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a
Dispensaire Émile-Roux, centre de lutte antituberculeux du Puy-de-Dôme 63,
11, rue Vaucanson, 63100 Clermont-Ferrand, France
b
Service de pharmacologie, centre régional de pharmaco-vigilance et d’information sur les
médicaments, CHU de Clermont-Ferrand, 63000 Clermont-Ferrand, France
MOTS CLÉS Résumé La tuberculose, maladie infectieuse curable par un traitement antibiotique bien
Antituberculeux ; conduit, demeure un enjeu majeur de santé publique à l’échelle planétaire. La stratégie thé-
Effets indésirables ; rapeutique est bien standardisée, elle fait appel à quatre antibiotiques de première ligne qui
Tuberculose ; sont généralement bien tolérés mais qui individuellement et associés ont des effets indési-
Traitement rables fréquents. L’isoniazide a une toxicité hépatique ; il est responsable de neuropathies. La
antituberculeux ; rifampicine est un puissant inducteur enzymatique responsable de réactions immunoallergiques
VIH sévères en cas de traitement discontinu. La pyrazinamide a une hépatotoxicité parfois redou-
table. L’éthambutol peut être responsable d’une sévère toxicité oculaire. Des médicaments
antituberculeux anciens ou de nouvelle génération sont utilisés sur les bacilles résistants, ils
sont eux-mêmes source d’effets indésirables. Le traitement de la tuberculose est standardisé
mais la décision de traiter est indissociable de l’évaluation des effets secondaires éventuels
qui justifient le bilan préthérapeutique, la surveillance tout au long de la prise en charge
comme l’éducation et la participation du patient à son traitement. Ce travail décrit les évé-
nements indésirables des différents médicaments antituberculeux, puis en fonction de terrains
particuliers, avant d’envisager des conduites à tenir devant leur survenue.
© 2011 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jean.perriot@cg63.fr (J. Perriot).
0761-8425/$ — see front matter © 2011 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.rmr.2010.10.034
Antituberculeux 543
KEYWORDS Summary Tuberculosis, an infectious disease which is curable by following a course of anti-
Antitubercular biotics, remains a major public health issue on a global scale. A therapeutic strategy has been
agents; standardised which calls for the use of four antibiotics. These are generally well-tolerated
Adverse events; but, individually and in combination, frequently have undesirable effects. Isoniazid may cause
Tuberculosis; hepatic toxicity and an also be an asue of peripheral neuropathy. Rifampin is a strong hepa-
Antituberculous tic enzyme inducer and can be responsible for severe immunoallergic reactions in the case
therapy; of interrupted treatment. Pyrazinamide sometimes results in severe hepatotoxicity. Ethambu-
HIV tol can be responsible for severe ocular toxicity. Both older antituberculous medications and
new generation antibiotic medications used for the treatment of resistant bacilli can also be
the source of adverse events. The treatment of tuberculosis is standardised but the decision
to treat it is inseparable from the evaluation of possible side effects which require assessment
prior to the initiation of therapy and close monitoring during treatment which includes ensuring
that patients are aware of and vigilant for potential problems.This work describes the adverse
events of different antibiotic medications so that, on an individual basis they can be anticipated
and appropriately managed.
© 2011 SPLF. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
électrophysiologiques puis une baisse de l’acuité visuelle dans les trois premiers mois du traitement [29] et doivent
avec décoloration papillaire pouvant évoluer vers l’atrophie conduire à l’arrêt définitif du médicament compte tenu du
optique définitive. Elles touchent surtout les acétyleurs risque de récidive lors de sa ré-administration.
lents et impliqueraient un déficit en vitamine B6 [7]. Une fièvre isolée [30], une gynécomastie [31,32], un syn-
Diverses manifestations psychiatriques de mécanisme drome de Cushing [2] peuvent être induits par la prise d’INH.
physiopathologique encore mal élucidé, évoquant une pos-
sible action d’inhibition de la monoamine-oxydase [18,19] Interactions médicamenteuses
par l’INH, ont été décrites. Elles se caractérisent par des
insomnies, des états d’agitation, des troubles confusion- De multiples interactions médicamenteuses sont décrites ;
nels, psychotiques ou maniaques, réversibles à l’arrêt du l’INH est un inhibiteur des cythocromes P450 . Le catabo-
médicament [20,21]. Les sujets à risque seraient les acé- lisme hépatique de nombreux médicaments (antivitamine K,
tyleurs lents, les diabétiques, les dénutris, les alcooliques, kétoconazole, carbamazépine, stavudine, fénitoïne, etc.)
les insuffisants hépatiques, les sujets infectés par le VIH, les pourra être diminué et leur concentration plasmatique
tuberculeux MDR, les patients à antécédents personnels ou augmentée par la prise concomitante d’INH, ce qui peut
familiaux psychiatriques [22]. accroître leur toxicité. L’hépatotoxicité due à l’INH est
Des convulsions sont possibles chez les tuberculeux majorée par l’association à la RMP qui est un puissant induc-
avec des antécédents épileptiques ou des facteurs de teur enzymatique favorisant l’accumulation de métabolites
risques (traumatisme crânien). Indépendamment des anti- hépatotoxiques ; en revanche, l’INH ne modifie pas le méta-
comitiaux, le traitement s’appuie sur l’apport intraveineux bolisme de la RMP [7,33].
de vitamine B6 [23].
Rifampicine
Autres effets indésirables
Effets indésirables cutanés La RMP est un antituberculeux majeur généralement bien
De multiples manifestations cutanées ont été signalées à toléré. Les effets indésirables sont estimés à environ 6 % des
type d’érythème relevant d’une hypersensibilité immédiate sujets traités [1] qu’il s’agisse de manifestations toxiques
[24], d’acné, de photosensibilisation [2]. La pellagre par ou de réactions immunoallergiques. Les événements indé-
carence en vitamine PP liée à la prise d’INH chez les sujets sirables graves relèvent pour l’essentiel des traitements
acétyleurs lents associe un érythème pigmenté, un état dys- discontinus et associent une insuffisance rénale aiguë, un
thymique et une diarrhée [25]. état de choc et une anémie hémolytique [7].
Effets hématologiques
Effets indésirables hépatiques
Une leucopénie est possible lors du traitement antitubercu-
leux, parfois associée à une neutropénie [2] ; lorsque cette L’hépatotoxicité intrinsèque du médicament est faible.
dernière est sévère, elle nécessite l’interruption du traite- Une augmentation précoce et modérée des transaminases
ment, voire des mesures thérapeutiques spécifiques [26] ; est notée dans 10 à 15 % des cas [34], ainsi qu’une cho-
les anémies hémolytiques sont des complications exception- lestase hépatique légère. Quatre facteurs favorisent ces
nelles [22]. manifestations : un âge avancé, l’éthylisme chronique, une
hépatopathie évolutive, l’association de médicaments hépa-
Drug Rash With Eosinophilia and Systemic Symptoms totoxiques dont l’INH [4,5,34].
(DRESS)
Ce syndrome d’hypersensibilité a été décrit avec l’INH
[27]. Il associe à une hyperéosinophilie sanguine et cytolyse Effets digestifs
hépatique, une fièvre, des arthralgies et des adénopathies La RMP est à l’origine de nausées, vomissements, douleurs
périphériques. abdominales, voire de rare intolérance digestive [1,2,34].
Des cas de colites pseudomembraneuses [35,36] et à éosi-
Syndrome lupique nophiles [37] induites par la prise de RMP ont été décrites.
Le lupus induit par l’INH survient dans 1 % des cas. Il régresse
à l’arrêt du traitement [2]. Si des anticorps antinucléaires
sont détectés dans environ 20 % des cas et plus souvent chez Réactions immunoallergiques
la femme, il est exceptionnel qu’un lupus induit par la prise Elles peuvent relever de mécanismes d’hypersensibilité de
d’INH soit sévère ; c’est alors l’atteinte rénale et neurolo- type I, II ou III, être isolées ou associées [38]. Les formes
gique qui fait la gravité de la maladie et justifie une prise les plus graves s’observent lors d’administrations intermit-
en charge spécifique [28]. tentes du médicament.
« Syndrome épaule-main » Réactions d’hypersensibilité immédiate
Cette algoneurodystrophie uni- ou bilatérale survient un Il s’agit de réactions cutanées urticariennes, d’œdèmes,
à trois mois après le début du traitement par INH [2], ailleurs de bronchospasmes, hypotension, voire de choc
guérit à son arrêt mais réapparaît souvent lors de sa ré- anaphylactique [38,39]. Un bilan allergologique spécialisé
administration [7]. s’impose mais il est difficile car les tests cutanés ne sont
Manifestations digestives pas validés et le dosage des IGE spécifiques n’est actuelle-
Des gastralgies, nausées, vomissements, bouche sèche et ment pas commercialisé. L’accoutumance à cette molécule
troubles du transit sont possibles. Ce médicament pour- est possible en milieu hospitalier spécialisé et donne de bons
rait être à l’origine de pancréatites aiguës qui surviennent résultats [39].
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Réactions de phénomène d’Arthus est difficile à affirmer compte tenu de l’habituelle asso-
Le tableau clinique se caractérise par un bronchospasme ciation du médicament à l’INH et à la RMP. La fréquence
associé à une rhinite ou une pneumopathie [39,40]. La cons- de l’hépatite est évaluée à 0,5 à 10 % pour une durée de
titution d’un complexe antigène—anticorps anti-RMP est traitement de deux mois et selon les associations médica-
responsable d’une lyse cellulaire responsable de l’anémie menteuses [7]. Des cas d’hépatites fulminantes mortelles
hémolytique, la leucopénie et la thrombopénie qui peuvent ont été rapportés en cas de traitement d’infections tuber-
être associées. Une insuffisance rénale aiguë peut complé- culeuses latentes par association RMP—PZA [49]. Un cas
ter ce tableau clinique en cas de traitement intermittent par d’hépatite granulomateuse faisant suite à l’administration
la RMP ou lors de sa ré-introduction et exiger une épuration du PZA a été décrit [50].
extra-rénale [40—42].
Le tableau clinique se constitue de la façon sui- l’association EMB—INH accroît la toxicité sur le nerf optique
vante : dyschromatopsie (rouge-vert), puis baisse de l’acuité [57].
visuelle, scotome central, altération du potentiel évoqué
visuel, enfin atrophie optique. Parfois, l’atteinte initiale
Toxicité rétinienne
L’EMB a une toxicité directe sur les structures rétiniennes
se résume à un rétrécissement du champ visuel périphé-
[62,63]. Pour toutes ces raisons, la détection d’un retentis-
rique ou à une hémianopsie bitemporale [57]. Le trouble est
sement sur la fonction visuelle de l’EMB doit être renforcée
réversible en trois à douze mois si l’arrêt du médicament
chez les patients à risques (alcoolo-tabagiques, diabétiques,
intervient sur un nerf optique fonctionnel [56,57].
insuffisants rénaux, sujets traités par disulfirame, anti-
La surveillance ophtalmologique est indispensable en cas
inflammatoires et antipaludéens de synthèse ou présentant
d’utilisation de l’EMB. Elle comprend un examen ophtal-
des antécédents familiaux de pathologies visuelles) [57].
mologique de référence avant l’instauration du traitement
(acuité visuelle, champ visuel, vision des couleurs, fond
d’œil), renouvelé à un ou deux mois et ultérieurement en Autres effets indésirables
cas d’anomalie clinique : acuité visuelle, vision des couleurs Des neuropathies sensitivomotrices et des troubles neuro-
(test de Ishihara) [57,58]. psychiques avec vertiges et céphalées sont possibles comme
Le mécanisme de la NORB est imparfaitement élucidé : une élévation transitoire de la bilirubinémie et des cas de
il implique l’effet toxique direct de l’EMB sur les cellules néphropathies tubulo-interstitielles de mécanisme toxique
ganglionnaires et/ou bipolaires [59] ; une prédisposition [7].
génétique est envisagée [60]. Par ailleurs, le fréquent sur- Des réactions allergiques cutanées prurigineuses ou pur-
dosage en EMB est souligné chez les sujets obèses [61], et puriques sont rares [54]. L’association de rashs cutanés à
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Acide para-amino-salicylique (PAS) [1,2,70—72]. peuvent conduire à son interruption [73]. Ils apparaissent
Il provoque de fréquentes manifestations gastro-intestinales à partir du premier mois sous forme de neuropathies péri-
(30 % des cas) avec dyspepsies, vomissements, diarrhées, phériques ou optiques (45,8 %) partiellement réversibles
ainsi que des réactions d’hypersensibilité (10 % des cas) cuta- et de cytopénie d’origine centrale avec anémie profonde
née et des accidents hémolytiques rares liés à des composés (40 à 50 %) réversible totalement à l’arrêt du traitement.
phénoliques toxiques, enfin des troubles endocriniens, en Une acidose lactique et des troubles gastro-intestinaux ont
particulier hypothyroïdie. été rapportés [79,80]. De récentes publications soulignent
l’importance de cette molécule qui ne connaît pratiquement
pas d’interaction médicamenteuse chez les patients XDR
Thiacétazone (Tb1) [1,2,70—72]
pourvu qu’un monitorage régulier clinique et biologique soit
Les intolérances sont gastro-intestinales et hépatiques. réalisé facilitant son observance et sa tolérance générale
Il est responsable de vertiges, conjonctivites. Il a une [81].
toxicité hématologique (agranulocytose) et surtout des
complications cutanées de type épidermolyse rares mais Nouvelles rifamycines : rifabutine (RFB),
particulièrement graves chez le sujet infecté par le VIH. rifapentine (RFP)
Cyclosérine [1,2,70—72] Le profil de tolérance de la RFP et de la RFB sont analogues
à celui de la RMP [82,83]. La RFB expose au risque d’uvéites
Les effets toxiques s’exercent principalement sur le système doses dépendantes mais aussi d’arthralgies, de décoloration
nerveux central à l’origine de convulsions ou de manifesta- cutanée et leucopénie [83,84] ; elle peut remplacer la RMP
tions psychiatriques (excitations psychomotrices, troubles dans une quadrithérapie antituberculeuse chez un patient
du langage, états confusionnels). Des épidermolyses induites infecté par le VIH en raison de sa moindre interférence avec
par la cyclosérine ont été décrites. les antiprotéases [16—85].
Nouveaux antituberculeux
• Anciens anti-tuberculeux : leur efficacité est réduite
Dans le contexte de double pandémie tuberculeuse et et leur tolérance imparfaite.
d’infection par le VIH, le clinicien doit disposer de molécules • Nouveaux antituberculeux : les nouvelles
actives sur les bacilles tuberculeux multirésistants avec une fluoroquinolones sont bien tolérées sur le long
action rapide, une demie vie longue, permettant des admi- terme et sont des médicaments de seconde ligne
nistrations intermittentes comme capables de stériliser les intéressants. Les nouvelles rifamycines peuvent se
sites où persistent des bactéries dormantes [73,74]. Des substituer en cas de besoin à la RMP dont elles ont
antituberculeux de nouvelle génération sont d’ores et déjà le même spectre de tolérance. Le LZD provoque
disponibles, quels sont leurs effets indésirables ? des cytopénies réversibles à l’arrêt du traitement
et des neuropathies périphériques qui le sont
Nouvelles fluoroquinolones antituberculeuses : imparfaitement.
moxifloxacine (MXF), gatifloxacine (GTX)
Cette classe thérapeutique présente un triple intérêt : une
action inhibitrice stable de l’ADN gyrase, des paramètres
pharmacocinétiques et dynamiques favorables, enfin une
bonne tolérance sur le long terme [73]. Effets indésirables des antituberculeux et
La MXF et la GTX n’ont pas montré de toxicité cardiaque
(arythmie, torsade de pointes) ou de phototoxicité lors
situations particulières
des études cliniques [73], il convient cependant d’utiliser
Antituberculeux chez l’enfant
avec prudence les fluoroquinolones chez des patients qui
présentent un risque d’allongement du segment QT [75]. La pharmacocinétique de l’INH amène à distinguer les
La MXF occasionne parfois des nausées et diarrhées ; enfants de moins de trois mois parmi lesquels il n’y a
elle reste bien tolérée sur le long court [76]. La GTX pas d’acétyleurs lents et ceux de plus de quatre ans qui
peut induire des troubles de la glycémie (0,65 %) [77], en comptent 50 % [86]. Les doses recommandées sont de
sur des terrains à risques (diabète non insulinodépen- 10 mg/kg pour les nourrissons et 6 mg/kg à partir de deux
dant pour l’hypoglycémie ; corticothérapie et âge avancé ans, en adaptant au besoin la posologie aux données de phar-
pour l’hyperglycémie) [77]. Il n’existe actuellement pas de macocinétique. L’hépatotoxicité n’est pas décrite avant
données sur la tolérance au long court de la GTX. Ces médi- l’âge de 15 ans [6].
caments exposent aux autres effets indésirables habituels La RMP, inducteur enzymatique dès la sixième semaine
des fluoroquinolones : ruptures tendineuses, élévation des de la vie, a des effets accumulatifs pour des posolo-
transaminases, céphalées, vertiges, etc. [78]. gies de 10 mg/kg ; aucun événement d’hypersensibilité
n’a été décrit. La PZA ne doit pas dépasser 30 mg/kg ;
Oxazolidinones : linézolide (LZD) elle est bien tolérée. Les effets indésirables se limitent
Les propriétés antibactériennes de cette classe sont réelles à l’hyperuricémie asymptomatique ; il y a des nau-
mais l’efficacité de leur chef de file, le LZD pour stérili- sées et l’élévation dans 20 % des cas des transami-
ser les tuberculoses résistantes (MDR et XDR) est limitée nases. Enfin, l’EMB est prescrit à une posologie de
par ses fréquents effets secondaires (75 % des cas) qui 15 à 25 mg/kg, accompagné d’une surveillance visuelle
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soigneuse. Il n’est pas recommandé avant trois ans hépatopathie [46,92]. Les interférences médicamenteuses
[86]. entre les antituberculeux et les antirétroviraux ont été pré-
cédemment abordées.
Antituberculeux chez le sujet âgé Le traitement de l’ITL est recommandé chez le patient
infecté par le VIH afin de réduire le risque d’émergence
Le traitement de la tuberculose repose sur les mêmes règles de tuberculose maladie [16,93], il peut s’accompagner
quel que soit l’âge du patient. La fréquente poly-médication d’effets secondaires que l’on doit évaluer et expliquer
du sujet âgé lui fait courir le risque d’interactions médica- au patient avant d’engager cette thérapeutique préven-
menteuses avec les antituberculeux et conduit à prioriser tive. En population générale, sa tolérance est bonne ; le
les traitements. Il est nécessaire de rechercher avant le plus sérieux des divers événements indésirables [94] est
début du traitement antituberculeux une insuffisance rénale l’hépatotoxicité dont la fréquence est évaluée à 0,36 % pour
et hépatique, puis d’effectuer une surveillance clinique et six mois de traitement par INH [95]. Aux États-Unis, entre
biologique attentive de la tolérance du traitement. Chez 2004 et 2008, 17 effets secondaires graves ont cependant
le sujet vulnérable, l’adaptation de la posologie en INH été répertoriés chez des patients traités par INH pour ITL,
fait appel au dosage de l’isoniazidémie, ou à la réduction cinq sont décédés et cinq ont dû subir une transplantation
d’emblée de la posologie, un apport de pyridoxine peut être hépatique [96].
proposé [72,87]. Le traitement d’une infection tuberculeuse
latente (ITL) n’est pas justifié après 80 ans [16]. Insuffisance rénale chronique
Les antituberculeux sont peu néphrotoxiques ; en revanche,
Antituberculeux chez la femme enceinte l’insuffisance rénale accroît le risque de tuberculose et celui
de toxicité des médicaments de la tuberculose, en par-
Le passage transplacentaire de la SM et les conséquences ticulier, l’hépatotoxicité de l’INH et du PZA, la toxicité
auditives sur le fœtus sont des contre-indications défini- neurologique de l’INH et la toxicité oculaire induite par la
tives du médicament [67]. Le manque de données sur le prise d’EMB, voire d’INH. Les posologies médicamenteuses
caractère tératogène de la PZA le fait exclure en France doivent être adaptées en fonction de la clairance en créa-
du traitement de la tuberculose chez la femme enceinte tinine et réduites lorsque celle-ci est inférieure à 30 ml/mn
[46]. La RMP et l’INH ne sont pas tératogènes. L’INH accroî- (EMB : 7 à 10 mg/kg ; INH : 3 à 4 mg/kg ; PZA : 15 mg/kg) [16].
trait son hépatotoxicité et l’excrétion urinaire de pyridoxine Chez le patient dialysé, l’EMB ne sera utilisé qu’en cas
pendant la grossesse, ce qui peut justifier un renforcement d’absolue nécessité, le dosage sérique des médicaments est
de la surveillance hépatique et un apport de pyridoxine. recommandé et les aminosides sont évités [16].
Ces antituberculeux passent dans le lait maternel à des
concentrations très inférieures aux doses thérapeutiques, Insuffisance hépatique
l’allaitement n’est donc pas contre-indiqué [16].
Les antituberculeux, PZA et INH surtout, ont une toxicité
hépatique. Le principe est d’éviter leur utilisation chez le
Antituberculeux et maladies chroniques patient avec une hépatopathie chronique évolutive et de
prioriser l’éviction du PZA, puis de l’INH, enfin de la RMP.
Antituberculeux et infection par le VIH
Les effets secondaires des antituberculeux sont plus fré- Diabète
quents et sévères chez les patients infectés par le VIH et Il expose à un sur-risque de neuropathie et de toxicité ocu-
traités pour tuberculose maladie [88]. Les hépatites, les laire induit par EMB et INH qui s’accroît avec la coexistence
neuropathies sont les plus fréquents, des toxidermies à type d’une insuffisance rénale.
de syndrome de Lyell ont été décrites [89].
Une étude rétrospective publiée en 2006 a évalué Alcoolisme
la fréquence des événements indésirables sérieux parmi
312 patients traités pour tuberculose, chez les 156 co- L’alcoolique chronique est exposé à la toxicité hépatique et
infectés par le VIH (71 % de ces derniers recevaient un neurologique des antituberculeux (INH, RMP, PZA, EMB).
traitement antirétroviral) et chez les patients indemnes
de cette infection. Les effets secondaires sérieux étaient
beaucoup plus fréquents chez les sujets VIH+ à type de neu- Conduite à tenir face à un effet
ropathies et/ou vomissements (40 % vs 26 % p < 0,001) mais indésirable
la fréquence des interruptions de traitement pour cause
d’hépatotoxicité était similaire dans les deux groupes (VIH+ : La quadrithérapie antituberculeuse est fréquemment à
13 %, VIH— : 15 % p = 0,74), celle-ci survenait toujours dans l’origine d’événements indésirables. Une étude rétrospec-
les deux mois qui suivaient le début du traitement [90]. tive menée dans une clinique universitaire de Sao Paulo
Un risque d’aggravation paradoxale survient dans 7 à 36 % entre mars 2000 et avril 2006 [97] a recensé, sur un
des cas selon les séries [46] au cours des trois mois qui total de 297 patients traités par régime antituberculeux de
suivent l’instauration des antirétroviraux et après le début première ligne : 41,1 % d’effets secondaires mineurs dont
des antituberculeux. Il se caractérise par une exacerba- 40,3 % gastro-intestinaux et 22,1 % cutanés et 12,8 % d’effets
tion des symptômes cliniques, radiologiques ou biologiques secondaires jugés sévères. Un changement de régime théra-
[91]. La tolérance du traitement antituberculeux est influen- peutique s’est révélé nécessaire dans 3,7 % des cas, pour
cée par l’état général du patient, la coexistence d’une l’essentiel en raison de manifestations d’hépatotoxicité.
Antituberculeux 551
Les premiers signes d’hépatite toxique sont les nausées et Complications articulaires
vomissements ; celle-ci est d’autant plus à redouter que les
posologies des antituberculeux sont inadaptées et qu’une Des arthralgies peuvent être dues aux PZA. La décou-
vulnérabilité est présente (hépatopathie évolutive, alcooli- verte d’une hyperuricémie, témoin de bonne observance du
sation). PZA, ne se traite pas. La prise en charge des arthralgies
552 J. Perriot et al.
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