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Colloïdes ou solutés macromoléculaires


de remplissage vasculaire
S. Wiramus

Résumé : Le remplissage vasculaire est au centre de la prise en charge de la défaillance hémodyna-


mique aiguë. Des recommandations encadrent sa pratique. Il est démontré que dans deux populations
différentes, l’administration de fluide (indépendamment du type) est associée à une surmortalité par
rapport à une attitude restrictive, d’où l’avantage théorique des macromolécules. Ces colloïdes sont
représentés en France par deux grandes classes : l’albumine, colloïde naturel, et les colloïdes de syn-
thèse (hydroxyéthylamidons [HEA], gélatines fluides modifiées [GFM] et dextrans). L’intérêt des dextrans
manque d’étude scientifique solide. Les GFM n’ont qu’un faible pouvoir d’expansion volémique comparé
à un risque allergique important. Les HEA augmentent de manière importante et prolongée la volémie,
mais ils s’accumulent dans les tissus, et peuvent donner des effets secondaires sur l’hémostase et des
insuffisances rénales aiguës. C’est l’HEA 130 qui semble le mieux placé entre bénéfice et risque d’effets
secondaires, si l’on respecte strictement les doses maximales préconisées et les indications : 30 ml/kg par
jour en anesthésie quand une expansion vasculaire par cristalloïdes en première intention est insuffisante.
L’albumine est une alternative plus coûteuse que les GFM et HEA qui sont aujourd’hui contre-indiqués en
réanimation, notamment dans les chocs septiques et chez les brûlés. Les solutés de remplissage doivent
être traités comme des médicaments : non seulement le type de soluté est important, mais également la
dose, la vitesse d’administration, la durée et la désescalade.
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Colloïdes ; Remplissage vasculaire ; Hypovolémie ; Albumine ; Gélatines ;


Hydroxyéthylamidons (HEA) ; Dextrans

Plan ■ Indications 6
Albumine 7
■ Introduction 1 Hydroxyéthylamidons 7
Gélatines 7
■ Physiologie des échanges liquidiens 2 Dextrans 7
Répartition corporelle de l’eau 2 Maintien de la volémie 7
Loi de Franck Starling 2 En période périopératoire 7
■ Paramètres physicochimiques caractérisant les solutés En réanimation 8
macromoléculaires 2 Effets chez la femme enceinte 9
Masse moléculaire ou poids moléculaire 2 ■ Conclusion 9
Viscosité 2
Point de gélification 2
Solvants des colloïdes de synthèse 2
■ Caractéristiques physicochimiques des colloïdes disponibles 3  Introduction
Colloïdes naturels 3
Colloïdes de synthèse 3 Le remplissage vasculaire (RV) est le traitement intraveineux
■ Pharmacocinétique 4 le plus fréquemment administré en réanimation. Toutefois,
Colloïdes naturels : albumine 4 il est démontré que, indépendamment du type de soluté,
Colloïdes de synthèse 4 l’administration de fluide (versus une attitude restrictive) est asso-
■ Pharmacodynamie 4 ciée à une surmortalité [1, 2] .
Le RV peut être effectué avec des cristalloïdes. Toutefois, leur
■ Autres effets systémiques 4
espace de diffusion s’étend à tout le secteur extracellulaire, ce
Effets sur le système immunitaire 4
qui limite l’utilisation de grands volumes par inflation du secteur
Effets sur la glycémie 5
interstitiel. C’est pour limiter cette diffusion qu’on utilise des solu-
Effets sur l’amylasémie 5
tés macromoléculaires (ou colloïdes) non ou peu diffusibles, avec
■ Effets indésirables 5 augmentation de la pression oncotique (PO). Toutefois, de façon
Effets immunoallergiques 5 caricaturale, la minimisation de la différentielle entre pression
Risque infectieux 5 hydrostatique et PO conduit à l’annulation du débit de filtra-
Effets sur l’hémostase 5 tion glomérulaire et peut provoquer une insuffisance rénale aiguë
Effets dépendants du stockage tissulaire 6 (IRA).

EMC - Anesthésie-Réanimation 1
Volume 41 > n◦ 1 > janvier 2021
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0289(20)83264-2
36-735-A-10  Colloïdes ou solutés macromoléculaires de remplissage vasculaire

Tableau 1. Sous l’effet de la pression hydrostatique, elle permet de réabsor-


Solutés macromoléculaires de synthèse disponibles (Autorisation de mise ber l’eau en intravasculaire pour maintenir la volémie ;
sur le marché en France en 2019). • le glycocalyx joue aussi un rôle important dans cet équilibre :
DCI PMp (kDa) Concentration (%) Générique il s’agit d’un manteau très fin à la surface luminale des cellules
endothéliales, constitué de glycoprotéines, de glycosaminogly-
Gélatines cans et de protéoglycans [7] . C’est un réseau enchevêtré et dense
GFM 26,5 4 Gelaspan® formant une première barrière devant l’endothélium, et partici-
GFM 35 3 Plasmion® pant à la régulation du trafic cellulaire et macromoléculaire [8] . Il
GFM 30 4 Gélofusine®
a un rôle protecteur dans les phénomènes de reconnaissance et
d’adhésion cellulaire, et dans les processus infectieux. Dans cer-
Hydroxyéthylamidons
taines situations pathologiques, les cellules endothéliales et le
a
HEA 130/0,38 à 0,45 130 6 Voluven® glycocalyx sont lésés, ce qui induit une extravasation majeure
HEA 130/0,42 130 6 Restorvol ® a de liquide [9] . Maintenir une concentration physiologique de
HEA 130/0,42 130 6 Isovol® b protéines plasmatiques, en particulier l’albumine, pourrait pré-
HEA 130/0,38 à 0,45 130 6 Volulyte® b venir de telles lésions du glycocalyx [10] .
® c
HEA 200/0,5 200 6 Hyperhes
Dextrans
 Paramètres physicochimiques
Dextran 70 70 6 RescueFlow®
caractérisant les solutés
DCI : dénomination commune internationale ; PMp : poids moléculaire moyen
en poids ; GFM : gélatines fluides modifiées ; HEA : hydroxyéthylamidon.
a
macromoléculaires
Solvants : chlorure de sodium isotonique.
b
c
Solution cristalloïde équilibrée.
Sérum salé hypertonique (à 7,2 %).
Masse moléculaire ou poids moléculaire
Selon leur fabrication, les colloïdes de synthèse présentent un
En 2019, les solutés disponibles appartiennent à deux grandes PM variable. Celui de l’albumine est d’environ 70 kDa.
catégories :
• les colloïdes naturels : l’albumine ;
• les colloïdes de synthèse : les gélatines, les HEA et les dextrans. Viscosité
Les médicaments disponibles en France sont présentés dans le
À PM égal, les molécules linéaires (gélatines) sont plus encom-
Tableau 1.
brantes et ont une viscosité intrinsèque plus grande que les
Les macromolécules ont été introduites au cours de la Seconde
molécules globulaires (HEA).
Guerre mondiale avec la perfusion d’albumine chez des victimes
de traumatismes et de brûlures graves [3] .
Le choix du soluté de RV reste très discuté (cristalloïde ou col- Point de gélification
loïde). Il existe aussi une controverse entre albumine et colloïdes
de synthèse pour le RV des hypovolémies aiguës quand les cristal- L’utilisation des gélatines dans des situations extrahospitalières
loïdes sont jugés insuffisants [4] . est risquée car ces solutés pourraient être soumis à des tempéra-
tures basses (< 4 ◦ C) avec possible gélification [11] .

 Physiologie des échanges Solvants des colloïdes de synthèse


liquidiens Le terme colloïde se réfère à des solutions aqueuses contenant
à la fois des grandes macromolécules et des électrolytes.
Répartition corporelle de l’eau Trois solvants sont utilisés pour les colloïdes : le sérum salé iso-
L’eau totale représente environ 60 % du poids du corps. Cette tonique (SSI), la solution équilibrée ou balancée, et le sérum salé
eau est contenue pour les deux tiers dans le secteur intracellu- hypertonique (SSH).
laire. Chez un adulte sain, le secteur extracellulaire (un tiers de La composition des différents colloïdes de synthèse est résumée
l’eau totale) se divise en secteur vasculaire (25 % ou secteur plas- dans les Tableaux 2 et 3
matique) et un plus vaste espace interstitiel (75 %). Le secteur .
vasculaire est séparé du liquide interstitiel par la membrane endo-
théliale capillaire, qui permet le passage de certaines protéines. Le Sérum salé isotonique
passage protéique dépend de leur poids moléculaire (PM), de leur C’est le solvant principal des colloïdes. Un apport de volumes
forme, et de leur nature lipophile ou hydrophile ; ainsi, la per- importants pourrait être responsable d’acidose hyperchloré-
méabilité capillaire est très grande pour l’eau et les électrolytes et mique [12, 13] , associée à une augmentation de la mortalité chez
plus faible pour les grosses molécules, telle que l’albumine. C’est le les patients de réanimation [14] . Cependant, la plupart des études
glycocalyx endothélial qui a un rôle-clé dans cette perméabilité ; étaient rétrospectives observationnelles, ce qui empêche d’aboutir
il peut être détruit non seulement par l’ischémie et la chirurgie, à une association causale significative entre les deux.
mais également par l’hypervolémie aiguë et dans certaines situa-
tions pathologiques (sepsis, syndrome d’ischémie-reperfusion ou Cristalloïdes balancés
inflammation systémique) [5] .
Une étude récente randomisée contrôlée multicentrique
sur plusieurs milliers de patients de réanimation a comparé
Loi de Franck Starling l’utilisation de SSI avec des cristalloïdes balancés (Ringer Lactate®
ou Plasmalyte-A® ). La dysfonction rénale était moindre dans le
D’après Starling, la paroi capillaire est le siège d’un échange
groupe « solutés balancés », mais la nécessité d’une épuration
permanent bidirectionnel d’eau et de solutés. Ainsi, à tra-
extrarénale (EER), la persistance de l’insuffisance rénale à la sortie
vers l’endothélium vasculaire, trois mécanismes permettent les
de réanimation et la mortalité à 30 jours étaient identiques dans
échanges membranaires : les pressions osmotique, oncotique et
les deux groupes [15] .
hydrostatique.
Deux éléments sont essentiels pour expliquer ces mouvements
transmembranaires :
Sérum salé hypertonique
• l’albumine : très hydrophile, c’est la principale protéine plasma- Dans une revue Cochrane, l’utilisation de SSH pour la réani-
tique responsable de la pression colloïde osmotique (PCO) [6] . mation des victimes de traumatismes n’a montré aucun bénéfice

2 EMC - Anesthésie-Réanimation
Colloïdes ou solutés macromoléculaires de remplissage vasculaire  36-735-A-10

Tableau 2.
Composition des solutions de gélatine fluide modifiée (GFM).
Composition Plasmion® Gélofusine® Gelaspan® Plasma Albumine
GFM (g/l) 30 40 40 – –
Na+ (mmol/l) 150 154 151 138–142 154
Cl- (mmol/l) 100 125 103 105–110 154
Ca++ (mmol/l) 0 0 1 2,2–2,6 –
Mg++ (mmol/l) 1,5 0 1 0,75–0,96 –
K+ (mmol/l) 5 0 4 3,5–5 –
Lactates (mmol/l) 30 0 – <2 –
Glucose (g/l) 0 0 – 0,6–1,4 –
Osmolarité (mOsm/l) 320 279 284 280–295 308
pH 5,5–5,6 7,4 ± 0,3 7,4 ± 0,3 7,38–7,42 –
Acétate – – 24 – –

Tableau 3.
Composition des solutions d’hydroxyéthylamidon.
Composition Restorvol® , Voluven® Isovol® Volulyte® Hyperhes® Plasma Albumine
+
Na (mmol/l) 154 140 137 1232 138–142 154
Cl- (mmol/l) 154 118 110 1232 105–110 154
Ca++ (mmol/l) 0 2,5 0 0 2,2–2,6 –
Mg++ (mmol/l) 0 1 1,5 0 0,75–0,96 –
K+ (mmol/l) 0 4 4 0 3,5–5 –
Acétate (mmol/l) 0 24 34 0 <2 –
Malate (mmol/l) 0 5 5 0 –
Osmolarité (mOsm/l) 308 296 287 2464 280–295 308
pH 3,5–6,5 5,6–6,4 5,7–6,5 3,5–6,0 7,38–7,42 –

par rapport aux cristalloïdes isotoniques, et deux essais puissants • le taux de substitution molaire (TSM), qui est le rapport molaire
portant sur la mortalité ont été arrêtés tôt pour cause de futilité [16] . des concentrations hydroxyle et glucose ;
• le rapport C2/C6, qui représentent respectivement la deuxième
et la sixième molécule de glucose porteuse d’un groupement
 Caractéristiques hydroxyle. C’est ce rapport C2/C6 qui caractérise le plus le
métabolisme des HEA.
physicochimiques des colloïdes Un TSM et un rapport C2/C6 élevés favorisent la persistance
intravasculaire et le risque d’accumulation.
disponibles
Colloïdes naturels Dextrans
L’albumine humaine est obtenue par fractionnement du plasma Ce sont des polysaccharides produits par des bactéries pendant
humain et traitement par chauffage. Elle est disponible en plu- la fermentation de l’éthanol. Leur durée d’efficacité varie entre 4
sieurs concentrations (de 4, 5 et 20 %). Son coût est très élevé et
nécessite une traçabilité.

Colloïdes de synthèse “ Point important


Ce sont des alternatives plus économiques que l’albumine.
Exemple de dénomination des HEA : HEA
Gélatines fluides modifiées 130/0,42–6 %
130 = PM moyen.
Elles sont obtenues à partir du tissu collagène (peau, os)
Il existe trois catégories d’HEA selon le PM :
d’espèces animales (bovins).
• haut PM : 450–480 kDa ;
Ce sont des polypeptides obtenus par hydrolyse du collagène
de la peau et de l’os du bœuf [17, 18] . • PM moyen : 130–200 kDa ;
• bas PM : 70 kDa.
Hydroxyéthylamidons En France, les HEA commercialisés ont un PM moyen.
0,42 = TSM, rapport nombre de groupes OH sur nombre
Ce sont des polysaccharides naturels modifiés de haut PM, de molécules de glucose. Il est élevé pour un rapport entre
extraits de maïs ou de pomme de terre [19] . Pour éviter que
0,62–0,70 et bas entre 0,45–0,58.
ces solutions d’amidon naturel soient rapidement hydrolysées
par les amylases sériques, les industriels ont hydroxylé certaines 6 = rapport C2/C6 soit nombre de carbones OH en C2 sur
molécules de glucose afin de créer les HEA. Les HEA sont ainsi le nombre de carbones OH en C6. Il est élevé si ce rapport
classés selon leur taux d’hydroxylation et la localisation de ce est supérieur à 8.
groupement hydroxyle. Trois paramètres sont importants pour 6 % = concentration dans la solution commercialisée. Elle
comprendre cette classification des HEA : est de 60 g/l (6 %) pour les HEA actuellement commercia-
• le degré de substitution, qui est le pourcentage de molécules de lisés en France.
glucose porteuses d’au moins un groupement hydroxyle ;

EMC - Anesthésie-Réanimation 3
36-735-A-10  Colloïdes ou solutés macromoléculaires de remplissage vasculaire

et 10 heures. Leur utilisation est limitée par des effets secondaires baisse d’élimination est aussi retrouvée lors d’injection unique
graves et plus fréquents qu’avec les autres colloïdes : d’HEA [22] .
• réactions anaphylactoïdes sévères ;
• accidents fœtomaternels, contre-indiquant leur emploi au
cours de la grossesse et à l’accouchement ;
• troubles de l’hémostase avec baisse des facteurs de la coagula-
tion et anomalies plaquettaires ;
“ Point fort
• insuffisance rénale.
Seul le RescueFlow® a conservé son autorisation de mise sur le Pharmacocinétique des colloïdes
marché (AMM). L’albumine humaine est une protéine synthétisée par le
foie qui est responsable de plus de 75 % de la PCO plas-
matique. Sa durée d’expansion volémique varie entre 6 et

“ Point fort 8 heures.


Les gélatines ont un PM faible (30–35 kDa) avec une demi-
vie plasmatique courte (3–4 heures) et une élimination
Les colloïdes sont de deux types : essentiellement sans accumulation dans les organes.
• naturels : l’albumine (issue du plasma humain) ; Le seuil de filtration rénale des HEA dépend de leur PM et
• de synthèse : les gélatines (issues du collagène de bœuf), nécessite leur fragmentation en molécules de PM inférieur
les HEA (extraits d’amidon de maïs ou de pomme de terre) à 70 kDa. Les insuffisants rénaux ont donc un risque accru
et les dextrans (provenant de la fermentation de l’éthanol d’accumulation de l’HEA avec risque d’altération de leur
par les bactéries). Ils sont composés d’un solvant qui peut fonction rénale.
être du SSI, un cristalloïde balancé ou équilibré, ou du SSH.
Les HEA sont caractérisés par leur PM, leur TSM et leur rap-
port C2/C6. Un TSM et un rapport C2/C6 élevés favorisent
la persistance intravasculaire et le risque d’accumulation.  Pharmacodynamie
L’effet de RV d’un soluté dépend notamment de sa vitesse
d’élimination. C’est pourquoi les gélatines sont moins efficaces,
avec une durée d’expansion volémique très courte du fait de
l’élimination rapide de ces molécules de petite taille.
 Pharmacocinétique La POC correspond à la pression osmotique due aux seules pro-
téines. C’est elle qui conditionne avant tout le degré d’expansion
Colloïdes naturels : albumine volémique. Les HEA augmentent la volémie grâce à un pouvoir
d’expansion par transfert de liquides du secteur interstitiel vers le
L’albumine humaine est une protéine synthétisée par le foie ; secteur vasculaire. Ces effets sont identiques pour les HEA 130 et
elle représente environ 55 % des protéines plasmatiques. Avec son 200/0,5 [23] .
PM de 69 kDa, elle fournit 70 % de la PO plasmatique. L’albumine Pour un même PM, c’est de la forme de la molécule dont va
se lie à l’oxyde nitrique, protège contre la peroxydation lipidique dépendre sa capacité et sa durée d’expansion volémique. Une
et régule l’inflammation. Sa durée d’expansion volémique varie molécule globulaire diffuse plus facilement à travers la paroi
entre 6 et 8 heures. capillaire et le glomérule rénal. Pour qu’un soluté entraîne une
expansion volémique durable, il doit aussi être constitué de molé-
cules de taille suffisante ne diffusant que très lentement à travers la
Colloïdes de synthèse membrane capillaire. C’est l’albumine qui allie à la fois une taille
importante et une forme adéquate pour ne diffuser que lentement
Gélatines à travers l’endothélium vasculaire, et avoir un effet oncotique
Leur PM est faible, 30 à 35 kDa, ce qui explique une demi- important et prolongé.
vie plasmatique relativement courte (3–4 heures). Près de 90 %
des molécules sont éliminées par voie urinaire (87 %) dont la
moitié dans les six heures qui suivent et 75 % en 24 heures. Le
reste est catabolisé par des protéases, sans accumulation dans les
organes.
“ Point fort
Pharmacodynamique des colloïdes
Hydroxyéthylamidons La POC conditionne l’effet de RV des colloïdes.
Une fois dégradés par des amylases plasmatiques et tissu- Les effets sur la POC sont identiques pour les HEA 130/0,4
laires [20] , les HEA sont éliminés par voie rénale uniquement si et 200/0,5.
leur PM est inférieur à 70 kDa. C’est ce qui survient pour environ Les gélatines sont de petites molécules rapidement élimi-
20 % d’entre eux, avec une filtration glomérulaire rapidement effi-
nées, ce qui explique leur courte efficacité.
cace. Pour les molécules au PM supérieur à 70 kDa, elles doivent
être fragmentées progressivement. En attendant, elles restent dans
le secteur vasculaire, ce qui explique la persistance d’une PO éle-
vée et donc l’effet prolongé d’expansion volémique avec les HEA
comparés aux autres colloïdes de synthèse. Un TSM et un rapport  Autres effets systémiques
C2/C6 élevés favorisent la persistance intravasculaire et le risque
d’accumulation. Des études pharmacocinétiques ont ainsi montré Effets sur le système immunitaire
qu’on peut retrouver au moins 30 % de la quantité d’HEA per-
fusée trois jours après leur administration [21] . Ces phénomènes Dans une publication sur les effets de l’HEA 130/0,4 sur diverses
d’accumulation sont moindres avec l’HEA 130/0,4 même après fonctions immunitaires innées dans un modèle murin de sepsis,
plusieurs jours de perfusion, mais une concentration faible de les auteurs ont montré que l’HEA réduit l’activation des neutro-
molécules de PM supérieur à 70 kDa est quand même retrou- philes dans les états inflammatoires [24] . De plus, la coagulation fait
vée. Cela peut expliquer l’altération de la fonction rénale de partie du système immunitaire inné et son activation locale joue
patients insuffisants rénaux chroniques après perfusion d’HEA. un rôle important dans la réponse précoce de l’hôte à l’infection.
En cas de clairance de la créatinine inférieure à 30 ml/min, cette L’activation plaquettaire contribue ainsi à la formation de caillots

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protecteurs de fibrine, hors les HEA altèrent cette agrégation pla- cutanée prurigineuse, détresse respiratoire, tachycardie). Seules
quettaire [25] . les gélatines sont responsables d’histaminolibération. Des chocs
maternels sont aussi décrits avec les gélatines sans atteinte fœtale
par le biais d’immunoglobulines E (qui ne traversent pas la bar-
Effets sur la glycémie rière), d’où leur contre-indication en obstétrique. La gélatine
liée à l’urée est beaucoup plus allergène que la GFM, qui existe
Dans une étude récente, l’administration d’HEA 130 à 6 % (qui
dans la plupart des solutions aujourd’hui [30] . Les réactions aller-
contient de l’amidon et peut donc théoriquement produire du glu-
giques à la gélatine sont généralement bénignes et leur incidence
cose), a effectivement augmenté la glycémie, mais dans les limites
est beaucoup plus faible lorsque la GFM est utilisée par rapport
physiologiques. Ce degré d’augmentation de la glycémie n’a pas
aux préparations gélatineuses plus anciennes. En janvier 2017,
été supérieur à celui provoqué par l’administration de la solution
l’Agence nationale du médicament et des produits de santé a
de Ringer lactate® . En conclusion, les auteurs n’ont pas trouvé de
contre-indiqué les GFM en cas d’allergie à la viande rouge ou aux
preuve que cet HEA induisait une hyperglycémie chez les patients
abats (allergie croisée).
non diabétiques [26] .

Effets sur l’amylasémie Risque infectieux


Le risque de transmission de l’agent responsable de
Dans une étude chez des volontaires sains, une perfusion de
l’encéphalopathie spongiforme bovine existe théoriquement
500 ml d’HEA à 6 % a entraîné une augmentation de l’amylase
avec les gélatines d’origine bovine. Mais selon l’Organisation
sérique, jusqu’à deux fois sa valeur basale dans la plupart des
mondiale de la santé, les GFM sont considérées sans danger
cas [27] . La fonction rénale a influencé la durée de l’augmentation
pour la consommation humaine. En effet, il a été démontré que
de l’amylase sérique, puisque chez les patients présentant une
lorsque les os sont convertis en gélatine brute, des processus
insuffisance rénale avancée (débit de filtration glomérulaire entre
acide et alcalin réduisent le potentiel infectieux à des niveaux
2 et 10 ml/min), l’amylase sérique était toujours nettement éle-
indétectables [31–33] .
vée après 72 heures. L’excrétion d’amylase dans l’urine a diminué.
La responsabilité de l’albumine n’a jamais été prouvée à ce jour
L’hypothèse d’une macroamylasémie provoquée par la formation
dans un accident de transmission de virus pathogène ou d’autre
d’un complexe HEA-amylase a été confirmée, et l’élimination plas-
agent transmissible non conventionnel ; cependant, l’albumine
matique de ce complexe enzyme-substrat de haut PM est lente et
étant un dérivé d’origine humaine, le risque biologique ne peut
provoque une hyperamylasémie. En aucun cas la macroamylasé-
être considéré comme nul d’après la Haute Autorité de santé
mie n’a été associée à des signes ou des symptômes. Une prise de
(HAS).
conscience de cette relation de cause à effet semble être impor-
tante pour éviter le diagnostic erroné d’une maladie du pancréas.
Chez les patients sans défaillance rénale, l’élévation maximale Effets sur l’hémostase
survient dans les 12 heures après la fin de la perfusion avec une
normalisation entre 24 et 48 heures. En revanche, la lipasémie Le syndrome de von Willebrand (vWF) acquis et la diminu-
n’est pas modifiée par l’administration d’HEA. D’autres études ont tion du facteur VIII ont été observés à plusieurs reprises depuis
retrouvé des résultats similaires avec l’HEA 130/0,4 [21, 22] . l’introduction des solutions des HEA qui s’accumulent par dégra-
dation lente comme les 200/0,5 [34] . Il a été démontré que les
différences physicochimiques entre les différents HEA sont impor-
 Effets indésirables tantes quant à la diminution du facteur VIII/facteur de vWF : de
manière constante, les solutions d’HEA lentement dégradables
Effets immunoallergiques (200/0,5) réduisent jusqu’à 80 fois les concentrations plasma-
tiques circulantes des facteurs de coagulation VIII et de vWF à
Une enquête prospective dans 49 établissements hospitaliers la fois chez les volontaires sains et chez les patients, même s’ils
publics et privés français sur 15 mois (1991–1992) a été menée sont utilisés à des posologies inférieures aux doses quotidiennes
sur plus de 19 000 patients. Ils ont reçu des gélatines (48,1 %), recommandées de 25 à 50 ml/kg. La conséquence physiopatholo-
des amidons (26,7 %), des albumines (15,7 %) et des dextrans gique en est une altération des paramètres fonctionnels tels que
(9,5 %) [28] . Les auteurs ont recensé 43 réactions anaphylactoïdes l’activité du cofacteur de la ristocétine ou le temps de throm-
représentant une incidence globale de réactions de 0,2 %, soit boplastine partielle activée. Au contraire, les solutions d’HEA
une réaction pour 456 patients traités. Cette incidence a été dif- rapidement dégradables (130/0,4) n’ont eu aucun effet chez des
férente suivant les substituts : gélatines (0,4 %), dextrans (0,3 %), patients de chirurgie orthopédique [35] , des patients atteints de
albumines (0,1 %) et amidons (0,06 %). Dans 20 % des cas, ces maladie cérébrovasculaire [36] après administration chronique et
réactions ont été sévères, de grade III ou IV. Par une analyse mul- chez des volontaires sains [37] . Le mécanisme physiopathologique
tivariée, quatre facteurs de risque ont été isolés, indépendants l’un responsable des effets indésirables sur la coagulation n’est pas
de l’autre : l’administration de gélatines (odds ratio [OR] = 4,81), encore compris. Bien que des effets d’hémodilution passifs soient
de dextrans (OR = 3,83) ; les antécédents d’allergie médicamen- observés immédiatement après la perfusion (diminution de la
teuse (OR = 3,16), le sexe masculin (OR = 1,98). L’estimation du concentration en hémoglobine et en fibrinogène), le vWF atteint
risque relatif de réaction anaphylactoïde d’un substitut par rap- son minimum 1 à 2 heures après, ce qui indique des mécanismes
port à l’autre a montré qu’avec les amidons le risque était six fois supplémentaires à une hémodilution seule. Fenger-Eriksen [38] a
moindre qu’avec les gélatines, 4,7 fois moindre qu’avec les dex- récemment observé que le déficit en fibrinogène acquis consti-
trans. Le risque représenté par les albumines était 3,4 fois moindre tuait le facteur déterminant le plus important de la coagulopathie
qu’avec les gélatines, et pratiquement identique à celui des ami- aux HEA.
dons. En conclusion, il est apparu que, pour réduire au maximum La diminution du volume plaquettaire observée peut être due
le risque de réaction anaphylactoïde, on devrait éviter d’utiliser les à l’hémodilution, mais quant est-il de la fonction plaquettaire ?
gélatines et les dextrans en cas d’allergie médicamenteuse anté- Avec l’essor de l’analyseur de la fonction plaquettaire PFA-100 et
rieure. Il est nécessaire de pratiquer un bilan allergologique en la thromboélastographie, ainsi que de nouvelles techniques de
cas d’accident car celui-ci peut être lié à la présence d’anticorps, test plaquettaire, telles que la cytométrie de flux sanguin total,
ce qui contre-indiquerait l’administration ultérieure du substitut la compréhension des effets des HEA sur les plaquettes a pro-
incriminé. fondément avancé. Des solutions d’HEA lentement dégradables
Ainsi, les gélatines représentent la très grande majorité des prolongent significativement les temps de fermeture du PFA-100,
réactions allergiques en France [29] . Cette réaction survient habi- ce qui n’est pas le cas des HEA rapidement dégradables chez des
tuellement dès le début de l’administration de quelques millilitres volontaires sains [39] . Le PFA-100 mesure la fonction plaquettaire
du colloïde et on se doit donc de rester vigilant dès les pre- globale qui dépend de l’interaction des protéines GP IIb– IIIa et
miers signes pouvant faire suspecter une anaphylaxie (éruption GPIb avec leurs ligands, tels que le fibrinogène et le vWF.

EMC - Anesthésie-Réanimation 5
36-735-A-10  Colloïdes ou solutés macromoléculaires de remplissage vasculaire

La thromboélastographie a confirmé que les caractéristiques nution du risque d’insuffisance rénale avec la gélatine par rapport
physicochimiques des HEA modifient de manière significative à tout autre fluide intraveineux [51] . Un essai clinique randomisé
leurs effets secondaires sur la coagulation et la fonction pla- comparant les gélatines et les cristalloïdes chez des patients sep-
quettaire, les HEA lentement dégradables ayant l’effet le plus tiques est en cours (NCT 02715466).
prononcé [37] . L’essai RARE a comparé l’albumine à des cristalloïdes chez des
L’effet des colloïdes sur la fibrinolyse a fait l’objet de discussions patients en réanimation et n’a pas démontré d’augmentation
controversées. Certaines études ont montré une augmentation de du risque d’IRA [52] . En tant que colloïde endogène normal,
la fibrinolyse in vivo et in vitro en présence d’HEA [37] , tandis que l’albumine présente une grande marge de sécurité rénale, bien
d’autres n’ont montré aucun effet [40] . Bien qu’il soit impossible de que le surdosage en albumine doive être évité. L’albumine semble
tirer une conclusion définitive à partir des données disponibles, également exercer des effets protecteurs sur les reins tels que
l’effet des HEA sur la fibrinolyse ne semble pas avoir une impor- l’inhibition de l’apoptose et le piégeage des espèces réactives de
tance clinique prédominante. l’oxygène [48] .
Une méta-analyse portant sur 16 essais cliniques et 653 patients Les trois colloïdes artificiels HEA, la gélatine et le dextran ont
randomisés a montré une hémorragie postopératoire significati- tous présenté des effets secondaires rénaux gênants [48] .
vement plus élevée (> 1000 ml) chez les patients ayant bénéficié Plusieurs mécanismes peuvent expliquer la dysfonction rénale
d’un pontage cardiopulmonaire exposés à un RV par des HEA len- après administration d’HEA [48] :
tement dégradables par rapport à ceux exposés à l’albumine [41] . • la néphrose osmotique [49] : certaines molécules (saccha-
Cela peut augmenter le coût des soins car un saignement excessif rose, mannitol, dextrans, produits de contraste iodés, HEA)
déclenche une transfusion sanguine, une ventilation mécanique pénètrent dans les cellules et forment des vacuoles avec les
prolongée ou une réexploration du saignement dans de nombreux lysosomes. Ces vacuoles s’accumulent dans les tubules rénaux
centres. proximaux et altèrent la fonction rénale, et ce d’autant plus
Contrairement aux HEA lentement dégradables, les patients qu’il existait une dysfonction rénale préexistante ;
recevant des HEA rapidement dégradables ne différaient pas en ce • les colloïdes augmentent la PO, ce qui peut compenser la pres-
qui concerne la perte de sang et les besoins transfusionnels après sion de filtration glomérulaire des capillaires et induire une
une chirurgie cardiaque, abdominale et orthopédique majeure par variation de la filtration glomérulaire.
rapport aux patients recevant de la gélatine ou de l’albumine [42] . Ces dysfonctions rénales sont dans la majorité des cas des IRA
Chez des patients septiques, dans une analyse post-hoc, fonctionnelles et transitoires.
l’administration d’HEA est associée à un excès de saignement [43] . Une étude avec les HEA 130/0,4 et les GFM a montré une IRA
Toutefois, ce résultat doit être pondéré car l’incidence des hémor- dose-dépendante à une posologie de 33 ml/kg [53] .
ragies graves (intracérébrales) était similaire chez les patients Historiquement, les premières alertes ont été rapportées chez
traités par HEA ou SSI. des greffés rénaux [54] . En France, l’utilisation des HEA est contre-
Bien que les GFM diminuent l’agrégation plaquettaire pour des indiquée depuis 2014 dans le contexte de la transplantation
hématocrites inférieurs à 50 % et l’activité du facteur de vWF, d’organe.
les conséquences cliniques semblent limitées. La très large uti- En revanche, d’autres études sont contradictoires, notamment
lisation des GFM et l’absence d’accident hémorragique rapporté chez les personnes âgées où aucune modification de la fonction
permettent de conclure au faible risque hémorragique de ces pro- rénale n’était retrouvée chez des opérés de plus de 65 ans [55] .
duits. En périopératoire chez des patients ayant subi une chirurgie
cardiaque la majorité des centres européens aujourd’hui utilisent Tolérance hépatique
des cristalloïdes balancés, suivis des colloïdes synthétiques (prin- L’administration répétée d’HEA pourrait favoriser l’hyper-
cipalement des GFM) et de l’albumine [44] . tension portale sévère, l’insuffisance hépatique et les bactériémies,
L’albumine ne semble avoir aucun effet inhibiteur sur en particulier en cas de maladie hépatique chronique [56] . La base
l’hémostase au-delà de l’hémodilution. de ces effets indésirables est le stockage lysosomal d’HEA dans les
cellules de Kupffer et les hépatocytes.
Effets dépendants du stockage tissulaire
Par des méthodes immunohistochimiques, une équipe a mis
en évidence 13 jours après une injection intraveineuse unique
d’HEA chez des rats la présence du colloïde dans le foie, la rate,
“ Point fort
les ganglions lymphatiques, les poumons, les reins et la peau [45] .
Effets indésirables
Une méta-analyse a infirmé l’hypothèse selon laquelle un PM
La majorité des décès sur choc anaphylactoïde est due
et une substitution inférieurs réduiraient l’absorption d’HEA par
les tissus [46] . En revanche, ce stockage tissulaire était lié à la dose, à des dextrans ; 80 % des réactions anaphylactoïdes
diminuait avec le temps dans tous les organes et était plus impor- aujourd’hui sont dues aux GFM.
tant chez les patients souffrant de prurit [47] . Les auteurs ont conclu Le risque infectieux est très faible mais ne peut pas être
que le dépôt d’HEA sur les tissus était transitoire et lié à la dose, considéré comme nul pour les GFM bovine et l’albumine
avec des différences de gravité et de durée entre les sujets. humaine.
Tous les colloïdes induisent une hémodilution. Les HEA
Prurit interfèrent directement avec la fonction plaquettaire, le
Ce sont les dépôts tissulaires dans la peau qui sont responsables fibrinogène et les facteurs de la coagulation.
de prurit, qui peut durer des mois [47] . Seuls les HEA s’accumulent dans les tissus (foie, rein, peau).
Il n’existe pas aujourd’hui de traitement efficace, y Ils sont responsables de prurit et d’IRA.
compris les antihistaminiques, ce qui fait supposer l’absence
d’histaminolibération dans ce processus.
Il n’est pas observé avec les GFM ou l’albumine.

Effets secondaires rénaux


 Indications
Des cas d’IRA sont rapportés avec les HEA, particulièrement les Le débat en cours sur le type de fluides qu’il est préférable
HEA 200/0,6 et 0,5 à 10 %, les GFM et l’albumine à 20 %, alors d’utiliser en réanimation reste sans réponse, de grandes études
qu’aucun cas n’a été signalé avec l’albumine à 4 et 5 % [48, 49] . montrant que les HEA 130/0,4 n’ont que peu d’effet bénéfique
Moeller et al. signalent que les données de pharmacovigilance alle- sur les cristalloïdes traditionnellement utilisés [57] . Cependant,
mandes n’indiquent pas de lésion rénale induite par les GFM [50] . ces études démontrent une tendance à la réduction du nombre
De même, une revue systématique récente a rapporté une dimi- de colloïdes synthétiques requis pour atteindre les objectifs

6 EMC - Anesthésie-Réanimation
Colloïdes ou solutés macromoléculaires de remplissage vasculaire  36-735-A-10

hémodynamiques par rapport aux cristalloïdes avec un rapport 130/0,4 à 6 % ont été comparés au SSI chez 196 patients septiques
colloïdes/cristalloïdes variant entre 1/1,1 et 1/1,6 [58–60] . Une méta- participant à l’étude CRYSTMAS [60] . Les différences entre HEA et
analyse supplémentaire comparant l’HEA à un cristalloïde chez SSI en termes de mortalité (31,0 % contre 25,3 %) et d’insuffisance
des patients de réanimation hors sepsis n’a pas mis en évidence rénale aiguë (24,5 % contre 20,0 %) n’ont pas atteint la significa-
de différence dans l’incidence de l’EER ou de la mortalité glo- tivité statistique. Cependant, dans le plus grand essai scandinave
bale [61] . Dans cette analyse, toutefois, le volume total de liquides sur l’utilisation des HEA dans le sepsis grave et le choc septique
administrés aux patients recevant des colloïdes était inférieur, ce (6S), 804 patients ont été réanimés avec soit de l’HEA 130/0,4 à
qui soulève des questions quant à l’effet protecteur parallèle de 6 %, soit du Ringer acétate® . Le taux d’EER (22 % contre 16 %,
l’administration de moins de liquides. p = 0,04) et la mortalité à 90 jours (51 % contre 43 %, p = 0,03)
La méta-analyse de Krajewski et al. [62] a montré une association étaient significativement plus élevés avec l’HEA [59] . Cette surmor-
significative entre des liquides à haute teneur en chlorures et une talité n’était pas rapportée à 28 jours, six mois ou un an. Parmi les
lésion rénale aiguë, le volume de transfusion sanguine et le temps 7000 adultes de réanimation (dont 1937 atteints de sepsis) dans
de ventilation mécanique. La mortalité n’a pas été affectée dans l’étude CHEST (Cristalloïd versus Hydroxyethyl Starch Trial), ceux
cette population de patients périopératoires. du groupe HEA 130/0,4 à 6 % ont nécessité plus d’EER (7,0 %
L’impact physiologique du volume de fluide perfusé peut être contre 5,8 %, p = 0,04). Les résultats étaient en revanche simi-
aussi important, voire plus important que celui du type sélec- laires en termes de mortalité à 90 jours (18,0 % contre 17,0 %). Une
tionné [63, 64] . Un excès de liquide entraîne une coagulopathie de méta-analyse ultérieure a confirmé une association entre HEA, IRA
dilution et un œdème tissulaire diffus. La conséquence est une et mortalité [70] .
détérioration de la fonction rénale, hépatique et cardiaque, ainsi Compte tenu de la prépondérance des données reliant HEA à
qu’un volume croissant d’eau pulmonaire extra vasculaire qui l’IRA et de l’utilisation relativement élevée d’albumine dans les
aggrave le déséquilibre ventilation–perfusion. deux bras de l’essai CRISTAL (Colloïds versus Cristalloïds for the
Les unités de traumatologie avec un accès facile aux produits Rescucitation of the Critically Ill) [71] , le coût et les risques poten-
sanguins devraient commencer dès le début la réanimation des tiels empêchent les colloïdes de remplacer les cristalloïdes en tant
patients présentant une perte de sang importante avec ces pro- que thérapie liquidienne de premier recours dans le sepsis.
duits. Dans les environnements où les produits sanguins sont
limités, les auteurs suggèrent une utilisation judicieuse de solu-
tés de remplissage pour maintenir la perfusion d’organes tout en Gélatines
évitant les effets néfastes d’un excès de liquide [65] .
Bayer et al. ont utilisé trois schémas d’administration de fluides
chez des patients en réanimation [72] : HEA plus cristalloïdes, GFM
Albumine plus cristalloïdes et cristalloïdes seuls. Le taux d’EER était plus
faible avec les cristalloïdes seuls mais la mortalité, la transfusion
Cinquante ans après l’introduction de l’albumine dans la pra- sanguine et les allergies ne différaient pas. Des essais puissants,
tique clinique, la première évaluation systématique en 2011 de tels que l’essai GENIUS en cours de recrutement (NCT02715466),
son effet sur la clinique faisait état d’une augmentation alarmante sont nécessaires pour valider ces résultats.
(entre 1,3 et six fois plus) de décès dans le groupe de patients brû-
lés [66] , mais aucune différence en termes de mortalité entre les
groupes de patients ayant reçu de l’albumine ou des cristalloïdes Dextrans
pour le traitement des hypovolémies et des hypoalbuminémies.
La déclaration du groupe de coordination pour la reconnais-
Plus de 75 % des données étaient issues d’une seule étude SAFE
sance mutuelle et les procédures décentralisées - humain (CMDh)
(Salin versus Albumin Fluid Evaluation) [67] . Cette étude a rando-
de l’Agence européenne des médicaments suggère que les dex-
misé près de 7000 adultes en réanimation avec un groupe recevant
trans pourraient être utilisés comme solutions alternatives dans
de l’albumine à 4 % et un groupe du SSI [67] . Il n’y avait pas
la pratique clinique courante [73] . Cette recommandation est dis-
de différence de mortalité à 28 jours, mais l’analyse d’un sous-
cutable devant le manque de données sur les dextrans à ce jour.
groupe prédéfini de patients présentant un sepsis grave (n = 1218)
Les études 6S [59] , VISEP [69] , CHEST [58] et CRYSTMAS [60] ne
a suggéré une réduction de la mortalité à l’hôpital avec l’albumine
comportaient aucune solution de dextrans. Dans l’essai CRISTAL,
(risque relatif [RR] = 0,87 ; intervalle de confiance 95 % [IC 95 %] :
seuls cinq des 1414 patients recevant des colloïdes ont été traités
0,74–1,02).
avec des solutions contenant du dextran [71] .
L’étude ALBIOS (Albumin Italian Outcome Sepsis) [52] a
comparé un RV par de l’albumine à 20 % associé à un cristalloïde
versus un cristalloïde seul chez des patients de réanimation en Maintien de la volémie
sepsis. L’administration d’albumine a entraîné une augmentation
des taux d’albumine sérique, un bilan liquidien entrées-sorties La HAS a publié de nouvelles directives en 2014 sur l’utilisation
moindre, une fréquence cardiaque plus faible, une pression arté- des HEA 130/0,4 (Voluven® , Plasmavolume® , Restorvol® ) : ils
rielle moyenne plus élevée et un sevrage en vasopresseurs plus gardent une indication dans le traitement de l’hypovolémie
rapide. La mortalité à 28 et 90 jours était identique dans les deux due à des pertes sanguines aiguës lorsque l’utilisation des cris-
groupes, mais une analyse post-hoc du sous-groupe des patients talloïdes seuls est jugée insuffisante, et uniquement au bloc
en choc septique a suggéré une baisse de la mortalité à 90 jours opératoire ou pour la prise en charge d’une hémorragie aiguë.
avec l’albumine (RR = 0,87 ; IC 95 % : 0,77–0,99 ; p = 0,03). De plus, l’utilisation des HEA doit être limitée à la phase initiale
d’expansion volémique sur une durée maximale de 24 heures. La
posologie est fonction de l’importance de l’hypovolémie, de l’âge,
Hydroxyéthylamidons du poids, ainsi que de l’état hémodynamique du patient. Mais la
dose journalière maximale est de 30 ml/kg. C’est la dose efficace
Les études randomisées et méta-analyses n’ont pas montré
la plus faible qui doit être administrée et sans que la dose maxi-
de bénéfice à l’utilisation d’un HEA par rapport aux cristal-
male ne soit dépassée. Le traitement doit être mis en place sous
loïdes [58, 59, 68] , avec des taux d’IRA nettement supérieurs dans
surveillance continue, afin d’arrêter la perfusion dès que l’objectif
certaines études.
hémodynamique est atteint. Il convient aussi d’administrer les
Les HEA sont les seuls colloïdes de synthèse pour lesquels de
dix à 20 premiers millilitres de soluté lentement pour déceler au
grands essais impliquant des patients septiques ont été menés.
plus tôt toute réaction anaphylactoïde.
L’étude de 2004 VISEP (Volume Substitution and Insulin Therapy
in Severe Sepsis) a comparé le Ringer Lactate® à l’HEA 200/0,5 à
10 % chez 537 patients atteints de sepsis grave ; elle a due être En période périopératoire
arrêtée prématurément pour des IRA augmentées (34,9 % contre
22,8 %, p = 0,002) et une tendance à la hausse de la mortalité à Les cristalloïdes constituent les solutés recommandés en chi-
90 jours (41,0 % contre 33,9 %, p = 0,09) avec l’HEA [69] . Les HEA rurgie mineure (chirurgie ambulatoire et actes interventionnels)

EMC - Anesthésie-Réanimation 7
36-735-A-10  Colloïdes ou solutés macromoléculaires de remplissage vasculaire

et modérée (dont les laparoscopies) [74] , pour diminuer l’incidence comparé l’albumine (4,5 et 20 %) aux autres solutés de RV : elle
des nausées, des vomissements, le recours aux antiémétiques et la n’a pas démontré d’avantage significatif à utiliser l’albumine, mais
prescription de morphine postopératoire [75] . avec un coût beaucoup plus important que les cristalloïdes.
Chez les patients chirurgicaux considérés « à haut risque », il Si l’hypovolémie aiguë ne répond pas aux cristalloïdes seuls,
est recommandé de titrer le RV peropératoire en se guidant sur l’utilisation d’albumine humaine peut être envisagée, les HEA
une mesure du volume d’éjection systolique (VES) pour réduire étant contre-indiqués dans ce cadre nosologique.
la morbidité postopératoire, la durée de séjour hospitalier et le Malgré l’absence de bénéfice global dans chacun des essais, plu-
délai de reprise d’une alimentation orale [75] . Pour les chirurgies sieurs méta-analyses ont suggéré une amélioration de la mortalité
majeures, la réaction inflammatoire, l’altération de la microcir- après l’administration d’albumine dans le sepsis [89–92] , notam-
culation et l’augmentation de la perméabilité capillaire justifient ment Rochwerg et al. [89] , qui ont retrouvé que l’albumine était
l’utilisation de colloïdes en plus des cristalloïdes [76] . Deux méta- supérieure aux autres colloïdes et aux cristalloïdes en dehors des
analyses ont montré que l’administration d’HEA en peropératoire solutions équilibrées. En 2012, la Surviving Sepsis Campaign [93]
n’augmentait ni l’incidence de l’IRA ni la mortalité [77–79] . Il faut a continué à recommander les cristalloïdes comme fluide initial
réévaluer régulièrement le VES après une épreuve de RV. pour la réanimation du sepsis, mais a conseillé l’utilisation de
Vanhoonacker et al. [80] ont étudié 157 patients répartis en l’albumine « lorsque les patients ont besoin de quantités impor-
deux groupes pour une chirurgie de pontage cardiaque avec un tantes de cristalloïdes ». Dans le sepsis, l’albumine n’a d’ailleurs
amorçage soit avec un HEA à 6 % soit une GFM (n = 72). Selon leurs pas de retentissement rénal supérieur à celui des cristalloïdes [94] .
données, l’HEA 130/0,4 est une alternative sûre à la GFM, avec un Compte tenu du coût de l’albumine et d’une méta-analyse plus
effet volume persistant plus longtemps dans la phase postopéra- récente ne montrant aucun impact sur la mortalité dans le sep-
toire et nécessitant une expansion volémique moins importante sis [95] , d’autres essais devront démontrer un bénéfice net en termes
au cours des 24 premières heures. Il n’y avait pas de différence en de mortalité avant que l’albumine ne remplace ou complète les
termes transfusionnels. cristalloïdes pour la réanimation du sepsis.
En chirurgie cardiaque, la majorité des centres européens Au total, le RV recommandé dans la réanimation du sepsis est
aujourd’hui utilisent des cristalloïdes balancés, suivis des colloïdes basé sur l’utilisation des cristalloïdes en première intention. Les
synthétiques (principalement de la gélatine) et de l’albumine [44] . HEA sont contre-indiqués. Seule l’albumine pourrait avoir un inté-
Mais aucune donnée définitive n’est disponible sur la supériorité rêt, mais son coût important et l’absence d’amélioration claire de
d’un soluté par rapport à un autre, et de l’impact sur la fonc- la mortalité limitent pour le moment son utilisation.
tion rénale en réanimation cardiologique. L’application d’un suivi
étroit et d’un protocole prédéfini orienté vers un objectif sont
beaucoup plus importants que le seul choix du soluté de remplis-
Syndrome de détresse respiratoire aigu
sage [81] . À l’heure actuelle, il n’existe aucune preuve définitive
contre l’utilisation de colloïdes en chirurgie cardiaque concer- La physiopathologie du syndrome de détresse respiratoire
nant le risque d’insuffisance rénale et de dysfonctionnement de la aigu (SDRA) comporte à la fois un œdème inflammatoire et
coagulation. Cependant, étant donné qu’il existe des études ran- des composantes hydrostatiques [96, 97] . Le développement d’une
domisées contre les colloïdes [82] , ils ne devraient être utilisés que hypertension pulmonaire peut aussi entraîner une augmen-
lorsque les cristalloïdes ne suffisent pas pour atteindre les objectifs tation de la pression hydrostatique. L’activation du système
hémodynamiques chez les patients prédits répondeurs. rénine–angiotensine au cours de la ventilation mécanique aug-
Au bloc opératoire, les méta-analyses, en l’absence de larges mente aussi la pression intrathoracique, laquelle entraîne une
études randomisées, n’ont pas identifié d’effets délétères des HEA rétention d’eau et de sel [98, 99] . De plus, un bilan liquidien positif
sur le pronostic des patients ou sur leur fonction rénale [83, 84] . chez les patients atteints de SDRA augmente le taux de morta-
L’étude FLASH (NTC02502773) [85] , étude randomisée prospec- lité [100] .
tive comparant le SSI et un HEA en chirurgie digestive, a terminé Une méta-analyse récente a étudié l’effet des colloïdes versus les
ses inclusions et devrait répondre à certaines questions. cristalloïdes chez des patients atteints de SDRA [101] : trois essais
ont été inclus pour un total de 206 patients. Toutes les études
incluses comparaient l’albumine par rapport à une solution saline.
En réanimation Elle a mis en évidence une amélioration de l’oxygénation, mais
Il n’existe pas d’étude randomisée en réanimation ayant aucun bénéfice en termes de survie chez les patients traités avec
comparé l’utilisation des différents colloïdes entre eux, mais seule- l’albumine par rapport à un cristalloïde. Cependant, les biais de
ment des comparaisons aux cristalloïdes. ces essais étaient élevés et la taille de l’échantillon très faible.
L’étude CRISTAL [71] a comparé chez près de 3000 patients
présentant un choc hypovolémique, un choc septique ou un trau-
matisme grave, l’administration de colloïdes ou de cristalloïdes. Ils Traumatologie et choc hémorragique
notaient une surmortalité dans le groupe HEA sur l’ensemble des
Les études chez les patients traumatisés ont retrouvé des résul-
patients, mais pas dans les sous-groupes des patients septiques ou
tats contradictoires [83, 102] . Aucune étude clinique humaine ne
traumatisés graves. On ne retrouvait pas non plus de différence en
montre aujourd’hui de différence d’expansion volémique entre
termes de recours à l’EER. À noter que les colloïdes ont été prescrits
gélatines et HEA dans un contexte hémorragique traumatique
en respectant les doses recommandées et les patients insuffisants
ou chirurgical. L’effet des HEA sur la coagulation a généré des
rénaux chroniques exclus.
restrictions d’usage dans le choc hémorragique ou les lésions
intracrâniennes [103] . Toutefois, l’analyse des études soutenant ces
Sepsis grave et choc septique restrictions est sujette à caution. En pratique, dans les limites
Le sepsis est une réponse inflammatoire à une infection, carac- des posologies maximales recommandées (30 ml/kg/j), il est dif-
térisée par une hypovolémie et une vasodilatation, et traitée par ficile de conduire à un effet défavorable. Tant que le saignement
des antibiotiques précoces et un RV [86] . n’est pas contrôlé, les dernières recommandations suggèrent de
Les recommandations nationales et internationales pour la limiter le RV au strict maintien des objectifs de pression arté-
prise en charge des patients atteints de sepsis grave et de choc rielle [104, 105] . Il est recommandé d’utiliser en première intention
septique préconisent les cristalloïdes comme soluté de remplis- les cristalloïdes. L’utilisation des HEA ne doit s’envisager que
sage de choix. Une analyse documentaire MEDLINE a été réalisée lorsque l’utilisation des cristalloïdes seuls est jugée insuffisante et
entre 2011 et 2016 [87] . Dix-sept articles ont été sélectionnés et ont en l’absence de contre-indication. Il n’existe pas assez d’études de
confirmé que les cristalloïdes étaient la solution privilégiée pour bonne qualité pour conclure sur les autres colloïdes de synthèse.
la réanimation des patients septiques. Il est donc recommandé de ne pas utiliser l’albumine lors de la
Le rôle de l’albumine dans la réanimation des patients atteints prise en charge initiale du choc hémorragique devant l’absence
de sepsis grave et de choc septique reste incertain, mais une méta- de données sur son efficacité en comparaison des autres solutés,
analyse de 2014 [88] portant sur 15 essais contrôlés randomisés a de son coût élevé et de ses risques potentiels.

8 EMC - Anesthésie-Réanimation
Colloïdes ou solutés macromoléculaires de remplissage vasculaire  36-735-A-10

Traumatisé crânien • transplantation d’organe.


Leur utilisation est autorisée uniquement pour les patients au
Les données cliniques incitent à la prudence puisque l’étude bloc opératoire et lors de la prise en charge des chocs hémorra-
post-hoc de l’étude SAFE montre une augmentation de la morta- giques. Une surveillance de la fonction rénale est recommandée
lité dans le traumatisme crânien avec l’albumine [106] . Une autre chez les patients recevant des spécialités à base d’HEA. La Food and
étude comparant les HEA dans ce contexte clinique a été inter- Drug Administration préconise même une surveillance jusqu’à
rompue en raison de l’élévation de la pression intracrânienne [36] . 90 jours après l’administration d’HEA.
L’albumine à 4 % n’est pas recommandée chez les traumatisés Les effets secondaires des HEA sont maintenant bien décrits.
crâniens du fait d’une augmentation de la pression intracrâ- Les détracteurs de ces colloïdes soulignent que ces effets doivent
nienne [107] . conduire à l’exclusion de ce type de soluté. En pratique, tout trai-
tement induit des effets secondaires, et il est de la responsabilité
Effets chez la femme enceinte du praticien d’analyser les bénéfices et les risques avant de déci-
der de l’administration d’un HEA, comme il le ferait pour tout
Suite à des accidents rapportés lors d’une enquête nationale de traitement. Pour les partisans des HEA, la limitation des volumes
pharmacovigilance dans les maternités françaises, l’utilisation des administrés, la réponse précoce et les effets immunologiques pro-
dextrans et GFM est interdite en France chez la femme enceinte. cureraient un avantage en termes de pronostic. Les études seraient
Les HEA ont l’AMM pour les hypotensions lors de césarienne [108] . selon eux biaisées en raison de la faible gravité des patients à
l’inclusion.
Dans tous les cas, l’efficacité des HEA reste à démontrer de façon
factuelle car à ce jour le rationnel pour les administrer repose

“ Point important sur des arguments essentiellement théoriques, les études cliniques
existantes étant particulièrement contradictoires. Il reste donc à
démontrer en clinique l’avantage d’un produit au coût supérieur
à celui des cristalloïdes.
Conduites à tenir L’administration par défaut des gélatines ne repose actuelle-
• HAS 2014 : les HEA 130/0,4 ont l’AMM dans ment sur aucun argument scientifique, les études randomisées
l’hypovolémie aiguë quand les cristalloïdes sont insuffi- étant de faible puissance et peu nombreuses.
sants, au bloc opératoire ou lors d’hémorragie aiguë. On ignore encore si l’albumine confère un bénéfice ou un risque
• Chirurgie « mineure » ou « modérée » : pas d’indication en termes de mortalité et de fonction rénale. Étant donné le coût
des colloïdes. de l’albumine humaine, il ne doit pas être considéré comme le col-
• Chirugie majeure : il faut titrer le RV peropératoire et loïde de premier choix en matière de RV, sauf indication contraire.
les colloïdes peuvent être utiles pour atteindre les objectifs Concernant l’utilisation des dextrans, il existe un manque alar-
hémodynamiques plus vite en association aux cristalloïdes. mant de preuves pour les utiliser.
• En chirurgie cardiaque, la majorité des équipes utilisent L’utilisation des macromolécules nécessite une bonne connais-
sance physiologique et une analyse critique de la balance
les cristalloïdes balancés suivis des GFM.
bénéfice–risque. Les cliniciens doivent monitorer les patients
• Les cristalloïdes sont la solution à privilégier chez les
avant et pendant le RV. Le bénéfice des macromolécules mérite
patients septiques, suivis de l’albumine si besoin, mais les d’être démontré dans de nouvelles études ayant une pertinence
HEA et les GFM sont contre-indiqués. clinique.
• Pour les chocs hémorragiques de traumatologie, cristal-
loïdes en première intention suivis des HEA si besoin. Pas
d’étude pour conclure pour les autres colloïdes. Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts
• L’albumine et les HEA ne sont pas recommandés chez en relation avec cet article.
les traumatisés crâniens.
• Les GFM et les dextrans sont contre-indiqués chez les
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S. Wiramus, Anesthésiste réanimateur (sandrine.wiramus@ap-hm.fr).


Centre Interrégional des brûlés de Méditerranée, réanimation polyvalente et hématologique, Hôpital La Conception, Assistance publique–Hôpitaux de
Marseille, 147, boulevard Baille, 13005 Marseille, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Wiramus S. Colloïdes ou solutés macromoléculaires de remplissage vasculaire. EMC - Anesthésie-
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Disponibles sur www.em-consulte.com


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12 EMC - Anesthésie-Réanimation

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