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Revue des Maladies Respiratoires (2011) 28, 542—555

SÉRIE « TUBERCULOSE ET MYCOBACTÉRIOSES »


coordonnée par François Xavier Blanc, Jean-Paul Janssens et Michel Underner

Les effets indésirables des antituberculeux ;


prise en charge
Managing the adverse events of antitubercular agents

J. Perriot a,∗, É. Chambonnet b, A. Eschalier b

a
Dispensaire Émile-Roux, centre de lutte antituberculeux du Puy-de-Dôme 63,
11, rue Vaucanson, 63100 Clermont-Ferrand, France
b
Service de pharmacologie, centre régional de pharmaco-vigilance et d’information sur les
médicaments, CHU de Clermont-Ferrand, 63000 Clermont-Ferrand, France

Reçu le 27 juillet 2010 ; accepté le 5 octobre 2010


Disponible sur Internet le 25 mars 2011

MOTS CLÉS Résumé La tuberculose, maladie infectieuse curable par un traitement antibiotique bien
Antituberculeux ; conduit, demeure un enjeu majeur de santé publique à l’échelle planétaire. La stratégie thé-
Effets indésirables ; rapeutique est bien standardisée, elle fait appel à quatre antibiotiques de première ligne qui
Tuberculose ; sont généralement bien tolérés mais qui individuellement et associés ont des effets indési-
Traitement rables fréquents. L’isoniazide a une toxicité hépatique ; il est responsable de neuropathies. La
antituberculeux ; rifampicine est un puissant inducteur enzymatique responsable de réactions immunoallergiques
VIH sévères en cas de traitement discontinu. La pyrazinamide a une hépatotoxicité parfois redou-
table. L’éthambutol peut être responsable d’une sévère toxicité oculaire. Des médicaments
antituberculeux anciens ou de nouvelle génération sont utilisés sur les bacilles résistants, ils
sont eux-mêmes source d’effets indésirables. Le traitement de la tuberculose est standardisé
mais la décision de traiter est indissociable de l’évaluation des effets secondaires éventuels
qui justifient le bilan préthérapeutique, la surveillance tout au long de la prise en charge
comme l’éducation et la participation du patient à son traitement. Ce travail décrit les évé-
nements indésirables des différents médicaments antituberculeux, puis en fonction de terrains
particuliers, avant d’envisager des conduites à tenir devant leur survenue.
© 2011 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jean.perriot@cg63.fr (J. Perriot).

0761-8425/$ — see front matter © 2011 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.rmr.2010.10.034
Antituberculeux 543

KEYWORDS Summary Tuberculosis, an infectious disease which is curable by following a course of anti-
Antitubercular biotics, remains a major public health issue on a global scale. A therapeutic strategy has been
agents; standardised which calls for the use of four antibiotics. These are generally well-tolerated
Adverse events; but, individually and in combination, frequently have undesirable effects. Isoniazid may cause
Tuberculosis; hepatic toxicity and an also be an asue of peripheral neuropathy. Rifampin is a strong hepa-
Antituberculous tic enzyme inducer and can be responsible for severe immunoallergic reactions in the case
therapy; of interrupted treatment. Pyrazinamide sometimes results in severe hepatotoxicity. Ethambu-
HIV tol can be responsible for severe ocular toxicity. Both older antituberculous medications and
new generation antibiotic medications used for the treatment of resistant bacilli can also be
the source of adverse events. The treatment of tuberculosis is standardised but the decision
to treat it is inseparable from the evaluation of possible side effects which require assessment
prior to the initiation of therapy and close monitoring during treatment which includes ensuring
that patients are aware of and vigilant for potential problems.This work describes the adverse
events of different antibiotic medications so that, on an individual basis they can be anticipated
and appropriately managed.
© 2011 SPLF. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction Les effets indésirables hépatiques


Ils sont généralement imprévisibles, de nature cytolytique
La tuberculose demeure un enjeu majeur de santé publique avec augmentation des transaminases sériques [3—6] qui se
à l’échelle planétaire. Cette maladie infectieuse, curable révèlent être autant la preuve de la prise médicamenteuse
par un traitement antibiotique bien conduit est cependant que la manifestation d’un effet indésirable. Elle s’observe
responsable de huit millions de nouveaux cas chaque année chez 10 à 20 % des malades sous INH seul mais dans un pour-
et de deux millions de morts dans le monde. La straté- centage plus élevé en cas d’association avec la RMP [7]. Une
gie thérapeutique est bien standardisée ; elle fait appel à hépatite clinique survient chez 0,5 à 2 % des malades sous
quatre antibiotiques majeurs : l’isoniazide (INH), la rifam- INH et chez 2,5 à 6 % en cas d’association à la RMP [1].
picine (RMP), le pyrazinamide (PZA), l’éthambutol (EMB) Une hépatite mixte est rare ; elle se manifeste dès
et peut relever d’autres médicaments plus anciens ou de le premier trimestre et régresse à l’arrêt du traitement ;
génération nouvelle qui sont utilisés en cas de tuberculoses elle est exceptionnellement mortelle. Les facteurs favori-
résistantes (MDR), multi-résistantes (XDR) ou d’intolérance sants l’apparition d’une hépatite toxique sont le déficit de
aux médicaments usuels. prise en charge et de surveillance, le mésusage d’alcool,
Les médicaments antituberculeux sont responsables l’association de médicaments hépatotoxiques, l’âge avancé,
d’effets indésirables fréquents et potentiellement graves, une vulnérabilité hépatique [3—9].
ce qui nécessite des précautions lors de l’initiation et une Le phénotype acétyleur lent est associé à un sur-risque
surveillance lors de la poursuite du traitement. de toxicité hépatique induit par la prise d’INH. Le dosage
L’objectif de ce travail est de décrire les effets indé- préthérapeutique de l’isoniazidémie permet la meilleure
sirables des divers antituberculeux, puis d’envisager leurs adaptation posologique ; en revanche, ce dosage n’est pas
effets secondaires dans des situations ou sur des terrains indispensable hormis une vulnérabilité particulière et chez
particuliers. Enfin, des conduites à tenir sont proposées vis- les sujets asiatiques avec un phénotype d’acétylation très
à-vis de possibles effets indésirables ou dans des situations rapide nécessitant des posologies plus fortes d’INH [3]. Des
cliniques spécifiques. tests de biologie moléculaire permettent une identification
rapide des sujets acétyleurs lents [10].
L’association entre les génotypes CYP2E1*1A/*1A et
NAT2 avec le risque d’hépatotoxicité lié à la prise d’INH
2. Effets indésirables des antituberculeux est soulignée par divers travaux [11,12]. Une méta-analyse
récente [13] portant sur neuf études prenant en compte
Les médicaments antituberculeux peuvent être respon- divers supports génétiques (NAT2, CYP2E1, GST) a conclu à
sables de nombreux effets indésirables [1,2] ; un tableau de la responsabilité dans l’augmentation du risque de toxicité
synthèse les rassemble (Tableau 1). hépatique de la prise d’INH chez le tuberculeux des géno-
types : NAT2 mt/mt (OR = 2,52), CYP2E*1A/*1A (OR = 2,22),
GSTM1 null/null (OR = 2,62).
Isoniazide
L’INH a des effets toxiques, principalement hépatiques et Les effets indésirables neurologiques
neurologiques. Cette fréquence est évaluée à 5 % [2]. Son Des neuropathies périphériques doses dépendantes
hépatotoxicité est potentiellement mortelle, elle est majo- touchent 0,2 % des patients [1]. Elles se localisent essen-
rée par l’association à la RMP [1]. tiellement sur les membres inférieurs dans un tableau
544 J. Perriot et al.

Tableau 1 Effets indésirables des antituberculeux. Tableau 1 (Suite )


Isoniazide Hépatite granulomateuse (rare)
Effets indésirables hépatiques
Elévation des transaminases Effets indésirables cutanés
Hépatite cytolytique ou mixte Rash, érythème, photosensibilisation, pellagre

Effets indésirables cutanés Effets indésirables articulaires


Acné, érythèmes, photosensibilisation, pellagre Hyperuricémie, arthralgies

Effets indésirables neurologiques Effets indésirables digestifs


Neuropathies périphériques et oculaires, convulsions Nausées, vomissements, diarrhée, anorexie
Agitation, insomnie, psychose réversible
Autres effets indésirables
Autres effets indésirables Fièvre isolée
Pancytopénie Bouffées vasomotrices
Lupus induit
Cyclosérine
Algoneurodystrophie (« syndrome épaule-main »)
Convulsions, agitations psychomotrices
Nausées, gastralgies
Épidermolyse
Fièvre, gynécomastie, cushing induit
Interactions Médicamenteuses Thioamides
Nausées, vomissements, toxicité hépatique, pellagre,
Rifampicine (RMP)
dépressions neuropsychiques
Effets indésirables hépatiques
Elévation des transaminases Acide para-aminosalicylique
Cholestase hépatique Nausées, vomissements, diarrhées (fréquents)
Hypersensibilité cutanée, hypothyroïdie
Effets indésirables gastro-intestinaux Thiacétazone
Nausées, vomissements, douleurs abdominales Intolérance digestive et hépatique
Colite pseudomembraneuse Conjonctivite, agranulocytose, épidermolyse
Effets indésirables immunoallergiques Moxifloxacine, Gatifloxacine (GTX)
Hypersensibilité immédiate (urticaire, œdème, choc Troubles glycémiques (diabète, etc.) : GTX
anaphylactique) Risques des fluoroquinolones (allongement QT,
Phénomène d’Arthus avec insuffisance rénale photosensibilisation, rupture tendineuses, 
aigüe transaminases, céphalées, vertiges)
Hypersensibilité retardée (syndrome pseudo- Rifapentine-Rifabutine (RFB)
grippal, arthralgies) Spectre d’effets secondaires de la RMP
Uveites, arthralgies, leucopénie, décoloration cutanée
Interactions médicamenteuses (RFB)
Puissant inducteur enzymatique (Tableau 2)
Linézolide
Éthambutol Anémie sévère (réversible à l’arrêt)
Effets indésirables oculaires Neuropathies périphériques précoces peu réversibles à
Névrite optique rétrobulbaire (peu réversible) l’arrêt
Rétinopathie Acidose lactique, troubles gastro-intestinaux

Autres effets indésirables


Réactions allergiques cutanées
Hyperuricémie de polynévrite. Elles sont partiellement liées à un déficit
Streptomycine (SM) en vitamine B6, l’INH facilitant l’excrétion urinaire du
Toxicité auditive (surdité irréversible) pyridoxal. Un apport de pyridoxine permet de réduire leur
Effet curarisant risque de survenue [7,14,15]. Elles sont plus fréquentes
Insuffisance rénale chez les sujets acétyleurs lents, sous traitement neuro-
toxique, les alcooliques, les dénutris, les diabétiques, les
Kanamycine-Amikacine insuffisants rénaux, comme chez les femmes enceintes ou
Toxicité analogue (supérieure) à la SM allaitantes, et chez les patients traités pour infection VIH
Capréomycine (neuropathie douloureuse des membres inférieurs dans
Toxicité hépatique l’association INH stavudine) [16].
Des névrites optiques rétrobulbaires [2,17] peuvent
Pyrazinamide survenir dans les deux premiers mois du traitement, elles
Effets indésirables hépatiques associent une dyschromatopsie (rouge/vert), une atteinte
Hépatite cytolytique du champ visuel (scotome central), des perturbations
Antituberculeux 545

électrophysiologiques puis une baisse de l’acuité visuelle dans les trois premiers mois du traitement [29] et doivent
avec décoloration papillaire pouvant évoluer vers l’atrophie conduire à l’arrêt définitif du médicament compte tenu du
optique définitive. Elles touchent surtout les acétyleurs risque de récidive lors de sa ré-administration.
lents et impliqueraient un déficit en vitamine B6 [7]. Une fièvre isolée [30], une gynécomastie [31,32], un syn-
Diverses manifestations psychiatriques de mécanisme drome de Cushing [2] peuvent être induits par la prise d’INH.
physiopathologique encore mal élucidé, évoquant une pos-
sible action d’inhibition de la monoamine-oxydase [18,19] Interactions médicamenteuses
par l’INH, ont été décrites. Elles se caractérisent par des
insomnies, des états d’agitation, des troubles confusion- De multiples interactions médicamenteuses sont décrites ;
nels, psychotiques ou maniaques, réversibles à l’arrêt du l’INH est un inhibiteur des cythocromes P450 . Le catabo-
médicament [20,21]. Les sujets à risque seraient les acé- lisme hépatique de nombreux médicaments (antivitamine K,
tyleurs lents, les diabétiques, les dénutris, les alcooliques, kétoconazole, carbamazépine, stavudine, fénitoïne, etc.)
les insuffisants hépatiques, les sujets infectés par le VIH, les pourra être diminué et leur concentration plasmatique
tuberculeux MDR, les patients à antécédents personnels ou augmentée par la prise concomitante d’INH, ce qui peut
familiaux psychiatriques [22]. accroître leur toxicité. L’hépatotoxicité due à l’INH est
Des convulsions sont possibles chez les tuberculeux majorée par l’association à la RMP qui est un puissant induc-
avec des antécédents épileptiques ou des facteurs de teur enzymatique favorisant l’accumulation de métabolites
risques (traumatisme crânien). Indépendamment des anti- hépatotoxiques ; en revanche, l’INH ne modifie pas le méta-
comitiaux, le traitement s’appuie sur l’apport intraveineux bolisme de la RMP [7,33].
de vitamine B6 [23].
Rifampicine
Autres effets indésirables
Effets indésirables cutanés La RMP est un antituberculeux majeur généralement bien
De multiples manifestations cutanées ont été signalées à toléré. Les effets indésirables sont estimés à environ 6 % des
type d’érythème relevant d’une hypersensibilité immédiate sujets traités [1] qu’il s’agisse de manifestations toxiques
[24], d’acné, de photosensibilisation [2]. La pellagre par ou de réactions immunoallergiques. Les événements indé-
carence en vitamine PP liée à la prise d’INH chez les sujets sirables graves relèvent pour l’essentiel des traitements
acétyleurs lents associe un érythème pigmenté, un état dys- discontinus et associent une insuffisance rénale aiguë, un
thymique et une diarrhée [25]. état de choc et une anémie hémolytique [7].

Effets hématologiques
Effets indésirables hépatiques
Une leucopénie est possible lors du traitement antitubercu-
leux, parfois associée à une neutropénie [2] ; lorsque cette L’hépatotoxicité intrinsèque du médicament est faible.
dernière est sévère, elle nécessite l’interruption du traite- Une augmentation précoce et modérée des transaminases
ment, voire des mesures thérapeutiques spécifiques [26] ; est notée dans 10 à 15 % des cas [34], ainsi qu’une cho-
les anémies hémolytiques sont des complications exception- lestase hépatique légère. Quatre facteurs favorisent ces
nelles [22]. manifestations : un âge avancé, l’éthylisme chronique, une
hépatopathie évolutive, l’association de médicaments hépa-
Drug Rash With Eosinophilia and Systemic Symptoms totoxiques dont l’INH [4,5,34].
(DRESS)
Ce syndrome d’hypersensibilité a été décrit avec l’INH
[27]. Il associe à une hyperéosinophilie sanguine et cytolyse Effets digestifs
hépatique, une fièvre, des arthralgies et des adénopathies La RMP est à l’origine de nausées, vomissements, douleurs
périphériques. abdominales, voire de rare intolérance digestive [1,2,34].
Des cas de colites pseudomembraneuses [35,36] et à éosi-
Syndrome lupique nophiles [37] induites par la prise de RMP ont été décrites.
Le lupus induit par l’INH survient dans 1 % des cas. Il régresse
à l’arrêt du traitement [2]. Si des anticorps antinucléaires
sont détectés dans environ 20 % des cas et plus souvent chez Réactions immunoallergiques
la femme, il est exceptionnel qu’un lupus induit par la prise Elles peuvent relever de mécanismes d’hypersensibilité de
d’INH soit sévère ; c’est alors l’atteinte rénale et neurolo- type I, II ou III, être isolées ou associées [38]. Les formes
gique qui fait la gravité de la maladie et justifie une prise les plus graves s’observent lors d’administrations intermit-
en charge spécifique [28]. tentes du médicament.
« Syndrome épaule-main » Réactions d’hypersensibilité immédiate
Cette algoneurodystrophie uni- ou bilatérale survient un Il s’agit de réactions cutanées urticariennes, d’œdèmes,
à trois mois après le début du traitement par INH [2], ailleurs de bronchospasmes, hypotension, voire de choc
guérit à son arrêt mais réapparaît souvent lors de sa ré- anaphylactique [38,39]. Un bilan allergologique spécialisé
administration [7]. s’impose mais il est difficile car les tests cutanés ne sont
Manifestations digestives pas validés et le dosage des IGE spécifiques n’est actuelle-
Des gastralgies, nausées, vomissements, bouche sèche et ment pas commercialisé. L’accoutumance à cette molécule
troubles du transit sont possibles. Ce médicament pour- est possible en milieu hospitalier spécialisé et donne de bons
rait être à l’origine de pancréatites aiguës qui surviennent résultats [39].
546 J. Perriot et al.

Réactions de phénomène d’Arthus est difficile à affirmer compte tenu de l’habituelle asso-
Le tableau clinique se caractérise par un bronchospasme ciation du médicament à l’INH et à la RMP. La fréquence
associé à une rhinite ou une pneumopathie [39,40]. La cons- de l’hépatite est évaluée à 0,5 à 10 % pour une durée de
titution d’un complexe antigène—anticorps anti-RMP est traitement de deux mois et selon les associations médica-
responsable d’une lyse cellulaire responsable de l’anémie menteuses [7]. Des cas d’hépatites fulminantes mortelles
hémolytique, la leucopénie et la thrombopénie qui peuvent ont été rapportés en cas de traitement d’infections tuber-
être associées. Une insuffisance rénale aiguë peut complé- culeuses latentes par association RMP—PZA [49]. Un cas
ter ce tableau clinique en cas de traitement intermittent par d’hépatite granulomateuse faisant suite à l’administration
la RMP ou lors de sa ré-introduction et exiger une épuration du PZA a été décrit [50].
extra-rénale [40—42].

Réactions à complexes immuns Autres effets indésirables


L’association de fièvre, arthralgies, syndrome pseudogrippal Effets indésirables articulaires
peut survenir au décours de l’utilisation de RMP et dispa- Des arthralgies sont signalées dans 1 à 7 % des cas pour des
raître spontanément sans séquelle [43,44]. doses inférieures à 2 g par jour [3]. Elles paraissent être en
rapport avec l’hyperuricémie induite par la résorption dans
le tube contourné distal du rein de l’acide urique et à son
Interactions médicamenteuses
absence de resécrétion conduisant à une augmentation de
La RMP est un puissant inducteur enzymatique [34] ; elle sa concentration sérique [7]. Les crises de goutte restent
interagit avec les cytochromes P450 et provoque le raccour- exceptionnelles ; deux études incluant 51 et 226 patients
cissement de la demi-vie de nombreux médicaments, ce traités par antituberculeux dont PZA ont retrouvé une hyper-
qui induit une baisse de leur efficacité (estroprogestatifs uricémie dans respectivement 86 % et 63,6 % des cas et des
et progestatifs, antivitamines K, ciclosporine, tacrolimus, formes symptomatiques seulement dans 3,4 % et 4,3 % des
digitoxine, quinidine, T3 T4 , tolbutamide, théophylline, cas [51,52].
sulfamides hypoglycémiants, corticoïdes, bêtabloquants,
méthadone), tandis que probénécide et benzodiazé- Effets cutanés
pines modifient la concentration plasmatique de la RMP. Des rashs urticariens diffus et parfois un choc anaphylac-
L’ensemble de ces interférences impose des ajustements tique peuvent apparaître dans l’heure qui suit la prise de
thérapeutiques (Tableau 2) [3,7]. PZA ce qui évoque un mécanisme d’hypersensibilité immé-
L’association fréquente de la tuberculose et de diate et conduit aux mêmes investigations allergologiques
l’infection par le VIH nécessite le respect de règles théra- que celles déjà décrites pour la RMP [53]. Des réactions
peutiques spécifiques compte tenu des modifications de la de phototoxicité, érythèmes polymorphes, acné, voire pel-
biodisponibilité provoquée par la RMP sur les antirétroviraux lagre, sont connues qui régressent à l’arrêt du traitement
[16]. [54].
La RMP diminue les concentrations plasmatiques des
Effets digestifs
inhibiteurs de protéase (IP) et les inhibiteurs non nucléo-
Ils apparaissent dans moins de 10 % des cas à type de
sidiques de la transcriptase réverse (INN), elle est donc
nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales
contre-indiquée avec les IP et les INN. Cependant,
[1,54].
l’utilisation de la RMP avec l’éfavirenz est possible, sous
réserve d’une augmentation de la posologie de celui- Effets indésirables rares
ci à 800 mg au lieu de 600 mg et du contrôle régulier Des fièvres isolées et/ou des bouffées vasomotrices sont pos-
de sa concentration plasmatique. L’utilisation de cer- sibles [1,54]. Des thrombopénies sévères ont été décrites,
tains IP (saquinavir, ritonavir) est possible avec la RMP nécessitant l’arrêt du médicament [55].
[45,46].
L’association rifampicine—antifongiques azolés (kéto- Éthambutol
conazole) diminue la biodisponibilité des deux médi-
caments et réduit leur efficacité [47]. La RMP est Cet antituberculeux bactériostatique est globalement bien
rouge orangée, elle colore les urines ; son excrétion toléré. Il induit un risque de toxicité sur le nerf optique qui
par les glandes lacrymales peut colorer les lentilles de justifie un suivi attentif.
contact [48].
Effets indésirables oculaires
Pyrazinamide La névrite optique rétrobulbaire (NORB)
Elle peut apparaître dans un délai variant entre 40 et
Cet antituberculeux d’action intracellulaire, qui avait été
360 jours après le début du traitement et 20 à 30 jours après
abandonné dans les années 1950 en raison des effets secon-
son arrêt, mais en moyenne cet événement survient dans les
daires importants induits par son utilisation à forte dose, a
deux mois qui suivent le début de la prise médicamenteuse
été réintroduit dans les années 1980. Il s’avère beaucoup
[7].
mieux toléré à une posologie inférieure à 30 mg/kg par jour.
L’atteinte est dose dépendante avec une incidence de
18 % chez des patients recevant 30 mg/kg par jour et de 2 %
Effets indésirables hépatiques pour 25 mg/kg par jour [1]. Le risque est très faible mais
L’hépatite cytolytique est l’effet secondaire le plus sérieux ; possible pour des posologies inférieures à 15 mg/kg par jour
elle est dose dépendante mais la seule responsabilité du PZA [56].
Antituberculeux 547

Tableau 2 Interactions médicamenteuses principales impliquant la rifampicine et conduite à tenir.


Medicament Effet de la rifampicine Conduite a tenir
Estroprogestatifs et Diminution d’efficacité Conseiller de changer de mode de contraception
progestatifs
Antivitamines K Diminution d’efficacité Surveiller INR et TP
Adaptation posologique
Digitoxine Diminution d’efficacité Surveillance clinique, ECG et du taux sanguin. Adaptation
posologique
Isoniazide Augmentation de Surveillance clinique et biologique (transaminases, etc.).
l’hépatotoxicité Adaptation thérapeutique (risque d’hépatite)
Quinidine Diminution de l’effet Surveillance clinique, ECG. Adaptation posologique
(augmentation du taux à l’arrêt de RMP)
Kétoconazole Diminution de l’effet (et de Espacer les prises entre les deux médicaments
(antifongique azolé) celui de RMP)
Tolbutamide Diminution d’efficacité Surveillance et adaptation posologique (risque de
surdosage à l’arrêt de RMP)
Ciclosporine Diminution d’efficacité Surveiller le taux sanguin. Adaptation posologique,
(augmenter la posologie, risque de surdosage à l’arrêt de
RMP)
T3 T4 Diminution d’efficacité Surveiller taux sanguin (RMP diminue le taux) et adaptation
posologique
Théophylline Diminution d’efficacité Surveiller taux sanguin et adaptation posologique
Corticoïdes Diminution d’efficacité Augmenter posologie ≥ 30 %
Antirétroviraux Diminution d’efficacité Association RMP—IP ou INN diminue le taux sanguin des
antirétroviraux (respect des recommandations)
Benzodiazépines Diminue le taux de RMP Éviter l’association
Probénécide Diminue le taux de RMP Éviter l’association
Alprénolol, Diminution d’efficacité Préférer autre ß bloquant
propranolol,
métoprolol
IP : inhibiteurs de protéase ; INN : inhibiteurs on nucléosidiques de la transcriptase reverse.

Le tableau clinique se constitue de la façon sui- l’association EMB—INH accroît la toxicité sur le nerf optique
vante : dyschromatopsie (rouge-vert), puis baisse de l’acuité [57].
visuelle, scotome central, altération du potentiel évoqué
visuel, enfin atrophie optique. Parfois, l’atteinte initiale
Toxicité rétinienne
L’EMB a une toxicité directe sur les structures rétiniennes
se résume à un rétrécissement du champ visuel périphé-
[62,63]. Pour toutes ces raisons, la détection d’un retentis-
rique ou à une hémianopsie bitemporale [57]. Le trouble est
sement sur la fonction visuelle de l’EMB doit être renforcée
réversible en trois à douze mois si l’arrêt du médicament
chez les patients à risques (alcoolo-tabagiques, diabétiques,
intervient sur un nerf optique fonctionnel [56,57].
insuffisants rénaux, sujets traités par disulfirame, anti-
La surveillance ophtalmologique est indispensable en cas
inflammatoires et antipaludéens de synthèse ou présentant
d’utilisation de l’EMB. Elle comprend un examen ophtal-
des antécédents familiaux de pathologies visuelles) [57].
mologique de référence avant l’instauration du traitement
(acuité visuelle, champ visuel, vision des couleurs, fond
d’œil), renouvelé à un ou deux mois et ultérieurement en Autres effets indésirables
cas d’anomalie clinique : acuité visuelle, vision des couleurs Des neuropathies sensitivomotrices et des troubles neuro-
(test de Ishihara) [57,58]. psychiques avec vertiges et céphalées sont possibles comme
Le mécanisme de la NORB est imparfaitement élucidé : une élévation transitoire de la bilirubinémie et des cas de
il implique l’effet toxique direct de l’EMB sur les cellules néphropathies tubulo-interstitielles de mécanisme toxique
ganglionnaires et/ou bipolaires [59] ; une prédisposition [7].
génétique est envisagée [60]. Par ailleurs, le fréquent sur- Des réactions allergiques cutanées prurigineuses ou pur-
dosage en EMB est souligné chez les sujets obèses [61], et puriques sont rares [54]. L’association de rashs cutanés à
548 J. Perriot et al.

une hyperéosinophilie et à des infiltrats pulmonaires a été


décrite. L’hyperuricémie induite par l’EMB est exception- • Isoniazide : son hépatotoxicité se caractérise le plus
nelle [64]. souvent, par l’augmentation des transaminases (10 à
20 %), l’hépatite cytolytique est rare (6 %) mais peut
Streptomycine (SM) être mortelle. Les facteurs de vulnérabilité sont :
l’âge, le phénotype acétyleur lent, l’alcoolisme,
Cet aminoside classé parmi les antituberculeux essen- l’association à la RMP. Sa neurotoxicité est facteurs
tiels par l’OMS, délivré par voie injectable, ne fait de neuropathies périphériques plus fréquentes chez
plus partie du traitement de première ligne de la l’alcoolique, le dénutri, le diabétique, le patient
tuberculose. Sa toxicité est principalement auditive et infecté par le VIH (possible prévention par apport
rénale. de vitamines B6) ; des névrites optiques, convulsions,
troubles psychiatriques sont plus rares. Les réactions
allergiques cutanées sont possibles.
Effets indésirables auditifs • Rifampicine : c’est un puissant inducteur
L’atteinte vestibulaire précède l’atteinte cochléaire et enzymatique à l’origine de nombreuses
la fréquence est évaluée à 2,2 % [7]. La toxicité est interférences médicamenteuses. Il provoque de
cumulative. L’atteinte vestibulaire est réversible, elle se fréquents troubles gastro-intestinaux et peut être
caractérise par des vertiges, une ataxie et un nystag- à l’origine de sévères accidents immunoallergiques
mus. L’atteinte cochléaire est plus sérieuse et peut se (traitement intermittent). Sa toxicité hépatique est
manifester plusieurs mois après l’interruption du traite- faible mais elle accroît celle de l’INH.
ment, parfois annoncée par des acouphènes ; elle risque • Pyrazinamide : il a une toxicité hépatique et
d’aboutir à une surdité de perception uni- ou bilatérale peut occasionner des accidents immunoallergiques
irréversible et inappareillable. Le mécanisme de cette toxi- ssévères ; l’hyperuricémie induite est rarement
cité semble lié à la diffusion du médicament dans la symptomatique. Il est non recommandé pendant la
périlymphe et dans l’endolymphe avec destruction des cel- grossesse.
lules sensorielles de l’oreille interne et des cellules ciliées • Éthambutol : il peut être à l’origine de névrites
vestibulaires [65]. optiques sévères (surdosage, sujet vulnérable :
Les règles de prévention de cette toxicité sont de ne diabétique, alcoolo-tabagique, association à l’INH,
pas dépasser la dose cumulée de 60 g et la posologie de insuffisant rénal).
15 mg/kg par jour par voie intramusculaire. Les facteurs • Streptomycine : elle est la cause de toxicités auditive
aggravants sont la co-administration de médicaments oto- et rénale liées à l’accumulation des doses (ne pas
toxiques (amphotéricine B, ciclosporine, furosémide, etc.), dépasser 60 g). Elle est contre-indiquée pendant la
les antécédents de prise d’un aminoside ou d’atteintes grossesse.
auditives, d’insuffisance rénale, l’âge avancé [66]. Ce
médicament est contre-indiqué pendant la grossesse. Un
risque de surdité est constaté chez plus d’un tiers des
enfants dont les mères ont reçu de la SM pendant leur Anciens antituberculeux
grossesse [67].
Les médicaments antituberculeux d’ancienne génération
Effets toxiques sur le rein sont encore utilisés dans les pays émergents ; ce sont des
médicaments de seconde ligne face à des bacilles résistants
La SM est moins néphrotoxique que les autres aminosides.
(MDR) et multirésistants (XDR). Ils ont des effets indési-
Cet effet toxique est responsable de 2 % des interruptions
rables, parfois redoutables.
de traitement [1] ; une surveillance de la fonction rénale
s’impose donc. Cette toxicité est classiquement prévenue
Aminosides et polypeptides [1,2,70—72]
par la délivrance d’une dose journalière unique et la réduc-
tion de la durée de traitement [65]. La SM induirait une Kanamycine, amikacine, (la viomycine n’est plus dis-
nécrose parcellaire des tubules sans destruction des mem- ponible)
branes basales, ce qui permet la régénération cellulaire et Ces médicaments ont des toxicités cochléo-vestibulaires et
explique le caractère réversible de l’atteinte rénale [7]. rénales supérieures à celles de la SM.
Capréomycine
Autres effets indésirables Elle a une toxicité hépatique.
Un effet de blocage neuromusculaire (curare-like) peut
être source de détresse respiratoire et s’observer en cas Thioamides [1,2,70—72]
d’association aux produits anesthésiques. Il fait contre- L’éthionamide provoque des troubles gastro-intestinaux
indiquer ce médicament chez les patients myasthéniques ou quasi constants. Il possède une toxicité hépatique et
avant anesthésie [66]. peut occasionner des syndromes pellagroïdes préve-
Des manifestations immunoallergiques rares à type nus par l’administration associée de vitamines PP. Il
de leucopénies, thrombopénies, anémies hémolytiques, occasionne des syndromes dépressifs, il est térato-
cytolyses hépatiques sont décrites [1,2] ; des réactions urti- gène pour certaines espèces. Le prothionamide qui
cariennes lupoïdes et des épidermolyses ont été rapportées n’est plus disponible était responsable d’effets toxiques
[68,69]. analogues.
Antituberculeux 549

Acide para-amino-salicylique (PAS) [1,2,70—72]. peuvent conduire à son interruption [73]. Ils apparaissent
Il provoque de fréquentes manifestations gastro-intestinales à partir du premier mois sous forme de neuropathies péri-
(30 % des cas) avec dyspepsies, vomissements, diarrhées, phériques ou optiques (45,8 %) partiellement réversibles
ainsi que des réactions d’hypersensibilité (10 % des cas) cuta- et de cytopénie d’origine centrale avec anémie profonde
née et des accidents hémolytiques rares liés à des composés (40 à 50 %) réversible totalement à l’arrêt du traitement.
phénoliques toxiques, enfin des troubles endocriniens, en Une acidose lactique et des troubles gastro-intestinaux ont
particulier hypothyroïdie. été rapportés [79,80]. De récentes publications soulignent
l’importance de cette molécule qui ne connaît pratiquement
pas d’interaction médicamenteuse chez les patients XDR
Thiacétazone (Tb1) [1,2,70—72]
pourvu qu’un monitorage régulier clinique et biologique soit
Les intolérances sont gastro-intestinales et hépatiques. réalisé facilitant son observance et sa tolérance générale
Il est responsable de vertiges, conjonctivites. Il a une [81].
toxicité hématologique (agranulocytose) et surtout des
complications cutanées de type épidermolyse rares mais Nouvelles rifamycines : rifabutine (RFB),
particulièrement graves chez le sujet infecté par le VIH. rifapentine (RFP)
Cyclosérine [1,2,70—72] Le profil de tolérance de la RFP et de la RFB sont analogues
à celui de la RMP [82,83]. La RFB expose au risque d’uvéites
Les effets toxiques s’exercent principalement sur le système doses dépendantes mais aussi d’arthralgies, de décoloration
nerveux central à l’origine de convulsions ou de manifesta- cutanée et leucopénie [83,84] ; elle peut remplacer la RMP
tions psychiatriques (excitations psychomotrices, troubles dans une quadrithérapie antituberculeuse chez un patient
du langage, états confusionnels). Des épidermolyses induites infecté par le VIH en raison de sa moindre interférence avec
par la cyclosérine ont été décrites. les antiprotéases [16—85].

Nouveaux antituberculeux
• Anciens anti-tuberculeux : leur efficacité est réduite
Dans le contexte de double pandémie tuberculeuse et et leur tolérance imparfaite.
d’infection par le VIH, le clinicien doit disposer de molécules • Nouveaux antituberculeux : les nouvelles
actives sur les bacilles tuberculeux multirésistants avec une fluoroquinolones sont bien tolérées sur le long
action rapide, une demie vie longue, permettant des admi- terme et sont des médicaments de seconde ligne
nistrations intermittentes comme capables de stériliser les intéressants. Les nouvelles rifamycines peuvent se
sites où persistent des bactéries dormantes [73,74]. Des substituer en cas de besoin à la RMP dont elles ont
antituberculeux de nouvelle génération sont d’ores et déjà le même spectre de tolérance. Le LZD provoque
disponibles, quels sont leurs effets indésirables ? des cytopénies réversibles à l’arrêt du traitement
et des neuropathies périphériques qui le sont
Nouvelles fluoroquinolones antituberculeuses : imparfaitement.
moxifloxacine (MXF), gatifloxacine (GTX)
Cette classe thérapeutique présente un triple intérêt : une
action inhibitrice stable de l’ADN gyrase, des paramètres
pharmacocinétiques et dynamiques favorables, enfin une
bonne tolérance sur le long terme [73]. Effets indésirables des antituberculeux et
La MXF et la GTX n’ont pas montré de toxicité cardiaque
(arythmie, torsade de pointes) ou de phototoxicité lors
situations particulières
des études cliniques [73], il convient cependant d’utiliser
Antituberculeux chez l’enfant
avec prudence les fluoroquinolones chez des patients qui
présentent un risque d’allongement du segment QT [75]. La pharmacocinétique de l’INH amène à distinguer les
La MXF occasionne parfois des nausées et diarrhées ; enfants de moins de trois mois parmi lesquels il n’y a
elle reste bien tolérée sur le long court [76]. La GTX pas d’acétyleurs lents et ceux de plus de quatre ans qui
peut induire des troubles de la glycémie (0,65 %) [77], en comptent 50 % [86]. Les doses recommandées sont de
sur des terrains à risques (diabète non insulinodépen- 10 mg/kg pour les nourrissons et 6 mg/kg à partir de deux
dant pour l’hypoglycémie ; corticothérapie et âge avancé ans, en adaptant au besoin la posologie aux données de phar-
pour l’hyperglycémie) [77]. Il n’existe actuellement pas de macocinétique. L’hépatotoxicité n’est pas décrite avant
données sur la tolérance au long court de la GTX. Ces médi- l’âge de 15 ans [6].
caments exposent aux autres effets indésirables habituels La RMP, inducteur enzymatique dès la sixième semaine
des fluoroquinolones : ruptures tendineuses, élévation des de la vie, a des effets accumulatifs pour des posolo-
transaminases, céphalées, vertiges, etc. [78]. gies de 10 mg/kg ; aucun événement d’hypersensibilité
n’a été décrit. La PZA ne doit pas dépasser 30 mg/kg ;
Oxazolidinones : linézolide (LZD) elle est bien tolérée. Les effets indésirables se limitent
Les propriétés antibactériennes de cette classe sont réelles à l’hyperuricémie asymptomatique ; il y a des nau-
mais l’efficacité de leur chef de file, le LZD pour stérili- sées et l’élévation dans 20 % des cas des transami-
ser les tuberculoses résistantes (MDR et XDR) est limitée nases. Enfin, l’EMB est prescrit à une posologie de
par ses fréquents effets secondaires (75 % des cas) qui 15 à 25 mg/kg, accompagné d’une surveillance visuelle
550 J. Perriot et al.

soigneuse. Il n’est pas recommandé avant trois ans hépatopathie [46,92]. Les interférences médicamenteuses
[86]. entre les antituberculeux et les antirétroviraux ont été pré-
cédemment abordées.
Antituberculeux chez le sujet âgé Le traitement de l’ITL est recommandé chez le patient
infecté par le VIH afin de réduire le risque d’émergence
Le traitement de la tuberculose repose sur les mêmes règles de tuberculose maladie [16,93], il peut s’accompagner
quel que soit l’âge du patient. La fréquente poly-médication d’effets secondaires que l’on doit évaluer et expliquer
du sujet âgé lui fait courir le risque d’interactions médica- au patient avant d’engager cette thérapeutique préven-
menteuses avec les antituberculeux et conduit à prioriser tive. En population générale, sa tolérance est bonne ; le
les traitements. Il est nécessaire de rechercher avant le plus sérieux des divers événements indésirables [94] est
début du traitement antituberculeux une insuffisance rénale l’hépatotoxicité dont la fréquence est évaluée à 0,36 % pour
et hépatique, puis d’effectuer une surveillance clinique et six mois de traitement par INH [95]. Aux États-Unis, entre
biologique attentive de la tolérance du traitement. Chez 2004 et 2008, 17 effets secondaires graves ont cependant
le sujet vulnérable, l’adaptation de la posologie en INH été répertoriés chez des patients traités par INH pour ITL,
fait appel au dosage de l’isoniazidémie, ou à la réduction cinq sont décédés et cinq ont dû subir une transplantation
d’emblée de la posologie, un apport de pyridoxine peut être hépatique [96].
proposé [72,87]. Le traitement d’une infection tuberculeuse
latente (ITL) n’est pas justifié après 80 ans [16]. Insuffisance rénale chronique
Les antituberculeux sont peu néphrotoxiques ; en revanche,
Antituberculeux chez la femme enceinte l’insuffisance rénale accroît le risque de tuberculose et celui
de toxicité des médicaments de la tuberculose, en par-
Le passage transplacentaire de la SM et les conséquences ticulier, l’hépatotoxicité de l’INH et du PZA, la toxicité
auditives sur le fœtus sont des contre-indications défini- neurologique de l’INH et la toxicité oculaire induite par la
tives du médicament [67]. Le manque de données sur le prise d’EMB, voire d’INH. Les posologies médicamenteuses
caractère tératogène de la PZA le fait exclure en France doivent être adaptées en fonction de la clairance en créa-
du traitement de la tuberculose chez la femme enceinte tinine et réduites lorsque celle-ci est inférieure à 30 ml/mn
[46]. La RMP et l’INH ne sont pas tératogènes. L’INH accroî- (EMB : 7 à 10 mg/kg ; INH : 3 à 4 mg/kg ; PZA : 15 mg/kg) [16].
trait son hépatotoxicité et l’excrétion urinaire de pyridoxine Chez le patient dialysé, l’EMB ne sera utilisé qu’en cas
pendant la grossesse, ce qui peut justifier un renforcement d’absolue nécessité, le dosage sérique des médicaments est
de la surveillance hépatique et un apport de pyridoxine. recommandé et les aminosides sont évités [16].
Ces antituberculeux passent dans le lait maternel à des
concentrations très inférieures aux doses thérapeutiques, Insuffisance hépatique
l’allaitement n’est donc pas contre-indiqué [16].
Les antituberculeux, PZA et INH surtout, ont une toxicité
hépatique. Le principe est d’éviter leur utilisation chez le
Antituberculeux et maladies chroniques patient avec une hépatopathie chronique évolutive et de
prioriser l’éviction du PZA, puis de l’INH, enfin de la RMP.
Antituberculeux et infection par le VIH
Les effets secondaires des antituberculeux sont plus fré- Diabète
quents et sévères chez les patients infectés par le VIH et Il expose à un sur-risque de neuropathie et de toxicité ocu-
traités pour tuberculose maladie [88]. Les hépatites, les laire induit par EMB et INH qui s’accroît avec la coexistence
neuropathies sont les plus fréquents, des toxidermies à type d’une insuffisance rénale.
de syndrome de Lyell ont été décrites [89].
Une étude rétrospective publiée en 2006 a évalué Alcoolisme
la fréquence des événements indésirables sérieux parmi
312 patients traités pour tuberculose, chez les 156 co- L’alcoolique chronique est exposé à la toxicité hépatique et
infectés par le VIH (71 % de ces derniers recevaient un neurologique des antituberculeux (INH, RMP, PZA, EMB).
traitement antirétroviral) et chez les patients indemnes
de cette infection. Les effets secondaires sérieux étaient
beaucoup plus fréquents chez les sujets VIH+ à type de neu- Conduite à tenir face à un effet
ropathies et/ou vomissements (40 % vs 26 % p < 0,001) mais indésirable
la fréquence des interruptions de traitement pour cause
d’hépatotoxicité était similaire dans les deux groupes (VIH+ : La quadrithérapie antituberculeuse est fréquemment à
13 %, VIH— : 15 % p = 0,74), celle-ci survenait toujours dans l’origine d’événements indésirables. Une étude rétrospec-
les deux mois qui suivaient le début du traitement [90]. tive menée dans une clinique universitaire de Sao Paulo
Un risque d’aggravation paradoxale survient dans 7 à 36 % entre mars 2000 et avril 2006 [97] a recensé, sur un
des cas selon les séries [46] au cours des trois mois qui total de 297 patients traités par régime antituberculeux de
suivent l’instauration des antirétroviraux et après le début première ligne : 41,1 % d’effets secondaires mineurs dont
des antituberculeux. Il se caractérise par une exacerba- 40,3 % gastro-intestinaux et 22,1 % cutanés et 12,8 % d’effets
tion des symptômes cliniques, radiologiques ou biologiques secondaires jugés sévères. Un changement de régime théra-
[91]. La tolérance du traitement antituberculeux est influen- peutique s’est révélé nécessaire dans 3,7 % des cas, pour
cée par l’état général du patient, la coexistence d’une l’essentiel en raison de manifestations d’hépatotoxicité.
Antituberculeux 551

Le tableau classique est celui d’une hépatite mixte et


• Chez l’enfant : la tolérance hépatique des en cas d’hépatotoxicité du couple INH-RMP, il convient
antituberculeux est généralement bonne. L’usage d’arrêter la prise de RMP [7].
de l’EMB n’est pas recommandé avant trois ans. Les hépatites toxiques les plus sévères apparaissent pré-
• Chez les sujets âgés : la vulnérabilité hépatique est cocement mais ne représentent selon l’ATS que 0,023 % des
accrue. Un bilan hépatique et rénal précède le cas [1], des formes mortelles ou justifiant une greffe hépa-
traitement antituberculeux. tique sont décrites dans la première semaine du traitement
• Femme enceinte : le PZA n’est pas recommandé, la [1,99].
SM est contre-indiquée, l’allaitement est possible Le caractère cytolytique évoque la responsabilité de
pendant le traitement. l’INH ou de la PZA dont il convient d’évaluer la sévérité.
• Patients infectés par le VIH : les effets indésirables Jusqu’à trois fois la normale, le traitement sera poursuivi
des antituberculeux sont plus fréquents, comme les mais les bilans hépatiques rapprochés ; entre trois et six fois
interférences avec les antirétroviraux, des réactions la normale, la PZA sera interrompue et la prise en charge
paradoxales sont possibles à la phase initiale du poursuivie sur un régime de trithérapie. À plus de six fois la
traitement antirétroviral. normale, le traitement sera interrompu, le bilan hépatique
• Insuffisants hépatiques et/ou rénaux : on doit vérifié à 48 heures et, une fois normalisé, un traitement
éviter les médicaments susceptibles d’aggraver associant RMP-EMB-FQ avec un autre antibiotique selon la
les pathologies sous-jacentes. Ces dernières gravité de la tuberculose et les données de l’antibiogramme
augmentent la toxicité des médicaments dont il [16,87].
convient d’adapter la posologie en fonction des Une cholestase associée à une fièvre, une éruption cuta-
bilans fonctionnels hépatique et/ou rénal. née, une hyperéosinophilie évoque l’implication de la RMP, a
• Diabète : il expose à un sur-risque de neuropathie et fortiori, lors d’un traitement intermittent ou de la reprise de
de toxicité oculaire induit par EMB et INH. ce médicament. Le mécanisme immunoallergique impliqué
• Alcoolisme : il expose aux risques de neuropathies doit conduire à son exclusion [7].
périphériques et optiques induites par INH et EMB Le diagnostic différentiel des hépatites toxiques, a for-
comme de toxicité hépatique due à INH, PZA, RMP. tiori, de survenue tardive, impose un bilan biologique élargi
(sérologies des hépatites virales, etc.), l’échographie abdo-
minale (lithiase biliaire), l’avis d’un hépatologue.
Chez les patients de petit poids, les associations de dif-
Dans 58,4 % des cas, ces effets secondaires apparaissaient férents médicaments (Rifater® et surtout Rifinah® ) peuvent
dans les deux premiers mois du traitement. être à l’origine de surdosage en INH ou RMP [87].
La première prévention des complications du traitement
antituberculeux relève du bon respect des doses : INH : 4 à Complications cutanées
5 mg/kg, RMP : 10 mg/kg (< 50 kg : 450 mg et > 50 kg : 600 mg
maximum) ; PZA : 20 à 25 mg/kg ; EMB : 15 à 20 mg/kg [87]. Tous les antituberculeux peuvent provoquer des réactions
L’éducation thérapeutique des patients permet leur cutanées qui apparaissent dans 6 % des cas sous forme
information sur ces événements indésirables, de les sensibi- d’éruptions prurigineuses limitées à un territoire du corps
liser à leur repérage, comme à l’alerte du médecin en cas de et sont soulagées par les antihistaminiques. Une réaction
survenue. Elle fait des patients les premiers acteurs de leur vasomotrice transitoire peut être induite par la PZA, tandis
traitement jusqu’à leur guérison. Des échelles d’évaluation que l’INH est à l’origine d’acné [7,87].
de la qualité de vie pendant la prise en charge [98] peuvent Des réactions allergiques relevant de l’hypersensibilité
être mises à profit pour améliorer leur suivi. immédiate à type d’urticaire et/ou œdème de Quincke,
voire choc anaphylactique, peuvent apparaître dans les
30 minutes qui suivent la prise médicamenteuse [100].
Troubles gastro-intestinaux L’arrêt des antituberculeux est alors indispensable, un
bilan allergologique sera conduit en milieu spécialisé afin
Les nausées sont les plus fréquentes de ces manifestations d’identifier le médicament en cause (par ordre de fréquence
et présentes dans 20 % des cas à la phase initiale du traite- croissante : EMB, RMP, INH, PZA [53,100]). Divers proto-
ment. Elles répondent bien aux anti-émétiques, il est rare coles permettent, avec succès, l’accoutumance du patient
d’être obligé de donner le traitement au milieu du repas aux médicaments en cause ; par exemple, on introduit par
afin d’éviter les vomissements, ce qui a pour conséquence paliers quotidiens 1/10e de la dose jusqu’à atteindre la dose
de réduire l’absorption de la RMP. Des nausées qui peuvent complète au dixième jour [100—102].
être un signe d’hépatite, conduisent à vérifier la fonction Des réactions retardées réalisant des toxidermies réali-
hépatique [87]. sant au maximum un syndrome de Lyell peuvent apparaitre
entre le cinquième et le dixième jour du traitement. Elles
Atteintes hépatiques mettent en cause INH, RMP, PZA [86,100].

Les premiers signes d’hépatite toxique sont les nausées et Complications articulaires
vomissements ; celle-ci est d’autant plus à redouter que les
posologies des antituberculeux sont inadaptées et qu’une Des arthralgies peuvent être dues aux PZA. La décou-
vulnérabilité est présente (hépatopathie évolutive, alcooli- verte d’une hyperuricémie, témoin de bonne observance du
sation). PZA, ne se traite pas. La prise en charge des arthralgies
552 J. Perriot et al.

s’appuie sur les AINS, lesquels pourront être utilisés en cas


d’algodystrophie (syndrome épaule-main) induite par l’INH. • Prévention des événements indésirables : elle
Ce dernier peut être à l’origine de lupus induits, l’atteinte repose sur le strict respect des posologies des
articulaire est généralement isolée [86]. antituberculeux et l’éducation thérapeutique du
patient.
• Troubles gastro-intestinaux : des nausées
Complications neurologiques apparaissent dans 20 % des cas en début de
traitement. On vérifie la fonction hépatique afin
Des paresthésies distales sont évocatrices de polynévrites
d’écarter une hépatite.
fréquemment induites par le LZD en cas de traitement d’une
• Atteinte hépatique : le plus souvent, il s’agit d’une
tuberculose XDR et conduisent souvent à l’arrêt du médi-
simple élévation des transaminases (20 %), les
cament. Lors de prises d’INH, chez les sujets vulnérables
hépatites toxiques sévères précoces sont rares,
(alcooliques, dénutris, diabétiques) il convient de réduire la
mais potentiellement mortelles. Le couple INH-RMP
posologie, supplémenter les patients en vitamines B1 et B6,
est le plus souvent en cause. L’attitude est guidée
vérifier leur abstinence alcoolique [3,9]. Des manifestations
par le dosage des transaminases (taux ≤ 3 fois
comitiales et troubles neuropsychiques peuvent impliquer
Nle : poursuite du traitement ; taux trois à six
la RMP, les thioamides, la cyclosérine ou la prise associée
fois Nle : surveillance hépatique rapprochée ;
de disulfirame et d’INH. Ils doivent être redoutés chez les
taux > 6 fois la normale : arrêt du traitement et
patients pris en charge pour tuberculose résistante chez les-
reprise d’une thérapeutique moins hépatotoxique
quels ils sont plus fréquents [102,103].
après normalisation du bilan hépatique.
• Atteintes cutanées : elles sont fréquentes, le plus
Complications ophtalmologiques souvent bénignes. Des réactions immédiates ou
retardées sévères peuvent nécessiter l’arrêt du
Toute perturbation de la vision chez un patient traité par traitement et des investigations allergologiques.
EMB, et d’autant plus qu’il est diabétique, et/ou alcoolo- • Complications neurologiques : les neuropathies
tabagique, traité par INH, doit conduire à suspendre la prise périphériques sont fréquentes en cas d’utilisation
d’EMB et réaliser un bilan ophtalmologique [57,86]. de LZD (arrêt du LZD) et celle d’INH chez les
sujets vulnérables (adaptation posologique ou arrêt
Fièvre et traitement antituberculeux de l’INH, apport de vitamines B6). Les troubles
psychiatriques et convulsions peuvent être induits
Aouam et al. [7] rappellent que l’apparition d’une fièvre par la prise d’INH et cyclosérine. La suspicion d’une
élevée bien tolérée chez un patient traité par antitu- NORB doit faire interrompre la prise d’EMB et INH.
berculeux depuis plusieurs semaines, et dont la maladie
évolue favorablement, fait évoquer l’origine médicamen-
teuse en l’absence d’autres explications. Les médicaments
sont arrêtés, la fièvre disparaît dans les 48 heures, puis les
antituberculeux réintroduits selon la chronologie suivante : POINTS ESSENTIELS
EMB, INH, RMP, PZA. • Le traitement antituberculeux fait appel à quatre
antibiotiques qui ont, individuellement ou en
association, des effets indésirables.
Conclusion • En cas d’intolérance ou de tuberculoses résistantes,
on utilise des médicaments plus anciens ou de
Les médicaments antituberculeux sont responsables d’effets génération nouvelle.
indésirables fréquents généralement mineurs, parfois • Le traitement de la tuberculose impose l’évaluation
sévères. Le traitement de la tuberculose est standardisé des effets secondaires éventuels qui justifient le
mais la décision de traiter impose de réfléchir aux risques bilan préthérapeutique, la surveillance tout au long
d’effets secondaires induits par les différents médicaments. de la prise en charge, ainsi que l’éducation et la
L’objectif de toute prise en charge thérapeutique est de participation du patient.
permettre la meilleure tolérance et observance du traite- • La prévention des événements indésirables repose
ment. En matière de traitement antituberculeux, le respect sur le respect de la posologie des médicaments,
de la posologie des médicaments, la connaissance de leurs la connaissance de leurs effets secondaires,
effets secondaires, la mise en œuvre des mesures destinées l’éducation du patient pour le rendre acteur de son
à l’éducation du patient pour le rendre acteur de son trai- traitement et de sa guérison.
tement, comme de sa guérison, concourent ensemble à la
prévention des événements indésirables.

Déclaration d’intérêts Déclaration d’intérêts


Les auteurs ont déclaré n’avoir aucun conflit d’intérêt Les auteurs ont déclaré n’avoir aucun conflit d’intérêt
potentiel en rapport avec le thème de l’article. potentiel en rapport avec le thème de l’article.
Antituberculeux 553

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