyens
modalities of positive pressure ventilation improve the outcome of acute
exacerbations in COLD patients. Intensive Care Med, 1993, 19 : 450-5. techniques complexes. La difficulté de cette démarche est d’assurer
[99] Kiehl M, Schiele C, Stenzinger W, Kienast J. Volume-controlled versus la transition entre un milieu hospitalier très technique et un milieu
biphasic positive airway pressure ventilation in leukopenic patients with familial où les compétences ne sont pas réunies a priori. Il faut pour
severe respiratory failure. Crit Care Med, 1996, 24 : 780-4.
[100] Schettino GP, Tucci MR, Sousa R, Valente Barbas CS, Passos Amato MB,
cela une préparation particulière et une logistique de soutien perfor-
Carvalho CR. Mask mechanics and leak dynamics during noninvasive pres- mante. Bien poser les indications, maîtriser les techniques, savoir les
sure support ventilation : a bench study. Intensive Care Med, 2001, 27 : 1887- adapter à un environnement peu médicalisé, savoir les enseigner aux
91.
[101] Vignaux L, Tassaux D, Jolliet P. Performance of noninvasive ventilation
intéressés et à un entourage non préparé, puis mettre en œuvre un
modes on ICU ventilators during pressure support : a bench model study. réseau de surveillance et d’intervention autour de chaque malade,
Intensive Care Med, 2007, 33 : 1444-51. telles sont les missions des équipes soignantes qui prennent en
[102] Appendini L, Patessio A, Zanaboni S et al. Physiologic effects of positive end- charge ce type de patients.
expiratory pressure and mask pressure support during exacerbations of
chronic obstructive pulmonary disease. Am J Respir Crit Care Med, 1994, 149 : C’est lors de l’épidémie de poliomyélite de 1950 que l’on a mis
1069-76. en œuvre pour la première fois des procédés ventilation chronique
[103] L’Her E, Deye N, Lellouche F et al. Physiologic effects of noninvasive ventila-
tion during acute lung injury. Am J Respir Crit Care Med, 2005, 172 : 1112-8. destinés aux patients à domicile [1]. Cette ventilation était réalisée
[104] Leung P, Jubran A, Tobin MJ. Comparison of assisted ventilator modes on par des ventilateurs périthoraciques à dépression, les fameux
triggering, patient effort, and dyspnea. Am J Respir Crit Care Med, 1997, 155 :, « poumons d’acier ». Les avantages de l’abord endotrachéal et de la
1940-8.
[105] Nava S, Ambrosino N, Bruschi C, Confalonieri M, Rampulla C. Physiological
ventilation en pression positive intermittente ont rapidement
effects of flow and pressure triggering during non-invasive mechanical venti- relégué cette technique au second plan, derrière celle de la trachéo-
lation in patients with chronic obstructive pulmonar y disease. Thorax, 1997, tomie, permettant dans les années 1970-1980 de réels progrès dans
52 : 249-54.
[106] Chiumello D, Pelosi P, Croci M, Bigatello LM, Gattinoni L. The effects of pres- la connaissance des indications et des résultats de la VAD. Plus
surization rate on breathing pattern, work of breathing, gas exchange and récemment, les connaissances ainsi acquises jointes au progrès
patient comfort in pressure support ventilation. Eur Respir J, 2001, 18 : 107- réalisés dans les matériels et les techniques ont permis la pratique de
14.
[107] Tassaux D, Gainnier M, Battisti A, Jolliet P. Impact of expiratory trigger la ventilation au domicile à l’aide d’interfaces dites non invasives,
setting on delayed cycling and inspiratory muscle workload. Am J Respir Crit c’est-à-dire de masques faciaux ou nasaux. Actuellement, la VAD est
Care Med, 2005, 172 : 1283-9. donc réalisée soit sur trachéotomie (VAT), soit de façon non invasive
[108] Chiumello D, Pelosi P, Taccone P, Slutsky A, Gattinoni L. Effect of different
inspiratory rise time and cycling off criteria during pressure support ventila- (VNI). Dans les deux cas, le principe reste le même : on essaie
tion in patients recovering from acute lung injury. Crit Care Med, 2003, 31 : d’obtenir par la pratique d’une ventilation de préférence discontinue
2604-10. une correction permanente de l’hématose.
[109] Tokioka H, Tanaka T, Ishizu T et al. The effect of breath termination criterion
on breathing patterns and the work of breathing during pressure support
ventilation. Anesth Analg, 2001, 92 : 161-5.
[110] Scala R, Bartolucci S, Naldi M, Rossi M, Elliott MW. Co-morbidity and acute INDICATIONS ET RÉSULTATS DE LA VAD
decompensations of COPD requiring non-invasive positive-pressure ventila-
tion. Intensive Care Med, 2004, 30 : 1747-54. Les mécanismes par lesquels l’amélioration gazométrique est
[111] Carlucci A, Richard JC, Wysocki M, Lepage E, Brochard L. Noninvasive versus
conventional mechanical ventilation. An epidemiologic sur vey. Am J Respir obtenue restent curieusement assez obscurs. S’il est facile de saisir
Crit Care Med, 2001, 163 : 874-80. que le renouvellement forcé de l’air alvéolaire corrige une hypoven-
[112] Soo Hoo GW, Santiago S, Williams AJ. Nasal mechanical ventilation for tilation, il est moins aisé de comprendre pourquoi un tel résultat se
hypercapnic respiratory failure in chronic obstructive pulmonary disease :
determinants of success and failure. Crit Care Med, 1994, 22 : 1253-61. maintient entre les séances de ventilation. On a pu démontrer que la
[113] Anton A, Guell R, Gomez J et al. Predicting the result of noninvasive ventila- ventilation met au repos de façon plus ou moins complète les
tion in severe acute exacerbations of patients with chronic airfl ow limitation. muscles respiratoires [2], mais il est difficile d’affirmer à partir de ces
Chest, 2000, 117 : 828-33.
[114] Confalonieri M, Garuti G, Cattaruzza MS et al. A chart of failure risk for constatations électromyographiques qu’elle est responsable d’une
noninvasive ventilation in patients with COPD exacerbation. Eur Respir J, levée de la fatigue musculaire chronique. Aussi certains accordent-ils
2005, 25 : 348-55. plus d’importance à la correction des modifications nocturnes de
[115] Antonelli M, Conti G, Esquinas A et al. A multiple-center sur vey on the use
in clinical practice of noninvasive ventilation as a first-line intervention for l’hématose qui, via un recalage des réflexes ventilatoires centraux,
acute respiratory distress syndrome. Crit Care Med, 2007, 35 : 18-25. permettrait un équilibre gazométrique diurne plus favorable [3].
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Quoi qu’il en soit des mécanismes, il est apparu rapidement que Trois importantes séries de patients ventilés chroniques au
les résultats de la VAD étaient d’autant meilleurs que le parenchyme domicile publiées alors ont permis de mettre en évidence des résul-
pulmonaire n’était pas atteint et que l’affection responsable de tats superposables à ceux obtenus avec la ventilation sur
l’insuffisance respiratoire chronique (IRC) était peu rapidement trachéotomie. Une série multicentrique française étudiant
évolutive. En d’autres termes, un patient répond d’autant mieux à la 276 patients d’étiologies diverses avec un recul de 5 ans montre en
technique qu’il présente une atteinte musculaire, pariétale ou même effet que des patients IRC cyphoscoliotiques ou post-tuberculeux ont
centrale, plutôt qu’une atteinte bronchiolaire ou tissulaire. D’autre beaucoup plus de chance de poursuivre la VNI avec succès, c’est-à-
part, le résultat obtenu se maintient d’autant mieux à longue dire sans décéder ou être convertis en ventilation chronique invasive
échéance que ces atteintes restent stables. C’est ce que démontrent sur trachéotomie, que les patients souffrants de BPCO ou de dilata-
très bien les résultats issus des principales séries publiées dans la litté- tion des bronches [12]. Une seconde série trouve des résultats tout à
rature, d’abord avec la VAT puis plus tard avec la VNI. Pour la VAT, la fait comparables chez 180 patients dont la survie à 5 ans en ventila-
plus importante série publiée chez 222 patients par Robert et coll. en tion nasale décline nettement en fonction des mêmes groupes
1983 [4] montre clairement des taux de survie très importants chez étiologiques, les BPCO n’étant que 48 % à poursuivre la
les malades atteints de séquelles de poliomyélite, importants encore VNI pour 100 % dans le groupe des poliomyélites et 79 % dans celui
pour les cyphoscoliotiques, intermédiaires pour les patients post- des cyphoscolioses [13]. La troisième série, plus récemment publiée,
tuberculeux et médiocres pour le groupe des bronchopathies chroni- est constituée d'une cohorte de 174 patients suivis en Suisse sur
ques obstructives (BPCO) et des dilatations des bronches (DDB) 7 ans [14]. Elle confirme les résultats des deux premières et permet
de plus d'avoir une image de l'évolution épidémiologique des
(fig. 21.20). Les équipes qui pratiquent alors ce type de ventilation
patients sous VNI à domicile ces dernières années. On y voit appa-
rapportent toutes des résultats comparables. On aurait pu tirer de ces
raître, au coté des étiologies classiques dont certaines sont en voie
résultats l’enseignement qu’il était peu utile de continuer à trachéoto-
d'extinction « historique » (post-tuberculeux, postpoliomyélitiques)
miser les insuffisants respiratoires « parenchymateux » mais cette un nouveau groupe de patients : les syndromes obésité-hypoventila-
pratique continue d’exister sous l’influence de plusieurs facteurs. Le tion, dont les effectifs suivent ceux de l'épidémie d'obésité des pays
premier est le fait qu’une étude ultérieure rétrospective comparative développés. Ils constituent une excellente indication de la VNI, qui
multicentrique sur 259 patients suggère, pour les malades BPCO les permet de contrôler à la fois l'hypoverntilation alvéolaire et les
plus graves, des résultats meilleurs que ceux obtenus par le traitement apnées du sommeil associées. On y voit aussi l'importance numé-
de référence qu’est l’oxygénothérapie chronique [5]. Le deuxième est rique croissante des BPCO ventilés. Ces patients, quoique
que dans la population des maladies neuromusculaires, dont les constituant une indication médiocre de VNI, sont en grand nombre,
résultats sont plutôt meilleurs que ceux des BPCO, les critères car ils sont les survivants de la cause la plus fréquente d'insuffisance
d’évolution restent à évaluer en fonction des maladies responsables respiratoire chronique. La VNI constitue pour eux, en fin d'évolu-
sous-jacentes [6]. Il apparaît en effet clairement que le très mauvais tion, un traitement palliatif leur permettant de tolérer
pronostic d’une maladie telle que la sclérose latérale amyotrophique l'oxygénothérapie sans hypercapnie majeure [15].
est difficilement comparable à celui, intermédiaire, du groupe des
myopathies, de l’amyotrophie spinale ou des tétraplégies, lui même
inférieur à celui du groupe des séquelles de poliomyélite. Le troisième EN DÉFINITIVE, COMMENT LA VENTILATION
facteur, qui vient à la fois éclairer et compliquer ces résultats, est CHRONIQUE VA-T- ELLE ÊTRE PROPOSÉE?
l’émergence plus récente mais quasi explosive des techniques de VNI.
Actuellement, en effet, la VNI n'a pas remplacé la VAT, mais en a Chez les patients dont la pathologie est essentiellement parié-
repoussé les indications dans le temps pour un malade donné, son tale, centrale ou neuromusculaire, on propose la ventilation
caractère moins invasif tendant à en faire préférer l’usage en première chronique lorsque le syndrome restrictif est franc sur les EFR (CV
intention. L’utilisation de la VNI a été favorisée par trois inférieur au moins de 50 % à la théorique) et qu’il existe une hyper-
phénomènes : capnie débutante associée à des signes d’intolérance de cette
– en premier lieu, les essais positifs des équipes les plus expérimen- dernière : insomnie, céphalées matinales, somnolence diurne et
tées démontrant que l’on pouvait obtenir des résultats comparables signes d’insuffisance ventriculaire droite. Cette situation est idéale
à ceux obtenus par trachéotomies au moins dans les étiologies les lorsque l’on a pu voir survenir ces troubles chez un malade connu et
surveillé. Plus souvent, le patient a été détecté à l’occasion d’une
plus favorables [7, 8];
poussée franche d’hypoventilation alvéolaire qui l’a amené en réani-
– en deuxième lieu, l’expansion rapide de la pression positive mation. Dans les cas les meilleurs, il a pu être récupéré en VNI et la
continue (PPC) au domicile dans le syndrome des apnées du discussion de la mise en route d’une VNI chronique au domicile se
sommeil [9]. La recherche de progrès dans la tolérance de cette tech- fait alors dans un contexte proche de la situation précédente après
nique a amené à développer des appareils de ventilation à deux retour à ce qu’on estimera être l’état de base. Parfois, l’intubation a
niveaux de pression dont les performances se sont montrées suffi- été nécessaire et l’on discute la VNI ensuite, en relais après l’extuba-
santes pour améliorer des patients en hypoventilation alvéolaires tion. On tend même à la proposer de plus en plus tôt comme une
[10]; modalité de sevrage après une extubation rapide [16]. Dans les cas
– en troisième lieu, l’utilisation de la VNI avec succès dans le traite- les plus défavorables, le sevrage se fait sur trachéotomie, et celle ci
ment des poussées d’insuffisance respiratoire pour éviter l’intubation est laissée en place pour poursuivre la ventilation au domicile. Enfin
trachéale et ses complications [11]. la ventilation sur trachéotomie reste une modalité de poursuite de la
ventilation à domicile lorsque l’on a épuisé les effets de la VNI. Cette
dernière situation correspond, soit à une correction de l’hypoventi-
lation alvéolaire devenue insuffisante, soit à la nécessité de pratiquer
Pourcentage de survivants des temps de ventilation très prolongés pour obtenir un résultat
correct, voire à des malades devenus totalement insevrables de la
machine.
Pour les patients porteurs d’atteintes parenchymateuses, c’est-à-
dire essentiellement les BPCO, qui sont les plus nombreux, il n’y a
pas à l’heure actuelle de preuve d’une supériorité de la ventilation
non invasive sur le traitement de référence qu’est l’oxygénothérapie
de longue durée. Une étude multicentrique européenne dont les
résultats sont en cours d’exploitation compare chez 123 malades la
VNI chronique par rapport à l’oxygénothérapie, initiées au même
moment dans deux groupes randomisés [17]. Cette étude ne permet
pas de mettre en évidence d’avantage en termes de survie pour la
ventilation commencée précocement quoiqu’elle suggère la possibi-
lité de sous-groupes qui pourraient en être bénéficiaires. On réserve
donc la VNI aux BPCO trop hypercapniques chez lesquels l’oxygéno-
thérapie a atteint ses limites. Pour la plupart de ces patients, la
Figure 21.20. Courbes de la survie des insuffisants respiratoires trachéotomie est bien souvent pratiquée la main forcée pour
chroniques traités par ventilation chronique [4]. permettre le sevrage autrement impossible d’une poussée terminale
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en réanimation. La ventilation est alors poursuivie par nécessité de dans les affections neuromusculaires ou plus simplement du relâche-
façon invasive. ment musculaire qui se produit physiologiquement la nuit durant le
Les dilatations des bronches peuvent être ventilées de quelques sommeil paradoxal. On utilise alors avec plus ou moins de bonheur
mois à deux ou trois ans en VNI avec des résultats médiocres mais des minerves de contention du menton, des attaches mentonnières
meilleurs que ceux obtenus sur trachéotomie, tant l’hypersécrétion voire l’occlusion buccale par du sparadrap.
devient contraignante dans ce dernier cas. Il en est de même des
mucoviscidoses pour qui la VNI est un palliatif qui peut parfois
permettre d’attendre la transplantation [18]. Les fibroses pulmo- GESTION DES INTERFACES INVASIVES
naires même évoluées, ne constituent pas quant à elles des
indications de la ventilation quelles qu’en soient les modalités. Les La trachéotomie, à l’inverse des masques, permet une ventila-
obèses morbides enfin, avec ou sans apnées du sommeil, constituent tion étanche et donc plus efficace grâce aux canules à ballonnet. Elle
un groupe de malades dont la prévalence augmente et dont le traite- expose par contre à des complications plus gênantes [21]. Le reten-
ment fait de plus en plus souvent appel à des techniques de tissement en est important sur la vie quotidienne des handicapés
ventilation non invasive qui vont au-delà de la simple PPC. respiratoires ventilés à domicile et peut compromettre les résultats
d’une ventilation chronique dont l’indication est bonne. La tech-
nique de réalisation d’une trachéotomie destinée à rester en place
ASPECTS TECHNIQUES DE LA VAD pour une ventilation à domicile doit répondre à des exigences qui
privilégient le confort futur du patient plus que la facilité immédiate
VENTILATION EN VOLUME ET EN PRESSION de réalisation du geste chirurgical. Une trachéotomie destinée à être
conservée doit être suffisamment large, pour permettre des changes
Initialement, seul le mode volumétrique était connu pour faciles, et plutôt basse, c’est-à-dire non intercrico-thyroïdienne ou
ventiler les patients au domicile. Ce mode reste le plus utilisé en non immédiatement sous-cricoïdienne pour une meilleure distensi-
ventilation invasive sur trachéotomie, pour laquelle on dispose bilité lors des passages de canules et pour éviter les douleurs et les
d’appareils sûrs, simples, performants et économiques, capables gènes à la déglutition et à la phonation. Les orifices trop petits et
d’assurer une ventilation parfaitement contrôlée et délivrant le rétractiles sont responsables d’accidents de décanulation avec
volume prescrit quelles que soient les variations de résistance des impossibilité de reposition de la canule. L’orifice trachéal est aussi
circuits ou du patient. Pour la VNI, le mode volumétrique entre en volontiers le siège de granulomes. Ces granulomes siègent sur le
concurrence avec la ventilation en mode barométrique. L’apparition trajet intracervical (entre la peau et l’orifice muqueux interne) et
de cette ventilation en pression, plus tardive, s’est faite sous une gênent les changes qu’ils rendent difficiles, hémorragiques et
double influence. D’abord son utilisation préférentielle en réanima- douloureux. Ils sont volontiers provoqués par les canules fenêtrées.
tion pour le sevrage ou la mise en œuvre de la ventilation non L’infection de l’orifice de trachéotomie est due aux germes d’origine
invasive des poussées aiguës. Ensuite le développement de l’usage trachéale ou cutanée pénétrant par effraction dans les tissus sous-
d’appareils à deux niveaux de pression conçus pour la ventilation cutanés. Cette complication survient électivement chez les patients
des syndromes d’apnées du sommeil et dévoyés de cette fonction hypersécrétants.
pour prendre en charge des patients insuffisants respiratoires chroni- Les complications les plus gênantes et les plus sévères se situent
ques [10]. L’avantage théorique de cette « aide inspiratoire » est de au niveau de l’axe trachéal. Elles sont dominées par les granulomes
permettre une assistance ventilatoire dans de meilleures conditions et les sténoses. Une canule constitue pour la trachée un corps
de confort et de compenser les fuites au niveau du masque tout en étranger irritant si elle n’est pas parfaitement adaptée à l’anatomie
laissant au patient la liberté de commander lui même sa respiration. du patient. La muqueuse trachéale se défend en constituant des réac-
Ces avantages immédiats, qui apparaissent clairement lors de la tions inflammatoires pariétales. Ces réactions s’organisent en
ventilation des épisodes de poussée aiguë [11] ne sont cependant pas granulomes qui évoluent pour leur propre compte et deviennent
évidents sur le long terme, aucune étude n’ayant démontré d’avan- facteurs de gêne douloureuse, d’hémorragies et surtout de sténose
tage franc de la pression sur le volume lors de ventilations de longue trachéale. Les granulomes et sténoses sous-glottiques sont surtout
durée [19]. Le choix technique de l’un ou l’autre mode reste donc gênants pour la phonation. Les granulomes et sténoses situés en
fonction des habitudes et de l’expérience des équipes. En fait, le dessous de l’orifice de trachéotomie sont ceux qui posent les
choix d’un ventilateur pour le domicile devra plus dépendre de problèmes les plus épineux. Ils doivent être détectés et détruits à
critères concernant la sécurité que de critères physiopathologiques temps par laser ou cryothérapie, avec l’appoint utile des corticoïdes
complexes. La différence essentielle se fera sur la nécessité de en spray qui diminuent les réactions inflammatoires. On peut ainsi
ventiler en invasif ou en non invasif. En non invasif, on pourra se éviter l’évolution vers leur complication majeure, la sténose
contenter dans la plupart des cas d’appareils simples et comportant trachéale. La sténose peut aller du simple bourrelet granulomateux
un minimum d’alarmes qui sont plus gênantes qu’utiles pour une qui s’est organisé et devenu fibreux, à la destruction plus ou moins
ventilation dont on sait qu’elle est forcément « à fuites ». En ventila- étendue des cartilages trachéaux, qui s’accompagne d’un véritable
tion invasive, pour des malades plus dépendants, on préférera des affaissement trachéal sur plusieurs centimètres. Ce type de lésion est
appareils comportant une spirométrie expiratoire contrôlée avec des dû à l’utilisation de ballonnets gonflés à haute pression. Les trachéo-
alarmes paramétrables et surtout une batterie de secours capable de bronchites purulentes sont favorisées par la colonisation quasi
faire face aux coupures accidentelles de courant. obligatoire de l’arbre trachéobronchique, en général par des germes
à Gram négatifs ou des entérobactéries. On ne sait pas si cette colo-
GESTION DES INTERFACES NON INVASIVES nisation doit être considérée comme un simple marqueur du risque
infectieux ou si les germes isolés sont directement responsables des
Le principal problème posé au prescripteur en ventilation non poussées. Les troubles de la déglutition sont fréquents chez les
invasive sera celui du confort et de la tolérance des interfaces [20]. Il porteurs de canule, surtout dans les premières semaines. Elles sont
existe de nombreux types de masques industriels et de harnais pour surtout favorisées par les trachéotomies hautes, sous-cricoïdiennes.
la voie nasale, de loin la plus utilisée. On fait parfois appel à des Les accidents dus à une défaillance du matériel sont rares, les
masques moulés, peu encombrants et parfaitement étanches lorsque problèmes venant plus volontiers d’une mauvaise utilisation des
les masques disponibles dans le commerce ne permettent pas de canules existantes que de la qualité du matériel lui-même. Des règles
répondre aux exigences désirées. Les masques faciaux sont plus rare- d’utilisation et de matériovigilance ont cependant été publiées par la
ment employés, car assez mal tolérés au long cours. Enfin, plus commission médicotechnique de l’ANTADIR [22] Ces règles concer-
rarement encore, les patients sont ventilés par pièces buccales. Les nent le choix de la canule, leur durée d’utilisation, la périodicité des
complications habituelles des masques sont les ulcérations cutanées, changes, le protocole d’entretien, les soins d’orifice, la compatibilité
en particulier à la racine du nez, mais aussi des rougeurs ou des des produits utilisés et la matériovigilance obligeant au signalement
douleurs aux points d’appui et des conjonctivites par manque des accidents et incidents.
d’étanchéité au niveau des yeux. Les problèmes d’allergie de contact Il faut évoquer enfin le retentissement psychologique et social
aux matériaux sont plus rares. de la trachéotomie. Celui ci est en règle d’autant plus important que
Sur le plan technique, l’efficacité de la ventilation sera surtout les patients sont âgés. Les personnes trachéotomisées très jeunes ont
entravée par les fuites. On résout les problèmes de fuites dues au des capacités d’adaptation importantes s’ils n’ont pas d’atteintes
masque en jouant sur l’adaptation à la morphologie du patient des majeures d’autres organes et s’ils ne souffrent pas de pathologies
différents modèles disponibles. Les fuites buccales sont plus difficiles évolutives. Chez des malades plus âgés ou plus atteints, les
à combattre, qu’elles proviennent de l’hypotonie musculaire faciale problèmes propres à la canule s’ajoutent à ceux liés à l’hypoxémie et
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au manque de souffle : outre le sentiment de mutilation et d’altéra- [3] Hill NS, Eveloff SE, Carlisle CC, Goff SG. Efficacy of nocturnal nasal ventila-
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des sécrétions font obstacle à la communication entraînant souvent [4] Robert D, Gérard M, Léger P, Buffat J, Jennequin J, Holzapfel L. Ventilation
un sentiment d’exclusion sociale voire conjugale. mécanique à domicile des IRC. Rev Mal Resp 1983, 11 : 923-936.
[5] Muir JF, Girault C, Cardinaud JP†, Polu JM and the French Cooperative Study
Group Survival and long term follow-up of tracheostomized patients with
ORGANISATION DU RETOUR À DOMICILE COPD treated by mechanical ventilation. A multicenter french study in 259
patients. Chest 1994, 106 : 201-209.
[6] Raphael JC, Chevret S, Auriant I, Clair B, Gajdos P. Ventilation à domicile au
L’insuffisance respiratoire chronique ventilée à domicile cons- long cours dans les maladies neurologiques de l’adulte. Rev Mal Respir 1998,
titue l’un des premiers modèles existants d’organisation en réseau 15 : 495-505.
autour d’une pathologie. Chaque patient candidat au retour à domi- [7] Léger P, Jennequin J, Gérard M, Robert D. Home positive pressure ventilation
cile fait l’objet d’une évaluation médicotechnique, sociale et via nasal mask for patients with neuromuscular weakness or restrictive lung
or chest-wall disease. Resp Care 1989, 34 : 73-77.
familiale.
[8] Robert D, Willig TN, Paulus J, Léger P. Long-term nasal ventilation in neuro-
Le patient devra d’abord répondre aux critères de stabilité clini- muscular disorders : report of a consensus conference. Eur Respir J 1993, 6 :
ques minimaux suivants [23] : absence de troubles hémodynamiques, 599-606.
équilibre acido-basique et gazométrique acceptables, absence de crises [9] Sullivan CE, Issa FG, Berthon-Jones M, Eves L. Reversal of obstructive sleep
apnea by continuous positive airway pressure applied through the nares.
de bronchospasme lors des périodes de sevrage de la ventilation. On Lancet 1981, 1 : 862-865.
appréciera alors la qualité de la ventilation chronique administrée [10] Strumph DA, Carlisle CC, Millman RP, Smith KW, Hill NS. An evaluation of
avec les appareils destinés au domicile sur les gazométries effectuées the Respironics BiPAP bi-level CPAP device for delivery of assisted ventila-
sous machine puis en pratiquant des oxymétries nocturnes, afin tion. Respir Care 1990, 35 (5) : 415-422.
d’évaluer les fuites. Pour les patients sevrables, c’est-à-dire la grande [11] Brochard L, Isabey D, Piquet J et coll. Reversal of acute exacerbations of
chronic obstructive lung disease by inspiratory assistancewith a face mask. N
majorité, on cherche en effet à ventiler la nuit car c’est la période la Engl J Med 1990, 323 : 1523-1529.
plus vulnérable aux hypoxémies en raison de l’aggravation de l’hypo- [12] Léger P, Bedicam JM, Cornette A, Reybet-Degas O, Langevin B, Polu JM,
ventilation durant le sommeil; par ailleurs cela permet de libérer le Jeannin M, Robert D. Noninvasive positive pressure ventilation : long term
« temps utile » de la journée. Les problèmes d’adaptation des interfaces follow up in patients with severe respiratory insufficiency. Chest 1994, 105 :
100-105.
qu’il s’agisse de masques ou de canules font l’objet d’une attention
[13] Simonds AK, Elliott MW. Outcome of domiciliary nasal intermittent positive
particulière pour prévenir les complications et optimiser la ventila- pressure ventilation in restrictive and obstructive disorders. Thorax 1995, 50 :
tion. L’entourage social et familial du patient est pris en compte de 604-609.
même que sa motivation, au besoin avec l’aide d’une équipe de [14] Janssens JP, Derivaz S, Bretenstein E et coll. Changing patterns in long term
psychopathologie. Une attention essentielle doit être accordée à non invasive ventilation : a 7 year prospective study in the Geneva Lake
Area. Chest 2003; 123 : 67-79.
l’auto-prise en charge des soins par le patient et sa famille, en particu-
[15] Clini E, Sturani C, Rossi A et coll. The italian multicentre study on noninva-
lier chez les porteurs de canule trachéale. Cette éducation constitue la sive ventilation in chronic obstructive pulmonary disease patients. Eur. respir
meilleure prévention des complications en même temps qu’elle est un Dis 2002; 20 : 529-538.
facteur d’autonomie et d’amélioration de la qualité de vie [24]. Un [16] Udwadia ZF, Santis GK, Steven MH, Simonds AK. Nasal ventilation to facili-
décret de parution toute récente vient d’ailleurs de combler le vide tate weaning in patients with chronic respiratory insufficiency. Thorax 1992,
47 : 715-718.
juridique qui persistait concernant la responsabilité des intervenants
[17] Muir JF, De La Salmoniere P, Cuvelier A, Chevret S, Tengang B, Chastang C on
familiaux et non soignants dans les soins aux patients trachéotomisés the behalf of NIPPV study group. Survival of severe hypercapnic
+ COPD under
[25, 26]. L’assistance technique, quant à elle, est faite au domicile long-term home mechanical ventilation with NIPPV oxygen versus oxygen
après renseignement d’un imprimé de prise en charge spécifique therapy alone. Preliminary results of an european multicentre study. Amer J
Respir Crit Care 1999,159 (part 2 of 2 parts) (3), A295.
(CNAMTS 629-09/88) soit par une association du réseau ANTADIR
[18] Piper AJ, Parker S, Torzillo PJ, Sullivan CE, Bye PT. Nocturnal nasal IPPV stabi-
[27], soit par un prestataire privé, l’un comme l’autre étant rémunéré lizes patients with cystic fibrosis and hypercapnic respiratorty failure. Chest
par des forfaits pour des prestations à fournir qui sont définies au TIPS 1992, 102 : 846-850.
par décret [28]. Les soins sont exonérés du ticket modérateur, l’IRC [19] Robert D, Langevin B, Sab JM. L’utilisation des modes en régulation de volume ou
grave figurant sur la liste des maladies y ouvrant droit. Pour chaque en régulation de pression au cours de la VNI. Ventilation non invasive. Masson,
Paris, 1996 : 189-196.
patient, on doit avoir prévu les aides à domicile adaptées en fonction
[20] Sotor-Leger S. Choix de l’interface pour la VNI faciale dans l’insuffisance respira-
des besoins sociaux et matériels : aide ménagère, aide soignante, kiné- toire chronique. Ventilation non invasive. Masson, Paris, 1996 : 169-188.
sithérapeute ou infirmière sont prescrits en fonction des nécessités. [21] Viau F, Lededente A, Le Tinier JY. « Complications de la trachéotomie ». Rev
Pour les cas les plus dépendants et réclamants des soins et un nursing Pneumol Clin 1988, 44 : 24-32.
lourd, on met en œuvre des structures d’hospitalisation à domicile. [22] Commission Médico-Technique et Sociale de l’ANTADIR. « Bonnes pratiques
Enfin, le médecin traitant est averti de la sortie et le patient doit sortir relatives à l’utilisation des canules de trachéotomie à domicile ». Rev Mal
Respir 1998, 15 : 109-110.
porteur de son compte rendu et de toutes les ordonnances utiles aux [23] Make BJ. Indications de la ventilation à domicile pour les patients insevrables
soins. Le service spécialisé de référence chargé de le suivre au long traités en unité de soins intensifs. Assistance ventilatoire à domicile (JIVD).
cours doit être à ce moment clairement identifié. Le suivi ultérieur Arnette, Paris, 1994 : 243-256.
comprendra en effet un contrôle régulier des résultats de la ventilation [24] Viau, Magro H, Lededente A, Le Tinier JY. « Résultats d’un programme
d’éducation à l’autonomie des insuffisants respiratoires chroniques
chronique basé essentiellement sur les signes cliniques et les résultats trachéotomisés ». Rev Mal Resp 1988, 5 : 61-65.
des gazométries. [25] Décret n° 99-426 du 27 mai 1999, habilitant certaines catégories de
personnes à effectuer des apirations endotrachéales. Journal officiel de la Répu-
blique française, 28 mai 1999 : 7859.
[26] Arrêté du 27 mai 1999, relatif à la formation des personnes habilitées à effec-
RÉFÉRENCES tuer des aspirations endotrachéales. Journal officiel de la République française,
28 mai 1999 : 7862-7863.
[1] D’avignon P, Sundell L, Wernemann H. Treatment in cuirass and/or positive [27] Muir JF, Voisin C, Ludot A. VNI à domicile : organisation des soins. Ventilation
pressure ventilator. Primary lethality, invalidity, and physical fittness of respi- non invasive. Masson, Paris, 1996 : 207-214.
rator patients after one year. Acta Med Scand 1956, 154 (sup 316) : 107-110. [28] Arrêté du 23 décembre 1998, modifiant le titre premier du TIPS et relatif aux
[2] Rochester DF, Braun NMT, Laine S. Diaphragmatic energy expenditure in dispositifs médicaux pour traitement de l’insuffisance respiratoire et de
chronic respiratory failure : the effect of assisted respiration with body respi- l’apnée du sommeil et aux prestations associées. Journal officiel de la Répu-
rators. Amer J Med 1977, 63 : 223-232. blique française, 30 décembre 1998 : 19895-19900.