Vous êtes sur la page 1sur 17

 36-388-A-10

Surveillance de la profondeur d’anesthésie


générale
A. Jacquens, M. Simony, A. Besnard, J. Dupont, V. Degos

Résumé : Le monitorage de la profondeur d’anesthésie est un aspect particulièrement important de


l’anesthésie. Il permet de décider du type et de la dose d’anesthésique administrée de manière person-
nalisée pour la procédure et le patient, selon le principe d’anesthésie adaptée. Cette dernière dépend de
multiples paramètres et s’appuie à la fois sur la composante hypnotique et analgésique de l’anesthésie.
Effectivement, sur- et sous-dosage sont tout aussi dangereux et doivent, dans la mesure du possible,
être évités. Avant de s’interroger sur le choix du monitorage, il convient de choisir l’échelle d’évaluation
par l’échelle de Ramsay ou l’OAA/S (Observer’s Assessment of Alertness/Sedation Scale), qui ont toutes
les deux fait l’objet de nombreux travaux. Quoique primordial, le monitorage clinique est insuffisant. Il
importe donc de développer des techniques paracliniques et de les utiliser au quotidien dans le monito-
rage de la profondeur d’anesthésie. La grande majorité des agents anesthésiques modifient les signaux
électrophysiologiques corticaux mesurés par l’électroencéphalogramme (EEG). L’entropie et l’index bis-
pectral (BIS) apparaissent ainsi comme des outils de monitorage issus d’un calcul automatisé de l’EEG.
Le monitorage de la profondeur d’anesthésie, dans ses deux composantes, requiert donc a priori deux
approches différentes ; une approche corticale que nous permet l’EEG, et l’autre sous-corticale qui repose
sur la mesure des réponses physiologiques au stress nociceptif. Ces réponses, principalement d’origine
autonome, peuvent être évaluées en quantifiant l’activation sympathique périphérique (conductance
cutanée) ou à destinée vasculaire, comme le Surgical Stress Index (SSI), ou en quantifiant l’activité
parasympathique cardiaque, l’Analgesia Nociception Index (ANI), ou encore par la mesure de la conduc-
tance cutanée. Enfin, récemment, la mesure du diamètre pupillaire apparaît également comme une
approche pertinente dans cette évaluation. Dernièrement, plusieurs algorithmes tels que le CARDEAN
– l’indice cardiovasculaire de l’analgésie basé sur les variations de pression artérielle et de fréquence
cardiaque – ou le NoL index – outil multiparamétrique – ont également été décrits comme de potentiels
outils de monitorage de l’analgésie. De par l’immaturité cérébrale du cerveau de l’enfant, l’évaluation
par chacun de ces différents outils comporte certaines particularités pédiatriques à prendre en compte
dans leur utilisation.
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Outils de monitorage ; Échelle de monitorage ; Électroencéphalogramme ; Analgésie

Plan ■ Monitorage de l’analgésie 8


Mesures dérivées de l’électroencéphalogramme 9
■ Introduction 2 Variations hémodynamiques 10
Pupillométrie 10
■ Notion d’anesthésie générale adaptée 2 Conductance cutanée 11
■ Pourquoi monitorer la profondeur d’anesthésie ? 2 CARDEAN 11
■ Quelle échelle de sédation choisir ? 3 Le Nociception Level index 11
Échelle de Ramsay 3 ■ Particularités pédiatriques 12
Échelle Observer’s Assessment of Alertness/Sedation (OOA/S) 3 Objectifs d’anesthésie générale chez l’enfant 12
■ Surveillance clinique 3 Échelle de monitorage de la profondeur d’anesthésie chez
Perte de conscience 4 l’enfant 12
Réponse aux stimuli nociceptifs 4 Électroencéphalogramme chez l’enfant 12
Mémorisation 5 Index bispectral 12
Surveillance pharmacologique 5 Surgical Stress Index (SSI ou SPI) 12

Analgesia Nociception Index 12
Outils de monitorage de la profondeur d’anesthésie 5
Conductance cutanée 14
Électroencéphalogramme 5
■ Conclusion 14
Analyse spectrale 6
Analyse bispectrale 6
Entropie 7
Potentiels évoqués 7
Activité du sphincter inférieur de l’œsophage 8

EMC - Anesthésie-Réanimation 1
Volume 42 > n◦ 4 > octobre 2022
Téléchargé http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0289(22)59002-7
36-388-A-10  Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale

Patient Chirurgien Figure 1. Objectifs de l’anesthésie (d’après Bonnot et al. [2] ).

ANESTHÉSIE

Confort Absence de
Analgésie réactivité motrice et
Perte de neurovégétative à
connaissance la stimulation
Pas de chirurgicale
mémorisation

- Utilisation de doses minimales pendant la


durée minimale nécessaire au geste
- Limiter la consommation médicamenteuse
- Limiter les coûts
- Éviter les effets indésirables

 Introduction durant l’intervention qui pourrait rendre difficile l’acte chirur-


gical. Enfin, l’anesthésiste partage les souhaits du patient et du
L’anesthésie est une science qui existe depuis les années 1850, et chirurgien, mais il a aussi le souci d’atteindre ces objectifs en
de fait le monitorage de la profondeur de l’anesthésie existe depuis utilisant des doses minimales d’agents anesthésiques pendant la
cette époque. Ce monitorage est impératif, car l’éventail des doses durée nécessaire, en limitant les effets indésirables et en maîtri-
d’anesthésiques et d’analgésiques est large ; elles dépendent à la sant les délais de réveil et les coûts. La finalité de l’anesthésie est de
fois du patient (âge, comorbidités) et de la procédure chirurgicale, permettre la réalisation d’un acte chirurgical plus ou moins agres-
ce qui peut être à l’origine de sur- ou sous-dosages. sif dans de bonnes conditions en évitant tout vécu désagréable,
Or, surdosage et sous-dosage doivent être évités, car ils intro- conscient ou inconscient, par le patient.
duisent une morbidité propre. Le surdosage est potentiellement Le choix de la profondeur de sédation est plurifactoriel. En
responsable de complications hémodynamiques, voire neurolo- effet, tel que présenté sur la Figure 2, il dépend du patient, de
giques. Il peut ainsi prolonger la durée du réveil et générer des ses comorbidités, de sa fragilité, du chirurgien, de l’anesthésiste et
surcoûts inutiles. Le sous-dosage, quant à lui, peut gêner la pro- de la procédure chirurgicale. Certaines procédures imposent une
cédure chirurgicale. En effet, en cas de défaut d’anesthésie et coopération avec le patient et d’autres, au contraire, nécessitent
d’analgésie, on peut observer des réactions motrices secondaires une immobilisation stricte.
à un stimulus douloureux. Le sous-dosage peut aussi générer une On présente l’anesthésie, schématiquement, comme bivalente.
mémorisation avec, sur le moyen terme, un état de stress post- La première composante est la composante hypnotique, princi-
traumatique chez le patient insuffisamment endormi. palement liée à l’effet sur les récepteurs neuronaux corticaux et
Il est avant tout nécessaire de définir ce qu’est un bon outil sous-corticaux GABAergiques (acide ␥-aminobutyrique [GABA]),
de monitorage de l’anesthésie. En effet, le praticien attend que avec un renforcement de la transmission GABAergique, qui per-
cet outil soit fiable, spécifique, discriminant, reproductible d’un met au patient de dormir sans en avoir conscience et sans
patient à l’autre et d’une situation à l’autre, qu’il permette éven- mémoriser. Les principales voies sont probablement l’inhibition
tuellement une titration et qu’il soit le moins invasif possible. Sa des réseaux corticocorticaux et la boucle thalamocorticale. La
facilité d’installation, d’utilisation et sa robustesse sont également seconde composante est l’analgésie, qui permet de bloquer la
souhaitées. transmission de stimuli nociceptifs périphériques aux structures
D’où l’intérêt d’élaborer des stratégies de monitorage cliniques d’intégration cérébrale sous-corticales, permettant ainsi d’éviter
et paracliniques de la profondeur d’anesthésie et d’analgésie avec toute réponse motrice ou neurovégétative et une éventuelle trace
une approche multimodale. Mais avant tout, il convient de définir mnésique. Malheureusement, l’action des agents anesthésiques
la notion d’anesthésie générale (AG) adaptée. est difficilement ainsi dichotomisable, notamment parce que l’on
travaille avec une anesthésie dite balancée. En d’autres termes,
certains hypnotiques administrés à forte dose peuvent présenter
des effets sous-corticaux, voire médullaires, mimant une analgé-
 Notion d’anesthésie générale sie, et certains morphiniques administrés à forte dose peuvent
présenter des effets sédatifs. La kétamine ou le protoxyde d’azote
adaptée (N2 O), quant à eux, agissent sur les récepteurs NMDA (acide
N-méthyl-D-aspartique) par antagonisation, ils inhibent les récep-
L’anesthésie générale est une forme de sédation. Cette dernière teurs nicotiniques à l’acétylcholine et interagissent avec certains
correspond à un continuum d’états de conscience et de vigilance, récepteurs aux opioïdes.
induits par l’administration d’agents pharmacologiques par voie
inhalée ou intraveineuse, allant de l’anxiolyse avec une cons-
cience respectée jusqu’à la perte complète de conscience avec
absence de réactivité à la stimulation, définissant l’anesthésie  Pourquoi monitorer
générale. Ces différents stades ont d’ailleurs été décrits en 2002 la profondeur d’anesthésie ?
par l’American Society of Anesthesiologists [1] .
Les objectifs de la sédation sont multiples et varient notam- L’intérêt d’un monitorage adéquat à l’anesthésie est multiple,
ment en fonction du point de vue du patient, du chirurgien ou de même si l’objectif principal est d’en réduire la morbidité. Primo,
l’anesthésiste [2] (Fig. 1). Le patient souhaite souvent être incons- on souhaite prévenir la survenue d’un éventuel surdosage en
cient, ne pas ressentir de douleur et ne pas mémoriser ce moment. agents anesthésiques, avec ses conséquences hémodynamiques et
Le chirurgien, quant à lui, souhaite un relâchement musculaire respiratoires. Secundo, le sous-dosage également peut être délé-
et éviter toute réaction motrice ou neurovégétative du patient tère pour le patient, en favorisant la survenue d’épisodes de

2 EMC - Anesthésie-Réanimation
Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale  36-388-A-10

Figure 2. Facteurs influençants de la profondeur d’anesthésie.


Patient Structure
- Âge - Matériel disponible
- Comorbidités - Parcours de soins
- Anxiété - Capacité d’accueil

Choix du type
de sédation et
de la dose

Praticien Acte chirurgical


- Savoir-faire - Durée
- Expérience - Saignement
- Formation - Spécificité de la
- Préférences procédure :
personnelles nécessité de
coopération du
patient–position

Tableau 1. Tableau 2.
Échelle de Ramsay. Échelle de Ramsay modifiée.
1 Patient anxieux ou agité 1 Éveillé et alerte ; fonctions cognitives quasi normales
2 Patient coopérant, orienté, calme 2 Éveillé et tranquille ; réponse adaptée à la commande verbale
3 Patient assoupi répondant à une commande verbale 3 Endormi mais facilement réveillable ; réponse adaptée à la
4 Patient endormi répondant à une stimulation tactile ou commande verbale
sonore 4 Endormi ; réveillable à la commande verbale « forte » ou à la
5 Patient endormi répondant faiblement à la stimulation tactile percussion glabellaire
ou sonore a 5 Endormi ; réponse lente à la stimulation sonore forte ou à la
6 Absence de réponse à la stimulation percussion glabellaire

a
6 Endormi ; réponse lente, mais adaptée à la stimulation algique
La stimulation tactile est une percussion légère de la glabelle. La stimulation
sonore est bruyante (claquement des mains, cris dans l’oreille, etc.). 7 Endormi ; réponse réflexe, non adaptée à la stimulation
algique
8 Absence de réponse à toute stimulation externe
mémorisation. Ces derniers sont rares, mais il apparaît néanmoins
comme impératif de veiller à réduire leur prévalence [3–5] . Enfin,
le troisième objectif d’un monitorage adéquat à la profondeur
mieux quantifier le degré de sédation modérée [7] . C’est cette ver-
d’anesthésie réside dans la réduction des coûts proportionnelle
sion qui est désormais la plus souvent utilisée dans le contexte de
à la réduction des doses utilisées, et indirectement à la réduction
l’anesthésie.
du temps de réveil et éventuellement à la durée de séjour.
Hélas, actuellement, aucun outil de monitorage, qu’il soit cli-
nique ou paraclinique, ne permet une évaluation fiable à 100 % Échelle Observer’s Assessment of Alertness/
de la profondeur d’anesthésie ; d’où la nécessité d’un monitorage
multimodal. Sedation (OOA/S)
L’échelle OAA/S est l’échelle souvent décrite de référence car
la mieux validée. Dans l’article initial de Chernik et al., elle a
 Quelle échelle de sédation été développée pour permettre l’évaluation de l’effet hypnotique
d’agents, et notamment le midazolam [8] . Elle est malheureuse-
choisir ? ment difficile à utiliser en routine. Cette échelle est fondée sur
quatre catégories : réactivité, parole, expression faciale et yeux
Le choix de l’échelle de sédation utilisée en pratique clinique (Tableau 3). Certains utilisent cette échelle en cotant tous les
est une vraie question qui, malgré les nombreux travaux réali- items, obtenant ainsi un score compris entre 1 et 20 [9] . Une valeur
sés sur le sujet, n’est toujours pas tranchée et reste d’actualité. Il au-dessus de 10 points correspond à un niveau de sédation modéré
existe dans la littérature de nombreuses échelles. Nous n’en pré- ou léger. Le seuil de réponse adaptée à la commande pour 50 % des
sentons ici que quelques-unes parmi les plus utilisées en pratique patients se situe entre 12 et 13. Toutefois, le même chiffre pouvant
clinique et en recherche. Chaque échelle permet ainsi de graduer correspondre à des situations cliniques différentes, l’utilisation de
le niveau d’endormissement du patient, de « parfaitement éveillé » cette échelle, d’interprétation difficile, est peu pertinente.
à « totalement endormi ». De fait, l’échelle OAA/S a été modifiée (MOAA/S), avec seule-
ment la catégorie « réactivité » de la version initiale. De plus, l’item
« absence de réactivité au pincement du trapèze » a été ajouté afin
Échelle de Ramsay de mieux quantifier la sédation profonde [10] . C’est cette échelle
Initialement, l’échelle de Ramsay a été développée en 1974 qui est actuellement la plus utilisée (Tableau 4).
pour les patients de soins intensifs [6] . Telle que présentée dans
le Tableau 1, elle comporte, dans sa version initiale, six stades.
Elle est malheureusement peu sensible pour dépister les situations  Surveillance clinique
extrêmes de profondeur de la sédation (excès ou insuffisance) :
le stade 1 correspond plus à de l’agitation qu’à de la sédation et Le monitorage de l’anesthésie est apparu en même temps
n’est donc pas bien adapté aux objectifs de la sédation pour un que l’anesthésie. Il était adapté au type d’anesthésie utilisé, à
acte chirurgical. Cette échelle a été modifiée (Tableau 2) afin de savoir par voie inhalée. Historiquement, Guédel a décrit en 1920

EMC - Anesthésie-Réanimation 3
36-388-A-10  Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale

Tableau 3.
Échelle Observer’s Assessment of Alertness/Sedation (OAAS).
Réactivité a Parole b Expression faciale Yeux Score
Réponse normale à la stimulation vocale Normale Normale Ouverts 5
Réponse léthargique à la stimulation vocale Faiblement ralentie Relâchement modéré Partiellement fermés 4
Réponse à la stimulation vocale forte ou répétitive Très ralentie Relâchement prononcé Fermés 3
Réponse seulement après stimulation prononcée Mots peu reconnaissables – – 2
(secousse)
Absence de réponse à la stimulation prononcée – – – 1
(secousse)

Pour chacune des quatre catégories, il convient de choisir la meilleure description de l’état du patient. La réponse à la stimulation doit être évaluée en premier. Le score
global est le score obtenu à l’un des quatre items qui sera le plus bas. Par exemple, si les items « réactivité » et « expression faciale » sont cotés respectivement à 4 et 5, alors
que l’item « paroles » est coté 2, le score global OAAS sera de 2.
a
Stimulation vocale par le nom du patient, d’abord à intensité normale. En l’absence de réponse, l’intensité vocale est augmentée. En l’absence de réponse, le patient
doit être stimulé physiquement par une secousse.
b
On demande au patient de répéter une phrase complexe.

Tableau 4.
Échelle Modified Observer’s Assessment of Alertness/Sedation (MOAAS).
5 Réponse normale à la stimulation vocale ; voix normale NASION
4 Réponse léthargique à la stimulation vocale ; voix normale
Fp1 Fp2
3 Réponse seulement si stimulation vocale forte ou répétitive
2 Réponse seulement après stimulation mécanique (secousse)
1 Absence de réponse à la secousse ; réponse seulement après F7 F8
F3 Fz F4
stimulation douloureuse (pincement du trapèze)
0 Absence de réponse au pincement du trapèze

A1 A2
T3 C3 Cz C4 T4
quatre stades pour une anesthésie inhalée à l’éther ou au chloro-
forme (Fig. 3). L’arrivée des agents intraveineux a rendu obsolète
cette classification en court-circuitant trois des quatre stades de
Guédel. Au stade 1, le patient est sédaté et présente une amné- P3 Pz P4
T5 T6
sie trop légère pour une chirurgie. On observe au stade 2, dit
d’excitation, une disparition des mouvements oculaires ainsi que
des réflexes ciliaires, cornéens et pharyngolaryngés. Les pupilles O1 O2
sont en mydriase au stade 2 mais en myosis au stade 3, dit chi-
rurgical. Le stade 4 était considéré comme un surdosage à ne
jamais atteindre ; il associe l’absence de ventilation spontanée, INION
une mydriase aréactive et souvent un collapsus cardiovasculaire.
Figure 3. Nomenclature 10–20 de l’électroencéphalogramme. Les
Cette classification extrêmement connue a guidé l’apprentissage
électrodes impaires sont à gauche, les électrodes paires à droite, et les
et la pratique de générations d’anesthésistes administrant éther,
électrodes « z » au milieu. Les lettres reflètent la position (F = frontal,
cyclopropane ou chloroforme. Son utilisation s’est limitée dans les
P = pariétal, C = central, etc.).
années 1940 par l’apparition de la curarisation, qui bloquait ainsi
la majorité des signes de Guédel, hormis le diamètre pupillaire ;
de manière concomitante, plusieurs cas de surdosages ont été de spécificité [12] . En effet, de nombreuses situations ou certains
publiés, suggérant ainsi un lien de cause à effet. Le développement traitements peuvent ainsi modifier certains de ces paramètres et
et l’utilisation d’hypnotiques intraveineux et de morphiniques biaiser ou fausser leur interprétation (traitement au long cours par
ont conduit à ne plus considérer l’AG comme un processus unique bêtabloquants, inhibiteurs calciques, contexte d’état de choc).
évoluant par stades bien individualisés mais comme un ensemble
d’effets pharmacologiques dont chacun peut être contrôlé indé- Perte de conscience
pendamment par des médicaments différents.
Trois composantes de l’AG ont été distinguées en 1986 par La perte de conscience se traduit usuellement par la dispari-
Pinsker puis par Prys-Roberts : la paralysie, la perte de la cons- tion de la réponse verbale ou de l’exécution d’ordres simples. Elle
cience et l’atténuation de la réponse au stress [11] , celle-ci pouvant renseigne en partie sur la mémorisation car elle nécessite une anes-
s’exprimer de façon somatique ou végétative. La réponse soma- thésie plus profonde que la perte de la mémorisation, c’est-à-dire
tique peut être sensitive (ce qui suppose la conscience de la qu’un patient qui ne répond plus présente de fortes chances de ne
douleur) ou motrice. La réponse motrice à l’incision cutanée pas avoir de mémorisation explicite. Malheureusement, le moni-
a été utilisée pour définir la concentration alvéolaire minimale torage de la perte de conscience ne permet pas de conclure à une
(CAM), qui correspond à la concentration permettant d’inhiber sédation adaptée ou non. Effectivement, un patient qui ne répond
la réponse motrice à l’incision chez 50 % des patients. La concen- pas peut avoir reçu la dose minimum nécessaire ou une dose bien
tration alvéolaire nécessaire à la perte de conscience est, quant plus élevée, si sa tolérance est bonne, avec dans ce cas un sur-
à elle, de l’ordre d’un tiers de la CAM pour tous les halogénés. coût médicamenteux inutile et un possible retard de réveil. Enfin,
La réponse végétative s’exprime, elle, à travers la ventilation, toute réponse nécessite une activité musculaire, cette évaluation
l’hémodynamique, la sudation et la réponse hormonale. Les chez un patient curarisé semble difficile.
agents anesthésiques peuvent agir sur un ou plusieurs de ces effets
pharmacologiques, et chaque effet peut être potentialisé ou inhibé Réponse aux stimuli nociceptifs
par des agonistes spécifiques. Surveiller l’anesthésie revient donc
à surveiller chacun de ces effets pharmacologiques. Une stimulation nociceptive peut, même chez un sujet sous
Malheureusement, l’utilisation des paramètres cliniques anesthésie générale, engendrer un mouvement involontaire ou
comme outils de monitorage de la profondeur de l’anesthésie toute réaction neurovégétative telle qu’une hypertension ou
a été montrée comme insuffisante en termes de sensibilité ou hypotension, une tachy- ou bradycardie, un bronchospasme, des

4 EMC - Anesthésie-Réanimation
Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale  36-388-A-10

Tableau 5. c’est le rôle du médecin anesthésiste qui a pris en charge le patient


Questionnaire d’évaluation d’une mémorisation peropératoire après une durant l’intervention de lui expliquer les raisons de l’épisode, de
anesthésie générale (d’après Liu et al. [18] ). le rassurer et également de l’avertir du risque de récurrence lors
Questionnaire d’une anesthésie ultérieure.

Quelle est la dernière chose dont vous vous souvenez au moment


où vous vous êtes endormi ? Surveillance pharmacologique
Quel est votre premier souvenir à votre réveil ? Il existe une relation étroite entre la concentration de l’agent
Avez-vous le moindre souvenir ou bribe de souvenir entre les anesthésique sur le site de l’effet, à savoir dans le système ner-
deux ? veux central, et son effet clinique. On admet que la concentration
Avez-vous rêvé pendant votre anesthésie ? cérébrale s’équilibre rapidement avec la concentration sanguine.
Quelle est la pensée la plus désagréable concernant votre La surveillance pharmacologique est fondée sur une approche
intervention ? mathématique statistique de la surveillance de l’anesthésie :
connaître la concentration ne mesure pas le niveau d’anesthésie
du patient mais permet de déduire la probabilité qu’il soit à un
sueurs, des larmes. Ces manifestations sont importantes à prendre niveau donné, en s’appuyant sur des données établies sur d’autres
en compte car elles peuvent favoriser la survenue d’événements patients. La probabilité de perte de conscience augmente avec la
cardiovasculaires [13] ou respiratoires [14] graves. concentration en hypnotique. On peut ainsi définir des seuils.
Toutefois, l’adaptation et l’ajustement des doses d’agents anes- La « CAM-awake » est la concentration alvéolaire à l’équilibre
thésiques seulement sur la réactivité clinique à la douleur pour laquelle 50 % des patients sont éveillés et 50 % inconscients.
semblent difficiles en pratique. Tout d’abord parce qu’il n’existe Lors d’une anesthésie aux halogénés seuls, elle se situe autour de
aucun signe fiable permettant de prédire qu’un patient va réagir 0,4 % pour l’isoflurane, 2,3 % pour le desflurane et 0,7 % pour le
à une stimulation avant même que cette dernière ne soit appli- sévoflurane. Son homologue pour les agents intraveineux est la
quée ; ensuite, d’autres perturbations peuvent être à l’origine de concentration efficace médiane (CE50) de réveil (concentration
ces signes ; et, enfin, certains signes cliniques peuvent être atté- plasmatique à l’équilibre pour laquelle 50 % des patients sont
nués par des traitements ou des situations telles que la réactivité conscients et 50 % inconscients) ; elle se situe pour le propofol
motrice inhibée par les curares ou l’hémodynamique impactée par autour de 2 ␮g/ml. Certains facteurs sont capables de les dimi-
la prise de bêtabloquants, d’inhibiteurs calciques ou un contexte nuer, tels que l’âge et l’association d’un morphinique, de N2 O ou
d’état de choc. d’une benzodiazépine. Les hypnotiques seuls ne permettent pas
Une réponse motrice ou hémodynamique à un stimulus dou- de contrôler la réactivité à la douleur, d’où la nécessité d’utiliser
loureux permet, quoique a posteriori, de corriger un niveau inadé- des plus hautes doses. La CAM est le triple de la « CAM-awake », et
quat en augmentant les doses d’agents hypnotiques ou antal- la CAM dite CAM-BAR, qui est la concentration nécessaire pour
giques. Afin de standardiser ces pratiques, plusieurs algorithmes bloquer la réactivité adrénergique, est encore plus élevée : elle
de décision ont été proposés, dont le plus connu est le PRST (blood vaut 1,2 à 1,5 CAM. En revanche, l’association d’un morphinique
pressure heart rate sweating, tears), décrit par Evans, et qui combinait à un hypnotique permet de contrôler la réactivité à la douleur
réactivité hémodynamique, sueurs et larmes. Malheureusement, avec des doses beaucoup plus faibles d’hypnotiques [19] . On peut
ce score n’est pas utilisable en pratique clinique [15] . ainsi identifier des couples de concentrations adéquates pour des
combinaisons hypnotique–morphinique.
Toutefois, ni la concentration sanguine ni la concentration céré-
Mémorisation brale des agents anesthésiques ne sont aujourd’hui mesurables en
temps réel, car le temps de dosage est trop long. La concentra-
La mémorisation, ou awareness with recall, n’est détectable tion d’halogénés peut être estimée par la fraction téléexpiratoire,
qu’a posteriori, lorsqu’un patient décrit, en phase postopératoire, qui reflète la concentration sanguine, et s’équilibre au bout d’une
des événements qui se sont produits pendant la période où il courte période de diffusion avec la concentration dans le système
était supposé être endormi. Malheureusement, cette mémorisa- nerveux central. Pour les agents intraveineux, les concentrations
tion peut être à l’origine d’un traumatisme psychologique pour le sanguines et cérébrales sont prédites par le calcul, en se fondant
patient [16] . Elle peut et doit être prévenue par l’adaptation des sur des modèles pharmacocinétiques.
doses d’agents anesthésiques. Elle peut être liée à un souvenir
auditif (bruit, conversation), tactile (pression, incision, douleur,
brûlure), ou à une sensation de paralysie.
La mémorisation implique donc l’association de trois phéno-
 Outils de monitorage
mènes : un épisode d’éveil peropératoire en rapport avec une anes- de la profondeur d’anesthésie
thésie trop légère, l’inscription de ce souvenir dans sa mémoire et
le rappel de ce souvenir, spontanément ou sur demande. Électroencéphalogramme
La majorité des épisodes de mémorisation surviennent lorsque
le patient ne reçoit pas d’hypnotique ou en reçoit à des doses Un électroencéphalogramme (EEG) est un enregistrement de
inférieures aux doses habituellement recommandées. Le recours l’ensemble des activités électrophysiologiques du cortex cérébral
à des doses insuffisantes peut être involontaire ou lié à un relais au moyen d’électrodes de surface. Le signal recueilli est celui de
entre une induction intraveineuse en bolus et un entretien halo- la somme des activités neuronales, d’où l’absence de signal pério-
géné, à un arrêt des hypnotiques trop précocement par rapport à la dique. L’EEG est altéré ou modifié par l’état de conscience, donc
décurarisation (mémorisation d’un état de paralysie consciente), sa surveillance pourrait théoriquement permettre de monitorer
ou enfin à l’administration volontaire de faibles doses chez cer- directement la réponse neurologique aux agents anesthésiques
tains patients dits fragiles ou sur des terrains particuliers (chirurgie et d’expliquer la variation inhérente de la sensibilité aux anes-
cardiaque, césarienne sous anesthésie générale, polytraumatisé). thésiques. Malheureusement, dans la réalité clinique, il se révèle
Certains auteurs ont même émis l’hypothèse de variants géné- difficile d’analyser l’EEG et de le transformer en outil fiable de
tiques pouvant favoriser la survenue de ces épisodes, sans pouvoir surveillance de la profondeur de l’anesthésie. De fait, plusieurs
le confirmer [17] . techniques d’acquisition ont été développées et sont maintenant
Il importe de diagnostiquer précocement la mémorisation dans adoptées en clinique.
les heures ou les jours suivants l’intervention, afin d’en limiter la Chez le sujet éveillé, l’amplitude du signal EEG est de 5 à 10 mV.
durée et l’émotion associée. Il est donc conseillé d’interroger sys- On recueille le signal EEG à l’aide d’électrodes (le plus souvent
tématiquement le patient à son réveil. Liu et al. ont proposé, en autocollantes et à usage unique) appliquées sur le scalp. Le mon-
1991, un questionnaire permettant d’évaluer la mémorisation per- tage comporte deux à quatre dérivations, car les effets des agents
interventionnelle [18] (Tableau 5). Si le diagnostic est posé et que les anesthésiques sont diffus, même si certains auteurs ont décrit des
souvenirs du patient sont confirmés par ceux de l’équipe de soins, différences entre les zones occipitales et frontales. La position

EMC - Anesthésie-Réanimation 5
36-388-A-10  Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale

Éveil
A (µV)
10 Opiacés Barbituriques Halogénés Benzodiazépine
0 Propofol Kétamine
–10 Étomidate
1s

Fréquences rapides : sédation

Concentration croissante
– ++ ++ +++

Ondes lentes : anesthésie

+++ ++ ++ ±

Burst supression :
anesthésie profonde

– ++ ± –

Figure 4. Différents effets des agents anesthésiques sur l’électroencéphalogramme spontané (d’après Billard et al. [20] ).

des électrodes est décrite par une nomenclature internationale • le pourcentage de puissance totale dont les fréquences sont
appelée système 10–20 (Fig. 3). Les dérivations peuvent être bipo- inférieures à 4 Hz (delta ratio).
laires (le signal est la différence entre un pôle positif et un pôle Au cours d’une AG profonde, FFS, FM, bêta ratio diminuent,
négatif) ou monopolaires (le signal ne provient que d’un pôle, le alors que le delta ratio augmente. Toutefois, pour une sédation
pôle opposé est commun à toutes les dérivations). On parle alors légère ou au cours d’une induction lente, la plupart des agents
de montage référentiel. Plusieurs montages sont classiquement hypnotiques activent initialement les fréquences rapides (avec
décrits dans la littérature : augmentation de FFS, FM et bêta ratio).
• le montage bipolaire frontomastoïdal (Fp1-A1/Fp2-A2 ou F3-
A1/F4-A2) ;
• le montage référentiel frontocentral (F3-Cz/F4-Cz) ; Analyse bispectrale
• le montage référentiel pariétocentral (P3-Cz/P4-Cz) ; L’analyse bispectrale se fait en deux étapes :
• le montage référentiel frontotemporal (T3-Fz/T4-Fz). • étape 1 : analyse FFT ;
Classiquement, le tracé EEG se modifie avec la profondeur • étape 2 : analyse des sinusoïdes constituant le spectre de fré-
d’anesthésie (Fig. 4) : tout d’abord, il se ralentit puis s’amplifie et quences deux à deux et recherche d’une troisième sinusoïde,
s’amortit ; ensuite, on observe une synchronisation des signaux, nommée « harmonique », corrélée aux deux autres par sa phase
avec diminution du caractère aléatoire du signal et augmenta- à l’origine ; calcul du degré de synchronisation de chaque
tion de sa régularisation [20] . Chacune de ces modifications peut fragment par le rapport entre le nombre d’harmoniques et
ainsi faire l’objet d’une analyse : le ralentissement peut être étu- le nombre de sinusoïdes du spectre. La synchronisation est
dié en comptabilisant le nombre d’ondes par seconde (analyse proche de 0 chez le sujet éveillé, elle augmente parallèlement à
apériodique, qui n’est plus utilisée de nos jours) ; la décompo- l’approfondissement de l’anesthésie.
sition du signal selon la fréquence des ondes qui le composent Le BIS est enregistré à l’aide de quatre électrodes à usage unique :
est l’analyse spectrale ; l’analyse bispectrale se concentre sur la l’électrode 1 doit être positionnée en haut du front, sur la ligne
synchronisation, et l’entropie sur la prédictibilité. médiane, l’électrode 4 (qui détecte l’électromyogramme [EMG])
au-dessus du sourcil, et l’électrode 3 entre l’œil et l’oreille. Le BIS
est une valeur sans unité qui combine, non seulement le degré
Analyse spectrale de désorganisation du tracé, mais également d’autres éléments
EEG [21] :
L’analyse spectrale est fondée sur la transformation de Fourier • le pourcentage de fréquences dites rapides bêta ;
rapide (FFT), qui permet ainsi la décomposition mathématique • le pourcentage de tracé dit plat ;
de fragments du signal en une somme de fonctions de fré- • le pourcentage de tracé dit presque plat.
quences et de voltages différents. On peut ainsi caractériser Le BIS varie de 100 (sujet complètement éveillé) à 0 (tracé
chaque courbe sinusoïdale par une fréquence, une amplitude et sa complètement plat ou anesthésie profonde). Une valeur autour de
phase d’origine, autrement dit le délai entre un temps 0 arbitraire 50 est associée à une probabilité supérieure à 95 % d’être incons-
et la valeur maximale du voltage. À partir de cette décomposi- cient et de ne pas avoir de mémorisation explicite de la période
tion, on peut représenter chaque fragment d’EEG par son spectre opératoire.
de fréquence, d’où sont calculés les paramètres suivants : Les moniteurs de BIS affichent également :
• le front de fréquence spectrale ou FFS (spectral edge, ou SE95), • le rapport de suppression (qui n’est > 0 qu’en cas d’anesthésie
fréquence en dessous de laquelle se trouve concentrée 95 % de très profonde) ;
la puissance électrique totale du tracé ; • un index de qualité de signal (IQS) qui estime le pourcentage
• la fréquence médiane (FM, ou MPF, ou SE50), fréquence en de tracé reconnu comme sans artefact. Si cet IQS est inférieur à
dessous de laquelle se trouve concentrée 50 % de la puissance 20 % la valeur de BIS n’est plus affichée ;
électrique totale ; • le pourcentage de fréquences rapides attribuées à l’EMG.
• le pourcentage de puissance totale dont les fréquences sont Lorsque ce rapport est élevé, la valeur de BIS peut être surestimée
supérieures à 13 Hz (bêta ratio) ; par rapport à la profondeur réelle de l’anesthésie.

6 EMC - Anesthésie-Réanimation
Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale  36-388-A-10

Tableau 6.
Matrice décisionnelle en fonction de la valeur de l’index bispectral (BIS) et de l’état hémodynamique (d’après Oliveira et al. [44] ).
Hypertension/tachycardie PA, FC normales Hypotension/bradycardie
BIS > 60 Sous-dosage Sous-dosage Autre problème ?
40 < BIS < 60 Autre problème ? Situation idéale Autre problème ?
BIS < 40 Autre problème ? Surdosage Surdosage

PA : pression artérielle ; FC : fréquence cardiaque.

Le BIS est étroitement corrélé à la concentration d’hypnotique Entropie


utilisée (propofol, thiopental ou halogéné), même si cette corréla-
tion n’est pas linéaire sur toute l’étendue des valeurs de BIS [22–24] . L’entropie permet d’évaluer et de mesurer le degré de
Au réveil, en revanche, il faut atteindre un BIS supérieur à 90 pour désordre du tracé EEG, sachant que le désordre diminue avec
avoir plus d’une chance sur deux de mémoriser un événement. l’approfondissement de l’anesthésie. Elle est mesurée par trois
C’est le cas, par exemple, lorsqu’on a une information à annon- électrodes : l’électrode 1 doit être positionnée en haut du front,
cer au patient et qu’on souhaite être sûr qu’il va se rappeler l’avoir sur la ligne médiane, et l’électrode 3 entre l’œil et l’oreille. On
reçue. obtient deux paramètres :
Le BIS est peu sensible à l’imprégnation morphinique et ne per- • l’entropie basale ou SE, qui analyse la même bande de fré-
met donc pas de prédire la réaction à une stimulation douloureuse quences que le BIS (0,5–32 Hz) et exclut donc comme lui les
avant de l’appliquer, sauf si cette réaction est prévenue par le seul fréquences rapides ;
hypnotique, ce qui nécessite une concentration nettement plus • l’entropie réactionnelle ou RE, qui étend l’analyse aux fré-
haute (et un BIS plus bas) pour assurer la perte de conscience. quences rapides de l’EEG et de l’EMG (de 32–48 Hz).
L’augmentation brutale de BIS après la stimulation douloureuse Ce paramètre était initialement supposé être plus sensible et
peut être interprétée comme une analgésie insuffisante. notamment pouvoir guider l’hypnose ou l’analgésie : la diffé-
Différents artefacts de haute fréquence peuvent aussi élever arti- rence RE – SE devait donc refléter l’analgésie. En pratique, la SE
ficiellement le BIS, comme les couvertures à air pulsé, les pompes et la RE augmentent lors d’une stimulation douloureuse lorsque
de circulation extracorporelle (CEC), le bistouri électrique, les l’analgésie est insuffisante [46] . Les deux paramètres varient de 100,
appareils de radiofréquence, certains endoscopes, etc. En outre, chez le sujet éveillé, à 0 lorsque le tracé est plat, en sachant que
l’interprétation du BIS est différente en cas d’utilisation de kéta- RE est toujours supérieure à SE.
mine [25] ou de N2 O [26] : en effet, ces deux anesthésiques semblent Une valeur de SE autour de 50 est censée être associée à une
assurer une AG acceptable mais pour des valeurs de BIS plus éle- probabilité supérieure à 95 % d’être inconscient et de ne pas avoir
vées. Donc, en présence de ces deux agents, l’utilisation de la de mémorisation explicite. L’entropie se caractérise également par
valeur seuil de 50 peut conduire à des surdosages. une fenêtre de calcul variable selon les fréquences, et d’autant plus
Le BIS est le premier indice pour lequel un moniteur fut dis- longue que les fréquences sont lentes et le sommeil profond, ce qui
ponible en anesthésie, il a ainsi permis de montrer l’intérêt améliore sa réactivité par rapport au BIS lors de la sédation légère
de l’estimation de la profondeur d’anesthésie pour diminuer ou du réveil. Les algorithmes de calcul du BIS et de l’entropie sont
la consommation d’agents anesthésiques, qu’ils soient intravei- suffisamment différents pour que les valeurs de BIS et d’entropie
neux [27–30] ou volatiles [31–33] . Certains auteurs ont ainsi montré ne soient pas extrapolables d’un moniteur à l’autre.
que l’utilisation de morphinique permettait de potentialiser l’effet Comme le BIS, l’entropie est corrélée à la concentration
sédatif des hypnotiques : la concentration d’hypnotiques néces- d’hypnotique et peu sensible à l’imprégnation morphinique.
saire pour perdre conscience était diminué de 10 à 20 % en Après une stimulation douloureuse, l’augmentation de RE est un
présence de morphinique [34–36] . Le BIS permet ainsi l’estimation paramètre plus sensible que celle de SE, RE – SE ou BIS pour détec-
permanente et non invasive de la composante anesthésique ter une analgésie insuffisante. Malheureusement, comme avec le
hypnotique et éventuellement associée à une estimation de la BIS, les valeurs d’entropie peuvent également être faussées, ce
composante analgésique par sa réactivité aux stimulations dou- qui peut ainsi altérer leur interprétation (bistouri électrique, ou
loureuses. Le BIS s’inscrit ainsi comme un outil complémentaire présence de kétamine ou de N2 O).
de la surveillance clinique classique incluant la pression arté-
rielle (PA), la fréquence cardiaque (FC) et l’activité motrice. On
peut, à partir de là, définir une matrice d’aide à la décision en
fonction des paramètres cliniques (tachycardie ou bradycardie,
Potentiels évoqués
hypotension ou hypertension artérielle). Ainsi, on peut éventuel- Un potentiel évoqué est une réponse électrophysiologique à
lement dépister les situations de surdosage [26, 37, 38] , ce qui permet une stimulation sensorielle. Le choix du stimulus dépend de
de raccourcir les délais d’extubation, de réveil et de passage en l’organe étudié. La plupart de ces réponses sont totalement ou
salle de surveillance postinterventionnelle (SSPI). D’après certains partiellement abolies par les agents anesthésiques. Les potentiels
auteurs, le BIS permet de réduire le coût de certaines interventions évoqués auditifs (PEA) recueillis après une stimulation auditive
longues [39] , ces résultats ont été confirmés par plusieurs tra- calibrée par analyse électroencéphalographique grâce à des élec-
vaux [30, 31, 33] , et également des méta-analyses [39, 40] . En outre, un trodes de surface se sont révélés les plus facilement utilisables à ce
indice de BIS bas ainsi qu’une pression artérielle moyenne faible jour pour la surveillance de l’anesthésie. L’origine neurophysiolo-
sont associés à une hausse de la mortalité [41–43] . Certains travaux gique des réponses est actuellement bien connue. Effectivement,
viennent renforcer ce constat en montrant que l’utilisation du BIS on observe une vibration tympanique en réponse à un son qui
pour guider la profondeur d’anesthésie permettait de diminuer le est transmise par les osselets de l’oreille moyenne et transformée
nombre d’événements hypotensifs et la nécessité de recours à un en potentiel électrique par les cellules cochléaires. Ce potentiel
traitement vasopresseur [27, 32] , d’où la construction de matrices s’achemine le long des voies auditives, traversant ainsi le tronc
décisionnelles en fonction du BIS et de l’hémodynamique [44] cérébral, les structures profondes sous-corticales, les cortex audi-
(Tableau 6). tifs primaire et secondaire puis enfin les aires associatives. Les
Le caractère continu du BIS permet également de dépister stimulations auditives sont responsables d’oscillations EEG qui
précocement une réactivité chez des patients ayant une sur- sont la résultante de fluctuations du potentiel électrique des cel-
veillance discontinue de la pression artérielle. Par exemple, le lules corticales et sous-corticales. Le recueil des PEA nécessite une
BIS a permis de supprimer la survenue des poussées hyperten- électrode mastoïdienne rapportée à une électrode de référence
sives au cours d’endoscopies oto-rhino-laryngologiques (ORL) frontale. Leur faible amplitude (quelques microvolts) les rend
ou de diminuer l’incidence des mouvements peropératoires au indétectables sur l’EEG brut. De fait, le principal inconvénient
cours d’une ponction d’ovocytes réalisée avec une titration de de cette technique est qu’elle exige la sommation de plu-
propofol [45] . sieurs centaines, voire plusieurs milliers, de réponses, nécessitant

EMC - Anesthésie-Réanimation 7
36-388-A-10  Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale

Précoce Intermédiaire Tardive Figure 5. Différentes composantes des potentiels évoqués


P3 auditifs.
5
P2
Pa P1

1 V

lll
l Il
Vl
µv

0
N2
No
Na
–1 Nb

N1
–5
1 10 100 1000
ms

plusieurs minutes. Telles que représentées sur la Figure 5, elles sont Cette fréquence est diminuée par l’administration de propofol
reproductives et actuellement bien décrites. ou d’isoflurane proportionnellement à la dose utilisée [62] . Mal-
Elles comportent trois composantes : heureusement, cette technique de mesure n’est pas utilisée en
• une composante précoce (< 10 ms), reflet du tronc cérébral pratique clinique. La réponse est exprimée en ␮V, avec des valeurs
(brainstem auditory evoked potentials [BAEP]) et des structures comprises entre 0,2 et 0,4 ␮V chez le sujet éveillé et entre 0,05 à
profondes, qui varie peu avec l’anesthésie, identifiée par des 0,1 ␮V chez le sujet inconscient. L’AEP index est un index déve-
chiffres romains de I à VI ; loppé par une équipe écossaise et fondé sur la moyenne par fenêtre
• une composante intermédiaire, dite corticale précoce (15–80 ms temporelle ; son calcul précis n’a pas été mis à disposition [63] . Il
après le stimulus, midlatency auditory evoked potentials [MLAEP]), s’agit d’une valeur sans unité qui se distribue autour de 80 chez le
correspondant à l’arrivée du potentiel d’action dans le cortex sujet éveillé et de 40 chez le sujet inconscient, et qui permet ainsi
auditif primaire, appelée P pour sa partie positive ou N pour sa de prédire la perte de connaissance [64, 65] . Malheureusement, cette
partie négative, et discriminée par une lettre (par exemple : Pa, méthode n’est disponible que sur des prototypes. Enfin, l’AEM®
Nb). Ses latences s’allongent, et l’amplitude des pics diminue monitor est la technique qui a abouti à la mise sur le marché du
de façon parallèle à la dose, jusqu’à disparition complète du premier appareil de mesure de la profondeur d’hypnose à partir
signal pour plusieurs agents anesthésiques ou volatils comme des PEA via une extraction rapide par modélisation autorégres-
l’isoflurane, l’enflurane, le thiopental, l’étomidate et le propo- sive [66–68] . Le résultat est un index sans unité non plus (A-line
fol ; Autoregressive Index ou AAI), allant de 100 à 0, avec des valeurs
• une composante tardive (80–100 ms, long latency auditory evoked de 85 chez le sujet éveillé et inférieures à 35 pour une profondeur
potentials [LAEP]) qui représente l’entrée dans les aires associa- d’anesthésie compatible avec une chirurgie. Il est ainsi corrélé à
tives, également peu modifiée par les agents anesthésiques et la perte de connaissance et à la profondeur d’anesthésie.
dont l’amplitude peut être dose-dépendante. En conclusion, les PEA sont un bon indicateur de perte de cons-
Les agents anesthésiques volatiles, tels que les halogénés, le cience et permettent également le monitorage de la profondeur
thiopenthal, le propofol ou l’étomidate, ont tous une action sur d’anesthésie. Malheureusement, leur interprétation nécessite un
les PEA largement décrite dans la littérature [47–51] . Ils prolongent la traitement mathématique des données brutes ainsi qu’une for-
latence des BAEP (sans modifier leur amplitude) et allongent pro- mation spécifique pour leur interprétation. De fait, les PEA sont
gressivement celle des MLEAP tout en diminuant leur amplitude. préférentiellement utilisés en recherche, et seul l’AAI est actuelle-
Les PEA sont a contrario peu modifiés par les benzodiazépines, ment inclus dans un monitorage au lit du patient.
la kétamine ou les morphiniques. En revanche, d’autres facteurs
non pharmacologiques peuvent influencer les PEA et sont ainsi à
prendre en compte, tels que l’âge [52–54] , la consommation d’alcool, Activité du sphincter inférieur de l’œsophage
qui déprime les PEALM [55, 56] , ou la consommation de tabac éga- On distingue le tonus spontané, peu fiable, et le tonus provoqué
lement [57–60] . du sphincter inférieur de l’œsophage, un peu plus performant [69] .
L’une des questions majeures est de savoir quels paramètres des Les premiers travaux étaient encourageants et montraient une
PEA sont utilisables en pratique courante. La mesure des latences relation entre la concentration d’halothane, les signes cliniques de
et des amplitudes est réalisée sur les enregistrements a posteriori ; réveil et l’activité du sphincter inférieur de l’œsophage [70] . Cepen-
il s’agit de plus d’un processus lent ne permettant pas son uti- dant, depuis, d’autres travaux ont montré que les variations ne
lité en pratique clinique courante. Le choix des réglages ainsi que sont pas assez reproductibles pour qu’une valeur seuil prédictive
l’interprétation des résultats nécessitent de surcroît une forma- puisse être proposée [71] . De plus, l’activité du sphincter inférieur
tion spécifique. Plusieurs techniques d’analyses automatiques ont de l’œsophage est agent-dépendant.
donc été, de fait, proposées. Traditionnellement, les mesures de L’ensemble des outils de monitorage de l’anesthésie présentés
PEA sont réalisées après application d’un stimulus auditif à une est résumé dans le Tableau 7.
fréquence lente de 6 à 9 clics par seconde, afin que l’onde de
PEA correspondant au stimulus soit terminée avant le stimulus
suivant (méthode dite de la réponse transitoire). On peut égale-
ment stimuler à haute fréquence, afin de sommer les réponses
 Monitorage de l’analgésie
in situ et d’augmenter ainsi l’amplitude de la réponse comparée L’évaluation de la douleur chez le patient sous anesthésie
à l’EEG (méthode de l’état d’équilibre). La fréquence cohérente générale est une démarche très complexe. L’une des premières
(auditory steady-state response ou ASSR) est l’amplitude de réponse réflexions est fondée sur la réponse motrice à une stimulation
chez un sujet éveil. Elle est maximale pour une stimulation de 35 douloureuse et a ainsi donné lieu au concept de la CAM, soit
à 40 Hz et permet ainsi de suivre la perte de connaissance [61] . la concentration alvéolaire minimum, permettant d’inhiber la

8 EMC - Anesthésie-Réanimation
Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale  36-388-A-10

Tableau 7.
Outils de monitorage de l’anesthésie.
Outils Effets de l’anesthésie Avantages Inconvénients
EEG Enregistrement de
l’ensemble des
activités électrophy-
siologiques du
cortex cérébral au
moyen d’électrodes
de surface.
Analyse spectrale Transformation de - FFS - ↓ FFS, FM, bêta ratio Monitorage
Fourier rapide (ou - FM - ↑ delta ratio continue et non
FFT) : - Bêta ratio invasif
décomposition - Delta ratio
mathématique de
fragments du signal
Analyse bispectrale (BIS) Analyse des - Rapport de Le BIS varie de 100 - Intérêt pour Différents artefacts
sinusoïdes suppression (sujet complètement diminuer les risques de haute fréquence :
constituant le - IQS éveillé) à 0 (tracé de sur- et - couvertures à air
spectre de - Pourcentage de complètement plat, ou sous-dosages pulsé
fréquences 2 à 2, et fréquences rapides anesthésie profonde). - Estimation - pompes de
recherche d’une 3e attribuées à l’EMG Une valeur autour de 50 permanente et non circulation
sinusoïde, nommée est associée à une invasive de la extracorporelle
« harmonique » probabilité > 95 % profondeur - bistouri électrique
corrélée aux 2 autres d’être inconscient et de d’anesthésie - appareils de
par sa phase à ne pas avoir de radiofréquence,
l’origine, calcul du mémorisation explicite certains endoscopes,
degré de de la période opératoire etc.
synchronisation - utilisation de
kétamine ou de N2 O
Entropie Évaluation et - SE Les 2 paramètres - Corrélée à la Idem que pour le BIS
mesure du degré de - RE varient de 100 chez le concentration
désordre du tracé sujet éveillé à 0 lorsque d’hypnotique et peu
EEG le tracé est plat, en sensible à
sachant que RE est l’imprégnation
toujours supérieur à SE morphinique
- Mesure non
invasive et continue
Potentiels évoqués Mesure de la - Composante - ↑ latence BAEP sans - Bon indicateur de Facteurs
réponse électrophy- précoce (BAEP) modification de la perte de confondants :
siologique à une - Composante l’amplitude conscience - âge
stimulation intermédiaire ou - ↑ latence MLEAP et ↓ - consommation
sensorielle dite corticale amplitude d‘alcool
précoce (MLAEP) - Peu modifiés par - tabagisme
- Composante kétamine, Interprétation a
tardive (LAEP) benzodiazépines et posteriori, donc
morphiniques plutôt utilisé en
recherche qu’en
pratique clinique ++
Formation
spécifique
Activité du sphincter - Tonus spontané - Agent dépendant
inférieur de l’œsophage - Tonus provoqué - Peu reproductible

EEG : électroencéphalogramme ; BIS : index bispectral ; FFS : front de fréquence spectrale ; FM : fréquence médiane : IQS : index de qualité de signal ; EMG : électromyo-
gramme ; SE : entropie basale ; ER : entropie réactionnelle ; BAEP : brainstem auditory evoked potentials ; MLAEP : midlatency auditory evoked potentials ; LAEP : long latency
auditory evoked potentials ; N2 O : protoxyde d’azote.

réponse motrice à l’incision chez un patient sur deux. La CAM obtenir un indice qui permet l’évaluation de la balance
a été utilisée pour comparer la puissance hypnotique des halogé- nociception–analgésie sous AG : qNOX.
nés entre eux puis secondairement pour étudier l’influence des Dans un travail français publié en 2014, au cours duquel
morphiniques pour prévenir le mouvement. le qNOX était évalué lors de trois stimulations cliniques dou-
La mesure de l’activation du système nerveux autonome (SNA) loureuses différentes – l’insertion d’un masque laryngé, la
secondaire à une stimulation douloureuse peut permettre de laryngoscopie et l’intubation trachéale –, le qNOX était signifi-
monitorer la profondeur d’analgésie. Il convient de noter que cativement plus élevé chez les patients avec un mouvement de
toutes ces techniques sont rétrospectives, puisque pour conclure réaction à la stimulation douloureuse [72] . Récemment, d’autres
il faut d’abord observer la réponse secondaire à une stimulation. index ont été décrits pour l’évaluation de la nociception des
patients sous AG, le Cortical Input (CI) et le Composite Corti-
cal State (CCS), calculés à partir des données brutes du BIS des
Mesures dérivées patients ayant subi une stimulation tétanique sous AG avec dif-
férentes doses d’opioïdes [73] . La combinaison de ces deux index
de l’électroencéphalogramme avait une sensibilité de 75 % et une spécificité de 52 % pour la
Hormis le monitorage de l’anesthésie, certains moniteurs uti- détection d’événements douloureux. Le CI et le CCS permettaient
lisent les signaux électroencéphalographiques frontaux pour de différencier les patients qui recevaient des opioïdes des autres.

EMC - Anesthésie-Réanimation 9
36-388-A-10  Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale

+0,1 Figure 6. Variations de l’indice de nociception analgésique


(ANI) au cours d’une anesthésie générale (AG) pour chirurgie
abdominale par voie laparoscopique (d’après [80] ). Tracés RR
normalisés et filtrés (trait plein) dans deux états de la balance
0 A1 A2 A3 A4 nociception–antinociception pendant l’AG. Les surfaces gri-
sées A1, A2, A3 et A4 mesurent l’influence de la respiration
sur les séries RR et sont proportionnelles au tonus parasympa-
Séries de RR

thique correspondant. Le diagramme du haut montre un tonus


–0,1 parasympathique élevé en cas d’analgésie adéquate, et le dia-
gramme du bas montre un tonus parasympathique abaissé en
+0,1
cas d’analgésie inadéquate conduisant à une augmentation de
la fréquence cardiaque et/ou de la pression artérielle.

0 A1 A2 A3 A4

–0,1
0 16 32 48 64

Variations hémodynamiques que le tonus sympathique augmente (en cas de nociception, par
exemple), la FC augmente, mais l’effet de l’ARS sur le RR diminue,
La première réponse du SNA à la douleur, et également la ce qui se traduit par un tracé RR filtré présentant peu de variabi-
plus connue, est la variation brute de PA et de FC. Malheureu- lité, permettant d’évaluer la balance analgésie–nociception [78–80]
sement, en contexte de sepsis, d’état de choc, de saignement ou (Fig. 6). Cette fonction de modérateur est essentiellement assurée
de prise médicamenteuse (bêtabloquants, inhibiteurs calciques, par la boucle réflexe parasympathique faisant afférence au sein du
etc.), l’interprétation de ces variables est confondante. nœud pulmonaire du tractus solitaire et fait synapse au niveau du
Plusieurs équipes ont eu l’idée d’essayer de monitorer plus fine- noyau du nerf vague, le nœud sinusal.
ment le degré de blocage du SNA. Deux principaux prototypes L’ANI est exprimé sous forme d’un indice s’échelonnant de 0
sont actuellement disponibles : le Surgical Stress Index (SSI ou à 100, reflétant ainsi l’activité du système nerveux parasympa-
SPI) et l’Analgesia Nociception Index (ANI) Physiodoloris® . thique. Il exprime la quantité relative de tonus parasympathique
Le SSI est un index composite : présent par rapport au tonus sympathique dans le SNA d’un
SSI = 100 − (0, 7 × PPGAnorm + 0, 3 × HBInorm) patient, en supposant que la somme des deux tonus est de 100 %.
où PPGA est l’amplitude de l’onde de pouls et HBI la période car- La mesure affichée d’ANI représente la moyenne d’une succes-
diaque, enregistrées par pléthysmographie et normalisées [74] . Le sion de mesures réalisées sur une durée totale de 80 secondes ;
SSI a été utilisé pour évaluer l’analgésie au cours de différents types chaque mesure élémentaire est réalisée sur 64 secondes. La mesure
de chirurgie, comme la chirurgie gynécologique, ou pour évaluer de l’ANI n’est pas interprétable en cas d’arythmie, d’apnée ou de
certaines anesthésies locorégionales [75, 76] . Certains auteurs ont fréquence respiratoire inférieure à 9 cycles par minute, de volume
pu montrer une réduction de la consommation de morphiniques courant variable sur la durée de mesure, de respiration irrégu-
grâce à l’utilisation du SSI comme monitorage de l’analgésie [77] . lière, en présence de certains pacemakers (certains types), chez les
Les limites techniques à l’utilisation de ce dispositif sont essen- patients greffés cardiaques ou en cas d’utilisation d’agents anes-
tiellement les conditions d’activation adrénergique non liée à la thésiques ayant un effet sur l’activité cardiaque sinusale comme
douleur, telles que l’hypovolémie, l’hypothermie, et l’utilisation l’atropine.
de médicaments interférant avec le système nerveux cardiovascu- Dans un étude observationnelle réalisée chez des patients
laire. adultes opérés d’une appendicectomie ou d’une cholécystecto-
L’ANI est un index qui reflète la composante parasympathique mie laparoscopique (sous propofol et rémifentanil), l’ANI était
de la variabilité de FC. En effet, il s’appuie sur la levée ponc- plus sensible que la FC ou la PA aux stimuli nociceptifs. Dans un
tuelle, transitoire et brève du tonus parasympathique induite par travail publié en 2013, seul l’ANI était significativement modifié
chaque cycle respiratoire, qu’il soit spontané ou artificiel, pour à chaque palier d’anesthésie intraveineuse à objectif de concen-
ainsi mesurer l’activité relative du système parasympathique. tration par propofol et rémifentanil, mais ne permettait pas
L’analyse spectrale du signal à l’électrocardiogramme (ECG) de prédire la survenue d’un mouvement moteur après stimula-
permet l’identification de plusieurs zones fréquentielles. La zone tion douloureuse. Les auteurs conclurent que l’ANI permettait
d’intérêt de l’ANI est la zone dite « hautes fréquences ». Elle une surveillance continue de la stimulation pendant l’anesthésie
ne comporte que des informations relatives au tonus para- intraveineuse associant propofol et rémifentanil et que cela per-
sympathique. L’arythmie respiratoire sinusale (ARS) résulte de mettait d’améliorer la détection mais pas la prédiction d’une
l’influence du tonus parasympathique sur le nœud sinusal ; elle balance nociception–analgésie possiblement inadéquate [81] .
possède une influence sur la zone hautes fréquences (0,15–0,5 Hz). Certains travaux ont également montré que l’ANI était cor-
Afin de fournir aux cellules un apport métabolique stable, rélé à la douleur postopératoire immédiate en SSPI [82] . Dans un
l’organisme doit maintenir un débit cardiaque stable. Or chaque deuxième travail réalisé par la même équipe, on observe que la
inspiration provoque une surpression pulmonaire, transmise au valeur de l’ANI mesurée immédiatement avant l’extubation après
péricarde via le diaphragme et diminuant ainsi la capacité de dila- une AG associant gaz halogénés et rémifentanil est donc signi-
tation ventriculaire, donc le volume d’éjection systolique (VES). ficativement corrélée avec l’intensité douloureuse à l’arrivée en
Au contraire, l’expiration et la dépression pulmonaire qui en SSPI [83] . Ainsi, la performance de l’ANI pour la prédiction de la
résultent permettent alors aux ventricules de se dilater conforta- douleur postopératoire immédiate est bonne, et cet index pour-
blement, assurant ainsi un VES maximal. D’où la nécessité d’une rait être utile pour optimiser la prise en charge de la douleur aiguë
adaptation de la FC pour maintenir un débit constant : accéléra- postopératoire.
tion de la fréquence à l’inspiration et ralentissement à l’expiration.
Lorsque le tonus parasympathique prédomine, chaque inspira-
tion induit une brève accélération de la FC et une diminution Pupillométrie
concomitante de l’intervalle RR (correspondant à l’ARS), ce qui Le diamètre de la pupille est déterminé par les muscles lisses de
se traduit par une large variabilité sur le tracé RR filtré affiché sur l’iris qui reçoivent une double innervation : parasympathique (à
le moniteur. À l’inverse, si le tonus parasympathique décroît et partir du noyau pupilloconstricteur situé dans le tronc cérébral)

10 EMC - Anesthésie-Réanimation
Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale  36-388-A-10

et sympathique (d’origine médullaire thoracique). Ses variations Lorsque ce dernier est stimulé, les glandes sudoripares se rem-
sont soumises à deux réflexes : le réflexe photomoteur (RPM), en plissent de sueur qui s’évapore rapidement à la surface de la
réponse à un stimulus lumineux et le réflexe de dilatation pupil- peau, augmentant ainsi la conductance de cette dernière avec un
laire (RDP), en réponse à un stimulus douloureux. délai. L’amplitude du pic de conductance est liée directement à
L’application d’un stimulus lumineux entraîne la contraction l’intensité du stimulus.
rapide de la pupille ipsilatérale (RPM direct) et controlatérale L’ensemble de ces réponses est aboli en augmentant la
(RPM consensuel). En effet, la stimulation parasympathique pro- concentration de morphiniques. Les paramètres calculés sont les
voque une contraction pupillaire (myosis) par stimulation directe suivants [94] :
des récepteurs cholinergiques présents sur les fibres musculaires • ASCF (Amplitude of Skin Conductance Fluctuations),
du sphincter pupilloconstricteur. L’enregistrement vidéo du RPM l’amplitude des pics ;
par pupillométrie permet de quantifier son amplitude, sa latence • SCL (Skin Conductance Level), le niveau moyen de la conduc-
d’apparition (normalement de 200–250 ms) ainsi que la vitesse de tance, reflet du tonus sympathique hors de toute stimulation ;
contraction pupillaire. • NFSC (Number of Fluctuations of Skin Conductance), para-
Le RDP est connu depuis longtemps comme étant lié au stimu- mètre qui découle des deux précédents et qui permet de
lus douloureux, y compris chez le patient anesthésié [84] . Toute quantifier le niveau d’activation sympathique sous anesthé-
stimulation sympathique provoque une mydriase par une acti- sie. Par exemple au moment de l’intubation, l’augmentation
vation des récepteurs ␣-adrénergiques sur les fibres du muscle de NFSC est bien corrélée à un score clinique de stress. Dans
iridodilatateur. Une dilatation pupillaire peut être liée à une sti- ce même travail, les auteurs ont observé une augmentation du
mulation sympathique et/ou à une inhibition parasympathique. NFSC lors d’une stimulation tétanique, atténuée par la perfu-
Ainsi, chez le patient éveillé, un stimulus nociceptif est respon- sion de rémifentanil [95] .
sable d’une stimulation sympathique, alors que chez le patient
sous anesthésie générale, l’application d’un stimulus nociceptif
serait liée plutôt à une inhibition du système parasympathique. CARDEAN
Le RDP est facilement évaluable au lit du patient par enregis-
L’indice cardiovasculaire de l’analgésie, fondé sur l’évolution
trement continu ou ponctuel, au cours de l’acte opératoire ou de
de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque, permet de
gestes douloureux de réanimation, soit en réponse à l’application
détecter toute élévation mineure de la PA suivie d’une tachycardie
d’un stimulus nociceptif calibré. Ainsi, le stimulus tétanique pré-
mineure, reflétant ainsi l’inhibition du baroréflexe cardiaque. Cet
sentant une fréquence de stimulation de 50 à 100 Hz, une durée
indice a initialement été conçu pour prédire tout mouvement per-
de stimulation de 5 secondes avec une intensité comprise entre
opératoire chez les patients anesthésiés non curarisés [96] . En cas
5 et 80 mA, appliqué sur un métamère cutané, est le test le plus
de balance nociception–antinociception adaptée, une augmenta-
prédictible de la nociception (intubation orotrachéale, incision
tion minime de la pression artérielle est suivie d’une diminution
chirurgicale) [85] .
de la fréquence cardiaque (et donc, par définition, de l’intervalle
Les variations du diamètre pupillaire sont le plus souvent mesu-
RR sur l’ECG), régulée par le baroréflexe cardiaque. A contra-
rées par photographie infrarouge, à l’état basal ou en réponse
rio, lorsque cette augmentation de la pression artérielle est suivie
à une stimulation lumineuse. On distingue plusieurs types de
d’une tachycardie minime, on peut supposer qu’il y a inhibition
pupillomètres : ceux avec caméra portative pour des mesures dis-
du baroréflexe liée à un excès de nociception pouvant ainsi favo-
continues de la surface pupillaire, ceux avec caméra fixée sur le
riser un mouvement peropératoire. L’algorithme de cet indice est
visage pour un enregistrement pupillaire en continu, auquel cas
fondé sur l’ECG et la mesure continue non invasive de la pression
l’œil est maintenu ouvert et régulièrement irrigué de larmes arti-
artérielle.
ficielles. Ces dispositifs sont des caméras infrarouges permettant,
CARDEAN est un logiciel qui utilise l’ECG et des capteurs de
avec une résolution spatiale inférieure à 0,05 mm et une précision
PA continue non invasive (Finapres Medical Systems, Amsterdam,
de l’ordre de 0,1 mm, un enregistrement vidéo des variations de
Pays-Bas). Pour une augmentation de PA systolique entre 2 et
la surface pupillaire (20–60 images par seconde). Puis est calculé
5 mmHg, l’algorithme analyse l’aire sous la courbe de la PA et
le diamètre pupillaire.
de RR ainsi que l’amplitude RR, pour obtenir un index indicateur
La pupillométrie est évidemment de réalisation difficile en cas
de l’activité baroréflexe cardiaque. Au-dessus de 60, on considère
d’anomalies pupillaires préexistantes et au cours de certaines pos-
que ce dernier est inhibé, ce qui correspond à une stimulation
tures (décubitus ventral, décubitus latéral), ou dans certains cas
nociceptive.
de pathologies avec atteinte dysautonomique telles qu’un dia-
En comparant l’administration d’opioïdes guidés par le CAR-
bète évolué, une amylose systémique, une sclérose en plaques ou
DEAN versus la pratique standard, certains auteurs montrent
une hypertension artérielle non contrôlée. Certains traitements
que l’utilisation de cet outil permet de diminuer significative-
peuvent également influencer le RDP, et notamment l’emploi de
ment la fréquence des mouvements peropératoires [97] . Dans une
morphiniques ; on cite, entre autres, le rémifentanil, pour lequel
autre étude, la valeur du CARDEAN a été mesurée avant et après
il semble exister une relation dose-dépendante sur la réduction du
incision cutanée dans deux groupes de patients recevant des
RDP [86] . La métoclopramide, le dropéridol [87] , la clonidine [88] et
doses différentes d’opioïdes. Ils ont observé que le CARDEAN
la dexmédétomidine [89] ont également un effet sur le RDP, mais
était significativement augmenté dans le groupe qui avait reçu
pas la lidocaïne intraveineuse [90] , l’ondansétron [87] , les bêtablo-
la concentration la plus faible.
quants [88, 91] .
La pupillométrie pourrait permettre également d’évaluer
l’efficacité de l’analgésie locorégionale chez le patient sous anes- Le Nociception Level index
thésie générale. Les signes cliniques classiques d’efficacité sont pris
en défaut dans cette situation. Au cours d’une anesthésie générale Il apparaît ainsi qu’un outil de monitorage de la nocicep-
combinée à un bloc analgésique centromédullaire, l’application tion peropératoire nécessite une approche multiparamétrique. En
d’une stimulation tétanique au-dessous du territoire métamérique 2013, un travail sur le Nociception Level (NoL) index, utilise cinq
bloqué permet une abolition du RDP, tandis que celui-ci était paramètres : la fréquence cardiaque, l’amplitude de l’onde de plé-
conservé dans les métamères non bloqués [92] . thysmographie, la conductance cutanée et leurs dérivées dans le
Pour conclure, la pupillométrie pourrait ainsi permettre de temps [98] . L’analyse de ces paramètres suivie d’une régression non
monitorer l’efficacité d’une anesthésie locorégionale, l’analgésie linéaire fournit un nombre sans dimension de 0 à 100 ; plus l’index
per- et éventuellement postopératoire [93] . est petit, plus la nociception est faible. Afin d’étudier la réactivité
du NoL index, les auteurs ont défini un indice combiné asso-
ciant le type de stimulus (faible, élevé et moyen) et d’analgésie
Conductance cutanée (fondé sur la concentration d’opioïdes) : le Combined Index of
Stimulus and Analgesia (CISA). Ils ont observé une bonne corré-
Les glandes sudoripares cutanées situées sur la paume des mains lation entre le NoL et le CISA. Dans ce travail, on observe une
et la plante des pieds sont innervées par le système sympathique. supériorité du NoL, comparé à ses paramètres pris isolément. Plus

EMC - Anesthésie-Réanimation 11
36-388-A-10  Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale

Tableau 8. à l’adulte, avec, à l’endormissement, l’apparition d’ondes thêta


Score UMSS (University of Michigan Sedation Scale) pour évaluer la séda- amples et régulières jusqu’à l’âge de 6 ans. Au-delà, il se carac-
tion chez l’enfant (d’après Malviya et al. [102] ). térise par une prédominance d’ondes lentes delta, plus amples
0 Totalement éveillé et irrégulières, et associées à une surcharge rapide de type alpha.
Enfin, chez l’enfant plus âgé encore, on observe des figures rapides
1 Sédation minimale (réponse appropriée à stimulation auditive)
qu’on appelle spindles, présentes chez les adultes, qui dispa-
2 Sédation modérée – somnolent (réponse appropriée à stimulation raissent durant le sommeil profond. Quant à la désynchronisation
tactile ou commande verbale) et aux rythmes rapides caractéristiques du sommeil paradoxal,
3 Sédation profonde (réponse seulement à la stimulation ils apparaissent progressivement avec l’âge pour atteindre, à
mécanique vigoureuse) l’adolescence, des proportions comparables à celles observées chez
4 Aucune réponse à la stimulation l’adulte.
L’EEG peut, tout comme chez l’adulte, permettre de monitorer
la profondeur d’anesthésie en pédiatrie car, effectivement, la plu-
récemment, une équipe a étudié l’effet de différentes concentra- part des agents anesthésiques induisent chez l’enfant des effets
tions d’opioïdes sur la réponse du NoL, de la fréquence cardiaque sur l’EEG proches de ceux observés chez l’adulte. Par exemple,
et de la pression artérielle, après stimulation nociceptive, chez on observe une corrélation des paramètres spectraux avec les
des patients sous anesthésie générale [99] : l’aire sous la courbe concentrations plasmatiques de propofol, chez l’enfant de 3 à
receiver operating characteristic (ROC) du NoL était supérieure. On 10 ans. Une induction douce par halothane permet d’observer
note également qu’en dehors de tout stimulus douloureux le NoL un ralentissement global du tracé et une surcharge d’ondes bêta
n’était pas affecté par les différentes concentrations d’opioïdes, qui disparaît lors de l’approfondissement de l’anesthésie [105] . A
contrairement à la FC et la PA. contrario, l’induction par sévoflurane inhalé se caractérise par un
En 2016, la mesure du NoL index avec des stimulations dou- ralentissement rapide de l’EEG qui conduit à un tracé avec des
loureuses d’intensité croissante chez des patients sous anesthésie ondes lentes, amples et pointues, dès les premières minutes, et qui
générale a permis d’observer que le NoL était capable de discri- varie peu jusqu’à l’approfondissement de l’anesthésie nécessaire
miner différents niveaux d’analgésie, avec une réponse croissante à l’intubation.
aux stimuli d’intensité croissante. De surcroît, la réponse du NoL Donc, au-delà de 1 an, le signal EEG varie de façon dose-
aux événements douloureux était atténuée par les doses crois- dépendante avec les doses de produit hypnotique administrées.
santes d’opioïdes [100] . Ces résultats ont été confirmés en 2019 dans Toutefois, l’utilisation des paramètres calculés à partir de l’EEG
un travail qui montrait une très bonne corrélation entre le NoL et dit « brut » reste décevante en routine clinique, tout comme chez
l’intensité des stimuli nociceptifs. De plus, lors d’une stimulation l’adulte. Mais, de la même manière, les performances de l’EEG
standardisée, le NoL était inversement corrélé à la concentration chez l’enfant ont été améliorées par l’utilisation d’algorithmes de
d’opioïdes. calculs intégrant plusieurs paramètres, comme le BIS ou l’entropie.

 Particularités pédiatriques Index bispectral


Le BIS est actuellement le moniteur le plus étudié chez l’enfant.
Objectifs d’anesthésie générale chez l’enfant Les données issues de la littérature pédiatrique suggèrent que le
Chez l’enfant, le maintien d’une anesthésie profonde est un BIS est, comme chez l’adulte, corrélé à la composante hypno-
élément majeur de la prise en charge afin de réduire le risque tique de l’anesthésie. En effet, les valeurs de BIS sont inversement
de complications respiratoires comme le laryngospasme ou le proportionnelles aux fractions expirées de sévoflurane de 0 à
bronchospasme. En outre, en l’absence d’insuffisance d’organe, le 3 %, de manière plus précise que les variations hémodynamiques
surdosage en hypnotique est moins à risque que chez l’adulte. Le (pression artérielle et fréquence cardiaque) [106, 107] . Comme chez
problème de la mémorisation est peu ou pas évalué chez l’enfant. l’adulte, l’utilisation du BIS permet de réduire la consommation
Elle pourrait être impliquée dans la survenue des troubles du de produits et d’obtenir ainsi un réveil plus rapide, et ce, particu-
comportement (réveils ou terreurs nocturnes) observés après une lièrement chez l’enfant de plus de 3 ans [108] . En revanche, en cas
anesthésie chez le jeune enfant. d’anesthésie intraveineuse, l’utilisation du BIS présente un inté-
rêt bien particulier chez l’enfant. Le propofol présente un profil
pharmacocinétique qui évolue avec l’âge, puisque chez l’enfant
Échelle de monitorage de la profondeur on observe une augmentation du volume de distribution et une
d’anesthésie chez l’enfant augmentation de sa clairance.

L’échelle de MOAA/S a été validée et elle est utilisée chez


l’enfant [101] . Cependant, on peut présenter une autre échelle,
Surgical Stress Index (SSI ou SPI)
l’University of Michigan Sedation Scale (UMSS), qui a également Le SSI semble permettre une évaluation de la balance
été validée [102] (Tableau 8). Toutefois, elle ne présente pas de supé- analgésie–nociception dans certains cas chez l’enfant. En effet,
riorité, comparée au MOAA/S. certains auteurs ont montré que cet index s’élevait significative-
ment après stimulation douloureuse standardisée chez l’enfant de
Électroencéphalogramme chez l’enfant plus de 4 ans sous anesthésie par sévoflurane [109] . Malheureuse-
ment, aucune étude n’a à ce jour étudié le SSI chez le nouveau-né
Le tracé EEG de l’enfant présente quelques spécificités, témoins ou le nourrisson.
de l’immaturité du cerveau pédiatrique, durant la 1re année de
vie ; au-delà, les différences observées avec l’adulte sont minimes. Analgesia Nociception Index
En effet, l’éveil et le sommeil physiologique de l’enfant sont
très proches du sommeil profond lié à des agents anesthésiques, L’ANI a récemment été décrit chez l’enfant anesthésié à dif-
d’où l’intérêt d’algorithmes de calculs pour estimer le niveau férents débits de perfusion de rémifentanil, dans le cadre d’une
d’anesthésie. chirurgie de l’oreille moyenne sous desflurane [110] . D’autres tra-
L’EEG d’éveil de l’enfant est caractérisé par des ondes de fré- vaux plus récents ont montré une diminution de l’ANI chez
quences plus basses et d’amplitudes légèrement plus élevées que l’enfant anesthésié sous desflurane et rémifentanil, sans modifi-
celui de l’adulte [103] . On observe une augmentation de la fré- cation significative des paramètres hémodynamiques [110] .
quence du rythme alpha avec l’âge, classiquement inhibé par les Après stimulation nociceptive, l’ANI était significativement
stimulations visuelles et prédominant dans les aires postérieures. plus bas qu’avant stimulation pour chaque posologie de rémifen-
En outre, on observe une augmentation du nombre d’ondes lentes tanil. Dans une autre étude plus récente, l’ANI était utilisé pour
de type thêta [104] . Le profil d’EEG durant le sommeil traduit évaluer l’efficacité de l’anesthésie régionale après incision cuta-
une organisation différente du sommeil de l’enfant, comparé née chez des enfants anesthésiés au sévoflurane [111] . L’aire sous la

12 EMC - Anesthésie-Réanimation
Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale  36-388-A-10

Tableau 9.
Outils de monitorage de l’analgésie.
Outils Paramètre de mesure Effets de l’analgésie Avantages Inconvénients
Mesures dérivées de
l’EEG
Variations La première réponse
hémodynamiques du SNA à la douleur
est la variation brute
de PA et de FC
SSI Pléthysmographie SSI = 100 – (0,7 × ↑ SSI si analgésie Évaluation de Limites :
PPGAnorm + 0,3 × inadéquate l’analgésie et de conditions d’activation
HBInorm) l’anesthésie adrénergique non liée à la
locorégionale douleur, telles que
l’hypovolémie,
l’hypothermie et
l’utilisation de
médicaments interférant
avec le système nerveux
cardiovasculaire
ANI Index qui reflète la Indice s’échelonnant de L’ANI est exprimé Surveillance Non interprétable en cas
composante 0 à 100 reflétant ainsi sous forme d’un continue de la d’arythmie, d’apnée, ou de
parasympathique de l’activité du système indice stimulation pendant fréquence
la variabilité de FC nerveux s’échelonnant de l’anesthésie respiratoire < 9 cycles/min,
Fondé sur la levée parasympathique 0–100 reflétant ainsi intraveineuse de volume courant variable
ponctuelle, l’activité du système Améliore la sur la durée de mesure, de
transitoire et brève nerveux détection mais pas respiration irrégulière, en
du tonus parasympathique la prédiction d’une présence de certains
parasympathique balance pacemakers (certains
induite par chaque nociception–analgésie types), chez les patients
cycle respiratoire possiblement greffés cardiaques, ou en
inadéquate cas d’utilisation de
Prédiction douleur médicaments ayant un
postopératoire effet sur l’activité cardiaque
immédiate sinusale comme l’atropine
Pupillométrie Mesure du diamètre RDP Stimulation Monitorage, Difficultés de réalisation ou
pupillaire par sympathique efficacité de d’interprétation :
photométrie → mydriase par une l’anesthésie - certaines positions
infrarouge à l’état activation des locorégionale (décubitus ventral)
basal et après récepteurs Monitorage de - pathologies pupillaires
stimulation ␣-adrénergiques. l’analgésie per- et - pathologies
lumineuse Chez patient postopératoire dysautonomiques
éveillé : stimulus Enregistrement - certains traitements
nociceptif → continu ou ponctuel (morphiniques,
stimulation après stimulation métoclopramide,
sympathique douloureuse dropéridol, clonidine et la
Chez patient dexmédétomidine)
anesthésié : stimulus
→ inhibition
système
parasympathique
Conductance En cas de - ASCF : l’amplitude des Amplitude de
cutanée stimulation du pics ; conductance liée à
système nerveux - SCL : le niveau moyen l’intensité du
sympathique, les de la conductance, stimulus
glandes sudoripares reflet du tonus ↑ NFSC à
se remplissent de sympathique hors de l’intubation et
sueur qui s’évapore toute stimulation ; corrélée à un score
rapidement à la - NFSC : paramètre qui clinique de stress
surface de la peau, découle des deux
augmentant ainsi la précédents et qui
conductance de permet de quantifier le
cette dernière avec niveau d’activation
un délai sympathique sous
anesthésie
Indice Fondé sur Pourrait permettre
cardiovasculaire de l’évolution de la PA de diminuer la
l’analgésie et de la FC, il permet fréquence des
(CARDEAN) de détecter toute mouvements
élévation mineure peropératoires
de la PA suivie d’une Monitorage de
tachycardie l’analgésie
mineure, reflétant peropératoire
ainsi l’inhibition du
baroréflexe
cardiaque

EMC - Anesthésie-Réanimation 13
36-388-A-10  Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale

Tableau 9.
(suite) Outils de monitorage de l’analgésie.
Outils Paramètre de mesure Effets de l’analgésie Avantages Inconvénients
NoL index Approche L’analyse de ces - ↓ NoL index avec Approche multiparamétrique
multiparamétrique paramètres, suivie la nociception En dehors de tout stimulus
incluant 5 d’une régression non douloureux, le NoL n’est pas
paramètres : la FC, linéaire, fournit un affecté par les différentes
l’amplitude de nombre sans concentrations d’opioïdes,
l’onde de dimension, de 0–100 contrairement à la FC et la PA
pléthysmographie, Peut permettre de discriminer
la conductance différents niveaux d’analgésie.
cutanée et leurs Corrélé à l’intensité de la douleur
dérivées dans le et inversement corrélé avec la
temps concentration en opioïdes

EEG : électroencéphalogramme ; SNA : système nerveux autonome ; SSI : Surgical Stress Index ; PPGA : amplitude de l’onde de pouls ; HBI : période cardiaque ; ANI :
Analgesia Nociception Index ; FC : fréquence cardiaque ; PA : pression artérielle ; RDP : réflexe de dilatation pupillaire ; ASCF : amplitude of skin conductance fluctuations ;
SCL : skin conductance level ; NFSC : number of fluctuations of skin conductance ; NoL : nociception level.

courbe (intervalle de confiance à 95 %) de l’ANI pour détecter un postopératoire en SSPI, chez le sujet éveillé, présente une capacité
échec de l’anesthésie régionale était de 0,75 (0,6–0,88), avec une assez décevante de discrimination de seuils douloureux [113] .
sensibilité de 79 % et une spécificité de 62 % au seuil de 51. De fait, L’ensemble des outils de monitorage d’anesthésie présentés est
l’ANI pourrait être un outil intéressant pour monitorer l’efficacité résumé dans le Tableau 9.
d’une anesthésie régionale.
 Conclusion
Conductance cutanée Le monitorage de l’anesthésie générale est un sujet toujours
Certains auteurs ont pensé que la conductance cutanée per- d’actualité et encore très discuté. La recherche d’une anesthésie
mettait d’évaluer la douleur, et ce, particulièrement chez le petit générale dite adaptée, non seulement au patient, à la procédure,
enfant. En cas de prématurité (< 29 semaines d’aménorrhée), la mais également au chirurgien et à la structure, est un élément
NFSC et l’AFSC étaient stables lors de stimulations non doulou- majeur de la réflexion que doit nourrir un anesthésiste dès sa
reuses, comme le change ou le biberons, et étaient augmentées consultation préanesthésique. Elle favorise le confort du patient,
lors d’un prélèvement capillaire au talon, pour revenir par la suite permet d’optimiser et de sécuriser un geste chirurgical, mais
à leur valeur de base 41 [112] . En revanche, chez l’enfant sous des- également d’agir dans une logique d’épargne écologique et éco-
flurane, la conductance cutanée semble peu discriminante [110] . nomique. Le choix du mode d’évaluation apparaît également
L’utilisation de la conductance cutanée pour évaluer la douleur comme une question intéressante. On distingue classiquement les
outils permettant de monitorer la composante hypnotique et ceux
explorant l’analgésique. De toute évidence, dans certains cas, la
limite entre ces deux composantes est très floue, mais elle permet

“ Points essentiels ainsi au praticien de monitorer chacun des traitements utilisés.


Ce monitorage nécessite une connaissance des outils et une maî-
trise de la pharmacodynamie des agents utilisés. À l’heure actuelle,
• La surveillance en temps réel de la profondeur aucun outil ne permet à lui seul de monitorer la profondeur
d’anesthésie de la manière la plus sensible et la plus spécifique pos-
d’anesthésie est un élément majeur de la prise en charge
sible, quel que soit l’agent anesthésique utilisé. En effet, le choix
anesthésique qui peut être pensé dès la consultation pré- d’un monitorage multimodal adapté au patient et à la procédure
anesthésique. apparaît comme l’une des stratégies les plus fiables et conseillées.
• Le monitorage de l’anesthésie doit être adapté au L’utilisation de ces outils chez l’enfant nécessite une connaissance
patient et à la procédure réalisée pour permettre une sécu- des particularités pédiatriques, des agents anesthésiques et des
risation du geste chirurgical. On parle alors d’anesthésie outils.
adaptée.
• La surveillance clinique reste un élément essentiel de
Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
cette prise en charge et ne doit jamais être négligée. d’intérêts en relation avec cet article.
Cependant, dans certains cas, elle peut mal refléter la pro-
fondeur d’anesthésie. D’où la nécessité de développer des
outils.  Références
• Certains auteurs ont développé une surveillance phar-
macologique fondée sur la prédiction des concentrations [1] American Society of Anesthesiologists Task Force on Sedation and Anal-
des agents, au niveau cérébral (dit site effet), avec des gesia by Non-Anesthesiologists. Practice guidelines for sedation and
analgesia by non-anesthesiologists. Anesthesiology 2002;96:1004–17.
algorithmes mathématiques. [2] Bonnot B, Beaussier M. Sédation en anesthésie : comment évaluer la
• L’analyse électrophysiologique via profondeur ? Le Praticien en Anesthésie Réanimation 2014;18:103–13.
l’électroencéphalogramme permet d’isoler plusieurs [3] Pandit JJ, Andrade J, Bogod DG, Hitchman JM, Jonker WR, Lucas N,
index tels que le BIS ou l’entropie, qui sont des outils et al. 5th National Audit Project (NAP5) on accidental awareness during
numériques simples et faciles d’utilisation au quotidien general anaesthesia: summary of main findings and risk factors. Br J
Anaesth 2014;113:549–59.
pour monitorer l’effet des agents sédatifs. [4] Sanders RD, Gaskell A, Raz A, Winders J, Stevanovic A, Rossaint R,
• Le monitorage de l’anesthésie inclut également celui et al. Incidence of connected consciousness after tracheal intubation.
de l’analgésie, qui ne doit pas être négligée, et qui n’est Anesthesiology 2017;126:214–22.
pas forcément inclus selon l’outil choisi. Actuellement, plu- [5] Walker EMK, Bell M, Cook TM, Grocott MPW, Moonesinghe SR,
sieurs index fondés sur la réponse du système autonome Central SNAP-1 Organisation, et al. Patient reported outcome of adult
perioperative anaesthesia in the United Kingdom: a cross-sectional obser-
à la nociception sont étudiés, tels que la pupillométrie, le vational study. Br J Anaesth 2016;117:758–66.
CARDEAN, ou l’ANI. [6] Ramsay MA, Savege TM, Simpson BR, Goodwin R. Controlled sedation
with alphaxalone-alphadolone. Br Med J 1974;2:656–9.

14 EMC - Anesthésie-Réanimation
Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale  36-388-A-10

[7] Gill M, Green SM, Krauss B. A study of the Bispectral Index Monitor [34] Kazama T, Ikeda K, Morita K. Reduction by fentanyl of the Cp50 values
during procedural sedation and analgesia in the emergency department. of propofol and hemodynamic responses to various noxious stimuli. Anes-
Ann Emerg Med 2003;41:234–41. thesiology 1997;87:213–27.
[8] Chernik DA, Gillings D, Laine H, Hendler J, Silver JM, Davidson [35] Strachan AN, Edwards ND. Randomized placebo-controlled trial to
AB, et al. Validity and reliability of the Observer’s Assessment of assess the effect of remifentanil and propofol on bispectral index and
Alertness/Sedation Scale: study with intravenous midazolam. J Clin Psy- sedation. Br J Anaesth 2000;84:489–90.
chopharmacol 1990;10:244–51. [36] Katoh T, Ikeda K. The effects of fentanyl on sevoflurane requirements for
[9] Doufas AG, Morioka N, Mahgoub AN, Bjorksten AR, Shafer SL, Sess- loss of consciousness and skin incision. Anesthesiology 1998;88:18–24.
ler DI. Automated responsiveness monitor to titrate propofol sedation. [37] Yli-Hankala A, Vakkuri A, Annila P, Korttila K. EEG bispectral index
Anesth Analg 2009;109:778–86. monitoring in sevoflurane or propofol anaesthesia: analysis of direct costs
[10] Glass PS, Bloom M, Kearse L, Rosow C, Sebel P, Manberg P. Bispectral and immediate recovery. Acta Anaesthesiol Scand 1999;43:545–9.
analysis measures sedation and memory effects of propofol, midazo- [38] Song D, Joshi GP, White PF. Titration of volatile anesthetics using Bispec-
lam, isoflurane, and alfentanil in healthy volunteers. Anesthesiology tral Index facilitates recovery after ambulatory anesthesia. Anesthesiology
1997;86:836–47. 1997;87:842–8.
[11] Pinsker MC. Anesthesia: a pragmatic construct. Anesth Analg [39] Yli-Hankala A, Vakkuri A, Annila P, Korttila K. EEG bispectral index
1986;65:819–20. monitoring in sevoflurane or propofol anaesthesia: analysis of direct costs
[12] Jaber SM, Sullivan S, Hankenson FC, Kilbaugh TJ, Margulies SS. Com- and immediate recovery. Acta Anaesthesiol Scand 1999;43:545–9.
parison of heart rate and blood pressure with toe pinch and bispectral [40] Punjasawadwong Y, Phongchiewboon A, Bunchungmongkol N. Bispec-
index for monitoring the depth of anesthesia in piglets. J Am Assoc Lab tral index for improving anaesthetic delivery and postoperative recovery.
Anim Sci 2015;54:536–44. Cochrane Database Syst Rev 2014;(6):CD003843.
[13] Mangano DT. Perioperative cardiac morbidity. Anesthesiology 1990; [41] Maheshwari A, McCormick PJ, Sessler DI, Reich DL, You J, Mascha EJ,
72:153–84. et al. Prolonged concurrent hypotension and low bispectral index (‘double
[14] Devys JM, Balleau C, Jayr C, Bourgain JL. Biting the laryngeal mask: low’) are associated with mortality, serious complications, and prolonged
an unusual cause of negative pressure pulmonary edema. Can J Anesth hospitalization after cardiac surgery. Br J Anaesth 2017;119:40–9.
2000;47:176–8. [42] Zorrilla-Vaca A, Healy RJ, Wu CL, Grant MC. Relation between bispec-
[15] Evans JM, Davies WL. Monitoring anesthesia. Clin Anesth 1984;2: tral index measurements of anesthetic depth and postoperative mortality:
243–62. a meta-analysis of observational studies. Can J Anesth 2017;64:597–607.
[16] Sandin RH, Enlund G, Samuelsson P, Lennmarken C. Awareness during [43] Gurman GM. Assessment of depth of general anesthesia: observations
anaesthesia: a prospective case study. Lancet 2000;355:707–11. on processed EEG and spectral edge frequency. J Clin Monit Comput
[17] Sleigh JW, Leslie K, Davidson AJ, Amor DJ, Diakumis P, Lukic V, et al. 1994;11:185–9.
genetic analysis of patients who experienced awareness with recall while [44] Oliveira CRD, Bernardo WM, Nunes VM. Benefit of general anesthesia
under general anesthesia. Anesthesiology 2019;131:974–82. monitored by bispectral index compared with monitoring guided only by
[18] Liu WH, Thorp TA, Graham SG, Aitkenhead AR. Incidence of awareness clinical parameters. Systematic review and meta-analysis. Braz J Anes-
with recall during general anaesthesia. Anaesthesia 1991;46:435–7. thesiol 2017;67:72–84.
[19] Vuyk J, Mertens MJ, Olofsen E, Burm AGL, Bovill JG. Propofol anes-
[45] Struys M, Versichelen L, Byttebier G, Mortier E, Moerman A, Rolly G.
thesia and rational opioid selection. Anesthesiology 1997;87:1549–62.
Clinical usefulness of the bispectral index for titrating propofol target
[20] Billard V, Servin F, Molliex S. Surveillance de la profondeur de
effect-site concentration. Anaesthesia 1998;53:4–12.
l’anesthésie générale. EMC Anesthésie-réanimation 2005;2:23–45.
[46] Wheeler P, Hoffman WE, Baughman VL, Koenig H. Response
[21] Johansen JW, Sebel PS. Development and clinical application
entropy increases during painful stimulation. J Neurosurg Anesthesiol
of electroencephalographic bispectrum monitoring. Anesthesiology
2005;17:86–90.
2000;93:1336–44.
[47] Thornton C, Heneghan CPH, James MFM, Jones JG. Effects of halothane
[22] Scott JC, Ponganis KV, Stanski DR. EEG quantitation of narcotic effect:
or enflurane with controlled ventilation on auditory evoked potentials. Br
the comparative pharmacodynamics of fentanyl and alfentanil. Anesthe-
J Anaesth 1984;56:315–23.
siology 1985;62:234–41.
[23] Bewernitz M, Derendorf H. Electroencephalogram-based pharmacody- [48] Sharpe RM, Nathwani D, Pal SK, Brunner MD, Thornton C, Doré CJ,
namic measures: a review. Int J Clin Pharmacol Ther 2012;50:162–84. et al. Auditory evoked response, median frequency and 95% spectral
[24] Homer TD, Stanski DR. The effect of increasing age on thiopental dis- edge during anaesthesia with desflurane and nitrous oxide. Br J Anaesth
position and anesthetic requirement. Anesthesiology 1985;62:714–24. 1997;78:282–5.
[25] Hirota K. The effects of nitrous oxide and ketamine on the bispectral index [49] Schwender D, Klasing S, Conzen P, Finsterer U, Pöppel E, Peter K.
and 95% spectral edge frequency during propofol–fentanyl anaesthesia. Midlatency auditory evoked potentials during anaesthesia with increa-
Eur J Anaesthesiol 1999;16:779. sing endexpiratory concentrations of desflurane. Acta Anaesthesiol Scand
[26] Rampil IJ, Kim JS, Lenhardt R, Negishi C, Sessler DI. Bispec- 1996;40:171–6.
tral EEG index during nitrous oxide administration. Anesthesiology [50] Schwender D, Conzen P, Klasing S, Finsterer U, Pöppel E, Peter K.
1998;89:671–7. The effects of anesthesia with increasing end-expiratory concentrations
[27] Rüsch D, Arndt C, Eberhart L, Tappert S, Nageldick D, Wulf H. Bispectral of sevoflurane on midlatency auditory evoked potentials. Anesth Analg
index to guide induction of anesthesia: a randomized controlled study. 1995;81:817–22.
BMC Anesthesiol 2018;18:66. [51] Loveman E, Van Hooff JC, Smith DC. The auditory evoked response as
[28] Quesada N, Júdez D, Martínez Ubieto J, Pascual A, Chacón E, De Pablo an awareness monitor during anaesthesia. Br J Anaesth 2001;86:513–8.
F, et al. Bispectral Index monitoring reduces the dosage of propofol [52] Azumi T, Nakashima K, Takahashi K. Aging effects on auditory middle
and adverse events in sedation for endobronchial ultrasound. Respiration latency responses. Electromyogr Clin Neurophysiol 1995;35:397–401.
2016;92:166–75. [53] Lille F, Hassine L, Margules S. Evoked potentials and age: different aging
[29] Gan TJ, Glass PS, Windsor A, Payne F, Rosow C, Sebel P, et al. Bis- by sex? Neurophysiol Clin 1991;21:459–72.
pectral index monitoring allows faster emergence and improved recovery [54] Amenedo E, Díaz F. Effects of aging on middle-latency auditory evoked
from propofol, alfentanil, and nitrous oxide anesthesia. BIS Utility Study potentials: a cross-sectional study. Biol Psychiatry 1998;43:210–9.
Group. Anesthesiology 1997;87:808–15. [55] Floyd EA, Keaton AK, Clark JT, Rucker HK. Chronic ethanol ingestion
[30] Bocskai T, Loibl C, Vamos Z, Woth G, Molnar T, Bogar L, et al. Cost- alters parameters of mid-latency auditory evoked potentials in male rats.
effectiveness of anesthesia maintained with sevoflurane or propofol with Alcohol 1995;12:15–22.
and without additional monitoring: a prospective, randomized controlled [56] Floyd EA, Reasor JD, Moore EL, Rucker HK. Effects of chronic ethanol
trial. BMC Anesthesiol 2018;18:100. ingestion on mid-latency auditory evoked potentials depend on length of
[31] White PF, Ma H, Tang J, Wender RH, Sloninsky A, Kariger R. Does exposure. Alcohol 1997;14:269–79.
the use of electroencephalographic Bispectral Index or auditory evoked [57] Domino EF. Effects of tobacco smoking on electroencephalographic,
potential index monitoring facilitate recovery after desflurane anesthesia auditory evoked and event related potentials. Brain Cogn 2003;53:66–74.
in the ambulatory setting? Anesthesiology 2004;100:811–7. [58] Jawinski P, Mauche N, Ulke C, Huang J, Spada J, Enzenbach C,
[32] Wildes TS, Mickle AM, Ben Abdallah A, Maybrier HR, Oberhaus J, et al. Tobacco use is associated with reduced amplitude and intensity
Budelier TP, et al. Effect of electroencephalography-guided anesthetic dependence of the cortical auditory evoked N1-P2 component. Psycho-
administration on postoperative delirium among older adults under- pharmacology (Berl) 2016;233:2173–83.
going major surgery: the ENGAGES randomized clinical trial. JAMA [59] Kishimoto T, Domino EF. Effects of tobacco smoking and abstinence
2019;321:473–83. on middle latency auditory evoked potentials. Clin Pharmacol Ther
[33] Wong J, Song D, Blanshard H, Grady D, Chung F. Titration of isoflurane 1998;63:571–9.
using BIS index improves early recovery of elderly patients undergoing [60] Kumar V, Tandon OP. Brainstem auditory evoked potentials (BAEPs) in
orthopedic surgeries. Can J Anaesth 2002;49:13–8. tobacco smokers. Indian J Physiol Pharmacol 1996;40:381–4.

EMC - Anesthésie-Réanimation 15
36-388-A-10  Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale

[61] Plourde G, Villemure C, Fiset P, Bonhomme V, Backman SB. Effect of [85] Zbinden AM, Petersen-Felix S, Thomson DA. Anesthetic depth defi-
isoflurane on the auditory steady-state response and on consciousness in ned using multiple noxious stimuli during isoflurane/oxygen anesthesia.
human volunteers. Anesthesiology 1998;89:844–51. Anesthesiology 1994;80:261–7.
[62] Sapsford DJ, Pickworth AJ, Jones JG. A method for producing the [86] Barvais L, Engelman E, Eba JM, Coussaert E, Cantraine F, Kenny GN.
coherent frequency: a steady-state auditory evoked response in the elec- Effect site concentrations of remifentanil and pupil response to noxious
troencephalogram. Anesth Analg 1996;83:1273–8. stimulation. Br J Anaesth 2003;91:347–52.
[63] Mantzaridis H, Kenny GNC. Auditory evoked potential index: a quanti- [87] Larson MD. The effect of antiemetics on pupillary reflex dilation during
tative measure of changes in auditory evoked potentials during general epidural/general anesthesia. Anesth Analg 2003;97:1652–6.
anaesthesia. Anaesthesia 1997;52:1030–6. [88] Daniel M, Larson MD, Eger IIEI, Noorani M, Weiskopf RB. Fen-
[64] Doi M, Gajraj RJ, Mantzaridis H, Kenny GN. Relationship between calcu- tanyl, clonidine, and repeated increases in desflurane concentration,
lated blood concentration of propofol and electrophysiological variables but not nitrous oxide or esmolol, block the transient mydriasis caused
during emergence from anaesthesia: comparison of bispectral index, spec- by rapid increases in desflurane concentration. Anesth Analg 1995;81:
tral edge frequency, median frequency and auditory evoked potential 372–8.
index. Br J Anaesth 1997;78:180–4. [89] Larson MD, Talke PO. Effect of dexmedetomidine, an ␣2-adrenoceptor
[65] Davies FW, Mantzaridis H, Kenny GNC, Fisher AC. Middle latency audi- agonist, on human pupillary reflexes during general anaesthesia: pupil-
tory evoked potentials during repeated transitions from consciousness to lary effects of dexmedetomidine. Br J Clin Pharmacol 2001;51:
unconsciousness. Anaesthesia 1996;51:107–13. 27–33.
[66] Capitanio L, Jensen EW, Filligoi GC, Makovec B, Gagliardi M, Henne- [90] Larson MD, Kurz A, Sessler DI, Dechert M, Tayefeh F, Bjorksten AR.
berg SW, et al. On-line analysis of AEP and EEG for monitoring depth Lidocaine does not depress reflex dilation of the pupil. Reg Anesth
of anaesthesia. Methods Inf Med 1997;36:311–4. 1997;22:461–5.
[67] Jensen EW, Nygaard M, Henneberg SW. On-line analysis of middle [91] Larson MD, Sessler DI, Washington DE, Merrifield BR, Hynson JA,
latency auditory evoked potentials (MLAEP) for monitoring depth of McGuire J. Pupillary response to noxious stimulation during isoflurane
anaesthesia in laboratory rats. Med Eng Phys 1999;20:722–8. and propofol anesthesia. Anesth Analg 1993;76:1072–8.
[68] Jensen EW, Lindholm P, Henneberg SW. Autoregressive modeling with [92] Shono A, Saito Y, Sakura S, Doi K, Yokokawa N. Sevoflurane requi-
exogenous input of middle-latency auditory-evoked potentials to measure rements to suppress responses to transcutaneous electrical stimulation
rapid changes in depth of anesthesia. Methods Inf Med 1996;35:256–60. during epidural anesthesia with 0.5% and 1% lidocaine. Anesth Analg
[69] Bogod DG, Orton JK, Yau HM, Oh TE. Detecting awareness during 2003;97:1168–72.
general anaesthetic caesarean section. An evaluation of two methods. [93] Aissou M, Snauwaert A, Dupuis C, Atchabahian A, Aubrun F, Beaussier
Anaesthesia 1990;45:279–84. M. Objective assessment of the immediate postoperative analgesia using
[70] Evans JM, Bithell JF, Vlachonikolis IG. Relationship between lower oeso- pupillary reflex measurement: a prospective and observational study.
phageal contractility, clinical signs and halothane concentration during Anesthesiology 2012;116:1006–12.
general anaesthesia and surgery in man. Br J Anaesth 1987;59:1346–55. [94] Storm H. Changes in skin conductance as a tool to monitor nociceptive
[71] Isaac PA, Rosen M. Lower oesophageal contractility and detection of stimulation and pain. Curr Opin Anaesthesiol 2008;21:796–804.
awareness during anaesthesia. Br J Anaesth 1990;65:319–24. [95] Gjerstad AC, Storm H, Hagen R, Huiku M, Qvigstad E, Raeder J.
[72] Jensen EW, Valencia JF, López A, Anglada T, Agustí M, Ramos Y,
Comparison of skin conductance with entropy during intubation, tetanic
et al. Monitoring hypnotic effect and nociception with two EEG-derived
stimulation and emergence from general anaesthesia. Acta Anaesthesiol
indices, qCON and qNOX, during general anaesthesia: monitoring anaes-
Scand 2007;51:8–15.
thesia with qCON and qNOX. Acta Anaesthesiol Scand 2014;58:933–41.
[96] Cividjian A, Martinez JY, Combourieu E, Precloux P, Beraud AM,
[73] Shoushtarian M, Sahinovic MM, Absalom AR, Kalmar AF, Vereecke
Rochette Y, et al. Beat-by-beat cardiovascular index to predict unex-
HEM, Liley DTJ, et al. Comparisons of electroencephalographically deri-
pected intraoperative movement in anesthetized unparalyzed patients: a
ved measures of hypnosis and antinociception in response to standardized
retrospective analysis. J Clin Monit Comput 2007;21:91–101.
stimuli during target-controlled propofol-remifentanil anesthesia. Anesth
[97] Martinez JY, Wey PF, Lions C, Cividjian A, Rabilloud M, Bissery A,
Analg 2016;122:382–92.
[74] Huiku M, Uutela K, van Gils M, Korhonen I, Kymäläinen M, Meriläinen et al. A beat-by-beat cardiovascular index. CARDEAN: a prospective
P, et al. Assessment of surgical stress during general anaesthesia. Br J randomized assessment of its utility for the reduction of movement during
Anaesth 2007;98:447–55. colonoscopy. Anesth Analg 2010;110:765–72.
[75] Ahonen J, Jokela R, Uutela K, Huiku M. Surgical stress index reflects sur- [98] Ben-Israel N, Kliger M, Zuckerman G, Katz Y, Edry R. Monitoring the
gical stress in gynaecological laparoscopic day-case surgery. Br J Anaesth nociception level: a multi-parameter approach. J Clin Monit Comput
2007;98:456–61. 2013;27:659–68.
[76] Wennervirta J, Hynynen M, Koivusalo AM, Uutela K, Huiku [99] Martini CH, Boon M, Broens SJL, Hekkelman EF, Oudhoff LA, Buddeke
M, Vakkuri A. Surgical stress index as a measure of nocicep- AW, et al. Ability of the nociception level, a multiparameter composite of
tion/antinociception balance during general anesthesia. Acta Anaesthesiol autonomic signals, to detect noxious stimuli during propofol-remifentanil
Scand 2008;52:1038–45. anesthesia. Anesthesiology 2015;123:524–34.
[77] Chen X, Thee C, Gruenewald M, Wnent J, Illies C, Hoecker J, et al. Com- [100] Edry R, Recea V, Dikust Y, Sessler DI. Preliminary intraoperative valida-
parison of surgical stress index-guided analgesia with standard clinical tion of the Nociception Level index: a noninvasive nociception monitor.
practice during routine general anesthesia: a pilot study. Anesthesiology Anesthesiology 2016;125:193–203.
2010;112:1175–83. [101] Sadhasivam S, Ganesh A, Robison A, Kaye R, Watcha MF. Validation
[78] Jeanne M, Logier R, De Jonckheere J, Tavernier B. Validation of a gra- of the bispectral index monitor for measuring the depth of sedation in
phic measurement of heart rate variability to assess analgesia/nociception children. Anesth Analg 2006;102:383–8.
balance during general anesthesia. Annu Int Conf IEEE Eng Med Biol Soc [102] Malviya S, Voepel-Lewis T, Tait AR, Merkel S, Tremper K, Naughton N.
2009;2009:1840–3. Depth of sedation in children undergoing computed tomography: validity
[79] Jeanne M, Logier R, De Jonckheere J, Tavernier B. Heart rate variability and reliability of the University of Michigan Sedation Scale (UMSS). Br
during total intravenous anesthesia: effects of nociception and analgesia. J Anaesth 2002;88:241–5.
Auton Neurosci 2009;147:91–6. [103] Billard V, Constant I. Analyse automatique de l’électroencéphalo-
[80] Jeanne M, Clément C, De Jonckheere J, Logier R, Tavernier B. Varia- gramme : quel intérêt en l’an 2000 dans le monitorage de la profondeur
tions of the analgesia nociception index during general anaesthesia for de l’anesthésie ? Ann Fr Anesth Reanim 2001;20:763–85.
laparoscopic abdominal surgery. J Clin Monit Comput 2012;26:289–94. [104] Parmelee AH, Schulte FJ, Akiyama Y, Wenner WH, Schultz MA, Stern
[81] Gruenewald M, Ilies C, Herz J, Schoenherr T, Fudickar A, Höcker E. Maturation of EEG activity during sleep in premature infants. Elec-
J, et al. Influence of nociceptive stimulation on analgesia nociception troencephalogr Clin Neurophysiol 1968;24:319–29.
index (ANI) during propofol-remifentanil anaesthesia. Br J Anaesth [105] Constant I, Dubois MC, Piat V, Moutard ML, McCue M, Murat I. Changes
2013;110:1024–30. in electroencephalogram and autonomic cardiovascular activity during
[82] Boselli E, Daniela-Ionescu M, Bégou G, Bouvet L, Dabouz R, Magnin induction of anesthesia with sevoflurane compared with halothane in
C, et al. Prospective observational study of the non-invasive assessment children. Anesthesiology 1999;91:1604–15.
of immediate postoperative pain using the analgesia/nociception index [106] McCann ME, Bacsik J, Davidson A, Auble S, Sullivan L, Laussen P.
(ANI). Br J Anaesth 2013;111:453–9. The correlation of bispectral index with endtidal sevoflurane concentra-
[83] Boselli E, Bouvet L, Bégou G, Dabouz R, Davidson J, Deloste JY, tion and haemodynamic parameters in preschoolers. Paediatr Anaesth
et al. Prediction of immediate postoperative pain using the analge- 2002;12:519–25.
sia/nociception index: a prospective observational study. Br J Anaesth [107] Denman WT, Swanson EL, Rosow D, Ezbicki K, Connors PD, Rosow CE.
2014;112:715–21. Pediatric evaluation of the bispectral index (BIS) monitor and correlation
[84] Cullen DJ, Eger EI, Stevens WC, Smith NT, Cromwell TH, Cullen BF, of BIS with end-tidal sevoflurane concentration in infants and children.
et al. Clinical signs of anesthesia. Anesthesiology 1972;36:21–36. Anesth Analg 2000;90:872–7.

16 EMC - Anesthésie-Réanimation
Surveillance de la profondeur d’anesthésie générale  36-388-A-10

[108] Bannister CF, Brosius KK, Sigl JC, Meyer BJ, Sebel PS. The effect [111] Migeon A, Desgranges FP, Chassard D, Blaise BJ, De Queiroz M,
of bispectral index monitoring on anesthetic use and recovery in chil- Stewart A, et al. Pupillary reflex dilatation and analgesia nocicep-
dren anesthetized with sevoflurane in nitrous oxide. Anesth Analg tion index monitoring to assess the effectiveness of regional anesthesia
2001;92:877–81. in children anesthetised with sevoflurane. Paediatr Anaesth 2013;23:
[109] Kallio H, Lindberg LI, Majander AS, Uutela KH, Niskanen ML, Palo- 1160–5.
heimo MPJ. Measurement of surgical stress in anaesthetized children. Br [112] Harrison D, Boyce S, Loughnan P, Dargaville P, Storm H, Johnston L.
J Anaesth 2008;101:383–9. Skin conductance as a measure of pain and stress in hospitalised infants.
[110] Sabourdin N, Arnaout M, Louvet N, Guye ML, Piana F, Constant I. Pain Early Hum Dev 2006;82:603–8.
monitoring in anesthetized children: first assessment of skin conductance [113] Ledowski T, Ang B, Schmarbeck T, Rhodes J. Monitoring of sympathetic
and analgesia-nociception index at different infusion rates of remifentanil. tone to assess postoperative pain: skin conductance vs surgical stress
Paediatr Anaesth 2013;23:149–55. index. Anaesthesia 2009;64:727–31.

A. Jacquens, Anesthésiste-réanimatrice (Alice.jacquens@gmail.com).


M. Simony, Anesthésiste-réanimatrice.
A. Besnard, Docteur en médecine.
J. Dupont, Anesthésiste-réanimatrice.
V. Degos, Professeur des Uninversités, anesthésiste-réanimateur.
Unité de neuro-anesthésie-réanimation, département d’anesthésie-réanimation, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 47–83, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris,
France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Jacquens A, Simony M, Besnard A, Dupont J, Degos V. Surveillance de la profondeur d’anesthésie
générale. EMC - Anesthésie-Réanimation 2022;42(4):1-17 [Article 36-388-A-10].

EMC - Anesthésie-Réanimation 17

Vous aimerez peut-être aussi